Mercredi 25 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Yves Desjardins (Directeur général France, Schroders)
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00:00C'est Yves Desjardins qui est à nos côtés à l'occasion de ce Salon Patrimonia, édition 2024, directeur général de Schroders en France. Yves Desjardins, bonjour et bienvenue.
00:18Merci.
00:19Un mot peut-être de ce qui caractérise pour vous aujourd'hui l'industrie de la gestion d'actifs ? On est ici présent pour cet événement de référence historique pour l'industrie de la gestion d'actifs.
00:30Et au sein de cette industrie, qu'est-ce qui caractérise Schroders sur le marché français de l'épargne ?
00:34C'est une très bonne question et les choses évoluent beaucoup pour Schroders. Schroders, depuis une dizaine d'années, a beaucoup investi, beaucoup évolué sur les actifs privés.
00:42Passant de 4 milliards à 12 milliards en France, pour faire simple, mais sur une clientèle institutionnelle, ce qui était la base.
00:49Évidemment, aujourd'hui, sur l'offre qu'on a mise à disposition pour les institutionnels, on s'oriente de plus en plus vers une offre à une association d'une clientèle privée.
00:58Et donc la loi industrie verte, LTIF 2, tous ces sujets vont nous aider.
01:02Un mot de ce cadre à la fois législatif et réglementaire qui évolue. LTIF, c'est la réglementation européenne qui permet aux clients privés d'accéder à des fonds d'actifs privés, de private equity, mais pas uniquement, je crois, Yves Desjardins.
01:18Et la loi industrie verte incite fortement les gérants d'épargne, ou en tout cas les enveloppes, à accueillir de plus en plus de ces actifs privés.
01:27Alors, c'est complètement ça. LTIF, ce n'est pas une réglementation européenne nouvelle. Elle est ancienne. Elle a été revue récemment.
01:34Et parce que la première mouture était perfectible, notamment pour des problématiques de gestion, pour les problématiques d'accès. Il y avait des tickets minimum.
01:42Tout ça, ça a été corrigé. Et la loi industrie verte, oui, complètement. Quand vous dites qu'elle incite le particulier, je dirais même que ça va plus loin.
01:52C'est-à-dire qu'elle oblige notamment les assureurs et les distributeurs, dans le cadre des contrats d'assurance-vie, des gestions profilées par défaut et dans le cas des PER, à intégrer des actifs privés.
02:02Et vous l'avez dit, c'est très important, pas que du private equity.
02:05Non, non, c'est un univers au sens large. Il y a aussi de la dette, de la dette privée. Justement, d'ailleurs, où est-ce que vous voyez le plus de dynamisme dans cet univers des actifs privés aujourd'hui sur ce marché français, en l'occurrence ?
02:18Alors forcément, on est biaisé parce qu'on voit le dynamisme. C'est un effet un peu autoréalisateur. C'est-à-dire qu'on a, on pense que le marché du private equity et de l'immobilier, en l'occurrence,
02:28qui sont les deux grosses autres classes d'actifs, est très mature, très mûre en France. Il y a beaucoup d'offres, alors qu'ils ne sont pas LTIF, mais avant le devenir.
02:35La dette privée, c'est beaucoup plus confidentiel. Il y a eu quelques acteurs qui en ont fait avec des partenaires spécifiques, mais ce n'est pas très, très généralisé.
02:45Et le cadre réglementaire, la loi industrie verte, a permis d'ouvrir aussi, en dehors de l'obligation qui est faite aux assureurs, a permis d'ouvrir les véhicules à une clientèle de non-professionnels,
02:55une clientèle de particuliers. Et comme nous, on a de la dette infrastructure chez Schroders à Paris depuis 10 ans maintenant, c'est évidemment là, sur cet actif-là qu'on investit et qu'on évolue.
03:06Comment on adapte cet univers d'investissement, vous le disiez vous-même au départ, réservé à la clientèle institutionnelle, à cet univers de la clientèle privée ?
03:18Est-ce qu'il y a des freins à lever ? Quelles sont les questions peut-être qu'un client privé pose, que le client institutionnel ne pose pas ? Et où est-ce que la demande du client privé se situe aujourd'hui précisément ?
03:30Alors comment on l'adapte ? Si je fais une réponse très courte, je vais la développer quand même, mais si je fais une réponse très courte, on ne l'adapte pas.
03:36On ne dénature pas ce type d'investissement.
03:40Le parti pris qu'on a eu chez Schroders, c'est de dire si on veut aller vers des actifs privés pour les clientèles particulières, on va offrir la même chose.
03:47Alors quand je dis la même chose, je vais mettre des guillemets, je vais revenir dessus, mais c'est les mêmes actifs sous-jacents.
03:53On ne va pas aller sourcer des actifs qui ne sont pas assez bons pour des instituts en se disant que ce n'est pas grave, on a du particulier, on va leur donner.
04:00J'entends.
04:01Parce que si on fait ça, Schroders est une maison qui a 220 ans, c'est une maison familiale, ce n'est pas dans l'ADN.
04:07Mais si on fait ça, en plus, on risque de tuer le marché devant nous.
04:11Donc on ne change pas les actifs.
04:13On change évidemment la façon de faire un tout petit peu puisque c'est des actifs semi-liquides.
04:18Nous, on va lancer un fonds Evergreen, donc il faut créer des poches de liquidité.
04:21Et créer des poches de liquidité dit aussi avoir un fonds qui n'est pas 100% actif privé.
04:27Et là, LTIF, c'est très intéressant parce que LTIF a permis de modifier pas mal de choses.
04:32Et on peut en discuter, mais finalement, le poids qu'on aura en actifs liquides, en cash, sera aux alentours de 10%, pas plus.
04:40D'accord.
04:41Donc quand même des stratégies et des fonds qui sont pleinement investis dans cet univers.
04:45C'est ça le but.
04:46Si c'est pour garder 30% ou 40% de liquidité, ça n'a plus tellement de sens à l'arrivée, j'imagine.
04:51Oui, complètement.
04:52En fait, je ne suis pas là pour faire le procès du privé.
04:55Tu écoutes parfois.
04:56Mais c'est vrai qu'entre la promesse de départ, la J-curve, la fameuse courbe en J,
05:01donc la vitesse à laquelle vous allez déployer des actifs, les remboursements, le cash nécessaire,
05:07finalement, parfois, le résultat final n'est pas mauvais, mais un peu éloigné de la promesse de départ.
05:13Nous, on s'est dit, essayons de bâtir la promesse en se disant, on va avoir 20% d'actifs liquides,
05:19dont une partie, ça va être intéressant, peuvent être les coupons et les remboursements à venir sur les obligations,
05:24ce que vous ne pouvez pas faire en equity, et donc avoir 10-12% de cash réellement.
05:28Donc en fait, l'effet dilutif sur la performance ne devrait pas être là.
05:32Il y a une question à laquelle je n'ai pas répondu, mais elle dit, comment est-ce qu'on communique avec les particuliers ?
05:37Je pense qu'il y a un effort à faire chez nous, dans le verbe, d'arrêter de jargonner, d'arrêter d'employer des acronymes.
05:45Par contre, moi, je considère qu'un particulier est moins sachant, oui, mais pas moins capable de comprendre qu'un institutionnel.
05:55Donc, expliquons simplement, expliquons quand on fait de la dette infrastructure, ce n'est pas compliqué,
06:00on vient financer des projets existants ou des projets futurs, nous, c'est plutôt des projets existants,
06:05ce qu'on appelle du brownfield, pour jargonner un peu.
06:08Et donc, en fait, vous allez financer le développement d'un parc éolien, vous allez financer du solaire,
06:13vous allez financer du matériel roulant, matériel roulant, c'est des trains, vous allez financer du télécom.
06:19Cet aspect tangible, c'est la clé de communication entre une société de gestion d'investissement comme Schroders et un client privé ?
06:30C'est tout le sujet pour le client privé et d'ailleurs pour notre distributeur.
06:33C'est tout le narratif, tout le storytelling, comme on dit en bon français, c'est très simple à comprendre.
06:39Il y a une pub, il n'y a pas très longtemps, je ne me rappelle plus de la marque, mais qui faisait ça, en fait,
06:43qui expliquait, envoyait la maman aller à l'école avec son enfant et lui dit, ça, j'ai financé, ça, j'ai financé, ça, j'ai financé.
06:48Oui, bien sûr, c'est autour de moi, c'est dans la vie réelle.
06:50La réalité, c'est que chaque investissement qu'on fait, même en côté, même quand vous investissez en bondes,
06:54même quand vous payez aux impôts, ça a du sens, mais on ne le voit pas.
06:58Là, on le voit vraiment, il y a vraiment un marqueur de, ah, j'ai investi là-dedans.
07:02Comment vous voyez le marché se développer en France ?
07:04Vous disiez tout à l'heure, le capital d'investissement est déjà assez mature.
07:08Donc, c'est des segments comme la dette privée qui vont avoir la plus forte croissance en matière de développement ?
07:13Alors, il est mature, oui, ça, c'est vrai.
07:15Par contre, c'est vrai que quand vous regardez la loi Industrie Verte,
07:18donc l'obligation qui fait des assureurs pour l'assurance et pour les PER d'intégrer ces actifs privés,
07:25quand vous voyez la croissance des PER, par exemple, qui est faramineuse,
07:29et s'il y a des évolutions au niveau des taxes dans les mois qui viennent en France,
07:34le PER peut-être sera toujours un sujet d'avenir.
07:37Evidemment que ça va être porteur pour tout le monde, pour l'immobilier, pour le private equity,
07:44mais on pense que la dette, la dette infra, mais la dette privée de façon générale, va porter beaucoup.
07:49Pourquoi ça va porter beaucoup ?
07:51Parce qu'à la fin, vous avez une meilleure certitude des cash flows.
07:54Si vous faites de la gestion profilée et que vous êtes assureur, vous savez que votre actif va vous payer.
08:00Là, nous, ce qu'on regarde aujourd'hui, c'est un fonds qui va être entre 6 et 7 % de rendement net au client final.
08:06C'est déjà pas mal.
08:07Oui, bien sûr. Oui, ça offre de la visibilité.
08:10Merci beaucoup Yves Desjardins, directeur général de Schroders en France,
08:14qui était avec nous dans Smart Bourse à l'occasion de ce Salon Patrimonia 2024.
08:18Merci à vous.