Immigration : «Il y a une situation extrêmement difficile, des défis considérables mais il n’y a pas de fatalité», souligne Brice Hortefeux

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Tous les soirs à 20h30, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, Brice Hortefeux, ancien ministre de l’Intérieur.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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Transcription
00:00Europe 1 soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Bonsoir à mes camarades du soir, Lou Fritelle.
00:07Bonsoir.
00:08Journaliste politique à Paris Match, bonsoir Jean-Michel Salvatore.
00:11Bonsoir Pierre.
00:12Communicant et chroniqueur politique avec nous, il a la mobilité de choisir Europe 1, l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux.
00:18Bonsoir monsieur le ministre.
00:19Bonsoir.
00:20Merci d'être avec nous, que pensez-vous du climat actuel et surtout je reprends les déclarations assez étonnantes de la porte-parole du gouvernement
00:28qui est donc censée rapporter l'action, je parle sur votre contrôle, du gouvernement et non pas peut-être ses états d'âmes personnelles.
00:35La collocation avec les Républicains, elle n'est pas évidente, elle n'est pas limpide ?
00:38D'abord sa fonction est effectivement une fonction sensible parce que parfois il faut expliquer ce que l'on ne connaît pas forcément sur le bout des doigts
00:47et donc là elle a préféré un commentaire plus personnel mais elle a raison sur un point, c'est que par définition ce sont les responsables gouvernementaux
00:55qui ne se connaissaient pas forcément, qui ne se côtoyaient pas forcément, qui ont une période de rôdage, ça me paraît assez normal, assez classique
01:03et puis en même temps si elle découvre que les Républicains ne sont pas sans odeur et sans saveur, et bien écoutez c'est une bonne chose.
01:09Oui les Républicains d'ailleurs il y en a un c'est Bruno Retailleau qui travaille depuis plusieurs jours maintenant sur le sujet qui l'intéresse en l'occurrence l'Intérieur.
01:18Il dit au Figaro Magazine quand le droit ne protège plus il faut le changer, il y a toute une série de mesures qui sont annoncées,
01:24l'augmentation des délais de rétention en CRA, en Centre de Rétention Administrative, il dit que ça peut aller jusqu'à 6 mois voire 12 mois selon des directives européennes ces 3 mois en France,
01:36il veut revenir sur l'excuse de minorité, il compte revenir sur la politique de visa à la Daily France des laissés-passer consulaires,
01:46et notamment la question de l'Algérie, est-ce que ça va marcher Brice Hortefeux ?
01:50En tout cas c'est ce qu'il faut souhaiter, pas seulement pour Bruno Retailleau, pas seulement pour le gouvernement, mais je pense sincèrement pour le pays.
01:57Vous savez en matière de délinquance et de politique migratoire, on est aujourd'hui dans une situation où tous les clignotants, vraiment tous les clignotants,
02:10si vous prenez la délinquance, on est à 323 000 actes de délinquance sur une année si on fait un total.
02:18Vous dites ça dans un soupir, ça veut dire que c'est désespéré ?
02:21Non justement, et je pense qu'il n'y a pas de fatalité, mais ça veut dire que c'est à peu près 1000 par jour,
02:26sur la dernière année connue on a 177 000 cambriolages avec un taux de résolution qui est aujourd'hui extrêmement faible,
02:35taux de résolution ça veut dire que l'on identifie, que l'on interpelle, que l'on défère et que l'on condamne, ça veut dire tout ça.
02:42Ce taux est extrêmement faible, et en matière migratoire, nous avons eu sur la dernière année connue, il a été délivré 323 000 de titres de séjour,
02:56ce qui est un chiffre qui n'a jamais été atteint dans notre histoire.
02:59Comment vous l'expliquez ?
03:00Je vais y venir, jamais il n'y a eu autant d'immigrés sur notre territoire, donc c'est un constat, ce n'est pas un jugement,
03:07ce n'est pas une opinion, c'est un constat que j'observe.
03:10L'immigration illégale, on estime que sur les 7 dernières années, elle a augmenté de 100%,
03:15et vous savez que l'immigration illégale, la lutte contre ce fléau, ça coûte horriblement cher, c'est 1,8 milliard sur une année,
03:23pour vous évoquer la durée des centres de rétention, par exemple, une journée dans un centre de rétention, c'est 601 euros.
03:32La reconduite forcée d'un clandestin, c'est 4400 euros.
03:39Donc il y a des défis, une situation qui est extrêmement difficile, des défis qui sont considérables,
03:44mais je pense précisément qu'il n'y a pas de fatalité,
03:47et que Bruno Retailleau, je le dis avec ses mots, avec son tempérament, avec son expérience,
03:53mais fixe des axes, et je me reconnais tout à fait dans ces axes.
03:57Alors justement, est-ce que vous diriez qu'on est arrivé à ce niveau par laxisme, par inintéressement,
04:06où est-ce qu'on en est, et est-ce que, je répète ma question de tout à l'heure, est-ce que ça peut marcher ?
04:11Je ne veux pas accabler ceux qui ont gouverné jusque-là, mais il y a eu une dégradation...
04:19On a laissé faire, on s'est habitué...
04:21Écoutez, je vous ai donné un chiffre, 323 000 titres de ces jours qui ont été délivrés.
04:28En 2012, c'était 192 000.
04:31192 000 en 2012...
04:33Donc à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, vous êtes ministre de l'Intérieur.
04:37Et de l'immigration.
04:39Et voilà la réalité.
04:41Est-ce qu'aujourd'hui, on peut faire quelque chose ? Bien sûr.
04:45Et je crois d'ailleurs que Bruno Retailleau a l'intention de le faire, il réunit l'ensemble des préfets,
04:49et on dit aux préfets, ben voilà, on resserre le dispositif.
04:52Vous avez aujourd'hui une dérive de l'aide médicale d'État.
04:56On en est à 439 000, l'aide médicale d'État, on en est à 439 000 qui en bénéficient,
05:02et ça coûte 1 milliard d'euros à la société.
05:05Il n'y a pas besoin de faire des cathédrales législatives, on modifie le panier de soins.
05:10Conditions d'accès à la nationalité.
05:12On veut diminuer les conditions d'accès à la nationalité, ce qui me semble absolument indispensable.
05:17Eh bien, conditions d'accès à la nationalité, on modifie un peu les règles.
05:22On modifie les règles concernant la connaissance du français,
05:25la connaissance des valeurs de la République, les connaissances de la laïcité, et ainsi de suite.
05:30Il a toute une série de moyens, qui sont des moyens, qui sont à sa portée,
05:35et il faut, et c'est formidablement réconfortant, il faut une volonté politique.
05:40Moi je comprends très bien qu'on ne partage pas forcément cette volonté,
05:43mais la volonté politique des hommes peut changer les choses.
05:46Et ben là, Brune Retailleau a l'air fermement décidé à la contre.
05:50Ça veut dire que depuis la fin du mandat Sarkozy,
05:53donc je compte François Hollande et Emmanuel Macron, il n'y a pas eu de volonté politique.
05:57Je reviens sur une chose, sur les visas de délivrance des laissés-passés.
06:01Voilà ce que dit Brune Retailleau dans le Figaro Magazine.
06:04En 2023, l'Algérie a obtenu 205 853 visas.
06:09Elle n'a repris que 2191 de ces ressortissants, dont 1680 en éloignement renforcé.
06:16J'entendais l'ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driancourt,
06:20qui disait, il faut arrêter de parler, il faut faire.
06:23Pendant son mandat, il disait, moi j'ai réduit de moitié les visas qui étaient octroyés en France.
06:29Est-ce qu'on peut le faire, comme le dit l'ambassadeur Driancourt ?
06:32Oui, mais il a parfaitement raison, j'ai lu, j'ai vu comme vous, il a publié un livre d'ailleurs.
06:37L'énigme.
06:38Voilà, exactement, j'ai lu.
06:40Algérienne.
06:41Effectivement, il y a des moyens de discussion.
06:43Ça peut bien sûr être un rapport de force, mais il peut y avoir des moyens de discussion.
06:48Je connais mieux le Maroc, et les relations avec le Maroc sont enfin redevenues bonnes, utiles, positives.
06:57Mais il y a aussi la question du dialogue avec le ministre de l'Intérieur marocain.
07:01Je crois que Brune Retailleau, j'entendais en venant, l'a évoqué.
07:07Mais bien sûr, ça compte.
07:08Puis après, il y a d'autres moyens.
07:09Bien sûr, il y a la question de la délivrance des visas, il peut y avoir la question des flux,
07:13il peut y avoir la question des visas, des personnalités en question, et ainsi de suite.
07:19Bon, c'est certain qu'avec quelques pays, c'est plus facile que d'autres.
07:24Pour prendre d'autres exemples que l'Algérie, parce que c'est un sujet bien particulier,
07:27l'Algérie compte des accords de 68.
07:29Qui ont été vaguement amendés en 2001, je crois.
07:32Qui ont été modifiés.
07:33Et pas depuis.
07:34Et pas depuis.
07:35Qu'est-ce qu'il se passe ?
07:36Et alors que ça concerne 200 000 personnes quand même chaque année.
07:38Donc il faut quand même qu'on s'y mette.
07:40Et je pense que là, il y a des pistes qui sont très précises.
07:43Mais si vous prenez les CEPAS et CONSULAT, vous avez un pays qui en délivre 100%.
07:48C'est l'Albanie.
07:49Et sans doute, je ne pense pas me tromper, mais avec l'Iran, je pense que ça doit être 0%.
07:54Bon, vous voyez, selon la nature des pays, les résultats ne sont pas les mêmes.
07:58Mais il existe des moyens aussi de pression et de rétorsion.
08:01Jean-Michel Salvatore.
08:02Sur tous ces sujets, qu'est-ce que Bruno Retailleau peut faire par décret ?
08:06Et qu'est-ce qu'il est obligé de faire par la loi ?
08:08Tout ce qu'il ne peut pas faire par décret, il sera obligé de le faire par la loi.
08:14Mais je pense qu'il peut déjà faire beaucoup par l'action personnelle, par la volonté politique.
08:19Donc par décret, par l'aspect réglementaire.
08:22Je prenais l'aide médicale d'État.
08:25Il peut changer le panier de soins.
08:28L'accès à la nationalité.
08:30Je prenais cet exemple.
08:32Il peut réduire l'accès à la nationalité.
08:35En modifiant un certain nombre de règles.
08:39Sur la politique familiale, qui est un sujet important.
08:42J'avais moi-même d'ailleurs déjà modifié les règles de la politique familiale.
08:47Puisque on demandait, c'était une question à la fois de vie, de décence.
08:51Pour les intéresser d'abord eux-mêmes.
08:53Il fallait des conditions de logement, un certain nombre de mètres carrés.
08:56Il fallait être connaissant.
08:57On peut là aussi modifier ces règles.
09:00Sur les laissés-passer consulaires, il n'y a pas de loi.
09:04Il peut très bien agir, je vous l'ai dit, à la fois schématiquement.
09:09C'est très schématique, la carotte et le bâton.
09:12Les liens personnels.
09:13Ou le donnant-donnant.
09:14Oui, le donnant-donnant.
09:15Si j'avais moi un conseil à lui donner,
09:18c'est naturellement de nouer le plus rapidement possible
09:22avec les liens, avec ces homologues.
09:25Parler simple, du continent africain.
09:2762% de l'immigration française vient directement du continent africain.
09:32Il noue des liens personnels.
09:34Et puis il peut aussi décider, je vous l'ai dit, la politique des visibles.
09:39Et enfin, il y a un élément, c'est encore une fois,
09:41quand il réunit les préfets, il peut dire aux préfets, on resserre.
09:44On resserre le dispositif.
09:46Ça a l'air simple comme ça.
09:48C'est simple, mais l'application...
09:50Sur le papier, ça a l'air simple.
09:52Oui, mais déjà, si c'est clair dans la tête,
09:55si c'est net sur le papier,
09:57ça aide quand même à l'application concrète.
10:00Je pense qu'il a les moyens.
10:02Dans quelles mesures, est-ce que toutes ces mesures
10:06ne risquent pas de braquer une partie de la majorité
10:10qui pourrait peut-être même se détacher du soutien du gouvernement
10:13et s'opposer à lui sur une motion de censure ?
10:16Oui, ça me rappelle une période que je n'ai pas connue,
10:19bien que je sois engagé depuis très longtemps dans la vie publique,
10:22mais pour des questions d'âge,
10:24nous n'avons pas connu tout cela autour de cette table,
10:26mais on l'a peut-être appris.
10:28Vous avez vu Antoine Pinet,
10:30qui avait dit à l'occasion d'une inauguration d'une foire,
10:33peut-être chez lui, je ne me souviens plus,
10:36il y avait des gens qui lui disaient
10:39« le peuple est avec vous »
10:42et il avait répondu « oui, mais j'ai le Parlement devant moi ».
10:45Il y a un peu de ça quand même.
10:47Ça, c'est clair.
10:49Il n'y a pas de majorité absolue,
10:52c'est une majorité relative.
10:54Là aussi, il y aura un travail de pédagogie.
10:56Je pense que la question de Loufritel,
10:58c'est au sein même du gouvernement.
11:00Il y a un ministre de l'Intérieur
11:02qui résolument a une feuille de route
11:04qu'il s'applique à lui-même.
11:06Face à lui, il y a un ministre de la Justice
11:08qui, dans les peu de déclarations qu'on a eues,
11:11allait carrément contre lui.
11:14Et puis, on a une majorité de EPR,
11:16les Ensembles pour la République,
11:18dans un gouvernement où il y a très peu de LR.
11:21Oui.
11:24Accessoirement, je dis ça à vous, Jean Teffeu.
11:26Je vous exagère.
11:27Je ne vais pas vous contredire.
11:29Il y aura un travail de persuasion,
11:32de travail, de préparation.
11:36Bruno Retailleau, d'abord, connaît ça par cœur,
11:39parce qu'il était président de groupe au Sénat.
11:42Il est épaulé par un très bon ministre délégué,
11:44Nicolas Daragon.
11:46Moi, je suis sûr,
11:48il a un cabinet extrêmement solide.
11:50Et donc, je suis sûr qu'il pourra trouver
11:54les mots, la position.
11:56Et surtout, en s'appuyant sur une réalité,
11:59c'est que c'est ce que l'opinion publique
12:01attend à juste titre.
12:03Les états d'âme de tel ou tel, c'est parfait,
12:06mais c'est respectable, par définition.
12:08Sondage CESA pour Europe 1, CNews et le JDD,
12:10ce soir, 58% des Français estiment
12:12que l'immigration n'est pas une chance.
12:14Par exemple, ça reflète l'opinion publique.
12:16Les sondages ne sont pas forcément suivis
12:18par les parlementaires.
12:19On se souvient de la loi immigration.
12:20Une majorité de Français a été pour.
12:22Donc, ma question, c'est, est-ce que ce gouvernement
12:24pourrait tomber sur des questions migratoires ?
12:26C'est vrai que sur les questions de budget, par exemple,
12:28c'est quelque chose qui va forcément arriver sur la table.
12:30Je vous dis pourquoi je ne le pense pas.
12:32Précisément parce que c'est ce que l'on vient d'évoquer.
12:35La marge de manœuvre du ministre de l'Intérieur
12:38par la voie réglementaire est importante.
12:41Il n'est pas paralysé par le cadre législatif.
12:45Je souhaiterais que la loi qui a été proposée
12:48par les Républicains au printemps soit reprise.
12:53Ce qui a été retoqué par le Conseil constitutionnel
12:55pour des questions de formes, mais encore une fois,
12:57vous en souvenez, pas des questions de fonds,
12:59puisqu'on puisse revenir là-dessus.
13:01Mais il ne faut pas se limiter à cela.
13:04Le ministre de l'Intérieur a des leviers considérables
13:07pour faire évoluer, changer, améliorer
13:10et surtout inverser cette tendance.
13:14Ce qu'il a dit sur la durée de rétention,
13:18c'est du bon sens.
13:20Surtout qu'il y a une directive européenne qui le permet.
13:23Oui, la directive européenne, c'est 18 mois.
13:28La directive européenne fixe un délai de 6 mois,
13:32c'est-à-dire 180 jours qui peut être prolongé de 12 mois.
13:35C'est-à-dire qu'on peut aller jusqu'à 18 mois.
13:38Là, on est à 90 jours.
13:40La moyenne des Allemands, c'est de l'ordre de 547.
13:45Pour les actes terroristes, la loi française prévoit
13:48un délai pouvant aller jusqu'à 210 jours.
13:50Oui, mais ça existe déjà.
13:52Il y a un manel.
13:54On peut aller plus loin.
13:56Là aussi, il peut très bien décider d'aller plus loin
13:59et d'améliorer cela.
14:01Mais là, ça passerait par la voie législative.
14:04Brice Hortefeux est l'invité d'Europe un soir.
14:07On se retrouve dans un instant.
14:09Il manque tous les matins à 9h20 dans Europe un matin.
14:11Olivier Delagarde lit, analyse, commande
14:13ce qui fait les unes de la presse.
14:15Parce qu'il y a tout dans les journaux.
14:16Tout pour nous informer, pour nous faire réfléchir,
14:18pour nous indigner ou pour nous faire rire.
14:20La revue de presse d'Olivier Delagarde.
14:22Signature Europe 1 tous les matins à 9h20.
14:25Et quand vous voulez, en replay sur le site
14:27et l'application Europe 1.
14:28A tout de suite dans Europe un soir.
14:35Toujours avec Lou Fritelle et Jean-Michel Salvator
14:38et nous recevons l'ancien ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.
14:41Je voudrais qu'on...
14:42Avant de donner la parole à Jean-Michel Salvator
14:44qui a une question bien précise sur le duo
14:47Retailleau-Barnier.
14:49Je voudrais qu'on écoute Michel Barnier
14:51répondre hier après son discours de politique générale
14:55à un certain Éric Ciotti.
14:56Après vous avez passé un certain temps
14:59à raconter des choses qui ne sont pas vraies
15:04sur la formation de mon équipe gouvernementale.
15:06Et moi je vais vous dire M. Ciotti
15:08je vous connais bien depuis longtemps.
15:10Je n'ai pas envie de faire des polémiques avec vous.
15:12Et puis je n'ai pas le temps.
15:18Et puis je n'ai pas le temps.
15:19Ça vous fait rire Brice Hortefeux.
15:21Oui c'était assez drôle.
15:23Vous avez remarqué la technique de Michel Barnier.
15:25Il est sérieux dans la première partie de la réponse
15:28et il termine par...
15:30Par une vacherie.
15:31Par une...
15:32Par un tacle.
15:34C'est un tacle.
15:36En gros je vous connais depuis longtemps.
15:38C'est ce qui est vrai.
15:39Ils se connaissent depuis longtemps.
15:41Ils se côtoient depuis longtemps.
15:42Ils se côtoyaient il n'y a pas encore très longtemps.
15:44Puisque pendant la campagne européenne par exemple
15:48Michel Barnier, Éric Ciotti
15:50et un certain nombre d'autres dont je faisais partie
15:52étaient autour de la table ensemble.
15:54Ça vous a surpris ?
15:55On n'en a pas parlé depuis longtemps
15:57mais ça vous a surpris ce départ précipité d'Éric Ciotti
15:59chez Marine Le Pen ?
16:01Oui.
16:03Sur l'analyse, le constat,
16:05il développait un certain nombre de réflexions
16:10qui peuvent être considérées comme des convictions.
16:13Mais la manière dont ça s'est fait
16:15de manière aussi rapide
16:17ça a été une surprise pour les uns et les autres.
16:19Mais ça n'a rien de secret.
16:22Je lui en ai parlé.
16:23On s'était téléphoné au mois de juillet
16:25sur différentes choses.
16:27Vous l'avez téléphoné ?
16:28Vous lui avez dit quoi ?
16:29Mais Éric, tu as perdu la tête ?
16:30Je lui ai dit qu'il n'y avait pas forcément
16:34que de l'incohérence dans sa démarche
16:36mais que ça veut dire qu'il acceptait
16:38d'être insupplétif.
16:40Qu'est-ce qu'il vous répond ?
16:42Je ne sais plus très exactement
16:44ce qu'il m'a répondu.
16:45Mais si, vous ne voulez pas le dire.
16:47Mais c'était...
16:49Et aujourd'hui, la démonstration est faite.
16:52Voilà, il s'est trompé.
16:54Jean-Michel Salvatore.
16:56Je voulais vous interroger sur le duo
16:58entre Barnier et Retailleau
17:00sur ces questions de sécurité.
17:02A votre avis, comment ça fonctionne ?
17:04Est-ce que Barnier laisse Retailleau aller très loin ?
17:07Est-ce qu'il y a une répartition des rôles ?
17:09Ou est-ce qu'au fond, Barnier est convaincu
17:12que Retailleau dit exactement ce qu'il faut
17:15et va dans la bonne direction évidemment
17:18mais met le curseur là où il faut ?
17:20C'est ce qu'a montré Michel Barnier hier
17:23à l'occasion de sa déclaration de politique générale
17:25qui est toujours un exercice compliqué
17:27quel que soit le premier ministre.
17:29J'en ai écouté plusieurs, comme vous.
17:31C'est un exercice difficile.
17:33Et finalement, qu'est-ce qu'on en retire ?
17:35Moi, je pense qu'il a été un VRP au sens noble.
17:38C'est-à-dire qu'il a été vrai.
17:40Donc, il a donné un coup de pied
17:43dans la fanfare des autruches
17:46qui étaient dans le délit de la réalité de la situation.
17:49La fanfare des autruches !
17:51J'ai trouvé qu'il avait ensuite été résolu.
17:56Ce message était passé.
17:59Je ne m'éloigne pas de votre question.
18:01Et enfin, pragmatique.
18:03C'est pour ça que j'ai dit VRP.
18:05Et finalement, je pense que dans ses relations
18:08avec le ministre qui a un des deux ou trois dossiers
18:12les plus sensibles de son gouvernement,
18:15il applique cela.
18:17Je pense qu'il est très pragmatique
18:19et il a la chance d'avoir un ministre
18:23Je connais finalement moins bien Bruno Retailleau
18:26sur les années que Michel Barnier
18:29mais je le connais quand même maintenant assez bien.
18:31Mais il a la chance d'avoir un ministre
18:33qui a des convictions.
18:35Je ne dirais pas ça honnêtement à tout le monde.
18:38Dans le passé récent notamment.
18:40Un ministre sur 40, ça ne fait pas beaucoup.
18:42Je ne dis pas ça pour tout le monde
18:45mais je ne dis pas ça non plus pour personne.
18:47Mais en l'occurrence, dans le ministère du gouvernement actuel,
18:49il ne s'agit pas de nominatifs.
18:51Mais Bruno Retailleau, ce dont je suis sûr,
18:55c'est qu'il a des convictions
18:57et qu'il a une cohérence idéologique.
18:59Encore une fois, on n'est pas obligé de la partager.
19:01Mais il croit à une certaine vision de la France.
19:04Il croit à un certain équilibre de notre société.
19:09Et je pense que pour un premier ministre,
19:11moi je n'ai pas été premier ministre,
19:13mais je pense que pour un ministre,
19:15ou un président de la République,
19:16en l'occurrence, moi quand j'étais ministre de l'Intérieur,
19:18c'était avec Nicolas Sarkozy.
19:19Les connotations sont différentes.
19:20Cela ne peut pas exister aujourd'hui avec le chef de l'État.
19:22Mais je pense que c'est très rassurant
19:24de pouvoir compter sur un ministre
19:26dont on est sûr de la sincérité des convictions,
19:29de la force de ces convictions,
19:31de la volonté de les appliquer.
19:33Richard Teufel, vous avez été ministre de l'Intérieur
19:35et de l'immigration.
19:37Est-ce qu'il manque aujourd'hui un ministère de l'immigration ?
19:39Est-ce qu'il manque, ce que dit Nicolas Sarkozy,
19:42encore sur Europe 1 en début de semaine,
19:45une instance au niveau européen,
19:48comment pour contrôler l'immigration au niveau européen ?
19:51D'abord, sur l'intervention de Nicolas Sarkozy,
19:54je vais vous dire, ça ne vous surprendra peut-être pas,
19:56mais je le dis aussi de manière très sincère,
19:58moi ça m'a fait extrêmement plaisir de l'entendre,
20:02parce que je trouve qu'il y a une question d'expérience,
20:06d'analyse, de hauteur de vue,
20:10qui franchement nous réconforte.
20:14J'ai vu tout ce qui se disait,
20:16mais vraiment je l'ai ressenti comme ça.
20:20Du coup j'ai oublié ce que vous me disiez.
20:23Ministre de l'immigration et une instance européenne.
20:26La coquille compte un peu,
20:29mais ce qui compte c'est la volonté politique.
20:31Moi Nicolas Sarkozy avait fait l'analyse qu'il fallait un ministère de l'immigration,
20:35et donc il m'a confié ce ministère de l'immigration,
20:37je ne peux pas vous dire que j'étais d'un enthousiasme délirant
20:39quand il me l'a confié,
20:41j'ai un tempérament peut-être soldat,
20:43et donc je m'y suis attelé.
20:45C'était un exercice passionnant, mais très difficile.
20:47Pourquoi c'est très difficile ?
20:49Parce que vous avez des ministères, l'économie,
20:51c'est des chiffres, choses comme ça.
20:53Le ministère de l'immigration, pardon, c'est la pâte humaine.
20:55Des chiffres quand il y a 3300 milliards de dettes,
20:57et un déficit à 6,2, c'est pas non plus très drôle.
20:59Oui, mais quand on vous explique
21:01qu'on expulse une grand-mère turque de 90 ans
21:03et que vous ne comprenez pas pourquoi,
21:05c'est la pâte humaine.
21:07Ça ne veut pas dire que le premier sujet n'est pas important,
21:09mais c'est la pâte humaine.
21:11Donc on a constitué un ministère,
21:13et contrairement à ce que l'on pense,
21:15la politique migratoire, c'est pas que
21:17le ministère de l'intérieur.
21:19Jusqu'à présent, il y a une partie
21:21un peu du quai d'Orsay,
21:23il y avait à l'époque une partie du ministère
21:25du Travail, il y avait
21:27une partie de la coopération,
21:29parce que quand on parle de flux migratoires,
21:31c'est des flux du sud vers le nord aujourd'hui,
21:33c'est du sud vers le nord,
21:35donc il y a l'aide à la coopération, ça compte aussi.
21:37Donc ce que je crois,
21:39c'est que la coquille, bien sûr,
21:41peut compter,
21:43mais ce qui est essentiel, c'est la volonté politique.
21:45Et là, donc, on a confié
21:47les questions migratoires au ministère de l'intérieur,
21:49qui assume en réalité,
21:51si on veut revenir à des notions comptables,
21:53qui assure en réalité 90%
21:55des coûts migratoires.
21:57Donc c'est essentiellement au ministère de l'intérieur,
21:59entre la police aux frontières, et ainsi de suite.
22:01Est-ce que j'ai bien compris
22:03qu'effectivement, Bruno Retailleau,
22:05vous lui trouvez énormément de qualité,
22:07c'est quelqu'un que vous avez côtoyé, etc.
22:09Il ne peut pas devenir, à un moment donné,
22:11un caillou dans la chaussure de Michel Barnier,
22:13dans la mesure où la première chose,
22:15quand même, qu'il a demandé à son gouvernement,
22:17c'était d'éviter la parlotte
22:19et d'agir. Or, Bruno Retailleau
22:21s'est beaucoup exprimé,
22:23il a été l'un des premiers à avoir quelques polémiques,
22:25justement, dans les propos qu'on a pu lui attribuer.
22:27Est-ce que
22:29ce n'est pas un peu
22:31vite trop fort ?
22:33La polémique, d'abord,
22:35c'est un grand mot, mais enfin, c'est quelque chose
22:37qui est récurrent chez tous les ministres de l'Intérieur,
22:39si vous croyez que de Raymond Marcellin
22:41à Roger Frey, en passant par Michel Wagniatowski,
22:43en passant par
22:45tous ceux, et je pourrais continuer,
22:47Jean-Pierre Chevènement et moi-même,
22:49d'ailleurs, franchement,
22:51des polémiques,
22:53c'est quelque chose qui est relativement
22:55classique, si vous tenez à ce
22:57mot-là.
22:59Je pense que ce n'est pas un caillou,
23:01c'est un atout. Je pense sincèrement,
23:03sincèrement, je pense,
23:05d'avoir quelqu'un qui est solide,
23:07qui sait où il veut aller, qui sait comment y aller,
23:09qui a la solidité
23:11de conviction, je pense que
23:13c'est loin d'être un handicap,
23:15c'est un grand atout.
23:17Mais ça, c'est dans une logique de majorité et de gouvernement fort.
23:19Là, on n'est pas du tout dans ce cas de figure.
23:21Oui, ça, vous avez raison,
23:23mais si vous voulez souligner que
23:25la situation institutionnelle est compliquée,
23:27vous avez raison, mais
23:29elle est là, donc il faut qu'il fasse
23:31avec, et je suis sûr qu'il saura
23:33bien faire avec.
23:35Et est-ce que Retailleau calme un petit peu
23:37le Front National, le Rassemblement National,
23:39dans ses ardeurs ? Est-ce que c'est parfait pour ça aussi ?
23:43Bien sûr qu'on
23:45pourrait se lancer dans
23:47des équilibrations un peu
23:49politiciennes, mais franchement,
23:51je pense que ce n'est pas ça le sujet. Je pense
23:53qu'aujourd'hui, il y a un doute profond
23:55dans notre société,
23:57une incompréhension devant
23:59ce qui existe depuis
24:01vraiment de nombreuses années, parce que
24:03les flux migratoires ne sont pas arrivés dans 2017,
24:05bien sûr, et que donc
24:07il a une mission,
24:09c'est de veiller
24:11à la cohésion de notre communauté
24:13nationale par son équilibre.
24:15Et aujourd'hui, c'est
24:17dit, c'est écrit, c'est répété, c'est
24:19d'une banalité, et il y a un
24:21éclatement de notre
24:23communauté nationale
24:25du fait d'un certain nombre
24:27d'incompréhensions.
24:29Et donc, il faut qu'il apporte des réponses
24:31par des actes,
24:33par des actes et par des mots,
24:35parce qu'il faut des mots pour
24:37expliquer des actes, et il faut des actes
24:39pour démontrer que les mots ne sont pas que cela.
24:41Et donc, il a, je pense,
24:43aujourd'hui, à la fois les moyens,
24:45je vous l'ai dit, puisque...
24:47Mais Jean-Michel a raison de vous poser la question,
24:49puisque Marine Le Pen a le doigt
24:51sur la gâchette du pistolet, et elle peut
24:53tirer à n'importe quel moment. La vraie
24:55question, c'est, est-ce qu'elle a intérêt de le faire ?
24:57Est-ce qu'elle a intérêt à le faire ?
24:59Est-ce qu'on a intérêt à reparsculer
25:01dans un gouvernement qui serait
25:03censuré, pour ensuite voir la composition
25:05d'un nouveau gouvernement ? Est-ce que,
25:07en gros, Marine Le Pen dit
25:09« Ouh là là, attention, vous êtes sous surveillance »,
25:11alors qu'en réalité, on sait très bien qu'elle n'a aucun
25:13intérêt à le faire, puisque finalement, avec
25:15les mesures qui sont annoncées, à la fois par
25:17Michel Barnier dans son DPG, et
25:19dans son discours de politique générale,
25:21et par Retailleau dans
25:23le Figaro Magazine, vont dans le sens de
25:25Marine Le Pen. Oui, mais
25:27moi, je ne suis pas
25:29naturellement là pour conseiller Marine Le Pen et
25:31qui que ce soit. Non, mais vous connaissez la vie politique
25:33mieux que nous tous dans ce studio. Est-ce qu'elle
25:35a intérêt à censurer le gouvernement ou pas ?
25:37Ne me flattez pas, c'est inutile.
25:39Vous ne flattez pas, je vous demande une réponse !
25:41Répondez !
25:43Ça me rajeunit
25:45effectivement, dans ce studio d'Europe,
25:47en pensant à Jean-Pierre
25:49Elkabbach. Mais,
25:51je pense que,
25:53soit quoi,
25:55les responsables de cette famille politique
25:57devraient être attentifs.
25:59C'est que, dans les
26:0111 millions de Français qui ont voté pour eux,
26:03c'est donc considérable, c'est la première force,
26:05c'est incontestable, électoral, et ainsi de suite.
26:07Mais, je ne suis pas sûr
26:09que, dans ces
26:1111 millions, il y ait une proportion
26:13importante qui souhaite
26:15qu'elle ajoute du désordre.
26:17Je pense que
26:19le maintien de
26:21l'ordre républicain
26:23est aussi une préoccupation.
26:25Et voter une motion de censure, d'ailleurs,
26:27elle ne l'a pas fait, mais voter une motion de censure,
26:29où elle annonçait qu'elle ne le ferait pas tout de suite en tout cas,
26:31voter une motion de censure, ça serait
26:33ajouter du désordre
26:35à celui qui est déjà institutionnel.
26:37Donc, effectivement, vous avez raison, ce n'est pas son intérêt.
26:39Merci d'avoir répondu, Brice en feu,
26:41et merci d'avoir répondu à notre invitation
26:43d'or, enfin soit à 20h43, dans un instant,
26:45le journal Permanent, et on continue
26:47l'analyse politique avec Jean-Michel Salvator
26:49et Lou Frittal, à tout de suite.

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