Meurtre de Philippine : «Sur les 135.000 OQTF annuelles, seulement 7% sont exécutées», dénonce le diplomate Xavier Driencourt

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Vendredi, samedi et dimanche dans Europe 1 Soir Week-end, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique.
Retrouvez "L'interview politique d'Europe 1 Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-deurope-1-soir-week-end

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00:00Charlotte Dornelas, juste on va changer de sujet, il est 20h33 sur Europe 1, on va revenir sur
00:07la mort épouvantable de Philippines. Il y a des rassemblements qui sont encore prévus demain
00:11après cette mort épouvantable et la question se pose maintenant, des voix s'élèvent
00:17pour
00:19parler des OQTF, de la question notamment de l'emprisonnement. Il y a ce sondage évidemment
00:24CSA pour Europe 1, CNews et le JDD qui soulignent ce chiffre. Il y a quasiment huit Français sur dix qui sont favorables
00:32à l'emprisonnement des individus sous OQTF. Je rappelle aux auditeurs d'Europe 1 que dans le cadre de Philippines, son meurtrier
00:40présumé était sous OQTF, il a été donc retenu et puis il a été relâché le temps qu'il soit renvoyé chez lui. Je dis les
00:47choses très très simplement.
00:48Donc les Français veulent que ça change.
00:51Oui, alors ce qui est intéressant en plus dans le
00:54sondage que vous citez, c'est que c'est partagé de manière quasiment
01:01identique dans tous les partis politiques. Donc peut-être que certains
01:04responsables de partis politiques feraient bien de lire un peu dans le détail
01:07ce qu'attendent leurs propres électeurs et je pense notamment à la gauche de la gauche qui pense que toute question politique sur un drame pareil
01:14relève de l'indécente récupération
01:17alors qu'évidemment des citoyens français
01:20touchés par un drame aussi abominable
01:22ont raison de s'adresser à leurs responsables politiques pour demander par quels moyens il est possible que ça n'arrive plus.
01:28Je vois pas ce qu'il y a d'indécent, je vois même une participation
01:33extrêmement légitime des citoyens aux changements nécessaires dans le pays. Je crois pas, sincèrement je vais pas faire de procès d'intention et je ne crois pas
01:41sincèrement qu'un seul responsable politique serait capable d'assumer
01:44que bon ben ça arrive de temps en temps et c'est comme ça.
01:47Non, évidemment que tous veulent faire changer les choses alors qu'ils nous expliquent tous par quels moyens ils voudraient faire changer les choses.
01:53Maintenant sur la question précise de savoir est-ce qu'il faut enfermer ou non,
01:57emprisonner ou non les personnes sous au QTF, la question alors évidemment c'est un peu technique entre guillemets,
02:04évidemment l'emprisonnement n'est pas possible sur une mesure
02:06administrative, c'est pour ça qu'on parle de rétention et non pas de détention et je pense que derrière cette question il y a la volonté
02:13d'étendre le temps possible de rétention en vue d'obtenir l'accord des pays d'origine pour qu'ils retournent chez eux. On sait que dans l'affaire
02:21du meurtrier présumé de Philippines comme dans beaucoup d'autres affaires,
02:24ils finissent par être libérés notamment parce que les pays d'origine
02:29refusent ou rechignent à récupérer leurs ressortissants surtout quand ils sont criminels. Donc il y a un travail du quai d'Orsay pour forcer
02:36la main de ces pays d'origine et deux, évidemment, la possibilité d'étendre cette rétention pour se donner toutes les chances
02:43de pouvoir éloigner
02:45hors du territoire français des personnes qui menacent, évidemment,
02:49l'intégrité physique et parfois tout simplement la vie de citoyens français innocents. Cette question est évidemment légitime.
02:55Là on avait un homme qui était déjà condamné pour viol, je pense que ça suffit en fait
02:59à dire à une personne qui par ailleurs est en situation irrégulière que son séjour en France est terminé.
03:05Xavier Driancourt, vous êtes diplomate et haut fonctionnaire français. Vous avez été ambassadeur de France en Algérie
03:11à deux reprises. Merci d'être avec nous en direct. Vous avez publié un livre consacré à l'ambassade algérienne en 2022,
03:18L'énigme algérienne, chronique d'une ambassade à Algérie. On voulait avoir votre expertise, on voulait avoir votre
03:26votre sentiment aussi, Xavier Driancourt, à propos de ces OQTF que nous avons en France.
03:33Parfois nous avons beaucoup beaucoup de mal,
03:36même quand ils sont sous OQTF, à trouver un accord avec leur pays d'origine pour les y
03:42renvoyer. Est-ce que vous pouvez expliquer aux auditeurs d'Europe 1 pourquoi ?
03:46Oui, il y a à peu près 7% seulement des OQTF, des 135 000 OQTF annuels qui sont
03:54exécutés, c'est-à-dire qui permettent de
03:58raccompagner les
03:59étrangers en situation irrégulière dans leur pays, 7% seulement.
04:04Pourquoi ? Parce que d'une part il y a toutes les procédures internes françaises que Charlotte Dormelas vient d'écrire mais il y a aussi
04:12les procédures extérieures,
04:15internationales, c'est-à-dire que pour renvoyer un étranger dans son pays, en Algérie, au Maroc ou au Sénégal,
04:21il faut l'accord du pays. En d'autres termes,
04:25l'étranger qui est en situation irrégulière en France, il n'a pas de papier par définition, il est en situation irrégulière.
04:31Et donc il faut que le consulat de son pays, Sénégal, Maroc, Algérie, Tunisie, etc.
04:39reconnaissent que monsieur X, monsieur Y est marocain, algérien, tunisien.
04:44Excusez-moi mais ça paraît dingue Xavier Drie en cours. Vous comprenez pour les auditeurs d'Europe 1 qui écoutent ?
04:49C'est-à-dire qu'ils arrivent en France, ils arrivent bien avec un passeport,
04:52ils arrivent bien avec une pièce d'identité.
04:54Ils détruisent leur papier, en général, ils détruisent leur papier.
04:58C'est une technique bien connue parce que ça leur permet justement d'être en situation irrégulière
05:04et de faire en sorte que l'administration française ne connaisse pas leur pays d'origine.
05:10Xavier Drie en cours, évidemment, leur pays d'origine, on se dit les choses, n'a pas très envie de les voir rentrer.
05:15Et en plus, leur pays d'origine n'a pas forcément envie de les voir rentrer parce que c'est une jeunesse turbulente
05:21qui sera au chômage, qui va faire de l'agitation, etc.
05:25Donc les pays d'origine préfèrent les voir en France, évidemment.
05:29Mais de quels moyens d'action alors la France dispose-t-elle pour faire bouger les choses selon vous, Xavier Drie en cours ?
05:36Le moyen d'action le plus radical, c'est effectivement les vilains.
05:39C'est-à-dire pas d'OQTF, pas de laisser-passer consulaire, pas de vilains.
05:44Ce serait la mesure la plus draconienne qu'il soit.
05:48Mais on ne l'a jamais fait.
05:50Ce qu'on a fait, c'est qu'on a annoncé qu'on réduirait les visas, mais on n'a pas réduit le nombre de visas.
05:55Il faut les réduire et ne pas l'annoncer.
05:57Mais Gérald Darmanin avait essayé de le faire, effectivement, mais l'ancien ministre de l'Intérieur n'y est jamais arrivé.
06:03C'est une mesure très compliquée.
06:05Non, ce n'est pas compliqué.
06:07Il a annoncé qu'il allait diminuer de 50% et il ne l'a pas fait.
06:11Moi, quand j'étais ambassadeur à Alger, j'ai réduit de 50% le nombre de visas délivrés.
06:16On est passé de 413.000 à 280.000 en une année.
06:20Mais je ne l'ai pas dit, je ne l'ai pas annoncé.
06:23Ok, oui, voilà, vous dites qu'il faut le faire.
06:27Ah oui, parce qu'à partir du moment...
06:29Non, mais je comprends, mais Charlotte Dornelas, vous souriez, vous avez raison.
06:32Xavier Adrien Cour a raison.
06:33Si jamais il y a une annonce qui est faite en ce sens, ça va déclencher la levée des boucliers de la gauche.
06:39Oui, de toute façon, tout ne se gère en effet que comme ça.
06:44On avait même Elisabeth Borne, je me souviens à l'époque, qui avait fait un déplacement sur place
06:47en expliquant qu'elle allait augmenter le nombre de visas pour les étudiants,
06:51pour essayer de calmer le jeu.
06:53Mais simplement avec la question de l'Algérie, je souriais aussi
06:55parce que que ce soit la question des visas ou autre chose,
06:57de toute façon, toute parole française ou même tout silence français
07:01génère une levée de boucliers des autorités algériennes
07:03qui se servent très largement en politique intérieure
07:05de leur détestation réelle ou supposée de la France.
07:08Donc, profitons-en pour au minimum renvoyer
07:12parce que là, en plus, on parle de personnes qui sont non seulement en situation régulière
07:15mais placées en centre de rétention administrative.
07:17Or, depuis quelques années, et notamment sur la volonté de Gérald Darmanin,
07:21ce sont essentiellement des gens en sortie de prison
07:23et donc des gens condamnés pénalement à des peines de prison plus ou moins longues.
07:27Donc, on a vraiment des profils qui ont prouvé leur potentielle nuisance
07:33dans la société française qui, par ailleurs, ne les avait non seulement jamais invités
07:36mais jamais désirés.
07:38Donc, je pense que là, en l'occurrence, en effet,
07:40le politique doit se poser la question de durcir,
07:42par tous les moyens possibles,
07:44sa politique de manière à réussir
07:46à honorer des décisions judiciaires ou administratives
07:49qui sont déjà prises, en l'occurrence.
07:51Quand l'OQTF est prononcée, elle est prononcée dans le cadre actuel du droit.
07:54Peut-être faudrait-il se poser la question
07:56de savoir comment les rendre effectives.
07:58Xavier Dry, en cours.
08:00Une question encore, c'est vrai que c'est compliqué.
08:02Comment réagissez-vous à ce sondage
08:04européen, CNews, le JDD ?
08:07Il y a 8 Français sur 10 qui souhaiteraient
08:09qu'ils voudraient l'emprisonnement
08:11des individus sous OQTF
08:13avant qu'ils ne soient renvoyés chez eux.
08:15D'abord, est-ce que c'est possible ?
08:17Est-ce que c'est applicable ?
08:19Il faut avoir des centres
08:21de rétention administrative.
08:23On n'en a pas assez, c'est ça ?
08:25Evidemment. Donc, on fait
08:27tourner les gens, on les libère obligatoirement
08:29au bout d'un certain temps, parce qu'on n'a pas
08:31suffisamment de place.
08:33Et puis, vous avez, dans ces crâts,
08:35beaucoup d'associations, d'avocats, etc.
08:37qui viennent veiller au respect
08:39des droits de l'homme. Et puis, vous avez
08:41toutes les procédures de recours
08:43administratifs et judiciaires
08:45avec, il faut le reconnaître, du côté français,
08:47un jardin à la française
08:49en termes juridiques.
08:51C'est-à-dire que nous sommes quand même
08:53les rois de la complexité,
08:55de la complexification
08:57juridique et administrative.
08:59Nous avons deux juges qui interviennent,
09:01le juge administratif,
09:03le juge des libertés.
09:05Donc, il faudrait fusionner tout ça.
09:07Il faut simplifier, fusionner.
09:09Il faut simplifier tout ça.
09:11Mais on n'y est pas, tout ça prend du temps.
09:13On n'y est pas.
09:15Merci beaucoup d'avoir été avec nous
09:17en direct sur Europe 1,
09:19Xavier Driancourt. C'est vrai que c'est une
09:21situation qui est extrêmement compliquée.
09:23Comment faire, Charlotte Dornelas ?
09:25Effectivement, Xavier Driancourt nous donnait
09:27des solutions, mais tout ça semble
09:29long à mettre
09:31en place.
09:33Mais je pense qu'il y a dans les études
09:35et dans les résultats
09:37de ces sondages, on va dire,
09:39une volonté,
09:41une demande aux politiques
09:43de restaurer tout simplement
09:45l'idée même de justice. A savoir,
09:47à partir du moment où quelqu'un,
09:49une personne étrangère
09:51en situation irrégulière,
09:53à qui les autorités, qu'elles soient judiciaires
09:55ou administratives, ont demandé de quitter le territoire,
09:57comment est-ce qu'il est possible
09:59d'appliquer cette décision une fois qu'elle est prise ?
10:01Or, aujourd'hui, en effet,
10:03et c'est ce qu'évoquait Xavier Driancourt,
10:05tout est fait sur des termes
10:07juridiques absolument inaccessibles
10:09au commun des mortels. Tout est fait
10:11pour complexifier la procédure
10:13de telle manière que des décisions
10:15qui ne sont pas ailleurs prises sont rendues
10:17absolument impossibles à appliquer.
10:19Évidemment qu'il y a une demande,
10:21on va dire, de simplification,
10:23en tout cas d'efficacité. Je peux vous assurer que j'ai passé
10:25des heures et des heures en audience
10:27en centre de rétention administrative.
10:29C'est inimaginable. Mais vous avez des avocats
10:31qui interviennent pour demander de casser
10:33telle procédure parce que l'heure d'alimentation
10:35à la minute près n'était pas exactement
10:37celle qui est consacrée par le droit de je-ne-sais-quel-truc.
10:39C'est complètement hallucinant.
10:41Donc évidemment, quand Xavier Driancourt dit
10:43qu'il y a des associations qui sont là pour protéger les droits de l'homme,
10:45qu'on s'entende bien. Les droits de l'homme,
10:47les droits basiques de l'homme, du respect d'être
10:49nourri, logé et traité
10:51correctement, tout le monde s'entendra là-dessus.
10:53Mais là, les droits de l'homme, ça c'est
10:55on se noie dans des droits
10:57absolument inessentiels.
10:59Charlotte Dornelas, surtout, ne bougez pas.
11:01Il est 20h44. Vous ne bougez pas.
11:03On a d'autres sujets à aborder.
11:05De mes yeux vus,
11:07mais des gamins arrachés des affiches de
11:09Philippines. Je vous jure que je les ai vus.
11:11On va en parler dans un instant, 20h44 sur Europe 1.
11:13Justement, Brandon Ouarette,
11:15merci beaucoup à tout à l'heure.
11:17Moi je voudrais entendre Charlotte Dornelas
11:19expliquer, parce que moi
11:21je n'arrive pas à comprendre, et les auditeurs
11:23d'Europe 1 doivent aussi se poser
11:25des questions, pardon. Quand on entend
11:27que la minute de silence
11:29à la mémoire de Philippines qui est morte dans des
11:31conditions absolument épouvantables
11:33est sifflée,
11:35ce matin, je vous promets que c'est vrai,
11:37je suis devant l'université
11:39de Paris-Port-Dauphine.
11:41Je l'ai vu,
11:43des jeunes, 5 petits jeunes qui étaient en train
11:45d'arracher les affiches
11:47à la mémoire de Philippines.
11:49Des petits jeunes qui avaient l'air bien
11:51sous tout rapport. Pardon, mais
11:53je ne comprends pas,
11:55je n'arrive pas à comprendre, je pense que les auditeurs d'Europe 1
11:57se posent la question. Charlotte Dornelas,
11:59est-ce que vous avez une explication, ou un semblant
12:01d'explication ?
12:03Pourquoi on salit-on la mémoire de cette
12:05jeune fille ? Parce que comment j'appelle ça
12:07salir cette mémoire ? La mémoire de cette jeune fille,
12:09on est d'accord. Vous avez raison.
12:11En fait, parfois la colère se mêle
12:13à une tristesse vraiment profonde.
12:15Le parcours
12:17de celui qui est suspecté
12:19d'avoir tué Philippines aujourd'hui,
12:21ça pose énormément de questions.
12:23Que des jeunes soient capables d'arracher des affiches
12:25ou de perturber une minute de silence.
12:27Dans quel but, Charlotte Dornelas ? Je ne comprends pas.
12:29En fait, l'explication, je sais où elle se trouve,
12:31c'est que Philippines
12:33n'avait pas le bon agresseur, pour certains.
12:35Il aurait fallu
12:37que cet agresseur ne pose aucune question
12:39sur le terrain politique. Il aurait fallu que cet agresseur
12:41ne puisse pas
12:43être relié, de près ou de loin, à la question
12:45de l'immigration. Il ne fallait pas que cet agresseur
12:47soit sous OQTF, auquel cas
12:49on aurait pu parler de culture du viol.
12:51Parce que je note, par ailleurs, qu'il y a d'autres
12:53cas, d'autres procès,
12:55d'autres histoires absolument abominables,
12:57également, dans lesquelles les questions,
12:59les comptes demandés
13:01aux politiques ne sont jamais
13:03accusés de récupération, ne provoquent
13:05aucune perturbation, d'aucune
13:07sorte que ce soit. Les affiches
13:09ne sont pas arrachées, les minutes de silence ne sont pas
13:11perturbées. Même, et là, j'y vois
13:13une marque de décivilisation
13:15absolue. C'est un mot qu'on a utilisé
13:17souvent, plus ou moins légitimement.
13:19Là, en l'occurrence, c'est-à-dire que même au cœur de la
13:21guerre, l'ennemi, une fois
13:23mort, avait le droit au respect. J'aimerais
13:25savoir de qui,
13:27exactement, Philippine peut être l'ennemi
13:29aujourd'hui. C'est une petite française
13:31qui était engagée au service des autres,
13:33qui n'a jamais fait parler d'elle autrement
13:35que par la réussite de ses études,
13:37qui était au sein d'une famille
13:39qu'on a aperçue hier, dans une souffrance
13:41immense, avec une dignité absolument
13:43hallucinante, qui, au cœur d'un drame
13:45abominable, a donné un message d'espérance
13:47qui peut tous nous toucher.
13:49Et certains encore se disent, tiens, c'est le
13:51moment d'aller siffler,
13:53arracher les affiches. J'ai vraiment de la peine
13:55d'abord pour cette partie de la jeunesse
13:57qui appartient à mon pays, et pour mon
13:59pays tout court, en fait, que l'unité ne soit pas possible
14:01en mémoire de cette jeune fille
14:03qui est une victime d'une impéritie
14:05à la fois judiciaire,
14:07administrative, politique, une impéritie
14:09de la justice
14:11de manière générale.
14:13Ça me fait vraiment de la peine.
14:15Vraiment. Mais non, mais je comprends.
14:17Je suis dans le même état que vous.
14:19Je me souviens de Sandrine Rousseau qui montait au créneau aussi
14:21pour dire, oui, mais au QTF, ça n'a rien à voir avec
14:23le viol. Vous savez, parce que ça ne l'arrangeait pas
14:25effectivement. Oui, c'est un féminicide,
14:27c'est un féminicide, ça n'a rien à voir.
14:29Bon, pardon, mais le fait de dire
14:31les faits, semble-t-il, ça dérangeait
14:33une partie de la gauche.
14:35C'est-à-dire qu'à partir du moment où nous reconnaissons
14:37tous le drame,
14:39à partir de là, il peut y avoir des analyses,
14:41c'est-à-dire des propositions
14:43politiques pour que ça n'arrive plus qu'ils soient
14:45différentes. En l'occurrence, je ne lis
14:47pas les choses de la même manière que Sandrine Rousseau.
14:49Don't act !
14:51Elle a le droit de ne pas lire les choses
14:53de la même manière. Maintenant, profiter
14:55d'une lecture différente pour accuser
14:57l'autre d'être insensible, insincère
14:59dans sa douleur, c'est abominable.
15:01Je pense que tous, aujourd'hui,
15:03nous pouvons au moins nous entendre sur
15:05une chose, c'est que Philippines n'aurait pas dû
15:07mourir comme ça, n'aurait jamais dû vivre ce
15:09calvaire, et que derrière, il y a un débat
15:11politique pour savoir ce que nous devons faire.
15:13Puissions-nous être des adultes
15:15et avoir ce débat en bonne intelligence ?
15:17Au moins d'avoir la décence, d'avoir
15:19un débat à la hauteur,
15:21on va dire, de l'exemple même que nous
15:23ont donné sa famille, son jeune fiancé,
15:25ses frères et soeurs, ses amis,
15:27qui ont été d'une dignité
15:29absolument hallucinante. Puissions-nous
15:31regarder ce modèle-là et se dire, en la mémoire
15:33de cette jeune fille, ayons au moins
15:35un débat à la hauteur du calvaire
15:37qu'elle a vécu pour que plus personne
15:39ne le vive aujourd'hui en France, quitte
15:41à ne pas être d'accord sur les solutions à mettre en place
15:43et ensuite les électeurs jugeront.
15:45Je partage votre
15:47sentiment, Charlotte Dornelas, je voudrais qu'on écoute
15:49les mots d'Alice Cordie, qui est à la tête
15:51d'un collectif qui va organiser, vous savez, il y a des rassemblements
15:53demain, en hommage
15:55à Philippines. Eh bien, elle craint
15:57que ces rassemblements soient
15:59infiltrés par
16:01des personnes d'extrême-gauche
16:03qui viennent semer la zizanie. Écoutez.
16:05On a reçu des messages comme quoi il y a
16:07des militants ou des faux-journalistes
16:09qui souhaiteraient s'infiltrer pour faire une action
16:11à notre manifestation. S'ils m'écoutent,
16:13je voudrais qu'ils réfléchissent un tout petit peu à leur acte.
16:15On est là pour rendre hommage à des victimes.
16:17Comme je vous dis, il n'y a pas de parti politique au sein
16:19des intervenantes. Si des gens
16:21pensent que c'est le moment de venir
16:23à un hommage à une petite jeune
16:25femme qui a été tuée et assassinée dans les conditions
16:27qu'on connaît, je pense
16:29qu'il y a une indécence énorme.
16:31C'est honteux.
16:33Aujourd'hui,
16:35il y a la bonne et la mauvaise victime.
16:37On a déjà cette sensation.
16:39Il y a des hommages qui n'ont pas lieu d'être,
16:41visiblement, pour des gens de gauche.
16:43Je pense qu'il y a une indécence totale et un manque de respect
16:45énorme. Je n'osais
16:47imaginer pour les familles
16:49l'appel en plus de voir des citoyens qui se mobilisent
16:51pour justement rendre hommage à leurs filles et de voir
16:53qu'ils ne peuvent pas le faire.
16:55Pour les modélistes de la liste Cordille,
16:57il y a des rassemblements en hommage à
16:59Philippines. Demain, vous vous rendez compte si c'est
17:01filtré par des groupes politiques.
17:03Ce qu'ils viennent faire de là,
17:05c'est de l'indécence.
17:07C'est-à-dire qu'accuser
17:09des personnes qui veulent rendre
17:11hommage de récupération pour récupérer soi-même
17:13l'accusation de récupération au point
17:15d'empêcher l'hommage à une victime innocente,
17:17c'est ignoble.
17:19C'est ignoble.
17:21Ce n'est jamais le moment.
17:23Au moment
17:25d'un hommage ou d'une minute de silence,
17:27ce n'est vraiment pas le moment d'aller avoir une revendication.
17:29Par ailleurs, une revendication sur l'interdiction
17:31de la discussion sur le profil
17:33et la situation administrative d'un agresseur.
17:35Là, en l'occurrence, il s'agit juste de rendre hommage
17:37à Philippines, quitte à mentionner
17:39en effet la situation de son agresseur.
17:41Pourquoi ? J'aimerais juste que
17:43les choses soient claires. Il ne s'agit pas de dire
17:45c'est grave parce que cet homme était sous
17:47OQTF. C'est grave
17:49tout court. Il aurait pu être français depuis
17:5114 générations, ou en situation
17:53régulière, ou je ne sais quoi encore.
17:55Ça aurait été grave et abominable de la même
17:57manière. Simplement, que pose
17:59cette donnée en plus de la situation
18:01administrative de cet homme ? Ça pose
18:03la question de savoir. Un, il était
18:05condamné à 7 ans de prison. Il a été libéré
18:07avant la fin de sa peine, placé
18:09en crâ en vue de son expulsion.
18:11Donc un, sa peine n'était pas faite en entier.
18:13Deux, il est sorti de ce crâ avant l'expulsion.
18:15Il était donc dans la nature. La question
18:17que cela pose, c'est est-ce que
18:19oui ou non, si le pouvoir
18:21politique et administratif avaient
18:23respecté leur propre décision,
18:25cet homme se serait trouvé là
18:27le vendredi 20 septembre ? La réponse est
18:29non. On a quand même le droit de poser
18:31à la question aux autorités politiques
18:33de la manière et le sérieux
18:35avec lequel elles prennent leur propre décision.
18:37C'est le rôle même du citoyen
18:39par rapport à celui qui est élu pour
18:41le représenter. Donc cette question est
18:43éminemment légitime. Certains aimeraient en poser
18:45d'autres. Et je note, par ailleurs, à l'adresse
18:47de tous ceux qui nous disent que l'OQTF n'a rien à voir
18:49avec tout ça, c'est une affaire de viol, que cet
18:51homme était déjà condamné pour
18:53viol. Il était condamné pour viol,
18:55il était condamné aux judiciaires
18:57à passer, en cour d'assise,
18:59à passer 7 ans en prison, il en a passé 5,
19:01il n'a été libéré que pour être expulsé,
19:03expulsion qui n'a pas eu lieu. Alors
19:05quoi en fait ? Même sur la seule question du
19:07viol, cette punition n'était pas légitime ?
19:09Où veulent-ils
19:11en venir en réalité ?
19:13Je ne sais pas, je n'ai pas trouvé de réponse.
19:15Toutes ces questions
19:17mériteraient quand même d'être prises avec un peu plus
19:19de décence et par ailleurs
19:21de maturité, j'ai envie de dire
19:23que ces comportements
19:25qui ne sont vraiment pas à la hauteur, on va dire,
19:27du drame qu'a vécu
19:29Philippine. J'espère
19:31de tout mon cœur, vu ce que j'entends,
19:33j'espère de tout mon cœur que la famille
19:35s'est réunie avec des amis et par
19:37ailleurs que la famille sait aussi
19:39que les petites minorités extrêmement bruyantes
19:41et qui nous pourrissent la vie sur tout
19:43un tas de sujets, sont en effet
19:45extrêmement minoritaires et que la plupart
19:47des gens dans ce pays sont
19:49loin de ces actions ignobles
19:51et sont juste dans une communion
19:53de douleur et peut-être d'espérance
19:55pour une partie d'entre eux avec la famille de Philippine.
19:57Et on espère que demain, j'imagine qu'il va y avoir
19:59du monde pour ces rassemblements,
20:01cet hommage, ces minutes de recueillement,
20:03on espère que demain ça va se passer,
20:05je ne sais pas si ça va être sécurisé, peut-être que les forces
20:07de l'ordre vont être alertées de la situation
20:09avec ce risque. Vous vous rendez compte ?
20:11Donc un hommage va se transformer
20:13en rassemblement dans la peur,
20:15de voir des
20:17militants intervenir, tout se mélange
20:19en France, on a un peu le sentiment que tout se mélange
20:21et tout est mis au même niveau, puis rien n'a d'importance
20:23en fait. Des civilisations, en effet.
20:25Oui, c'est ça. Devant la mort,
20:27on s'incline en réalité, on ne fait pas autre chose.
20:29Mais tout le monde s'incline devant la mort,
20:31devant la souffrance d'une famille. Donc là, il y a un grave
20:33problème d'éducation,
20:35là c'est même plus une question de valeurs qui peuvent être
20:37discutées, c'est une question de principes
20:39élémentaires de quelqu'un
20:41qui est un minimum civilisé. Quand on dit des
20:43civilisations, c'est une question de sommes-nous
20:45capables de reconnaître ensemble
20:47ce qui est objectivement bien ou mal.
20:49Perturber une minute de silence en la mémoire
20:51d'une jeune fille absolument innocente
20:53qui a vécu un calvaire, c'est objectivement
20:55quelque chose de bien. Si on est incapable
20:57de le reconnaître, c'est qu'en effet, il y a un déficit
20:59d'empathie
21:01et de civilité
21:03qui est quand même vraiment, vraiment triste.
21:05Merci beaucoup Charlotte Dornelas.
21:07Évidemment sur Europe 1, nous suivrons les rassemblements
21:09à la mémoire de Philippines demain.
21:11Je voulais vous donner ces dernières informations.
21:13Le Premier ministre israélien qui s'est exprimé
21:15il y a quelques instants à la télévision
21:17il dit nous avons
21:19réglé nos comptes. Voilà.
21:21Réaction de Benjamin Netanyahou
21:23qui a tenu un discours guerrier.
21:25Israël va-t-il
21:27entrer sur le sol libanais ?
21:29Il ne l'exclut pas.
21:31Il ne l'exclut pas alors que
21:33l'Iran a annoncé qu'il envoyait
21:35des militaires au Liban.
21:37Voilà la situation
21:39ce soir et la France qui appelle à la
21:41cessation des hostilités au Liban
21:43et pas d'intervention terrestre.
21:45Voilà ce que dit la France.
21:47Il est 20h58.

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