François Hollande, ancien président de la République et député PS de la Corrèze, était l’invité du Face-à-Face sur RMC et BFM ce mercredi 2 octobre.
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00:00BFM TV face à face. Apolline de Malherbe.
00:08Il est 8h32 sur RMC et BFM TV. Bonjour François Hollande.
00:12Bonjour.
00:13Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:15Vous êtes à la fois bien sûr l'ancien président de la République
00:18et c'est aussi cet aspect de votre vie politique
00:23que j'ai particulièrement envie d'entendre ce matin
00:25sur ce qu'il se passe entre Israël, l'Iran et évidemment au Liban également.
00:29Et puis vous êtes nouveau député socialiste.
00:32Vous avez fait votre retour hier sur les bancs de l'hémicycle
00:35et votre réponse bien sûr au discours de politique générale de Michel Barnier.
00:39François Hollande, hier soir en sortant du Conseil de défense,
00:44Emmanuel Macron a publié ces mots
00:46« Les moyens de la France sont mobilisés ».
00:50Quelle doit être la position et le rôle de la France
00:53après les 24 heures que viennent de traverser Israël, l'Iran et le Liban ?
00:59Israël vient d'être attaqué par l'Iran avec des missiles,
01:03sans doute des missiles de longue portée.
01:06Il est légitime donc de défendre Israël face à cette attaque.
01:12C'est ce qu'ont dit les Américains et ont fait les Américains sûrement,
01:16mais aussi certains pays arabes.
01:18Et la France doit être à leur côté,
01:21non pas pour rentrer dans une escalade,
01:23mais précisément pour arrêter ce processus.
01:26Et l'Iran doit bien comprendre que s'il allait plus loin,
01:29il est déjà allé trop loin,
01:31il encourerait des risques sérieux pour son régime.
01:36Et donc il y a, à travers la position que doit prendre la France,
01:40à la fois une fermeté et une ouverture d'une négociation
01:44qui passe forcément par un cessez-le-feu général,
01:47aussi bien à Gaza qu'au sud Liban,
01:50et bien sûr entre Israël et ce qui vient de se produire, l'attaque de l'Iran.
01:54Lorsqu'Emmanuel Macron prononce ces mots,
01:56les moyens de la France sont mobilisés.
01:59Est-ce que vous, en tant qu'ancien chef de l'État,
02:02vous vous dites oui, la France doit y compris,
02:04peut-être activement, peut-être la nuit dernière,
02:07dans l'interception d'un certain nombre de missiles,
02:09il semble que la France elle-même ait peut-être pris sa part,
02:12notamment depuis des bases qu'elle a en Jordanie.
02:14Ça vous paraît être la position que doit être celle de la France ?
02:18Oui, l'interception, si nous avons la capacité de le faire
02:22en ayant des moyens sur place, c'est ce que nous devons faire
02:25pour empêcher que des missiles puissent frapper des populations civiles
02:29et même des cibles militaires.
02:31Il est inacceptable qu'un pays, l'Iran, puisse en attaquer un autre,
02:35Israël, avec des missiles, avec les conséquences que l'on sait.
02:39C'est-à-dire qu'Israël ne restera pas insensible à ce qui vient de se produire,
02:44qui est un choc, qui est un traumatisme.
02:46C'est le deuxième en quelques mois.
02:48Il y a eu l'attaque de drones en avril dernier,
02:50pour laquelle d'ailleurs la France avait participé aussi à l'interception.
02:53Mais là il ne s'agit plus simplement de drones, il s'agit de missiles.
02:55Donc il est à craindre qu'Israël engage là aussi une riposte
03:00à laquelle d'ailleurs les États-Unis ont dit pouvoir s'associer.
03:03Donc il est très important que la France montre sa ligne de fermeté
03:08par rapport à l'Iran, mais aussi appelle,
03:11et c'est ce que je fais dans la position qui est la mienne,
03:14à aussi un cessez-le-feu généralisé.
03:18Parce qu'on voit bien que l'escalade n'a pas de fin,
03:22si ce n'est une fin encore plus dramatique.
03:25N'oublions jamais que tout est parti du 7 octobre.
03:29N'oublions jamais, parce que c'est la date
03:31dans quelques jours, lundi prochain,
03:33que nous allons bientôt, hélas, pouvoir revenir dessus.
03:36C'est-à-dire que c'est une date qui a été majeure,
03:39puisque c'est une attaque terroriste du Hamas sur Israël,
03:42qui entraîne la réaction d'Israël.
03:44Et puis on voit la diffusion de ce conflit au Sud-Liban,
03:47et on peut l'imaginer maintenant entre Israël et l'Iran.
03:50En rappelant cette date, ce que vous voulez faire ce matin,
03:53François Hollande, c'est dire combien Israël est dans la réponse
03:56à une attaque. C'est Israël qui est attaqué, encore une fois.
03:59Le 7 octobre, c'est Israël qui a été attaqué.
04:02Ensuite, Israël a riposté avec des moyens
04:05qui ont pu être jugés excessifs pour une durée
04:07qui a pu être jugée trop longue.
04:09Enfin, les otages ne sont toujours pas libérés,
04:12et il y a toujours des attaques qui sont portées.
04:14Là encore aujourd'hui, le Hezbollah a continué
04:17à envoyer des requêtes, donc Israël a dû réagir.
04:21Donc il y a un moment aussi où c'est le rôle de la diplomatie
04:25de dire attention, où voulez-vous aller ?
04:28Et notamment l'Iran, puisque il faut bien comprendre
04:31que c'est l'Iran qui active ses proxys, comme on dit,
04:35c'est-à-dire le Hamas, le Hezbollah et les outils au Yémen,
04:39et essaye de se mettre en arrière.
04:43Sauf que là, l'Iran n'est pas resté en arrière,
04:45puisque l'Iran a été tellement humilié par les attaques
04:49qui ont touché à la fois le Hezbollah et le Hamas à Téhéran,
04:54que pour sa propre opinion publique, l'Iran est obligé d'agir,
04:59avec plus ou moins de retenue, avec plus ou moins de calcul,
05:03mais il y a un moment où ça peut dégénérer,
05:05et ça va encore dégénérer, puisque Israël va répondre.
05:08Donc il est important de montrer de la fermeté,
05:11mais aussi de montrer que la diplomatie peut exister.
05:13Quelles conséquences aussi pour nous et pour les Européens ?
05:16Cette nuit au Danemark, à proximité de l'ambassade d'Israël,
05:20il y a eu deux attaques, deux explosions.
05:23L'enquête est en cours et déterminera,
05:25pour l'instant il n'y a donc d'abord pas de bilan humain à regretter,
05:29mais surtout une enquête pour savoir s'il y a un lien
05:32effectivement avec l'ambassade d'Israël.
05:34Il y a eu l'attentat à Jaffa, qui a causé entre 6 et 8 morts,
05:39selon les bilans qui restent provisoires.
05:41Est-ce que sur ce front-là, c'est-à-dire le front du terrorisme,
05:45la France doit également s'inquiéter des conséquences ?
05:48Il faut être d'une vigilance absolue.
05:51Il y a des personnes, des réseaux,
05:56qui peuvent utiliser ce qui se produit aujourd'hui,
05:59aussi bien en Palestine qu'au Sud-Liban,
06:02et dans une espèce d'agression générale
06:06contre tout ce qui se réproche d'Israël.
06:08Donc il faut être d'une très grande vigilance,
06:11mais aussi avoir une pensée pour toutes les victimes civiles.
06:15Il y en a partout, les victimes civiles.
06:17Il y en a en Israël en ce moment,
06:19il y en a au Liban, une population nombreuse a été obligée de se déplacer.
06:23On parle de dizaines de milliers de personnes
06:25qui ont quitté le Sud-Liban, comme d'ailleurs d'Israéliens
06:28qui ont été obligés de quitter le nord d'Israël.
06:31Je ne parle pas de ce qui se passe à Gaza,
06:34mais on sait que depuis quand même des mois et des mois,
06:37ce sont les populations civiles qui payent un très lourd tribut.
06:40Donc il faut avoir cette conscience-là,
06:42parce que la guerre, ce n'est pas simplement des missiles qu'on échange,
06:45pas simplement des bombardements, c'est aussi des morts.
06:48Donc nous avons quand même cette idée
06:50que si on ne veut pas entraîner le monde,
06:52parce que c'est le monde qui peut être entraîné,
06:54on peut dire que c'est là-bas.
06:55– Mais est-ce que vous avez une inquiétude aussi
06:57sur la menace terroriste en France,
06:59sur l'importation de ce conflit là-bas, ici ?
07:02– Je ne parle pas de ce qui est de l'indirect,
07:04que l'Iran, prenons le cas de l'Iran,
07:06veuille, comme à d'autres époques,
07:08engager des actes terroristes.
07:10– Le Hezbollah, c'est notamment les attentats de la Rue de Rennes.
07:13– Oui, mais c'était il y a 40 ans.
07:15Je ne pense pas que l'Iran soit dans ce processus-là,
07:18parce que l'Iran est traversé aussi de conflits en son sein,
07:23de savoir est-ce qu'il reste fermé au monde
07:26ou est-ce qu'il essaye de s'ouvrir.
07:28Mais je ne pense pas que l'Iran va provoquer ce type d'attentats,
07:30mais il y a toujours des individus
07:32qui peuvent être pris par cette logique guerrière
07:34et commettre des actes terroristes.
07:36Donc il faut être tout à fait vigilant.
07:38Je ne parle pas simplement en France, je parle partout.
07:40Vous parliez du Danemark,
07:42on sait que c'était un pays qui a été ciblé par des attaques terroristes.
07:45– Et notamment au moment de l'affaire Charlie Hebdo
07:47et du drame de Charlie Hebdo.
07:49François Hollande, vous êtes l'ancien président,
07:51vous êtes de retour sur les bancs de l'hémicycle,
07:53c'est difficile comme transition, enfin c'est difficile pour moi,
07:55mais alors j'imagine que c'est difficile pour vous François Hollande, non ?
07:57– Je l'ai voulu.
07:59Je ne peux pas dire que je suis tombé par hasard,
08:01je n'ai pas parachuté comme ça au palais Bourbon.
08:03J'ai pensé, quand il y a eu l'annonce de la dissolution,
08:07que mon devoir de citoyen, je ne parle pas d'ancien président,
08:11mais d'homme engagé,
08:13était de revenir à l'occasion d'une élection.
08:17J'ai dit qu'il devait empêcher
08:19le Rassemblement National de devenir majoritaire.
08:21Je l'ai voulu parce que je veux rééquilibrer à la gauche.
08:24Je l'ai voulu parce que je pense que notre pays
08:26traverse une crise démocratique
08:28et qu'à un moment il faut montrer l'exemple,
08:30il faut montrer que nous devons tous contribuer
08:33à ce que le débat public prenne une certaine hauteur
08:36et à ce que l'on puisse trouver des réponses ensemble.
08:39– Il y aura une motion de censure déposée par la gauche lundi ou mardi,
08:43vous allez censurer Michel Barnier, vous François Hollande ?
08:45– Ce n'est pas l'homme, je connais Michel Barnier,
08:47j'ai eu à travailler avec lui quand j'étais président de la République
08:50et lui était chargé du Brexit,
08:52ce n'est pas la personne de Michel Barnier,
08:54ce sont les conditions de sa nomination.
08:56Je vous ai dit que je m'étais rengagé
08:58pour écarter la menace de l'extrême droite
09:00et pour susciter un front républicain.
09:03J'attendais du président de la République, d'Emmanuel Macron,
09:06que ce soit un gouvernement issu du front républicain
09:10qui puisse diriger le pays
09:13si la position de la gauche n'était pas entendable
09:16puisqu'elle n'était pas majoritaire
09:18même si elle pouvait prétendre être la première force.
09:20Et là on a quoi ?
09:22On a un Premier ministre, un homme sincère j'imagine,
09:25je le connais, mais qui est traversé par toutes les contradictions
09:29d'une majorité d'ailleurs extrêmement réduite
09:32et on a bien vu qu'il ne pouvait pas aller très loin dans les annonces
09:35tant il était contraint.
09:37– Il n'y avait pas grand-chose vous trouvez dans ce discours ?
09:39– Il ne pouvait rien avoir puisqu'il a eu une formule,
09:42en prenant le général de Gaulle en fait,
09:44il a pris beaucoup de temps pour en dire peu
09:48et peut-être pour faire presque rien
09:50parce que sa majorité tellement divisée, contradictoire
09:54et que le Rassemblement National lui a fixé ses lignes rouges.
09:57– Enfin vous aussi, pardon mais François Hollande,
09:59ça je trouve qu'il y a quand même une hypocrisie là-dedans,
10:02vous dites tous que c'est le Rassemblement National
10:04qui les tient à bout de bras,
10:05mais si vous ne votez pas la censure,
10:07le Rassemblement National ne peut rien faire seul.
10:09– Non, je ne parle pas de la censure en tant que telle,
10:11je dis que le Rassemblement National dit
10:13voilà ce que nous acceptons, ce que nous n'acceptons pas
10:16et donc dit au mois de janvier
10:18voilà ce que nous ferions éventuellement
10:21pour vous contraindre à partir.
10:24Moi je ne dis pas ça, je dis c'est la gauche qui a finalement la clé,
10:28ce n'est pas le Rassemblement National.
10:30Le Rassemblement National ne peut pas censurer seul le gouvernement,
10:34donc ça sera au moment où la gauche
10:37et peut-être plus particulièrement le Parti Socialiste
10:40dira qu'il y a des choses qui ne sont plus acceptables pour les Français
10:44qu'il y aura là à ce moment-là une décision.
10:47– Mais ça, ça veut dire que vous voulez attendre un peu.
10:50– Oui, j'ajoute que faire tomber Michel Barnier n'a pas d'intérêt en soi,
10:55c'est l'intérêt du pays qui compte.
10:57Il peut y avoir à mon avis le départ de Michel Barnier
11:00sous cette forme-là, si son gouvernement devait prendre
11:03des mesures tellement impopulaires que ça justifierait
11:06qu'il puisse céder la place,
11:08que s'il y a une solution de remplacement.
11:10Moi c'est la grande différence que j'ai peut-être avec l'extrême droite
11:14et sûrement avec l'extrême droite et peut-être aussi avec d'autres,
11:17c'est que moi je ne suis pas pour le chaos,
11:19je suis pour que le pays avance.
11:21– Quand vous dites avec d'autres François Hollande,
11:22à un moment disons que vous pensez à LFI.
11:24– Oui, quand LFI rentre sur une procédure de destitution du président Araméque,
11:28ça n'a aucun sens et d'ailleurs aucun avenir.
11:30– François Hollande, voterez-vous cette censure mardi prochain ?
11:33– Ben oui, puisque je l'ai moi-même dit…
11:35– Donc c'est quand même pas très cohérent, vous dites il faudra le faire tomber
11:38s'il dépasse des lignes rouges, mais là vous voulez le faire tomber avant tout.
11:42– Non mais là il ne tombera pas puisque…
11:44– Donc vous le ferez mais en sachant que ça n'a pas d'importance.
11:47– C'est important de dire que ce n'était pas le gouvernement
11:49qui était attendu par les Français, là il y a quand même eu…
11:53– Vous auriez préféré Lucie Castex ?
11:55– Mais j'aurais préféré que Lucie Castex,
11:57c'était elle qui était évoquée comme représentante du Nouveau Front Populaire,
12:01puisse être proposée par le président de la République,
12:04elle aurait été sûrement censurée, tous les partis en tout cas qui…
12:08– En fait on est dans de la théorie, tout doit être théorique.
12:11– Mais on n'est pas dans de la théorie, ce n'est pas théorique,
12:13c'est la vie parlementaire.
12:14– On l'aurait nommée tout en sachant que de toute façon elle allait tomber,
12:17on va le faire tomber tout en sachant que de toute façon il ne va pas tomber.
12:20– Qu'est-ce que c'est que la démocratie parlementaire ?
12:22On n'a pas été habitué à ça puisque ce qui se passait,
12:25y compris lorsque j'étais président, il y avait un chef de l'État
12:28qui était élu par les Français, il y avait une majorité qui était…
12:31– Mais vous êtes d'accord que là on a presque l'impression qu'on joue aux Kemps ?
12:33C'est-à-dire qu'on se dit bon je vais voter la censure
12:35mais en même temps je sais que de toute façon il ne va pas tomber,
12:37on aurait mis Lucie Castex mais de toute façon on savait qu'elle n'allait pas rester.
12:41– Non mais il y a des règles dans la démocratie,
12:44même si on sait que ça ne peut pas fonctionner.
12:47Quelle est la règle ?
12:48Le parti qui arrive en tête dans une démocratie parlementaire partout en Europe,
12:52on lui confie la responsabilité de conduire un gouvernement,
12:55la personne choisie ne le peut pas, c'est un constat.
12:59On prend un autre parti pour constituer une coalition.
13:03Qu'est-ce qui s'est produit là ?
13:05C'est qu'on n'a pas pris M. Barnier à partir d'un contrat de coalition
13:09où des partis se seraient mis autour de la table pour dire voilà ce que l'on veut faire.
13:13On a pris M. Barnier parce que c'était le seul,
13:16quand je dis on c'est le président de l'État,
13:18parce que c'était le seul qui pouvait avoir l'assentiment du Rassemblement National.
13:22Et vous ne voudriez pas que l'on change ?
13:24– Mais si le Parti Socialiste s'était distingué de la France Insoumise
13:27dans cette coalition et qu'elle avait accepté de travailler à une coalition,
13:32à une sorte de grande majorité centrale,
13:35peut-être les choses en auraient été différentes
13:37avec quelqu'un comme Bernard Cazeneuve.
13:39– Oui, c'était possible.
13:41– Vous le regrettez ?
13:42– Je regrette que le président de la République ne l'ait pas choisi.
13:45Ce n'est pas au président de la République de faire des maturités.
13:47– Ce que vous voulez dire c'est que s'il l'avait choisi,
13:49vous n'auriez pas voté la censure contre lui ?
13:51– Bien sûr que non, mais comment voulez-vous ?
13:53Ce n'est pas une question personnelle que vous me posez.
13:55Bernard Cazeneuve a été mon premier ministre,
13:57donc vous n'imaginez pas que ce soit possible qu'il y ait la moindre différence.
14:00– Et vos camarades du Parti Socialiste, vous les auriez convaincus ?
14:04– La totalité.
14:05– Donc il aurait dû y aller en fait, il aurait dû y aller François Hollande.
14:08Emmanuel Macron aurait dû nommer Bernard Cazeneuve.
14:10– Mais il ne le voulait pas, la réponse vous l'avez.
14:13Il ne le voulait pas, sinon il aurait pu tenter cette expérience
14:18et voir si Bernard Cazeneuve précisément pouvait réunir une majorité.
14:22Peut-être ne l'aurait-il pas pu le faire,
14:25mais au moins de lui laisser cette possibilité de le faire.
14:27– Faire contribuer les plus fortunés,
14:30les grandes entreprises qui réalisent des profits importants,
14:34sans toucher à la fiscalité des classes moyennes.
14:37Ça aurait pu être vous ça François Hollande ?
14:39– Je vais voir, je ne suis pas du tout avec des œillères
14:42pour redresser des comptes publics.
14:45Parce que revenons quand même au point initial.
14:47Pourquoi y a-t-il besoin de trouver des recettes supplémentaires
14:52et faire des économies qui…
14:54– Pour ramener le déficit, c'est ce qu'a dit Michel Barnier,
14:57à 5% du PIB en 2025 et sous les 3% en 2029.
15:00– Comment est né ce déficit ?
15:02Il est tombé lui aussi par un parachute sur le sol français ?
15:06Non, ça fait plusieurs années.
15:08Quand je dis plusieurs années, c'est sous Emmanuel Macron
15:11et avec Bruno Le Maire comme ministre des Finances.
15:14– 1000 milliards d'euros de plus de dette.
15:16– Si on ne part pas de là, c'est quand même le point majeur.
15:19C'est-à-dire qu'il y a des gouvernements
15:21qui sont d'ailleurs représentés aujourd'hui
15:23dans le même gouvernement celui de Michel Barnier
15:25qui ont créé cette situation.
15:27Donc on va faire payer aux Français d'une façon ou d'une autre
15:31une gestion qui a été calamiteuse.
15:34Alors maintenant, venons-en aux décisions.
15:36Moi aussi j'ai hérité d'une situation en 2012
15:38où j'ai été obligé de redresser…
15:40– Et vous avez à peu près appliqué les mêmes recettes.
15:42– Oui, parce que quand il faut demander des efforts aux Français,
15:46vaut mieux les demander aux plus fortunés
15:48ou aux entreprises qui ont fait le plus de profit.
15:50Donc si Michel Barnier dit
15:53on rétablit l'impôt sur la fortune,
15:55on supprime la flat tax
15:57et on fait un impôt exceptionnel sur les profits eux-mêmes,
16:02bien sûr que je souscrirai à ces dispositions.
16:05Mais ça ne suffira pas.
16:07Ça ne suffira pas parce que si l'objectif…
16:09– Il l'a d'ailleurs dit, pour deux tiers
16:11ce sera aussi des réductions de dépenses.
16:13– Et c'est là que, à mon avis,
16:15il est resté dans un flou très général.
16:17Il l'a été aussi sur les recettes
16:19mais il a été encore plus flou sur les dépenses.
16:22– Est-ce que quoi ? Vous redoutez quoi ?
16:24– Sur qui va-t-on faire peser les économies ?
16:28Est-ce que c'est sur l'éducation nationale ?
16:32Alors que nous savons dans quel état elle est.
16:34Est-ce que c'est sur le système de santé ?
16:36Alors qu'il a été largement éprouvé.
16:38Est-ce que c'est sur ce qu'on appelle les prestations ?
16:40Il faut dire alors qui les perdra
16:42et qui les aura encore pour l'avenir.
16:45Donc voilà, c'est ce qu'on attend.
16:47Il y a toujours des économies à faire
16:50et notamment sur des exonérations de cotisations
16:53qui ont peut-être été excessives dans un temps trop long,
16:55sur certains financements de politiques publiques.
16:58Mais vous voyez, ça va être un choix très politique.
17:01On se pose souvent la question, qu'est-ce que la gauche ?
17:03Qu'est-ce que la droite ?
17:04La gauche et la droite se séparent
17:06lorsqu'il s'agit de demander des efforts
17:08aux plus privilégiés ou aux autres.
17:10– Là, en l'occurrence, les efforts sont demandés
17:12aux mêmes gens à qui vous les auriez demandé aussi.
17:14– On va voir ce que ça va être aussi sur les dépenses.
17:16Moi, je serai extrêmement attentif.
17:18– Sur les questions de sécurité et d'immigration.
17:20Sur l'immigration, Michel Barnier a insisté notamment
17:23sur le fait de revenir sur un certain nombre d'accords
17:25avec des pays, notamment du Maghreb,
17:27pour effectivement revenir sur le fait de pouvoir
17:31appliquer les OQTF.
17:33Est-ce que là-dessus, vous estimez que,
17:34notamment avec l'Algérie, il faut en effet ouvrir ce front ?
17:38– Ça a déjà été ouvert.
17:40C'est une proclamation qui vient d'être faite
17:43puisque les visas avaient été suspendus
17:45pour l'Algérie et pour le Maroc.
17:47Et ils ont été rétablis par les mêmes.
17:50Donc ceux qui vous disent qu'ils vont maintenant
17:52faire un nouvel effort, les mêmes les ont rétablis.
17:55Et c'est ce qui a permis d'ailleurs de retrouver
17:57une discussion avec le Maroc,
17:59même si avec l'Algérie, les choses sont suspendues.
18:01– Sont plus complexes.
18:03– Donc oui, il faut faire, bien sûr,
18:05pas simplement sur ces deux pays-là,
18:07mais il y a aussi d'autres pays sur lesquels
18:09il faut faire peser, pas simplement sur les visas,
18:11sur un certain nombre d'aides qu'on peut leur apporter,
18:13sur un certain nombre de moyens que l'on peut leur offrir,
18:15sur un certain nombre de politiques que l'on peut engager
18:17avec ces pays-là, il faut leur dire
18:19oui, vous avez une obligation de reprendre vos ressortissants.
18:21– Je suis frappée par un mot que vous avez utilisé
18:23au début de cette interview, François Hollande,
18:25vous avez dit, je me suis réengagée aussi pour rééquilibrer la gauche.
18:28On comprend bien, et vous l'avez dit d'ailleurs,
18:30vous avez dit que vous n'aviez pas la même approche que LFI.
18:32Quand vous entendez hier Mathilde Panot
18:34qui dit que les priorités d'LFI, je cite,
18:36sont de censurer le gouvernement,
18:38de destituer le président et de le remplacer.
18:40Quand vous entendez Jean-Luc Mélenchon
18:42qui réagit à ce qu'il s'est passé hier soir,
18:45les missiles envoyés sur Israël,
18:47en disant, après le Liban, après le Yémen,
18:49Netanyahou entre en guerre avec l'Iran,
18:52inversant par rapport à ce que vous,
18:54vous venez de dire, la charge de la guerre.
18:56Qu'est-ce que vous avez encore en commun avec ces gens ?
18:58– Mais il y a des désaccords profonds,
19:00comme il y en a toujours eu,
19:02entre les deux gauches en France.
19:04J'ai fait un livre pour expliquer l'histoire
19:08de ce qu'a été la construction des gauches en France.
19:12Il y a toujours eu une gauche radicale,
19:15agressive, révolutionnaire, insurrectionnelle,
19:18comme on voudra, et puis une gauche réformiste.
19:21Je suis de la gauche réformiste.
19:23C'est la gauche réformiste qui a toujours été
19:25la plus forte en France pour permettre la victoire.
19:28Et quand elle n'a pas été forte,
19:30ça a été longtemps le cas, quand il y avait un parti...
19:32– Et récemment.
19:33– Et récemment, la gauche reste dans l'opposition
19:37et c'est la droite qui gouvernait bien.
19:39Donc moi, pour le peu de temps qu'il me reste encore
19:42à vivre sur le plan politique,
19:44je vais m'engager pour que la gauche réformiste,
19:47celle qui peut permettre à la France
19:49d'être changée, transformée et gouvernée,
19:52puisse être la plus forte.
19:53Et donc de faire la différence avec l'autre gauche
19:56sur beaucoup de sujets internationaux,
19:58pour ce qui concerne les sujets intérieurs.
20:00– Cette phrase de Jean-Luc Mélenchon
20:02après le Liban et le Yémen,
20:03Netanyahou entre en guerre avec l'Iran.
20:05C'est, d'une certaine façon,
20:07la cible qu'il a choisie depuis le début.
20:10– C'est qui ?
20:11– Mélenchon pense que c'est en tenant
20:15un discours anti-israélien
20:17qu'il peut mobiliser les quartiers populaires.
20:19– Anti-israélien ou anti-sémite ?
20:21– J'ai dit anti-israélien avec les risques
20:23que cela peut concerner.
20:25Mais il fait un calcul électoral,
20:27tout en ayant, j'imagine, des convictions
20:29qui ne sont pas les miennes.
20:30– Et on peut s'accommoder avec ça, franchement.
20:32– Je dis que c'est dangereux.
20:34Parce que les quartiers populaires,
20:36les femmes et les hommes
20:37qui ont sûrement une sympathie
20:39à l'égard de la cause palestinienne,
20:41mais il n'y a pas qu'eux qui ont des sympathies
20:43à l'égard de la cause palestinienne,
20:45qui ont sans doute des affinités religieuses.
20:49Ce qu'il faut leur dire,
20:51c'est que c'est par le social,
20:53par l'éducation, par l'économie
20:55qu'on arrivera à vivre ensemble
20:57et qu'on ne va pas dresser les Français
21:00les uns contre les autres.
21:01C'est ça ma grande différence.
21:03Je crois à la cohésion, je crois à l'unité nationale
21:05quand d'autres font de la fracture.
21:07La lutte des classes a longtemps été
21:09la position de la gauche radicale.
21:11Ce n'est pas la lutte des communautés.
21:13– Merci François Hollande,
21:14ancien président de la République,
21:15nouveau député socialiste donc.
21:17Il est 8h53 sur RMC-BFM TV.