Politique & Eco avec Sylvain Tiger - Guerre Iran/Israël : un choc pétrolier menace l'UE

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Le Moyen-Orient victime de la guerre BRICS/G7... et après l'Europe ? Le conflit entre Israël et l'Iran a pris un nouveau tournant quand Téhéran a lancé ses propres missiles sur le territoire de l'Etat hébreu. Le prix du pétrole, jusque-là contenu, a déjà commencé à augmenter avec +20% début septembre et un baril aujourd'hui atour des 80$. Si un nouveau choc pétrolier éclate, c'est l'Europe qui pourrait s'effondrer !

On a une France surendettée avec un premier ministre tout droit venu de Bruxelles pour imposer l'austérité et une Allemagne qui plonge dans la récession. A Bruxelles, le projet de mutualisation des dettes préconisé par l'ancien directeur de la BCE Mario Draghi va dans le sens d'une fédéralisation et de la disparition des Etats membres qui se retrouveraient démunis face à une flambée du prix du pétrole.

De leur côté, les Etats-Unis, premier producteur d'or noir, ont tout intérêts à jeter de l'huile sur le feu : Washington reste indifférent à la politique guerrière de Benyamin Netanyahou. La Russie, elle joue sa partie et voit d'un très bon œil cette correction du marché.

L'invité de "Politique & Eco", l'analyste économique Sylvain Tiger l'affirme : "Si le Moyen-Orient s'embrase, c'est la fin de l'UE !". Il évoque aussi les conséquences de la crise sanitaire sur l'économie chinoise, jugée fébrile malgré l'envolée boursière.

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00:00– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:17– Bonjour à tous, ravi de vous retrouver sur le plateau de Politique et Éco.
00:22Aujourd'hui, notre invité, Sylvain Tiguerre. Bonjour Monsieur.
00:25– Bonjour.
00:26– Sylvain Tiguerre, vous êtes le fondateur d'Ultrabourse,
00:30vous êtes aussi le co-fondateur, avec Olivier Delamarche,
00:35de la lettre économique, les incorruptibles,
00:37et vous êtes ancienne analyste chez Déli FX France.
00:42On va parler avec vous, ensemble, de la situation française,
00:46de la situation également économique à l'échelle européenne,
00:51et enfin de ce qui se passe au Proche et au Moyen-Orient avec cette guerre
00:56qui semble avoir un impact, depuis peu, sur le prix du pétrole
01:01et les conséquences que cela aura sur nous, les Européens.
01:05Commençons avec vous.
01:07Le Premier ministre a présenté son projet de loi de finances pour 2025
01:12en Conseil des ministres.
01:14C'était jeudi dernier, jeudi 10 octobre.
01:16Michel Barnier compte trouver 60 milliards d'euros pour boucler son budget.
01:21Il assure, quand même, devant les députés à l'Assemblée nationale,
01:24qu'il n'y aura pas de choc fiscal,
01:27mais prévoit des hausses d'impôts ciblées, dit-il,
01:30exceptionnelles et temporaires de 20 milliards d'euros.
01:34Comment les Français vont-ils subir cette pression fiscale ?
01:39Deux choses dans ce que vous dites, et ce qui est très intéressant,
01:42c'est un choc fiscal temporaire.
01:45Alors, temporaire à quelle échelle ?
01:47Est-ce que c'est à l'échelle de l'univers,
01:49ou est-ce que c'est à l'échelle d'une année fiscale française
01:52qui dure, au bas mot, une bonne centaine d'années ?
01:54Parce que je vous rappelle que l'impôt sur le revenu,
01:56c'est, à la base, un effort temporaire d'après-guerre
02:00pour justement soutenir l'économie française.
02:02100 ans plus tard, on y est toujours.
02:04– C'est 1914, un peu sur le revenu.
02:05– C'est ça, c'est après la première guerre mondiale.
02:07Et aujourd'hui, on l'a toujours.
02:08La CSG, pareil, depuis plus d'une trentaine d'années,
02:12c'était une taxe temporaire, et puis au final,
02:14c'est devenu une taxe bien ancrée dans le système français.
02:17– Et qui a augmenté en plus.
02:18Je crois que c'était 1,2, maintenant on est à 9,2.
02:21– Oui, mais ça augmente année après année, de toute façon.
02:23Donc, la chose à retenir du gouvernement que forme Michel Barnier
02:29et du plan de redressement budgétaire qu'il va appliquer,
02:32c'est que c'est clairement un plan d'austérité, d'accord ?
02:37C'est un plan d'austérité à la grecque.
02:38On va nous remettre au pas, et d'ailleurs,
02:41c'est le ministre des Finances, l'actuel ministre des Finances,
02:44qui l'a dit, il a dit, nous allons mettre en place
02:47et suivre les règles budgétaires préconisées par l'Union européenne.
02:49Donc, on y est.
02:51On a dépensé de façon dispensieuse après le Covid.
02:54Je vous rappelle que le Covid, le fait de cloisonner la France,
02:57ça a coûté 300 milliards d'euros.
02:59Plus tous les chèques énergie, plus toutes les entreprises
03:02qu'on a mises sous perfusion, les 800 milliards, ils sont là.
03:06Donc, cette note, cette addition qui est extrêmement salée,
03:10on la paye aujourd'hui.
03:11Maintenant, le Premier ministre vous dit, je veux trouver 60 milliards d'euros.
03:15Très bien, alors, il y a plein de postes sur lesquels
03:17on peut déjà commencer à économiser 60 milliards d'euros.
03:21Il y a une chose que j'avais invité les auditeurs à faire,
03:24et puis d'ailleurs, que j'invite toujours à faire,
03:26si vous nous regardez aujourd'hui en vidéo,
03:28vous tapez budget État France 2024 sur Google,
03:31le premier résultat, c'est le site de l'État,
03:34et vous allez avoir ligne par ligne les postes de dépenses de l'État.
03:38C'est assez sympa parce que ça permet de voir dans quoi passe une partie de l'argent.
03:43Bien évidemment, il y a d'autres parties un peu plus occultes qu'on ne voit pas,
03:46mais on a déjà une première idée.
03:48Si vous voulez trouver 60 milliards, je vous le dis,
03:50il y a à peu près 25 milliards pour,
03:53donc ça, c'est un espèce de fonds pour l'inclusivité,
03:56l'égalité salariale, machin, truc, bidule, chouette.
03:59Vous en avez un autre de, pareil, à peu près 27, 28 milliards
04:02pour la transition écologique, voilà.
04:05Vous avez 50 milliards d'euros de charges de la dette,
04:07enfin, entre 50 et 60 milliards parce que le chiffre ne fait qu'augmenter.
04:12Ça, pareil, c'est les obligations indexées sur l'inflation qu'on a émises.
04:18Sur l'ATI, oui.
04:19Si vous voulez, il y a beaucoup d'argent déjà à aller chercher
04:21en taillant un petit peu dans les dépenses qui ne sont pas nécessaires.
04:25Je ne parle pas là de couper l'éducation, la santé ou la sécurité,
04:31donc le régalien, je parle du superflu.
04:34Je veux dire, bon, quand tout va bien,
04:36on peut penser à la transition écologique et tout ce que vous voulez.
04:39Maintenant, quand on est un pays qui compte pour moins de 1%
04:42de toutes les émissions de CO2 à échelle mondiale,
04:45est-ce que ça vaut le coup, quand on cherche 60 milliards,
04:47de mettre entre 20 et 30 milliards d'argent public là-dedans ?
04:49Bon, peut-être qu'on pourra décaler ce problème dans le temps.
04:52Ce n'est pas nous avec nos 1%, de toute façon, qui sommes la cause du problème.
04:55Donc, si on cherche 60 milliards,
04:57il y a peut-être déjà 20, 25 à aller chercher de ce côté-là.
04:59Oui, on veut tout prendre de front alors qu'on pourrait prioriser certains secteurs.
05:04Alors qu'on n'a plus les moyens de le faire.
05:05C'est-à-dire que quand vous êtes, c'est toujours pareil,
05:08prenons la métaphore d'un foyer, quand tout va bien dans votre vie,
05:11que vous avez la quarantaine, que vous êtes cadre,
05:12que vous êtes au sommet de votre ressource financière.
05:14On peut voyager, on peut faire le superflu, quoi.
05:16Vous pouvez partir en vacances, très bien.
05:19Quand c'est la retraite et que vous touchez moins d'argent
05:21et que vous êtes en moins bonne santé,
05:22bon, peut-être que vous n'allez pas aller faire du kitesurf.
05:25Vous allez peut-être juste aller marcher avec votre femme près de la plage
05:28et c'est déjà très bien.
05:29C'est la même chose.
05:31On n'est plus dans une situation où on peut flamber de l'argent.
05:35Donc déjà, on peut couper dans tout ce qui n'est pas nécessaire, en fait,
05:38et garder ce qui est utile et nécessaire.
05:41– Alors, on a une diminution des dépenses publiques
05:44pour trouver ces 60 milliards d'économies,
05:48une diminution autour de 40 milliards, c'est ce qu'a annoncé Michel Barnier.
05:53Est-ce que c'est dans leur logiciel de enfin se dire
05:58qu'on va dégraisser notre État, qu'on peut qualifier certains d'obèse ?
06:03– Le problème, c'est qu'on en parlait ce matin et à très juste titre,
06:08dans l'éducation nationale ou même dans le domaine hospitalier,
06:11vous avez beaucoup de fonctionnaires,
06:13mais le problème, c'est que tous les fonctionnaires ne se valent pas.
06:16Vous avez les fonctionnaires de terrain,
06:18donc les professeurs qui sont au contact des élèves,
06:20vous avez les infirmiers, infirmières qui sont au contact des patients,
06:23puis vous avez des administrateurs.
06:25– La bureaucratie, oui.
06:26– Et je vais vous donner un chiffre concret parce que ça, ça m'a fait rire.
06:30On parlait souvent de France, État libéral,
06:32et qui dit État libéral, dit liberté.
06:34On est sur TV Liberté, on est bien placé pour le savoir.
06:37Est-ce que la France est réellement un État libéral ?
06:39Je vais vous donner un chiffre,
06:41on a un peu plus de 400 000 normes en France, d'accord ?
06:44C'est absolument gigantesque, on a un poids administratif qui est énorme.
06:49Plus de 400 000 normes, ça représente 44 millions de mots,
06:54pour vous dire la charge que ça représente.
06:58Et à juste titre, toutes ces normes, toutes ces lois,
07:03qui viennent, entre guillemets, étouffer le français,
07:06et c'était Pompidou qui le disait dans ses jeunes années,
07:08en 1966, si je ne dis pas de bêtises, qui disait à Chirac,
07:10il disait arrêtez d'emmerder les Français,
07:12laissez-nous vivre et ça se passera bien, je suis à 100% de cette école.
07:16Vous avez un code du travail aujourd'hui qui fait,
07:18si je ne dis pas de bêtises, pas loin de 4000 pages.
07:20Dans les années 90, il faisait 1800 pages.
07:23Et bien avant, il faisait encore moins.
07:25Donc on est passé d'un petit bouquin à un truc énorme.
07:28Un botin, oui.
07:29Et c'est comme si, je vous disais, pour vous donner une métaphore,
07:32le code du travail qui régit les relations entre l'employeur et l'employé,
07:35c'est comme si vous, dans votre couple, vous avez votre femme,
07:38et je vous dis, on va mettre en place des règles.
07:40Vous avez le droit de l'embrasser que le samedi, entre 9h et 11h,
07:44et si vous avez mangé du poisson.
07:45Mais si vous n'avez pas mangé de poisson qui est pêché en pleine mer,
07:48c'est bon, c'est une exception.
07:50Et si c'est du saumon, attention, une semaine sur...
07:52Ça devient compliqué, donc qu'est-ce que vous allez faire ?
07:54Vous allez me dire, mais Sylvain, je n'ai plus envie d'embrasser ma femme,
07:56je ne veux plus de femme, c'est trop compliqué.
07:59C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui en France.
08:01On a créé des normes qui sont absolument ubuesques.
08:05Ça a créé des emplois, mais des emplois administratifs,
08:07des gens qui doivent contrôler ces normes,
08:09qui doivent, enfin, on a créé une industrie du conseillant.
08:12On a créé une industrie de l'expert comptable et de l'avocat fiscaliste.
08:16– Ça ne nous empêche pas, en plus, d'aller derrière s'adresser à McKinsey
08:20parce qu'on n'aurait pas assez de fonctionnaires pour faire des rapports.
08:23– Exactement, donc en fait, vous créez un problème,
08:26ça crée du coup une industrie,
08:28cette industrie doit parler avec l'administration,
08:30puis comme il y a beaucoup de problèmes à gérer parce que c'est très compliqué,
08:32on doit recruter plus de fonctionnaires pour gérer les complications
08:36de ces problèmes que nous-mêmes nous avons créés.
08:38Donc en fait, si vous voulez, c'est un peu le serpent qui se met en accueil,
08:40c'est-à-dire que nous, nous tirons une propre balle.
08:42Donc, c'est vrai que le fameux tabou du fonctionnariat,
08:47donc là maintenant, tous les fonctionnaires qui partent à la retraite,
08:49ils les remplacent de plus en plus par des contractuels, d'accord,
08:52et non plus par le statut fonctionnaire intouchable.
08:55Oui, de toute façon, il fallait le faire,
08:57mais il faut le faire sur des postes peut-être pas aussi utiles que le régalien, d'accord.
09:02– Peut-être pour se rendre compte, Sylvain Tigueur,
09:03que la France n'est pas un pays libéral,
09:06c'est combien la dépense publique en France par rapport au PIB ?
09:10Le PIB, c'est un peu comme le chiffre d'affaires d'une entreprise,
09:13c'est le total des valeurs créées en France.
09:16C'est combien ? C'est combien de pourcents la dépense publique ?
09:19– La dépense publique, c'est énorme.
09:20Moi, je peux vous donner le chiffre du social.
09:22On est à 32% sur les prestations sociales, sur tout le PIB.
09:25C'est-à-dire que pour 100 euros de dépensées, on en donne 32 dans le social.
09:29Donc le social, ça inclut les retraites, ça inclut les soins de santé,
09:33ça inclut la CAF, toutes ces choses-là.
09:35Donc si vous voulez, on est le pays numéro un dans les pays de l'OCDE et en Europe.
09:40Donc le modèle français, c'est un modèle que le monde entier nous envie
09:44pour sa générosité, mais aussi, c'est le modèle qui est, je pense,
09:47le plus inefficace dans le sens où on gère très, très mal l'argent.
09:50Donc il y a un juste milieu à trouver entre 0 et 100.
09:54Peut-être qu'il faudrait mettre le curseur à 50.
09:57Donc on peut taper le social, mais honnêtement, de toute façon,
10:01il faut le réduire, il y a une fraude sociale.
10:02C'était Philippe Murer qui en parlait ce matin.
10:05Il avait estimé la fraude sociale à 50 milliards, si je ne dis pas de bêtises.
10:09Alors à vérifier, vérifier, mais c'était Charles Pratt qui en parlait.
10:15Déjà, là-dessus, on peut récupérer une bonne partie de l'argent.
10:18Mais si vous voulez, j'ai l'impression que dans le bateau qu'est la France,
10:21il y a des trous à colmater de partout.
10:23Donc il n'y a pas que ça, en fait.
10:24On ne peut pas se contenter que de ça.
10:27Si on met bout à bout toutes les choses qu'on pourrait améliorer,
10:29je pense que les économies seraient bien plus grandes
10:32qu'on ne puisse l'espérer, en fait.
10:35– Alors, le Premier ministre annonce vouloir créer un budget
10:39avec un déficit de 5% pour l'année prochaine.
10:42On devrait plutôt, cette année, être dans un déficit de 6,1%.
10:47Est-ce qu'à 5% de déficit, on est dans l'austérité ?
10:51– Si vous voulez… – C'est une histoire de mots, mais…
10:54– Il y a un autre problème.
10:56On peut, oui, parler d'austérité si on veut,
10:58mais en fait, le grand souci de la situation dans laquelle nous nous trouvons,
11:04c'est qu'on a beau vouloir régler les problèmes et couper dans les dépenses,
11:08ce qu'on fera, je suis persuadé, moi,
11:10qu'on va avoir un plan extrêmement douloureux dans les années à venir
11:13où on va rogner sur les services publics.
11:15Et en plus de ça, ça va nous coûter plus cher
11:17parce qu'ils vont augmenter les impôts d'un côté,
11:19baisser les prestations de l'autre, c'est inévitable, on est obligé.
11:23Comme on s'est endetté, et on s'est endetté très cher, à des taux très élevés,
11:26le problème, c'est que les intérêts, la charge de la dette,
11:29les intérêts de la dette vont devenir tellement énormes,
11:31on est rentré dans une trappe à dette qui fait que,
11:33même si on fait tous les efforts qu'on veut,
11:35les intérêts de la dette vont nous bouffer.
11:39Et donc, on a beau saigner les Français comme on peut,
11:43et à un moment donné, la dette, elle est énorme.
11:45– C'est 3 228 milliards, ça c'est le dernier chiffre au deuxième primaire.
11:50– C'est le dernier chiffre, on a refait…
11:51– Mais c'est un chiffre officiel, après, on parle du hors-bilan,
11:54qu'on ne calcule jamais, on arrive plutôt autour des alentours de 7 ou 8 000 milliards d'euros.
12:00– C'est ça, je n'ai pas le chiffre exact là-dessus,
12:02parce que par définition, ça occulte, donc il faut réussir à le trouver.
12:06C'est ça en fait, l'idée, c'est qu'on peut faire tout,
12:08c'est comme si, allez, je vais donner une métaphore simple,
12:11vous faites un crédit à la consommation à 20%, vous êtes sur-endetté,
12:14et vous avez 400 000 euros de dette à 20% de taux d'intérêt par an.
12:18Donc, 10% de 400 000, ça fait quoi ? Ça fait 80 000 euros par an d'intérêt.
12:22Vous gagnez peut-être 70 000 euros, et vous en dépensez 60,
12:26donc vous n'avez que 10 000 euros à la fin de l'année.
12:28Même si vous ne dépensez plus rien au cours d'une année,
12:31vous gagnez toujours 70 000 et vous devez toujours 80 000,
12:34vous êtes toujours à moins 10 000.
12:35Et chaque année, cette dette, ce moins 10 000 que vous perdez,
12:38vous le réempruntez sur les marchés.
12:40Donc, ce moins 10 000 s'ajoute à vos 400 000 et fait domino.
12:44Et avec des taux élevés, ça monte et vous n'avez pas assez de revenus en face.
12:49– Et avec une croissance à zéro virgule et quelques.
12:51– Avec une croissance à zéro.
12:52Donc, le seul moyen de s'en sortir quand c'est comme ça,
12:55c'est d'avoir une croissance extrêmement forte.
12:57Donc là, cette fois-ci, vous gagnez plus 70 000, vous gagnez 130 000,
13:01mais vous avez toujours vos 80 000 de dette, vous avez un excédent.
13:04Et puis, vous n'avez pas besoin de réemprunter,
13:07d'emprunter à des taux élevés,
13:08de mettre une brique additionnelle dans cette espèce d'engrenage.
13:11Et là, peut-être que vous arriverez à inverser la tendance
13:14parce que vous générez de l'excédent,
13:15vous pouvez petit à petit solder votre dette et commencer à la faire.
13:18Mais ce n'est pas du tout la situation dans laquelle on se trouve.
13:20C'est-à-dire que nous, les chiffres officiels parlent de 0, je ne sais pas combien de % de PIB.
13:24Mais ce qu'il faut savoir, c'est que dans le PIB, on compte la dépense.
13:27C'est-à-dire que l'État considère que quand il dépense de l'argent,
13:31c'est un revenu, ce qui est faux.
13:33Si vous, sur votre compte en banque, vous dépensez 50 euros au restaurant,
13:36ce n'est pas un revenu, c'est une charge.
13:37L'État considère que quand il dépense dans du public ou dans des fonctionnaires,
13:41c'est du revenu, alors que c'est une charge.
13:43– Oui, PIB gonflé et croissance…
13:44– PIB gonflé, donc le vrai PIB doit même être négatif.
13:47Ce qui est récession, donc c'est encore pire.
13:49C'est-à-dire qu'on a, si vous voulez, cette charge de la dette à intérêt positif.
13:53Vous avez une croissance négative, une récession.
13:56L'écart entre les deux, c'est votre appauvrissement.
13:59Même si vous saignez les Français, c'est mathématiquement mort.
14:04– Pourquoi sur la dette, justement, la France fait figure de lanterne rouge en Europe
14:10depuis la crise sanitaire ?
14:11On voit qu'autour de nous, ils ont mieux géré ou qu'ils sont moins endettés.
14:16– Alors ça, ça a été, je pense, en partie dû à notre…
14:19C'est une faute de gestion, tout simplement.
14:22C'est que nous avons mis en place bouclier tarifaire, bouclier énergétique.
14:28On a financé, donc on a fait des reports de cotisations pour les entreprises.
14:31On a fait des prêts à certaines entreprises qui avaient un certain historique
14:36pour leur permettre de survivre.
14:37Et d'ailleurs, ces entreprises, aujourd'hui, sont en train de faire de la faillite.
14:40On a plus de 60 000 défaillances, si je ne dis pas de bêtises, d'entreprises.
14:45– Elles n'arrivent pas à rembourser leurs prêts d'État, quoi.
14:48– Non, mais c'était des entreprises qui ont survécu avec le prêt.
14:51Mais maintenant qu'il n'y a plus de prêt, il faut rembourser.
14:53Elles n'arrivent pas à la faillite.
14:55Donc, si vous voulez…
14:56– En fait, on a fait travailler l'administration,
14:58les fonctionnaires, pour qu'ils pondent de la norme.
15:00Et en fait, tout ça, ça a eu un coût.
15:02Et c'est ça, en fait, le surcoût.
15:04– Ça a eu un coût.
15:06Je pense qu'une des grosses fautes de gestion, c'est les OATI.
15:09C'est ça qui nous coûte vraiment le plus cher.
15:11Quand on regarde la charge de la dette, elle a explosé en 4 ans, même pas.
15:16– Donc ça, c'est des émissions de dette indexées sur l'inflation.
15:19– Sur l'inflation, au moment où l'inflation commençait à exploser.
15:21– Mais qui fait ça dans le reste de l'Europe ?
15:23Il y a des gens d'autres pays qui fonctionnent avec de l'émission sur inflation
15:29à une période où l'inflation est importante.
15:31– Nous, je pense que la thèse, enfin bon, c'est une thèse,
15:34donc je vais parler et m'exprimer au conditionnel.
15:37Mais pour moi, ça m'a tout l'air d'être un cadeau
15:41sciemment fait à l'industrie bancaire, voilà.
15:43C'est pour faire plaisir aux banquiers.
15:46– Je crois que c'était la réponse qu'avait faite Bruno Le Maire à l'Assemblée.
15:51C'était une demande des assureurs.
15:53– Ben voilà.
15:54Les assureurs, avec le Covid, ont peut-être eu un trou dans les caisses.
15:58Et ça mettait peut-être en péril des fonds de pension ou autres.
16:02Et c'était peut-être une façon, peut-être un peu vicieuse,
16:06de renfouer les caisses des assureurs pour éviter qu'ils ne fassent faillite.
16:09Parce que là, pour le coup, sinon, ça met tout le monde dans le pétrin.
16:13Donc, c'est encore une fois toujours pareil.
16:15C'est privatisation des profits, mutualisation des pertes.
16:18Donc, c'est vraiment le pire des deux mondes, quoi.
16:22– On l'avait entendu avec Philippe Béchade dans sa chronique
16:25que la France s'endette désormais à des taux supérieurs
16:29à ceux de l'Espagne, du Portugal et de la Grèce.
16:32Est-ce que la France n'est réellement plus prise au sérieux ?
16:35Pourquoi ? La signature de la France, c'est terminé ?
16:38– C'est pour une raison qui est simple.
16:40C'est qu'année après année, on a creusé un déficit.
16:44Un déficit qui devient de plus en plus… qui devient incontrôlable.
16:49Et qui a mené inexorablement aussi à tout ce qu'on connaît aujourd'hui en France,
16:54à savoir une fracture de la société, des guerres civiles à répétition.
16:59Donc, forcément, oui, pour un investisseur étranger…
17:01– Vous parlez de guerres civiles ?
17:02– On n'est pas loin, d'accord ?
17:04Effectivement, on ne peut pas parler de guerres civiles parce que…
17:06– Les Gilets jaunes, c'était une forme de guerre civile, selon vous ?
17:08– Il n'y a pas que les Gilets jaunes.
17:09Il y a d'autres sujets et d'autres dossiers encore plus explosifs.
17:13On peut parler de communautés qui s'affrontent au nom de religions différentes.
17:17Aujourd'hui, on a deux grands clans de société qui, franchement,
17:21aujourd'hui, se font la guerre.
17:22Le clan, on va dire, Lola, le clan Naël.
17:25Bon, ça, ça fait partie aussi des choses qui…
17:28Quand on est investisseur, on regarde le pays dans sa globalité.
17:30On ne va pas regarder que le volet économique.
17:34Le volet économique est toujours en lien avec le volet social.
17:36Donc, on essaie de voir un petit peu comment se comporte le pays au global.
17:40Forcer de constater qu'il y a une fuite des cerveaux, une fuite des capitaux.
17:44Les gens qui restent ont de moins en moins de moyens, s'entretuent entre eux.
17:47Et puis derrière, vous avez un État carnassier qui prend de plus en plus d'argent
17:51parce qu'il le dépense mal et il a besoin de se refaire.
17:54Pour un investisseur étranger qui, lui, vient d'un pays
17:57où il y a un excédent de trésorerie à placer à la fin de l'année,
18:00donc qui gère bien son pays, qui gère bien ses finances,
18:04quand il voit ça, il se dit, je suis au Brésil, quoi.
18:06Je suis au Brésil des années 90.
18:08– J'ai entendu que des fonds d'investissement japonais ont vendu
18:11pour presque 9 milliards d'euros de dettes françaises en juillet.
18:15Donc, à l'extérieur, il y a des signaux qui s'allument,
18:19comme quoi, la dette française, on voit que ce n'est plus un bon produit, quoi.
18:22– C'est un produit risqué, c'est un produit risqué
18:26parce qu'en fait, le gouvernement est instable et parce qu'on n'a pas…
18:30si vous voulez, dissoudre l'Assemblée nationale,
18:32enfin, tout ce genre de choses, ça n'envoie pas de bons signaux à l'extérieur.
18:36Vous êtes un investisseur étranger, vous voulez de la stabilité.
18:39Donc, vous ne voulez pas quelque chose où le régime peut tomber du jour au lendemain,
18:42où les gens jettent des cocktails Molotov dans la rue,
18:46pour un oui, pour un non, parce qu'ils sont frustrés.
18:48– Oui, mais on nous répète, Bruno Le Maire, Emmanuel Macron,
18:51nous répètent que la France est, parmi les pays européens,
18:55le pays le plus attractif pour les investisseurs.
18:57– C'est très simple, si le pays France… – C'était encore il y a quelques semaines.
19:00– Si le pays France est si attractif pour les investisseurs,
19:03pourquoi Bruno Le Maire est parti à Lausanne en Suisse ?
19:06Lui-même qui était le plus proche des chiffres réels
19:10de l'économie et des finances françaises,
19:12lui qui a été au contact de cette administration
19:14et qui en fait a été à côté du coffre fort français,
19:16pourquoi est-ce qu'il est parti si loin ?
19:18Peut-être qu'il a des infos… – Il a reçu un bon accueil, je crois.
19:21– Peut-être qu'il a des infos que nous n'avons pas,
19:25mais c'est assez évident en fait.
19:28– On est placé par Bruxelles sous cette procédure pour déficit excessif.
19:34À quoi ce dérapage de la dette nous expose-t-il,
19:39sachant qu'on est sous l'autorité de Bruxelles ?
19:43– Tout simplement, je pense que Michel Barnier a été envoyé par Bruxelles,
19:48il a été désigné par Bruxelles d'une part parce qu'il a fait une carrière européenne,
19:54il a été commissaire européen,
19:56il a d'ailleurs même une retraite de commissaire européen.
20:01Il a été nommé pour mener la politique budgétaire de Bruxelles
20:09qui sera tout simplement, on va faire comme avec les Grecs,
20:11avec une Troïka, vous dépensez moins, vous la fermez, austérité.
20:15Et les conséquences, moi en tout cas, je les vois assez rapidement,
20:19fermeture d'entreprises, délocalisation, fuite des cerveaux de tous ceux qui peuvent,
20:24ceux qui ne peuvent pas et qui vont être obligés de rester,
20:27comme notamment les artisans, les boulangers, toutes ces personnes-là,
20:31qu'est-ce qu'ils vont faire ?
20:33Ils ne vont pas se faire imposer à 35 ou 40% ces gens-là,
20:35ils vont commencer à tricher,
20:38parce qu'on l'a vu, il y a un espèce de seuil d'acceptation
20:41et de consentement à l'impôt qu'on ne peut pas dépasser.
20:43Au-delà d'un certain seuil, les gens ne consentent plus à l'impôt
20:46et donc trouvent des moyens.
20:47Les plus riches se payent des fiscalistes
20:49et avec les règles du jeu vont réussir à trouver une solution
20:52et les moins fortunés malheureusement vont devoir tricher.
20:55C'est ce qui s'est vu dans les pays comme l'Italie, comme la Grèce
20:58où il y a beaucoup de gens qui payent en cash
21:00et qui déclarent ce qu'ils veulent déclarer
21:02et de toute façon l'administration, qu'est-ce qu'elle voulait qu'elle fasse ?
21:05Elle sait très bien qu'elle impose à des taux ridicules,
21:09– Et c'est quoi l'état de la Grèce une fois que la Troïka est passée dessus ?
21:12Elle est dans quel état la Grèce ?
21:14– Il y a deux écoles, il y a une première école qui vous dira
21:17maintenant ça va mieux et puis ils empruntent moins cher que nous
21:20donc c'est super et puis il y a la deuxième école qui vous dit
21:22ils ont souffert, il ne reste pas grand-chose,
21:24il n'y a que des vieux qui vont là-bas pour passer leur retraite dorée
21:27et voilà, toutes les forces vives grecques elles sont parties.
21:31Moi je vous donne un cas d'école, la Grèce c'est simple,
21:36moi j'ai commencé en école de commerce quand j'étais en 2011-2012
21:39donc on va dire trois ans après la crise de 2008,
21:44on avait beaucoup de grecs qui étaient venus nous en Allemagne
21:47quand je faisais mon échange en Allemagne
21:49et en fait ils avaient quitté la Grèce
21:51et ils cherchaient à habiter dans un autre pays européen.
21:53Pourquoi ? Parce qu'en fait leur pays faisait faillite,
21:56alors je ne sais pas si c'est vrai mais on parlait de taux d'imposition ridicule
21:58de 60 à 70% et que du coup en réaction à ce taux d'imposition
22:03et ces taux d'imposition tellement élevés,
22:05les grecs ne fonctionnaient que par le cash et ils ne payaient plus rien, voilà.
22:09Donc moi je pense que ce qui va se passer c'est qu'à un moment donné,
22:11ben oui, là en fait l'État se tire une balle dans le pays,
22:14on va raser tout ce qu'on a et ceux qui resteront,
22:18ben ils vont survivre comme ils peuvent
22:19et ils n'auront pas d'autre choix que de faire ça
22:21parce que vous avez le pays avec le taux de prélèvement obligatoire
22:25le plus élevé et un des plus élevés au monde,
22:27comment vous voulez encore augmenter la charge ?
22:29– 48% oui, prélèvement obligatoire.
22:31– Ce n'est pas possible, c'est-à-dire que les gens ils ne peuvent pas,
22:34le reste à vivre il serait trop ridicule, ce n'est pas possible.
22:37Donc techniquement il va se passer ce qui va se passer.
22:40– S'il est possible de sauver encore l'économie française,
22:44ce serait quoi selon vous, deux, trois idées de bon sens
22:49à prendre en priorité tout de suite ?
22:51– La première idée la plus logique c'est tout simplement
22:54de reprendre le contrôle de sa monnaie
22:55parce qu'il faut se rendre à nouveau attractif,
22:58notamment au niveau des exportations.
22:59Pourquoi est-ce qu'on ne produit plus en France ?
23:01Parce que l'euro est fort et donc personne ne veut acheter nos produits
23:03parce que le coût du travail est tellement élevé
23:04qu'avec un euro fort, ce n'est pas rentable.
23:07Peut-être effectivement qu'en sortant de l'euro,
23:09en créant le franc nouveau, avec une banque de France qui contrôle notre franc
23:14et puis qui va le dévaluer dans un premier temps.
23:17En fait si vous voulez, il n'y aura pas de solution sans souffrance.
23:19La souffrance ce sera que si on a une dévaluation,
23:22vous et moi on perdra du pouvoir d'achat.
23:24Nos patrimoines vaudront moins mécaniquement
23:26parce qu'il faudra entre guillemets faire un reset de tout ça.
23:30On fera une table rase du passé, on dévalue notre nouvelle monnaie,
23:34on s'appauvrit tous et on repart sur de bonnes bases.
23:36Quand c'est comme ça, les plus malins auront dès à présent commencé
23:41à mettre en place et à convertir leur portefeuille en dollars
23:44pour essayer de conserver leur patrimoine.
23:46Et les personnes qui n'auront pas eu l'occasion de le faire,
23:49prendront la dévaluation dans les dents.
23:51Ça c'est la première des choses.
23:52La seconde chose, c'est cette fois-ci si on repart à zéro,
23:54c'est de ne pas faire les mêmes erreurs qu'avant,
23:56à savoir ne pas contrôler ses dépenses.
23:58Donc cette fois-ci, on ferait un vrai bilan comptable.
24:02– Un audit de l'État.
24:04– L'audit pour couper les dépenses et surtout ensuite un bon livre des comptes
24:08pour noter exactement ce qu'on fait,
24:10rendre les finances publiques transparentes
24:14et puis sanctionner quand il y a une mauvaise décision qui est prise financière.
24:17– En fait, il faudrait comprendre ce que c'est que l'intérêt commun des Français,
24:23l'intérêt général.
24:24Et qui pourrait l'énoncer, cet intérêt général de la France ?
24:29– Alors c'est assez compliqué comme question, mais j'ai un élément de réponse.
24:32Pour moi en fait, le problème c'est qu'aujourd'hui,
24:34il y a un réel conflit d'intérêts entre la classe politique et les Français
24:38pour une raison qui est simple.
24:39Vous voyez que notre Premier ministre, tout aussi compétent et éloquent qu'il est,
24:45est un fonctionnaire européen.
24:48Donc il touche une retraite, si je ne dis pas de bêtise,
24:50de 10 à 15 000 euros par mois de l'Union Européenne.
24:53Et ensuite, il a tous ses avantages français.
24:56Donc ce que je veux vous dire, c'est que les gens qui nous dirigent,
24:58de toute façon… – Ils jugent des parties quoi.
25:00– Exactement, ils touchent tellement d'argent de ce système européen
25:03qu'ils n'ont aucun intérêt à le tuer parce qu'une grande partie de leur patrimoine
25:07en dépend et puis c'est des carrières assez confortables.
25:10Fonctionnaire européen, vous avez des exemptions d'impôts dans certains cas,
25:13vous avez des salaires qui sont exonérés de ceci, cela, c'est super.
25:16Bon, tu reviens à un système français où tu es dans un état en faillite,
25:19tu recommences à zéro, tu ne vas pas te payer grand-chose au début,
25:22ce n'est pas sexy.
25:22Donc je préfère rester dans le système européen en tant que politique.
25:26Et c'est là, en fait, tout le mal, entre guillemets, auquel nous sommes soumis.
25:32– Alors justement, à l'échelon européen, c'était début septembre,
25:35Mario Draghi, l'ancien président de la Banque Centrale Européenne,
25:39a remis un rapport à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen,
25:43sur l'économie de l'Union.
25:45Il préconise un emprunt entre 700 et 800 milliards par an
25:49pour financer la défense, l'intelligence artificielle,
25:53les technologies dites vertes et combler ce qu'on appelle
25:56le retard de compétitivité avec les États-Unis et la Chine.
25:59D'abord, avant de parler de ce rapport,
26:03comment on explique le décrochage de l'Europe par rapport aux États-Unis
26:07ces dix, vingt dernières années ?
26:09– C'est très simple.
26:11Les États-Unis déjà ont des matières premières, nous on n'en a pas,
26:15donc ça c'est la première des choses.
26:18Et de deux, si vous voulez, les États-Unis ont joué intelligemment leur jeu,
26:22ils ont su dévaluer à un moment donné leur dollar,
26:24maintenant leur dollar monte face à l'euro,
26:26ils ont des matières premières, ils ont fait du pétrole de schiste,
26:28ils sont… – Premiers producteurs mondiaux de pétrole.
26:31– Et ils ont explosé les compteurs grâce à leur gaz et leur pétrole de schiste.
26:35– Qui est très cher à extraire, je crois, le pétrole de schiste.
26:38Très cher et très polluant, donc en plus c'est la double peine.
26:41Pendant que nous, si vous voulez, la France,
26:44pays qui compte pour moins d'un pour cent de la pollution mondiale,
26:49on pond des règles pour embêter les artisans,
26:52embêter les agriculteurs avec les pesticides.
26:55Donc si vous voulez, nous, on n'a fait que réguler,
26:58on n'a pas innové et on a taxé.
27:01Donc forcément le triptyque infernal, le cerbère à trois têtes européen,
27:07taxe, régulation et anti-innovation, forcément ça ne permet pas de briller.
27:15Donc effectivement, comme vous le dites,
27:16les Américains développent le tourisme lunaire avec SpaceX.
27:21Maintenant, on pourra aller dans la Lune en payant 200 000 dollars
27:24et ce sera un luxe qu'on pourra se payer.
27:25En Europe, on a les bouchons, si vous voulez, de bouteilles d'eau qui restent accrochées.
27:29Voilà, c'est ça la dernière innovation européenne.
27:31Donc forcément, vous avez deux continents qui ont des priorités radicalement différentes.
27:36Ça donne, à la fin de la course, un résultat aussi qui est différent.
27:41Alors derrière, justement, cette idée d'un emprunt entre 700 et 800 milliards d'euros par an,
27:48l'idée de Mario Draghi, c'est la notion de mutualisation des dettes des États européens.
27:54Qu'est-ce que vous pensez de ce concept ?
27:57Est-ce que ce n'est pas déjà le cas ?
28:00C'est comme si on se disait que nous sommes allés…
28:05Enfin, on a une classe, dans la classe, il y a un élève qui a 2 sur 20, d'accord ?
28:11Eh bien, on lui dit si vous mettez 4 élèves qui ont 2 sur 20 et qui font le devoir ensemble,
28:18ils vaudront un 18 sur 20.
28:20Est-ce que vous pensez que 4 élèves qui ont 2 sur 20 et qui connaissent rien à rien
28:23arriveront même à 4, à avoir 18 sur 20 ?
28:27Peut-être qu'ils arriveront à monter à 3, 4 ou 5 sur 20, mais ça ne sera jamais un 18 sur 20.
28:32Donc là, le raisonnement de Mario Draghi, c'est de mettre tous les pays européens,
28:36tous les actifs européens ensemble, et puis de titriser ça, un petit peu comme dans un produit structuré.
28:41On met du AAA, super secure, l'Allemagne, les pays du Nord, avec des produits, on va dire,
28:48un peu plus toxiques, un peu plus pourris, voilà, dettes de l'Italie, France, Espagne.
28:53On mixe et ça donne un produit un peu moyen, mais en tout cas, ça donnera un produit un peu sexy pour les gens.
28:59Ce raisonnement-là, pour moi, il est compliqué et il n'est pas bon parce que, si vous voulez,
29:03ça n'a jamais bien marché, ce genre de choses-là.
29:06– Qu'est-ce qu'on en pense de ça, Sylvain Tiger, en Allemagne ou aux Pays-Bas,
29:11dans des pays qui ont encore de l'industrie ?
29:13– C'est ce que j'allais vous dire, quel est l'intérêt des Allemands
29:16à venir se mélanger avec des pays qui ne leur apportent rien, à savoir,
29:20si vous êtes un triple A, qu'est-ce que vous allez fusionner avec un triple C ?
29:25Pourquoi ? Vous empruntez moins cher qu'eux, tout va bien chez vous.
29:29Donc, à un moment donné, je pense qu'ils testent les différents gouvernements.
29:35La France voudra faire ça parce qu'elle a tout intérêt à le faire.
29:38Je veux dire, les autres pays européens, tels que les pays du Nord et l'Allemagne,
29:42ont plus d'argent, ont gérmé leur déficit, donc c'est bien pour la France de le faire
29:46dans le sens où ça permettrait d'aller prendre l'argent chez ceux qui ont bien travaillé
29:49et puis combler un peu nos bêtises.
29:51Le souci, c'est que j'ai quand même un gros doute sur le fait que les Allemands
29:54et les pays du Nord veuillent tout simplement gaspiller leur travail
30:00avec des pays qui n'ont pas eu de rigueur budgétaire.
30:05– Donc, on a une France qui subit une crise de la dette,
30:08on a une Allemagne qui est en récession économique,
30:11donc des pays européens qui vont plutôt très mal.
30:15Est-ce que l'Union Européenne est en danger ?
30:18Qu'est-ce qu'on est en train de se dire aujourd'hui à la Commission européenne ?
30:22Est-ce qu'on veut se dire, on va lancer une idée pour essayer de faire en sorte
30:27que la situation aille mieux pour ces États ?
30:30– Alors là, c'est une thèse…
30:33– J'ai l'impression qu'on est à la croisée des chemins.
30:34– Si vous voulez, j'ai commencé à réfléchir à quelque chose il n'y a pas très longtemps,
30:38mais je vais vous le dire.
30:39Moi, je pense qu'on peut avoir la fin de l'Union Européenne sous peu,
30:42mais à une condition, c'est que, c'est une condition assez sombre,
30:46c'est que si le conflit au Moyen-Orient explose,
30:49si vraiment ça part dans tous les sens,
30:51et qu'on a un choc exogène un petit peu comme pendant le Covid,
30:54c'est-à-dire qu'Israël, Israël-Palestine devient Israël-Liban,
30:59c'est un peu le cas maintenant, et puis en fait ça découle sur l'Iran,
31:03puis l'Iran ensuite va appeler ses alliés, c'est-à-dire la Russie et la Chine,
31:06puis Israël, là la flotte américaine à côté,
31:08puis ensuite ça se fait un gros conflit au Moyen-Orient.
31:11Les prix du pétrole explosent à la hausse, les chaînes logistiques sont gelées,
31:15parce que si vous voulez, vous avez le canal de Suez,
31:18les bateaux passent là, tatatata, et puis ils vont en Europe.
31:20– Et le détroit d'Ormuz.
31:22– Et le détroit d'Ormuz, donc là on est dans une situation
31:24un petit peu comme pendant le Covid, perturbation des chaînes logistiques,
31:29demande toujours constante, mais l'offre qui va devoir baisser
31:33ou qui va coûter de plus en plus cher parce que tout est perturbé,
31:35le carburant coûte très cher et les chaînes logistiques sont perturbées,
31:39donc il faut faire le tour de l'Afrique,
31:40ça prend 15 jours de plus, 15 jours ou 3 semaines de plus.
31:42Donc là pareil, on va devoir augmenter les prix.
31:45Ce choc exogène là, s'il arrive, c'est l'équivalent pour moi
31:48d'un quasi deuxième Covid, là je pense qu'on pète définitivement,
31:53l'Union Européenne c'est fini.
31:54La France, on se met en faillite, c'est terminé,
31:56parce que là en fait, cette récession-là, on ne pourra pas l'absorber,
31:59on est déjà sur les rotules à 6% de déficit,
32:01on va terminer à quoi, à 10, 15, 20, ce n'est pas possible.
32:04Donc là en fait c'est terminé, France faillite,
32:06mais plein d'autres pays européens font faillite,
32:08et donc là pour le coup, viendra la discussion,
32:11vu qu'on a tous fait faillite,
32:12est-ce qu'on ne recommencerait pas chacun de notre côté les gars ?
32:15Peut-être qu'il y aura cette discussion.
32:16– C'est un scénario en effet,
32:18mais on voit que le prix du pétrole a tout juste commencé à augmenter,
32:23il était jusque-là assez contenu,
32:25on a observé une hausse de 20% du baril depuis début septembre,
32:31un baril aujourd'hui autour des 80 euros,
32:33je crois qu'il a un petit peu dépassé.
32:35Pourquoi cette remontée ? Pourquoi ça commence à partir ?
32:39Après un effet de fixation ?
32:42– Je pense que le marché déjà n'a pas du tout pris au sérieux,
32:45il n'a pas anticipé ce qui peut se passer au Moyen-Orient,
32:48et je pense que là il y a un effet rattrapage,
32:50mais qui va continuer à arriver.
32:51Je pense vraiment que les opérateurs de marché,
32:54et le marché en général,
32:55sous-estiment fortement ce qui se passe au Moyen-Orient,
32:58mais c'est toujours pareil,
32:59quand le marché a sous-estimé, il va recompenser d'un coup.
33:01Donc à un moment donné, un jour,
33:02on va avoir une séance où ça va être n'importe quoi,
33:04et c'est là où ils vont compenser.
33:07– Mais il y a un vrai enjeu,
33:08il y a un vrai danger au Moyen-Orient,
33:09on voit que l'Iran a potentiellement fait un essai nucléaire,
33:14avec l'espèce de tremblement de terre que vous avez eu il n'y a pas longtemps,
33:17et qui serait adressé,
33:18et donc qui ne serait pas un tremblement de terre naturel,
33:20mais qui serait probablement un essai nucléaire,
33:23mais pour dissuader potentiellement Israël.
33:27C'est très compliqué,
33:28moi honnêtement ce conflit,
33:29j'ai l'impression que de jour en jour, il s'en venime.
33:32Alors oui, s'il s'arrête là, tant mieux,
33:34il ne se passera rien, on aurait eu une petite perturbation.
33:36Si par contre, il dégénère, ça devient un deuxième Covid,
33:40c'est évident que ce sera la fin de l'Union Européenne,
33:41parce que ce sera la fin des pays qui composent l'Union Européenne.
33:44Cette crise-là, qui pourra l'absorber ?
33:46La hausse des prix du pétrole, elle est bonne pour qui ?
33:48Pour des États endettés,
33:49et potentiellement des États endettés qui produisent du pétrole.
33:51Bah tiens, qui est endetté et produit du pétrole ?
33:53Les États-Unis.
33:54Donc pour eux, à la limite,
33:55s'il y a une guerre au Moyen-Orient,
33:56ils vendent des armes, ils vendent du pétrole.
33:59Les Européens qui ne pourront pas prendre du pétrole
34:01avec des pays du Moyen-Orient,
34:04ils iront acheter le gaz et le pétrole des États-Unis,
34:06ça fait les affaires des États-Unis.
34:07Mais les Européens, eux, ils sont…
34:09on est les dindons de la farce,
34:10parce que nous, toute notre chaîne d'approvisionnement,
34:12tout ce qu'on importait d'Asie, on ne pourra plus l'avoir.
34:14L'énergie, on ne pourra plus l'avoir.
34:17On va le chercher aux États-Unis, plus cher.
34:19Donc eux, ils gagnent, nous, on perd.
34:21– Est-ce qu'on est un petit peu suspendu en ce moment
34:23à l'élection présidentielle américaine
34:25qui aura lieu le 1er mardi de novembre ?
34:28– C'est le 5, si je ne dis pas de bêtises.
34:30– On a entendu un Trump nous parler d'une éventuelle départe
34:33de troisième guerre mondiale avec cette crise au Moyen-Orient.
34:37Ça serait quoi la stratégie de l'un et de l'autre,
34:39Harris-Trump, face à ce conflit ?
34:42– Je pense, alors je ne peux pas parler avec certitude
34:46parce que je ne connais pas Donald Trump,
34:47mais je pense que Trump ne serait pas pour une guerre,
34:51ou en tout cas, c'est celui qui a retiré les troupes d'Afghanistan.
34:55Donc je pense que lui, il serait plutôt pour une accalmie
34:57quand, dans le même temps, Biden et Harris, c'est le même camp,
35:02ce camp-là a plutôt l'air d'être en faveur d'un conflit
35:05pour aller potentiellement, je ne sais pas moi,
35:07vendre des armes et faire monter les prix du pétrole
35:12parce que ça les arrange.
35:14Mais les États-Unis, j'ai envie de vous dire,
35:16dans ce conflit-là au Moyen-Orient, ils ont tout à gagner en fait.
35:18Ils auraient même tout intérêt à mettre de l'huile sur le feu
35:21parce qu'ils vendront leurs matières premières plus chères.
35:23Si les chaînes logistiques sont bloquées, ça leur profite à eux.
35:26Les États-Unis ont tout intérêt à envoyer un maximum d'essence là-dessus.
35:32Qui est-ce qui sera brûlé par ce conflit ?
35:34C'est l'Europe et le Moyen-Orient.
35:36Donc le Moyen-Orient va souffrir,
35:37mais après la guerre, il y aura une reconstruction
35:40qui va reconstruire les gagnants.
35:41Si les États-Unis sont dedans, ce sera eux.
35:43Donc ils vont nous mettre des McDo partout.
35:45Mais qui aura perdu dans cette guerre ?
35:47Le Moyen-Orient aura perdu des milliers de vies
35:50et des pays qui étaient bien construits seront en ruine.
35:53Et les Européens qui avaient besoin du Moyen-Orient
35:56pour l'énergie et des produits pour leurs exportations,
35:58des produits asiatiques pour leur importation et exportation.
36:01– On sait que les Iraniens n'ont aujourd'hui aucun intérêt
36:04à se lancer dans un conflit
36:06parce qu'ils n'ont pas une armée aussi puissante que celle d'Israël.
36:10On sait qu'Israël a la bombe atomique.
36:12Sur l'Iran, ce n'est pas encore officiel.
36:14Vous parlez d'un tremblement de terre
36:15qui pourrait faire penser à une explosion atomique.
36:17Mais est-ce que vous pensez qu'Israël,
36:20avec l'aide des États-Unis qui auraient intérêt à ce conflit,
36:24est sur le point de lancer une offensive en Iran ?
36:29– En Iran, avec toutes les réserves qui s'imposent…
36:32– Parce qu'il faut bien que ça pète quand même.
36:35– Avec toutes les réserves qui s'imposent en Iran, je ne pense pas.
36:38Mais après, encore une fois, on n'en sait rien.
36:41Si vous m'aviez dit, il y a quelque temps,
36:44est-ce que tu penses que le Liban et Israël se feraient la guerre ?
36:48J'aurais dit non.
36:49Donc en fait, honnêtement, je ne peux pas dire avec certitude
36:52qu'il ne se passera rien en Iran.
36:53J'ai l'impression que ce dossier au Moyen-Orient est tellement complexe
36:56que, de jour en jour, ça peut partir.
36:58– Parce que là, on a constaté que l'Iran ne délègue plus à ses alliés,
37:02Hamas, Hezbollah, Houthis, l'attaque contre Israël.
37:07Là, on a vu qu'ils avaient lancé des missiles.
37:09Alors, il n'y a eu qu'un mort, un malheureux Palestinien qui se trouvait là,
37:12mais ils ont lancé 180 ou 200 missiles.
37:14– 200 missiles, c'est pour ça que je vous dis que ce conflit,
37:16pour moi, il peut vraiment s'enflammer du jour au lendemain.
37:19Sachant que derrière l'Iran, c'est le bloc Russie.
37:22Et derrière l'Israël, c'est le bloc États-Unis.
37:24Donc, en fait, c'est aussi un moyen pour ces deux grandes superpuissances
37:27de s'affronter, mais de s'affronter indirectement.
37:30Donc, ce n'est pas la Russie qui attaque les États-Unis.
37:32Ils se font la guerre, mais par pays interposés.
37:34Donc, c'est pour ça que j'ai envie de vous dire,
37:35c'est un peu comme si le bloc OTAN G7 versus BRICS,
37:41c'est comme si on avait un match de boxe,
37:42mais il se passe au Moyen-Orient.
37:44Et malheureusement, c'est des innocents qui vont se battre
37:46pour des intérêts qui les dépassent,
37:47qui seront des intérêts de pays supérieurs, tout simplement.
37:52Parce que, pareil, si les matières premières montent,
37:54qui s'en profite aussi naturellement ?
37:55Autres que les États-Unis.
37:57La Russie produit aussi des matières premières.
38:00Le pétrole passe par l'Inde,
38:01et ensuite, il arrive en Europe avec une marge.
38:03Bon, là, si les prix montent,
38:04ce sera le même produit, mais avec plus de marge, d'accord ?
38:07Donc, ce que je veux dire, c'est que les deux, en fait,
38:09au final, les deux camps ont intérêt à avoir un conflit,
38:11parce que ça permet, en tout cas,
38:14de vendre ce qu'ils produisent plus cher,
38:17potentiellement relancer leur industrie de l'armement.
38:19Donc, c'est des revenus en plus.
38:21Les seuls perdants, là-dedans,
38:22c'est les Européens et les Moyen-Orientaux,
38:23quand on y réfléchit.
38:25C'est nous qui avons vraiment à perdre.
38:27Enfin, en premier lieu, les habitants Moyen-Orient, bien évidemment.
38:30Et ensuite, nous, par effets ricochets.
38:32– Alors, il y a un troisième ensemble économique
38:36dont on n'a pas encore parlé,
38:37c'est la Chine.
38:39On a observé en septembre une envolée boursière,
38:41et dans le même temps,
38:43les observateurs constatent que l'économie est très fébrile
38:46depuis la fin de cette crise sanitaire.
38:50Est-ce que le problème est structurel aujourd'hui en Chine ?
38:53– Alors, il y a deux écoles qui s'affrontent sur le dossier Chine.
38:57Moi, je vais développer ma pensée.
39:00Bon, la Chine a un problème de démographie.
39:03Elle a une population vieillissante.
39:06Maintenant, ce qui est intéressant de noter,
39:09et c'est là aussi où j'ai changé peut-être d'avis,
39:11c'est qu'effectivement, le problème démographique chinois
39:13est réel et existant,
39:14mais qu'il n'aura d'impact que potentiellement dans 15-20 ans.
39:20Ils n'ont pas fait assez d'enfants.
39:22Ils sont dans une situation où ils vivent leur après-année 60,
39:25début-année de 70.
39:27Ils ont encore de la croissance devant eux.
39:29Peut-être pas aussi forte que pendant l'étreinte glorieuse.
39:31– Ils sont à 5% je crois de croissance, à peu près encore.
39:34– Ça baissera peut-être, mais globalement,
39:37il leur reste encore un petit peu de croissance.
39:38Ils ne sont pas déjà au déclin comme nous.
39:41Ils ont encore du chemin.
39:42Mais ça se fera peut-être dans 15-20 ans.
39:45Donc ça, c'est vraiment une position que j'ai révisée
39:47parce que je m'étais dit, bon, leur démographie étant vieillissante,
39:50je pense qu'ils vont décliner dans pas longtemps.
39:51Mais en fait, ils en ont encore un petit peu sous le coude.
39:54Mais effectivement, en tant que pays qui va très probablement
40:00devenir première puissance économique mondiale
40:01dans les 10 ans à venir, 10-15 ans à venir,
40:05ils font face à pas mal de défis.
40:06Le coût du travail, qui coûte beaucoup plus cher.
40:08Je veux dire, là aujourd'hui, vous ne payez pas en Chine
40:11le même prix que vous payiez il y a 20 ans pour les mêmes produits.
40:14Ça coûte de plus en plus cher.
40:16– Le sud-est asiatique est encore moins cher.
40:18– Le sud-est asiatique et la Nouvelle-Chine.
40:19C'est-à-dire que vous avez l'Inde, le Vietnam, l'Indonésie,
40:24tous ces pays-là, en fait, c'est les nouveaux pays
40:25où il y a énormément de croissance et beaucoup d'activité.
40:28Ils ont des populations très jeunes, 28 ans d'âge médian en Inde
40:33et dans les autres pays d'Asie du sud-est.
40:35Et puis après, le coût du travail ne coûte que dalle.
40:37Donc le dossier chinois, effectivement,
40:40ils ont injecté de l'argent sur les marchés.
40:42Ils se sont payés un coût de communication.
40:46Pour l'instant, à surveiller.
40:47On ne peut pas encore dire qu'ils sont en forte récession
40:51et que c'est la fin pour eux parce qu'au final,
40:53ils nous montrent bien à chaque fois que ce n'est pas le cas.
40:56Ils ont des réserves, ils ont des excédents et ça se passe.
40:59Pour l'instant, ça tient.
41:00Par contre, ce qu'il faudra vraiment surveiller,
41:02c'est est-ce qu'ils font les mêmes erreurs que nous à long terme ?
41:04C'est-à-dire, est-ce qu'ils commencent à trop intervenir dans l'économie ?
41:07Est-ce qu'ils commencent à dépenser un petit peu n'importe comment ?
41:09– À trop s'endetter.
41:11– Et à trop s'endetter.
41:12Ça, ça va être, à mon avis, les marqueurs qu'il faudra surveiller.
41:15On est au début de quelque chose,
41:16mais on ne peut pas encore dire que c'est alarmant.
41:17– Oui.
41:18On sait que la Chine est entrée dans l'OMC au début du XXIème siècle.
41:22Est-ce qu'on peut penser que son économie est en train de s'occidentaliser ?
41:27Qu'elle va faire les mêmes erreurs que l'Occident ?
41:30– Alors ça, c'était une vraie piste de réflexion qu'on avait pendant un moment.
41:35Et pareil, il y a deux écoles,
41:37mais moi, je vais vraiment parler de ce que j'estime être le plus intéressant.
41:43La Chine, il ne faut pas la sous-estimer,
41:47dans le sens où ils sont très conscients de ce qui se passe, en fait, en Occident.
41:52Ils sont très conscients de ce qui se passe dans la plupart des anciens pays leaders.
41:56Et ils voient très bien quels mots ont mené à quelles conséquences, d'accord ?
42:02Donc, je ne pense pas qu'ils feront les mêmes erreurs,
42:05j'espère pas pour eux, je ne peux pas le garantir.
42:07Pour l'instant, ce n'est pas le cas, et voilà.
42:13– Est-ce qu'on peut penser que, du coup,
42:15le modèle économique chinois est déjà en voie d'être dépassé ?
42:20– Il est en mutation.
42:22Il est en mutation pour une raison qui est simple,
42:23c'est que leur économie s'est transformée.
42:27Je veux dire, la Chine, en moins de dix ans,
42:28l'a produit des quantités astronomiques de véhicules électriques
42:32de qualité relativement bonne, et à des prix défiant toute concurrence.
42:36Donc, ces véhicules électriques-là sont vendus dans toute l'Asie.
42:38Vous en avez en Inde, vous en avez en Indo,
42:40vous en avez un petit peu partout, et en Chine, bien évidemment.
42:42Ces véhicules électriques qui coûtent 10 000 euros et qui sont super,
42:45et qui sont même mieux que la plupart des véhicules électriques
42:47que nous on a en France,
42:49eh bien, en France, on ne peut pas les avoir à 10 000 euros,
42:51on les a bien plus chers parce qu'on a mis des droits de douane élevés
42:54pour protéger notre industrie, pour faire du protectionnisme.
42:57Et non, en fait, leur industrie, ça devient une industrie
43:01de la consommation des ménages moyens.
43:04C'est-à-dire qu'avant, c'était des fermiers qui venaient de campagnes,
43:07500 millions qui sont venus dans des centres urbains
43:09pour trouver une vie meilleure, travailler dans des usines.
43:11Puis maintenant, ça devient des gens qui, classe moyenne,
43:13peuvent s'acheter des bagnoles, peuvent s'acheter de la high-tech, de l'IFI.
43:18Bref, c'est tout ce que nous, on a vécu dans les années 90,
43:20ils le vivent là.
43:21Ils ont leurs meilleures années.
43:23Et s'il voulait, avant d'avoir le déclin que nous, on a connu,
43:27il nous a fallu 50 ans.
43:29Donc, ils ont peut-être au moins 30, 40 ans devant eux, je pense.
43:33– Pour revenir en Europe et conclure cet entretien avec vous,
43:36Sylvain Tigueur, et peut-être aussi résumer ce qu'on s'est dit,
43:40c'est quoi l'avenir des Européens, des Français, dans les mois à venir,
43:45au regard de ce qui se passe au Moyen-Orient ?
43:48– Alors, moi, je pense qu'il faut, que toutes les personnes
43:51qui regardent notre entretien aujourd'hui doivent garder une chose en tête,
43:55c'est que ça va être dur dans les mois à venir.
43:56Je pense que ça va être très dur dans les années à venir.
44:00On va nous demander beaucoup d'efforts fiscaux,
44:03on va nous demander beaucoup d'efforts aussi au niveau des prestations
44:06qui nous sont fournies, parce qu'on va payer de plus en plus
44:08pour recevoir de moins en moins.
44:10Et si demain, au Moyen-Orient, le conflit dérape,
44:13de toute façon, par effet ricochet, ça va pas mettre très longtemps
44:15à se répercuter chez nous, dans les prix de l'alimentation,
44:18dans les prix de plein de choses, parce qu'on apporte beaucoup de choses.
44:21Donc, il va falloir être solide, il va falloir être résilient,
44:25il va falloir faire preuve de courage,
44:28et puis, il va falloir faire preuve aussi, je pense, de flexibilité.
44:32Là, il faut être capable d'agir rapidement, d'accord ?
44:36Si vraiment ça dérape trop, il faut être capable aussi de,
44:39soit prendre ses valises et partir avec sa femme et ses enfants,
44:41parce que c'est ce qu'il y a de mieux, soit si vous voulez rester,
44:44il faut être capable d'encaisser, mais d'encaisser fortement
44:46ce qui va arriver, parce que ça ne va pas être joli joli.
44:49Et puis, il n'y a pas vraiment de, si on réfléchit bien,
44:51il n'y a pas vraiment de solution à ce problème.
44:53– Oui, parce qu'en fait, les milliards, c'est-à-dire qu'on a envoyé en Ukraine,
44:56je ne sais même plus à combien on en est aujourd'hui,
44:58c'est quoi le retour pour les Français de cette,
45:01c'est quoi, c'est un investissement, c'est une dépense ?
45:03– Alors, pour les Français, je n'en sais rien,
45:06je suppose que ce sont des arrangements diplomatiques,
45:08que si demain l'Ukraine doit se reconstruire,
45:11ça passera par peut-être des partenariats avec la France.
45:15Mais bon, tout ça, pour moi, c'est tellement, si vous voulez,
45:18on est dans l'ordre du spéculatif,
45:21je ne vois pas en quoi c'est une stratégie viable, ce n'est pas logique.
45:26La seule façon d'engranger plus de profits pour l'État,
45:28c'est de déréguler, baisser le taux de taxes sur les entreprises
45:33et sur les individus, potentiellement avoir une monnaie nationale
45:36plus compétitive pour qu'on coûte moins cher aux autres.
45:39Et puis naturellement, les entreprises vont se créer,
45:41les gens achèteront chez nous parce que ce sera bon marché
45:43d'acheter des produits français, d'accord.
45:45On pourra employer des gens parce que le code du travail,
45:47il ne fera plus 3 800 pages, il fera peut-être que,
45:49allez, je dis une bêtise, 500 pages.
45:51Et puis les entreprises, elles ne paieront pas beaucoup d'impôts
45:53et du coup, elles pourront embaucher beaucoup plus de gens.
45:56Ça, ça fait qu'il y aura beaucoup plus d'entreprises
45:58qui pourront payer des taxes et potentiellement,
46:00ce qui a permis à la France de se développer historiquement,
46:02c'est ça, c'est un taux d'imposition normale,
46:05des conditions de travail non étouffables et ça va attirer les talents.
46:09Tant qu'on ne fait pas ce genre de choses-là,
46:11tant que la seule solution qu'on trouve à tous nos problèmes,
46:16c'est taxer et c'est réguler, malheureusement,
46:19on ne fera que tuer l'esprit d'innovation français
46:22qui a un esprit absolument fantastique
46:24mais qui, malheureusement aujourd'hui, s'exporte à l'étranger.
46:26Les cerveaux français s'exportent de plus en plus à l'étranger
46:29et donc vont enrichir d'autres pays quand le nôtre dépérit.
46:33Ça, c'est regrettable.
46:34– Merci à vous, Sylvain Tiger,
46:36ce sera les mots de la fin de cet entretien.
46:39Je rappelle que vous êtes le fondateur d'Ultrabourse
46:42et qu'on peut vous lire sur la lettre économique
46:48Les Incorruptibles avec Olivier Delamarche
46:52que l'on salue d'ailleurs à cette occasion.
46:54Et voilà, vous avez une chaîne sur Youtube à votre nom, Sylvain Tiger.
47:00Merci à vous, merci à vous de nous avoir suivis.
47:03Je vous rappelle que vous pouvez mettre un pouce en l'air
47:05si cet entretien vous a plu et n'hésitez pas à partager,
47:08commenter cet entretien.
47:10Quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine.
47:12À bientôt, salut.
47:13– Sous-titrage Société Radio-Canada

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