Le collège Stéphane Mallarmé de Marseille est resté fermé après la découverte de 87 impacts de plomb sur les vitres de l'établissement. Leyla, la maman de Socayna, tuée il y a un an d'une balle perdue dans sa chambre alors qu'elle révisait ses cours, est l'invitée de Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 27 septembre 2024.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 27 septembre 2024.
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00:00RTL Matin, Thomas Soto et Amandine Bégaud.
00:05Il est 8h18, l'interview d'Amandine Bégaud. On vous a parlé des tirs qui ont touché le Collège Malarmé de Marseille.
00:10Cette fois, on a évité le pire. Ça n'a pas été le cas malheureusement pour Sokaïna, tuée chez elle d'une balle perdue l'an dernier.
00:17Parce qu'un drame ne doit pas effacer le précédent, Amandine, ce matin, vous avez choisi de recevoir Laila, c'est la mère inconsolable de Sokaïna.
00:25Bonjour madame.
00:26Bonjour.
00:27Et merci de prendre la parole ce matin sur RTL. On a tous été bouleversés par la mort de Sokaïna ce soir-là.
00:34Votre fille était dans sa chambre. Elle était en train de réviser quand elle a été touchée par cette balle.
00:38C'était le 10 septembre 2023, il y a un peu plus d'un an. Comment allez-vous aujourd'hui ?
00:44C'est très dur. C'est très dur et je suis brisée. Je suis toujours en arrêt maladie, mais je ne suis pas prête de reprendre le travail.
00:54Et puis je suis là, je passe mes journées à la maison. Il n'y a pas de jour où je ne pleure pas ma fille.
01:01Vraiment, c'est très compliqué. On vit dans l'insécurité, dans la peur. Même chez nous, on n'est pas en sécurité.
01:11Vous avez vu ce qu'il s'est passé avec Sokaïna. Elle était dans sa chambre en train d'étudier sur son ordi.
01:18Il s'est pris une balle, une balle qui a traversé sa chambre. L'humeur qui a traversé l'humeur, ce n'est pas des murs, c'est des cartons.
01:27Quand vous voyez ces impacts de balles sur les fenêtres de ce collège à Marseille, à quelques kilomètres de chez vous, le collège Malarmé,
01:35qu'est-ce que vous vous dites ? Rien n'a changé en un an ?
01:38Rien n'a changé, ça continue. Jusqu'à quand, je ne sais pas. Ça va continuer, ça va être pire, pire.
01:45C'est grave, c'est très grave. Les armes de guerre, ça circule en France comme des bonbons.
01:51On sort, mais on n'est pas en sécurité. Tout le monde a peur de prendre une balle perdue.
01:57Les gens, il faut qu'ils se réveillent, parce que c'est la vie de nos enfants qui s'envolent.
02:05Ils s'envolent avec quoi ? Avec des balles de guerre.
02:09Mais pourtant, madame, on ne peut pas dire qu'il n'y a rien eu fait. Il y a eu ces opérations placenet à Marseille pour tenter de démanteler ces points d'île.
02:16Il y a eu aussi d'importants renforts de policiers. Ça ne suffit pas ?
02:20Oui, mais ça a duré trois mois. Deux mois, trois mois. Après, ça y est, ils ont lâché. Après, ça recommence.
02:26Les politiciens, c'est pas parler à la télé, dans les plateaux. Non, il faut qu'ils sortent sur le terrain, voir ce qui se passe.
02:34Mais ils sont venus voir ce qui se passe, notamment à Marseille.
02:37Ben oui, mais après, il n'y a plus rien.
02:41Qu'est-ce qu'il faudrait faire, d'après vous ?
02:44Alors, je ne peux pas. Moi, je ne suis pas politicienne. Je suis une citoyenne.
02:49Je ne sais pas. Ce n'est pas moi qui vais donner les solutions. C'est l'État qui doit trouver des solutions pour le peuple,
02:58parce que c'est toujours le peuple qui paye et c'est toujours des citoyens qui partent. C'est ça, le problème.
03:05Mais là-bas, à Sainte-Isse, c'était tranquille. Il y avait un mélange. Les gens étaient solidaires.
03:12Il y avait des médecins, il y avait des avocats. Il y avait un mélange.
03:16Ça a commencé à se dégrader il y a cinq ans. Pourquoi ? Ça, on ne savait pas.
03:22Alors, je rappelle que deux personnes ont été interpellées après la mort de votre fille Sokhaina.
03:27Parmi elles, le tireur présumé, un jeune homme qui avait 15 ans et demi seulement.
03:31Il a été mis en examen pour assassinat, placé en détention provisoire. Est-ce que vous savez quand il sera jugé ?
03:38Quand ? Je ne sais rien du tout. Je sais qu'il est entre la main de la justice, mais je ne sais rien.
03:46Jusqu'à maintenant, je n'ai pas de nouvelles et j'attends.
03:51J'imagine que ce procès, c'est quelque chose que vous redoutez, bien évidemment.
03:56Oui, c'est compliqué. Ça va être dur. Ça va être très, très, très dur.
04:01Et puis, je vais lui dire quoi ? Pourquoi tu as tué ma fille ? Qu'est-ce qu'elle t'a fait, ma fille ?
04:09Est-ce que tu connais ma fille ? Est-ce qu'on se connaissait ? Non.
04:13Qu'est-ce que je vais lui dire ? Moi, je le laisse à la justice parce que je n'ai rien à lui dire.
04:23Je n'ai rien à lui dire. Il a tué ma fille comme ça, gratuitement. Il est parti.
04:30Sokhaina, je le rappelle, avait 24 ans. Elle rêvait de devenir avocate.
04:34Merci beaucoup, madame, d'avoir pris la parole ce matin sur RTL. On vous souhaite beaucoup de courage.
04:39Je remercie également Hugo Hamelin, notre correspondant à Marseille.