RENTRÉE SCOLAIRE - Béatrice Millêtre est l'invitée de Amandine Bégot

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Après le casse-tête des fournitures scolaire, de la rentrée, c'est le tour de la course aux activités périscolaires . Mais attention de ne pas surcharger des enfants de plus en plus touchés, eux aussi, par le burn-out. Béatrice Millêtre, docteur en psychologie et auteur de "Le burn out des enfants : comment éviter qu'ils ne craquent", aux éditions Payot, est l'invitée de Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 04 septembre 2024.

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00:00Il est 8h19, l'interview d'Amandine Bégaud.
00:06Amandine, sans trahir de secret, c'est la maman qui est en vous, qui a eu envie de recevoir
00:09ce matin la docteure Béatrice Millettre, et le papa que je suis vous remercie grandement
00:13parce que vous allez parler entre autres des activités de nos enfants, il y a du boulot.
00:17Bonjour et bienvenue à vous.
00:18Mais oui, c'est l'autre grand casse-tête, il faut bien le dire, de cette rentrée, après
00:22les activités, les fournitures scolaires, les activités scolaires.
00:26Bonjour Béatrice Millettre, on a besoin de vous, vous qui voyez des parents et des enfants
00:31tous les jours dans votre cabinet, foot, tennis, judo, anglais, chinois, poterie ou
00:36encore théâtre, que choisir ? Est-ce que nous avons une obligation ? On a plein plein
00:39de questions à vous poser, alors que dans bien des communes il y a les forums des associations
00:43qui vont avoir lieu ce week-end, d'abord est-ce que c'est obligatoire de faire une activité
00:47périscolaire ?
00:48Alors j'ai envie de dire que ça dépend de l'âge déjà, quand on a un an et demi
00:51c'est peut-être pas obligatoire, quand on en a 15 ou 20 là ça devient quand même
00:55un peu nécessaire de faire du sport ou n'importe quoi, mais je suis d'accord avec vous, après
00:59c'est la course, on a des emplois du temps de ministre alors qu'ils ont 3 ans, ils ont
01:025 ans, et le pire j'ai envie de dire, alors oui il y a le forum des associations, si on
01:06n'y va pas on est une très mauvaise maman ou un très mauvais papa, ça c'est évident,
01:10mais c'est à la sortie de l'école où vous avez tout le monde qui vous dit « ah mais
01:14ton enfant il fait quoi ? », mais il fait rien, mais comment ça il fait rien, il fait
01:17juste du vélo avec toi et des gâteaux, mais c'est pas possible, et donc ça c'est compliqué.
01:22On va essayer de déculpabiliser les parents et de répondre à toutes les questions, on
01:25commence à partir de quel âge ? Vous dites un an et demi, c'est un peu tôt, 3 ans, 4
01:28ans, au moment du début de l'école ?
01:29Au moment du début de l'école on peut se dire on va faire une activité, mais il ne
01:33faut pas non plus en rajouter trop, et il faut que l'enfant soit aussi, alors demandeur
01:36à 3 ans, évidemment c'est incité par les parents, mais il faut quand même qu'il en
01:39ait envie, parce que quand vous avez des enfants qui sont épuisés, qui vont faire une activité
01:44à 7 heures le soir, parce qu'il y a aussi l'organisation, il ne faut pas en faire de
01:47trop.
01:48Pas trop tôt, et je ne sais pas, à 9-10 ans, combien d'activités maximum ?
01:55Elle va me poser l'école !
01:56Elle dépend des enfants bien sûr, il y en a qui ont besoin de bouger, il y en a d'autres
02:00qui vont être...
02:01Mais maximum, c'est 2-3 quoi, c'est-à-dire qu'après plus on va en faire, alors la difficulté
02:07aujourd'hui c'est que tout est possible, il y a quelques années on avait le judo, la
02:12danse, le tennis, et c'était à peu près tout, donc c'était assez facile de ne pas
02:15être submergé.
02:16Aujourd'hui tout est possible, donc ça veut dire que les parents, qui sont des bons parents
02:19quand même, il faut bien le dire, ils se disent on va ouvrir l'esprit de nos enfants,
02:22on va leur faire découvrir plein de trucs, mais à force de faire plein de trucs, ils
02:26ne savent plus s'occuper.
02:27Et c'est ce qui fait dire qu'on ne sait pas s'ennuyer, on s'ennuie parce qu'on ne sait
02:30pas s'occuper.
02:31Et ils ont besoin de plus en plus, de plus en plus, et à un moment donné, vous avez
02:35des adultes après, et ils ne savent même pas ce que ça veut dire être bien dans leur
02:39basket, presque.
02:40Donc il ne faut pas faire trop.
02:42On a tous eu des enfants qui effectivement à la maison nous disent, maman, papa, je
02:46m'ennuie.
02:47On entend souvent que c'est bon pour un enfant de s'ennuyer, vous n'êtes pas tout à fait
02:50pour ça.
02:51Non, s'ennuyer non.
02:52Ça veut dire savoir s'occuper dans des moments où on n'a rien à faire.
02:55C'est l'ennui si vous voulez, mais c'est reformulé autrement, de manière plus positive.
02:58C'est-à-dire réapprendre à jouer par exemple ? Ils ne savent plus jouer nos enfants aujourd'hui.
03:01Ils ne savent plus jouer.
03:02Et vous pouvez préparer le dîner, et qu'est-ce qui empêche votre enfant de faire un puzzle
03:05à côté de vous ? C'est pas gênant, ça ne vous empêche pas de faire le dîner, et
03:09vous partager en même temps un moment, ou n'importe quoi.
03:11Mais ça, ils ne savent pas.
03:12Alors qu'ils viennent vous dire, je ne sais pas quoi faire, maman aide-moi, vous sortez
03:15la pâte à modeler, vous commencez avec lui, et puis après vous allez faire ce que vous
03:18avez à faire.
03:19Mais au moins, d'inciter les enfants à savoir s'occuper tout seuls.
03:23Va jouer dans ta chambre, ça, ça ne fonctionne pas, on est d'accord.
03:25Non, ça ne fonctionne pas.
03:26Vous allez retrouver du bazar partout, et ça ne fonctionne pas.
03:29Et puis ça va durer.
03:30Et puis ça va durer.
03:31Trois minutes.
03:32Vous disiez, il faut quand même faire un peu de sport, pas trop, mais il faut faire
03:35des activités.
03:36On dit souvent que nos enfants sont trop sédentaires.
03:38J'ai lu un chiffre, il y a quand même 73% des 11-17 ans qui ne font pas assez de sport,
03:44un tiers des 6-10 ans, on conseille, l'OMS en tout cas conseille de faire une heure d'activité
03:48par jour.
03:49Donc trop sédentaires, collés à leurs écrans, quand on les inscrit comme ça à plein d'activités,
03:53on se dit au moins ils ne sont pas à la maison et pas scotchés devant les téléphones.
03:55C'est vrai, on se dit ça, on se dit aussi pendant ce temps-là j'ai du temps pour
03:58moi si je ne suis pas très sympa.
03:59Mais c'est aussi la vérité.
04:02Mais de la bonne façon, en se disant comme ça ils s'occupent, mais au moins pendant
04:04ce temps-là, moi je peux penser à moi, mais on peut aussi penser à soi en s'occupant
04:07de ses enfants.
04:08Et il ne faut pas trop, mais il ne faut pas trop peu.
04:09Et puis les écrans après, ça, ça sera un autre sujet, mais c'est une grande calamité.
04:13Vous le constatez tous les jours, la grande calamité des écrans ?
04:16Mais vous savez, moi je reçois des enfants, ils ont 6 ans, ils ont un langage de 2 ans
04:19quand même.
04:20A ce point ?
04:21Ah oui, oui, non mais c'est épouvantable.
04:22On sous-estime ça ?
04:24Complètement, complètement.
04:25Et c'est de plus en plus.
04:27C'est de plus en plus.
04:28On a 2 enfants par classe aujourd'hui qui ont des retards de développement, des retards
04:32de langage, des retards posturaux.
04:34Ils marchent à 18 mois avant c'était un an, ils ne savent pas parler, ils ne savent
04:37pas s'asseoir.
04:38Ils ont 6 ans, ils parlent comme un enfant de 2 ans.
04:40Et ça, ce sont les écrans ?
04:41Oui.
04:42Oui, oui.
04:43Et ça, c'est autre chose.
04:44C'est autre chose, mais ça participe aussi à ça.
04:48Est-ce qu'on met trop de pression à nos enfants ?
04:50Vous avez été l'une des premières, c'est pour ça que je vous pose la question, à
04:53parler du burn-out des enfants, vous avez publié un livre il y a une dizaine d'années
04:56sur cette question-là.
04:57On met trop de pression ?
04:58On met trop de...
04:59Alors, on, c'est large, le on, c'est le système, c'est la société, ce n'est pas on quelqu'un
05:02en particulier.
05:03Oui, on met trop de pression.
05:04Quand vous arrivez à la maternelle, et moi, c'est un exemple que j'ai vécu, et qu'on
05:08vous dit votre enfant est en remédiation, première année, de quoi ? Parce qu'il ne
05:14savait pas découper dès le premier coup.
05:15Mais ça, c'est de l'apprentissage, ce n'est pas de la remédiation.
05:17Donc, l'école demande trop ?
05:18L'école demande trop.
05:19Les parents demandent trop.
05:20Vous avez tous les cahiers de vacances, les machins, les trucs, ce qui fait que vous faites
05:23le cahier de vacances de l'année d'après, quand vous arrivez l'année d'après, vous
05:26savez déjà le programme, donc vous cassez les pieds en classe, donc c'est très, très
05:29efficace.
05:30Et donc, il y a plein de choses comme ça.
05:31Alors, il y a plein de pressions, il faut qu'ils aient 20 sur 20 tout le temps.
05:33Quand vous demandez aux parents pourquoi voulez-vous que votre enfant ait 20 sur 20, là ils vous
05:37regardent un peu déconfis en disant, ben en fait, je ne sais pas.
05:40Parce que c'est bien d'avoir un enfant comme un élève, je ne sais pas, mais c'est la
05:44maman qui vous parle.
05:45Pourquoi 20 ? Pourquoi pas 14 ? Et les enfants, quand vous les recevez, ils vous disent qu'ils
05:51ont 14 de moyenne, ils pensent qu'ils n'auront pas le BAC, parce que pour eux, c'est minimum
05:5615-16.
05:57Donc, ils vous disent, de toute façon, je vais tout rater, je n'y arriverai pas.
05:59Ils ne savent pas qu'il y a le 10 minimum.
06:01Qu'on les fasse progresser, ça c'est super, qu'on les tire vers le haut, évidemment,
06:05plutôt que vers le bas, mais pas au prix qu'ils ne sachent pas ce qu'est l'objectif
06:09et que le 10, finalement, sans s'en contenter, c'est ce qui permet d'obtenir son examen.
06:14Ça, ils ne le savent plus, par exemple.
06:16Bernard Desenfants, le mot, il est extrêmement fort.
06:19Vous en voyez beaucoup ?
06:20Oui.
06:21Mais c'est-à-dire ?
06:22Alors, quand j'ai écrit ce livre qui a une dizaine d'années, j'ai été la première
06:24à parler de Bernard Desenfants, ça c'est vrai.
06:27À un moment, on en avait un tous les trois mois ou quelque chose comme ça.
06:31À cette époque, j'en avais trois par semaine.
06:33Et aujourd'hui ?
06:34Alors, aujourd'hui, je crois que j'ai arrêté de compter.
06:38Mais le nombre de lycéens qu'on déscolarise, c'est effrayant.
06:42Qu'on déscolarise ponctuellement, ils repartent, on les fait partir après, on passe des contrats,
06:46ils repartent, mais le nombre de lycéens aujourd'hui, il tombe à la pelle.
06:50Il tombe à la pelle.
06:51Et ça, c'est bien sûr multifactoriel, il y a plein de raisons, etc.
06:55Mais cette histoire d'activité périscolaire, j'y reviens, ça participe aussi en plus.
06:59Ça participe aussi quand vous avez...
07:01Alors, ça dépend comment on fait ça.
07:02Vous avez des parents qui envoient, moi j'en ai vu, des jeunes faire des activités sportives.
07:06Mais c'est la compétition derrière.
07:08Il faut aller...
07:09Quand vous êtes à l'association sportive du collège, c'est pas juste pour des activités,
07:12c'est derrière pour les Jeux Olympiques.
07:14Et il y a ça, il y a cette pression-là en plus, qui fait que vous n'avez plus zéro
07:18temps pour souffler.
07:19Les enfants, les ados, alors si on est plus vieux, ils sont tous en manque de sommeil
07:22pour des tas de raisons physiologiques.
07:24Enfin, un tas de raisons.
07:25Donc, vous leur rajoutez les activités, les réseaux, les bazars, les machins, ça craque, quoi.
07:29Juste d'un mot, la journée idéale pour un enfant de 6 ans qui se réveille, je sais pas,
07:32à 7h, 7h30, une activité ?
07:34Déjà, il n'a pas l'écran le matin, déjà, on commence par ça.
07:36Il fait une, deux activités maxi, puis il a des copains.
07:39Vous invitez les copains, vous allez faire des activités avec eux, vous allez vous promener,
07:42vous faites du vélo, vous avez...
07:44Oui, vous avez des gens à la maison.
07:45Alors, la réponse directe, c'est oui, mais on a l'impression que c'est Attila et Léa qui déboulent,
07:49et donc, on n'invite pas les copains.
07:51C'est pas faux, mais c'est pas vrai.
07:53Mais c'est pas vrai.
07:54Invitez les copains, allez, on part.
07:56Voilà les conseils du jour.
07:57Merci beaucoup, Béatrice Minette, d'être venue.

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