ÉDITO - Déficit public: comment expliquer un tel décalage entre les prévisions et le réel?

  • il y a 12 heures
Auditionné par la commission des Finances de l'Assemblée nationale, le ministre chargé du Budget et des Comptes publics a dit s'attendre à un déficit public supérieur à 6% en 2024. 

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Transcription
00:00Humeur politique de Mathieu Croissando, le nouveau ministre des Comptes Publics qui s'appelle Laurent Saint-Martin a été auditionné hier par la commission des finances de l'Assemblée.
00:10Et ce fut l'occasion en fait pour lui de faire le point sur les chiffres du déficit.
00:14Et la mauvaise nouvelle, c'est qu'apparemment c'est pire que prévu.
00:18Ce n'est déjà pas terrible, mais là c'est pire que prévu.
00:20Oui, alors selon les dernières estimations de Laurent Saint-Martin, le déficit atteindrait cette année en 2024 6% du PIB.
00:28Ça ne parle pas à tout le monde, mais pour que chacun comprenne, c'est du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale.
00:33Si on met de côté les années où on a connu des chocs économiques mondiaux comme le Covid en 2020 ou la crise financière en 2021.
00:40C'est d'autant plus délirant que la prévision de déficit, il y a trois semaines seulement, avait été réévaluée par Bruno Le Maire à 5,1%.
00:48Et je rappelle qu'il y a un an, quand on a construit ce budget, le gouvernement prévoyait un déficit à 4,4%.
00:56Alors là encore, ça ne parle pas à tout le monde, mais quand vous prévoyez 4,4% et que vous faites 6% de déficit, ça fait une erreur de 1,5 point.
01:03C'est au bas mot une quarantaine de milliards d'euros.
01:06Mais comment on peut expliquer un tel décalage entre les promesses et la réalité ?
01:10Alors il faut revenir, j'allais dire, au péché originel.
01:13Pour bâtir un budget, le gouvernement s'appuie sur des prévisions de croissance.
01:16Plus l'activité est forte, plus il y aura de recettes fiscales, moins l'activité est forte, évidemment, moins il y a d'impôts.
01:21Or, il y a un an, le gouvernement prévoit 1,4% de croissance en 2024.
01:25La plupart des économistes tapent sur 0,8, la Banque de France tape sur 0,9.
01:30Le Haut Conseil des Finances Publiques tire la sonnette d'alarme.
01:32Ils jugent ça favorable, optimiste.
01:34On l'engage, le Haut Conseil des Finances Publiques, ça veut dire vous êtes complètement dingo.
01:37Mais Bercy maintient.
01:39Et à ce niveau, on n'est plus dans le volontarisme, mais dans l'illusionnisme.
01:41Or, ce qui devait arriver arriva.
01:43La croissance n'a pas atteint ce niveau.
01:45Bercy a d'ailleurs tenté de redresser le tir trois semaines seulement après avoir adopté le projet de loi de finances en gelant des dépenses et en révisant la croissance.
01:51Mais cela n'a pas suffi.
01:53Mais il n'empêche, je ne comprends toujours pas.
01:55Non, mais je ne comprends toujours pas comment on est arrivé en quelques mois à ce chiffre record de 6%.
01:58Alors, il y a les dépenses qui ont continué de courir.
02:00D'accord, ça, on n'est pas surpris.
02:02Et les recettes fiscales qui ont été moins élevées que prévues.
02:04Alors, le nouveau ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, il a livré un début d'explication hier.
02:08Il a d'abord dit que la croissance a davantage été tirée par les exportations que par la consommation.
02:13Or, quand vous vendez à l'étranger, il n'y a pas de TVA, pas de recettes fiscales.
02:17Et puis, un autre facteur.
02:18Et puis, on consomme moins parce qu'on est dans la certitude et on consomme moins.
02:21C'est l'autre facteur que souligne le ministre.
02:23C'est l'attentisme des acteurs économiques depuis quelques mois.
02:27L'attentisme ? Tiens, mais de quoi parle-t-il ?
02:29Vous voulez que je vous traduise ?
02:30Ça s'appelle la dissolution d'Emmanuel Macron.
02:33Mais le nouveau gouvernement va devoir réagir en augmentant les impôts, par exemple ?
02:37Oui, en disant la vérité, d'abord, sur les chiffres et sur les erreurs, ce qui n'est pas franchement gagné.
02:42Vous vous souvenez, je mesure la chance d'hériter d'un tel bilan, a dit le nouveau ministre de l'Economie, Antoine Armand.
02:46Et puis, je précise que le directeur de cabinet du Premier ministre, c'est le directeur de cabinet de Bruno Le Maire.
02:53Tout ça est un peu verrouillé.
02:54Autrement dit, les gens qui nous ont mis dans le mur sont toujours au volant.
02:57Ensuite, il faudra certainement augmenter les impôts, même si Laurent Saint-Martin juge prioritaire la baisse des dépenses.
03:04Ce matin, nos confrères du Figaro annoncent la douloureuse.
03:06Il y en aura au moins pour 21 milliards d'euros en plus.
03:09Alors, on ne touchera pas aux gens modestes et au travail et aux classes moyennes, dit Laurent Saint-Martin.
03:15On ouvre un débat nécessaire, nécessaire sans doute, mais transparent, on l'espère.

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