• il y a 2 heures


Retrouvez "Au Coeur du Crime " sur : http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-du-crime

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:08Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Bonsoir, je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:56La nuit venait juste de tomber.
00:59La journée avait été rude pour Bernard Ruffier et sa femme.
01:03Ce 1er novembre était inscrit en rouge sur les tablettes de bison futé en raison des grands retours de la Toussaint
01:09et dans la station-service, dont les Ruffiers étaient les gérants, on avait guère le temps de rêvasser.
01:15Les quatre employés étaient rentrés chez eux et les Ruffiers achevaient de dîner,
01:19goûtant ces instants de détente après le stress d'une journée harassante.
01:25La chienne Valentine, un boxer affectueux et gourmand, entamait un plantureux repas
01:31quand, soudain, ses maîtres l'avirent bondir en grognant vers la porte donnant sur le jardin.
01:36Bernard Ruffier se lève.
01:38Si Valentine grogne en délaissant sa pâtée, c'est qu'il y a un intrus dans le jardin,
01:43sûrement un chien qui erre en quête d'aventure.
01:47Bernard ouvre la porte et Valentine se précipite dans le jardin en aboyant.
01:53C'est alors que deux silhouettes surgissent de l'ombre, menaçantes,
01:57des rôdeurs sans doute, que la chienne va faire fuir à coups de crocs.
02:01Mais trois coups de feu retentissent dans la nuit et Valentine, affolé,
02:05rentre dans la cuisine par la porte entreouverte sans demander son reste.
02:10Quand Bernard Ruffier, surpris, effrayé par cette attaque imprévue, veut fermer la porte,
02:15il éprouve une forte résistance et doit s'acbouter de toutes ses forces
02:19pour empêcher les malfaiteurs d'entrer dans la maison.
02:22Sa femme, Jocelyne, tremble de tous ses membres.
02:25Bernard, sur le point de céder, l'appelle à la rescousse.
02:29« Jocelyne, viens m'aider à pousser au lieu de paniquer ! »
02:32Jocelyne s'exécute et enfin, à eux deux, ils arrivent à fermer la porte
02:37contre laquelle la jeune femme reste appuyée.
02:40Bernard crie à tue-tête. « Je prends le fusil, appelle les gendarmes ! »
02:45Un quatrième coup de feu répond à cet avertissement.
02:49La balle a traversé la porte, touchant Jocelyne Ruffier qui s'écroule, grièvement blessée.
02:56Bernard, ébêté, ne peut que hurler. « Jocelyne ! »
03:00La chienne Valentine se précipite en gémissant sur sa maîtresse
03:03qui gît inanimée sur le carrelage de la cuisine.
03:06Comme dans un brouillard, Bernard Ruffier entend des bruits de pas précipités
03:11qui résonnent dans la nuit.
03:13Un cinquième coup de feu est tiré pendant que les malfaiteurs prennent la fuite.
03:19Le souffle coupé par l'émotion ou la voix brisée,
03:22Bernard téléphone à la gendarmerie pour appeler au secours.
03:26« Venez vite ! On a été attaqué ! Je suis le gérant de la station-service des Quatre Chemins !
03:31On nous a tirés dessus et ma femme est blessée ! »
03:35À la section, tout le personnel est en alerte et je reçois un coup de téléphone
03:40du commandant de compagnie qui me demande de prendre l'affaire en main.
03:44Je me rends immédiatement sur les lieux de l'agression
03:47après avoir fait diffuser un message d'alerte à toutes les brigades du département
03:51et du département Limitrof.
03:53Des postes de contrôle sont établis dans les plus brefs délais
03:56par toutes les brigades sur les principaux axes routiers de la région.
04:01À 22h30, je suis sur place avec deux de mes hommes
04:05et le chef Beauvais, technicien des investigations criminelles.
04:10L'ambulance vient d'emporter Jocelyne Ruffier,
04:13sans connaissance et qui semble sérieusement blessée.
04:17Son mari, terriblement angoissé, ne veut pas la quitter
04:20et part lui aussi vers le centre hospitalier régional.
04:25Le chef Beauvais prend des photos de la cuisine dévastée
04:29et de la porte donnant accès au jardin.
04:32Nous cherchons des indices et nous ne tardons pas à trouver
04:36quatre douilles de cartouches de 7.65 dans le jardin
04:40à proximité de la porte d'entrée de la cuisine
04:42et une cinquième douille de même calibre
04:44dans une allée bordant la clôture et conduisant à la route nationale.
04:50Le grillage de la clôture est abaissé en deux endroits.
04:53Les agresseurs ont dû y prendre appui pour l'escalader
04:56et sortir du jardin.
04:59Ils doivent apparemment être jeunes et agiles
05:01car ce grillage est assez haut.
05:03Mais il manque de sang-froid
05:06puisque le portillon d'accès au jardin situé à proximité
05:10est ouvert et ne possède qu'un système de fermeture très sommaire.
05:16Je demande que l'on fouille les bois voisins
05:18entourant la station-service.
05:21Plusieurs de mes hommes se mettent à l'œuvre
05:23et rapidement découvrent dans une allée sans issue
05:26longue d'une trentaine de mètres
05:28et débouchant sur la route nationale
05:30des traces de voitures.
05:33Cette allée se trouve à une centaine de mètres
05:35de la station-service des quatre chemins.
05:38Les traces de pneus montrent qu'un véhicule
05:41a été garé là en marche arrière
05:43et qu'il a quitté son stationnement très rapidement
05:46si j'en juge par la terre arrachée
05:48pour s'engager sur la nationale en direction du nord.
05:53Le chef Beauvais relève les empreintes du pneu arrière gauche.
05:57Les dimensions du pneu et l'écartement des roues
06:00permettent d'avancer des hypothèses
06:02sur le type du véhicule en cause.
06:04La voiture des malfaiteurs
06:06pourrait bien être une Peugeot 205 GTI.
06:11Les messages radios sont diffusés au fur et à mesure
06:14que les renseignements sont recueillis.
06:16Toutes les brigades du département en sont informées.
06:21De retour de l'hôpital, où sa femme est toujours dans le coma,
06:25Bernard Ruffier a pu témoigner de ce qu'il avait vu.
06:29Malheureusement, tout ce qu'il peut nous dire
06:31c'est que les agresseurs étaient deux,
06:33qu'il n'a pas pu voir leur visage
06:35et qu'ils ont tiré cinq coups de feu.
06:39À trois heures du matin, n'ayant donné aucun résultat,
06:42les postes de contrôle routier sont levés.
06:46Il faudra attendre le lever du jour
06:48pour procéder à un nouvel examen méthodique
06:50des lieux de l'agression.
06:54Le lendemain matin, dès huit heures,
06:55nous sommes à nouveau sur place à la station-service
06:58à la recherche de nouveaux indices.
07:02C'est en passant le jardin aux peignes fins
07:04que le chef Beauvais, qui a l'œil perçant,
07:07trouve au pied de la clôture
07:10un bouton en plastique de couleur gris foncé.
07:14Justement à cet endroit, le grillage a été abaissé
07:17et une maille est déformée,
07:19comme si elle avait été tirée vers le haut.
07:23Le bouton en plastique gris retient toute notre attention.
07:27Étant donné son état et celui du fil qui y est encore fixé,
07:31nous déduisons qu'il a été perdu là récemment.
07:35Il a dû être arraché du vêtement de l'un des agresseurs.
07:40Ce renseignement est immédiatement diffusé par radio
07:43à toutes les brigades.
07:45Je fais également paraître un article dans la presse locale
07:49invitant toute personne ayant circulé sur la route nationale 67
07:53le soir du drame
07:55à venir faire une déposition à la gendarmerie.
07:59À peine l'article paru,
08:01un vieil homme se présente spontanément à mon bureau.
08:05J'ai lu l'article dans le journal, alors je viens vous dire ce que j'ai vu.
08:09Sur le moment, ça m'a paru bizarre, mais je n'y ai point trop prit attention.
08:13On voit tellement de choses de nos jours
08:16et c'est en voyant votre appel à témoin dans le journal
08:20que j'ai compris que ce que j'avais vu, c'était pas normal.
08:25Bien. Tout d'abord, messieurs, merci d'être venus si rapidement.
08:29Alors, dites-moi ce que vous avez vu.
08:31Eh bien, j'étais dans ma voiture
08:34et je roulais en direction de Saint-Dizier-une-Port
08:37quand je suis passé devant la station-service des quatre chemins.
08:41Il devait être 10 heures du soir, peut-être un peu moins.
08:44J'ai vu deux hommes qui sortaient de l'allée bordant le jardin
08:48et courant sur l'accotement de la Nationale.
08:51Il y en a un des deux qui était vêtu d'un imperméable foncé
08:55et l'autre avait un imperméable clair.
08:58Voilà. J'espère que mon témoignage pourra vous aider
09:02à retrouver les agresseurs de cette pauvre femme.
09:07Je vous remercie, monsieur.
09:09Le bouton trouvé dans le jardin
09:12ressemble tout à fait à un bouton d'imperméable.
09:16Nous pouvons ainsi compléter le signalement des malfaiteurs.
09:21Tout au long de la journée, d'autres personnes se présenteront
09:25à la suite de l'article paru dans le journal,
09:27mais hélas, leurs auditions n'apporteront aucun élément intéressant.
09:34L'enquête piétine et ce n'est vraiment pas le moment.
09:38Voyez-vous, dans une affaire comme celle-ci,
09:40c'est tout de suite qu'il faut découvrir les coupables.
09:44Après, ils risquent fort d'être trop tard.
09:48Alors que faire ?
09:51Comment les retrouver avant qu'ils ne s'évaporent dans la nature ?
09:55C'est ce que vous saurez dans quelques instants.
10:00Un soir de novembre,
10:02monsieur et madame Ruffier,
10:04les gérants de la station-service des Quatre Chemins,
10:07sont attaqués par des machinadiers.
10:10Leur objectif ?
10:12Détruire la station-service des Quatre Chemins.
10:16Leur objectif ?
10:18Détruire la station-service des Quatre Chemins.
10:22Leur objectif ?
10:24Détruire la station-service des Quatre Chemins.
10:28Ils sont attaqués par des malfaiteurs
10:30qui essaient de pénétrer chez eux de force
10:33en tirant des coups de feu.
10:36Monsieur et madame Ruffier parviennent à bloquer la porte
10:39empêchant ainsi les deux hommes d'entrer.
10:42Devant cette résistance acharnée,
10:45les deux bandits quittent les lieux à toute vitesse
10:47en tirant à travers la porte.
10:50Madame Ruffier est grièvement blessée.
10:54Sitôt prévenue par le gérant,
10:56je me rends sur les lieux du drame.
10:59Au cours de nos premières investigations,
11:02un indice retient mon attention.
11:05Il s'agit d'un bouton gris foncé
11:08qui a dû être arraché aux vêtements
11:10de l'un des agresseurs pendant leur fuite,
11:12vraisemblablement en repassant sur la grille du jardin.
11:19Les barrages routiers dressés immédiatement après l'agression
11:22n'ont donné, hélas, aucun résultat.
11:26L'enquête piétine.
11:29Le lendemain matin, vers onze heures,
11:32la brigade de gendarmerie de Tonance
11:35me signale l'interpellation de deux délinquants
11:38bien connus de nos services,
11:40Gérard Oleg et Jamel Alaoui,
11:43alors qu'ils circulaient à bord d'une voiture volée,
11:46une Peugeot 205 GTI.
11:50Dès qu'ils sont dans mon bureau,
11:52j'interroge Gérard Oleg et son ami Jamel.
11:55Oh, je les connais bien tous les deux.
11:57La première fois que je les ai arrêtés,
11:59c'était il y a quelques années,
12:01lors de leur premier vol de voiture.
12:04À cette époque, ils avaient à peine seize ans.
12:08Alors, Gérard et Jamel, encore vous ?
12:13Mais dites-moi, à la prison, vous aimez ça, on dirait, non ?
12:16Que vous êtes passés à la vitesse supérieure ?
12:19Vous ne vous contentez plus de voler des voitures,
12:21maintenant vous attaquez des stations-service à main armée ?
12:25Spontanément, d'une seule voix,
12:27les deux garçons me disent non.
12:30Mais j'ai l'habitude.
12:32Jamel et Gérard ont pour principe de nier,
12:35quoi qu'il advienne.
12:37Même devant des preuves indiscutables qui les accablent,
12:39ils nient, c'est leur tactique.
12:42Avec eux, je le sais,
12:44impossible d'obtenir tout de suite des aveux.
12:48Bien, alors reprenons.
12:51Cette voiture, vous l'avez bien volée ?
12:54Non, mon commandant.
12:57Vous voulez vraiment que je me mette en colère ?
12:59Le propriétaire de la voiture dans laquelle vous vous trouviez
13:02a fait une déclaration de vol,
13:04et lui, il possède les papiers en règle.
13:06Alors ?
13:09Jamel, qui est le plus bavard des deux,
13:12se tortille sur son siège.
13:15Bon, d'accord. Ok pour la voiture, mon commandant.
13:18Mais on n'a rien fait d'autre, hein ! Ma parole !
13:22Où étiez-vous hier soir vers 10h ?
13:25On buvait le thé à l'amande chez ma mère, mon commandant.
13:28Ah oui ?
13:30Elle a le téléphone, ta mère, Jamel ?
13:32Bah non, commandant.
13:34Parle même pas le français, alors à quoi ça lui servirait le téléphone ?
13:38Où avez-vous caché les armes ?
13:41Quoi ? Quelles armes, mon commandant ?
13:43Celles avec lesquelles vous avez tiré sur la station-service,
13:46blessant grièvement la gérante, madame Ruffier.
13:48Oh là là ! Pas de ça, mon commandant.
13:51On n'a pas de revolver ni de fusil, nous autres.
13:53Vous allez pas nous mettre ça sur le dos, hein ?
13:56On touche pas aux armes, nous.
13:58On pique des voitures, des autoradios, mais ça c'est tout, je vous le jure.
14:03Jamel paraît sincère, mais le drame avec lui, c'est qu'il est toujours sincère.
14:09Mon petit Jamel, je t'assure que tu ferais mieux d'avouer.
14:13Parce que si vous ne me dites pas où sont les armes,
14:16je vais être obligé de faire perquisitionner chez vous.
14:18Et encore une fois, ce sont vos parents qui vont avoir des ennuis à cause de vous.
14:23Depuis le temps que je vous connais, vous n'avez pas encore compris
14:25que vous êtes en train de gâcher votre vie et celle de vos parents.
14:29Gérard, sois raisonnable et dis-moi la vérité pour une fois.
14:33Mais je dis comme Jamel, mon commandant.
14:35On n'a rien fait, nous.
14:37On a juste piqué une voiture pour aller jouer au flipper à Doulincourt,
14:40mais je vous jure qu'on n'a pas attaqué deux stations-service.
14:43Mais le pire, c'est qu'on n'a pas de témoins,
14:45parce que c'est vrai qu'hier soir, on était chez la maman de Jamel.
14:50Décidément, il n'y a rien à tirer de ces deux-là.
14:53Comme d'habitude, ils nient, c'est tout ce qu'ils savent faire.
14:57Mais je suis presque sûr de leur culpabilité.
14:59La seule 205 GTI volée qui nous ait été signalée, c'est la leur.
15:04Enfin, la leur, c'est une façon de parler.
15:08Cette histoire me fait mal au cœur,
15:10parce que ces deux imbéciles ont des parents formidables que je connais
15:13et qui n'ont pas mérité les ennuis que leur rejeton leur procure tout au long de l'année.
15:19Le père de Jamel, un ancien harki courageux et travailleur,
15:23est mort l'an passé pendant que son fils purgeait une peine de prison.
15:29Sa mère survit tant bien que mal en faisant des ménages.
15:33Et voilà que cet imbécile de Jamel, au lieu d'essayer de s'en sortir,
15:36replonge, vole et joue du revolver maintenant.
15:40Ah, les garçons.
15:42Une dernière question pour vous deux.
15:45Où sont vos imperméables ?
15:47Quoi ?
15:49Vos imperméables !
15:51Ils sont chez vos parents ? Parce qu'ils ne le sont pas dans la voiture.
15:55Non mais de quoi vous parlez, mon commandant ?
15:57Non mais j'ai raté un épisode, là.
15:59C'est quoi cette histoire d'imperméables ?
16:01Quand vous avez attaqué la station-service,
16:03vous portiez tous les deux des imperméables.
16:05Un témoin vous a vus !
16:08Et là, après un moment d'hésitation,
16:11Jamel éclate de rire.
16:13Ha ha ha ha !
16:15Dites, mon commandant, vous m'avez déjà vu en imperméable.
16:18Pourquoi pas en smoking ?
16:21À son tour, Gérard se tord de rire.
16:24On n'est pas Eliott Ness, mon commandant, ni Columbo.
16:27Nous, on est peut-être des voyous, mais on n'est pas des flics.
16:30On a des blousons, c'est tout.
16:32L'imperméable, on n'a pas ça dans notre panoplie.
16:37Décidément, aujourd'hui, tout me contrarie.
16:41À bien y réfléchir, c'est vrai que je n'imagine pas
16:44mes deux lascars affublés d'un beurre brise.
16:47Eux, c'est plutôt le jean douteux, le col roulé,
16:50le blouson de cuir, volé, d'ailleurs.
16:53Mais, après tout, ils peuvent aussi bien avoir
16:56subtilisé un stock d'imperméables
16:59et en profiter pour changer de look.
17:03Je fais placer Gérard et Djamal en garde à vue
17:06et je m'apprête à faire une visite chez eux
17:08quand un coup de téléphone me signale
17:10qu'une voiture étrangère avec deux hommes à son bord
17:13est stationnée dans un petit chemin
17:16à proximité d'une ferme isolée.
17:19Escorté de quatre de mes hommes,
17:21je monte dans les stafettes
17:23et nous voilà partis vers les nouveaux suspects.
17:27Pendant que nous roulons dans la campagne,
17:30je pense à Jocelyne Ruffier
17:32qui a repris connaissance à l'hôpital
17:34mais qui restera paralysée pour le restant de ses jours
17:38par la faute de deux misérables
17:40qui voulaient s'emparer de la recette
17:42de la station-service.
17:45Il est quatorze heures.
17:47Nous arrivons à proximité du véhicule suspect
17:50et nous descendons de les stafettes
17:52pour nous approcher de la voiture
17:54matriculée au Luxembourg.
17:57Pas un bruit.
17:59En fait, il n'y a à l'intérieur de la voiture
18:01que deux jeunes gens qui dorment paisiblement
18:04et qui se réveillent
18:06en nous entendant frapper à la vitre.
18:09« Bonjour messieurs,
18:10les papiers du véhicule s'il vous plaît. »
18:14Les deux garçons, encore ensommeillés,
18:17me tanguent les papiers qui sont en règle
18:19et m'expliquent qu'ils reviennent de vacances
18:22et s'en retournent au Luxembourg.
18:25La route étant longue,
18:26ils se sont arrêtés là pour récupérer,
18:28après un long voyage au cours duquel,
18:30ils avaient pris bien du plaisir
18:32à sillonner les routes de France.
18:35Tous deux sont étudiants,
18:38sympathiques,
18:39genre fils de famille.
18:42Je demande à voir leurs papiers d'identité
18:44et, là encore, pas de problème.
18:47Ces jeunes gens n'ont apparemment rien à voir
18:49avec les voyous qui ont attaqué hier soir
18:52la station-service des Quatre Chemins.
18:55Je leur rends leurs papiers
18:57et nous regagnons, mes hommes et moi,
18:59les stafettes,
19:01après leur avoir souhaité un bon retour.
19:05Au moment de démarrer,
19:06je ne sais pourquoi,
19:07une sorte d'intuition,
19:09je redescends de la voiture
19:11et reviens sur mes pas.
19:13Mes hommes me suivent interloqués.
19:17«Pardon, messieurs,
19:19est-ce que vous avez des imperméables ?»
19:22Les jeunes gens me regardent sans comprendre.
19:25«Oui, ils ont des imperméables
19:28et ils les prennent sur la banquette arrière
19:30pour me les montrer.
19:34Il y en a un gris foncé
19:36et un beige clair.
19:39L'imperméable gris foncé n'a plus que deux boutons,
19:41le troisième est manquant
19:43et semble avoir été arraché violemment.
19:45Si j'en juge par l'accroc.
19:49Je fais descendre de voiture
19:50les deux luxembourgeois
19:52qui sont pris en main par mes hommes
19:54pendant que je fouille leur voiture.
19:58Je découvre dans le coffre
20:00six pistolets de calibre 7.65
20:03avec un stock important de munitions.
20:07Après un bref interrogatoire,
20:09les deux garçons reconnaissent être
20:11les auteurs de l'agression de la station-service.
20:13Ils sont immédiatement emmenés
20:15sur les lieux du drame
20:16où l'enquête sera poursuivie
20:18dans le cadre du flagrant délit.
20:22On découvrira au cours de l'enquête
20:24que les deux jeunes malfaiteurs
20:26n'en étaient pas leur coup d'essai en France.
20:31De retour à la compagnie,
20:32je m'empresse de faire libérer Gérard et Jamel.
20:35Écoutez-moi bien tous les deux.
20:38Pour le vol de la voiture,
20:39je vais fermer les yeux
20:40si vous me promettez
20:42de rentrer dans le droit chemin.
20:45Le propriétaire de la GTI a retiré sa plainte
20:47parce qu'il a retrouvé sa voiture en parfait état.
20:50Jamel arbore un large sourire.
20:53On est des garçons soigneux, mon commandant.
20:55On aime les voitures.
20:56Pourquoi on les abîmerait ?
20:57On n'est pas des casseurs tout de même.
21:00Écoutez-moi les garçons.
21:01Si vous pouviez éviter, désormais,
21:04d'emprunter des voitures,
21:06ça m'arrangerait.
21:09Travaillez.
21:10Commencez par vous payer une mobilette.
21:12Oh non, mon commandant.
21:14On va s'acheter un imperméable.
21:16Comme ça, quand vous rechercherez un exhibitionniste,
21:19vous viendrez nous arrêter, hein ?
21:22Décidément,
21:23ces garçons avaient un sens de l'humour qui m'échappait.
21:28Et ils repartirent,
21:29pleins d'insouciance,
21:30après m'avoir juré leur grand dieu
21:32de ne plus jamais
21:34ni voler de voiture,
21:36ni voler d'autoradio.
21:38Ils avaient eu cette fois bien trop peur.
21:42C'est vrai qu'ils l'avaient échappé belle.
21:45Et moi,
21:46j'étais très heureux
21:47qu'ils ne soient pas coupables d'attaques à main armée.
21:50Certes,
21:51ils ne deviendraient pas des modèles de vertu du jour au lendemain,
21:54mais
21:55peut-être finiraient-ils par réaliser
21:58qu'il n'y a rien de plus précieux sur Terre que la liberté.
22:02Ce que n'avaient pas compris les deux étudiants luxembourgeois
22:05qui, eux,
22:06n'étaient pas prêts de sillonner à nouveau les routes de France
22:10ou alors en fourgon cellulaire.
22:14Mais le plaisir n'est pas le même, n'est-ce pas ?
22:36Au cœur du crime est disponible sur le site et l'appli Europe 1.
22:40Écoutez aussi l'épisode suivant
22:42en vous abonnant gratuitement sur votre plateforme d'écoute.

Recommandations