• il y a 3 mois
Retrouvez le replay de la table ronde Doc en Stock au Congrès de l'AFC 2024 sur les Réseaux sociaux et le Secret médical.

De plus en plus de médecins inondent les réseaux sociaux de publications mais comment ne pas dépasser la frontière entre Réseaux sociaux et Secret professionnel ?

Pour répondre à cette (vaste question), Dr Gabriel Saiydoun, président du Conseil national des jeunes chirurgiens (CNJC), chirurgien cardiaque et représentant ordinal nous explique quels sont les cadres juridiques et ordinal. Le professeur de chirurgie digestive à l’Hôpital Paul Brousse et créateur de la Chaire innovation BOpA, Éric Vibert, nous parle de son usage des réseaux sociaux et de comment il sensibilise ses équipes sur la question.

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Transcription
00:00Eh bien, bonjour à tous, alors on va prendre une petite pause dans cette communication globale de chirurgie digestive et viscérale pour faire un point en particulier sur cette table ronde avec les invités du jour sur le sujet du secret médical et des réseaux sociaux.
00:19C'est un sujet évidemment qui est vaste mais qui nous interpelle tous parce que dans notre pratique quotidienne, on voit beaucoup de communications qui sont faites sur les réseaux sociaux, parfois un peu tonitruantes, parfois sans doute peut-être maladroites, peut-être trop osées, peut-être avec la bonne volonté de bien faire ou pas.
00:39Donc, c'est justement ici que l'on va discuter de ce sujet là parce que c'est vraiment un sujet d'actualité dès la pratique professionnelle qui concerne les chirurgiens viscéraux, mais pas que, qui concerne les médecins en général et le secret médical.
00:50Pour justement traiter cette question qui est à l'ordre du jour avec l'AFC, on a invité un certain nombre de personnalités sur ce plateau.
00:59Donc, j'ai avec moi le docteur Gabriel Cédoun qui est chirurgien, pas viscéral, mais cardiaque à l'hôpital à Pitié-Saint-Pétrière, qui est aussi président du Conseil national des jeunes chirurgiens et qui est représentant ordinal.
01:11Et donc, du coup, on aura forcément des questions sur le sujet et les limites ordinales et juridiques.
01:15J'ai avec moi le professeur Eric Weber qui est chirurgien digestif à l'hôpital Pôle-Brousse, créateur de la chaire Innovation BOPA, si je prononce bien, et qui promeut l'innovation bloc opératoire.
01:26Donc, on verra dans la pratique courante ce que ça signifie les réseaux sociaux, les risques et les limites pour vous.
01:31Et puis, j'ai le docteur Mélanie Autran qui est directrice des marchés des professionnels de santé chez l'assureur Reliance, que l'on connaît bien sous son nom historique et qui nous parlera justement de cette problématique du respect du secret médical et des risques que cela comporte.
01:49Et puis, bien sûr, j'ai Anne-Sophie Joly avec nous, qui est présidente du collectif national des associations d'obèses et qui, de l'autre côté, du côté patient, nous expliquera peut-être l'impact d'une communication et peut-être d'une mauvaise communication sur les réseaux sociaux que des médecins pourraient avoir.
02:11Donc, c'est un sujet vaste et je vais commencer, Gabriel, avec vous, justement pour revenir sur ce sujet des limites juridiques et notamment des limites ordinales.
02:24Globalement, un médecin, un chirurgien viscéral, est-ce qu'il a des limites ? Evidemment, ma question est un peu volontairement ouverte et provocatrice, mais est-ce qu'il a des limites dans sa communication sur les réseaux sociaux concernant son activité ?
02:38Merci beaucoup, Mathieu Durand, pour cette introduction. Je tiens à remercier Patrick Pessot pour l'organisation de cette table ronde et pour cette invitation.
02:47Donc, avant tout, il faut mettre le cadre des réseaux sociaux dans un cadre précis. Et donc, on a l'Instagram et on a TikTok, qui sont des réseaux sociaux qui vont communiquer avec les plus jeunes d'une manière prépondérante.
03:06On a YouTube et Facebook, qui sont plutôt familiaux, surtout pour Facebook, et amicales, mais ça peut aussi être utilisé dans le cadre professionnel.
03:16Et bien évidemment, on a Twitter, qui est maintenant X, qui a un cadre politique, surtout politique, et on a LinkedIn, qui a le cadre professionnel, qui est utilisé le plus souvent par les professionnels de santé, en général, pour communiquer avec le reste des professionnels de santé, mais aussi avec les patients.
03:40Donc, pour commencer, l'utilisation des réseaux sociaux, on sait très bien que c'est un outil puissant d'utilisation pour les professionnels de santé. Cet outil doit être utilisé avec précaution, éthique et déontologie.
03:56Dans ce cadre, on a deux cadres principaux. On a le cadre juridique et on a le cadre ordinal. Dans le cadre juridique, on a l'obligation du professionnel de santé et donc du médecin en général, plus précisément du chirurgien, puisqu'il est dans un congrès de chirurgie, c'est de respecter les lois relatives à la protection des données personnelles, donc la RGPD, et bien évidemment, le respect du secret médical.
04:22Dans le cadre du respect du secret médical, avant de réaliser un cas clinique, comme si on faisait un case report dans une revue internationale, il faut avoir les autorisations du patient. Il faut rester dans un cadre anonyme pour pouvoir réaliser ce poste sur les réseaux sociaux.
04:40Et bien évidemment, quand on réalise ce poste sur les réseaux sociaux, il ne faut pas oublier qu'il ne faut pas avoir des informations indirectes qui nous permettent d'identifier le patient en question, sinon on engage notre responsabilité civile voire pénale. Et bien évidemment, dans cette responsabilité, il y a aussi la responsabilité disciplinaire sur laquelle on va discuter concernant le cadre ordinal.
05:07Juste pour rebondir et mettre du relief, ça veut dire que publier une photo en arrière fond de quelqu'un dont on pourrait reconnaître potentiellement la main ou une partie du visage, juste pour expliquer la position sur la table opératoire, c'est un problème ?
05:25Alors, je ne sais pas si la main permet une identification du patient, mais en tout cas, une partie du visage, si elle permet l'identification du patient sans son autorisation, il a le droit de porter plainte pour engager la responsabilité du professionnel qui a permis cette identification de son identité. Donc ça, c'est un point essentiel.
05:43Donc, un deuxième point concernant le cadre juridique, c'est les conflits d'intérêts. Les conflits d'intérêts, si on fait un poste sur LinkedIn, par exemple, et on réalise une forme de promotion concernant une structure ou un laboratoire, il y a bien évidemment, on a l'obligation de déclarer nos conflits d'intérêts et donc les liens d'intérêts avec le laboratoire en question ou avec la thématique en question, sans faire bien sûr de publicité.
06:11Et quand je parle de publicité, là, c'est ma transition concernant le cadre ordinal, puisque les publicités pour un professionnel de santé et donc pour un médecin sont interdites, ont une autopromotion. Bien évidemment, on ne parle pas de l'information et de l'éducation générale qu'on peut réaliser sur les réseaux sociaux, mais on parle de la publicité, à vrai dire, concernant l'interdiction de l'ordre des médecins.
06:33Et donc, c'est régi par le Code de la déontologie et donc derrière par le Code de la santé publique et c'est régi aussi par les recommandations du Conseil national de l'ordre des médecins. Et d'ailleurs, il y a un rapport qui est très bien fait sur l'utilisation des médias qui a été publié en 2011 par le Conseil national de l'ordre des médecins.
06:53Et dans ce point et sur ce point qui est essentiel, faire de l'information et de l'éducation, c'est important. Et il ne faut pas oublier que c'est interdit par le Code de la déontologie de dénigrer ses collègues sur les réseaux sociaux et bien évidemment de dénigrer l'établissement dans lequel on travaille.
07:10Je reviens juste là sur le point des marques. Alors donc, je reprends ce même exemple. Il y a dans cet arrière fond la possibilité de distinguer une colonne de stélioscopie ou un robot qui est tout à fait identifiable sur sa reconnaissance. Ça pose un problème.
07:28Alors, identifier une structure ou une machine n'est pas dans le cadre d'un patient. Donc du coup, c'est autre chose. Mais en revanche, s'il y a un conflit d'intérêts dans lequel, avec une structure donnée, donc avec un laboratoire et on identifie dans un poste la marque en question ou le laboratoire en question, si on ne déclare pas nos conflits d'intérêts, s'il y a une plainte derrière, on est condamnable puisqu'il faut déclarer ses conflits d'intérêts dans ce cadre.
07:57Juste pour revenir dans le cadre ordinal, on sait très bien qu'il y a différentes structures dans le cadre ordinal. S'il y a une plainte d'un patient ou même d'un professionnel de santé par rapport à un autre médecin, il y a le cadre, le premier cadre, c'est le conseil départemental de l'Ordre des médecins qui va envoyer en fait cette plainte si elle est acceptée par le conseil d'administration du conseil départemental au conseil régional de l'Ordre des médecins qui est la première instance disciplinaire des médecins.
08:24Et puis après, s'il y a appel, on passe au conseil national de l'Ordre des médecins. Et si on n'est pas d'accord avec la juridiction et surtout la décision du conseil national de l'Ordre des médecins, là, on passe au conseil d'état. C'est une forme de cassation par rapport à une plainte et à une décision du conseil national de l'Ordre des médecins.
08:45On a bien compris le cadre juridique et ordinal auquel on s'expose potentiellement quand on fait ces communications sans peut-être s'en rendre compte. Du coup, professeur Wibert, je vais vous poser une question. Vous êtes chirurgien viscéral. Dans votre pratique, vous avez conscience de ces éléments-là. Vous êtes attentif à les respecter. Et puis, comme vous êtes professeur, vous avez quand même aussi la responsabilité d'un groupe. Vous êtes attentif à ce que le groupe avec lequel vous travaillez respecte et connaisse aussi ce cadre-là ?
09:15Je pense qu'en effet, comme ce que tu dis, il faut différencier différents types de réseaux. Et je pense que LinkedIn est un réseau professionnel qui nous permet de recruter des gens, qui nous permet de faire entrer des malades dans des essais, ce genre de choses.
09:32Moi, j'ai déjà utilisé LinkedIn dans cette direction-là. Pour moi, ça, c'est un réseau professionnel. Et pour revenir à tes sujets de conflit d'intérêts et de lien d'intérêts, il se trouve que la chaire Innovation Boppa, qui est le truc que j'ai mis en place à Paul Brousse, est financée par la fondation APHP.
09:53Elle est financée par la fondation APHP grâce à des mécènes comme Reliance, par exemple, ou d'autres. Et bien, il y a indiscutablement un lien d'intérêt. Mais pour moi, ce n'est pas un problème. Ce n'est pas pareil. Le lien d'intérêt, le conflit d'intérêts.
10:06Donc, en fait, moi, j'utilise LinkedIn pour parler de la chaire Innovation Boppa, pour pouvoir faire de l'innovation au bloc opératoire avec un objectif derrière d'aller plus loin que le centré Potomière et d'aller jusqu'à l'APHP en tant que constitution. Et indiscutablement, il y a des noms de marques parce que ce sont des mécènes de Boppa. Mais je le déclare très clairement.
10:28Donc, pour moi, ça, c'est une manière de pouvoir attirer des industriels pour faire du mécénat, pour faire avancer l'innovation à l'APHP, par exemple.
10:39Donc, le réseau social vécu comme un outil, un outil de recrutement de patients pour leur faire connaître, je pense, un dispositif ou une opportunité d'étude. Aussi, un outil de communication sur son activité, on l'a bien compris, de communication aussi avec d'autres partenaires techniques.
10:56Alors, juste avant de rebondir là-dessus, Anne-Sophie Joly, je me retourne vers vous. LinkedIn, un outil qui permet potentiellement de faire connaître à des patients qu'ils ont des opportunités pour rentrer dans un programme. Est-ce que c'est quelque chose qui, de votre point de vue, vous avez déjà vu, en titre de patient que vous représentez, que vous avez compris, que vous n'avez pas compris ? Est-ce que vous en avez vu des limites ? Quel est votre point de vue à vous ?
11:23Alors, sur LinkedIn, on a effectivement son réseau. Donc, si on n'est pas en lien directement avec le réseau, on peut ne pas avoir cette information-là. Je rebondis quand même sur ce qui a été dit précédemment et ça va répondre en partie à votre question.
11:41Moi, j'ai vu des postes passer sur Instagram où là, on était très clairement en train de faire de la publicité sur un matériel implantable en louant – je vais mettre les pieds dans le plat – en louant effectivement des résultats positifs qui apportaient à des dérives,
12:03qui apportaient à une communication qui était, j'ai envie de dire, merveilleuse au pays de Walt Disney. La santé, ce n'est pas ça. On est bien placé pour le savoir. Il faut savoir une chose. C'est que la perception du grand public face à ce style d'information peut être excessivement dangereuse.
12:26Parce que lorsque vous avez un problème de santé, voire une désespérance, vous allez voir que le côté positif n'est pas le côté négatif. Et la communication, les médias ont, entre guillemets, ce pouvoir d'impulser des informations sans pour autant vérifier la véracité de ces informations-là.
12:43Ça, c'est ce que le collectif, qui fait partie de l'ARPP, c'est l'agence de régulation de la publicité, qui est sous l'égide du ministère des Finances, c'est ce que nous travaillons avec l'ARCOM, l'ARCOM qui est anciennement le CSA, le Conseil supérieur de l'audiovisuel, sur de la réglementation. Les réseaux sociaux sont sous tutelle Bruxelles.
13:08Sur les travaux qu'on a faits, alors on est vraiment dans l'actu, qu'on a faits et qu'on présente lundi matin à l'ARCOM, c'est une demande qui a été acceptée par Meta, Instagram, LinkedIn, TikTok, sur la signature de eux, ce qu'ils appellent régional.
13:28Régional, c'est quand même du national, avec des obligations et des vérifications. C'est-à-dire que nous, en France, on demande, pour l'instant, on est encore dans ce que le patient et la population souhaitent, c'est que lorsqu'on communique sur la santé, on est absolument les points de garantie de qui communique, pourquoi on communique, est-ce que ces informations-là, elles ont été verrouillées, elles ont été validées,
13:57et que ça ne fasse pas pire que mieux sur les infos qui vont être transmises. Parce qu'on a des dégâts collatéraux de taille. Et je pense que les réseaux sociaux peuvent être un outil, mais complètement verrouillés, dans l'intérêt de la population.
14:15J'ai une question par rapport à cet exemple, une question concrète. Est-ce que cette publication, elle rentre dans le cadre d'une publication scientifique, c'est-à-dire dans une revue internationale, dans laquelle il y a un reviewing, bien évidemment, de ces données, ou c'est un poste d'une personne X qui est venue pour informer les gens sur des données non vérifiées, bien évidemment ?
14:37Alors le but du jeu, c'est de tout verrouiller. Que ça soit, j'ai envie de vous dire, un monsieur qui a bénéficié d'un acte, etc., et qui en fait lui-même la promotion, il peut tout aussi se retrouver au pénal qu'une grosse boîte qui va faire de l'information. On est sur de la santé.
14:59On est complètement d'accord. Je vais juste rebondir par rapport à ce point. C'est important d'avoir une information et l'éducation de la population avec une information qui est vérifiée, qui est fiable. Et ça c'est important puisque on est dans l'obligation d'avoir une information appropriée, loyale pour le patient.
15:18Mais il faut savoir une chose, que par exemple dans LinkedIn, on voit plusieurs postes sur des publications scientifiques. C'est-à-dire, je ne sais pas, moi demain je fais une publication sur le New England. Il y a un processus de vérification derrière. Il y a des déclarations de conflit d'intérêts pour cette revue internationale sur un article donné, sur un sujet donné, qu'on peut en fait véhiculer parce qu'il y a eu cette vérification derrière, bien évidemment.
15:43Il faut séparer cela et cela.
15:46Il y a ça, mais lorsque vous êtes sur un réseau, même si c'est LinkedIn, vous avez du grand public. Donc c'est la verbalisation, la vulgarisation de l'information qui va être aussi importante.
15:58C'est-à-dire que là vous n'allez pas être uniquement contrepère en fait. Et il y a ça aussi, c'est l'utilisation. Alors ça fait un peu roco HAS. Mais c'est le mot, le poids du mot qui va être aussi important dans la façon dont vous allez l'écrire et comment vous allez l'écrire.
16:15Je pense que les réseaux sociaux sont intéressants aussi pour les malades, pour les docteurs, pour faire rentrer les malades dans des essais.
16:30C'est ça, moi je suis au hôpital universitaire, le rôle d'un CHU c'est de mettre des malades dans des essais. Et je trouve que c'est intéressant vis-à-vis des autres collègues de pouvoir faire valoir le fait qu'on a ouvert l'essai Tartempion dans son service. C'est comme ça que j'utilise moi.
16:45Et l'autre élément c'est que j'utilise Twitter parce que tous les journaux scientifiques, J-Pathol, Alive Surgery, BGS ont un compte Twitter. Donc en fait Twitter c'est le meilleur moyen d'être à jour dans la bibliographie.
16:59Moi avant je regardais les journaux avec les premières pages des journaux tous les mois, maintenant je ne fais plus ça. Parce qu'en fait je suis abonné à tous les journaux qui me poussent à formation.
17:08Donc pour moi ça m'intéresse d'un point de vue scientifique, ça m'intéresse d'un point de vue attractivité de patients pour faire entrer dans les essais cliniques et indiscutablement, moi personnellement j'ai pris position politiquement sur des réseaux sociaux en utilisant des patients avec leur autorisation.
17:29Et je me rappelle d'un malade, qui est un malade que j'ai opéré dans le cadre de la CMU, et bien j'ai posté la tête de ce monsieur qui avait un regard exceptionnel et j'étais fier de pouvoir l'opérer dans ce pays là avec cette règle là et avec son autorisation je l'ai posté.
17:45Donc j'ai été totalement agressé par toute la fachosphère du monde derrière, mais c'est pas grave. Mais je me suis personnellement exposé mais avec l'autorisation du malade.
17:54Alors on comprend bien quand même qu'il y a des points de débat entre vérité scientifique déjà validée, avis d'expert et reverbalisation plus simplifiée mais qui du coup se risque à trop de simplification et c'est toute la complexité de la vulgarisation.
18:12Alors docteur Autran, je me retourne vers vous parce que vous représentez un assureur. J'imagine que ce type de dossier progresse dans le nombre de plaintes peut-être que vous recensez petit à petit parce que aussi c'est évidemment pas récent les réseaux sociaux mais l'éducation des professionnels de santé est peut-être un peu en retard comme je pense tout professionnel.
18:39Sur ce sujet là, quel est votre point de vue du côté de l'assurance et du risque ?
18:45Merci beaucoup. Merci aussi de l'invitation à participer à cet échange. Reliance est l'assureur des établissements de santé publics, privés et des libéraux. Donc on a une vision assez large de l'interaction avec les patients en règle générale.
18:59Mais en fait, on agit quand même essentiellement dans le cadre de la responsabilité civile qui vise à réparer les conséquences séquellaires d'un accident médical. Ça, c'est le principe général de notre activité. En parallèle, on a une activité d'accompagnement des établissements et des pros de santé sur la protection juridique. Donc c'est pour les accompagner justement dans les procédures ordinales et pénales dont parlait Gabriel juste avant.
19:22Nous, on a très très peu de sollicitations sur ce sujet. Ça n'arrive quasiment jamais. On est beaucoup sollicité par les établissements pour expliquer à leurs salariés, à leurs employés de comment réagir sur les réseaux sociaux, notamment pour éviter qu'ils postent des photos de patients en situation de veille, notamment sur Facebook ou sur les réseaux classiques.
19:47Ou qu'ils évitent de parler de situations trop complexes ou de dévoiler des situations de difficultés auxquelles ils ont fait face parce qu'ils ont un devoir de réserve en tant que salariés et en particulier pour les agents publics. Donc ça, c'est vraiment quelque chose de très particulier pour les salariés des établissements publics.
20:04Mais c'est vrai aussi pour les médecins. Les médecins, il y a la problématique surajoutée de la déontologie du fait qu'on n'a pas le droit d'avoir une position de glorification sur un réseau social parce que c'est aussi ça le risque, c'est qu'on soit positionné au centre et de façon complètement déplacé par rapport à l'esprit de la déontologie.
20:22Le dernier point, et on en reparlera probablement tout à l'heure, c'est quand on parle de secret médical, en face du médecin, il y a le patient. Et le patient, il doit absolument donner son consentement, évidemment, pour qu'on parle de lui. Déjà pour qu'on dévoile sa personne ou quelque chose qui va permettre d'orienter sur ce qu'il est, où il vit, la pathologie qu'il peut avoir au départ.
20:45C'est vrai pour Internet, c'est vrai pour les réseaux sociaux. La particularité, c'est que tout ce qui est sur Internet, réseau social, site Internet, c'est la rue. Il faut considérer qu'on est dans un lieu public.
20:58Ça, c'est un principe qui est vraiment fondamental. Et l'autre point, c'est qu'un patient qui est hospitalisé dans sa chambre d'hospitalisation, c'est son lieu privé. Même si ce n'est pas là qu'il habite à temps plein, c'est là qu'il est hébergé. C'est son repère de vie quand il est hospitalisé.
21:17Et donc la loi considère que c'est un lieu privé et qu'on n'a pas le droit de le prendre en photo dans un lieu privé. Et si jamais on veut prendre une photo de lui dans ce cadre-là, il faut absolument qu'il ait explicitement donné son consentement écrit.
21:29Et ça engage des dépennes qui sont importantes. C'est un emprisonnement d'un an, une menace d'amende de 45 000 euros par personne qui serait déclarée coupable du dévoilement de la personne sans son consentement. Le risque est important.
21:47Juste là-dessus, juste pour que ce soit bien clair, je vous laisse poursuivre après. Mais si on est dans un hôpital public, la responsabilité individuelle du chirurgien qui publierait une photo, qui entraînerait un préjudice avec une plainte derrière, encourt pour lui le risque personnel, pour lui, même s'il est fonctionnaire, hospitalier, d'un an de prison et de 45 000 euros d'amende pour lui, non pour son service, j'entends.
22:14Alors c'est pour lui et pour toutes les personnes qui individuellement ont participé. Donc en fait, c'est chaque personne morale ou personne physique au niveau pénal. La différence entre le civil et le pénal, c'est que quand on est salarié et qu'on a fait une faute qui est réparée d'un point de vue civil, donc par une juridiction civile qui va être indemnisée, c'est l'établissement qui vous emploie qui est responsable.
22:36Mais quand on fait une erreur qui est potentiellement condamnable d'un point de vue pénal, la personne physique et potentiellement peut être mise en cause et être reconnue responsable. Donc effectivement, le risque, il est encouru par toute personne qui individuellement s'expose à ça.
22:51Je voudrais juste revenir sur un point sur le consentement. C'est que le consentement, ça se donne une fois, mais pas pour toujours. Le patient a le droit de le reprendre à tout moment. Ça, c'est vraiment fondamental. Et si ce patient multiplie des positions ou on multiplie des positions d'exposition de sa personne sur les réseaux sociaux et sur Internet à quelque soit l'endroit et qu'à travers ces multiples expositions, on peut comprendre qui il est, où il vit, quelle est sa pathologie, quelles sont ses problématiques.
23:18Alors on l'a exposé de façon bien trop importante et c'est répréhensible. Donc le consentement, ce n'est pas quelque chose qui est global. C'est vraiment du cas par cas et de la révision permanente.
23:29Professeur Libère, avant de vous faire réagir, juste une dernière question. C'est quand même très important et on pense qu'il y a peut être une forme d'immaturité à la bonne compréhension pour les professionnels. Néanmoins, vous avez dit que vous n'avez pas une croissance progressive des dossiers sur ce sujet. Alors pourquoi ? Parce qu'on est encore en retard ? Parce que peut être ils ne sont pas encore arrivés à maturité ?
23:51Les gens ne sont pas au courant. C'est ni plus ni moins que ça en fait. C'est l'utilisation de l'image. Et quoi que vous fassiez en fait, dès l'instant où vous passez dans les médias, vous devez signer une autorisation d'utilisation de l'image. Effectivement, ça a un début, ça a une fin.
24:11Là, dans le cas médical, effectivement, c'est pareil. Les gens ne sont pas au courant. Ce ne sont pas des choses qui sont connues. Dès l'instant où ça va, entre guillemets, se connaître au fur et à mesure, on va basculer dans une autre ère. Et d'où l'intérêt de sécuriser avant qu'on se retrouve à gérer des problèmes colossaux. Parce qu'au-delà de la partie, j'ai envie de dire pénale, et de l'amende, il y a l'histoire de la réputation. Et une fois que c'est collé...
24:39Pour le patient ou pour le médecin ?
24:41Ça dépend qui fait quoi. Mais une fois que vous avez une tâche sur la réputation, c'est fini. Quoi que vous fassiez, ça va vous coller. Donc moi, je pense que les réseaux sociaux, ça peut être une bonne idée. C'est la façon dont c'est utilisé, comment c'est utilisé. Et une fois que c'est sorti sur la toile, vous ne contrôlez plus rien du tout. Ça ne vous appartient plus. Et c'est ça qui peut être excessivement dangereux.
25:09Professeur Vivère ?
25:11Moi, ça fait des années que je travaille sur la problématique de l'erreur au bloc opératoire. Et du lien qu'il y a entre l'erreur, l'événement indésirable et le post-opératoire. Et en fait, la moitié des erreurs en bloc opératoire sont des erreurs humaines, et en particulier des problématiques de reconnaissance anatomique, d'erreur technique.
25:33Et en fait, les réseaux sociaux, et en particulier Twitter, est un formidable objet pour pouvoir diffuser des conneries. Ça veut dire que moi, lorsque je fais une erreur au bloc opératoire, malheureusement, ça m'arrive encore. Et bien, ce que je trouve très intéressant, c'est d'identifier ce moment clé où tu fais la connerie pour que ça diffuse sur l'ensemble de la planète et qu'il y ait des gens qui ne fassent pas la même.
25:59Et là, il faut réfléchir à ce que ça puisse être utilisé dans cette direction-là. Donc, en fait, il faut faire des tags avec, je ne sais pas, tags Lever, Bindex, etc. Et ça permet comme ça de pouvoir retrouver une sorte de bibliothèque de conneries qui permet d'éviter de la commencer.
26:15Pour moi, un des intérêts d'un réseau social qui doit peut-être être limité, justement, à une communauté de chirurgiens modulo tout ce que tu as dit sur le fait de respecter, en effet, l'identité des gens, etc., ça, si on arrive à faire ça, on aura tiré le meilleur du réseau social en termes de communication avec les collègues.
26:37Donc, un autre exemple, en fait, d'éducation des professionnels que vous donnez là.
26:41Je vais juste revendiquer par rapport à ce que Mélanie a précisé. On est tout à fait d'accord. Il faudrait juste préciser que quand le praticien exerce dans un service public, il faut savoir si cette faute est détachable ou non détachable du service.
26:57Bien évidemment, le service n'est pas responsable de tout ce que le praticien peut twitter, peut écrire sur LinkedIn. Malheureusement, c'est tout à fait crédible.
27:08Donc, ça, c'est un premier point. Deuxième point qui est essentiel, c'est que je vais rajouter une touche positive par rapport aux réseaux sociaux. On sait très bien que les réseaux sociaux sont aussi là pour informer, pour éduquer.
27:20Malheureusement, je suis complètement d'accord. Il n'y a pas une éducation suffisante concernant l'utilisation des réseaux sociaux et concernant le juridique dans le cadre des réseaux sociaux, encore plus pour les professionnels de santé.
27:33Mais les réseaux sociaux permettent de véhiculer des informations, dans une bonne partie des cas, je n'ai pas les chiffres, des bonnes informations pour faire de l'éducation générale pour les patients, pour réaliser des études, comme il l'a précisé Eric.
27:48Et bien évidemment, pour pouvoir faire de la prévention, et ça, il ne faut pas l'oublier, il y a aussi de la prévention qui peut être essentielle à travers les réseaux sociaux, que ce soit primaire ou secondaire, à travers ces informations qu'on peut donner.
28:03Bien évidemment, ces informations doivent être bien appropriées et avec une expertise bien codifiée avant de les poster.
28:12Je voudrais abondir sur ce point parce que dès lors que l'on prend la parole et que l'on fait de l'information, grand public, patients, accompagnants, de l'information prévention, il y a nécessairement un moment donné où l'on se met soi-même en perspective et en lumière.
28:29Or, vous avez tous dit que le réseau social ne doit pas servir pour la glorification. Parfois, la limite, elle est quand même extrêmement ténue parce que c'est bien parce qu'on a une expertise, on a une renommée, on a une notoriété sur quelque chose, que le point de vue que l'on va partager est d'autant plus pertinent.
28:48Mais nécessairement, il va apporter aussi son lot de glorification, même si on ne va peut-être pas s'approprier les résultats de cette communication. C'est quand même par sa propre voix que cela va passer. Alors, je voudrais bien que vous commentiez ce point parce que c'est difficile parfois pour savoir où s'arrêter.
29:05Très rapidement. Dans un monde idéal, si je peux faire un vœu, et c'est ce qu'on essaye modestement, mais il faut qu'on soit plusieurs à le pousser, c'est qu'il y ait, alors ça pourrait être au hasard localisé chez toi, un réseau social uniquement posé sur la santé,
29:25qui serait co-travailler avec les instances étatiques, avec des associations de patients, sur lequel on colle un cadre, et sur lequel on se dit, ça, cet endroit-là, est réservé pour trouver des essais cliniques, trouver des bonnes pratiques, pour les professionnels de santé, des cas cliniques, ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire, j'ai fait cette erreur-là, pour pouvoir pousser vers le meilleur des pratiques de tout le monde.
29:52Et on doit apprendre tous les jours. Et ça, ça serait dans un monde idéal. L'autre côté, c'est qu'effectivement, il faut faire de la pédagogie au grand public sur comment on doit utiliser les réseaux sociaux, à quel endroit on est sûr de trouver de la valeur, de la pertinence, dans l'intérêt général, et ça, c'est absolument nécessaire.
30:14Mais l'autre dangerosité qu'il faut essayer de verrouiller au maximum, et ça, j'y connais foutrement rien d'informatique, ce n'est pas du tout mon pôle de compétences, c'est que dès l'instant où c'est posé sur la toile, c'est soumis à tout et à rien, au pire comme au meilleur. Et ça, c'est une dangerosité absolue.
30:30— Vous l'avez dit tout à l'heure avec le symbole de la rue, dans la rue, on ne contrôle pas plus les choses. La différence dans la rue, c'est qu'il y a un peu de police quand même, normalement, et que sur les réseaux sociaux, on a l'impression parfois que c'est une zone d'un petit peu plus de non-droit. Mais c'est vrai en santé comme en politique, on le sait très bien.
30:45Juste avant de revenir, vous voulez bien réagir sur le point du risque de la glorification personnelle dès qu'on prend la parole ?
30:54— Merci. Je réfléchissais à la réponse pendant que vous la posiez. En fait, il y a deux sujets. Il y a la gloire de celui qui a fait et la gloire de celui qui porte à la connaissance de l'ensemble.
31:10Et donc en fait, l'intérêt des réseaux sociaux, c'est qu'on peut taguer tous les participants à une étude. On peut taguer les auteurs. Et donc on peut associer la réalité à qui on est. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a des personnes qui ont une capacité naturelle du charisme à faire connaître des situations.
31:30Et c'est pas parce qu'ils ont du charisme et qu'ils ont pas fait la recherche qu'ils ont pas le droit d'en parler, parce que ça les touche, parce qu'ils pensent que ça joue beaucoup et que c'est important de faire connaître ça loin. Et ils sont un des acteurs, une des clés pour justement diffuser loin ces nouveautés et ces centres d'intérêt.
31:47Ça, ça peut être fait sur Instagram, sur LinkedIn, sur n'importe quel réseau sociaux. Il y a beaucoup de médecins qui font de l'influence sur Instagram pour faire de l'éducation thérapeutique et c'est extrêmement pertinent. Ils sont très suivis. Après, à eux de déclarer leur conflit d'intérêt s'ils en ont. Mais en fait, il n'y a pas de raison de ne pas le faire. Ils ont le droit de le faire. C'est logique parce qu'ils apportent quelque chose à la communauté.
32:08Le plus important derrière, c'est de communiquer très clairement et très rapidement sur le fait qu'on n'est pas le seul à être à l'origine ou qu'on n'est pas à l'origine du sujet, mais qu'on le porte à la connaissance de l'ensemble parce qu'on trouve ça intéressant. C'est vraiment cette clarté dans la façon de dire les choses.
32:24Je veux juste redire quelque chose sur le consentement parce que je ne sais pas si j'aurai l'occasion de le dire après. Le consentement, ça obéit à des lois européennes avec le RGPD et d'autres réglementations. Et donc, ce n'est pas seulement la législation française qui régit l'ensemble du sujet. En fait, c'est toute l'Europe.
32:42Et en février 2024, il y a une jurisprudence danoise qui a dit qu'un patient était en position d'infériorité par rapport au corps médical et qu'à ce titre-là, il fallait prendre des précautions de reprise de consentement qui étaient particulièrement importantes.
33:01Et en fait, un document signé ne suffit pas. Il faut vraiment prouver qu'on a mis en place tout le processus pour que lui-même ressente qu'en refusant de donner son image, il n'allait pas perdre quelque chose en termes de capacité de soin. Parce que c'est ça le sujet derrière.
33:21C'est qu'ils sont fragiles. Ils sont malades. Ils ont besoin d'être accompagnés. Et parfois, pour eux, ils interprètent le fait que d'être mis en avant, ça va leur permettre d'avoir des soins meilleurs. En fait, ce sujet-là ne doit pas rentrer en jeu.
33:33Je pense qu'il y a un sujet. C'est que la médecine à l'acte et le paiement à l'acte fait que s'exprimer sur les réseaux sociaux peut être simplement de la publicité. Donc en fait, moi, je n'ai pas d'activité privée à l'hôpital et donc je ne pourrai jamais être accusé de ça.
33:57Je m'exprime beaucoup sur les réseaux sociaux mais je n'ai jamais demandé un centime à un malade pour l'opérer. En revanche, quelqu'un qui a une activité privée à l'hôpital ou en clinique, le fait qu'il s'exprime sur un réseau social, ça peut poser d'autres questions.
34:11Je pense que le réseau social sera d'autant plus inoffensif qu'on passe d'un paiement à l'acte à un paiement au parcours de soins. Donc là aussi, je fais de la politique, ça ne me dérange pas du tout d'être filmé et de dire ça parce que je pense que tout ça va améliorer les choses et en particulier le rapport aux réseaux sociaux.
34:32Parce que comme elle le dit très très bien, lorsque tu présentes sur Instagram, Twitter, comme tu es un grand chirurgien qui fait des très belles choses, tu fais ce qu'ils font aux Etats-Unis, tu fais de la publicité et donc il ne me dérange pas mais il faut le dire.
34:46Du coup, ce sujet, il est juridique mais il est ordinal aussi parce que j'imagine que peut-être au Conseil de l'Ordre, Gabriel, vous avez peut-être de plus en plus des sujets sur un tel ou un tel, c'est surexposé notamment dans les réseaux sociaux et ce n'est pas une plainte qui vient d'un patient vers un médecin mais d'un médecin vers un autre médecin. Est-ce que c'est le cas ou un petit peu comme chez Reliance, on n'a pas encore ressenti cet impact sur le terrain ?
35:14Alors bien évidemment, Mathieu, il y a toujours des plaintes pour publicité par rapport à un praticien donné et donc du coup il y a pas mal de praticiens qui portent plainte contre d'autres praticiens.
35:26Comme on l'a bien dit, ça ne passe pas le Conseil départemental pour passer en disciplinaire, en régional et puis en national. La publicité est interdite. Faire de l'autopromotion, c'est interdit et ça c'est par le Code de la déontologie et derrière par les recommandations du Conseil national de l'Ordre des médecins.
35:43Ce qui est autorisé et ça on l'a bien dit, c'est l'information, c'est l'éducation générale et je suis complètement d'accord avec Eric. Oui, il y a des limites de la T2A et on le sait. Avoir une tarification plutôt sur le parcours de soins est beaucoup plus adapté, surtout pour valoriser les activités des services et le tact et l'éthique qu'on peut avoir avec nos patients et ça c'est très important.
36:09Et donc pour rebondir par rapport à tout cela, faire de la pédagogie par rapport à l'utilisation des réseaux sociaux est essentiel. Faire de l'information et de l'éducation, ça devrait être plébiscité parce que c'est très important pour faire de la prévention et pour continuer à faire des soins aussi derrière parce que moi je sais qu'il y a beaucoup de personnes qui ne savaient pas comment on pouvait traiter un arrêt cardiaque
36:38et qui regardaient les réseaux sociaux et il y avait une personne qui a fait le nécessaire grâce à cette information qui doit être toujours bien évidemment bien codifiée avec une expertise derrière pour pouvoir la poster mais il y a aussi des bonnes choses à prendre des réseaux sociaux.
36:55Les limites, on les connaît maintenant. Il faut faire de la pédagogie et continuer à collaborer tous ensemble. Moi je pense que cette table ronde est très intéressante entre l'AFC, la chaire innovation de BOPA que je sais qu'elle est très impliquée pour les chirurgiens et pour le bloc opératoire et Reliance qui est toujours aussi un acteur essentiel pour nous accompagner. Je pense qu'il faut avoir une certaine collaboration collective aussi avec WhatsAppdoc pour faire cette pédagogie et de l'éducation et pour codifier cela sur le plan national.
37:24Alors juste pour conclure parce qu'on arrive sur la fin, je vais redonner quelques éléments et pendant ce temps je vais vous demander juste de réfléchir à un ou deux conseils que vous pourriez être amené à donner à un médecin chirurgien évidemment viscéral aujourd'hui qui viendrait vers vous pour se dire parce qu'il était un peu hésitant j'ai peur de communiquer sur les réseaux sociaux quel est le conseil un ou deux que tu pourrais me donner pour que je me lance et que je ne fasse pas une bêtise.
37:50Alors juste avant que chacun vous me donniez une réponse, je voudrais juste résumer des éléments. Ce qui vous paraît extrêmement important dans le réseau social et sa force je pense pour laquelle vous êtes tous d'accord c'est que c'est un outil de veille qui permet de voir les actualités scientifiques par ailleurs.
38:07C'est un outil d'éducation thérapeutique qui peut être utilisé non pas pour se glorifier soi-même mais pour parler d'une technique ou d'une prise en charge ou d'un parcours et de la communiquer au plus grand nombre de manière le plus on va dire neutre possible.
38:20C'est un outil de prévention également pour pouvoir communiquer en termes de prévention primaire ou secondaire d'information patient sur une suivi post-opératoire et aussi un outil pour informer les collègues, les confrères sur une technique.
38:34C'est aussi un outil entre nous pour pouvoir partager un certain savoir-faire, expertise, expérience ou peut-être cas clinique avec plein de réserve.
38:43Il y a plein de réserve qu'on a vu. Je ne reviendrai pas dessus. Je reviendrai juste sur cette étape du conseil. Je commence par vous Mélanie Autran. Quel conseil vous donneriez à ce jeune médecin qui vient vers vous et qui vous pose cette question ?
38:55Je donnerais deux conseils. Le premier c'est de bien regarder ce qui se fait déjà parce qu'en fait ce qui se fait déjà et qui marche bien a priori c'est plutôt convenable et adapté.
39:05Et donc c'est un bon point et ça permet aussi de savoir comment soit on veut se positionner par rapport aux autres.
39:11Le deuxième point c'est le moins possible de citer de patients ou d'avoir affaire à dévoiler des situations d'individus.
39:18Il vaut mieux essayer de parler d'une pathologie de façon générale et d'éviter de s'adresser à une personne en particulier.
39:27Merci. Anne-Sophie ?
39:29Alors pour la version à source de patients, moi je pense qu'il faut tous se retrouver autour d'une table avec des gens qui sont de spécificités différentes.
39:42Et en se disant voilà ce qu'on veut, on va être proactif, ça va venir de nous, ça va venir du terrain. On peut gagner du temps aussi, accessoirement.
39:50Et puis se dire voilà, on met des sociétés savantes, on met des opérateurs, on met des médias, on met Whatsofdoc au hasard, je ne fais pas de pub, je n'ai pas de lien de conflit d'intérêt.
39:59On met des assos de patients et en fait on se dit qu'est-ce qu'on veut ? C'est quoi l'objectif ?
40:06Et on sécurise l'intégralité et ça devient quelque chose d'officiel sur lequel on sait qu'effectivement on est sur du lourd.
40:14On est sur du sérieux, sur lequel on peut retrouver des choses, à la fois des patients peuvent avoir d'une info vulgarisée et les professionnels de santé peuvent se parler entre eux parce que ça sera validé et ça sera vu.
40:26L'autre point, c'est que, attention au champ des sirènes, les médias, moi je suis issue de la presse médicale, j'ai fait 18 ans de presse médicale, médiatiquement on est assez exposé.
40:40Les médias, il ne faut pas courir pour faire de la télé, on n'est pas Michel Cymes, c'est qu'est-ce qu'on veut, quel est le message qu'on veut transmettre, quelle est la pertinence de ce que vous voulez transmettre.
40:55Parce que les médias peuvent être aussi d'une cruauté des plus féroces qu'ils puissent y avoir. Donc attention au champ des sirènes et attention à ce que vous en faites.
41:06Message reçu, Eric.
41:09Evidemment il faut prévenir les malades, si vous faites des photos préopératoires, alors après est-ce qu'on peut reconnaître un malade lorsque vous filmez sa vésicule biliaire et son triangle de calots ?
41:24Voilà, le sujet est là. Est-ce qu'à ce niveau-là il faut prévenir le malade ? Je ne sais pas, moi personnellement je ne le fais pas, mais peut-être qu'il faudrait que je le fasse.
41:31Donc je vais taguer le conseil de l'ordre dans le tweet, comme ça ils ne me mettront pas en prison parce que je les informerai.
41:36Et l'autre élément, et ça je pense que ce que tu dis est vrai, il faut faire attention justement à ne pas trop utiliser les médias, etc.
41:48Je vous donne un exemple de ce qui s'est passé pendant le Covid. En fait, il se trouve qu'on m'avait demandé de faire une mission qui s'appelait CREADIF,
41:55qui était une mission pour justement comment passer de l'information en cas de crise à la population des soignants.
42:03Et en fait, on s'est rendu compte que la manière dont avait communiqué le ministère de la Santé pendant la crise du Covid n'était pas du tout adaptée à l'ensemble du personnel soignant.
42:14Et si vous voulez par exemple parler à des aides-soignantes, à des infirmières, et bien évidemment il vaut mieux aller sur Twitter, sur TikTok, que d'envoyer des mails de l'ARS.
42:26Et donc je pense aussi qu'en situation de crise, on a appris à utiliser les réseaux sociaux pour ce qu'il y a de mieux, c'est-à-dire toucher tout le monde,
42:35et en particulier ceux qui les utilisent beaucoup en fonction des trucs.
42:39Moi je trouve que le réseau social, ça fait du mal, mais c'est quand même très très utile sur plein de trucs.
42:44Merci Eric. Gabriel ?
42:46En deux points. Le premier point, c'est de vérifier ses informations, c'est très important dans le cadre de son expertise.
42:53De faire de l'éducation et de faire aussi de l'information générale est important.
42:58Deuxième point essentiel, c'est d'avoir cette culture, culture de connaissance, comment on doit poster, faire cette pédagogie,
43:06aller vers l'acculturation, parce que c'est un outil qu'on utilise tous les jours, nous tous, en tant que patients et en tant que professionnels de santé.
43:13Respecter dans ce cadre-là, sur ce deuxième point, les différents codes, les différentes lois, la RGPD pour l'Europe, le secret médical et le consentement du patient derrière.
43:24Respecter aussi et déclarer les conflits d'intérêts à ne pas oublier.
43:29Et bien évidemment, la déontologie médicale, respecter cette déontologie, l'éthique entre collègues, l'éthique dans l'établissement et l'éthique avec nos patients.
43:40Et très important, le message final, c'est que le Conseil national de l'ordre des médecins et surtout aussi le Conseil départemental est à l'écoute.
43:47S'il y a des questions d'un chirurgien viscéral, bien évidemment, le Conseil départemental et national sont là pour l'écouter et pour répondre à ces questions.
43:56Et bien merci Gabrielle, Eric, Anne-Sophie et Mélanie.
43:59Merci beaucoup pour cette table ronde.
44:01Merci.

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