«Le gouvernement est très à droite et cela inquiète», assure Bruno Millienne

  • il y a 12 heures

Tous les vendredis, samedis et dimanches à 19h17, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment.
Retrouvez "L'interview politique d'Europe 1 Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-deurope-1-soir-week-end

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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatour-Dupin.
00:05Bruno Milienne, porte-parole du Modem, ancien député des Yvelines, est avec nous en direct.
00:10Bonsoir Bruno Milienne.
00:12Bonsoir Pascal.
00:13Alors d'abord on va reparler de votre présence au gouvernement.
00:17Je vais aussi vous demander bien sûr ce qu'il s'est passé, qu'elles ont été la teneur des discussions.
00:22Mais d'abord Michel Barnier doit s'exprimer dans moins d'une demi-heure maintenant.
00:25Bruno Milienne, vous attendez quoi du Premier Ministre ce soir ?
00:28Bon, on attend un certain nombre de clarifications et notamment le cap qu'il compte donner à sa politique.
00:34Pour nous le cap il est assez clair en fait.
00:36La population française est divisée elle aussi en trois blocs.
00:39Il n'y a pas que l'Assemblée Nationale, elle est pour le coup représentative de la population française.
00:44Et il faut donner, je pense, des gages à tout le monde.
00:46Donc voilà, et pour l'instant, au regard de la coloration du gouvernement, je comprends que les gens aient des doutes.
00:52Mais Bruno Milienne, oui effectivement, elle est représentative de la population française.
00:57Vraiment, ce gouvernement, je vois Jules Torres qui fait les gros yeux dans le studio.
01:00Ben si, un petit peu quand même si on regarde le résultat.
01:03Un petit peu ?
01:04Ben oui, mais si on regarde...
01:06La gauche, même Gabriel Attal, même Gabriel Attal, dit je ne comprends pas pourquoi la gauche n'est pas représentée dans ce gouvernement.
01:13Parce que personne n'a voulu y aller.
01:15Oui, ben ça d'accord, ça personne n'a voulu y aller.
01:18Personne n'a voulu y aller.
01:19Mais je suis d'accord, à gauche, je suis d'accord, c'est vrai, ni la gauche, ni l'URN, personne n'a voulu y aller.
01:24Et on ne leur a pas proposé aussi, par exemple l'Organisation Nationale qui a fait 11 millions d'électeurs,
01:28et le Nouveau Front Bulaire qui en a fait 8 millions, ça fait 19 millions d'électeurs qui ne sont pas représentés au sein du gouvernement.
01:33Je suis désolé d'intervenir très rapidement dans cette interview, mais le peuple français n'est pas tout à fait représenté dans ce gouvernement.
01:39Non, mais ce n'est pas ce que je disais.
01:41Je ne parlais pas du gouvernement, je disais que l'Assemblée Nationale était représentative des trois blocs représentés par les Français.
01:47Je ne parlais pas du gouvernement.
01:48La coloration du gouvernement est très à droite, là, je suis d'accord avec vous.
01:51Et c'est bien ce qui inquiète les gens.
01:53Non, non, je parlais de la représentativité au sein de l'Assemblée Nationale.
01:56Bruno Milienne, justement, on va parler peut-être un peu de vous.
02:00Vous attendez donc les grandes directives de Michel Barnier, nous les attendons aussi.
02:04Et bien sûr, nous allons écouter ça avec beaucoup d'attention sur Europe 1,
02:07et vous faire écouter les mots du Premier ministre.
02:09Un mot quand même sur ce nouveau gouvernement Barnier, parce que finalement, le modem, vous vous en sortez bien.
02:15Les trois ministères, dont celui des affaires étrangères, et de la santé.
02:19Et pourtant, rien n'était gagné, on est d'accord Bruno Milienne ?
02:22Oui, après sur la répartition, vous voyez bien que la répartition penche très à droite.
02:27Il aurait pu y avoir un petit peu plus de centristes, pas que le modem d'ailleurs, dans ce gouvernement-là.
02:32Si vous regardez les forces centristes en présence, finalement l'équilibre...
02:35Bon, il y a Ensemble pour la République, qui est le parti du Président.
02:40Et les centristes qui ont une position plutôt, en général, assez pragmatique et réaliste,
02:44ne sont pas surreprésentés, loin s'en faut.
02:46Vous voyez ce que je veux dire ? On a deux très beaux ministères.
02:49Alors oui, attendez, la santé et les affaires étrangères,
02:52vous en avez un troisième ministère délégué à l'économie du tourisme, avec Marina Ferrari.
02:57Mais finalement, comment ça s'est passé les négociations ?
03:00Parce qu'au début, vous ne vouliez pas, les centristes, faire partie de ce gouvernement.
03:05Puis finalement, vous y allez, vous obtenez deux gros ministères.
03:09J'y étais pas pour les négociations.
03:14Mais la question s'est posée au vu de la coloration de ce gouvernement,
03:18et sans avoir d'assurance, vraiment,
03:24parce que le fonds du cap décidé par le Premier ministre n'a pas été discuté, en fait, réellement.
03:30Donc sans avoir d'assurance sur le fonds, évidemment, et fort logiquement,
03:34certains de nos députés se sont dit,
03:36mais pourquoi on irait dans ce gouvernement ?
03:39Pour l'instant, on ne sait pas, sur les sujets qui nous importent à nous,
03:42s'ils vont être portés ou pas.
03:44Donc en gros, est-ce qu'on fait confiance ?
03:46Est-ce qu'on signe un chèque en blanc et on y va ?
03:48Parce qu'on n'a pas l'habitude de s'engager quand on ne s'engage pas pleinement.
03:52Mais quelles garanties avez-vous pu obtenir, Bruno Milienne, pour que finalement vous y ayez ?
03:56Je pense qu'on n'en a pas eu de garantie pour l'instant.
03:59C'est pour ça que tout le monde attend les déclarations du Premier ministre ce soir,
04:02et tout le monde rescrutera son discours de politique générale.
04:06Moi, je fais confiance à Michel Barnier, parce qu'on le connaît un petit peu,
04:09et je pense qu'il va calmer un petit peu les fantasmes de tout le monde,
04:13surtout du côté droitier, en disant...
04:15Parce que là, ce qu'on entend, c'est Bruno Retailleau va faire sa loi.
04:18Non, Bruno Retailleau ne va pas faire sa loi.
04:20Didier Migaud ne fera pas sa loi non plus.
04:22Personne ne fera sa loi.
04:24C'est le Premier ministre qui va dicter le cap de la politique du gouvernement.
04:28Donc voilà, à bout d'un moment, j'espère, c'est comme ça qu'on voit les choses,
04:31qu'effectivement, ça va couper court à tous les fantasmes,
04:35et qu'on va, j'espère, avoir une politique menée par le Premier ministre
04:40qui sera une politique équilibrée,
04:42et qui devra donner des gages aux trois composantes de la société française.
04:46Donc vous allez goûter avec beaucoup d'attention, évidemment, les mots de Michel Barnier,
04:49mais je vais vous reposer ma question.
04:50Qu'est-ce qui vous a fait basculer au Modem ?
04:52Parce que c'était un peu la mutinerie, vous avez hésité à rentrer au gouvernement,
04:56et puis finalement, on y est allé.
04:59Non, non, mais il y a eu une vraie discussion, on en a beaucoup.
05:02Vous savez, quand il y a eu la loi Asie de l'immigration,
05:05on a eu aussi des grosses discussions au sein du groupe.
05:08On est un parti, un groupe politique qui est comme ça, qui discute beaucoup.
05:12Quand il y a des problèmes, quand on n'est pas d'accord,
05:14on se met autour de la table, on discute et on décide à la fin.
05:17Et ce qui a prévalu à la fin, c'est que, un, on n'avait pas eu le discours de politique générale,
05:21donc on ne savait pas exactement,
05:23et deux, que ça aurait été une espèce de lâcheté
05:27que de ne pas aller au gouvernement pour au moins être présent,
05:30pour essayer d'infléchir sur certaines choses.
05:32On verra, c'est un pari qu'on prend.
05:34On prend le pari de la responsabilité du Premier ministre Michel Barnier,
05:38à qui on fait confiance et qu'on soutient vraiment de la politique
05:42qu'il va pouvoir mener, qu'il ferait une politique équilibrée.
05:45On verra si les faits nous donnent raison ou pas.
05:47Je voulais aussi vous faire réagir sur un sujet qui est un peu ressorti
05:51depuis ces dernières 24 heures.
05:53Gabriel Attal s'est emparé aussi de cette question.
05:56L'ancien locataire de Matignon assure que le groupe macroniste
05:59restera libre dans ses prises d'opposition,
06:01et ajoute qu'il souhaite que Michel Barnier indique dans son discours de politique générale
06:05pas de retour en arrière sur la PMA, le droit à l'IVG, les droits LGBT.
06:09Mais c'est vrai que, pourtant, au gouvernement,
06:12personne ne semble revenir sur ses droits.
06:14Pourquoi ce thème s'impose-t-il, selon vous ?
06:16Qu'est-ce que vous en pensez ?
06:18Parce que je pense que ça fait aussi partie du fantasme et des inquiétudes.
06:22Vous savez bien, quand vous avez Bruno Retailleau et Laurence Garnier
06:24qui sont au gouvernement, c'est pas des pro-IVG, c'est des pro-LGBT.
06:29Loin, sans trop.
06:31Donc tout le monde fantasme un petit peu là-dessus,
06:33tout le monde a un peu peur.
06:34Après, c'est des questions qui traversent tous les groupes.
06:37Il y a des pours et des cons dans tous les groupes.
06:39Moi, je ne vous donne que ma conviction personnelle.
06:42Je trouverais scandaleux qu'on revienne, effectivement,
06:45sur la constitutionnalisation du droit à l'IVG.
06:48Mais franchement, Bruno Milienne, ça ne se fera pas !
06:51Non, non, ça ne se fera jamais !
06:53Bien évidemment ! Moi, je ne pense pas que ça se fera.
06:56C'est quoi ce débat qui est posé ?
06:58D'où vient-il ? C'est sur le profil, en fait ?
07:01Vous n'avez pas l'impression, monsieur, que c'est de la petite politique ?
07:05Il n'y avait déjà aucun risque que la constitutionnalisation de l'IVG soit remise en cause.
07:10Il y en a encore moins aujourd'hui alors que la loi a été votée.
07:15Oui, oui, je suis d'accord avec vous.
07:17Je pense que c'est un petit coup de boutoir
07:22pour signifier qu'attention à toute velléité d'une des risques trop droitière.
07:29Je pense que c'est ça.
07:30C'est une mise en garde.
07:31Est-ce que vous, comme Gabriel Attal, vous regrettez qu'il n'y ait pas
07:36plus de personnalités de la gauche républicaine au gouvernement ?
07:40Mais oui, je le regrette.
07:42J'aurais aimé que des gens de la gauche républicaine viennent.
07:45J'aurais aimé que certains socialistes arrivent à se détacher
07:49du rocher La France Insoumise auquel ils sont accrochés comme des moules
07:53et que certains prennent leurs responsabilités et viennent effectivement porter leurs idées
07:58parce que certaines ne sont pas mauvaises, moins sans faux, dans ce gouvernement
08:02afin qu'on puisse effectivement avoir ce gouvernement d'union nationale
08:05ou de coalition nationale dont on a bien besoin.
08:08Ils ont tous refusé.
08:09Enfin, il y en a qui ont été approchés.
08:12Je ne citais que Philippe Brun.
08:14Philippe Brun, par exemple, avec qui j'ai travaillé,
08:16c'est quelqu'un avec qui on peut travailler vraiment de manière constructive.
08:20On l'a fait à l'Assemblée nationale.
08:21Donc je vois pas pourquoi il n'aurait pas pu le faire dans le gouvernement.
08:24On a appris aussi que Bernard Cazeneuve interviendra lors de l'université de rentrée du Modem
08:29qui se tiendra le week-end prochain dans le Morbihan.
08:31C'est François Bayrou, votre président, qui l'a invité.
08:35Peut-être que vous auriez préféré l'option Cazeneuve ?
08:38Ça a été évoqué.
08:40François Bayrou l'avait dit.
08:43Il l'a déjà dit dans les interviews.
08:45Oui, effectivement, on aurait préféré l'option Cazeneuve.
08:48Mais pourquoi ?
08:49Pourquoi ? Parce que je pense que Bernard Cazeneuve, tout comme Michel Barnier,
08:54ce sont deux hommes d'État.
08:55Sauf qu'effectivement, même s'il n'y a pas de majorité absolue,
08:59et loin s'en faut, le NFP n'est pas majoritaire, il est minoritaire,
09:04mais ils ont quand même gagné les élections.
09:06Ça a envoyé quand même un signe.
09:07On avait un Premier ministre de gauche avec qui on peut travailler de la gauche jusqu'au LR.
09:13Donc, effectivement, on aurait préféré cette option-là.
09:16Les socialistes ont torpillé.
09:17Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
09:18Moi, je pense que Jean-Luc Mélenchon ne veut absolument pas que le NFP gouverne.
09:22Voilà.
09:23Et comme il a la main mise sur tout le monde, tout le monde s'écrase.
09:26C'est dommage, mais c'est comme ça.
09:28Il faut que la gauche entende ça aussi.
09:30Bon, et Olivier Faure, lui ?
09:32Qui ça ?
09:34Non, je plaisante.
09:37Le leader du parti socialiste, Olivier Faure, oui.
09:40Bon, je ne vous parle pas de lui.
09:41Je ne vous parle pas de lui.
09:42Visiblement, ça ne va pas le faire, Bruno Milienne.
09:45Vous trouvez que son attitude, il n'a pas été à la hauteur, Olivier Faure ?
09:50À chaque fois qu'il y a des outrances de la France insoumise,
09:53qu'est-ce qu'on a d'Olivier Faure ?
09:54On a un tweet pour condamner.
09:56Et encore les bonnes semaines.
09:57Et encore les bonnes semaines.
09:59Donc, ça suffit.
10:00Ils sont plus intéressés par leur siège de député
10:03et à occuper leur siège de député
10:05qu'à les défendre l'intérêt des Français.
10:07Contact.
10:08Merci beaucoup, Bruno Milienne.
10:10Porte-parole du Modem d'avoir été en direct avec nous sur Europe 1.
10:15Il est 19h43 sur Europe 1.

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