La grande interview : Agnès Pannier-Runacher

  • il y a 4 minutes
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, était l’invitée de #LaGrandeInterview de Romain Desarbres dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour Agnès Pannier-Runacher.
00:02Bonjour Romain Désarbre.
00:03Invité de la grande interview CNews Europe 1.
00:05Vous êtes ministre de la transition écologique.
00:07On va parler de tous les sujets, évidemment,
00:09mais on va parler beaucoup du budget et du prix de l'électricité
00:12parce que les Français veulent savoir si leur facture va augmenter ou pas.
00:15Vous allez augmenter la TICFE.
00:18Alors, c'est un nom barbare comme on dit,
00:20c'est la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité.
00:23Une grosse taxe sur l'électricité.
00:24Elle avait baissé à 50 centimes par mégawatt-heure pendant la crise de l'énergie.
00:28Est-ce que vous allez l'augmenter et de combien ?
00:30On lit que vous allez l'augmenter jusqu'à 50 euros.
00:33Qu'elle va augmenter de 50 euros.
00:35Alors, cette taxe va effectivement augmenter.
00:38Il y a d'abord une première chose qui est la fin du bouclier énergétique.
00:41Vous savez, comme vous le disiez, que lorsque le coût de l'électricité,
00:45le coût de fourniture pour l'énergéticien
00:48qui ensuite va vous vendre de l'électricité à vous particulier,
00:52s'est envolé, nous avions baissé toutes les taxes
00:55de façon à limiter l'impact sur la facture des Français.
00:58Aujourd'hui, cette taxe revient à son niveau initial.
01:02Ça, c'est le premier élément.
01:04Le deuxième élément, c'est que comme le prix de l'électricité,
01:08cette fameuse fourniture, a énormément baissé,
01:12nous utilisons plutôt ce qui est proposé dans le texte du gouvernement
01:17qui va passer au Parlement, c'est d'aller un peu plus loin
01:20avec un objectif très simple,
01:22c'est que tous les Français qui sont aujourd'hui aux tarifs réglementés,
01:25c'est plus de la moitié d'entre nous,
01:27auront une baisse de 9% au 1er février.
01:30Une baisse qui aurait été plus importante
01:32si vous n'aviez pas augmenté autant la taxe.
01:34Exactement.
01:35Mais le gouvernement a besoin d'argent, c'est ça l'idée.
01:37C'est ça l'idée.
01:38Alors moi, je vais être très précise.
01:39Je suis ministre de l'énergie, j'ai été ministre de l'industrie
01:42et je suis cette aile gauche de ce gouvernement.
01:46Je serai très vigilante dans la discussion avec les parlementaires
01:50pour m'assurer de trois choses.
01:51La première chose, c'est que la façon dont nous le faisons
01:54permet de ne pas handicaper les industriels.
01:57Les industriels, ils payent aussi l'électricité
01:59et ils payent aussi des taxes.
02:01Il ne faut pas que ça ait un impact sur la croissance.
02:02Exactement.
02:03Et surtout sur leur compétitivité relative par rapport à d'autres pays.
02:06Donc on va regarder ça.
02:07La deuxième chose, c'est évidemment le pouvoir d'achat des Français.
02:10Ceux qui sont aux tarifs réglementés,
02:12ils vont avoir une bonne nouvelle.
02:14Mais il y en a qui ont déjà bénéficié de la baisse.
02:17Donc il faut être attentif à ce que cette baisse qu'ils ont eue de leur facture en 2024
02:23ne se traduise pas ensuite en 2025 par un rebond qui serait désagréable.
02:27Et puis la troisième chose, c'est l'écologie.
02:30Il ne faut pas que l'électricité coûte plus cher que les énergies fossiles.
02:34Personne ne comprendrait.
02:35Ça, effectivement.
02:36Le tarif réglementé, en quelques mots pour bien comprendre,
02:39parce qu'on ne sait pas toujours si on est au tarif réglementé ou pas.
02:41Le tarif réglementé, c'est le tarif dont vous bénéficiez
02:45lorsque vous ne vous occupez pas trop de votre contrat d'électricité.
02:47C'est 60% des Français.
02:49C'est le fameux tarif EDF.
02:51Les gens disent...
02:52Entre guillemets, à l'ancienne.
02:53C'est le tarif EDF à l'ancienne.
02:54Vous pouvez avoir un autre fournisseur d'électricité
02:57qui va avoir un tarif dont les règles du jeu sont à peu près celles d'EDF
03:02et donc qui vont suivre les évolutions de ce tarif,
03:04c'est-à-dire qu'ils vont également baisser l'année prochaine.
03:07Et puis, si vous êtes très agile, si vous suivez les contrats,
03:11si vous allez chercher le contrat le moins cher,
03:13là, vous avez bénéficié probablement déjà d'une baisse du coût de l'électricité
03:17et c'est là où vous pouvez avoir une petite remontée.
03:19Le malus à l'achat d'une voiture neuve.
03:22Il est alourdi pour les voitures thermiques.
03:25Le bonus, lui, est réduit pour les voitures électriques.
03:27Vous taxez de partout l'achat de voitures.
03:29Alors, non. Il faut remettre les choses en perspective.
03:32On a des enveloppes pour accompagner l'électrification des véhicules.
03:36Oui, mais l'enveloppe baisse.
03:37Oui, mais ça s'appelle une subvention.
03:39Elle était à 1,5 milliard et elle passe à 1 milliard.
03:41Ça s'appelle une subvention.
03:43Ce n'est pas une taxation.
03:44Il ne faut pas dire ça aux Français.
03:45Ce serait leur mentir.
03:46En revanche, mais ça, pour le coup...
03:48Ça, c'est pour le bonus, pour le malus.
03:49Le malus, si vous achetez une voiture qui émet peu de CO2,
03:53vous n'avez pas de malus.
03:55Évidemment, si vous achetez une voiture,
03:57et c'est particulièrement vrai pour les gros SUV à essence ou diesel,
04:02eh bien, ça fait un impact sur la planète.
04:05Cet impact, vous l'avez près de chez vous.
04:07Moi, j'étais en Seine-Maritime,
04:09où vous aviez les gens qui étaient sous l'eau à cause des inondations.
04:13Eh bien, à un moment, on fait payer les pollueurs.
04:15C'est de ça qu'il s'agit.
04:17Et je veux être très clair, c'est impactant pour les grosses voitures.
04:21Vous allez tuer l'industrie automobile.
04:23Non, on va soutenir l'industrie des voitures les moins polluantes.
04:28On soutient l'industrie avec des taxes.
04:29Mais non, Romain Désarbre, vous ne pouvez pas dire ça.
04:31On a d'un côté la carotte, c'est le bonus,
04:35et de l'autre côté, vous avez le bâton, c'est le manus.
04:38Donc, si vous achetez une voiture qui émet très peu de CO2,
04:41non seulement vous ne payez rien en manus,
04:44mais en plus, vous avez une aide.
04:45Donc, c'est une incitation à ne pas payer le manus.
04:48C'est de ça qu'il est question.
04:50Si maintenant, vous voulez absolument avoir un gros véhicule
04:52qui pollue beaucoup, vous payez le prix de cette pollution
04:55parce que cette pollution, aujourd'hui,
04:57elle va se traduire par la mise en danger du patrimoine
05:01d'autres Français qui sont près des côtes
05:03ou qui font face à des inondations.
05:05Il faut que tout le monde soit responsable.
05:07Une question sur le budget global.
05:08Qu'est-ce qui s'est passé l'année dernière ?
05:10Pierre Moscovici était incapable de l'expliquer.
05:12On est parti d'un déficit de 4,4%, on arrive à 6,1%.
05:16Les comptes ont totalement dérapé.
05:17Qu'est-ce qui s'est passé dans les comptes publics l'année dernière ?
05:20Alors, il y a un phénomène que l'on voit très nettement
05:23qui explique une grosse partie de ce dérapage.
05:25C'est que les prévisions de recettes de l'année dernière
05:28ne sont pas du tout au niveau attendu.
05:31Pardonnez-moi, mais qui s'est trompé, pour être poli ?
05:35Moi, je n'étais pas en charge du budget,
05:38donc c'est un travail que va faire Antoine Armand.
05:43C'est de bien comprendre pourquoi le modèle économique
05:46qui est utilisé pour prévoir les recettes,
05:49c'est-à-dire on dit on va avoir 1% de croissance,
05:52on a 1% de croissance, on a le bon niveau de croissance,
05:55on a le bon niveau de chômage tel qu'était prévu dans le budget.
05:59Et on n'a pas le bon niveau de recettes.
06:01Pourquoi cette croissance fait qu'on n'a pas autant d'impôts
06:04sur les sociétés et autant de TVA qu'attendu ?
06:07C'est ça qu'il faut comprendre, mais l'écart,
06:09il est déjà de plus de 20 milliards d'euros,
06:11ne serait-ce que sur ces deux lignes.
06:13Et donc, il y a probablement un problème de capacité
06:17de notre croissance à soutenir la production de recettes,
06:21charges sociales d'un côté et TVA, IS, IR,
06:24impôts sur le revenu de l'autre.
06:26Impôts sur les sociétés, impôts sur le revenu.
06:28C'est la grande interview CNews Europe 1 d'Agnès Pannier-Runacher,
06:31ministre de la Transition écologique.
06:32L'augmentation des pensions de retraite,
06:34repoussée de janvier à juillet.
06:36Ça, vous l'assumez parfaitement.
06:38Vous disiez que vous étiez à l'aile gauche de la Macronie.
06:41Écoutez, moi, je suis députée du Pas-de-Calais.
06:44C'est un point dont on a discuté avec un certain nombre
06:47de personnes sur le terrain.
06:49Je crois que les gens se disent si effectivement
06:52les efforts sont vraiment partagés,
06:55si effectivement tout le monde se prend en main
06:59et ça nous évite d'avoir à payer plus cher
07:02nos intérêts, les intérêts qui sont liés
07:04à la dette financière, ce qui serait une catastrophe
07:06parce que cet argent qu'on paye aux investisseurs
07:09qui portent notre dette, on ne l'utilise pas
07:12pour des politiques publiques.
07:14On peut faire cet effort-là, mais il faut qu'il soit ciblé,
07:17ponctuel et que tout le monde joue le jeu.
07:19C'est très exactement de ça qu'il est question.
07:21Tout le monde doit jouer le jeu, y compris les retraités.
07:24Tout le monde peut effectivement prendre sa part.
07:27C'est une proposition, encore une fois,
07:29qui est mise par le gouvernement sur la table.
07:31Si les groupes politiques qui sont autour de l'hémicycle
07:35à l'Assemblée nationale et au Sénat ont de meilleures propositions,
07:38on les examinera volontiers.
07:40Vous avez probablement vu ce que dit Jean-Philippe Tanguy,
07:43député Rassemblement national.
07:45Il dit que ce budget est inacceptable.
07:48Mais Jean-Philippe Tanguy dit à la fois
07:50qu'il faut baisser les dépenses,
07:52mais en même temps qu'il ne faut pas baisser
07:54chacune de ses dépenses individuellement.
07:57Donc, qu'il nous explique
07:59comment on arrive à baisser le déficit
08:02avec l'équation que nous avons.
08:05Parce que ne lui en déplaise, mais l'essentiel des dépenses
08:08dans un budget de finances publiques,
08:10c'est la partie sociale.
08:13C'est les retraites, c'est l'assurance maladie,
08:15c'est l'assurance pour les accidents,
08:18les maladies professionnelles.
08:20C'est tout ce chapitre-là, c'est la famille,
08:22c'est tout ce chapitre-là qui représente
08:24plus de la moitié des dépenses publiques.
08:27Donc, nous, on est prêts à travailler de bonne foi
08:30avec tous les groupes politiques
08:32pour trouver les meilleurs réglages
08:34dans un objectif de justice sociale,
08:36de justice fiscale
08:38et surtout de vérité sur le budget.
08:42Ça va passer par 49-3,
08:44vous n'aurez pas de majorité pour voter ce budget.
08:46Mais moi, je ne fais pas les questions et les réponses
08:48avant de rentrer dans la mêlée.
08:50On m'a plusieurs fois dit que des textes que j'ai portés...
08:52Une majorité pour le voter ?
08:54On m'a plusieurs fois dit que des textes que je portais
08:56n'avaient aucune chance d'être votés
08:58et j'ai réussi à les faire voter.
09:00Donc, je n'ai aucune raison aujourd'hui
09:02d'injurier l'avenir
09:04et surtout de ne pas compter sur la responsabilité
09:06de l'ensemble des groupes politiques.
09:08On parlait des SUV tout à l'heure,
09:10du malus sur les SUV,
09:12des Français ont subi des inondations,
09:14vous êtes allé sur le terrain, d'ailleurs en Seine-et-Marne,
09:16à Coulomiers,
09:18les restes de l'ouragan Kerk.
09:20Sandrine Rousseau a dit que c'était de la faute
09:22de la croissance économique s'il y avait des inondations.
09:24Si en gros, ce que vous disiez à l'instant,
09:26c'est à cause de ceux qui roulent en SUV,
09:28vous êtes d'accord avec elle ?
09:30Alors, il ne faut pas confondre croissance économique et émission de CO2.
09:32L'idée est la même ?
09:34Non, rien à voir, rien à voir Romain Desarbres.
09:36Je vous donne un exemple.
09:38En 2023, on a baissé nos émissions de CO2
09:40de 5,8%.
09:42Et nous avons eu de la croissance économique.
09:44Donc, surtout,
09:46ne racontons pas que
09:48la baisse des émissions de CO2, c'est la décroissance
09:50et c'est le malheur.
09:52Ça n'a rien à voir. Ce que nous sommes en train de construire,
09:54c'est une trajectoire où on change
09:56les modes de déplacement,
09:58de logement, de chauffage.
10:00Je vous donne un exemple.
10:02Nous avons la chance d'être dans un pays
10:04où l'électricité est décarbonée à 90%.
10:06Pour les gens,
10:08qu'est-ce que ça change ? Rien. Ils ont de l'électricité.
10:10Et elle n'émet pas de CO2
10:12comme le charbon,
10:14comme le gaz, comme le fioul.
10:16Donc, ne confondons pas
10:18croissance et baisse des émissions de CO2.
10:20En revanche,
10:22et c'est tout le travail que nous faisons,
10:24comment nous accompagnons chaque Français
10:26pour pouvoir avoir accès à des solutions
10:28qui n'émettent pas du carbone ?
10:30Notre écologie,
10:32elle doit être populaire. Elle doit s'adresser
10:34à tout le monde. Moi, j'habite
10:36dans la ruralité.
10:38Comment je fais pour chauffer ma maison ?
10:40Est-ce que j'ai une solution qui fonctionne ?
10:42Est-ce que la température, est-ce que la pompe à chaleur
10:44va fonctionner dans ma maison ?
10:46Est-ce que je peux avoir accès à des aides pour la rénovation
10:48thermique ? C'est ça le sujet que se posent
10:50les Français. Et c'est là où nous devons être au rendez-vous.
10:52On parlait de croissance à l'instant.
10:54Vous avez probablement entendu ou lu
10:56Gérald Darmanin qui dit que l'un des vrais problèmes
10:58de l'économie française, c'est qu'on ne travaille pas assez.
11:00On ne travaille pas assez. On ne travaille pas assez
11:02dans le public. On ne travaille pas assez dans le privé.
11:04Qu'est-ce que vous en pensez ? Vous êtes d'accord
11:06avec lui ou pas ? Moi, je pense que le sujet,
11:08c'est qu'on ne produit pas assez de richesse.
11:10Ça revient, oui. Alors, en travaillant...
11:12Ce n'est pas tout à fait pareil. Si on travaille plus,
11:14plus longtemps, on produit plus de richesse.
11:16Ce dont on s'est aperçu, c'est que
11:18la productivité française a baissé.
11:20Et donc...
11:22C'est un gros souci, ça. Et c'est un gros souci.
11:24Vous avez parfaitement raison. C'est-à-dire que
11:26la somme de travail que nous faisons
11:28ne crée pas autant
11:30de croissance qu'elle le faisait par le passé.
11:32Est-ce que c'est parce qu'on
11:34n'est pas positionné sur des activités
11:36à valeur ajoutée suffisante ?
11:38C'est tout l'enjeu de la réindustrialisation.
11:40C'est tout l'enjeu de pouvoir
11:42remettre en France des activités qui créent
11:44beaucoup de richesse. Donc, est-ce qu'il faut que les Français travaillent plus ?
11:46Moi, je...
11:48C'est un sujet qui doit être travaillé
11:50avec les partenaires sociaux, mais là aussi,
11:52ne l'en sont pas. Vous pouvez avoir une idée
11:54sur le sujet ? Si je puis me permettre. Moi, ce qui
11:56m'intéresse surtout, c'est que les Français
11:58soient positionnés sur des métiers
12:00qui créent de la richesse. Créent de la richesse
12:02pour eux, c'est-à-dire qu'ils soient mieux rémunérés
12:04et qui créent de la richesse pour le pays.
12:06Et c'est tout l'enjeu de la réindustrialisation.
12:08Si vous voulez une idée qui fonctionne
12:10pour créer de la croissance et créer de la richesse,
12:12c'est ce combat de la réindustrialisation.
12:14Je pense qu'il est plus porteur
12:16que de savoir si on travaille une heure de plus,
12:18une heure de moins. Je vous dis pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui,
12:20les Français travaillent 38 à 39 heures en moyenne
12:22avec les heures supplémentaires.
12:24Bruno Retailleau veut abroger la circulaire Valse
12:26qui permet la régularisation d'environ
12:2830 000 sans-papiers chaque année.
12:30Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
12:32En réalité, on a déjà tous les outils
12:34pour lutter contre l'immigration
12:36illégale et surtout pour lutter
12:38contre les passeurs. Et donc,
12:40de quoi parle-t-on avec la circulaire Valse ?
12:42On parle
12:44de femmes
12:46et d'hommes qui travaillent en France,
12:48qui travaillent dans les cuisines
12:50de nos restaurants, qui travaillent
12:52pour garder nos enfants,
12:54pour prendre soin de nos aînés.
12:56Et ce sont souvent les mêmes
12:58qui
13:00s'inquiètent de la régularisation
13:02de ces personnes qui ont choisi
13:04la France et qui prennent leur
13:06part de la charge de la collectivité
13:08qui n'accepteraient à aucun prix
13:10d'exercer les métiers indispensables
13:12qu'ils exercent en France.
13:14Bruno Retailleau dit qu'il y a 500 000 étrangers
13:16qui sont au chômage en France et qui ont des papiers
13:18eux. Pourquoi pas commencer
13:20par leur donner du travail à eux
13:22plutôt qu'à des gens qui sont en situation illégale en France ?
13:24Ça s'entend comme argument.
13:26Mais personne ne les empêche
13:28d'avoir accès
13:30à du travail. Donc il faut peut-être se poser
13:32la question. Pourquoi
13:34vous avez des gens aujourd'hui
13:36qui n'acceptent pas
13:38les conditions de travail et les métiers
13:40difficiles ? Et peut-on reprocher
13:42à quelqu'un qui travaille,
13:44qui est installé depuis des années,
13:46qui paye ses cotisations sociales,
13:48qui fait le choix de la France,
13:50qui s'est intégré,
13:52qui parle le français ?
13:54Peut-on lui reprocher
13:56d'être ce qu'il est
13:58et de demander à être naturalisé ? Moi, je suis
14:00pour que les gens
14:02qui choisissent la France,
14:04qui choisissent ses valeurs,
14:06qui prennent leur part de l'effort collectif
14:08puissent être reconnus.
14:10Je pense que l'effort et le mérite doivent
14:12être reconnus. Ça n'a rien
14:14à voir avec des gens... Ils doivent permettre d'obtenir des papiers.
14:16Vous n'êtes pas d'accord avec Bruno Retailleau alors ?
14:18S'ils font leur part du travail,
14:20s'ils nous aident, y compris
14:22parce qu'il y a beaucoup d'hypocrisie... Mais si je vous suis,
14:24Agnès Pannier-Runacher,
14:26vous n'êtes pas d'accord avec Bruno Retailleau ?
14:28Non, je ne suis pas d'accord avec Bruno Retailleau,
14:30comme sur plusieurs sujets. Je ne suis pas d'accord
14:32avec Bruno Retailleau. Et c'est pour ça
14:34que nous sommes un gouvernement de coalition
14:36avec des familles politiques différentes
14:38et que notre objectif,
14:40c'est de trouver des points d'équilibre,
14:42non seulement entre nous au sein du gouvernement,
14:44mais surtout à l'Assemblée nationale
14:46et au Sénat. Parce qu'encore une fois,
14:48celui qui fera les lois,
14:50ceux qui feront les lois, c'est les députés et les sénateurs.
14:52Une dernière question, Agnès Pannier-Runacher,
14:54ministre de la Transition écologique.
14:56Vous avez refusé de serrer la main d'un député
14:58RN, Flavien Thermé,
15:00qui a dû démissionner depuis.
15:02Vous regrettez ou pas ?
15:04Non seulement je lui ai dit
15:06bonjour, puisque je suis quelqu'un de
15:08poli, mais je lui ai serré la main
15:10en dehors de l'hémicycle.
15:12Mais je ne serre pas la main
15:14aux idées du Rassemblement national.
15:16Et je vous invite à regarder cette séquence
15:18très intéressante de 2012.
15:20En 2012, François Fillon,
15:22Jean-François Copé,
15:24Gérald Darmanin ne serrent pas la main
15:26à Marion Maréchal Le Pen.
15:28C'est un acte politique. Bien sûr qu'ils disent
15:30bonjour à Marion Maréchal Le Pen
15:32à l'extérieur de l'hémicycle. Mais ce qu'ils
15:34manifestent par là,
15:36c'est de dire que les idées du Rassemblement
15:38national ne me conviennent pas
15:40et je ne me mets pas en scène
15:42dans une forme de compromission avec le
15:44Rassemblement national. Ça n'empêche pas que
15:46ce soit des élus qui ont été élus
15:48par les Français, qui ont une légitimité
15:50démocratique.
15:52Et dont vous allez avoir besoin pour voter des textes.
15:54Et dont j'aurais peut-être
15:56pas besoin si le nouveau Front populaire
15:58assume ses responsabilités
16:00et prend toute leur part
16:02dans l'examen des textes. Si ils bloquent
16:04pour bloquer, forcément
16:06les textes passeront avec d'autres voies.
16:08S'ils font le travail de passer des amendements
16:10et de créer le
16:12rapport de force qu'on a à l'Assemblée nationale
16:14en disant je vote votre texte
16:16à condition qu'on l'améliore sur tel ou tel aspect
16:18alors bien entendu
16:20on le votera sans les voix du Rassemblement national.
16:22Le Rassemblement national, c'est
16:24140 députés. Le nouveau Front populaire
16:26à peu près 190.
16:28Le Bloc central, 160.
16:30La droite républicaine, 50.
16:32C'est ça les
16:34rapports de force à l'Assemblée nationale.
16:36Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique
16:38était l'invité de la
16:40grande interview CNews Europe 1. Merci beaucoup.
16:42Bonne journée à vous.
16:46Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations