Avec Iannis Roder, agrégé d’histoire, professeur en REP (réseau d’éducation prioritaire) depuis 25 ans, Directeur de l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean Jaurès, Auteur de “Préserver la laïcité” (L’Observatoire, mars 2024) / Georges Fenech, ancien magistrat, auteur de “L'ensauvagement de la France : La responsabilité des juges et des politiques” éd. du Rocher
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00:00:00SUD RADIO, midi 14h, Alexis Poulin, sans réserve.
00:00:06Et on est ensemble sur Sud Radio jusqu'à 14h pour parler avec nos invités d'abord de l'affaire de Tourcoing.
00:00:13Respect de la laïcité à l'école, est-ce une mission impossible ?
00:00:17Et les violences bien sûr face aux professeurs, on parlera aussi plus largement des coupes dans le budget de l'éducation nationale avec notre invité Yanis Roder,
00:00:25agrégé d'histoire, professeur en réseau d'éducation prioritaire depuis 25 ans, et il sera là pour répondre à nos questions.
00:00:33Ensuite, on va parler évidemment du budget qui a été présenté par le gouvernement de Michel Barnier.
00:00:40Tout le monde passe à la caisse. Qu'en pense en l'occurrence Henri Stergnac, économiste atterré ?
00:00:48Est-ce davantage d'impôts qui vont sauver la dette ? Ça, on le verra tout à l'heure.
00:00:53Et puis, en deuxième partie d'émission, on va parler de la guerre des gangs, de ces tueurs à gage de 14 ans, de la violence dans la société avec Georges Fenech,
00:01:03ancien magistrat, auteur de « L'Ensauvagement de la France, la responsabilité des juges et des politiques », « Poli-Justice ».
00:01:10Si vous souhaitez réagir, poser vos questions, contactez le standard 0 826 300 300. A tout de suite sur Sud Radio.
00:01:17Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:01:20Et notre invité, c'est pour parler de la difficile laïcité à l'école. Il s'agit de Yannis Rodet, agrégé d'histoire, professeur en réseau d'éducation prioritaire,
00:01:32directeur de l'Observatoire de l'Éducation de la Fondation Jean Jaurès et auteur de « Préserver la laïcité » aux éditions de l'Observatoire. Bonjour.
00:01:40Merci d'être avec nous. Alors, cette affaire qui défrait la chronique d'une élève qui gifle une professeure qui lui demande de retirer son voile,
00:01:48et puis, évidemment, on se rappelle de Gabriel Attal qui avait fait de la baïa son cheval de bataille lorsqu'il avait fait un bref passage à l'éducation nationale.
00:01:59Est-ce que la laïcité à l'école, c'est possible ou c'est vraiment difficile ?
00:02:05Non, c'est tout à fait possible, bien sûr, et les enseignants, tous les jours, par leurs enseignements, par leur posture, par leur discours, en font la démonstration.
00:02:13Néanmoins, ça n'empêche pas de regarder le réel en face. Et le réel en face, c'est qu'une partie conséquente de la jeunesse, aujourd'hui, notamment lycéenne,
00:02:21a du mal à comprendre les objectifs, les enjeux autour de la laïcité et même a du mal à comprendre ce qu'est ce principe de laïcité.
00:02:30Je me souviens très bien d'un sondage de La Lycra, qui avait été fait par La Lycra et son journal Le Droit de Vivre en mars 2021,
00:02:37qui disait que 52% des lycéens interrogés pensaient que ce serait bien que chacun puisse venir couvert,
00:02:45portant le signe, manifestant une appartenance religieuse qu'ils voulaient.
00:02:50Donc il y a vraiment un décalage entre ce qu'est le principe de réalité, les enjeux et les objectifs, et la compréhension qu'en a le jeune public.
00:03:00Est-ce que c'est parce que ça fait longtemps qu'on entend ce débat, ces inquiétudes sur la laïcité à l'école,
00:03:07les référents laïcité qui devaient être face aux élèves, la difficulté qu'ont les professeurs d'aborder certains sujets, les drames aussi des professeurs tués.
00:03:17Évidemment, il y aura l'hommage ce mois-ci pour Dominique Bernard et Samuel Paty.
00:03:22Est-ce qu'il y a un vrai problème, à la fois de méthode, mais aussi d'incompréhension, finalement, entre générations, peut-être, sur le principe même de laïcité ?
00:03:32La question c'est de savoir si c'est un problème générationnel ou un problème d'âge.
00:03:37Ça on le saura à l'avenir seulement.
00:03:39Mais de fait, oui, vous avez raison, il y a un problème.
00:03:42C'est-à-dire que nous avons du mal, je crois, d'une manière générale, à faire dépasser dans l'esprit des élèves le modèle anglo-saxon,
00:03:52et pour dire les choses clairement, le modèle nord-américain, qui n'est pas construit de la même manière.
00:03:58Effectivement, ce modèle est basé uniquement sur la question de la tolérance et pas de la construction de la citoyenneté.
00:04:05Il n'y a pas de construction de la citoyenneté aux États-Unis.
00:04:07Nous, nous avons un système qui construit la citoyenneté, qui considère que les enfants, quand ils arrivent à l'école, sont en construction, justement, de cette citoyenneté.
00:04:15Et donc doivent être préservés des influences extérieures, quelles qu'elles soient, de manière à ce qu'ils construisent leur libre arbitre.
00:04:22Et ça, c'est difficile, c'est ce qu'on appelle finalement l'émancipation, tout simplement.
00:04:25La République française, par son école, propose l'émancipation.
00:04:28Et ça, c'est difficile à comprendre pour les élèves.
00:04:31Donc, il y a un gros effort de pédagogie à faire.
00:04:34Comment faire passer ces idées par l'éducation nationale ?
00:04:38Effort qui est en train d'être fait, en réalité, après le gros effort de formation qui a été enclenché par Jean-Michel Blanquer et qui a été poursuivi par les ministres qui ont suivi.
00:04:48Il y a maintenant un gros effort à faire sur le discours et la pédagogie.
00:04:52Ce discours, cette pédagogie, comme vous le dites, il est attaqué par un modèle dominant, le modèle anglo-saxon, communautariste.
00:04:59La laïcité à la française, c'est un peu l'exception culturelle française.
00:05:04On a l'impression que c'est un modèle extrêmement minoritaire au niveau international.
00:05:10Alors, la laïcité n'est pas un modèle minoritaire, puisqu'on peut considérer que tout État qui sépare le religieux et le politique est laïque, dans les faits.
00:05:18Mais effectivement, le concept français de laïcité, le principe de laïcité à la française est particulier parce que c'est l'école qui joue un rôle essentiel.
00:05:29Pour dire les choses le plus clairement possible, nous nous sommes construits, la laïcité française s'est construite contre l'intervention du religieux.
00:05:38Avec l'idée que nous allions, par l'intermédiaire de l'école, construire les futurs citoyens, leur permettant de se libérer de ce qui les détermine dans leur famille, dans leur milieu, économiquement, socialement, culturellement, religieusement.
00:05:52Voilà, ça c'est notre modèle. Et donc, d'où la nécessité de mettre à distance juste le temps de l'école, ce qui vous détermine, ce que vous pensez qui vous détermine en premier lieu,
00:06:01de manière à vous mettre en position de recevoir les enseignements qui, eux, sont basés sur la science et uniquement sur la science et la raison.
00:06:07Le modèle anglo-saxon est totalement différent. Dans le modèle anglo-saxon, si j'ai 30 secondes, aucun moyen n'intervient dans ce que vous êtes dès votre naissance.
00:06:18C'est-à-dire que vous naissez juif ultra-orthodoxe à Brooklyn, vous naissez mormon à Salt Lake City, vous allez rester, à moins d'une démarche tout à fait personnelle et très exceptionnelle,
00:06:28vous allez rester ça toute votre vie, sans parvenir à vous détacher de cela, parce qu'il n'y a aucun moyen de se détacher de ça qui vous est proposé.
00:06:38Et proposé est le terme très important, c'est-à-dire que l'école de la République, elle n'impose rien. Elle propose. Et chacun en dispose comme il l'entend.
00:06:46— Pourtant, ce n'est pas ce qui est vu comme ça. On a l'impression aujourd'hui que cette école républicaine, elle est un peu une terre de bataille.
00:06:53Justement, pour montrer les limites, est-ce qu'il n'y a pas depuis des années une sorte de déni par rapport à l'intérêt que certaines communautés,
00:07:05certains groupes religieux montrent vis-à-vis de l'école républicaine, sans compter bien sûr tout ce qui est de l'ordre des écoles privées ?
00:07:12— Je pense qu'il y a eu déni pendant des années. Vous avez raison. Mais je pense qu'aujourd'hui, et notamment depuis le fascinat de Samuel Paty,
00:07:19puis l'an dernier de Dominique Bernard, je crois qu'il y a vraiment une prise de conscience assez générale, en tout cas au niveau des institutions.
00:07:25Les ministres qui se sont succédés à l'éducation nationale en étaient ou en sont tout à fait conscients.
00:07:31Il y a des mouvements, des officines, je sais pas comment le dire, nommons les choses, islamistes, qui ont intérêt à fracturer l'école de la République. Pourquoi ?
00:07:43Parce que pour eux, les enfants qu'ils voient et qu'ils essentialisent d'origine comme étant musulmans ne doivent pas s'écarter de ce qu'ils considèrent être leur identité indépassable.
00:07:54Or, c'est tout le contraire que propose l'école de la République. Elle propose l'émancipation. Encore une fois, c'est une proposition.
00:08:00Ce n'est pas une imposition. Et donc ça, c'est insupportable pour les tenants de la ligne de l'islam politique, donc islamistes,
00:08:08qui refusent justement que ces enfants accèdent à la liberté. Ils n'en veulent pas. D'où les attaques qui se multiplient contre l'école de la République.
00:08:16Mais vous dites que l'école propose. Est-ce qu'aujourd'hui, l'école a les moyens ? On voit encore des coupes de plusieurs postes d'enseignants,
00:08:274000 postes d'enseignants supprimés puisqu'il faut faire des efforts, nous dit Michel Barnier. On a l'impression que c'est à chaque fois les mêmes nouvelles,
00:08:34même si systématiquement, on nous explique que l'école est la priorité, que c'est un gros poste de dépense et de budget.
00:08:41Est-ce qu'aujourd'hui, l'école républicaine a encore les moyens d'émanciper les citoyens ?
00:08:46Je crois que l'école républicaine a toujours les moyens d'émanciper les citoyens. C'est d'abord une question de volonté et de formation des enseignants eux-mêmes.
00:08:55Les enseignants doivent tous se considérer, me semble-t-il, comme porteurs, justement, de cet esprit républicain.
00:09:02Après, sur la question que vous posez sur les coupes dans le budget, en fait, bon, le budget est à peu près équivalent, me semble-t-il,
00:09:10mais effectivement, il y a des suppressions de postes. Mais, me semble-t-il, mais je ne suis pas du tout spécialiste,
00:09:14il y a des évolutions démographiques qui font qu'il y a moins d'enfants en maternelle et en primaire,
00:09:20d'où les coupes de postes qui sont moins importantes que celles, d'ailleurs, me semble-t-il, qui avaient été annoncées auparavant.
00:09:27Donc, je crois qu'effectivement, au regard de la situation globale générale de la France, en termes économiques,
00:09:35bon, tenir compte de la démographie ne me semble pas non plus absurde.
00:09:39Oui, mais on aurait pu en profiter pour avoir moins d'élèves dans les classes, par exemple,
00:09:43parce que ça, c'est quand même important pour l'apprentissage et, finalement, garder les professeurs et avoir moins d'élèves.
00:09:49Tout à fait, vous avez raison. Maintenant, il y a des réalités économiques qui dépassent largement l'éducation nationale.
00:09:54Et puis, vous savez, Jean-Michel Blanquer avait mis en place, dans les maternelles, les dernières années maternelles,
00:10:00CP et CE1 des classes retraite plus, le dédoublement des classes.
00:10:05Donc, ils ont déjà 15 élèves par classe maximum.
00:10:07Voilà, donc il y a quand même un gros effort qui a été fait et qui est toujours fait et qui se poursuit
00:10:13et qui, d'ailleurs, semble-t-il, d'après les premières évaluations, semble commencer à porter ses fruits.
00:10:18Oui, mais Anne Gentech, qui est la nouvelle ministre de l'éducation nationale, a dit qu'elle n'avait qu'une mission,
00:10:23c'était de relever le niveau. Donc, il y a les groupes de niveau.
00:10:25Enfin, on a l'impression que l'éducation nationale a du mal, quand même, à tenir la distance.
00:10:31Et chaque réforme, on a l'impression de réinventer la roue pour dire, il faut changer de méthode, etc.
00:10:38Pourquoi on en arrive là, en France ?
00:10:41Il y a des blocages un petit peu partout dans l'éducation nationale.
00:10:44Vous savez, c'est une grosse machine, l'éducation nationale,
00:10:47mais là où il y a un réel souci, aujourd'hui, me semble-t-il,
00:10:52c'est les difficultés qu'a l'éducation nationale de gérer l'hétérogénéité des classes.
00:10:57D'où la réforme voulue par Gabriel Attal, des groupes de niveau devenus des groupes de besoin,
00:11:03qui peuvent fonctionner ponctuellement, mais qui ne sont pas une solution, de mon point de vue,
00:11:09qui ne sont pas une solution qui profiterait à tous.
00:11:12Donc, je crois que la solution, elle est dans la capacité des enseignants à gérer cette hétérogénéité.
00:11:18Et comment on fait cela ?
00:11:20Eh bien, en donnant de la formation sur les pédagogies,
00:11:23en allégeant peut-être, dans certains établissements, le nombre d'élèves par classe.
00:11:30Ça, ça demande du budget, et là, on est dans la quadrature du cercle.
00:11:33C'est extrêmement compliqué en ce moment.
00:11:35Donc, il y aurait, me semble-t-il, des solutions,
00:11:38mais tout cela dépend aussi des facultés de l'État, d'une manière générale, à pouvoir y répondre.
00:11:45Ça aussi, et puis l'attractivité du métier d'enseignant.
00:11:47On voit la difficulté qu'on les recrutera aujourd'hui.
00:11:51Est-ce qu'il y a un désamour de la part des Français de ce métier,
00:11:55puis aussi une certaine peur, compte tenu des violences qui s'accumulent face aux professeurs ?
00:12:01C'est possible.
00:12:02Mais en même temps, je tempère Resslin par le fait que c'est un problème international.
00:12:07Quand vous regardez ce qui se passe dans les autres pays, notamment l'Union européenne,
00:12:10vous voyez qu'il y a le même problème de recrutement.
00:12:13Donc, ce n'est pas un problème spécifiquement français,
00:12:16même si, nécessairement, il y a des spécificités françaises,
00:12:20et vous venez d'en évoquer quelques-unes.
00:12:23Donc, je crois qu'il y a une réflexion à avoir sur le métier d'enseignant,
00:12:27au niveau peut-être de l'Union européenne,
00:12:29parce que là, on a des problèmes de recrutement absolument partout.
00:12:32Y compris dans d'autres pays de l'Union européenne.
00:12:35Et pour finir, est-ce que ces économies qu'on va demander à l'éducation nationale
00:12:40ne vont pas encore dégrader le niveau des élèves ?
00:12:44Est-ce qu'il n'y a pas un problème plus général, en fait, sur le long terme,
00:12:48des moyens qu'on veut bien mettre pour les futures générations ?
00:12:52Écoutez, au regard de ce qui est annoncé,
00:12:54c'est-à-dire la suppression, je crois, de 2200 postes, me semble-t-il,
00:12:58et au regard de la démographie,
00:13:00en fait, en réalité, ça ne changera rien dans les écoles maternelles, primaires,
00:13:05de premier degré, qui seront impactées.
00:13:08En termes de nombre d'élèves par classe,
00:13:11je crois que ça a été calculé comme cela.
00:13:13Je m'avance peut-être, mais je crois que ça a été calculé comme cela.
00:13:15Donc, ça ne changera rien.
00:13:17Moi, je crois, plutôt que de faire baisser le nombre d'élèves
00:13:20d'une manière systématique et générale,
00:13:22il faut réfléchir aux pédagogies qui permettraient de la médiation,
00:13:27notamment de la médiation auprès du public les plus en difficulté,
00:13:30donc socialement les plus en difficulté,
00:13:32parce que c'est là qu'on trouve les élèves parfois en perdition.
00:13:35Et c'est là-dessus qu'il faudra réfléchir, sur les méthodes pédagogiques,
00:13:38sur la manière de gérer l'hétérogénéité, pour le dire encore une fois.
00:13:41– Merci beaucoup Yanis Roder, agrégé d'histoire,
00:13:43professeur en réseau d'éducation prioritaire.
00:13:45Vous êtes l'auteur de « Préserver la laïcité »
00:13:47à l'édition de l'Observatoire.
00:13:49Merci d'avoir répondu à nos questions.
00:13:51On se retrouve dans un instant pour la suite de notre émission sur Sud Radio.
00:13:55– Alexis Poulin, sans réserve, l'édito.
00:13:58– Ah là là, on s'en rappelle de cette cérémonie des Jeux Olympiques,
00:14:08écoutez ça, ah quel bonheur !
00:14:12Céline sur la Tour Eiffel, hier le single est sorti,
00:14:17le single de cette chanson magnifique,
00:14:21reprise d'Edith Piaf par Céline Dion sur le premier étage de la Tour Eiffel.
00:14:26Seulement voilà, scandale, comme le dit Bruno Le Maire,
00:14:29la vérité apparaîtra plus tard,
00:14:31et bien la vérité c'est que, figurez-vous que Céline Dion chantait en playback.
00:14:34Alors, il y était plusieurs déjà à l'époque de la cérémonie des JO à dire
00:14:38« mais c'est pas possible, la voix a été un peu retouchée »,
00:14:41plusieurs youtubeurs, musiciens qui expliquaient qu'il y avait eu un trafic.
00:14:46Alors, dans l'industrie musicale c'est normal de chanter en playback,
00:14:49Aya Nakamura avait chanté en playback lors de la cérémonie des JO,
00:14:53Lady Gaga avait enregistré sa prestation pour éviter la pluie,
00:14:57et donc Céline Dion, premier étage de la Tour Eiffel face à la pluie,
00:15:00évidemment elle chantait aussi en playback,
00:15:02mais pourtant les organisateurs des JO à l'époque soutenaient mordicus
00:15:06que pas du tout c'était une performance live.
00:15:09On écoute Thomas Joly.
00:15:10C'est mon rêve en fait, depuis très longtemps,
00:15:12elle avait ce rêve de chanter sur la Tour Eiffel.
00:15:14Et sans playback, surtout ?
00:15:15Non, sans playback, et voilà, la voix est là.
00:15:17Elle est là et elle est une autre dame de fer, quoi.
00:15:22Deux dames de fer entremêlées.
00:15:24Ah voilà, mensonge, mensonge et dissimulation.
00:15:27On dirait Bruno Le Maire, vous savez, le ministre du budget
00:15:31qui est en fuite en Suisse et qui a en quelque sorte, lui aussi,
00:15:35menti ou du moins fait ministre en playback,
00:15:38en faisant croire que l'ampleur des déficits n'était pas ce qu'il était aujourd'hui.
00:15:43Et pourtant, figurez-vous que Bruno Le Maire, il sait chanter
00:15:46et pas seulement en playback.
00:15:47On va l'écouter.
00:15:48On ira où tu voudras quand tu voudras, dans notre amour sera mort.
00:15:55On ira en Suisse, Bruno Le Maire, quel joli brin de voix.
00:15:58On va en parler justement avec notre invité dans un instant
00:16:01de Bruno Le Maire et surtout du nouveau budget.
00:16:04A tout de suite.
00:16:05Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:16:10Notre invité, c'est Henri Sterdyniak, fondateur des Économistes Atterrés.
00:16:14Bonjour.
00:16:15Alors, qu'est-ce que vous pensez des talents de chanteurs de Bruno Le Maire ?
00:16:19Bruno Le Maire s'est sauvé en Suisse et on peut penser qu'il a raison.
00:16:24Il nous laisse une situation très difficile.
00:16:26Il a une situation très difficile à son successeur.
00:16:30Et donc, il aurait dû s'occuper plus du budget et moins de littérature.
00:16:35Et de chansons également.
00:16:36Alors, incroyable, puisqu'effectivement, on apprend qu'il y a eu des notes
00:16:40qui ont été envoyées à Bercy bien en amont avant les élections européennes
00:16:44pour expliquer qu'il y avait un grave dérapage des finances publiques.
00:16:47En public, lui, Bruno Le Maire, soutenait que tout allait bien
00:16:51en expliquant qu'il garantissait un déficit public de 4,4% pour 2024.
00:16:59Objectif que Thomas Cazenave et moi tiendrons,
00:17:02alors qu'il avait en sa possession les notes qui prouvaient tout à fait le contraire.
00:17:05Aujourd'hui, le directeur de cabinet de Michel Barnier
00:17:09est l'ancien directeur de cabinet de Bruno Le Maire.
00:17:11En l'occurrence, il est bien au courant de ce qui s'est passé.
00:17:14Pourquoi tout le monde continue un peu de faire semblant
00:17:18et de dire que c'est la faute à personne.
00:17:20Finalement, il y a eu des dérapages et puis voilà.
00:17:23Disons qu'on a une année difficile avec les européennes
00:17:30qui fait qu'avant les européennes, le ministre de l'économie
00:17:34n'a pas cru bon de prendre des mesures de rattrapage,
00:17:39de baisse des dépenses ou d'hausse des impôts qui auraient été nécessaires.
00:17:45Bruno Le Maire prétend qu'il a essayé de suggérer au président de la République
00:17:52de faire une loi de finances rectificatives,
00:17:55mais que c'est Macron qui a refusé et donc il se rejette la responsabilité.
00:18:01Oui, il a été contraint de mentir en période électorale.
00:18:03Contraint de mentir, il a été contraint de mentir.
00:18:05Il est quand même soumis à la loi, en l'occurrence, quand on fait ce genre de choses.
00:18:08Aujourd'hui, on a le nouveau budget qui a été dévoilé par Michel Barnier
00:18:14et puis ce matin les ministres de Bercy aussi en conférence de presse.
00:18:19Qu'est-ce que vous retenez de ce nouveau budget de Marcan ?
00:18:22Est-ce que c'est un acte désespéré ou est-ce que c'était la seule chose à faire
00:18:27ou est-ce qu'il y avait vraiment autre chose à faire ?
00:18:30D'abord, c'est un tournant dans la politique suivie par les gouvernements Macron.
00:18:36Jusqu'à présent, le principe était on baisse les impôts, on fait des dépenses non financées
00:18:45et puis au bout d'un certain temps, la réalité a repris le dessus
00:18:51et donc le nouveau ministre est contraint de manger son chapeau, si on peut dire,
00:18:57de faire un tournant par rapport à la politique suivie jusqu'à présent.
00:19:01Ils ont choisi, le gouvernement a choisi de faire une politique de petits pas,
00:19:07de trouver de l'argent à gauche à droite.
00:19:10Il n'a pas décidé une grande politique d'augmentation des impôts sur les plus riches
00:19:17ou sur les grandes entreprises comme le préconisait le nouveau Front populaire
00:19:21et donc ça donne l'impression d'un rapiessage.
00:19:25Pourtant, il dit que les plus riches vont être mis à contribution
00:19:28ainsi que les entreprises qui font plus d'un milliard de chiffres d'affaires
00:19:31mais de manière temporaire, c'est ça ?
00:19:34De manière temporaire, c'est une mesure.
00:19:36Ce qui est assez bizarre, c'est qu'on a un déficit permanent
00:19:39et que les mesures de hausse des impôts pour les plus riches et pour les grandes entreprises,
00:19:45on nous dit que ça sera divisé par deux l'année prochaine
00:19:48et ça sera supprimé au bout de deux ans, ce qui n'a aucune cohérence.
00:19:53Est-ce que c'est simplement un effet d'annonce pour faire passer la pibule aux millions de Français
00:19:57qui eux, par contre, vont payer très cher avec les nouvelles taxes sur l'énergie
00:20:02mais aussi avec l'inflation qui est toujours là, les retraites qui vont être gelées ?
00:20:06Est-ce que c'est simplement de la com' pour dire
00:20:08« Regardez, tout le monde fait un effort, même les plus riches ».
00:20:11C'est de la com', naturellement, il fallait faire quelque chose
00:20:14compte tenu du discours qu'avaient tenus les forces de gauche
00:20:20disant qu'on peut prendre de l'argent là où il est, chez les riches et les grandes entreprises.
00:20:24Le gouvernement, lui, en prend un petit peu de manière temporaire.
00:20:29La vérité, c'est que ce sont, encore une fois, les Français qui vont payer pour les erreurs
00:20:34de ceux qui étaient censés gérer les finances publiques et éviter cet emballement déficitaire.
00:20:40Oui, il y a eu un aveuglement, si on peut dire, des gouvernements
00:20:47qui n'ont pas vu que les rentrées fiscales étaient très mauvaises,
00:20:53que les collectivités locales dépensaient plus.
00:20:57Et là, ils ont été obligés d'avouer la vérité.
00:21:02Oui, mais avant cela, ils ont tout fait pour la masquer, cette vérité.
00:21:06Si on écoute Laurent Saint-Martin, il explique que personne n'est à blâmer pour ça.
00:21:10C'est un état de fait, que tout le monde en France est habitué à la dépense.
00:21:14Ce n'est pas vrai. Il y a beaucoup de Français qui font attention à ce qu'ils dépensent au cours du mois.
00:21:20On a l'impression, en revanche, que l'État, lui, a du mal à régler son train de vie.
00:21:24On apprend, par exemple, ce matin, par la lettre, que, alors que tout le monde doit faire des efforts,
00:21:28l'Élysée va augmenter son budget de 3 millions pour son budget de 2025.
00:21:33Oui, c'est-à-dire que, normalement, pour des raisons de communication,
00:21:39comme vous dites, il faudrait que l'austérité soit généralisée.
00:21:43Il faudrait des gestes symboliques, comme une réduction du salaire du président de la République,
00:21:50ou des ministres, ou des parlementaires.
00:21:53Ce n'est pas ce qui est fait. On peut le regretter, bien sûr.
00:21:57Quand on parle de ces thématiques, encore une fois, Laurent Saint-Martin lui parle de populisme,
00:22:02d'anti-parlementarisme, quand on critique le fait que les députés aient pu augmenter leurs frais de mandat,
00:22:08que les sénateurs, également, aient eu une augmentation.
00:22:11Yael Brone-Pivet, qui est présidente de l'Assemblée nationale,
00:22:14explique qu'il n'y a pas d'économie à trouver à l'Assemblée nationale.
00:22:16Tout est déjà ric-rac et parfaitement calculé.
00:22:20C'est inentendable, en fait, par la plupart des Français.
00:22:23Ce n'est pas populiste de dire ça.
00:22:24C'est inentendable, mais en sens inverse.
00:22:27Il ne faut pas croire que les milliards qui nous manquent,
00:22:30on peut les avoir simplement sur les députés, les sénateurs, les ministres.
00:22:36Naturellement, il faut aller plus profond.
00:22:39Mais c'est vrai aussi qu'il faut des gestes symboliques.
00:22:42Alors, vous parliez du NFP tout à l'heure,
00:22:45qui n'a pas eu la chance de pouvoir former un gouvernement,
00:22:49malgré la proposition de Lucie Castex pour être première ministre.
00:22:52Quelles auraient été d'autres solutions,
00:22:56compte tenu de l'ampleur de la catastrophe budgétaire,
00:22:59que ce budget proposé par Michel Barnier ?
00:23:02Où aller chercher les milliards manquants ?
00:23:04La proposition du Nouveau Front Populaire,
00:23:07c'était de les trouver chez les grosses entreprises et chez les riches.
00:23:12Il faut se rappeler que le gouvernement,
00:23:16depuis l'arrivée au pouvoir de Macron,
00:23:19les impôts ont baissé d'environ 70 milliards.
00:23:22Donc, c'est les 70 milliards qui nous manquent aujourd'hui.
00:23:27Donc, la proposition de la gauche,
00:23:30c'était d'abord de revoir tous les dispositifs d'aide aux entreprises non ciblées,
00:23:37de mieux cibler les exonérations de cotisations,
00:23:42mieux cibler le crédit impôt recherche,
00:23:46d'augmenter le prélèvement forfaitaire libératoire,
00:23:49qui actuellement est à 30% et qui pourrait être augmenté par exemple à 40%,
00:23:55et puis de créer un impôt sur le patrimoine,
00:23:59sachant que c'est une idée qui progresse à l'échelle mondiale,
00:24:03les plus riches qui ont des patrimoines élevés
00:24:07et qui réussissent à ne pas payer d'impôts par des procédés d'optimisation fiscale,
00:24:12on pourrait les mettre à contribution.
00:24:14Mais est-ce que ce budget finalement,
00:24:16et ce que fait Michel Barnier,
00:24:17ce n'est pas un désaveu des 7 ans d'Emmanuel Macron,
00:24:20de cette politique des cadeaux aux riches,
00:24:23pour dire c'est fini, on siffle la faim,
00:24:25même si c'est de la communication aujourd'hui,
00:24:27mais on acte le fait qu'Emmanuel Macron c'est un échec aujourd'hui.
00:24:31Oui c'est un échec, c'est-à-dire que l'idée de Macron c'était,
00:24:34on réduit les impôts des riches et les impôts des grandes entreprises,
00:24:39à ce moment-là ces gens-là vont venir investir massivement
00:24:43et ça va donner un coup de fouet à l'économie
00:24:45qui va d'abord améliorer le sort des plus pauvres
00:24:49et qui va nous permettre d'équilibrer notre budget.
00:24:52Mais malheureusement ça n'a pas marché,
00:24:54il y a eu peut-être des effets un peu favorables,
00:24:57en particulier sur l'embauche, grâce à la subvention aux apprentissages,
00:25:02mais globalement on se retrouve avec un budget en déficit,
00:25:07il n'y a pas eu de miracle,
00:25:09on n'a pas récupéré la réduction de 70 milliards d'impôts
00:25:16par une activité plus forte.
00:25:18Et la suppression de l'ISF qui se retrouve aujourd'hui compensée
00:25:21avec quelque chose qui ne s'appelle pas l'ISF
00:25:23mais qui ressemble fortement,
00:25:25c'est la contribution temporaire
00:25:28mais qui va essayer de récupérer les milliards perdus par l'ISF,
00:25:33là encore c'est un autre désaveu.
00:25:35Oui c'est un désaveu,
00:25:37compte tenu du mécontentement populaire,
00:25:40on est obligé de faire quelque chose sur les plus riches,
00:25:43on prend une mesure qui est un peu compliquée,
00:25:46mais on ne frappe pas en plus les vrais riches,
00:25:50les plus riches c'est des gens qui accumulent leurs dividendes,
00:25:55leurs plus-values dans un coffre,
00:25:58dans une institution financière ad hoc
00:26:00et qui du coup ne payent pratiquement pas d'impôts sur le revenu.
00:26:04Et ces gens-là, on continue à ne pas les toucher,
00:26:07on touche les millionnaires et pas vraiment les milliardaires.
00:26:12Qui eux de toute façon sont très loin de tous ces débats en réalité.
00:26:16La question qui se pose quand même,
00:26:18quand on voit les mouvements en Martinique contre la vie chère,
00:26:22on voit qu'il y a quand même un ras-le-bol des Français
00:26:25par rapport à l'inflation, par rapport au niveau de vie,
00:26:28est-ce qu'à un moment le consentement à l'impôt ne va pas poser problème,
00:26:31sachant qu'on est déjà beaucoup ponctionné en France ?
00:26:36Oui bien sûr,
00:26:38la France jusqu'à présent bénéficiait
00:26:42d'un consentement à l'impôt relativement fort.
00:26:45Bon, il y a eu des mouvements à certains moments,
00:26:48il faut se rappeler Poujade,
00:26:50puis même les gilets jaunes,
00:26:52contre toute hausse d'impôts.
00:26:54Donc naturellement, il faut faire très attention
00:26:57si un gouvernement veut augmenter les impôts,
00:27:00il faut que ce soit juste,
00:27:02il faut que ça apparaisse comme légitime,
00:27:05c'est pour ça que taxer les plus riches et les grandes entreprises,
00:27:08ça paraît légitime.
00:27:11Même des mesures comme augmenter le prix de l'électricité
00:27:16ou baisser les remboursements santé,
00:27:19ça paraît au contraire comme des mesures antisociales.
00:27:23Et l'autre question que tout le monde se pose,
00:27:25c'est où va l'argent des Français ?
00:27:27Puisque avec 48% d'impôts,
00:27:31des taux d'imposition qui ont augmenté,
00:27:33même si les plus riches en payent moins,
00:27:35on se rend compte que les caisses sont vides,
00:27:37que les services publics sont en piètre état,
00:27:39qu'il faut faire des économies systématiquement,
00:27:41où va l'argent des Français ?
00:27:43Vous savez, il n'y a pas de mystère, je veux dire,
00:27:46on peut se plaindre, mais dans certains domaines,
00:27:49on a un système qui, grosso modo, est satisfaisant.
00:27:53On a des retraités qui ont le même niveau de vie que les actifs,
00:27:56c'est une particularité française.
00:27:58Pour plus, pour certains.
00:28:00Disons équivalent.
00:28:02C'est une particularité française.
00:28:05Dans beaucoup de pays, les retraités sont beaucoup plus pauvres
00:28:08que les actifs.
00:28:10On a un système d'éducation
00:28:15public ou privé relativement développé.
00:28:19Il faut savoir que l'enseignement privé est payé
00:28:22également par nos impôts.
00:28:24On est un des pays où les remboursements maladie
00:28:27sont les plus élevés.
00:28:29Donc tout ça, ça coûte de l'argent.
00:28:32Tout ça, on voit que c'est ce qui est en jeu actuellement.
00:28:36La réforme des retraites,
00:28:38la réforme de l'assurance maladie,
00:28:40la réforme de l'assurance chômage,
00:28:42encore des économies pour l'éducation,
00:28:44et puis on ne parle pas de l'état catastrophique
00:28:46de l'hôpital public.
00:28:48Il y a quand même une question sur l'efficacité
00:28:50de la dépense publique.
00:28:51Oui, il y a une question d'efficacité,
00:28:53c'est-à-dire qu'il faudrait sans doute
00:28:56augmenter les dépenses dans certains secteurs,
00:29:01mais ça doit s'accompagner d'une réflexion
00:29:04sur la manière dont on fonctionne.
00:29:07En matière de santé, par exemple,
00:29:09on a des revenus exorbitants de certains médecins,
00:29:13aussi bien à l'hôpital que parmi les libéraux,
00:29:18et on n'a pas un fonctionnement satisfaisant
00:29:23entre les hôpitaux et le système privé.
00:29:27Donc là également, il y a des réformes à faire
00:29:31pour que, par exemple, le malade ne subisse pas
00:29:35plusieurs fois le même examen radiologique
00:29:37ou biologique, etc.
00:29:39Il faut travailler sur les deux côtés.
00:29:47Parce qu'on a l'impression que, effectivement,
00:29:50ce sont un peu toujours les mêmes qui payent,
00:29:52et qu'il n'y a pas vraiment de contrôle.
00:29:54Ou alors, la question qui se pose,
00:29:56c'est sur les instruments de prévision.
00:29:58Comment se fait-il qu'on navigue à vue
00:30:01au sommet de l'État à Bercy,
00:30:03et qu'on soit incapable de prévoir
00:30:05quand les recettes ne sont pas suffisantes ?
00:30:07Il y a un problème de gouvernance, là.
00:30:09Oui, il y a un problème de gouvernance.
00:30:12Il y a eu des erreurs qui ont été faites à Bercy,
00:30:15que Bercy vient nous expliquer maintenant,
00:30:17mais bon, il aurait pu y penser avant.
00:30:20Il y a le fait que les collectivités locales
00:30:22ont dépensé plus, ce qui est un peu normal
00:30:26compte tenu de la proximité des élections municipales.
00:30:29Les collectivités locales ont perdu beaucoup d'argent
00:30:32parce que les droits de mutation ont baissé,
00:30:35et en même temps, ils ont dû augmenter leurs salariés.
00:30:38Donc tout ça fait qu'il y a eu un déséquilibre
00:30:41au niveau des collectivités locales.
00:30:43Il y a le problème de la retraite,
00:30:45où on a revalorisé la retraite de 5%
00:30:48pour compenser l'inflation de l'année précédente.
00:30:53Donc naturellement, ça a pesé.
00:30:57Et puis surtout, les prévisionnistes de Bercy
00:31:03n'ont pas vu que la situation des entreprises
00:31:06ne s'améliorait pas,
00:31:08et donc que les rentrées de l'IS
00:31:10étaient beaucoup plus faibles.
00:31:12C'est ça qui nous a tués, si on peut dire.
00:31:16On est au fond du trou.
00:31:19On va parler des prévisionnistes de Bercy
00:31:21de ce problème de planification budgétaire,
00:31:24et puis de revenir avec vous, Henri Sterdyniak,
00:31:27sur ce nouveau budget.
00:31:29Si vous souhaitez poser vos questions,
00:31:310 826 300 300, au standard de Sud Radio,
00:31:33on se retrouve dans un instant.
00:31:39Et on se retrouve avec notre invité,
00:31:41Henri Sterdyniak, fondateur des Économistes Atterrés,
00:31:44pour commenter le budget proposé par Michel Barnier
00:31:48après le déficit imposé par Bruno Le Maire.
00:31:51Vous êtes nombreux à nous appeler ce matin
00:31:53et à vouloir réagir.
00:31:55Avec nous, au standard, Dominique de Rochefort.
00:31:57Bonjour.
00:31:59Oui, bonjour Yves Poulain.
00:32:01Merci de prendre mon appel.
00:32:03Et effectivement, j'avais plusieurs remarques
00:32:05à faire rapidement.
00:32:07Concernant, par exemple, les retraites.
00:32:09On parle du rattrapage de cette année,
00:32:11parce que je parle de rattrapage
00:32:13à 5,3% des retraites, d'augmentation.
00:32:16Mais il faut savoir que des tas d'années précédentes
00:32:19n'ont pas du tout été indexées sur l'inflation.
00:32:21Il y a même des années où il n'y a pas eu
00:32:23d'augmentation des retraites,
00:32:25ce qui fait que c'est quasiment nul.
00:32:27Donc ça, c'est la première des choses,
00:32:29donc ce n'est pas ça qui pèse.
00:32:31La deuxième chose, c'est qu'il faut savoir
00:32:33que les retraites du public sont payées à 75%
00:32:35par le privé, c'est-à-dire par nous tous,
00:32:37tous les citoyens.
00:32:39Le système de retraite du public n'est absolument
00:32:41pas du tout à l'équilibre,
00:32:43alors que celui du privé est beaucoup plus équilibré.
00:32:46Et puis, la deuxième chose aussi,
00:32:48c'est la fraude.
00:32:50Il y a une fraude énorme, et l'État ne s'attaque
00:32:52toujours pas à la fraude,
00:32:54ni au montage financier et société
00:32:56pour faire de l'évasion fiscale.
00:32:58Et quand on regarde tout ça,
00:33:00tous ces milliards qu'il y a, qui sont évalués
00:33:02par des tas de gens spécialistes,
00:33:04on s'aperçoit que l'argent, en fin de compte,
00:33:06il ne manque pas. Il faut aller chercher
00:33:08là où il est. Et par contre, c'est le citoyen
00:33:10qui se fait inquiéter en permanence
00:33:12avec des surtaxes, des inventions
00:33:14de taxes carbone...
00:33:16C'est vraiment ahurissant.
00:33:18Et moi, j'aimerais bien avoir votre invité
00:33:20qui parle un peu de ces choses-là,
00:33:22parce que je le trouve très complaisant
00:33:24avec le budget. Il n'est pas très...
00:33:26On va donner la parole, alors
00:33:28merci Dominique, on va donner la parole
00:33:30à Henri Cerdignac
00:33:32à propos des retraites et
00:33:34du fait du peu
00:33:36d'énergie qui est mis pour lutter contre la fraude
00:33:38par le gouvernement.
00:33:40Les retraites,
00:33:42jusqu'à présent, ont été indexées
00:33:44sur l'inflation.
00:33:46Voilà, donc, dans la crise
00:33:48que nous connaissons,
00:33:50la poussée d'inflation,
00:33:52les retraités n'ont pas
00:33:54subi, jusqu'à présent,
00:33:56de perte de pouvoir d'achat. On peut s'en féliciter,
00:33:58on peut le regretter,
00:34:00mais c'est comme ça.
00:34:02Donc, on peut dire que ce n'est pas un sujet.
00:34:04Ensuite, la lutte contre la fraude,
00:34:06bien sûr,
00:34:08le grand problème,
00:34:10c'est l'optimisation fiscale
00:34:12des grandes entreprises
00:34:14qui déclarent
00:34:16des profits
00:34:18ailleurs qu'en France.
00:34:20Là, on vient d'apprendre que
00:34:24le budget irlandais étant sûr
00:34:26est largement
00:34:28excédentaire. C'est des
00:34:30sociétés qui préfèrent
00:34:32déclarer leurs profits
00:34:34en Irlande qu'en France.
00:34:36Une lutte importante est nécessaire.
00:34:38On peut penser que le gouvernement
00:34:40n'en fait pas assez.
00:34:42On a des
00:34:44contraintes européennes qui nous empêchent
00:34:46malheureusement de faire
00:34:48ce qu'on pourrait faire.
00:34:50C'est quoi les contraintes européennes, en l'occurrence ?
00:34:52Les contraintes européennes,
00:34:54en l'occurrence, c'est qu'on n'a pas
00:34:56le droit, par exemple, de faire
00:34:58l'exit tax, de taxer
00:35:00les Français qui vont
00:35:02s'installer en Belgique, leur dire
00:35:04avant de s'installer en Belgique,
00:35:06payer vos
00:35:08impôts en France.
00:35:10On n'a pas le droit d'empêcher
00:35:12une société de dire
00:35:14à partir de maintenant, mon siège social
00:35:16c'est aux Pays-Bas et ce n'est plus en France.
00:35:18Voilà tout ça.
00:35:20C'est vrai que c'est un vrai problème.
00:35:22C'est un vrai problème et
00:35:24à l'échelle mondiale, on n'a pas le droit
00:35:26de faire ce qu'on aimerait faire,
00:35:28c'est-à-dire de prendre globalement l'entreprise.
00:35:30Au total, vous faites
00:35:32100 milliards de bénéfices.
00:35:34La France, c'est 20%
00:35:36de votre chiffre d'affaires,
00:35:38donc vous devez être
00:35:40taxé sur 20 milliards.
00:35:42Jusqu'à présent, ce n'est pas ce qu'on
00:35:44peut faire.
00:35:46Alors que les Etats-Unis, eux, tout ressentissant
00:35:48américain, doit payer ses impôts aux Etats-Unis
00:35:50où qu'ils se trouvent sur la planète.
00:35:52Ce n'est pas du tout la même façon de voir les choses.
00:35:54Les Etats-Unis ont de ce point de vue
00:35:56un système beaucoup plus
00:35:58perfectionné
00:36:00que la France, que la France n'ose pas
00:36:02mettre en oeuvre. Et je répète,
00:36:04les contraintes européennes
00:36:06nous empêchent de taxer
00:36:08un Français qui va s'installer
00:36:10dans un pays de l'Union
00:36:12Européenne. De même, on ne peut pas empêcher
00:36:14une entreprise de se délocaliser
00:36:16en Bulgarie, en Roumanie,
00:36:18pour profiter des salaires plus bas.
00:36:20L'Europe est très
00:36:22contraignante de ce point de vue.
00:36:24Elle impose même quasiment ces choses-là.
00:36:26Pourtant, Pierre Moscovici
00:36:28a été commissaire européen, il a voulu s'attaquer
00:36:30aux codes de conduite,
00:36:32à ces paradis fiscaux
00:36:34intra-européens. Il n'a rien fait, évidemment.
00:36:36Il a fait une liste grise des paradis fiscaux,
00:36:38mais il n'a pas inclus Malte,
00:36:40il n'a pas inclus la Belgique,
00:36:42l'Irlande, les Pays-Bas, etc.
00:36:44Le problème, c'est que les paradis fiscaux, on n'a pas le droit
00:36:46de dire, de dénoncer
00:36:48les plus grands paradis fiscaux
00:36:50qui sont quand même, un,
00:36:52l'Irlande, deux, les Pays-Bas, trois,
00:36:54la Belgique.
00:36:56Qui sont membres fondateurs de l'Union Européenne.
00:36:58Qui sont membres fondateurs
00:37:00de l'Union Européenne.
00:37:04La contrainte européenne, elle est importante.
00:37:06On a des taux d'intérêt
00:37:08de 3% qui ne correspondent pas
00:37:10à notre situation économique.
00:37:12Il faudrait,
00:37:14si par hasard, étant donné
00:37:16qu'on est contraint de faire une politique
00:37:18budgétaire restrictive, ce serait bien
00:37:20qu'on ait des taux d'intérêt plus bas pour compenser.
00:37:22Bon, c'est pas ce que
00:37:24la BCE fait.
00:37:26Et ça, c'est aussi le problème de transparence.
00:37:28Est-ce que vous pensez que ce budget
00:37:30va
00:37:32rassurer, entre guillemets,
00:37:34les agences de notation qui
00:37:36pourraient revoir à la hausse
00:37:38les taux d'intérêt de la dette française
00:37:40en dégradant la note de notation
00:37:42de la France sur les marchés ?
00:37:44Les marchés financiers nous ont
00:37:46déjà punis. Puisque
00:37:48avant la dissolution,
00:37:50on avait un écart de taux
00:37:52d'intérêt de 0,4%
00:37:54avec l'Allemagne. Et depuis, c'est passé
00:37:56à 0,8%.
00:37:58Les agences de notation pénalisent
00:38:00la France parce qu'elles considèrent
00:38:02que notre situation est
00:38:04un peu fragile.
00:38:06Et jusqu'à présent,
00:38:08le budget n'a pas fait baisser
00:38:10cet écart
00:38:12de taux.
00:38:14Le problème qu'il faut voir aussi,
00:38:16c'est que ce budget aura
00:38:18des effets récessifs sur
00:38:20l'économie française.
00:38:22Donc, ça ne va pas rassurer
00:38:24les marchés financiers si
00:38:26l'année prochaine, on a une croissance
00:38:28de très faible 0,5%
00:38:30parce que
00:38:32le
00:38:34poids de
00:38:36l'austérité budgétaire,
00:38:38ça va réduire
00:38:40forcément l'activité.
00:38:42Merci beaucoup Henri Serdignac
00:38:44d'avoir commenté avec nous
00:38:46ce budget et les difficultés de la France
00:38:48pris dans le déficit
00:38:50et la dette. On va se retrouver
00:38:52en deuxième partie d'émission
00:38:54pour parler avec
00:38:56Georges Fenech, ancien magistrat
00:38:58de l'ensauvagement de la France,
00:39:00la responsabilité des juges et des politiques
00:39:02quand on voit les nombreuses affaires
00:39:04de tueurs à gage de 14 ans,
00:39:06des gangs, mais aussi de la sécurité
00:39:08grandissante. Si vous souhaitez
00:39:10réagir ou poser vos questions,
00:39:120 826 300 300, c'est le numéro
00:39:14du standard de Sud Radio.
00:39:16A tout de suite pour la deuxième heure de Poulain sans réserve.
00:39:18Sud Radio
00:39:20midi 14h,
00:39:22Alexis Poulain, sans réserve.
00:39:24Et on se retrouve
00:39:26avec notre invité
00:39:28pour parler de l'insécurité
00:39:30en France, mais aussi de la question
00:39:32qui revient toujours, celle de
00:39:34la justice par rapport
00:39:36à ces crimes de plus en plus violents
00:39:38par des délinquants, des criminels
00:39:40de plus en plus jeunes, tueurs à gage de 14 ans
00:39:42recrutés pour 50 000 euros
00:39:44pour tuer n'importe qui d'un gang rival
00:39:46mais aussi les meurtres
00:39:48par des migrants sous OQTF
00:39:50récidivistes.
00:39:52Et puis toujours cette question
00:39:54qui est responsable ? C'est Georges Fenech,
00:39:56ancien magistrat, ancien député, qui a écrit
00:39:58ce livre, L'Ensauvagement
00:40:00de la France, la responsabilité des juges
00:40:02et des politiques aux éditions du Rocher.
00:40:04Bonjour M. Fenech. Bonjour. Merci d'être avec nous.
00:40:06Ce constat, il n'est pas
00:40:08neuf, en fait,
00:40:10de l'ensauvagement.
00:40:12On se rappelle de Nicolas Sarkozy, de ses mots.
00:40:14Gérald Darmanin est passé au ministère
00:40:16de l'Intérieur, lui aussi avec des mots assez forts.
00:40:18Aujourd'hui, Bruno Retailleau arrive
00:40:20également avec l'envie d'en découdre
00:40:22et pourtant, la France
00:40:24continue d'accumuler
00:40:26de plus en plus de violences, de plus en plus
00:40:28d'incivilités et
00:40:30un sentiment d'insécurité qui n'est pas un sentiment
00:40:32qui est une réalité de l'insécurité en France.
00:40:34Vous savez, ça n'est pas nouveau,
00:40:36vous avez raison, et moi ça fait maintenant
00:40:38j'ai de le dire, ça fait plus de 40 ans
00:40:40que je dénonce
00:40:42cette dérive
00:40:44et que nous avions vu venir
00:40:46depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir
00:40:48en 1981 et la politique de
00:40:50Robert Maninter,
00:40:52toutes les prémices de ce qui est en train de se passer
00:40:54aujourd'hui. D'ailleurs, mon premier
00:40:56livre, je dirais le tome 1 de celui-ci,
00:40:58s'appelait Tolérance Zéro que j'avais écrit en
00:41:002001, au moment des campagnes présidentielles
00:41:02et
00:41:04tout a finalement
00:41:06continué à s'aggraver
00:41:08depuis l'arrivée de cette
00:41:10doctrine nouvelle
00:41:12de la culture de l'excuse.
00:41:14On considère en réalité
00:41:16que le crime criminel, c'est un sous-produit
00:41:18de la misère, un peu une vision
00:41:20marxiste de la criminalité
00:41:22que donc il faut lutter contre la misère
00:41:24et nous lutterons contre la délinquance.
00:41:26Ça n'est pas vrai. Et donc
00:41:28ces 40 dernières années,
00:41:30il y a des responsables, c'est le sous-titre
00:41:32de mon livre, les responsabilités des
00:41:34juges qui ont
00:41:36mis en place cette culture
00:41:38de l'excuse,
00:41:40et puis la responsabilité des politiques
00:41:42qui ont détricoté
00:41:44tous les textes répressifs,
00:41:46quand je dis tout, je caricature
00:41:48un petit peu, mais qui ont finalement
00:41:50dévitalisé la notion de
00:41:52sanctions, qui n'ont pas construit
00:41:54les places de prison
00:41:56qui étaient nécessaires, tout un ensemble
00:41:58de choses qui fait qu'aujourd'hui,
00:42:00nous n'avons pas de réponse pénale
00:42:02et quand vous n'avez pas de réponse pénale,
00:42:04vous avez un sentiment, et plus qu'un sentiment,
00:42:06d'impunité qui s'installe et donc
00:42:08une délinquance qui explose.
00:42:10Mais est-ce que c'est seulement
00:42:12la justice qui est responsable
00:42:14ou est-ce que aussi les moyens
00:42:16de la police, on se souvient
00:42:18de Nicolas Sarkozy qui fait le choix
00:42:20d'arrêter la police de proximité,
00:42:22la difficulté de recrutement aussi, les nombreuses
00:42:24démissions dans la gendarmerie et la police,
00:42:26est-ce qu'il n'y a pas là
00:42:28un problème plus large
00:42:30où la France a laissé
00:42:32totalement les cartels,
00:42:34enfin les gangs du moins,
00:42:36faire ce qu'ils voulaient dans les territoires perdus
00:42:38entre guillemets de la République ?
00:42:40La question des moyens que vous soulevez, elle est réelle.
00:42:42Moi j'ai toujours connu dans l'exercice
00:42:44de mes fonctions de magistrat
00:42:46des difficultés matérielles
00:42:48de fonctionnement, toujours.
00:42:50La police aussi, on le sait,
00:42:52manque de moyens, manque de véhicules,
00:42:56manque je dirais
00:42:58d'effectifs, enfin bon,
00:43:00citer la police de proximité
00:43:02ce n'est pas à mon avis
00:43:04ce qui a le plus pénalisé, encore que ça a été
00:43:06de mon point de vue une erreur.
00:43:08Mais au-delà de la question des moyens,
00:43:10c'est une question
00:43:12de volonté politique,
00:43:14plus qu'une question de moyens.
00:43:16Vous savez, la police, elle fait quand même, malgré tout,
00:43:18malgré ses difficultés,
00:43:20elle fait
00:43:22son travail.
00:43:24Elle est sur le terrain, elle procède
00:43:26à des interpellations.
00:43:28Et donc, au-delà de cette
00:43:30pénurie où se manque de moyens,
00:43:32encore que le retard a été quand même
00:43:34en partie, simplement en partie
00:43:36comblée, il y a
00:43:38une question idéologique
00:43:40et une question de volonté politique qui me paraît
00:43:42la véritable cause
00:43:44de ce que nous vivons aujourd'hui.
00:43:46On l'a cru par
00:43:48humanisme, ce qui est louable en soi,
00:43:50on l'a cru par une forme
00:43:52d'angélisme, c'était le terme qu'avait
00:43:54employé Lionel Jospin, souvenez-vous.
00:43:56J'ai cru, j'ai eu péché par
00:43:58humanisme, j'ai cru qu'en faisant reculer
00:44:00la misère, je ferais, en faisant reculer
00:44:02le chômage, je ferais reculer la délinquance.
00:44:04Donc, c'est ce prisme idéologique
00:44:06erroné en réalité, parce que toute
00:44:08politique pénale repose sur ces
00:44:10deux pieds, la prévention et la répression.
00:44:12Si vous ne faites comme on l'a fait, malheureusement,
00:44:14trop de prévention
00:44:16au détriment de la répression, ça ne marche pas.
00:44:18Si vous ne faites que de la répression, ça n'a
00:44:20aucun sens. Donc, il faut rappeler
00:44:22les deux.
00:44:24Pour l'instant, on a toujours marché
00:44:26avec bras lents, parce que, et la place
00:44:28Vendôme, et la place Beauvau,
00:44:30n'ont jamais, je dois le dire,
00:44:32marché du même pied.
00:44:34Que ce soit sous la gauche,
00:44:36ou sous la droite, et je peux vous faire
00:44:38tout l'historique que j'ai fait dans ce petit
00:44:40Lion, depuis Badinter
00:44:42qui fait railler avec Gaston Defer,
00:44:44à tel point que Mitterrand les a convoqués en disant
00:44:46maintenant vous arrêtez votre petit jeu,
00:44:48ça suffit.
00:44:50On pourrait citer la guérilla
00:44:52entre Chevènement et Mme Guigou,
00:44:54à droite, entre Brice Hortefeux
00:44:56et Michel Iomari, quand elle était mise
00:44:58à justice.
00:45:00Je ne vous parle pas de Valls avec
00:45:02Taubira, ça a été un incendiaire,
00:45:04un incendiaire, avec des lettres au Président
00:45:06de la République, etc.
00:45:08Et puis ensuite, on a bien vu
00:45:10un peu un fleuret moucheté
00:45:12entre Éric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin
00:45:14en sauvagement,
00:45:16c'est pas les termes que j'emploie.
00:45:18– La France n'est pas un coup de gorge.
00:45:20– Vous vous souvenez ?
00:45:22J'avais un petit peu espéré
00:45:24qu'avec M. Barnier qui arrive, peut-être qu'on aura
00:45:26enfin un duo
00:45:28qui se comprend, qui parle
00:45:30la même langue.
00:45:32Et non, on a Bruno Retailleau,
00:45:34Blaise Beauvau et Didier Migaud
00:45:36qui sont vraiment, sont
00:45:38contraires, totalement.
00:45:40C'est pas un jugement de valeur que je vous donne
00:45:42sur les hommes, attention, c'est sur des lignes
00:45:44politiques. Et donc,
00:45:46on n'en sortira pas tant qu'on aura...
00:45:48– On a l'impression que c'est fait exprès,
00:45:50automatiquement, le casting gouvernemental
00:45:52veut mettre des gens antinomiques
00:45:54à Beauvau et...
00:45:56– Pour se neutraliser.
00:45:58– C'est quand même impressionnant.
00:46:00Mais par rapport au-delà des moyens
00:46:02qui seraient à mettre,
00:46:04est-ce qu'il n'y a pas des choses simples à faire
00:46:06quand on sait que dans les prisons de France,
00:46:08les caïds ont leur téléphone portable
00:46:10et gèrent leurs tueurs
00:46:12à distance, que ce soit
00:46:14pour l'évasion d'un des leurs
00:46:16ou bien le meurtre d'un opposant.
00:46:18Comment c'est possible qu'il y ait autant de téléphones portables
00:46:20qui se baladent en prison par exemple ?
00:46:22– Vous savez combien on en saisit par an ?
00:46:24Environ, entre les téléphones portables
00:46:26et les pièces de portable et tout,
00:46:28c'est à peu près 50 000 saisies par an
00:46:30dans les prisons françaises.
00:46:32C'est un fléau total.
00:46:34On ne maîtrise plus.
00:46:36Comment se fait-il ? C'est la question
00:46:38que tout le monde se pose, y compris moi-même.
00:46:40Comment se fait-il qu'on n'arrive pas
00:46:42à rendre nos prisons étanches,
00:46:44de ce point de vue-là ?
00:46:46– Il y a différentes explications qu'on nous fournit.
00:46:48D'abord, il y a
00:46:50tout ce qui arrive de désert,
00:46:52maintenant, avec les drones,
00:46:54les jets, etc., dans les cours.
00:46:56Ça, on devrait pouvoir
00:46:58y remédier, ne serait-ce que
00:47:00par la pose de filins, par exemple.
00:47:02On nous dit que les brouilleurs,
00:47:04ça ne marche pas vraiment,
00:47:06parce que le temps qu'on installe un brouilleur,
00:47:08il y a une nouvelle génération qui arrive avec la 5G,
00:47:10ça ne brouille plus rien.
00:47:12Ou alors, on ne veut pas non plus
00:47:14tout un secteur, tout un quartier.
00:47:16On nous dit ceci.
00:47:18Il y a aussi, on ne le dit pas,
00:47:20mais c'est une réalité, une volonté
00:47:22aussi de laisser parler le téléphone portable.
00:47:24Parce que pour les services de renseignement,
00:47:26notamment pénitentiaires, c'est une source
00:47:28d'information. Mais attention, c'est très dangereux.
00:47:30On voit bien celui qui a commandité
00:47:32le crime de ce jeune
00:47:34de 14 ans, qui a exécuté
00:47:36froidement un chauffeur
00:47:38de VTC,
00:47:40eh bien, il avait
00:47:42quatre portables dans sa cellule.
00:47:44Et n'oubliez pas que le portable,
00:47:46c'est aussi l'accès à Internet.
00:47:48Et donc, c'est l'accès à éventuellement
00:47:50des réseaux terroristes, comme on l'a vu
00:47:52en 2012, 2013, 2014
00:47:54et 2015. Et donc,
00:47:56voilà.
00:47:58Et puis, on a ensuite l'évasion
00:48:00d'Amra. Tout était
00:48:02parfaitement programmé.
00:48:04Vous voyez bien que la prison ne fait plus peur,
00:48:06au fond. C'est ça,
00:48:08ce déchaînement de violence.
00:48:10La prison ne fait plus peur, dans la mesure...
00:48:12On sait d'abord qu'on n'exécutera pas sa peine.
00:48:14On n'exécutera pas. En tout cas, loin
00:48:16de sa totalité. Que, ma foi,
00:48:18les conditions de détention, elles sont quand même
00:48:20relativement supportables.
00:48:22Qu'on a le droit à son téléphone portable.
00:48:24On a le droit à son chit.
00:48:26Et que, finalement, ça permet de se reposer un petit peu.
00:48:28De préparer la prochaine étape.
00:48:30Et de se mettre peut-être à l'abri.
00:48:32Et continuer ses affaires, depuis sa cellule.
00:48:34Je veux dire, on est des amateurs.
00:48:36Alors que la drogue,
00:48:38la grande criminalité, telle qu'on vient d'assister,
00:48:40encore une fois, récemment à Grenoble,
00:48:42avec cette attaque de Faubon,
00:48:44c'est une véritable guerre contre cette criminalité qu'il faut mener.
00:48:46Or, on ne l'amène pas avec les moyens
00:48:48qui seraient nécessaires.
00:48:50L'autre déni, c'est les armes.
00:48:52On a l'impression aussi qu'il n'y a pas
00:48:54vraiment de tasse-force
00:48:56ou de volonté d'aller saisir
00:48:58toutes les caches d'armes qu'il y a en France.
00:49:00Puisqu'on voit que c'est des fusils d'assaut, maintenant,
00:49:02qui sont utilisés, des Kalachnikovs.
00:49:04Et moi, je me rappelle,
00:49:06lors de l'épisode Tchétchène à Dijon,
00:49:08le maire de Dijon disant qu'il ne voyait pas d'armes,
00:49:10alors que les vidéos circulaient
00:49:12des dealers qui exhibaient
00:49:14leur dernier modèle de pistole automatique.
00:49:16Bien sûr, bien sûr.
00:49:18Vous savez, depuis la guerre des Balkans,
00:49:20on sait très bien qu'il y a eu une arrivée massive
00:49:22de Kalachnikovs et d'armes lourdes
00:49:24qui sont quasiment
00:49:26pas en mante libre,
00:49:28mais que les truands, en tout cas,
00:49:30peuvent se procurer relativement facilement.
00:49:32Pour un prix
00:49:34assez dérisoire, finalement.
00:49:36En quelques centaines d'euros, vous pouvez acheter une Kalachnikov.
00:49:38Et donc,
00:49:40entre les mains d'un jeune de 14 ou 15 ou 16 ans,
00:49:42ou n'importe quelle main,
00:49:44bien sûr, c'est redoutable
00:49:46et c'est aussi
00:49:48un moyen
00:49:50supplémentaire, si vous voulez,
00:49:52pour ces bandes-là d'affronter
00:49:54notamment nos forces de police.
00:49:56Et la police, alors,
00:49:58justement, vous dites qu'elle fait ce qu'elle peut,
00:50:00est-ce qu'il n'y a pas
00:50:02justement une fatigue
00:50:04de voir que les peines ne sont pas
00:50:06exécutées, que finalement
00:50:08ce jeu du gendarme
00:50:10et du voleur, il ne sert à rien ?
00:50:12On voit des opérations de communication comme Place Net
00:50:14qui ne changent rien,
00:50:16après, à l'état du deal et l'état de la guerre
00:50:18des gangs à Marseille, par exemple.
00:50:20Écoutez, là, souvenez-vous
00:50:22de ce cri de colère,
00:50:24de cri du cœur de la police devant
00:50:26l'Assemblée nationale. Le problème de la police, c'est la justice.
00:50:28On les arrête,
00:50:30ils les relâchent. En gros, c'est ça.
00:50:32Malheureusement, ce n'est pas une caricature,
00:50:34c'est une réalité.
00:50:36Et pourquoi on est arrivé là ? Je vous disais tout à l'heure
00:50:38une question idéologique, parce que la prison,
00:50:40aux yeux de certains magistrats,
00:50:42une catégorie en tout cas,
00:50:44c'est criminogène, donc il faut
00:50:46l'éviter à tout prix, alors que les Pays-Bas
00:50:48viennent de démontrer tout le contraire, que les courtes
00:50:50peines d'emprisonnement sont dissuasives
00:50:52et salutaires pour des jeunes
00:50:54qui comprennent et qui vont arrêter
00:50:56leur délinquance
00:50:58et ne jamais tomber dans la grande criminalité.
00:51:00Ensuite, la police
00:51:02est confrontée à cet
00:51:04état de fait que tout ce travail
00:51:06qui s'inscrit dans le cadre d'une chaîne pénale,
00:51:08d'une chaîne répressive, il y a un maillon
00:51:10qui est faible, un maillon
00:51:12qui n'est pas suffisamment
00:51:14dissuasif, c'est celui
00:51:16de la justice et de la réponse pénale.
00:51:18On va continuer de parler de la justice,
00:51:20de la réponse pénale et des
00:51:22responsabilités politiques aussi
00:51:24dans cette situation française,
00:51:26avec notre invité Georges Fenech.
00:51:28Si vous souhaitez réagir, posez
00:51:30vos questions à notre invité 0 826
00:51:32300 300 au standard de Sud Radio. A tout de suite.
00:51:34Sud Radio
00:51:36midi 14h
00:51:38Alexis Poulin, sans réserve.
00:51:40Et on se retrouve avec
00:51:42notre invité, l'ancien
00:51:44juge et ancien député Georges Fenech,
00:51:46auteur de « L'Ensauvagement de la France » aux éditions
00:51:48du Rocher, un livre
00:51:50pour parler de cette situation
00:51:52française où on voit bien
00:51:54la flambée de violence qui n'en
00:51:56finit pas et aucune réponse
00:51:58politique, c'est ce que vous dites dans ce livre
00:52:00finalement, qu'il y a eu des choix idéologiques
00:52:02qui ont été faits depuis les années 70
00:52:04en quelque sorte, donc c'est assez loin
00:52:06et qu'on paye aujourd'hui
00:52:08le prix de ce
00:52:10choix de dire « nous devons
00:52:12faire de la prévention et finalement
00:52:14police-justice, c'est
00:52:16pas quelque chose qui doit travailler ensemble. »
00:52:18Oui, je suis désolé de
00:52:20faire ce constat, croyez-moi bien
00:52:22parce que je suis profondément attaché
00:52:24au métier
00:52:26de magistrat, qui est
00:52:28ma légitimité, je m'exprime
00:52:30dans cette qualité en réalité.
00:52:32Vraiment, je
00:52:34suis navré de voir que
00:52:36ce terme-là
00:52:38est d'idéologie
00:52:40si vous voulez, ce poison,
00:52:42une forme de politisation de la justice
00:52:44qui a infiltré effectivement
00:52:46les fins des années 70
00:52:48et qui a prospéré, qui a
00:52:50essaimé, d'ailleurs
00:52:52« L'Essent » c'est le titre de la
00:52:54revue syndicale du syndicat de l'administrature
00:52:56et qui a essaimé partout,
00:52:58au-delà même de la justice, dans les
00:53:00médias, dans la classe politique
00:53:02et dans tous les cercles
00:53:04de réflexion, avec
00:53:06un certain prisme et donc
00:53:08aujourd'hui, on en est
00:53:10dans une situation où effectivement
00:53:12la justice qui depuis ces années-là
00:53:14professe une certaine
00:53:16doctrine, celle de la défense sociale
00:53:18nouvelle, de Marc Ancel,
00:53:20qui a été importée d'Italie,
00:53:22elle se résumait en deux mots,
00:53:24dans les années 60,
00:53:26précisément les années 74,
00:53:28l'apparition
00:53:30est à ce moment-là,
00:53:32« soyez partiaux ».
00:53:34J'en reprends une extinction,
00:53:36cette fameuse harangue
00:53:38d'Oswald Baudot, qui était un magistrat
00:53:40à l'époque, donc décédé aujourd'hui,
00:53:42qui s'adressant à des futurs
00:53:44magistrats qui avaient terminé leur scolarité
00:53:46à Bordeaux,
00:53:48il y avait une réunion qui se tenait à Marseille,
00:53:50les auditeurs de justice
00:53:52ont été subjugués,
00:53:54convertis,
00:53:56je dirais, à cette nouvelle religion
00:53:58par ce fameux
00:54:00serment d'Oswald Baudot qui leur a
00:54:02dit, en gros,
00:54:04« soyez partiaux,
00:54:06soyez les défenseurs naturels de la femme
00:54:08contre le mari,
00:54:10soyez les défenseurs naturels de l'enfant contre le père,
00:54:12de l'ouvrier contre le patron,
00:54:14du voleur
00:54:16contre la police
00:54:18et du plaideur contre la justice ».
00:54:20C'est un programme de
00:54:22déconstruction, pierre par
00:54:24pierre, du système répressif.
00:54:26Et vous allez me dire « mais M. Fenech, vous parlez
00:54:28il y a 50 ans, là ».
00:54:30Oui, sauf que cette
00:54:32vision a
00:54:34prospéré et est toujours d'actualité.
00:54:36J'en veux pour preuve
00:54:38le scandale qui est
00:54:40apparu aux yeux de tous les Français en 2013
00:54:42avec la fameuse affaire
00:54:44du mur des cons, où on a vu
00:54:46tout à coup, dans un local syndical de
00:54:48magistrats, épinglé sur
00:54:50un mur, des têtes de Turcs
00:54:52de supposés gens opposés
00:54:54à la justice. Parmi eux,
00:54:56il y avait notamment deux pères de famille
00:54:58dont Jean-Pierre
00:55:00Escarfaille, chef d'entreprise
00:55:02dont la fille, Pascale,
00:55:0420 ans, était la première victime de Guy Georges
00:55:06et qui va consacrer
00:55:08toute sa vie à travers une association,
00:55:10Pax, pour mieux lutter contre les tueurs
00:55:12en série. C'est ce qu'il lui a valu d'avoir sa tête
00:55:14dans un trombinoscope de mur des cons
00:55:16de magistrats. Donc, vous voyez
00:55:18qu'elle est toujours là, cette idéologie.
00:55:20Et elle est coupable. Elle est plus que
00:55:22responsable. Elle est coupable.
00:55:24Moi, je n'aimerais pas
00:55:26être à leur place dans certaines affaires.
00:55:28Je parle du niveau de la
00:55:30conscience. Je n'aimerais même pas être à la place
00:55:32de la juge qui a signé
00:55:34la libération d'un QTF
00:55:36en le disant très clairement qu'il allait
00:55:38récidiver. Je n'aimerais pas.
00:55:40À force de vouloir faire du
00:55:42juridisme, etc.,
00:55:44avec une forme de parti pris, quelque part,
00:55:46pour un respect
00:55:48très scrupuleux d'une forme de juridisme.
00:55:50Mais c'est ainsi.
00:55:52C'est ainsi. Comment est-ce possible ?
00:55:54Voilà.
00:55:56Le crime, finalement, c'est le prix
00:55:58à payer pour nos libertés.
00:56:00Il ne faut pas trop de sécurité.
00:56:02Il ne faut pas trop sacrifier
00:56:04de ses libertés. Et puis, que voulez-vous
00:56:06le criminel ? Encore une fois, il a
00:56:08des excuses.
00:56:10Il a des discriminations
00:56:12sociales, ethniques, dont il est la victime.
00:56:14En réalité, le criminel, c'est la première
00:56:16des victimes, comme le
00:56:18clandestin qui est lui-même
00:56:20créancier d'une
00:56:22dette que nous avons, du crime
00:56:24colonial que nous avons commis. Donc,
00:56:26il faut le laisser rentrer. Au fond, vous avez
00:56:28cette vision d'une France, aujourd'hui,
00:56:30sans prison et sans frontières.
00:56:32Vous allez peut-être
00:56:34trouver que j'exagère, voyez-vous.
00:56:36Mais je vous assure que je n'exagère
00:56:38pas beaucoup et que,
00:56:40finalement, la justice
00:56:42ne remplit plus ses missions.
00:56:44Qu'est-ce qu'on demande à un juge ? Appliquer
00:56:46la loi, non pas la réécrire
00:56:48à sa façon. Il n'a pas
00:56:50la légitimité pour le faire. On lui demande
00:56:52d'appliquer la loi avec la marge
00:56:54nécessaire d'appréciation.
00:56:56Bien entendu, la justice, elle est humaine, elle s'applique
00:56:58à des cas concrets. Mais ne pas
00:57:00écarter la loi quand elle ne lui plaît pas
00:57:02ou ne pas la réinventer.
00:57:04Et c'est ce qui est en train de se passer aujourd'hui.
00:57:06C'est-à-dire qu'il y a
00:57:08cette idéologie-là, elle est
00:57:10présente encore à l'école
00:57:12de la magistrature pour la formation des magistrats ?
00:57:14Oui, c'est pour ça que moi, j'y suis passé
00:57:16à cette école, donc j'ai vécu
00:57:18cet endoctrinement, cette tentative
00:57:20en ce qui me concerne.
00:57:22Mais, moi, je reste
00:57:24persuadé qu'il faut
00:57:26revoir le mode de recrutement
00:57:28et de formation des magistrats.
00:57:30Vous savez, moi,
00:57:32j'étais procureur à 24 ans,
00:57:34sans expérience de la vie.
00:57:36Le fait de réussir un
00:57:38concours, parce que ça vous donne
00:57:40vraiment cette légitimité d'avoir un permis
00:57:42de juger en poche aux citoyens,
00:57:44je pense
00:57:46qu'il faudrait vraiment réfléchir à un mode
00:57:48de recrutement qui s'ouvre
00:57:50beaucoup plus largement à la société
00:57:52civile. Des gens d'expérience
00:57:54qui ont 15 ans, de barreaux, de commissaires,
00:57:56de journalistes, de chefs d'entreprise.
00:57:58La vie, quoi.
00:58:00Juger l'acte technique, c'est pas
00:58:02compliqué. C'est pas compliqué
00:58:04apprendre à rédiger
00:58:06une ordonnance ou un réquisitoire. Ce qui est
00:58:08très compliqué, ce qui ne s'apprend pas à l'école,
00:58:10c'est l'expérience de la vie.
00:58:12C'est comme dans les pays anglo-saxons,
00:58:14on devient magistrat qu'après
00:58:16une longue carrière. Il y a même des pays
00:58:18où on est élu, donc c'est la légitimité.
00:58:20Chez nous,
00:58:22ça existe, le recrutement latéral,
00:58:24comme on dit, existe. Mais
00:58:26je pense qu'il faut vraiment développer
00:58:28de manière beaucoup plus large.
00:58:30Aujourd'hui, c'est un problème d'expérience
00:58:32qui aboutit à ça, plus le problème idéologique.
00:58:34Les français
00:58:36commencent à en avoir marre
00:58:38un peu de voir que
00:58:40le constat est là. Il est partagé
00:58:42par de nombreux commentateurs, anciens
00:58:44magistrats, anciens policiers.
00:58:46Et aujourd'hui,
00:58:48on a Didier Migaud à la tête de l'institution
00:58:50justice qui n'a pas l'intention
00:58:52de changer quoi que ce soit.
00:58:54Non seulement il n'aura
00:58:56pas l'intention, puisqu'il a
00:58:58clairement, lors de la passation des pouvoirs,
00:59:00affiché,
00:59:02et ce n'est pas critiquable en soi,
00:59:04c'est sa personnalité,
00:59:06il a affiché sa filiation idéologique.
00:59:08Il a cité les noms de
00:59:10Badinter, Taubira,
00:59:12donc il est dans cette filiation.
00:59:14Donc ça continuera.
00:59:16Ce qu'a fait Taubira, c'est ce que faisait
00:59:18Badinter dans les années 80.
00:59:20Ce qu'a fait Pelloubet, c'est ce qui s'inscrit
00:59:22dans la lignée de
00:59:24Madame Taubira, et Dupont-Moretti aussi.
00:59:26D'ailleurs, toujours la première chose
00:59:28qu'ils ont faite, toujours étant nommés, ils ont tout de suite
00:59:30appelé au téléphone Robert
00:59:32Badinter, qui était
00:59:34l'autorité de tutelle morale, qui était un grand
00:59:36avocat, un grand humaniste.
00:59:38J'ai beaucoup de respect pour cet homme-là.
00:59:40Mais cette vision
00:59:42concernant la justice pénale,
00:59:44que j'ai combattue, c'est-à-dire pour ça que je me suis
00:59:46engagé syndicalement au sein de l'administrature,
00:59:48c'est pour combattre cette doctrine.
00:59:50Nous ne sommes pas arrivés.
00:59:52On l'a fait souvent au détriment, croyez-bien,
00:59:54de nos propres intérêts et de nos propres carrières.
00:59:56Et donc, monsieur
00:59:58Migaud, il l'est dans cette logique.
01:00:00Vous ne pouvez pas lui demander de faire autre chose
01:00:02qu'à quoi il croit. Et en plus,
01:00:04dans un gouvernement qui n'a pas de majorité
01:00:06politique
01:00:08bien lisible, ça va être compliqué de réformer
01:00:10la justice.
01:00:12On se retrouve dans un instant.
01:00:14Si vous souhaitez poser vos questions, 0826
01:00:16300 300, pour parler avec
01:00:18Georges Fenech, ancien magistrat
01:00:20de l'ensauvagement de la France et de la responsabilité
01:00:22politique et de la responsabilité des juges
01:00:24dans cette situation
01:00:26assez catastrophique. A tout de suite sur Sud Radio.
01:00:28Et tout de suite,
01:00:30on continue de parler
01:00:32de la situation de la justice,
01:00:34de la police et de la sécurité en France
01:00:36avec notre invité Georges Fenech,
01:00:38auteur de L'Ensauvagement de la France
01:00:40aux éditions du Rocher, constat fait
01:00:42depuis des années, livre
01:00:44qui est paru en 2023. En 2024,
01:00:46on voit que s'enchaînent les victimes
01:00:48innocentes, s'enchaînent aussi
01:00:50les débats qui n'auraient pas lieu d'être.
01:00:52Vous l'avez dit tout à l'heure, je n'aimerais pas être
01:00:54à la place de ce juge qui a libéré
01:00:56ce violeur sous OQTF, sachant qu'il était
01:00:58dangereux. Eh bien,
01:01:00ça continue et certains trouvent des excuses
01:01:02à ce choix
01:01:04de libérer des
01:01:06personnalités dangereuses.
01:01:08Dans la nature, il y a aussi cette famille
01:01:10qui a perdu sa fille de deux ans
01:01:12massacrée à coups de couteau
01:01:14et qui voit une remise de peine pour son
01:01:16meurtrier qui était lui aussi mineur pendant les faits.
01:01:18On voit l'âge des
01:01:20criminels baisser.
01:01:22Est-ce qu'il y a un problème aussi psychologique
01:01:24dans la société qui fait que
01:01:26de plus en plus tôt,
01:01:28on a affaire à des profils
01:01:30extrêmement dangereux, jusqu'à remettre
01:01:32en cause l'excuse de minorité ?
01:01:34Oui, alors là, vous touchez du doigt le
01:01:36véritable problème en réalité,
01:01:38le véritable défi qui était
01:01:40devant nous, c'est celui de la
01:01:42délinquance des mineurs
01:01:44qui était
01:01:46toujours encore
01:01:48régie par l'ordonnance de 1945
01:01:50juste à la fin de la guerre.
01:01:52Vous avez un préambule
01:01:54extraordinaire que je vous invite à lire
01:01:56de l'ordonnance de 1945 qui dit que la France
01:01:58n'est pas assez riche de ses enfants sains, etc.
01:02:00Les pères ont été tués à la
01:02:02guerre, il y avait beaucoup d'enfants orphelins
01:02:04et il y avait une délinquance de mineurs
01:02:06mais c'était plus, je dirais, des
01:02:08chiens perdus sans collier de Gilbert
01:02:10que des gens avec la Kalachnikov
01:02:12d'aujourd'hui, ça ne devait rien avoir.
01:02:14Donc, l'idée, c'était le
01:02:16primat de l'éducatif.
01:02:18Voilà, le tout éducatif
01:02:20qui pouvait se concevoir parfaitement
01:02:22à cette époque-là. Aujourd'hui, c'est plus
01:02:24la même délinquance, c'est plus la même criminalité,
01:02:26ce ne sont plus les mêmes jeunes.
01:02:28Et on a eu, je ne sais pas, au moins 60 réformes
01:02:30à la marge de cette
01:02:32ordonnance depuis 1945.
01:02:34Et il y a eu surtout le Code pénal des mineurs
01:02:36sous Mme Belloubet qui a été mis en place
01:02:38par M. Dupont-Moretti
01:02:40qui était une réforme mais vraiment
01:02:42à contresens historique.
01:02:44Au lieu d'aller dans un sens de plus grande fermeté,
01:02:46de réfléchir effectivement
01:02:48à ce que vous évoquez, c'est-à-dire
01:02:50la question de l'excuse de minorité
01:02:52mais également
01:02:54de la sanction
01:02:58qu'il faut réserver
01:03:00à ces mineurs-là.
01:03:02Or, qu'a fait ce Code pénal des mineurs,
01:03:04je vous parle de 2021,
01:03:06il a créé
01:03:08ce qu'on appelle la césure
01:03:10du procès pénal.
01:03:12C'est-à-dire que lorsqu'un mineur comparaît
01:03:14devant un tribunal pour enfant aujourd'hui,
01:03:16le tribunal va le consacrer à une audience
01:03:18et lui dira
01:03:20à l'issue de l'audience
01:03:22s'il est coupable ou non coupable, matériellement,
01:03:24des faits.
01:03:26Mais il va renvoyer à une seconde audience
01:03:28qui a lieu 9 mois plus tard
01:03:30pour savoir quelle serait éventuellement
01:03:32la peine qu'on pourrait lui infliger
01:03:34en fonction de l'évolution
01:03:36de son comportement, etc.
01:03:38Comment voulez-vous qu'un jeune
01:03:40qui commette des trafics de drogue,
01:03:42des violences, des attaques au couteau,
01:03:44tout ce que vous voudrez,
01:03:46quand il comparaît d'un tribunal,
01:03:48il rentre chez lui le soir ?
01:03:50Comment voulez-vous qu'il puisse comprendre
01:03:52quand on a 14 ou 15 ans
01:03:54la gravité
01:03:56de ce qu'il vient de commettre ?
01:03:58Donc quand je dis que c'est une réforme à contresens historique,
01:04:00et d'ailleurs,
01:04:02c'est un peu aperçu, puisque M. Attal,
01:04:04en quittant Matignon,
01:04:06il laisse dans les tiroirs,
01:04:08l'a-t-il dit, une réforme
01:04:10pour les mineurs, où il faudra des comparutions
01:04:12immédiates.
01:04:14Il faudra peut-être revoir la question des courtes peines
01:04:16d'emprisonnement qu'on a supprimées.
01:04:18On a supprimé les courtes peines d'emprisonnement.
01:04:20Donc, c'est le véritable défi.
01:04:22N'entendez pas,
01:04:24à travers ce que je vous dis,
01:04:26qu'il faille incarcérer à tout prix
01:04:28des mineurs primo-délinquants.
01:04:30Il faut des sanctions qui soient
01:04:32compréhensibles, lisibles.
01:04:34Quand vous condamnez un mineur
01:04:36à une admonestation, il ne comprend pas ce que ça veut dire.
01:04:38Je peux rentrer chez moi ?
01:04:40Mais oui, tu peux rentrer chez toi.
01:04:42Il rentre chez lui, on lui dit
01:04:44dans le quartier, mais alors, qu'est-ce qu'on t'a fait ?
01:04:46Ben, rien. Et quand il recommence,
01:04:48le tribunal lui dit, oh, on t'avait déjà prévenu.
01:04:50Cette fois-ci, tu n'as pas tenu compte
01:04:52de nos avertissements.
01:04:54En guise de sanctions, nous te condamnons
01:04:56à une remise à parents.
01:04:58Je peux rentrer chez moi ? Mais oui, tu peux rentrer chez toi.
01:05:00Il rentre chez lui,
01:05:02et dans son quartier, rien.
01:05:04Il devient un caïd.
01:05:06Le gamin de 15 ans, il a affronté
01:05:08la police, la justice, on lui fait
01:05:10rien. Au bout de la
01:05:1230e fois, parce qu'entre-temps,
01:05:14il y aura eu du sursis,
01:05:16des libertés sur les préjudiciels,
01:05:18du sursis avec mise à l'épreuve,
01:05:20il y aura tout un panel absolument extraordinaire
01:05:22pour lui éviter ne serait-ce qu'un
01:05:24jour de prison.
01:05:26Donc, quand il arrive à la 30e
01:05:28condamnation, j'en ai vu des casiers
01:05:30judiciaires à rallonge de cette façon-là,
01:05:32et que là, il est devenu majeur
01:05:34entre-temps. 18 ans là,
01:05:36il ne compare plus devant
01:05:38des magistrats qui ont fait
01:05:40l'école de la magistrature.
01:05:42Il compare devant un jury citoyen.
01:05:44C'est pas du tout la même chose.
01:05:46Il compare pour un vol avec arme,
01:05:488 ans.
01:05:50Quoi ? Je vais faire 8 ans de prison ?
01:05:52Et pourquoi
01:05:54il ne m'a pas prévenu plus tôt ?
01:05:56Si vous ne tuez pas,
01:05:58ne tuez pas dans le...
01:06:00Moi, je vais vous raconter, j'ai le temps,
01:06:02une petite anecdote
01:06:04que je raconte dans mon livre.
01:06:06J'étais face à la passerelle du palais de justice
01:06:08de Lyon, où j'ai exercé mes fonctions.
01:06:10Notamment des instructions des mineurs.
01:06:14En bord de Saône.
01:06:16Quelques petites années.
01:06:18Et là, j'entends, monsieur le juge,
01:06:20je me retourne,
01:06:22je vois un homme d'une quarantaine d'années,
01:06:24de type nord-africain, disons.
01:06:28Vous êtes monsieur Fay, je dis oui.
01:06:30Et il me dit, merci monsieur le juge.
01:06:32Je lui dis, mais de quoi ?
01:06:34Il m'a dit, vous n'en souvenez pas ? Vous êtes le premier,
01:06:36vous m'avez mis en prison, j'avais 16 ans.
01:06:38J'ai passé 15 jours. Merci.
01:06:40J'ai compris ce jour-là.
01:06:42Vous m'avez fait comprendre. Je suis marié,
01:06:44je travaille, j'ai trois enfants.
01:06:46Merci monsieur le juge. Et il est parti.
01:06:48Vous voyez où ?
01:06:50S'il n'y a pas...
01:06:52Quand vous aimez vos enfants,
01:06:56vous leur faites comprendre
01:06:58la manière dont ils doivent comprendre
01:07:00qu'ils doivent respecter
01:07:02l'autorité,
01:07:04respecter la loi.
01:07:06Si vous ne leur faites pas comprendre cela,
01:07:08vous ne leur rendez pas service.
01:07:10Vous les entraînez
01:07:12dans une dérive.
01:07:14Et ce jeune de 14 ans, qui tue froidement,
01:07:16il avait combien ?
01:07:18Il avait combien de condamnations à son cas judiciaire ?
01:07:20Il va exécuter de manière gratuite
01:07:22un père de famille, un chauffeur,
01:07:24en lui mettant une balle à bout touchant ?
01:07:26Il avait dix condamnations
01:07:28à son cas judiciaire.
01:07:30Il réfléchissait.
01:07:32Il n'y a pas des responsabilités à ce niveau-là ?
01:07:34Éducative, évidemment, lourde.
01:07:36Un vrai problème de société
01:07:38où on laisse glisser
01:07:40évidemment tous les enfants
01:07:42qui ont des profils à problème comme ça.
01:07:44Avec nous,
01:07:46au standard, Sandrine qui souhaitait réagir.
01:07:48Bonjour, Sandrine.
01:07:50Alors, bonjour, monsieur Premier Alexis
01:07:52et bonjour, monsieur Georges Chemin.
01:07:54Je suis très contente de vous avoir
01:07:56à l'antenne.
01:07:58Je voulais parler justement
01:08:00par rapport à la justice d'une question.
01:08:02Je vous écoute.
01:08:04Ma question, c'est...
01:08:06J'ai la sensation que
01:08:08le problème éducatif
01:08:10et
01:08:12les problèmes
01:08:14de cette...
01:08:16Enfin, on sent qu'il y a une mafia
01:08:18au niveau des trafics de drogue, des trafiquants, tout ça.
01:08:20Que les juges, en fait,
01:08:22deviennent... Enfin, il y a un problème de corruption.
01:08:24On sent qu'ils ont peur.
01:08:26Et par contre, pour nous,
01:08:28on va manifester... Alors, moi, je suis agricultrice.
01:08:30On va
01:08:32à un moment donné exprimer
01:08:34notre colère parce que
01:08:36là, il y a
01:08:38effectivement des agriculteurs qui ont été jugés
01:08:40et là, ça va très vite.
01:08:42C'est le deux poids, deux mesures. Voilà ma question.
01:08:44Merci beaucoup, Sandrine.
01:08:46Alors, le deux poids, deux mesures de la justice,
01:08:48on a l'impression que, oui, pour certains,
01:08:50c'est facile de juger.
01:08:52Et pour les profils à problème,
01:08:54il ne faudrait surtout pas toucher parce que
01:08:56ce serait mal vu ou ça créerait
01:08:58une tension. On le voit, ça, parfois.
01:09:00Oui, moi, ce que j'avais relevé,
01:09:02quand il y a eu ces manifestations
01:09:04de paysans,
01:09:06d'agriculteurs,
01:09:08ils ont été placés en garde à vue
01:09:10d'une possibilité quand même
01:09:12des poursuites
01:09:14qu'on ne voit pas toujours
01:09:16quand il s'agit de la délinquance
01:09:18de droit commun, je dirais. La vraie délinquance.
01:09:20Parce que les agriculteurs ne sont pas des délinquants.
01:09:22Bon.
01:09:24C'est vrai qu'il y a plus de
01:09:26courage, malheureusement,
01:09:28je dirais, à s'en prendre
01:09:30à des gens qui ne sont pas des délinquants d'habitude
01:09:32qu'aux délinquants d'habitude. Voilà.
01:09:34Parce que le délinquant d'habitude est devenu une espèce de totem.
01:09:36Il est, pour certains,
01:09:38l'incarnation
01:09:40de tout le mot
01:09:42de notre civilisation,
01:09:44de ce que nous avons fait de mal dans notre histoire,
01:09:46etc. Et donc, il incarne
01:09:48cette, comment dirais-je,
01:09:50cette mauvaise conscience, voyez-vous.
01:09:52Et donc, il faut tout faire
01:09:54pour lui dire, tu as le droit finalement
01:09:56de faire ce que tu fais parce que
01:09:58c'est nous qui t'avons amené là, finalement,
01:10:00par nos erreurs. Mais c'est pas lui rendre
01:10:02service de lui dire ça. Parce que c'est lui dire
01:10:04tout est permis, finalement.
01:10:06Et ce sont des jeunes qui terminent leur vie
01:10:08des fois à 25, à 30 ans,
01:10:10sans espoir de fonder une famille,
01:10:12d'avoir un travail, etc.
01:10:14Le trafic de drogue ne mène nulle part.
01:10:16Et ce sont des jeunes qui sont prêts à prendre
01:10:18tous les risques aujourd'hui, y compris
01:10:20de laisser leur peau dans des règlements de comptes
01:10:22par l'argent facile, etc.
01:10:24Parce qu'on leur a pas montré autre chose.
01:10:26C'est vrai que c'est assez terrible.
01:10:28Aussi, on voit
01:10:30certains s'étaient scandalisés de cette affiche
01:10:32en mémoire de Philippine,
01:10:34qui a dû avoir 20 ans il y a de ça quelques jours,
01:10:36tué par un migrant
01:10:38illégal sous OQTF, déjà condamné
01:10:40pour viol, en disant qu'il fallait
01:10:42pas faire un lien, que c'était scandaleux
01:10:44de faire une telle récupération.
01:10:46Or, c'est un fait.
01:10:48On a affaire quand même à un profil
01:10:50dangereux qui n'était
01:10:52pas français et qui a été condamné
01:10:54déjà sur le territoire national pour viol
01:10:56et qui est relâché,
01:10:58comme on le disait, sachant qu'il avait
01:11:00ce profil dangereux. On peut comprendre
01:11:02que cette affaire, cette malheureuse
01:11:04Philippine mériterait à elle toute seule
01:11:06une commission d'enquête parlementaire.
01:11:08Comme on l'avait fait,
01:11:10moi j'y étais à l'époque pour l'affaire Dutroux.
01:11:12On avait fait une commission d'enquête parlementaire
01:11:14pour comprendre les dysfonctionnements.
01:11:16Parce que cette affaire finalement,
01:11:18elle rassemble tous les dysfonctionnements
01:11:20qu'on peut imaginer.
01:11:22À commencer par ce jeune
01:11:24qui est déjà commis un viol
01:11:26et qui est incarcéré. Pourquoi
01:11:286 mois avant sa libération,
01:11:30on connaît la date de sa libération,
01:11:32pourquoi 6 mois avant
01:11:34on ne prépare pas son expulsion ?
01:11:36Pourquoi attendre le jour de sa sortie,
01:11:38le mettre sous QTF et ensuite voir comment on peut
01:11:40obtenir un laissé-passer ?
01:11:42Vous le faites 6 mois à l'avance.
01:11:44Je vais le libérer et vous demandez
01:11:46au Maroc un
01:11:48laissé-passer au moment où il sera...
01:11:50Moi, je me souviens, quand j'étais
01:11:52j'instructionnaire, je faisais très attention à ça.
01:11:54Quand je savais que j'allais rendre une ordonnance de non-lieu
01:11:56par exemple pour un étranger clandestin,
01:11:58je prévenais bien en amont, la préfecture,
01:12:00prenez vos dispositions.
01:12:02De déjà première question, puis après il y a tellement d'autres questions
01:12:04qui se posent. Mais cette affaire philippine
01:12:06vraiment, c'est la traduction
01:12:08de notre
01:12:10incapacité, notre aveuglement
01:12:12voire pire, notre idéologie
01:12:14par rapport à une certaine forme de criminalité.
01:12:18Est-ce que vous pensez que Bruno Retailleau va pouvoir
01:12:20changer la donne
01:12:22au ministère de l'Intérieur ou est-ce qu'il va être
01:12:24confronté au même
01:12:26dysfonctionnement, au même problème ?
01:12:28Il pourra changer la donne s'il a le soutien
01:12:30du Premier ministre.
01:12:32Si on le laisse faire.
01:12:34Mais si
01:12:36il n'a pas de
01:12:38marge de manœuvre,
01:12:40malheureusement, il se heurtera un mur.
01:12:42Et il faudrait aussi
01:12:44qu'il ait du répondant
01:12:46du côté du ministère de la Justice.
01:12:48Parce que l'Italie vient de nous montrer
01:12:50que c'est possible. L'Italie,
01:12:52Mme Mélanie, vient de nous montrer
01:12:54qu'ils ont réduit de 65% l'immigration
01:12:56clandestine. Donc ça veut dire que c'est possible
01:12:58quelque part. Donc,
01:13:00il a des leviers en tant que
01:13:02ministre de l'Intérieur, par décret, par arrêté,
01:13:04mais
01:13:06il n'a pas tous les leviers.
01:13:08Il lui faudra une confiance
01:13:10du Premier ministre,
01:13:12il y aura sans doute
01:13:14des arbitrages qui seront faits avec la place
01:13:16Vendôme, le ministère de la Justice,
01:13:18et puis ensuite il lui faudra
01:13:20franchir, je dirais,
01:13:22les fourches codines,
01:13:24pour prendre cette expression,
01:13:26de la magistrature,
01:13:28du Conseil d'État,
01:13:30des cours européennes,
01:13:32etc. Donc la marge de manœuvre,
01:13:34elle est quand même difficile.
01:13:36Il va falloir prendre le vent,
01:13:38mais enfin c'est un vent des uns,
01:13:40prendre le vent peut-être de face,
01:13:42quelquefois, mais le franchir.
01:13:44On va marquer une pause et se retrouver
01:13:46dans un instant avec vous, Georges Fenech,
01:13:48on sera magistrat, auteur de
01:13:50L'Ensauvagement de la France, la responsabilité
01:13:52des juges et des politiques aux éditions
01:13:54du Rocher, et vous pourrez bien sûr
01:13:56poser vos questions, 0826 300 300,
01:13:58à tout de suite sur Sud Radio.
01:14:00Sud Radio
01:14:02Sud Radio, midi 14h,
01:14:04Alexis Poulin,
01:14:06sans réserve.
01:14:08Et on se retrouve pour
01:14:10continuer de parler de la situation
01:14:12sécuritaire, mais aussi de la justice
01:14:14en France avec Georges Fenech,
01:14:16ancien magistrat, ancien député, auteur de
01:14:18L'Ensauvagement de la France, aux éditions du Rocher,
01:14:20une situation
01:14:22qui est perfectible,
01:14:24est-ce qu'il y a aujourd'hui des choses qui
01:14:26seraient facilement
01:14:28qu'on pourrait mettre en place,
01:14:30que les pouvoirs publics pourraient mettre en place
01:14:32pour déjà changer la donne ?
01:14:34En matière de sécurité ?
01:14:36En matière de sécurité, de police, de justice.
01:14:38Écoutez,
01:14:40les choses simples, je crois pas,
01:14:42je pense que c'est un travail qui va être
01:14:44fait en profondeur,
01:14:46sur la longue durée,
01:14:50parce que vous imaginez bien que
01:14:52les questions qui nous préoccupent
01:14:54aujourd'hui ne relèvent pas uniquement de la justice,
01:14:56et uniquement de la place bourreau.
01:14:58Donc c'est tout notre système
01:15:00éducatif, système
01:15:02de responsabilité parentale,
01:15:04donc ça dépasse largement.
01:15:06Faut pas non plus
01:15:08accabler trop la justice
01:15:10et la police de vouloir régler tous les maux de la société.
01:15:12Non, ils arrivent trop tard, quand ils sont là,
01:15:14c'est que c'est déjà un peu trop tard.
01:15:16Ça veut dire qu'il y a eu une faille quelque part,
01:15:18il y a eu des défaillances quelque part.
01:15:20Donc c'est tout notre système éducatif.
01:15:22Peut-être rétablir à l'école
01:15:24ce que moi j'ai connu
01:15:26quand j'étais enfant,
01:15:28les leçons de morale,
01:15:30l'instruction civique, rappeler ce que c'est que la citoyenneté,
01:15:34voire peut-être aussi à l'adolescence
01:15:38faire un parcours
01:15:40obligé de citoyenneté.
01:15:42C'est un peu l'idée derrière le SNU,
01:15:44sans doute.
01:15:46C'est ça, le rendre peut-être obligatoire.
01:15:48Pourquoi pas ? Il faut y réfléchir.
01:15:50Donc vous voyez, c'est un travail
01:15:52d'une génération.
01:15:54Après, évidemment,
01:15:56il faut
01:15:58faire aimer notre pays, ses valeurs.
01:16:00Et ça, c'est une question
01:16:02sentimentale, ça ne se décrète pas.
01:16:04Comment faire que ces jeunes qui sont
01:16:06en rupture de banc, il faut bien le dire,
01:16:08dans leur quartier,
01:16:10tout à coup se disent
01:16:12je suis dans un beau pays,
01:16:14j'y suis né, je suis français,
01:16:16et français à part entière,
01:16:18et je vais respecter son histoire,
01:16:20je vais respecter ses traditions, ses valeurs.
01:16:22Voilà, comment faire en sorte
01:16:24qu'on retrouve ce goût,
01:16:26l'expression égale vaudait, de vivre ensemble
01:16:28au-delà de ses différences,
01:16:30au-delà de sa religion, etc.
01:16:32Retrouver
01:16:34ce creuset républicain
01:16:36avant que ne se réalise
01:16:38cette prophétie
01:16:40qui de plus en plus se révèle
01:16:42malheureusement
01:16:44vrai, qu'avait lancé
01:16:46Gérard Collomb, que j'ai bien
01:16:48connu à Lyon,
01:16:50et qui en quittant ses fonctions,
01:16:52il avait dit à Place Beauvau
01:16:54nous vivons aujourd'hui côte à côte,
01:16:56je crains que demain nous soyons face à face.
01:16:58C'était assez glaçant.
01:17:00C'était glaçant, mais qu'est-ce
01:17:02qui s'est passé l'été dernier,
01:17:04sinon toutes ces émeutes ?
01:17:06Et donc on en est là.
01:17:08Donc ne demandez pas à la justice
01:17:10et à la police
01:17:12de régler un problème qui est beaucoup plus profond.
01:17:14La justice et la police doivent être là.
01:17:16C'est le rempart de notre République.
01:17:18Et malheureusement, je le disais,
01:17:20il y a des défaillances au niveau de la réponse pénale.
01:17:22Mais c'est un travail qui combat
01:17:24au-delà de ces deux institutions.
01:17:26Un travail
01:17:28civilisationnel, générationnel,
01:17:30un long travail.
01:17:32Bien sûr.
01:17:34C'est à vous, Ostambar, Richard
01:17:36de Toulouse, qui souhaiterait agir. Bonjour Richard.
01:17:38Oui, bonjour à vous.
01:17:40C'est intéressant
01:17:42d'entendre
01:17:44votre vision.
01:17:46Et en vous écoutant, j'avais une question.
01:17:48Est-ce que
01:17:50quelque part, on n'assiste pas à une faillite
01:17:52depuis, on va dire,
01:17:54qu'on a perdu les valeurs
01:17:56du bouddhisme, du vrai ?
01:17:58Et on les trouve à tous les étages.
01:18:00Et je me pose la question par rapport
01:18:02comment
01:18:04on fait à enrayer ça ?
01:18:06Et je me posais la question de
01:18:08la classe politique qu'on a pu mettre en place,
01:18:10ou médiatique, ou au sein de
01:18:12notre justice, voire de notre police aussi.
01:18:14Est-ce que ce n'est pas une classe
01:18:16qui quelque part...
01:18:22Est-ce que ce n'est pas une classe qui quelque part
01:18:26est homogène
01:18:28et a une vision
01:18:30du peuple
01:18:32négative, en fait ?
01:18:34On ne doit pas respecter la volonté du peuple.
01:18:36Est-ce que la franc-maçonnerie n'est pas
01:18:38finalement le dénominateur commun
01:18:40de toute cette classe ? Ne faut-il pas mettre de la transparence
01:18:42pour savoir qui est qui ?
01:18:44Quand on vote, on ne sait pas qui est qui.
01:18:46Merci, Richard, pour cette réaction.
01:18:48Alors, l'homogénéité de la classe
01:18:50dirigeante, au-delà des loges,
01:18:52est-ce qu'il n'y a pas effectivement
01:18:54un problème de partage
01:18:56d'une vision du monde qui va à l'encontre
01:18:58du bon sens, finalement,
01:19:00du France et moyen ?
01:19:02Il ne faudrait pas être blessant
01:19:04vis-à-vis de notre auditeur
01:19:06qui pose des questions qui sont légitimes
01:19:08pour lui.
01:19:10Moi, je ne fais pas partie de cette
01:19:12sphère un peu de
01:19:14complotisme,
01:19:16c'est peut-être pas le mot, mais de se dire
01:19:18qu'il y a des instances supérieures
01:19:20qui en réalité dirigent
01:19:22l'outre-monde et ils sont tous bien d'accord
01:19:24et qu'il faudrait de la transparence.
01:19:26Non,
01:19:28je les connais, ça m'est arrivé de faire des conférences
01:19:30chez eux, chez les francs-maçons, notamment pour
01:19:32la lutte contre les sectes, qui est un de
01:19:34mes combats.
01:19:36Non, je pense qu'il y a
01:19:38eu beaucoup de lâcheté en réalité,
01:19:40beaucoup de faiblesse,
01:19:42sans doute un excès
01:19:44d'humanisme, d'angélisme, comme ça a été
01:19:46reconnu,
01:19:48et aujourd'hui on en paye un peu les factures.
01:19:50Redresser
01:19:52la barre aujourd'hui, c'est comme
01:19:54nos finances, le budget, vous voyez,
01:19:56on est en train de réaliser qu'on est
01:19:58au bord d'un précipice, tout d'un coup.
01:20:00Voilà, en termes de sécurité,
01:20:02en termes de respect des valeurs
01:20:04républicaines, c'est pas parce qu'on a voté une loi
01:20:06dite contre le séparatisme,
01:20:08renforcer les valeurs de la République,
01:20:10on va régler le problème. Ça ne se décrète
01:20:12pas. L'amour de son pays,
01:20:14le respect des valeurs, ça ne se
01:20:16décrète pas. Ça s'apprend,
01:20:18ça s'éduque
01:20:20pour inculquer cet amour
01:20:22de son pays, de ses valeurs.
01:20:24Voilà, donc c'est un travail
01:20:26éducatif qu'il faut reprendre
01:20:28à zéro. L'école y a sa part,
01:20:30mais pas uniquement l'école, les familles.
01:20:32Les familles d'abord.
01:20:34Donc vous dites qu'en matière sécuritaire, finalement, c'est comme
01:20:36en matière budgétaire, on est au bord du gouffre.
01:20:38Je crois qu'on est en train de payer
01:20:40toutes les factures.
01:20:42En matière sécuritaire,
01:20:44en matière économique et financière,
01:20:46et peut-être même au-delà.
01:20:48Il y a des fractures
01:20:50terribles dans notre pays aujourd'hui.
01:20:52Il y a des fractures, voilà, des fractures
01:20:54identitaires, religieuses.
01:20:56Mais jamais j'aurais cru
01:20:58qu'on puisse vraiment
01:21:00être sur une pente aussi glissante.
01:21:02De voir une jeune
01:21:04fille qui gifle sa professeure,
01:21:06un jeune homme
01:21:08qui poignarde sa professeure.
01:21:10Souvenez-vous de son mari dans ce sens
01:21:12autour du cercueil. Mais comment
01:21:14un jeune de 14 ans
01:21:16tuant froidement un père de famille,
01:21:18s'entretuant
01:21:20à coups d'armes blanches.
01:21:22Moi, je n'ai pas connu ça.
01:21:24Il y avait de la délinquance, mais pas comme ça.
01:21:26Là, on a vraiment franchi
01:21:28un seuil et il serait temps de réagir.
01:21:30Il serait temps de réagir
01:21:32avec plus de courage et de fermeté.
01:21:34Merci beaucoup, Georges Fenech,
01:21:36d'avoir répondu à nos questions et questions
01:21:38de nos auditeurs. Je rappelle, vous êtes ancien magistrat,
01:21:40ancien député, auteur de
01:21:42L'Ensauvagement de la France, aux éditions
01:21:44du Rocher. La responsabilité
01:21:46des juges et des politiques, on l'a évoqué
01:21:48au micro de Sud Radio
01:21:50aujourd'hui. Merci beaucoup. Dans un instant,
01:21:52vous retrouvez Brigitte Lahaie.
01:21:54Autre thématique, le corps
01:21:56et l'esprit sont liés,
01:21:58comme la police et la justice, d'une certaine façon.
01:22:00Mais c'est un autre sujet.
01:22:02A tout de suite sur Sud Radio.