Pulsion meurtrière

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Retrouvez "Au Cœur du Crime " sur : http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-du-crime

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Transcription
00:00Bienvenue au Coeur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:09Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:49Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:57André Parisot était de très mauvaise humeur.
01:00En cette journée caniculaire, il aurait dû partir en vacances.
01:04Et au lieu de ça, il avait été obligé de remplacer son copain Bobby Dufour, hospitalisé d'urgence la veille au soir, victime d'une péritonite.
01:14Il y avait une très importante livraison à faire qui ne souffrait aucun retard.
01:18Et bien sûr, c'est lui que le patron avait désigné pour sauver la situation.
01:24Je sais que je peux compter sur vous, Parisot.
01:27Et puis, vous êtes le seul célibataire de l'équipe, n'est-ce pas ?
01:30Tous les autres partent avec femmes et enfants, ils ont des locations, tout ça.
01:34Vous, vous allez chez votre mère, vous arriverez trois jours plus tard, voilà tout.
01:38Et je vous en voudrais ça, mon petit gars, d'accord ?
01:40Il était bien obligé d'être d'accord.
01:43Dans cette période de crise, il valait mieux être d'accord.
01:46Sinon, on avait de grandes chances de se retrouver pointant à la NPE.
01:52Et puis, André Parisot aimait son métier de chauffeur routier.
01:57Depuis qu'il avait vingt ans, et ça faisait belle lurette,
02:00il sillonnait les routes à bord de ces énormes machines qu'il faisait rêver quand il était gamin.
02:05Il en avait vu du pays pendant toutes ces années.
02:08Il aimait les départs au petit matin, les copains routiers sympas qu'il retrouvait au hasard de ses voyages.
02:15Quand il était au volant de son camion, il se sentait libre, André.
02:20Libre, loin des tracasseries de la vie de tous les jours.
02:24La journée avait mal commencé.
02:27D'abord, un pneu crevait à la sortie de la ville, qu'il avait obligé à s'arrêter pour changer de roue.
02:33Et puis, avec cette chaleur insupportable, il était en âge,
02:37et il lui restait des kilomètres et des kilomètres à faire avant de se retrouver chez lui.
02:41Une bonne douche glacée, voilà ce qu'il lui fallait.
02:44Une bonne douche glacée, après une aussi dure journée.
02:49André Parillo et son énorme camion étaient sortis de la ville écrasés de soleil
02:55quand, dans un terrain vague, bordant la route,
02:58il remarqua deux individus allongés en plein soleil et recouverts chacun d'un duvet.
03:04« Ah ! par cette chaleur, où ils sont fous, où ils sont morts ! » pensa-t-il.
03:11Et pour en avoir le cœur net, André Parillo freine,
03:15range le lourd véhicule sur le bord de la route déserte
03:19et, en grandes enjambées, se dirige vers les deux corps qui sont toujours allongés dans l'herbe.
03:26L'odeur épouvantable qui se dégage ne permet pas un instant de douter de l'état de décomposition
03:33dans lequel se trouvent les deux cadavres étendus là.
03:37André Parillo, bouleversé par sa macabre découverte,
03:41remonte dans son camion, démarre à toute vitesse et va téléphoner à la gendarmerie la plus proche.
03:49Quand j'arrive sur les lieux, escorté de deux de mes hommes et du chef Beauvais,
03:54technicien des investigations criminelles,
03:57le commandant de groupement et le commandant de compagnie de chaumont sont là,
04:00ainsi que le médecin légiste de l'institut médico-légal.
04:06Mon enquête commence sous un ciel d'un bleu éclatant et sous une chaleur torride.
04:13Les deux corps, habillés, sont allongés sur le ventre.
04:18L'état de décomposition est avancé.
04:20Le médecin légiste situe la mort dans la nuit du 3 au 4 août, soit environ 36 heures.
04:28Les victimes sont deux jeunes garçons entre 18 et 20 ans,
04:32qui ont été abattus par une arme de petit calibre.
04:36L'un des garçons a reçu deux balles dans la tête,
04:39l'une au sommet du crâne, l'autre derrière l'oreille droite.
04:43Sur son compagnon, on remarque 15 points d'impact dans la tête, les épaules, la poitrine et le dos.
04:50Le duvet qui le recouvre est troué de part en part à plusieurs endroits.
04:56Tout près des cadavres, on a trouvé une toile de tente complète dans sa gaine de transport
05:01et un sac en plastique sur lequel on peut lire « Western, trois places de l'église, Maxéville ».
05:08La fouille pratiquée sur les corps des deux victimes permet de récupérer un ticket de train SNCF
05:14composté le 3 août à la gare de Nancy pour le trajet Nancy-Chaumont
05:19et deux tickets de bus au départ de Saint-Max.
05:24Mais on ne découvre aucune somme d'argent, aucune pièce d'identité
05:29et nous remarquons également l'absence de sacs pouvant contenir des vêtements de rechange ou des nécessaires de toilettes.
05:36Une fois ces constatations faites, nous pouvons tirer les enseignements suivants.
05:42Les victimes ont vraisemblablement été tuées sur place à l'aide d'une arme de petit calibre, 22 longs rifles.
05:50Cette hypothèse est confirmée par le médecin légiste.
05:53Les deux jeunes gens sont très certainement originaires de la région de Nancy
05:58et ils ont été dévalisés après avoir été abattus.
06:04À partir du 6 août, je forme cette équipe qui vont effectuer les opérations habituelles.
06:09Audition des témoins, exploitation des indices découverts et des renseignements recueillis, fouille systématique des lieux du crime.
06:19Le signalement des deux victimes est diffusé par radio à toutes les unités de police et de gendarmerie de France.
06:26Les responsables du magasin de vêtements, d'où vient le sac en plastique découvert près des victimes,
06:32sont interrogés au cas où ils pourraient nous aider à retrouver l'identité des deux malheureuses victimes.
06:38De toute manière, l'adresse qui se trouve sur le sac est à Maxéville, tout près de Nancy et cela confirme ce que nous pensions.
06:45C'est dans la région de Nancy que nous devons chercher l'identité des deux jeunes gens.
06:50J'envoie donc mon adjoint, le Major Morsan, enquêter à la gare de Nancy afin de connaître
06:56dans quelles circonstances ont été délivrés à la fois le ticket de train et les deux tickets de bus au départ de Saint-Max.
07:05Je confie à trois équipes spécialisées le soin de fouiller minutieusement le lieu du crime et ses abords.
07:13Le terrain vague où le chauffeur routier a découvert les cadavres des deux jeunes gens
07:17est passé au peigne fin dans le but de retrouver les douilles des cartouches utilisées par le meurtrier
07:23et, éventuellement, l'arme, revolver ou carabine 22 long-rifle.
07:28Ménis d'appareils de détection des mines, mes hommes ratissent le lieu du crime et explorent également le lit de la rivière.
07:36Ils ne tardent pas à découvrir sept étuis de calibre 22 long-rifle.
07:41Six ont été éjectés à une distance de 4 à 5 mètres à la gauche des cadavres.
07:46Le septième se trouvait sous le corps de l'une des victimes.
07:51L'arme utilisée est donc bien une carabine 22 long-rifle.
07:56Je fais diffuser un message radio sur le plan national.
07:59Recherchez tout individu se déplaçant à pied ou en voiture détenteur d'une carabine 22 long-rifle
08:06à éjection latérale droite et en possession de pièces d'identité ou de documents ne lui appartenant pas.
08:14J'essaie de mener mon enquête le plus efficacement possible et je sais déjà que, longtemps encore,
08:21je garderai dans ma mémoire l'image des deux corps sans vie de ces garçons, presque des enfants, assassinés dans la fleur de l'âge.
08:30Sans relâche, mes hommes interrogent les gens des environs, recherchent ceux qui auraient pu passer par là au moment du drame.
08:38Ainsi, deux témoins déclarent avoir entendu plusieurs détonations le 4 août entre 2h et 3h du matin.
08:47Un automobiliste de passage sur les lieux, vers 1h30 cette même nuit, nous apprend qu'il a remarqué un véhicule de couleur sombre
08:55stationné sur le bas côté de la route, à hauteur du terrain vague où les cadavres ont été découverts.
09:02Le 7 août, mon adjoint, le Major Morson, de retour de Nancy, m'apprend que les billets de train n°7830 et 7831, trajet Nancy-Chaumont,
09:13ont été délivrés le 3 août par la machine 134 de la gare de Nancy.
09:19Les deux tickets de bus ont été délivrés l'un le 13 janvier pour le trajet Saint-Max-Nancy, donc le possesseur de ce ticket est monté dans le bus à Saint-Max,
09:29l'autre le 20 janvier, et ce jour-là encore, le passager a utilisé le moyen de transport entre Saint-Max et Nancy.
09:38Il serait donc possible que l'une des deux victimes habite entre ces deux agglomérations.
09:45Je contacte donc toutes les brigades territoriales échelonnées entre Saint-Max et Nancy en leur demandant de rechercher parmi la population
09:54deux garçons correspondants au signalement des deux malheureuses victimes.
09:59En même temps, je fais diffuser dans la presse nationale le signalement des deux jeunes gens.
10:07Immédiatement, plusieurs personnes n'ayant reçu aucune nouvelle de leurs enfants en vacances se manifestent.
10:14Nélas, toutes les vérifications effectuées se révèlent négatives.
10:20Enfin, le 10 août à 21h15, le chef haut de mer commandant la brigade territoriale de Saint-Max m'appelle au téléphone
10:28et me signale que deux jeunes, domiciliés chez leurs parents à Saint-Max, sont partis en vacances le 3 août vers la Méditerranée,
10:36mais avec une halte du côté de Chaumont où ils voulaient assister à un concert de rock.
10:42Les parents des deux jeunes gens sont dans son bureau.
10:47Pour eux, va commencer une terrible épreuve.
10:52Au téléphone, je leur donne un signalement des deux victimes plus précis, plus complet que celui paru dans la presse
10:59et qui, au fur et à mesure que je précise certains détails, semble correspondre.
11:06Il n'y a bientôt plus de doute.
11:09La couleur des duvets, la marque des chaussures, tout nous laisse croire que nous venons d'identifier les deux malheureuses victimes.
11:23Le lendemain, 11 août, les corps seront formellement reconnus par les familles.
11:30Il s'agit de Laurent Grasset et Stéphane Soulier, âgés tous les deux de 19 ans et demeurant à Saint-Max.
11:40Mais le mystère reste entier.
11:43Pourquoi a-t-on tué ces deux garçons ? Et qui les a tués ?
11:48C'est ce que vous saurez dans quelques instants.
11:58Dans un terrain vague à la sortie de la ville, un chauffeur routier a découvert étendu dans l'herbe deux cadavres truffés de balles de 22 longs rifles.
12:07On ne retrouve aucun papier sur les victimes, qui semblent très jeunes.
12:11Cependant, grâce à leur signalement diffusé dans la presse au niveau national, on finit par retrouver leur famille et connaître enfin leur identité.
12:20Il s'agit de Laurent Grasset et Stéphane Soulier.
12:24Ils ont tous deux 19 ans.
12:29Les parents des deux garçons sont accablés de chagrin et il m'est difficile de les interroger pour l'instant.
12:36J'apprends néanmoins que Laurent et Stéphane, les deux malheureuses victimes, étaient partis en vacances munis de leur carte bancaire.
12:44Nous prévenons immédiatement les banques.
12:47Le père de Laurent Grasset est désespéré.
12:51Pourquoi ils les ont tués, mon commandant ?
12:54Est-ce que vous pouvez m'expliquer ça ?
12:57Deux garçons qui avaient toute la vie devant eux, qui ne nous avaient donné que des satisfactions.
13:02Il faut être un monstre pour tuer comme ça de sang-froid deux enfants innocents.
13:06Mais comment trouver les assassins, mon commandant ?
13:09Depuis le temps, ils ont dû s'évanouir dans la nature. Ils sont peut-être même passés à l'étranger.
13:14On ne les retrouvera jamais !
13:16Monsieur Grasset, il ne faut pas désespérer.
13:19Tous les gendarmes de France sont à la recherche de ceux qui ont tué votre fils et son ami Stéphane.
13:24Croyez-moi, tout est mis en œuvre pour qu'on arrête les coupables le plus vite possible.
13:32Le hasard.
13:34Ma femme dit souvent qu'il n'y a pas de hasard, mais moi je dis que dans notre métier,
13:39le hasard ou ce qu'on appelle le hasard, la chance, fait parfois bien les choses.
13:46Il est 18h30, ce 11 août.
13:49Les gendarmes de la brigade d'Uzès, dans le Gard, arrêtent en plein village une 205 Peugeot qui roule au pas.
13:55À son bord, il y a deux jeunes gens stupéfaits de l'intervention des gendarmes.
13:58L'un d'eux, le conducteur, baisse sa vitre et demande.
14:01Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qu'on a fait ?
14:03Monsieur, vous êtes en infraction.
14:05Descendez de votre voiture et regardez vos pneus.
14:07L'un d'eux est lisse.
14:09Veuillez changer votre roue immédiatement, s'il vous plaît.
14:12Le jeune homme répond d'un ton impatient.
14:14Mais je vous promets de faire ça à la première station service.
14:16Mais là, laissez-moi partir, je suis très pressé.
14:19Le gendarme reste ferme.
14:20Non, je regrette, monsieur.
14:21Je vous prie de descendre du véhicule et de changer immédiatement votre roue.
14:26Le jeune homme sort de sa voiture en bougonnant.
14:29Son compagnon descend lui aussi et demande.
14:31Antoine, tu veux que je t'aide ?
14:33D'un pas traînant, le conducteur va ouvrir le coffre pour y prendre son cri et sa roue de secours.
14:39Le gendarme le suit et machinalement inspecte le coffre de la voiture.
14:45Ce coffre est une véritable caverne d'Ali Baba.
14:50Parmi un lot impressionnant d'objets hétéroclites,
14:53il y a, bien en vue, une carabine 22 long-rifle et trois boîtes de cartouches.
14:59Le gendarme qui, bien évidemment, a entendu parler de l'affaire des deux jeunes campeurs assassinés,
15:05en voyant la carabine à haut le corps,
15:07est fait immédiatement arrêter les deux passagers de la 205 Peugeot qui sont aussitôt fouillés.
15:13Sur l'un d'eux, on trouve une carte d'identité,
15:17une carte bleue et un permis de conduire au nom de Laurent Grasset.
15:23Vers 19h, la brigade de gendarmerie d'Uzès, dans le gare,
15:27me prévient par téléphone que deux suspects ont été mis en examen, c'est-à-dire placés en garde à vue.
15:33Je prends aussitôt le train pour Uzès, accompagné de mon adjoint, le major Morsan.
15:39J'ai hâte de rencontrer les deux meurtriers présumés.
15:44Ils ont 17 et 19 ans.
15:48Eux aussi sont presque des enfants.
15:50Mais ceux-là, ils ont tué, j'en suis sûr.
15:55Après quatre heures d'interrogatoire,
15:57et devant les preuves évidentes de leur culpabilité,
16:00telles que la carte d'identité, la carte bleue trouvée sur l'un d'eux,
16:03les vêtements et affaires personnelles de Laurent Grasset et Stéphane Soulier,
16:07et surtout la carabine, dont l'examen prouvera bientôt qu'elle est bien l'arme du crime,
16:12ils finissent par avouer.
16:16Antoine Lacoste, le plus âgé des deux, raconte.
16:21Le 3 août, vers 10h30-11h le soir, sur la route, à la sortie de Chaumont,
16:26on a rencontré Laurent et Stéphane qui faisaient du stop.
16:29Alors j'ai arrêté la voiture et puis on les a pris.
16:32Ils étaient sympas.
16:34Ils partaient vers le sud, mais ils s'étaient arrêtés à Chaumont
16:37parce qu'il devait y avoir un concert de rock dans les environs, vers le 5 août.
16:41Alors nous on a décidé, Olivier et moi, d'aller avec eux.
16:45On a bu un verre tous les quatre et puis ensuite on a cherché un terrain pour dormir.
16:50Vers 1h du matin, c'était le 4 août donc, à la sortie de la ville,
16:55on s'est arrêtés sur un terrain vague et on s'est installés pour la nuit.
16:59Comme il était très chaud, on n'a même pas planté la tente.
17:02On était fatigués, on s'est couchés, chacun dans son duvet.
17:07Moi je dormais à points fermés quand, vers 3h du matin,
17:10j'étais réveillé en sursaut par des cris horribles.
17:13C'était Laurent. Il cria tellement et d'une manière si atroce
17:16que ses hurlements couvraient les détonations de la carabine
17:19dont Olivier était en train de se servir pour les tuer tous les deux.
17:24— Mais dis-moi, Antoine, tu n'as rien fait pour empêcher cette tuerie ?
17:29— Mais quand je me suis levé, c'était trop tard, monsieur.
17:32Tout ça, ça avait duré quelques secondes.
17:36Après, j'ai aidé Olivier à les fouiller.
17:40On a retourné leur corps sur le ventre, on a pris les portefeuilles
17:43avec les pièces d'identité, les cartes bleues, tout ça.
17:46Puis on a trouvé sur eux 800 francs.
17:49On a tout emporté, l'or, carnet, chèque, les cartes de crédit,
17:52aussi les sacs à dos avec leurs affaires.
17:55Et puis on a pris la route en direction de la Côte d'Azur.
17:58C'est là qu'on s'est fait épingler à cause d'un pneu usé.
18:02Je regarde Olivier Rugour, l'assassin.
18:06Il est calme, serein.
18:09C'est un adolescent de dix-sept ans, aux cheveux un peu longs, aux jeans troués.
18:15Il ressemble à bien des jeunes de son âge.
18:18Mais lui, lui, c'est un assassin.
18:22C'est lui qui a abattu de sang-froid les deux garçons pour les dépouiller.
18:29Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans sa tête à ce moment-là ?
18:33Qu'est-ce qui a fait que, de paisible vacancier qu'il était,
18:37il soit devenu en une seconde un abominable criminel ?
18:43Je le regarde droit dans les yeux.
18:46Il n'évite pas mon regard.
18:50Olivier, les parents de Stéphane et de Laurent m'ont demandé pourquoi.
18:56Pourquoi on avait tué leur fils ?
18:59Aujourd'hui, c'est moi qui te demande pourquoi.
19:04Olivier Rugour baisse la tête.
19:06Il fixe intensément le rebord de mon bureau.
19:12Je ne sais pas ce qui m'a pris, monsieur.
19:15Il faisait trop chaud.
19:17Je ne pouvais pas dormir.
19:20Tout d'un coup, j'ai eu envie de les tuer.
19:23Comme ça.
19:24Pour rien.
19:26Pour voir.
19:30Lors du procès, les psychiatres trouveront peut-être des circonstances atténuantes
19:36à ce monstre, après un acte aussi épouvantable.
19:40L'assassinat de deux garçons de 19 ans.
19:44Comme ça.
19:45Pour rien.
19:46Pour voir.
19:50Je crois que c'est Jacques Brel qui disait, il y a des soirs comme ça où j'ai tellement
20:01mal à l'homme, où j'ai tellement honte pour lui, que je crois que je préférerais
20:06être un chien.
20:08Il y a des soirs comme ça.
20:12Moi aussi, grand Jacques, je crois que je préférerais être un chien.
20:18Vous venez d'écouter Au cœur du crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
20:23Réalisation, Julien Tharaud.
20:25Production, Raphaël Mariat.
20:27Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova et Antoine Reclus.
20:32Promotion, Marie Corpet.
20:35Au cœur du crime est disponible sur le site et l'appli Europe 1.
20:39Écoutez aussi l'épisode suivant en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute.

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