• l’année dernière
Transcription
00:00Bonjour Antoine Renat.
00:01Bonjour.
00:02Vous êtes acteur, césaraisan 2018, dans la catégorie
00:05meilleur acteur dans un second rôle pour votre interprétation dans le
00:07film 120 battements par minute.
00:09Ce métier passion vous accompagne, vous habite depuis votre enfance.
00:12Vous avez d'ailleurs quitté le domicile familial.
00:14Vous avez quoi, 15 ans pour essayer d'intégrer le conservatoire.
00:17On vous voit un peu partout, sur grand écran, avec des rôles
00:20et interprétations remarqués dans la vie scolaire.
00:22Par exemple, Alice et le maire, Roubaix et Lumière, la quinzaine
00:25des réalisateurs et Anatomie d'une chute, avec votre rôle
00:28puissant d'avocat général.
00:30Sur scène aussi, on vous voit avec la ménagerie de verre de Tennessee
00:33Williams, à la télé, dans la série Nona et ses filles, de
00:37Valérie Donzelli.
00:38Et là, justement, vous êtes à la télé de la nouvelle série.
00:42Et là, à la radio.
00:43Voilà, c'est ça.
00:44Dans le monde des laudis.
00:45C'est exactement ça.
00:46Là, il y a une nouvelle série sur Apple Plus qui s'appelle
00:49La maison. C'est une série de dix épisodes qui nous plonge en
00:52coulisses d'une grande maison de haute couture, donc dans le
00:55monde impitoyable du luxe et de son univers.
00:58Effectivement, ça ressemble un peu à Dallas.
01:00Vous interprétez le rôle du neveu du créateur star Vincent
01:03Ledoux, incarné par Lambert Wilson, qui a comme concurrente une
01:07autre maison avec à sa tête Carole Bouquet.
01:09Bref, le casting est incroyable, la distribution est incroyable.
01:12C'est un regard, finalement, sur une dynastie à la tête d'un
01:16empire. On a l'impression que tout est très solide.
01:19Antoine, et finalement, tout est très friable.
01:21Oui, c'est ça qui est dingue, c'est qu'à la fois, on est quand
01:24même sur des mondes qui sont absurdes.
01:27Quelque part, c'est quand même de l'absurdité, ça ne devrait pas
01:31exister en démocratie, des gens qui possèdent un empire qui sont
01:34aussi puissants financièrement que le PIB d'un pays comme la
01:37Thaïlande. Mais une fois que ça est dit, on se rend compte
01:40qu'effectivement, ces grandes maisons de couture qui sont
01:44centenaires ne tiennent à rien.
01:46Il y a un bad buzz et elles s'effondrent.
01:48Et donc, il y a aussi quelque chose de très tendu de leur part,
01:51de comment survivre, se réinventer en permanence.
01:55Et après, moi, je peux parler beaucoup de mon rôle, mais c'est
01:58vrai que c'est un héritier et
02:02c'est très dur de se construire dans ce monde-là.
02:04Alors, oui, il y a une aisance financière,
02:08donc il n'y a aucun problème d'argent.
02:10Mais par contre, justement, c'est le fait d'être héritier prend
02:13une énorme part dans ce qu'il est et dans le fait que les gens
02:17viennent le voir. On vient le voir essentiellement pour ça.
02:20Ce qui est dingue, c'est qu'effectivement, dans le mot héritier,
02:22on aurait pu rajouter digne, mais on ne sait pas où le mettre, le mot
02:24digne. Est-ce que c'est le digne héritier ou est-ce que c'est un
02:27héritier digne ou indigne ?
02:28C'est hyper dur de se construire malgré tout là-dedans, parce que
02:31l'héritage, c'est aussi... Il est né dedans, donc il connaît la
02:34couture comme sa poche. Il a les codes.
02:37Il pourrait en faire. Et en même temps, comme on est héritier, comme
02:41il est fils d'eux, enfin, décrit
02:44comme népo-baby par beaucoup, j'imagine.
02:47Il ne sait pas...
02:49C'est dur pour lui de savoir là où il a du mérite.
02:52Même s'il fait quelque chose, comment se dire je mérite,
02:55j'ai mérité, j'ai réussi, puisque de toute façon,
02:59c'était la moindre des choses vu d'où il venait.
03:00Et par contre, quand il y a un échec, c'est impossible.
03:02Je veux dire, il y a un échec, on le remet en cause tout de suite.
03:05Et alors que l'échec, normalement, fait partie de notre construction
03:08dans une carrière. Mais lui, s'il a un échec, il a une chance que les
03:11autres n'ont pas eue. Donc, s'il y a un échec, il dégage.
03:13Et il y a ce côté aussi qui est remis au goût du jour, c'est-à-dire
03:17la puissance des réseaux sociaux, l'importance de faire évoluer
03:20tout ça. Et à quel point, du jour au lendemain, on peut ne plus rien
03:23être.
03:24C'est ce que j'aimais dans cette série aussi, c'est sa modernité sur
03:28comment on vit aujourd'hui avec les réseaux sociaux et comment c'est
03:30d'une violence quand même absolue,
03:33très réducteur, peu
03:36nuancée et violente pour tout le monde.
03:39À quel point une parole peut être reprise, parce que c'est le cas du
03:41créateur. Il s'exprime à un moment donné, dans le privé,
03:44c'est capté par quelqu'un, ça finit sur les réseaux
03:47sociaux et ça lui ruine sa carrière.
03:50Sa notoriété et son image et donc le nom de la maison qui l'incarne.
03:54Et ça ruine 40 ans de carrière.
03:55Et c'est ce qu'il dit et que je trouve assez beau, c'est qu'effectivement,
03:57il y a eu des périodes où il aurait dit la même chose sur le plateau
04:01d'Ardisson. Pendant une semaine, on en parlait, on disait machin,
04:04mais en fait, tout le monde ne le voyait pas, ça tournait pas en boucle.
04:06Et là, on est dans une période où on est...
04:11On ne tolère plus.
04:12On est vraiment intolérable et intraitable avec ce genre de choses.
04:15Donc, parfois, c'est pour le mieux, mais parfois, c'est quand même...
04:19On est très, très durs avec les gens qui ont un peu de pouvoir
04:23ou un endroit de pouvoir.
04:27Pas facile, je pense, d'avoir du pouvoir aujourd'hui.
04:29On parle d'héritage.
04:31Antoine, vous avez quitté la maison à 15 ans pour aller intégrer le
04:34conservatoire. Vous avez hérité cette envie
04:38de devenir comédien. De qui et comment ?
04:41Il y a deux choses. C'est-à-dire qu'à la fois, moi, j'ai l'impression que
04:44je me suis abonné à Studio Magazine, j'avais 10-12 ans, j'étais fan.
04:48Je crois que c'était aussi une façon de parler avec mes parents, leurs
04:51amis. En fait, d'entrer dans le monde des adultes, j'avais 12 ans.
04:54Mais en fait, comme j'étais hyper pointu sur tout ça, quand je parlais
04:58avec eux, il y avait comme un rapport d'égalité.
05:01On a adoré tel film.
05:04On parle du pianiste, du mariage de mon meilleur ami, de tout, enfin,
05:08tout type de films. Et par ailleurs,
05:12depuis tout petit, je faisais des sketchs dans ma classe
05:15en CM1 qui pouvaient être assez, je pense,
05:18sans doute médiocres.
05:21Mais en fait, j'aimais faire rire, en tout cas.
05:23Et je me montrais, mon instinct m'encouragait.
05:27Après chaque récré, on faisait des sketchs à quatre.
05:29Il y avait un truc de bande et donc que pour le coup, j'avais vraiment
05:33eu un plaisir, quelque chose de très intuitif à être sur scène
05:37au théâtre et quelque chose de très puissant en termes
05:40de spectateurs de cinéma.
05:42Vous avez étudié aussi la solidarité, vous avez soutenu
05:47du personnel, des personnes qui étaient enfermées en prison.
05:51C'est important pour vous de garder cette dimension-là, ce lien finalement
05:54avec la vraie vie ?
05:55C'est vrai que je ne suis pas dans un cinéma.
05:58Après, je pourrais kiffer être dans un cinéma complètement hors du réel, etc.
06:02Après, en France, ce qu'on fait de mieux quand même, c'est un cinéma du réel.
06:07J'ai une prof de français en seconde qui disait, être artiste,
06:11c'est ce que Cocteau disait, c'est enlever la patine du monde, c'est nous montrer
06:15le monde tel qu'il est et qu'on oublie de le regarder, parfois juste enlever.
06:18En fait, on est blindé de préjugés,
06:21d'habitudes et c'est toujours aller au plus près
06:25de la singularité, des choses uniques,
06:29de ce réel.
06:31Donc, j'essaie de m'accrocher à ça aussi parce que,
06:35justement, j'ai l'impression qu'on est dans un monde
06:38moins nuancé.
06:39Où plus les paroles
06:44des uns seront simplistes, plus en face, on a envie d'être simpliste et où tout ça
06:48peut nous amener vers quelque chose d'un peu moins riche.
06:52Là, il y a dix épisodes de cette série.
06:56Est-ce qu'à votre avis, on planchera, on se tournera vers une saison 2 ?
07:00Alors, j'espère, parce qu'en fait, ils ont déjà commencé à écrire.
07:04Je sais ce qui m'arrive dans la saison 2, donc j'ai vraiment très, très envie
07:07qu'il y ait une saison 2, parce que ce qui m'arrive va être hyper kiffant.

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