Budget : réveil douloureux de 7 ans de macronisme ?

  • il y a 5 heures

Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:0013h14, l'Europe 1 13h. Avec Céline Giraud sur Europe 1 et à 13h19, Céline, c'est le moment d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour pour décrypter l'actualité.
00:09Le directeur adjoint de la rédaction au journal du dimanche, Raphaël Saint-Ville, et l'avocat J. William Golnadel.
00:13Bonjour les amis, bienvenue à bord. Bonjour Céline. Vous êtes en forme ? Très. Bon, prêt à vous mettre au régime ? Régime sec. Pourquoi faire ?
00:19Terminé, on sauce plus, on ne met plus le canard dans le café. Tout ça c'est terminé, on est au régime puisque le gouvernement évalue à 60 milliards d'euros
00:28L'effort que nous allons devoir tous supporter en 2025, les impôts, les taxes, l'électricité, l'auto, la santé, on va tous y passer.
00:35Écoutez le ministre du budget, Laurent Saint-Martin, qui assume ce matin en commission la suppression des aides exceptionnelles.
00:41Il nous faudra faire mieux avec moins de moyens et l'assumer. Et au premier chef, proposer de supprimer des aides qui ont été exceptionnelles dans un contexte et dans une conjoncture qu'il exigeait.
00:53Il est très important de comprendre que ce budget, c'est le budget de la fin du quoi qu'il en coûte, c'est le budget qui referme la page de la protection de l'état français auprès de ses concitoyens et de ses entreprises.
01:05Voilà, c'est la fin du quoi qu'il en coûte, dit Laurent Saint-Martin. On a tous un peu la gueule de bois aujourd'hui, Gilles William.
01:11Bilan catastrophique du Mozart de la finance ? Fin de règne pour Emmanuel Macron ?
01:14Je suis plutôt dans la colère plutôt que dans la gueule de bois. Je ne suis pas un grand spécialiste de l'économie, mais j'avais bien compris que notamment pour assurer sa réélection,
01:26M. Macron avait inventé l'argent magique et que le pire, les Français y ont cru parce qu'ils sont très forts pour croire à ce genre de fadaises.
01:35C'est une naïveté assumée ?
01:38Non, c'est une éducation. C'est une éducation à l'acceptation de l'impôt, à l'acceptation de l'assistanat.
01:46Oui, des chèques aussi, le chèque énergie, le chèque carburant, il y a eu quand même beaucoup.
01:51Pardon de considérer que celui qui a la tête des choses est plus responsable qu'un peuple sans doute qui se laisse aller à la naïveté ou à la facilité.
02:03Mais l'ensemble, pour répondre définitivement à votre question, me plonge dans une colère froide, d'autant plus que celui qui vous parle n'aime pas payer l'impôt.
02:15Qui aime payer l'impôt ?
02:17Non, non, non, je ne plaisante pas. Je ne plaisante pas. Je ferai tout. Je paye l'impôt parce que je suis obligé de payer l'impôt, mais j'aimerais beaucoup payer l'impôt en pensant que l'impôt est utile.
02:28Ça m'embête de payer l'impôt pour les assistés, ça m'embête de payer l'impôt pour la ME, ça m'embête de payer l'impôt alors que j'ai l'impression que ça ne sert de rien. Voilà pourquoi je suis en colère.
02:38Colère ou gueule de bois pour vous, Raphaël Stainville ?
02:41Les deux, j'ai envie de dire, mais là où c'est pour prolonger ce que disait Gilles William, ce qui est scandaleux, c'est que dans la manière dont on nous a présenté les choses depuis plusieurs années,
02:50on a l'impression que finalement la crise du Covid puis la crise énergétique liée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie étaient les grands responsables qui avaient conduit à cette espèce de naufrage auquel nous assistons aujourd'hui.
03:06La vérité, c'est que depuis le début du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, les dépenses publiques n'ont cessé de gonfler.
03:16Et donc la trajectoire de la France, elle était mal engagée, à défaut de réformes structurelles.
03:21C'est-à-dire que quand Édouard Philippe, qui se faisait fort de rétablir nos finances, continue encore aujourd'hui à assumer un bilan plutôt positif, c'est faux.
03:30Le déficit en 2018 et 2019 de la France n'avait jamais été aussi important avant que les crises sanitaires et internationales ne viennent compliquer encore davantage la chose.
03:43Alors évidemment, ça démange tout le monde et ça fait beaucoup réagir les oppositions.
03:46On va écouter Éric Coquerel, le député à la FI qui est aussi président de la commission des finances à l'Assemblée nationale et qui juge que ce budget est profondément inégalitaire.
03:56Dans ces mesures, vous avez plus de 41 milliards d'euros de baisse de dépense.
04:02Ces 41 milliards d'euros de baisse de dépense, 36 vont en réalité impacter les classes populaires et les classes moyennes.
04:09Parce que quand vous avez moins de services publics, quand vous avez moins de protection sociale, vous impactez plus la vie de ceux qui ne peuvent pas se payer ces services dans le privé.
04:17Vous avez 3 milliards d'impôts qui vont impacter la moitié des Français, c'est-à-dire via l'augmentation de l'électricité.
04:22Donc, c'est un budget qui va désarmer l'État mais qui est absolument inégalitaire.
04:27Voilà, selon Éric Coquerel, 36 milliards vont impacter les classes populaires et les classes moyennes.
04:31On a Christine qui nous appelle au 01 80 20 39 21. Bonjour Christine.
04:35Bonjour Céline et bonjour à messieurs.
04:38Merci d'être avec nous. Vous nous écoutez dans le Nord et vous vouliez réagir sur ce... Est-ce que c'est un réveil difficile pour vous aujourd'hui ?
04:45Alors, ce n'est pas un réveil difficile parce que je n'ai jamais cru à monsieur Macron ni aux diverses personnes qui se sont succédées autour de lui.
04:53Moi, ce que je déplore, c'est qu'aujourd'hui, on parle de ce déficit, mais demain.
04:58Aujourd'hui, on n'a plus d'économie en France. Je veux dire, il n'y a plus de demande.
05:02Moi, je suis dans le transport.
05:03Vous êtes artisan taxi, c'est ça ?
05:05Voilà, c'est ça. Je suis à moins 20, moins 25. Dans plein d'autres domaines, c'est comme ça.
05:11Donc, ça veut dire qu'ils ont fait un budget cette année sur des prévisions à 1,1 je pense.
05:16C'était comme ça en septembre.
05:18Mais on ne va jamais y arriver. Il n'y a rien qui va en France.
05:22Les entreprises n'ont pas de travail, il n'y a pas de demande.
05:25On va droit dans le mur.
05:27L'activité est au ralenti pour vous ?
05:30C'est plus que du ralenti. C'est le coup de frein total.
05:33On va droit dans le mur.
05:35Mais ils ne bougent pas, ils ne font rien.
05:37Donc, l'année prochaine, on paiera encore plus.
05:40Comment est-ce que vous expliquez ça, Christine ?
05:43C'est une mauvaise gestion.
05:45Tout simplement, tant qu'on n'arrêtera pas d'aider certaines personnes,
05:48de ne pas les mettre au travail, de ne pas faire des heures...
05:51Moi, je ne sais pas, je fais peut-être 70 heures par semaine,
05:54j'en meurs pas.
05:56Il faut mettre les gens au travail, c'est tout.
05:58Arrêter de payer les gens à rien faire.
06:01Vous dites que votre activité est au ralenti ?
06:04Oui.
06:05Je travaille beaucoup avec les sociétés, avec les assistantes.
06:08Les sociétés font des économies, elles savent gérer.
06:12Elles font attention.
06:14Le taxi, on fait des visioconférences,
06:17on ne va plus en réunion, on ne prend plus le taxi.
06:19Et les assistantes, les gens roulent moins,
06:21ils ont moins de problèmes, moins d'accidents, etc.
06:24Donc, on a aussi des conséquences.
06:27Merci beaucoup, Christine.
06:29C'est intéressant, effectivement, cette photographie vue du Nord,
06:33pour Christine qui est artisan taxi,
06:36sur cette activité économique au ralenti.
06:38En fait, ce qui est sidérant,
06:40et l'ironie de la chose,
06:42c'est que la droite qui a été absente du pouvoir
06:46depuis plus d'une décennie,
06:48y revient en augmentant l'impôt,
06:51en dépit de la manière dont les choses sont présentées par le gouvernement
06:54qui nous explique qu'il y aura 2 tiers de dépenses publiques en moins,
06:58et un tiers seulement de hausses d'impôts.
07:01La vérité a été révélée par le Haut Conseil aux Finances Publiques,
07:05qui explique que c'est l'inverse.
07:07Donc, les Français, tous les Français vont payer encore davantage
07:10pour finalement très peu d'efforts demandés aux administrations.
07:13Je crois que pour l'année 2025,
07:16ce ne sont que 2000 fonctionnaires en moins
07:18qui sont prévus au budget de l'État.
07:20Pour une France qui compte déjà plus de 5 millions de fonctionnaires.
07:24Donc, l'effort est absolument dérisoire de ce côté-là.
07:27En revanche, on va demander toujours plus d'efforts aux Français.
07:30Vous parlez de ce gouvernement qui est donc à droite,
07:32avec Barnier qui resserre d'un côté le garrot,
07:34Bruno Retailleau, ministre le plus puissant en mission
07:37contre l'immigration clandestine.
07:39Est-ce que ça peut marcher ce gouvernement
07:41qui semble tenir sur deux piliers ?
07:43Est-ce que c'est suffisant ?
07:44C'est terrible.
07:45Encore une fois, nous sommes à la fois
07:47champions du monde de l'impôt,
07:49champions du monde de la dette,
07:52et champions du monde pour ne pas savoir,
07:54en plus, utiliser intelligemment l'argent
07:58justement collecté par l'impôt
08:00pour les services publics.
08:02C'est difficile de réussir
08:04ce triple championnat du monde.
08:08Premièrement.
08:09Deuxièmement, malheureusement,
08:11je constate, c'est un peu là,
08:13l'intelligence de M. Macron.
08:15Pour lui-même, il fait bien les choses.
08:17Il a réussi à faire admettre par M. Barnier
08:19une sorte de pacte.
08:22M. Barnier accepte de constater
08:25qu'il est obligé d'augmenter les dépenses
08:28et d'augmenter les impôts,
08:30et que la droite, ça passe mieux pour faire cela
08:34que l'extrême-gauche.
08:36Donc, d'une certaine manière,
08:37le pacte est fait en plus.
08:38Ce qui est terrible,
08:39c'est que je ne doute pas
08:41que M. Barnier
08:43arrivera, effectivement,
08:46à faire payer des impôts supplémentaires,
08:48alors que je doute, malheureusement,
08:50que M. Retailleau arrivera
08:52à remplir ses objectifs
08:54en matière de sécurité et d'immigration.
09:08Et on continue à parler de ce budget
09:10qui nous démange.
09:11On sait que la cure d'emmergrissement,
09:12la cure de rigueur, même,
09:14va nous tomber dessus en 2025.
09:16La question, c'est est-ce que ça va durer ?
09:18Je vous repose la question à vous, Raphaël Stainville.
09:20On a, d'un côté, Michel Barnier
09:22qui resserre la vis.
09:24De l'autre côté, Bruno Retailleau
09:25qui est en mission,
09:26qui fait des annonces,
09:27qui veut lutter contre l'immigration clandestine.
09:29Est-ce que, selon vous,
09:31ce gouvernement qui tient sur ces deux piliers
09:33peut aller loin ?
09:34Est-ce que ça peut durer ?
09:35Parce que derrière, c'est un peu faible.
09:36Ce qui est certain,
09:37c'est qu'aujourd'hui,
09:39c'est le binôme qui se détache.
09:40On a l'impression que c'est les deux seuls
09:42qui existent véritablement
09:43au sein de ce gouvernement,
09:44avec un Bruno Retailleau
09:45qui fait presque figure de vice-premier ministre.
09:48C'est vrai qu'il s'était préparé,
09:50en 2017,
09:52à peut-être devenir le premier ministre
09:54de François Fillon,
09:55ce qui explique qu'il a
09:57une vision large
09:59et qui va au-delà
10:01du simple périmètre
10:03de son ministère intérieur.
10:04Mais c'est vrai qu'à côté,
10:06les autres ministres n'existent pas
10:08ou très très peu.
10:10Est-ce qu'on peut aller loin avec tout ça ?
10:12Parce qu'on a l'impression que...
10:14En fait, je pense que
10:16ils savent que les marges de manœuvre sont extrêmement étroites
10:18et qu'ils sont
10:20aujourd'hui
10:22sous surveillance de l'Assemblée nationale
10:24et qu'à courte
10:26ou moyenne échéance, ils sont sous la menace
10:28d'une motion de censure.
10:30Ce qui tétanise certains,
10:32démultiplie les forces d'un Bruno Retailleau
10:34qui essaye de profiter du temps
10:36dont il a à disposition pour faire avancer
10:38les choses et en tout cas poser dans le débat
10:40des vrais sujets.
10:42Mais est-ce que ça aura une efficacité ?
10:43Est-ce qu'on en restera pas seulement à des vocalises ?
10:45C'est toute la question.
10:47Star Trek, Captain Kirk
10:49et son copilote.
10:51Je partage malheureusement le doute
10:53de Raphaël Stainville
10:55et ce n'est pas une posture,
10:57j'aimerais beaucoup me tromper.
10:59On a ces vrais
11:01deux ministres, un premier
11:03et un ministre de l'intérieur qui sont des gens
11:05de valeur,
11:07de conviction,
11:09courageux,
11:11qui ne sont pas uniquement
11:13animés par l'intérêt
11:15particulier et qui m'inspirent
11:17à dire le vrai,
11:19une profonde estime. Ceci
11:21fermement posé, entre le fait
11:23qu'il n'est pas une véritable
11:25majorité et que d'autre part, comme j'ai
11:27tendance à le répéter,
11:29ils n'ont un pouvoir
11:31limité par rapport à des contre-pouvoirs
11:33illimités qui sont
11:35les pouvoirs médiatiques, le pouvoir du conseil
11:37constitutionnel, le pouvoir du conseil d'état.
11:39Sans parler du
11:41pouvoir européen,
11:43je ne parierai pas, le très peu
11:45que je possède, sur leur
11:47réussite, mais déjà,
11:49poser les jalons de ce qui sera
11:51fait peut-être plus tard dans des conditions
11:53effectivement politiques plus
11:55faciles,
11:57je suis déjà
11:59satisfait que ce soit ça, plutôt que
12:01le Front Populaire.

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