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Aujourd'hui dans "Punchline", Thierry Cabannes et ses invités débattent du désintérêt des Français pour la politique.
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Transcription
00:00Les amis, on va parler politique, avec un sondage d'Oxa Backbone pour nos confrères du Figaro.
00:06Et un constat, je pense que ça ne va surprendre personne,
00:09il y a une vraie différence entre nos politiques et les Français.
00:12Étonnant, non ? Incroyable.
00:14Sondage, je vous ai sorti ce chiffre, 85% des Français considèrent que leur vote n'a pas été respecté après la dissolution.
00:21Ça ne surprendra personne.
00:22Explication, Augustin Denallieu.
00:24Et je vous attends, mes amis, j'attends vos analyses.
00:28Les Français, plus que jamais défiant à l'égard des partis politiques,
00:33c'est l'enseignement de la dernière étude d'Oxa Backbone pour le Figaro.
00:3682% des sondés ont une mauvaise opinion des appareils partisans
00:40qui sont jugés ni honnêtes pour 90% des sondés, ni crédibles pour 85% de ces derniers.
00:46Pour preuve de ce désamour pour les mouvements politiques,
00:5033% des Français se considèrent sans proximité partisane.
00:54La rupture de confiance dans la démocratie représentative
00:57est encore plus flagrante depuis la nomination de Michel Barnier.
01:0184% des Français estiment en effet que le président n'a pas respecté leur vote
01:05en nommant un Premier ministre issu des Républicains.
01:08Un Premier ministre que 85% des citoyens considèrent éloigné de leurs préoccupations et de leur quotidien.
01:15Face à ce constat amer, Emmanuel Macron pourrait consulter les Français par référendum.
01:20Ils sont 71% à le souhaiter.
01:22Bon les amis, j'ai envie de tous vous entendre sur ce sondage
01:27qui est une grosse surprise, on ne va pas se mentir, Véronique Jacquet.
01:31Quand on se lève, on récolte et on pécache.
01:33Non, mais il y a une dislocation depuis la dissolution,
01:36il y a un désenchantement total puisqu'il y a eu une énorme mobilisation
01:39lors des élections législatives et lors des élections européennes juste auparavant
01:46et que les Français disent mais finalement tout ça pour ça,
01:48pour voir la même présidente de l'Assemblée nationale au perchoir,
01:53tout ça pour voir les postes distribués parfois on ne sait trop comment au bureau de l'Assemblée,
02:00même s'il y a des logiques.
02:01Bon, mais enfin pour le citoyen lambda, tout cela paraît bien compliqué,
02:06ça paraît de la tambouille qui ne donne rien de bien concret.
02:12Ce qui me marque surtout, c'est qu'il y a forcément un essoufflement du pouvoir,
02:19c'est le deuxième mandat d'Emmanuel Macron, donc cela en rajoute une couche.
02:23Il y a le fait qu'on est au bout du cycle de ce qu'on pouvait espérer du Nouveau Monde.
02:29Alors moi, il y a bien longtemps que je n'espérais rien du Nouveau Monde,
02:32mais le Nouveau Monde avec lequel Emmanuel Macron a fait rêver en 2017,
02:37on se rend bien compte qu'on arrive au bout du bout
02:39puisque les Français se rendent compte qu'ils ont affaire à des technocrates
02:43et non plus à des élus de terrain,
02:44à des élus de terrain qui n'ont pas l'ambition de changer leur vie,
02:48mais au moins de l'améliorer.
02:50Ça sert à ça la politique, ça sert à réjonter la vie de la cité.
02:53Alors, dans le sondage, il y a un gros désenchantement pour les partis politiques.
02:57Ça, c'est intéressant parce que ce n'est pas nouveau,
02:59mais c'est de pire en pire pour trois raisons.
03:01La première, c'est que les partis politiques ne produisent plus d'idées.
03:05Et donc, les Français se disent, mais où va-t-on
03:07puisqu'on n'a plus même de nouvelles générations politiques,
03:11de jeunes, de jeunes adhérents, tout simplement,
03:13qui portent des projets, qui portent des idées.
03:15Donc, où va-t-on si on n'a plus une jeune génération
03:18qui se prépare à prendre les commandes, mais sans produire quoi que ce soit ?
03:23Il n'y a plus d'incarnation,
03:24ou pas suffisamment d'incarnation forte pour prendre un leadership.
03:27Ça aussi, c'est quand même très inquiétant.
03:29Et puis, la force des réseaux sociaux vient bousculer tout cela.
03:33On le voit, Jordan Bardella est presque plus populaire
03:38de par son nombre d'abonnés sur TikTok
03:40que de par sa sagesse en politique.
03:45Il n'a que 28 ans, vous imaginez par quoi ?
03:48C'est sa force qui le porte via les réseaux sociaux.
03:51C'est parce qu'il est capable de produire
03:53en tant que jeune leader politique de par ses idées.
03:57Il est bien trop jeune, pardonnez-moi, dans le métier, si j'ose dire.
04:00Alors, ça ne veut pas dire que les vieux loups de la politique
04:02ont forcément produit énormément de choses,
04:04mais on peut aussi quand même leur pardonner
04:06parce qu'un homme politique, c'est aussi avant tout un homme.
04:09Alors, vous parlez d'il n'y a plus d'incarnation.
04:12Je vais vous faire écouter Michel Barnier,
04:14qui fait partie de l'ancienne génération.
04:16J'espère qu'il ne m'en voudra pas, mais bon, voilà.
04:18Il fait partie d'une autre époque.
04:21Vous allez comprendre aisément.
04:22Écoutez ce qu'il dit sur les politiques et on poursuit le débat.
04:25Écoutez bien parce que je trouve que c'est important.
04:30D'abord, moi, je suis un homme politique depuis assez longtemps.
04:35Pour moi, c'est un honneur de faire de la politique.
04:36On ne fait pas de la politique si on n'aime pas les gens.
04:40Notamment les gens qui ont des problèmes,
04:43les gens qui sont les plus modestes, qu'on oublie quelquefois,
04:46qui ont le sentiment d'être ignorés
04:48ou qui n'ont pas le sentiment d'être respectés.
04:51C'est important, ce qu'il dit.
04:53On ne fait pas de politique si on n'aime pas les gens.
04:54Moi, je trouve que la nouvelle génération des politiques,
04:56quand ils vous saluent, ils ne vous regardent jamais.
04:58Ils vous serrent la main, mais ils ne vous regardent jamais.
04:59Mais justement, ça, c'est la génération des technos.
05:01C'est la génération d'aujourd'hui.
05:03Moi, j'ai accompagné Éric Stirack en campagne.
05:05Il allait, il serrait les mains, il regardait les gens dans les yeux.
05:09Il y a eu une catégorie d'hommes politiques
05:12qui pratiquaient cette politique de terrain.
05:14Non, mais non seulement il faut aimer les gens,
05:16mais il faut aimer passer du temps avec eux.
05:17Ça veut dire que vous êtes sur le pont le week-end.
05:20Ça veut dire que vous êtes sur le pont dans vos permanences.
05:22C'est pas 8h, 14h.
05:23Dans vos permanences, j'ai connu des députés comme ceux-là
05:26qui avaient des boîtes de conserve
05:27parce qu'ils savaient que des mamans allaient venir les voir
05:30pour leur demander un logement social ou autre
05:32et qu'il fallait leur donner à manger
05:33parce qu'elles n'avaient pas tout à la maison.
05:35Ça existe encore des mères comme ça,
05:37des politiques, des élus comme ceux-là.
05:39En règle générale, ce sont les plus humbles.
05:40Ils ne la ramènent pas.
05:41Vous n'avez pas remarqué ça ?
05:42Un homme politique aujourd'hui, il vous regarde,
05:44il vous regarde jamais.
05:45Il vous serre la main, mais il s'en va.
05:46Il y en a.
05:47Les mères, les mères quand même.
05:49Les mères, les mères.
05:50Mais autrement, je parle des cadeaux politiques.
05:52Ce n'est pas péjoratif du tout dans ma bouche.
05:54Naïma, je l'aimerais tous vous entendre.
05:56Je pense que c'est très, très vrai
05:57depuis que le président, l'ex-président François Hollande
06:02avait décidé de supprimer le cumul des mandats.
06:04Parce qu'auparavant, effectivement,
06:06vous aviez le maire et vous aviez le maire qui devenait député.
06:08Donc, il restait connecté au terrain.
06:11Il restait dans sa mairie.
06:12Il restait à voir ses administrés
06:16et à avoir la température du terrain.
06:20Et il pouvait faire remonter cette température du terrain
06:23au niveau de l'Assemblée nationale.
06:25Donc, c'est ça qui était important.
06:26Aujourd'hui, malheureusement, on a décidé autrement.
06:28C'est qu'il n'y ait plus de cumul.
06:31Et donc, on voit que les parlementaires,
06:34bien qu'ils essayent d'être connectés au terrain,
06:36ils ne le sont pas d'une manière, j'allais dire, naturelle.
06:39Et c'est ça, aujourd'hui, qui fait aussi qu'il y a,
06:42je pense, une défiance.
06:44Et puis après, il y a eu quand même ces législatives.
06:47Ça, je veux dire, on a beau tourner en rond,
06:49le fait qu'on ait décidé au deuxième tour
06:51cette espèce de tambouille en décidant
06:54qui était dans l'arc républicain et qui ne l'était pas.
06:57Et avec des coalitions que se sont faites,
07:01même contre nature pour après,
07:04se décoalisser, si je puis dire.
07:08Et ça, ça a été pour les Français
07:10quelque chose qui a été vraiment un affront.
07:12Et là, c'est sans appel.
07:13Le président, rappelez-vous, il leur a dit
07:17« Je veux vous entendre, je veux clarifier,
07:18je veux vous donner la parole. »
07:20Et effectivement, très vite, il leur a retiré cette parole.
07:24On a bien compris le message.
07:27Je ne suis pas sûr d'être tout à fait d'accord
07:29avec le constat que fait Michel Barnier,
07:31selon lequel le problème,
07:34la rupture entre les Français et la classe politique
07:36viendrait du fait que les politiques n'aiment pas assez les gens.
07:38Parce que quand on y réfléchit,
07:41les politiques qui ont été les plus estimées par les Français,
07:44ce n'étaient pas forcément des gens qui s'inscrivaient
07:46dans la proximité avec les gens, précisément.
07:48Que ce soit le général de Gaulle,
07:49que ce soit François Mitterrand, pour ne citer que deux exemples,
07:53ce n'étaient pas des individus, si vous voulez,
07:55qui se mettaient en scène à aller faire les marchés,
07:57à faire semblant de taper dans le dos de leurs électeurs,
08:02à les tutoyer, à être sympathiques.
08:03Au contraire, ils affectaient une forme de distance,
08:06voire, dans le cas du général de Gaulle,
08:07parfois même de mépris, de condescendance vis-à-vis des Français.
08:11Je pense que la vraie différence, elle est au contraire là-dedans.
08:13Et d'ailleurs, entre parenthèses,
08:15la manière dont les politiques essayent toujours de montrer
08:17qu'ils ne sont pas déconnectés,
08:18alors que tout le monde sait qu'ils sont déconnectés,
08:20ce n'est pas ce qu'on leur reproche fondamentalement.
08:22On sait bien que quand on est politique,
08:23on gagne globalement bien sa vie,
08:24à une certaine échelle nationale, si vous voulez.
08:26On gagne bien sa vie, on habite dans certains quartiers,
08:28on est dans les logements de fonction de la République.
08:30Évidemment qu'on est de facto déconnectés.
08:32Et il y a quelque chose d'hypocrite à vouloir feindre que ce n'est pas le cas.
08:36Quand Valéry Giscard d'Estaing organisait des dîners chez les Français,
08:40ou quand il faisait venir les éboueurs du quartier
08:43sous les salons dorés de l'Elysée,
08:45évidemment que tout le monde trouvait ça un peu absurde.
08:47Je pense que la vraie rupture, elle est dans le fait que pendant longtemps,
08:51on a estimé, dans l'histoire de la Vème République en tout cas,
08:53que les politiques, c'était avant tout des intellectuels
08:56et des gens qui avaient une vision de la France.
08:57Le général de Gaulle, il est devenu politique en écrivant des livres.
09:00Et des livres qui sont loin d'être ce qu'on appelle aujourd'hui des livres politiques.
09:03Aujourd'hui, un livre politique, c'est un livre qu'un politique n'écrit pas,
09:06qui donne à une plume, qu'il ne lit même pas parfois.
09:08Et il ne sait à peine ce qu'il a écrit dedans.
09:10Il en connaît juste le pitch.
09:11Les vrais politiques, c'étaient des intellectuels initialement.
09:14Le général de Gaulle, Pompidou, Mitterrand et même Jacques Chirac.
09:18Moi, je n'ai pas eu l'honneur de couvrir ces déplacements comme vous,
09:19mais Jacques Chirac, qui ne mettait pas en scène sa culture.
09:23Au contraire, on a vu qu'il a eu un véritable apport,
09:25qu'il avait culturel, artistique, intellectuel sur sa vision de la France,
09:30sur sa vision de l'art, sur sa vision du monde de manière générale.
09:33Je pense qu'il y a vraiment fondamentalement cela comme rupture.
09:36C'est la rupture d'une baisse de niveau, d'une baisse d'exigence, d'une baisse de transcendance.
09:41Et ce n'est pas une question de connexion ou de déconnexion.
09:43Très rapidement, parce qu'on va parler de Bruno Rotailleau dans quelques instants
09:47et je vois que Bruno Bartocchetti, secrétaire national de l'Unité Sud,
09:50est déjà connecté et qu'il patiente dans son joli jardin.
09:54Deux mots.
09:56Le monde politique, ce n'est pas une personne.
09:58Le monde politique, il est ressenti par la proximité quand même.
10:02Et tant qu'il y avait des députés qui étaient maires,
10:05il y avait cette proximité du quotidien.
10:07Et donc là, il y a eu une rupture, ce que disait Neymar à juste titre.
10:10Dans le même temps, celui qui était la figure, le général de Gaulle,
10:13François Mitterrand, portait des projets.
10:16Il faisait rêver et il essayait de construire un vrai projet politique.
10:20Aujourd'hui, on voit qu'il y a beaucoup moins de présence terrain avec les députés.
10:26Il n'y a plus de porteurs de projets.
10:27Et en plus, les politiques nous vendent quelque chose qui, d'année en année,
10:31apparaît comme un échec, qu'ils soient de droite ou de gauche.
10:33D'où 85% qui rejettent.
10:35Arnaud et Véronique.
10:37Arnaud Clasperl et Véronique Jacquet.
10:39Je vais faire très court, comme d'habitude.
10:41Les Français ont ce qu'ils ont voulu en votant.
10:45Ils veulent un pouvoir à poigne et en même temps, au dernier moment, ils hésitent.
10:50Ça, c'est pour la situation actuelle.
10:52Pour la qualité des hommes politiques, avant, on prenait des notables.
10:56Aujourd'hui, on prend des militants qui flattent le leader.
11:02Et sur le fait que les politiques aiment le peuple, je ne suis pas toujours sûr.
11:07Il y avait de très bons hommes politiques sous la Troisième République.
11:11Ça ne les a pas empêchés d'envoyer des millions d'hommes dans les tranchées.
11:14Et mourir pour une guerre qui aurait dû être évitée.
11:19Véronique, très, très, très, très court.
11:21Oui, pour compléter ce qu'il vient de dire Arnaud Clasperl,
11:24je pense qu'il y a une notion qui a disparu, c'est la notion de service, tout simplement.
11:28On ne leur demandait pas d'être intellectuels ou pas intellectuels.
11:31D'ailleurs, même s'ils étaient intellectuels, ils étaient capables de se faire élire.
11:34Là, dans la génération du Nouveau Monde et dans la génération macroniste,
11:38il y en a quand même beaucoup qui ont été soit très facilement élus
11:40parce qu'ils avaient une étiquette Emmanuel Macron,
11:43soit certains d'ailleurs ne sont même pas élus
11:45ou l'ont été très peu durant leur carrière politique.
11:48Donc la notion de service me semble avoir disparu.
11:51Et c'est ça que les Français pardonnent de moins en moins.

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