L’avis de Pierre Haski, chroniqueur géopolitique dans la matinale de France Inter et à L’OBS, président de Reporter sans Frontières.
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00:00La France a été pendant très longtemps un pays qui essayait d'être indépendant,
00:04d'avoir un point de vue autonome sur un certain nombre de conflits.
00:07Je pense par exemple au Proche-Orient.
00:08Sur la question palestinienne, la France a souvent eu une voix dissonante.
00:13Et aujourd'hui, on a l'impression que la France est un petit peu à la fois rentrée dans le rang,
00:18ce qui est parfois triste, ou carrément inaudible ou atone.
00:23Et effectivement, le fait qu'on soit aujourd'hui plongé dans des dilemmes
00:27et des crises de politique intérieure, de désaccords sur la manière de faire évoluer le pays,
00:35a des répercussions sur la façon dont le pays pèse ou ne pèse pas sur les situations mondiales.
00:42Moi, je plaide pour que la France continue à avoir une voix qui porte sur les conflits,
00:50qu'elle ait un point de vue, qu'elle essaye de le partager et de créer des coalitions,
00:55d'abord en Europe, puisque c'est notre espace naturel de déploiement de notre diplomatie
01:02et de notre influence, si tant est qu'on en est encore.
01:06Moi, ça me rend très triste, par exemple, quand je vois que la voix de la France n'est plus entendue en Afrique.
01:11Je pense que c'est quelque chose de tragique pour la France.
01:15L'Afrique et l'Europe ont quelque chose à construire ensemble et à réinventer une relation.
01:21Elle ne doit plus être celle du monde néocolonial ou immédiatement postcolonial,
01:28qui était teinté de paternalisme, de domination cachée.
01:36Il faut réinventer ce type de relation.
01:38Et la France, je pense, devrait être porteuse de ces idées, de cette capacité à se renouveler
01:46et à conduire le monde vers des équilibres un peu plus solides
01:53que ce à quoi on assiste aujourd'hui, qui est un délitement, au contraire, de l'ordre mondial.