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14 jours après la nomination de Michel Barnier à Matignon, le nouveau gouvernement n'a toujours pas été formé. Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez ou Annie Genevard sont des noms qui circulent 

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00:00Il est 8h13, retour sur le plateau de première édition, comme chaque matin, le 7 minutes pour comprendre, ou essayer de comprendre,
00:06pourquoi la composition du gouvernement coince, notamment sur la dette et les moyens de l'éponger.
00:18C'est 7 minutes pour comprendre, donc on va essayer d'être très didactique pour décoller les coulisses de ce bras de fer entre
00:23Matignon et l'Elysée sur la composition de ce gouvernement qui n'arrive pas. En filigrane, il y a évidemment la dette abyssale
00:29et les moyens de stopper cette spirale. Avec nous, Néla Latrousse, la cheffe du service politique de BFM TV et Mathieu Croissantdoux, qui continue de nous accompagner.
00:37Les questions, on va les afficher et les réponses, ce sera avec vous. Ça coince d'abord sur la composition du gouvernement,
00:4214 jours que Michel Barnier a été nommé à Matignon. Est-ce qu'il a mis sa démission dans la balance ? Est-ce qu'il est possible qu'il jette l'éponge ?
00:49On nous l'a dit.
00:51Qui nous l'a dit ? Pas l'entourage immédiat de Michel Barnier, des figures politiques
00:56avec lesquelles il échange, qui le connaissent, qui disent que c'est quelqu'un
01:00d'ombrageux, qui a une expérience politique et qui, en gros, ne va pas se laisser
01:05traîner dans la boue par des petites guéguerres de cours d'école. Et donc, effectivement, hier soir,
01:12un certain nombre de ses interlocuteurs nous ont dit qu'il est sur le point de jeter l'éponge.
01:18Hypothèse immédiatement démentie par Matignon. Alors, racontons ce qui s'est passé. Dans la journée, le Premier ministre va à l'Elysée.
01:25Montrer, proposer au Président de la République son équipe. Et dans cette équipe,
01:30il y a qui ? Parce que vous avez rassemblé au service politique de BFMTV un certain nombre d'informations.
01:35Vous avez mis des noms sur des postes. Alors ?
01:38Dans cette liste, il y a d'abord plusieurs figures de droite. Il y a Bruno Retailleau. Bruno Retailleau, c'est qui ? C'est le
01:46président du groupe Les Républicains au Sénat,
01:51qui est proposé pour le ministère de l'Intérieur. Il y a Laurent Wauquiez.
01:55C'est l'équivalent de Bruno Retailleau, mais à l'Assemblée nationale. C'est le chef des députés de droite à l'Assemblée nationale.
02:00Annie Gennevard, qui est aussi l'une des responsables des Républicains, est proposée pour le ministère de l'Agriculture. Et une figure de gauche,
02:09Didier Migaud, ancien ministre socialiste, dont le nom est...
02:12Ça, c'est pas de la spéculation. Ce sont des informations étayées, vérifiées par le service politique de BFMTV.
02:17C'est une liste qui nous a été communiquée hier soir.
02:20Par des sources avec lesquelles nous échangeons, et qui sont crédibles, qui sont régulières.
02:25Le président, il dit quoi ?
02:27Le président, il dit que cette liste n'est pas représentative de l'équilibre qu'il a demandé à Michel Barnier.
02:34Il y a trop de LR, pas assez de membres de son propre camp, des macronistes dans des postes importants.
02:42Et donc, il lui demande de revoir sa copie. C'est là que les versions divergent.
02:45L'Élysée dit que c'est du grand classique de fabrication des gouvernements.
02:49Il y a des échanges, le président dit oui, dit non, mais ça se fait en bonne intelligence.
02:53Les interlocuteurs de Michel Barnier disent que c'est beaucoup plus tendu que ça.
02:56Donc c'est pour ça, Mathieu, qu'à ce moment-là, il y a annulation du rendez-vous avec Gabriel Attal,
02:59annulation également du rendez-vous avec les LR, et on se dit, en fait, ça coince de tous les côtés.
03:05Oui, parce que Michel Barnier, il est au cœur de plusieurs pressions.
03:08Il y a le dialogue exigeant, voulait Emmanuel Macron, avec le président de la République.
03:12En fait, c'est une cohabitation. Donc une cohabitation, c'est un rapport de force.
03:14Le président dit non, le Premier ministre revient, soit il claque la porte, soit il s'impose.
03:18Il y a aussi une pression de la part du groupe macroniste,
03:20qui n'est pas forcément non plus complètement aligné sur le président.
03:23Ils ont repris leur autonomie, mais eux, ils veulent être représentés en masse dans le gouvernement.
03:27Ils disent, on est le plus gros nombre de députés, c'est normal.
03:30Et puis, on n'a pas de démérité, il faut maintenir la politique.
03:33Et puis, il y a une pression du groupe LR qui dit, attention, il faut mener la politique qu'on défend,
03:38celle qui figurait dans le fameux pacte législatif qu'on a proposé cet été.
03:41Du coup, il est au cœur de ces pressions, chacun fait monter les enchères,
03:43c'est normal en période de composition d'un gouvernement.
03:46Il ne faut pas non plus s'alarmer outre mesure.
03:48Mais c'est vrai que c'est compliqué pile aujourd'hui et demain et dans les jours qui viennent pour Michel Barnier.
03:53Il y a des hommes, mais il y a aussi un projet, un projet politique, celui de Michel Barnier.
03:56Et parmi les gros sujets de Michel Barnier, et il l'a dit d'ailleurs dès le début, c'est la dette.
04:00Je vous dis qu'on affiche un compteur.
04:02Compteur en direct, le vertige de la dette sans fin.
04:05Vous allez voir sur votre écran la dette qui s'écoule.
04:09Nicolas Dose nous en parle souvent.
04:126 826 milliards.
04:14Et ce chiffre qui progresse de seconde en seconde, je crois qu'il progresse de plus de 4 500 euros par seconde.
04:21La dette progresse de plus de 4 500 euros par seconde.
04:24Et la dette publique par habitant est évaluée à quelque 45 000 euros et quelques 90 000 par ménage.
04:32Michel Barnier dit je découvre une situation budgétaire très grave.
04:36Enfin, il ne le découvre pas.
04:37Non, il ne le découvre pas parce qu'elle est connue.
04:39Quand il le découvre, il n'a qu'à juste frapper au bureau d'à côté celui de son directeur de cabinet qui était celui de Bruno Le Maire, l'ancien ministre de l'économie.
04:44Donc non, ça c'est le coup de l'héritage.
04:46Ça s'appelle ce que fait traditionnellement quand il y a une alternance.
04:49Le nouveau gouvernement qui arrive, le nouveau Premier ministre dit c'est la catastrophe.
04:52Les comptes sont dans le rouge.
04:53Là, il se trouve que c'est juste.
04:54Ils sont dans le rouge.
04:55Mais pourquoi le dire hier ?
04:56C'est-à-dire hier à midi après avoir annoncé les revendications.
04:59C'est lui, le directeur de cabinet, l'ancien directeur du cabinet de Bruno Le Maire.
05:01Il dit je découvre cette situation budgétaire très grave.
05:03C'est pour fixer des bornes ?
05:06Ou pour nous préparer à du sang et des larmes ?
05:08D'abord parce qu'il doit faire des économies et qu'il veut lever plus d'impôts, Michel Barnier.
05:12Quand il parle de justice fiscale, c'est notamment augmenter les impôts pour certaines catégories.
05:16Et puis la deuxième raison est plus politique.
05:18C'est qu'il a un bras de fer avec Gabriel Attal, Premier ministre, qui vient de sortir de Matignon.
05:22C'est aussi une façon de dire celui qui est parti, qui était là juste avant et qui est en train en ce moment de m'embêter,
05:26ce n'a pas été un bon gestionnaire et c'est pour ça que la situation est aussi compliquée.
05:30Justement, il y a une ligne rouge fixée par les macronistes et c'est mon troisième chapitre.
05:34C'est la ligne rouge des impôts.
05:36Gérald Darmanin dit hier il est hors de question d'entrer dans un gouvernement qui augmente les impôts
05:40ou même de le soutenir et c'est d'ailleurs le même son de cloche du côté du Rassemblement National.
05:45Proposer des hausses d'impôts sans couper dans les dépenses nocives de l'État, ce n'est pas sérieux,
05:49dit le Rassemblement National.
05:51D'accord.
05:52De quels impôts parle-t-on, Nicolas Dose ?
05:54Augmenter les impôts pour la justice fiscale ?
05:57L'idée c'est que si on augmente les impôts qui frappent tous les Français,
06:00on doit envoyer l'idée que les plus favorisés paieront aussi quelque chose.
06:04Donc on commence par là, c'est là où on manie l'outil fiscal comme un symbole
06:08plutôt que de le manier comme un outil de pilotage économique, j'en ai parlé hier.
06:11On peut très bien, comme je vous le disais tout à l'heure, trouver des économies sans baisser les impôts
06:15mais on aura forcément des perdants.
06:17Et donc on essaye de donner l'illusion de la justice fiscale
06:20en tapant d'abord sur les grands groupes et en tapant d'abord sur les gros contribuables.
06:23Parce qu'en fait, il y a deux lignes, il y a augmenter les impôts et baisser la dépense publique.
06:27De toute façon, c'est simple.
06:28Est-ce que le Premier ministre va aller dans une direction plutôt que dans une autre
06:33ou est-ce qu'il faut qu'il fasse les deux ?
06:35Il faudra, si on écoute les experts.
06:38Pendant le Covid, on disait que c'est les médecins qui décident.
06:40Bon, là, Michel Barnier peut dire que c'est les experts qui décident.
06:43Les experts, c'est la Cour des comptes, c'est le gouverneur de la Banque de France.
06:47Il dit qu'il faut faire les deux.
06:48Il faudra tailler dans les dépenses mais il faudra quand même aussi aller chercher de l'impôt.
06:52Auprès de ceux qui ont encore les moyens d'en payer,
06:55plutôt les entreprises que les particuliers, c'est ce que veut faire Michel Barnier.
06:59On voit que dans sa propre famille politique,
07:02parce que les Républicains au début aussi avaient fixé une ligne rouge sur les impôts,
07:05c'est en train de bouger.
07:06Donc, c'est un élément de négociation.
07:08Oui, on dit qu'il faudra voir, quand on dit auprès de ceux qui ont les moyens,
07:12qui sont ceux qui ont les moyens.
07:13Confrontés à la réalité de la situation.
07:15Absolument.
07:16Attention aussi aux illusions.
07:17Se dire que si on va vers les entreprises, on épargne les gens,
07:20c'est un résumé un peu hâtif.
07:21Quand vous allez vers les entreprises et quand vous ponctionnez les entreprises,
07:23vous les fragilisez et quand vous les fragilisez à l'arrivée,
07:26c'est l'activité économique et la dynamique de l'emploi qui en souffre.
07:29Donc, les gens en bout de chaîne, ils sont toujours là.
07:31Alors, on dit qu'il n'y a pas réellement d'échéances pour constituer le gouvernement.
07:34Il n'y en a vraiment pas ?
07:35Si, il y en a une.
07:36Le 1er octobre.
07:37Expliquez pourquoi.
07:38Alors, Michel Barnier, d'abord, s'est engagé à constituer un gouvernement dans une semaine.
07:42C'était la semaine dernière.
07:43La semaine de dimanche.
07:44Une semaine dure sept jours.
07:47Donc, l'objectif, d'après nos échanges avec Matignon et avec l'Élysée,
07:51ça reste une liste dévoilée avant la fin de cette semaine,
07:55avant ce dimanche.
07:56Il y a des délais aussi.
07:57Effectivement, Nicolas a évoqué le budget qui doit arriver à l'Assemblée nationale le 1er octobre.
08:01Avant d'arriver à l'Assemblée nationale, il doit passer en Conseil des ministres.
08:04Pour qu'il y ait un Conseil des ministres, il faut des ministres.
08:07Le Conseil des ministres, les délais sont assez serrés.
08:09Il ne peut avoir lieu que lundi, mardi matin ou vendredi.
08:12Pourquoi ?
08:13Parce qu'Emmanuel Macron part aux États-Unis et au Canada.
08:15Il a un voyage prévu de longue date.
08:17Et donc, soit il faut un Conseil des ministres avant lundi, soit ça s'étend.
08:22Mais ça ne passera pas très bien auprès de l'opinion.
08:24Et ça donnera un peu le sentiment d'un Michel Barnier fragilisé
08:28qui n'arrive pas à tenir sa première promesse.
08:30J'ai presque envie de dire la plus facile, qui est celle du gouvernement.
08:34Et auquel cas, ça prendra un peu plus de temps.
08:35Ce sera en fin de semaine prochaine.
08:37Mais ça aura des conséquences, sur le budget notamment.
08:39Dernière raison.
08:40Début octobre, les ministres démissionnaires prennent leur siège au Parlement.
08:43Ça veut dire qu'ils ne sont plus au gouvernement.
08:44Ça veut dire qu'il n'y a plus de gouvernement.
08:46C'est un vrai Rubik's Cube impossible en fait.
08:49Mais il va falloir y arriver quand même.
08:51C'est pour ça qu'il a nommé Michel Barnier.
08:52En se disant que s'il a réussi le Brexit,
08:54il devrait s'en sortir avec Gabriel Attal, Gérald Darmanin et Laurent Wauquiez.

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