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DB - 08-10-2024

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Transcription
00:00Musique du générique
00:30Musique intense
00:34Musique rythmée
00:39Coucou
00:41Salut Marion
00:42Salut
00:43Salut
00:44Je suis en retard
00:45Bonjour
00:47Je suis en retard je sais
00:47Mais non mais non
00:49Je voudrais que vous receviez un type avec lequel il a rendez-vous ce matin
00:51Moi ??
00:53Qui ça ?
00:54Un certain râteau, sa femme est morte dans un accident de voiture
00:56Le conducteur était assuré chez nous
00:58Jean Charles Ayang
00:59Oui, je suis l'avocat. J'ai lu ça dans les journaux.
01:02Bonjour, monsieur le directeur.
01:03Bonjour.
01:04Le mari veut sûrement être indemnisé.
01:05Vous m'avoyez ça à essayer d'évaluer le préjudice.
01:07Faites-le moi au courant.
01:08D'accord.
01:09Merci.
01:18Alors, ma femme devait aller à Caen et...
01:20notre ami Maitrayant j'en proposais de l'emmener.
01:24Si on avait pu prévoir.
01:26Je vous ai apporté une lettre.
01:28Ma demande officielle en quelque sorte.
01:30La compagnie va l'examiner.
01:33Et nous...
01:38Un million ?
01:40Nous sommes importantes.
01:42Mon fils dit que je peux demander cela.
01:45Vous avez un fils, monsieur Rattaud.
01:48Oui.
01:49De 24 ans et une fille de 19.
01:52Ils ne sont plus à votre charge ?
01:55Non.
01:58Mme Rattaud travaillait ?
02:01De temps en temps pour une maison d'intérim.
02:03Mais surtout, nous allions ouvrir une librairie.
02:07Vous êtes libraire ?
02:09Non, comptable.
02:11C'est ma femme qui devait s'occuper de la librairie.
02:14Une librairie d'art.
02:18Il nous faudra quelques renseignements sur vos revenus.
02:21Sur les charges que la disparition de Mme Rattaud va entraîner pour vous.
02:26Je vais réunir les papiers nécessaires.
02:29Vous voulez les prendre demain chez moi ?
02:32Oui, je sais que ce n'est pas très agréable, mais...
02:36Plus vite ce soit fini.
02:39Je dois partir pour Toulouse.
02:41Définitivement ?
02:43Oui, j'étais au chômage depuis 14 mois.
02:47Je n'étais pas personnellement visé.
02:49Compression de personnel, vous voyez ce que c'est.
02:53J'ai trouvé ce poste à Toulouse.
02:55Je commence dans un mois.
02:57Oui, nous avons signé lundi de l'autre semaine.
03:01La veille du jour.
03:04Juste au moment où tout commençait à s'arranger pour nous.
03:08Mais quelle misère.
03:15Il était 8h45, mardi matin, la voiture arrivait sur cette route, comme celle-là.
03:20Et au moment de prendre le virage, juste avant la barrière,
03:22elle est allée tout droit, à travers les arbres, et ils sont tombés à l'eau.
03:28Il y avait plus de 5 mètres de fond, l'eau s'est engouffrée dans la voiture,
03:31ils n'ont même pas eu le temps de déboucler leur circulaire.
03:34Ils roulaient trop vite ?
03:36Non, ils roulaient toujours prudemment, maitre Ayranche.
03:39Vous le connaissiez ?
03:40La maison derrière la butte, là-bas, la renardière, c'était lui.
03:43Ils en venaient ?
03:45Non, ils passaient devant sans s'arrêter.
03:48Ils étaient 3 dans la voiture ?
03:50Oui, maître Ayranche qui conduisait, la dame à côté de lui, et un jeune type dans les 30 ans.
03:56C'est ça, Yves, Yves Kérilek.
03:59Un auto-stopper sans doute, barbu, un jean crasseux, pince sur lui.
04:04Vous avez relevé des traces de freinage ?
04:06Non, il a dû déraper.
04:08Il y avait du verglas ?
04:09Non, il faisait froid, mais ça ne gelait pas.
04:12Ce n'est pas comme aujourd'hui.
04:13Qu'est-ce que vous diriez d'un bon petit grog, chef ?
04:15Ce n'est pas de refus.
04:16Allez, on y va.
04:20Eh oui, je commence mon déménagement tout doucement.
04:23Pas la peine d'attendre la dernière minute.
04:26Et puis l'appartement est tellement vide sans ça.
04:29Vous aviez des assurances-vie ?
04:31Oui, une chacune.
04:33Nous les avions prises il y a 18 mois.
04:35Nadine ne voulait pas, mais moi j'ai insisté pour qu'elle soit tranquille plus tard.
04:38Elle avait dix ans de moins que moi, vous comprenez ?
04:40Et maintenant...
04:43Ça, c'est ce qui concerne la librairie d'art dont vous m'avez parlé.
04:48Oui.
04:49C'était une idée à elle, la librairie d'art.
04:51Elle pensait que ça ferait bien d'avoir un commerce, alors elle en avait parlé à nos amis à Llanches.
04:56Ça demande des capitaux importants, une librairie ?
04:59Oui, mais je disais qu'on pouvait faire quelque chose d'intéressant.
05:03C'est ce que j'ai fait.
05:04Ça demande des capitaux importants, une librairie ?
05:07Oui, mais je disais qu'on pouvait emprunter aux banques, elle s'était renseignée.
05:11Permettez.
05:12Je vous en prie.
05:21Je les emmène.
05:23Je viens voir si vous avez besoin de quelque chose.
05:25Vous êtes un gentil.
05:27Votre dîner, vous voulez que je vous le prépare ?
05:29Non, non, non, je mangerai les restes de midi.
05:32Vous allez vous ruiner les sommes.
05:35Oh, pardon.
05:36Vous avez de la visite.
05:38Je vous laisse.
05:39C'est ça.
05:40J'irai vous dire un petit bonjour tout à l'heure.
05:49C'est notre voisine.
05:51C'est fou ce que les gens sont gentils depuis le mondeuil.
05:55Elle était belle, n'est-ce pas ?
05:58Vous permettez que je vous en emprunte deux ou trois ?
06:00Mais je vous y sais.
06:02Attendez.
06:05Regardez-la.
06:08Elle aimait tellement la vie.
06:12Vous pensez que je toucherai mon argent bientôt ?
06:16Je ne vous cache pas que nous trouvons la somme très élevée.
06:20Madame Râteau n'avait pas de revenus réguliers.
06:24Et...
06:25C'est parce qu'elle passait tout son temps à se préparer pour la librairie.
06:27Depuis six mois, elle allait tous les jours à des expositions dans les musées.
06:32Et puis...
06:34Et puis un million, mon fils dit que c'est un prix très normal.
06:42Et puis après leur mariage, il n'a pas voulu qu'elle continue.
06:45La femme d'un petit chef de bureau, tu penses ?
06:47Il a dû lui faire deux gosses pour être bien sûr qu'elle restera bien gentiment à la maison.
06:52Il y a les hommes, quand on commence à se laisser faire par eux...
06:55A propos...
06:56Michel t'a téléphoné ?
06:57Toujours pas !
06:58On meurt pour ce que j'en ai à faire de celui-là.
07:01Ah ! Au fait...
07:02Oui, oui, je sais ce que tu vas me dire.
07:04Le service sinistre veut récupérer le dossier, passer sur des papiers et voir s'il y a Mme Maillant.
07:08Je vais y aller moi-même.
07:09Parce que si les Râteaux étaient ses amis, elle pourra peut-être m'en parler.
07:13Vous connaissiez Mme Râteau ?
07:15Absolument pas.
07:18Son mari non plus ?
07:19Ni l'un ni l'autre.
07:20Je suis désolée.
07:22Son mari m'a dit que vous étiez amies, alors je pensais que...
07:24Rassurez-vous, vous n'avez pas fait de gaffe.
07:26Il pouvait être ami avec mon mari, sans que je sache.
07:29Nous étions pratiquement séparés.
07:32Je signe où ?
07:33Eh bien, ici et là.
07:37Moi, j'aime sortir, recevoir.
07:41Jean-Charles, lui, était un solitaire.
07:45Nous avons une maison à nos côtés.
07:47Je l'ai vue ce matin.
07:48Une très belle maison.
07:50Jean-Charles l'aimait beaucoup.
07:52Il rentrait presque tous les soirs.
07:54Il ne venait ici que rarement.
07:56Sauf...
07:58Sauf la nuit avant sa mort.
08:01J'ai entendu sa clé vers trois heures du matin.
08:04J'ai ouvert la porte de ma chambre.
08:06J'étais fatiguée, je n'avais pas envie de parler.
08:08Je l'ai vue.
08:09Je l'ai vue.
08:10Je l'ai vue.
08:11Je l'ai vue.
08:12Je l'ai vue.
08:13Je l'ai vue.
08:14J'ai ouvert la porte de ma chambre.
08:16J'étais fatiguée, je n'avais pas envie de parler.
08:19Je lui ai fait semblant de dormir.
08:23Il pouvait deviner que je ne le reviendrais pas.
08:26C'était un bon ménage, Serato ?
08:32Je crois.
08:34Pauvre homme, ça doit être dur pour lui.
08:37Imbert et Laourcade le connaissent ?
08:40Qui ça ?
08:41Les associés de mon mari.
08:42René Laourcade, un de ses amis d'enfance, et Patrice Imbert, un garçon très brillant.
08:49Mon mari l'avait complètement formé. C'était comme un fils pour lui.
08:52Pas une de ses amies, non. Un de leurs amis communs les avait présentés l'été dernier.
09:00Il s'était revu deux ou trois fois, mais il ne m'a jamais parlé d'elle avant le matin
09:04de sa mort. Vous l'avez vu ce matin-là ?
09:06Il est passé au cabinet avant de quitter Paris. J'avais travaillé toute la nuit une affaire
09:12embêtante pour laquelle nous devions déposer des conclusions. Jean-Charles est arrivé
09:16vers 6h30 du matin et il s'est enfermé dans son bureau pour dicter du courrier.
09:20Sa secrétaire était là à 6h du matin ?
09:23Non, au magnétophone. Ça lui a pris environ une dizaine de minutes, puis il est venu ici
09:30et il m'a parlé de Mme Ratteau. Il avait l'intention de l'engager.
09:33Comment ça, l'engager ?
09:38À titre intérimaire, pour remplacer une de nos collaboratrices en congé de maladie
09:42pour un mois. Je lui ai demandé ce qu'elle avait fait, quelles étaient ses références.
09:48Et alors ?
09:50Il n'a rien répondu. Simplement, au moment de partir, il m'a dit qu'il emportait le dossier
09:58écrit hier, une petite affaire d'infraction à la législation du travail, qu'un de nos
10:02stagiaires devait plaider à Caen ce jour-là. Jean-Charles m'a dit qu'il s'en occuperait
10:07lui-même avec cette Mme Ratteau. J'ai pensé que c'était une façon de la tester, de vérifier
10:18ses aptitudes. Mais j'ai quand même trouvé ça curieux. D'autant plus que le dossier
10:24appartenait à notre confrère Laurcade.
10:27Vous avez chacun votre clientèle ?
10:29Exactement. Nous sommes, enfin, nous étions trois associés. Jean-Charles se réservait
10:35les grands procès criminels, les affaires de prestige, en quelque sorte. Aux assises,
10:42il était redoutable. Il avait été abonné colme. Il avait travaillé avec Mauro Giaferri,
10:48Maurice Garçon, Émile Pollack. C'était un orateur né, un de ces avocats qui vous
10:55retourne un jury en trois phrases. Mais pour le reste, le civil, le commercial, les grosses
11:00affaires qui font vivre le cabinet.
11:01Il s'en occupait pas ?
11:03Pour lui, un dossier devait se terminer par une plaidoirée brillante devant un jury,
11:09le public, la presse. Pas dans le cabinet d'un juge déréféré.
11:13Et alors ?
11:14Notre profession a beaucoup évolué depuis quelques années. Jean-Charles acceptait
11:19mal ces changements. Je crois qu'il se sentait un peu dépassé. Et pourtant, c'était un
11:25sacré bonhomme.
11:26Je sais. J'ai lu tous ces bouquins de droit criminel quand je faisais ma licence.
11:31Vous êtes avocate ?
11:32J'ai mon diplôme, mais j'exerce pas.
11:36Oh, quel dommage !
11:37Monsieur, votre rendez-vous est arrivé.
11:42Oui, je sais Henriette, j'y pense.
11:44Bien. Pour en revenir à Mme Ratteau, vous êtes bien sûre que ni elle ni son mari étaient
11:52des amis de Maître Allange ?
11:54Tout à fait sûr. Jean-Charles était capable de donner beaucoup d'affection à ceux qui
11:59l'en estimaient digne. Et je suis bien placé pour le savoir. Mais c'était un solitaire,
12:03il avait très peu de vrais amis. Notre confrère Laurcade est au palais, sinon il vous le
12:07confirmerait. Jean-Charles était beaucoup plus intime avec lui qu'avec moi. Ils se
12:11connaissaient depuis toujours. Il a d'ailleurs été très affecté par sa mort, comme nous
12:16tous.
12:17Oh, qu'est-ce qu'il va être content, ça, Marcouf !
12:30Dis-moi, ça change tout, ça ? Si Maître Allange a engagé Mme Ratteau, c'est un accident
12:40du travail. Et la responsabilité civile personne transportée ne joue plus.
12:44Elle est gonflée, le père Ratteau. Notre bonne amie Allange.
12:50C'est que pour un peu, il l'aurait eue, son mignon. Allez, viens, on va aller lui dire
12:55de moi celui-là.
12:56Mais enfin, écoutez, Madame. Réclamer une indemnité dans ces conditions, ça porte
13:05un nom, M. Ratteau. Ça s'appelle de la scroquerie à l'assurance.
13:09La scroquerie ? Mais enfin, voyons, vous plaisantez.
13:11Non, pas du tout. Vous saviez que Maître Allange avait engagé votre femme.
13:15Je savais, je savais. Elle me l'avait dit, oui, mais…
13:17Quand vous l'avez-t-elle dit ?
13:18À la nuit. Il était allé à un concert et moi, je m'étais mis au lit de bonne
13:22heure. Quand elle est rentrée, bien, je dormais.
13:25Quelle heure était-il ?
13:26Je ne sais pas, moi. Il était une heure, deux heures du matin. Je me suis réveillé
13:31quand je l'ai entendu dans la cuisine. Alors, elle m'a dit qu'elle avait trouvé du travail
13:36chez un avocat pendant un mois jusqu'à notre départ pour Toulouse. Il lui a même
13:40donné une semaine d'avance sur son salaire.
13:41Maître Allange l'avait remis à chèque ?
13:45Non, non, du liquide. Trois billets de 500 et un billet de 100 francs. Elle me les a
13:52donnés en me disant, tu vas voir, ça va changer beaucoup de choses pour nous maintenant.
13:57Tu vas enfin pouvoir t'en sortir. Et puis, comme il devait l'emmener à un camp de
14:04bonheur le matin, alors, nous sommes allés nous coucher. Et vous savez ce qu'elle m'a
14:11dit ? Elle m'a embrassé, elle m'a dit, je t'aime très fort. C'est la dernière, la dernière
14:21phrase que j'ai entendue d'elle.
14:22Vous ne l'avez pas revue le lendemain matin ?
14:23Non. Quand je me suis réveillé à huit heures et demie, bien, elle était déjà partie.
14:28Elle avait donc des connaissances juridiques ?
14:34Oui, oui, elle avait travaillé dans un contentieux.
14:39Il y a 25 ans ?
14:41Non, elle s'était recyclée depuis ça. Maison lui avait fait suivre des cours.
14:46Pourquoi m'avez-vous dit que Maître Allange était un de vos amis ?
14:52Je ne sais pas, moi. Je ne voulais pas qu'on s'imagine des choses, ma femme, toute seule
15:00avec ce monsieur dans une voiture. Mais c'est vrai. Moi, je suis sûr que c'est vrai. Elle
15:06était franche, loyale. Elle n'aurait jamais menti, surtout à moi. Et puis, d'ailleurs,
15:12s'il lui a fait une lettre d'engagement, c'est bien la preuve.
15:14Vous l'avez, cette lettre ?
15:16Non, je ne sais pas où elle l'a mise.
15:20Elle vous a dit que Maître Allange l'avait faite ou qu'il allait la faire ?
15:26Je ne me souviens plus, moi, quand on vous réveille comme ça en pleine nuit.
15:31Voici mon fils.
15:35Bernard, je te présente, madame…
15:51Treguier. Marion Treguier.
15:54C'est la dame de l'assurance dont je sais parler.
15:59Bonjour.
16:00Bonjour.
16:01Finalement, j'ai préféré lui dire la vérité.
16:03Quelle vérité ?
16:05Que Maître Allange avait engagé ta maman.
16:09Parce que tu y crois, toi, cette histoire ?
16:11Ben oui.
16:12Elle était bonne en rien, ma mère.
16:15En rien ?
16:16Elle s'avait à peine tapé à la machine. Alors, devenir la secrétaire d'un avocat,
16:21hein ?
16:22Laissez-moi rigoler.
16:23Et toi, tu vas lui raconter cette histoire à la gueule ?
16:26Mais va sauter dessus !
16:27Parce que si c'était vrai, l'indemnité, ceinture, on n'aurait plus le droit à rien.
16:36Je suis dans les affaires, je m'y connais en assurance.
16:40C'est ce que je crois comprendre, monsieur.
16:42Je connais mon droit. Je vous obligerai à payer ce que vous devez.
16:47Bernard !
16:48Je ne me laisserai pas faire !
16:49Non, mais ne t'énerve pas comme ça !
16:50Eh bien, je crois que nous nous sommes tout dits pour aujourd'hui.
16:55Au revoir, messieurs.
16:57Non, je ne te laisserai pas faire !
17:01Et toi, il faut toujours que tu parles !
17:05Ecoute, Bernard, je t'en prie, ne parle pas sur ce ton !
17:12Avec ces gens-là, il faut se méfier de tout ! De tout !
17:17Oh ! Ce pauvre monsieur Raton, il fait peine à voir, hein ? Vous pensez ?
17:25Petite femme si douce, si gentille.
17:27Vous la connaissiez bien ?
17:30Oh, ben, vingt ans que je demeure dans l'immeuble, j'ai vu les enfants, bon, comme ça !
17:37Ah, ben, ça y est ! C'est encore les gens du troisième qui ont laissé la porte ouverte.
17:42Sans me vanter, c'est un peu grâce à moi qu'elle a été guérie quand elle a été
17:48si malade, il y a deux ans.
17:50Qu'est-ce qu'elle a eu ? Une dépression ?
17:52Seul lui a pris quand Isabelle est partie.
17:55Isabelle, c'est leur fils ?
17:57Oui, elle est coiffeuse, une bonne petite.
18:01On voulait une qui s'entendait bien avec sa mère, elle se disait tout.
18:06L'ascenseur !
18:09Et Mme Raton, avec son mari, ça allait bien ?
18:12Ben, un ménage en a, il s'adorait.
18:16Il n'y a qu'à voir comment il est depuis.
18:20Ben, je crois qu'il vaudrait mieux descendre à pied.
18:23Venez-vous, je vous aide.
18:24Avec plaisir.
18:29Vous la connaissiez comment, ma mère ?
18:31C'est votre père qui m'a parlé d'elle.
18:34Et vous faites quoi, au juste ?
18:36Je travaille dans une compagnie d'assurance.
18:39Ah, il vous a demandé du fric ?
18:42Elle est morte, il faut que ça lui rapporte quelque chose.
18:46C'est un peu ça.
18:48Mais c'est surtout votre frère.
18:50Mon frère, il est marchand de voiture, c'est tout vous dire.
18:53Je vous mettrai de la laque ?
18:54Non, non, j'aime pas ça, merci.
18:57Pauvre maman.
18:59Elle qui rêvait d'avoir un fils qui serait un copain pour elle.
19:02Apparemment, c'était pas exactement ça.
19:05Non.
19:06Il la traitait comme une moins que rien.
19:08Et mon père qui ne branchait pas.
19:11Je vous jure, il y avait une drôle d'ambiance à la maison.
19:14C'est pour ça que vous êtes partie ?
19:18Maman voulait que je fasse des études.
19:20Mais moi, j'ai préféré partir le plus tôt possible.
19:24Bien sûr, être coiffeuse, c'est pas le Pérou.
19:28Votre mère vous a laissé une lettre.
19:30Que votre père n'arrive pas à retrouver.
19:33Quelle lettre ?
19:34Je sais pas très bien.
19:35Une sorte de contrat de travail.
19:38Les papiers importants, on les rangeait dans la commode.
19:41Mais cette lettre, c'est important ?
19:44Pour moi, oui.
19:46Je sais pas très bien si votre père serait content que je la trouve.
19:51J'ai gardé les clés de l'appartement.
19:53Ce soir, c'est risqué, mais demain midi, on peut se retrouver.
19:56Merci.
20:03Il a vraiment tout enlevé.
20:06D'autre mère, ses livres ?
20:08Oui.
20:10Quand elle était jeune, elle s'intéressait à la peinture.
20:14Quand mon père s'est fini.
20:17Lui, comme il était noir.
20:19Puis, elle a recommencé à y prendre goût l'été dernier.
20:24En tout cas, pour votre lettre, ça m'a l'air rapé.
20:27Ça me fait rire.
20:30Ou alors, attendez, j'ai une idée.
20:32Venez.
20:37Oui, la boîte à recettes.
20:40Elle découpait des recettes dans les journaux,
20:42dans une boîte.
20:45La voilà.
20:47Alors quand elle avait quelque chose à cacher.
20:49Tiens, des allumettes.
20:52Au père, je les brouillais.
20:55Votre mère fumait ?
20:56Non.
21:00Qu'est-ce que c'est ça ? J'ai pas mes lunettes.
21:03Femme, quarantaine encore fraîche,
21:06terriblement seule, voudrait rencontrer homme,
21:09même plus jeune,
21:11pour amitié sincère et désintéressée.
21:14Vous croyez que c'est Tolkien ?
21:16Merde.
21:20Tiens, tiens.
21:22Qu'est-ce que vous foutez là ?
21:24J'ai pas le droit d'amener une amie ?
21:31Une amie ?
21:32Fouille-merde, hein ?
21:33Enfin, Bernard, je t'en prie.
21:37Écoute ça.
21:39Femmes mal léchées, 32 ans, mâres de tout,
21:41seules dans la vie, cherchent similaires,
21:43hommes ou femmes, pour parler.
21:47Et celle-là, homme, 40 ans, divorcée,
21:49ne supportant plus solitude.
21:52Salaud.
21:56Voilà comment elle recrutait ses amants.
21:59Bernard, mais ta mère n'a jamais eu d'amants.
22:02Tiens donc.
22:09Et son avocat, c'était quoi ?
22:12C'était un ami.
22:14Une relation de travail.
22:16Tu parles.
22:18Son amant, oui, le dernier en date.
22:21Et celui-là, c'était du sérieux.
22:22Bernard, je t'interdis. Pas devant madame.
22:30Puisque tu lui racontes tout,
22:33tu lui as dit ce qu'elle faisait dans la cuisine
22:35quand tu t'es réveillé au milieu de la nuit ?
22:39Elle préparait ses repas.
22:45Elle devait partir toute la journée.
22:47Elle t'a fait à manger pour plusieurs jours
22:50parce qu'elle savait qu'elle ne rentrerait pas le soir,
22:52qu'elle ne rentrerait plus du tout.
22:54Elle foutait le camp avec son avocat, ma mère.
22:56Elle te plaquait, ma mère.
22:58Salaud, salaud.
23:00Toi, ça va.
23:01Tu ne vaux pas mieux qu'elle.
23:03Pauvre minable, va.
23:04Isabelle, Bernard, mais nous n'avons pas d'amis.
23:06C'est ça, tirez-vous.
23:09Et ne revenez pas.
23:10Sans quoi j'appelle la police.
23:13C'est ça, tirez-vous.
23:16Et ne revenez pas.
23:17Sans quoi j'appelle la police.
23:29Je sais que vos méthodes de travail n'ont jamais été très orthodoxes, mais là…
23:32Qu'est-ce qu'il se passe ? Le fils Rathaus s'est plaint ?
23:38Je sais qu'il ne faut pas parler de moi comme ça.
23:40Qu'est-ce qu'il se passe? Le fils Ratto s'est plaint?
23:43Le père, il vient de téléphoner. J'ai écrasé le coup, mais une autre fois.
23:47Écoutez, Philippe, vous savez que je n'aime pas toujours défendre les intérêts de la compagnie.
23:51Mais alors là, donner de l'argent à ce type, et surtout à son fils, ça me ferait mal au ventre.
23:57Vous avez une cigarette?
23:59Je croyais que vous ne fumiez plus.
24:01Sauf quand je me fais engueuler par mon directeur général.
24:04Je ne vous engueule pas, Marion.
24:06Non, je rêve.
24:11Non, c'est rempli de trucs vasouillards, cette histoire.
24:18Un avocat qui engage une assistante pendant un concert,
24:21qui lui donne une avance sur le salaire en espèces.
24:24Les hommes de loi préfèrent l'échec, généralement.
24:26Et qui l'emmène plaider à un procès dont il ne connaît même pas le dossier.
24:30Ne soyez pas naïf. Elle était sa maîtresse, il faisait une fugue.
24:35Quand on fait une fugue, on a envie d'être seul.
24:37On ne ramasse pas un autostoppeur sur la route.
24:39Et surtout, elle n'aurait rien à emporter.
24:41Même pas un nécessaire de toilette.
24:43Une brosse à dents, ça s'achète n'importe où.
24:45Vous croyez qu'une femme qui file avec son amant
24:48se contente d'une brosse à dents, vous?
24:50Je croyais que vous les connaissiez mieux, les femmes.
24:53Non, il y a quelque chose qui ne colle pas dans cette histoire.
24:56Et surtout, une liaison entre ces deux-là, je ne crois pas du tout.
25:00La seule façon de dégager notre responsabilité,
25:02ce serait de prouver qu'il l'avait effectivement engagée.
25:05Vous avez trouvé un contrat de travail?
25:07Non, mais il faut voir.
25:09Maître Ayange a dicté du courrier avant son départ.
25:13Vous faites quelque chose pendant le week-end?
25:15Je range.
25:17Si vous voyez mon appartement.
25:19Deux jours de ski, ça vous tente?
25:21Je vais à Vauriaz.
25:24Vous y avez toujours votre chalet?
25:26Oui.
25:28Vous n'y êtes pas revenu depuis deux ans.
25:30Depuis la mort de François.
25:32Vous pourriez partir vers six heures.
25:38Non, merci, Philippe.
25:44Deux lettres pour des clients.
25:46Une aux grèves du tribunal d'instance et un rappel d'un horaire.
25:49Rien qui concerne Mme Rathod?
25:51Non, maître.
25:52C'est bien, je vous remercie.
25:55Désolé.
25:56Vous n'êtes pas venu?
25:58Non, je suis venu.
26:00Désolé.
26:01Je vous en prie.
26:02Maître Laourcade, n'oubliez pas.
26:04Le premier président à six heures.
26:06Non, merci.
26:10C'est un problème, cette Mme Rathod.
26:12Dites-moi, maître.
26:14Vous qui connaissiez bien maître Ayange.
26:16Est-ce que vous pensez possible
26:18que Mme Rathod était une amie...
26:21Intime.
26:22Et que cet engagement n'était...
26:24Non.
26:26Jean-Charles m'avait parlé d'elle il y a quelque temps.
26:28Mais comme d'une vague relation, sans plus.
26:30Et...
26:31De toute façon,
26:33jamais il n'aurait officialisé une liaison
26:35sous l'alibi d'une relation d'affaires.
26:38Sa...
26:39conscience professionnelle était trop grande
26:41pour tolérer ce genre de petits compromissions.
26:45Donc il avait réellement l'intention de l'engager.
26:48Certainement.
26:50Mais pourquoi l'a-t-il fait comme cela,
26:52sur un coup de tête et sans m'en parler,
26:54alors que nous avions passé la soirée ensemble?
26:58Vous étiez au concert, vous aussi?
27:01C'est moi qui l'y ai emmené.
27:03Il venait de plaider aux assises.
27:05Je lui ai proposé de m'accompagner pour se changer les idées.
27:08Alors vous avez vu Mme Rathod?
27:10De loin.
27:12Jean-Charles l'a bavardé à l'entracte
27:14avec un homme assez jeune que je ne connaissais pas.
27:17Mme Rathod était avec eux.
27:19Et à la fin du concert, nous sommes partis chacun de notre côté.
27:22Je pensais qu'il rentrait à la renardière.
27:24Il y passait la plus grande partie de son temps
27:26en solitaire.
27:28Pour écrire son livre?
27:30Oui, il avait du mal à le terminer.
27:32Et son éditeur se plaignait de ses retards
27:34à livrer le manuscrit.
27:37C'est toute une époque qui s'en va avec lui.
27:40Les hommes de cette qualité,
27:42il n'y en a plus.
27:46Et pour moi,
27:48une amitié de 40 ans.
27:57Oh! Bébiche!
27:59C'est comme ça que tu montes la garde?
28:01Même aux arécas, ils collent des pépés.
28:03Il n'y a plus de moralité.
28:05Vous dites comme ce pauvre maître Ayancho.
28:07Il blaguait toujours. Il n'y a plus de moralité.
28:09Il me l'a encore dit le jour où il a eu son accident.
28:11Vous aussi, vous l'avez vu ce matin-là?
28:13Pas madame. Je sors les poubelles à 7 heures.
28:15Même que je me suis dit que pour un avocat,
28:17c'était une drôle d'heure pour quitter le bureau.
28:19Son ami l'attendait près de sa grosse BMW.
28:21Elle l'attendait depuis longtemps?
28:23Non, il se l'est juste laissé.
28:25Non, il se l'est juste arrivé.
28:27Comment il? C'était pas une femme?
28:29Avec une barbe, un pull et des baskets.
28:31Même qu'il s'appelait Yves.
28:33Dépêchons-nous, Yves, qu'il lui a dit.
28:35Votre ami nous attend.
28:37Bien.
28:39Bonne journée.
28:41Merci.
28:43Claire, tu me sors le dossier Rathaus.
28:45Monsieur, il est justement là.
28:47Alors attendez.
28:49Yves.
28:51Ah ben voilà.
28:53Yves Kérilek.
28:55C'est l'autostoppeur qu'ils ont soi-disant
28:57ramassé sur le bord de la route.
28:59Maître Laucade a vu Maître Ayange
29:01avec lui au concert.
29:03Et Nadine Rathaus y était aussi.
29:05Où est-ce qu'il habite?
29:07L'ennui, c'est qu'il est mort.
29:09Je sais.
29:11Il avait peut-être quelqu'un, une femme,
29:13à qui il a parlé avant d'aller rejoindre au concert.
29:15Oui.
29:17Toi, tu vas encore y passer le week-end.
29:19Je vois ça.
29:21Non, non, non. Ce week-end, je range.
29:23Mais je ferai un saut demain matin.
29:27Il n'habite plus là
29:29depuis un an.
29:31Vous avez sa nouvelle adresse?
29:33Un clochard, ça n'a pas d'adresse.
29:35Vous lui faisiez suivre son courrier, non?
29:37Il ne recevait jamais de courrier.
29:39Où est-ce qu'il travaillait?
29:41Il ne travaillait pas.
29:43Il passait toute la journée dans sa chambre,
29:45les pieds sur le dessus de l'isle.
29:47Et il payait son loyer comment?
29:49Au terrasse des cafés, dans le métro,
29:51avec une bande d'Américains.
30:19On s'est connu en 1974,
30:21à une manif contre la guerre du Vietnam.
30:23Vous l'avez revu récemment?
30:25Pas depuis l'été dernier.
30:29Et vous ne savez pas où on peut le trouver?
30:31Qui sait?
30:33Je sais.
30:35Un jour, il vient avec sa guitare,
30:37et il s'en va.
30:39C'est comme ça.
30:41C'est comme ça.
30:43C'est comme ça.
30:45C'est comme ça.
30:47C'est comme ça.
30:49Un jour, il vient avec sa guitare,
30:51il chante, il joue,
30:53et puis il s'en va sans dire.
30:55Merci.
30:57Il ne parle jamais.
30:59Demain, peut-être, il est là.
31:01Et vous ne savez pas où il habite?
31:03Il n'a pas d'amis.
31:05Un jour, il est allé dans un magasin.
31:07Il est sorti avec deux billets de 100 francs.
31:09C'était peut-être un ami.
31:11Et où il est, ce magasin?
31:13Derrière Saint-Germain,
31:15dans une petite rue.
31:17Il y a un restaurant au coin.
31:19Excusez-moi.
31:21Merci, je trouverai.
31:35Voyez, on était là, fréquemment,
31:37à Nanterre, en mai 68.
31:39Et ceci, en rose.
31:41Ah oui, ça, c'est joli.
31:43Et Kérilek,
31:45vous avez une idée de ce qu'il est devenu?
31:47Il y a un an, un an et demi,
31:49il est venu me demander
31:51si j'avais du travail pour lui.
31:53Vous le voyez dans la boutique?
31:55Oui, alors je lui ai filé deux, trois billets
31:57en souvenir du bon vieux temps de Nanterre.
31:59Ça, c'est votre taille.
32:01Ah oui, ça, c'est très joli.
32:03Vous ne savez pas où il habite?
32:05Sûrement dans le quartier.
32:07Je l'ai croisé une ou deux fois.
32:09Avec sa tenue, ça n'a pas l'air d'aller
32:11très, très fort pour lui.
32:13Il a fait semblant de ne pas me voir,
32:15alors je ne vais pas insister.
32:17Ça, je le prends. Je vous dois combien?
32:19500 francs, s'il vous plaît.
32:21Ah, ça ne m'étonnerait pas
32:23qu'il travaille au supermarché,
32:25place de Gonfreville.
32:27Je l'ai aperçu le mois dernier.
32:29Il rangeait des caddies.
32:31Ça vous ennuierait de me faire
32:33une petite facture?
32:35Pas du tout, madame.
32:39Depuis le 1er juillet.
32:41Il fait 6 heures,
32:4313 heures 30.
32:45Vous êtes de la sécu?
32:47Non, pourquoi?
32:49Il doit être malade. Ça fait plus d'une semaine
32:51qu'on ne l'a pas vu.
32:53Depuis le jour où il a touché sa quinzaine.
32:551600 francs.
32:57En espèces?
32:59Oui. Il ne veut jamais de chèque.
33:01Il a dû avoir des histoires avec la banque.
33:03Remarquez qu'à son travail,
33:05il n'a rien à dire.
33:07Dès qu'il a un moment de cru,
33:09il se met dans un coin avec un livre.
33:11Vous avez son adresse?
33:13Ah non, il faut que vous voyez le bureau.
33:15Ou alors,
33:17demander à Myriam.
33:19Elle s'occupe des fruits et légumes.
33:21Je crois qu'ils sont plus ou moins ensemble.
33:23Je vous emmène au chèque?
33:25Oui, s'il vous plaît.
33:27Il revient quand ça lui chante.
33:29Que je lui fasse à bouffer et se pioter dans mes draps.
33:31Il y a 8 jours que monsieur ne s'est pas montré.
33:33Vous croyez qu'il m'aurait prévenu?
33:35Ce n'est pas l'armée du salut chez moi.
33:37Et attendez qu'il se pointe.
33:39Ce coup-là, je le vire. Et pour de bon.
33:41Ses affaires sont chez vous?
33:43Il n'a pas d'affaires.
33:45Rien. Un mur, cet homme-là.
33:47Il ne parle pas. Il ne rit pas.
33:49Il reste des heures à faire sa peinture,
33:51sans dire un mot.
33:53Je ne savais même pas qu'il avait été à l'université.
33:55Il n'avait pas retrouvé son ancien professeur l'été dernier.
33:57Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois?
33:59La semaine dernière.
34:01Il s'est pointé à je ne sais pas quelle heure.
34:03Le sommeil des autres. Il s'en fout.
34:05Et qu'est-ce qu'il vous a dit?
34:07Vous vous souvenez?
34:09Des conneries.
34:11Il avait monté un coup fumant.
34:13Avec son professeur, justement.
34:15Il allait enfin sortir du merdier.
34:17C'est vivre avec moi, le merdier.
34:19Merci quand même.
34:21Je l'ai envoyé sur les roses. Je te dis que ça.
34:23Alors il m'a traité de connasse, que je ne pigeais rien.
34:25Et puis toutime.
34:27Il s'est taillé chez Walter et je ne l'ai pas revu.
34:29Bon débarras.
34:31Et Walter?
34:33Son copain.
34:35Un sale type. Mauvais genre et tout.
34:37Un vicieux.
34:39Vous savez où on peut le trouver ce Walter?
34:41Ça.
34:43Lui aussi. Il vient quand ça lui chante.
34:47Si vous le voyez, vous voulez bien lui demander de me téléphoner?
34:55Vous auriez une photo d'Yves?
34:57Vous pouvez même la garder.
34:59Râle bol du coco.
35:03Yves aussi. Il faut qu'il vous appelle.
35:07Il est mort, Yves.
35:11Mort?
35:15C'est pas vrai.
35:19Tiens, qu'est-ce que vous faites là?
35:21Il y avait votre adresse sur le chèque.
35:23Voilà.
35:25Comment avez-vous terminé l'autre jour?
35:27Avec votre père et votre frère?
35:29C'était très dur. On a même failli se battre.
35:31Oui, oui, Bibiche, c'est moi.
35:33Je suis désolée.
35:35Je me sens vraiment un peu responsable.
35:37Non, c'est pas grave. Vous savez, j'ai l'habitude.
35:39Ah, mon canard.
35:41Elle est mignonne. Comment elle s'appelle?
35:43Bibiche.
35:45Installez-vous au salon. J'arrive.
35:49C'est bien chez vous.
35:51C'est pas mal.
35:53Enfin, je suis jamais là.
35:55Ça aurait besoin d'un bon rangement.
35:57Je peux vous aider si vous voulez.
35:59Enfin, je peux t'aider.
36:01Suis-toi.
36:03Si tu veux.
36:17Tu me parles de maman?
36:21Pourquoi?
36:23Tu n'as personne à qui tu puisses en parler.
36:25Qui? Mon père?
36:27Il la détestait.
36:29Il a toujours été jaloux d'elle.
36:31Il avait des raisons?
36:33Non.
36:35Il était jaloux de son intelligence.
36:37Parce qu'elle valait beaucoup mieux que lui.
36:43Ça le rendait furieux.
36:51Elle aurait pu faire des choses formidables
36:53si elle ne l'avait pas épousée.
36:59Ton père m'a donné des photos de ta mère.
37:01Tu les rassembles?
37:03À maman?
37:05Tu les as là?
37:07Oui.
37:13Elle n'est pas bien sur ces photos.
37:15Elle a l'air triste.
37:17C'est quand elle a fait sa déprime.
37:21Elle disait qu'elle ne servait à rien.
37:23Que personne n'avait besoin d'elle.
37:25Je suis seule, elle le disait toujours.
37:29Je n'aurais pas dû m'en aller.
37:35Ça allait mieux depuis l'été dernier, non?
37:37Un peu.
37:39Grâce à Yves Kérillac.
37:43Qui c'est?
37:45Un paumé.
37:47Quelqu'un de très seul.
37:51Comme elle.
37:53Maman ne le connaissait pas?
37:55Si.
37:57Des petites annonces.
37:59Dans la boîte à recettes.
38:05Il est mort depuis dix jours.
38:07Mais personne ne le sait.
38:09Ni ses copains,
38:11ni les gens chez qui il travaillait,
38:13ni la fille avec qui il vivait.
38:15C'est pas vrai.
38:21Il s'était arrangé
38:23pour pouvoir sortir avec elle tous les après-midi.
38:25Il l'emmenait visiter des expositions,
38:27des musées.
38:29Il avait été maquettiste.
38:31Chez un éditeur, il faisait de la peinture aussi.
38:33La librairie d'art,
38:35c'était une idée à lui.
38:39Tu dis ça pour me faire du mal.
38:43Si tu continues, je m'en vais.
38:45Si tu continues, je m'en vais.
38:55Je peux coucher là?
38:57Bien sûr, Isabelle.
38:59Tu peux m'appeler Isa.
39:01Maman m'a appelée comme ça.
39:05Ça va pas être très confortable,
39:07mais enfin, pour une nuit, ça ira.
39:09Oui.
39:11Comment tu trouves?
39:13Comment tu trouves?
39:15Je l'ai acheté ce matin.
39:17Très joli.
39:19T'as dû le payer cher.
39:21On écoute un peu de musique avant de dormir?
39:23Oui.
39:31Tu es mariée?
39:35Il habite pas là?
39:39Non.
39:41Il habite pas là?
39:43Non.
40:01Dis donc,
40:03tu te rappelles la pochette d'allumettes
40:05qu'on avait trouvé dans la boîte à recettes?
40:07Ta mère ne fumait pas.
40:09Si elle a gardé cette pochette,
40:11c'est que c'était un souvenir.
40:13Un bon souvenir.
40:33Auberge des Bruyères.
40:37Auberge des Bruyères.
41:03Alors c'est là que les patrons mènent leur secrétaire en week-end?
41:07Pas la peine que tu viennes.
41:09Attends-moi.
41:23Non, c'est impossible, madame.
41:25Je regrette.
41:27La discrétion, madame.
41:29Je vous demande simplement si vous les avez vues.
41:31La discrétion, madame.
41:33Je vous assure, c'est très important.
41:35Non, ce n'est pas, madame.
41:37Je regrette.
41:39Merci.
41:41Au revoir, madame.
41:45Au début, il n'y avait rien.
41:47Pour maman, c'était comme un fils.
41:51Un vrai fils avec qui elle pouvait parler.
41:55Puis à la fin,
41:57ils n'ont fini pas.
42:01Ils ne pouvaient plus se passer l'un de l'autre.
42:05Elles étaient bien obligées de le suivre.
42:07Ils ne se verraient plus.
42:09Alors ils ont décidé de s'enfuir.
42:11Mais pourquoi elle ne m'a rien dit à moi?
42:13Ils n'ont pas eu le temps.
42:15Tout a dû se décider très vite au concert.
42:17Ailleurs, je les connaissais tous les deux.
42:19Il a dû leur proposer de les aider à partir.
42:21Recommencer une vie nouvelle.
42:23Sans souvenir.
42:27C'est pour ça qu'elle n'a pas pris de bagages.
42:29Ils ont même laissé la paix et le dive à ton père.
42:31Elle serait partie sans me dire au revoir à moi?
42:33A mon père et à Bernard?
42:35Oui, mais à moi.
42:37Je l'aimais, moi.
42:39C'était ma mère.
42:41J'avais besoin d'elle.
42:43Je lui aurais parlé.
42:45Je ne l'aurais pas laissée partir.
42:47Elle ne serait pas morte.
42:53Allez, on rentre.
42:55Demain, je ne travaille pas.
42:57Je peux coucher chez toi?
42:59Oui.
43:03Mme Treguet, une fois pour toutes,
43:05je vous ai demandé que cet animal
43:07ne monte pas sur mon bureau.
43:09Vous ne comprenez pas qu'elle vous adore.
43:11Oui, oui, oui.
43:13Pour les contraventions,
43:15je vois que mon père n'est pas dedans.
43:17Mais pour l'affaire Raton,
43:21ça piétine.
43:23M. Philippe Rambeau
43:25m'a demandé de m'en occuper.
43:27Vous n'êtes pas payé pour ça
43:29et c'est au service sinistre
43:31de s'occuper de l'affaire.
43:33Tu vois que vous êtes de retour
43:35et que tout est rentré dans l'ordre.
43:37Je fais quoi aujourd'hui?
43:39Il y a du classement en retard.
43:41C'est du travail de secrétariat.
43:43Les secrétaires sont débordés.
43:47Ça vous ferait plaisir que je refuse.
43:49Comme ça, vous pourriez aller vous plaindre.
43:51Je ne vous ferai pas cette joie.
43:53Je vais le faire, votre classement.
43:55Je vais la laisser aux archives.
43:57Allez, Bébiche.
43:59Dis au revoir à M. Saint-Marcouf.
44:01Allez.
44:07Madame Treguet,
44:09vous ne pensez pas que vous dépassez un peu
44:11les bornes aujourd'hui?
44:15Allô, oui?
44:17Madame Treguet? Je vous la passe.
44:19Madame Treguet, téléphone.
44:21J'arrive.
44:25Allô?
44:27Qui?
44:29Walter.
44:31Attendez, attendez.
44:33Ah oui, d'accord.
44:35Oui, elle vous a dit.
44:37Oui, j'aimerais bien vous voir.
44:39Maintenant?
44:41Si vous voulez.
44:43Où ça?
44:45À l'angle
44:47de la rue de Dantzig
44:49et de la rue de la Bidassoa.
44:51Le café.
44:53Ah, le café.
44:55Ok, d'accord, j'en arrive.
44:57Au revoir.
44:59Bon, si M. Saint-Marcouf me demande,
45:01vous lui dites que j'ai fait une fugue,
45:03moi aussi. Allez, viens, Bébiche.
45:05Allez.
45:07Il y aillissait mal.
45:09Il n'était tout ramolli depuis qu'il était
45:11maqué avec son invocat à la gomme.
45:13Il ne parlait plus que de cynoge, de peinture.
45:15Révolutionnaire à la mi-temps.
45:17Bébiche.
45:19Et s'il se rappelait quand vous l'avez vu
45:21pour la dernière fois?
45:25La nuit de lundi.
45:27On faisait des bombages sur les panneaux pour les élections.
45:29Qu'est-ce qu'il voulait?
45:31M'annoncer la grande nouvelle.
45:33Cette fois-ci, ça y était, il se tirait pour toujours.
45:35On allait voir ce qu'on allait voir.
45:37Le grand soir, quoi.
45:47Il faut remettre la couverture, ça va.
45:51Je savais qu'il est mort.
45:53Ouais, je l'ai vu dans le canard.
45:55Avec une nana.
45:57Au BM.
45:59Pauvre mec.
46:01Lui qui avait juré de finir en beauté.
46:05C'est quoi pour vous?
46:07Finir en beauté?
46:09Ça dépend.
46:11Moi, c'est la chataille.
46:13Les CRS, les arabes, les blackies, je m'en fous.
46:15Lui, c'était plutôt les jaunes qui le faisaient bander.
46:17Les mecs qui se douchent à l'essence et qui se font péter la gueule.
46:21Il avait essayé une fois, mais il n'avait pas assez de couilles.
46:25Il manquait de burettes, quoi.
46:27Tchao.
46:47Oh, mais bon sang, mais bon sang.
46:49Mais quel idiot que j'étais de ne pas y avoir flanqué du thé au bibiche.
46:51Oh, je suis une idiote.
46:53Allez, tiens.
47:05Vous m'avez dit que vous aviez emmené Maitrayange à ce concert
47:07pour lui changer les idées.
47:09Vous vous souvenez?
47:11Oui, il venait de plaider aux autres.
47:13Ça s'était mal passé, une lourde condamnation,
47:15alors qu'il espérait un acquittement.
47:17Mais vous ne vouliez pas le laisser seul, c'est ça?
47:19Je sentais bien que ça n'allait pas depuis quelques temps.
47:21Un de ses clients s'était pendu à Fleury-Mérogis.
47:23Il avait pris ça très mal.
47:25Plus son ménage bancal, son livre qui n'avançait pas,
47:27l'impression d'être complètement dépassé
47:29sur le plan professionnel.
47:31L'idée du suicide a dû s'imposer...
47:33peu à peu.
47:35Il m'avait dit à plusieurs reprises
47:37qu'on devrait savoir partir à temps.
47:41Et c'est ce qu'il a fait.
47:43Antoine, deux innocents.
47:47On voit que vous l'avez fait.
47:49Vous l'avez fait.
47:51Vous l'avez fait.
47:53Vous l'avez fait.
47:55Vous l'avez fait.
47:57Vous l'avez fait.
47:59On voit que vous ne le connaissiez pas.
48:03Il n'a tué personne.
48:09Ils étaient d'accord.
48:13Quand ils se rencontraient à ce concert,
48:15ils avaient envie d'en finir tous les trois.
48:19Lui, il était fatigué de vivre.
48:23Et eux, ils étaient dans une situation absolument sans issue.
48:29Toute la nuit, ils ont cherché quelqu'un
48:31à qui parler, chacun de son côté.
48:33Mari, femme, amie.
48:35Ils n'ont trouvé personne.
48:37Rien.
48:41Rien que la solitude.
48:47J'ai jamais compris pourquoi
48:49il n'avait pas pris l'autoroute pour aller à Caen.
48:51Il voulait passer une dernière fois
48:53devant la Renardière.
48:55Mais surtout, il connaissait bien
48:57le virage, le pont,
49:01les ceintures bouclées,
49:03les vitres ouvertes,
49:05toutes les quatre en plein hiver.
49:07C'était pour que l'eau s'engouffre tout de suite.
49:09Pour être bien sûre
49:11de mourir vite.
49:17Quel courage il leur a fallu.
49:21Mais pourquoi cette mise en scène
49:23avec Mme Raton?
49:25Elle était assurée sur la vie
49:27depuis 18 mois.
49:29En cas de suicide dans les deux ans
49:31qui suivent la signature du contrat,
49:33l'indemnité n'est pas versée.
49:35Alors c'était pour ne pas
49:37léser son mari.
49:41Alors à quoi bon
49:43ce prétendu engagement?
49:45Encore par égard
49:47pour lui.
49:49Elle voulait que personne
49:51ne puisse dire après l'accident
49:53qu'elle allait l'abandonner,
49:55qu'elle allait partir avec un autre homme.
50:01Son fils n'avait pas voulu tirer
50:03partie de sa mort.
50:09Précisément cet ascenseur.
50:23Maman,
50:25pourquoi elle m'a fait ça?
50:27À moi?
50:31Parce qu'on vit dans un drôle de monde.
50:35Un monde où on peut se sentir
50:37quelquefois très très seule.
50:39Elle était pas seule?
50:41Elle m'avait?
50:45Bien sûr elle t'avait.
50:47Mais tu n'étais plus là.
50:49Puis la solitude
50:51quelquefois c'est...
50:53C'est dur.
50:55C'est très très dur.
51:01Tentative d'escroquerie.
51:03Il y a donc lieu
51:05de rejeter définitivement
51:07la demande d'indemnité
51:09présentée par M. Râteau.
51:11C'est encore une chance.
51:13Déjà qu'il va toucher l'assurance-vie
51:15de sa femme.
51:17Il faut voter l'accident.
51:19Donc il y a droit.
51:21C'est du joli la morale.
51:23La morale des assurances?
51:25Non.
51:27Tant qu'à lui donner de l'argent
51:29il aurait mieux voulu
51:31que ce soit la petite.
51:33Allez viens ma bébiche,
51:35t'es belle maintenant.
51:37On va aller dire bonjour
51:39à M. Saint-Marcouf.
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