Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins est l'invitée de Sonia Devillers. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-16-octobre-2024-7803815
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00:007h49, Sonia De Villers, votre invitée ce matin est Ministre de la Santé et de l'Accès aux soins.
00:06Bonjour Geneviève Dariussecq, on va évidemment parler des économies attendues sur l'assurance maladie,
00:12mais d'abord l'aide médicale d'Etat, cette aide réservée aux sans-papiers, à nouveau au cœur de la polémique et de la politique, évidemment.
00:20Son enveloppe devait être augmentée l'an prochain, mais votre collègue du budget a finalement confirmé hier soir que ce ne sera pas le cas. Pourquoi ce revirement ?
00:29Écoutez, d'abord l'aide médicale d'Etat, je voudrais rappeler que c'est un sujet de santé et de santé publique, voire même de salubrité publique.
00:37Ensuite, il y a eu effectivement pour ces affaires de budget...
00:41Ce qui signifie docteur, parce que vous êtes médecin à l'origine, ce qui signifie que vous n'êtes pas pour sa suppression, pas pour sa modification ?
00:47Je ne suis pas pour sa suppression, je me suis déjà exprimé largement sur le sujet et sa modification,
00:54elle peut se faire à la marge comme l'avait préconisé, comme le préconise potentiellement le rapport de messieurs Évain et Stefanini.
01:02Il y a quelques lignes que l'on peut bouger, mais ça ne changera pas le cadre général, bien sûr, de l'AME.
01:08Et je crois que le Premier ministre s'est d'ailleurs exprimé dans ce sens en disant, pas d'idéologie, on regarde ce rapport et on adapte si c'est nécessaire.
01:17Alors pourquoi ce gel ? Quand on parle de 100 millions d'euros, quand on parle de passer de 1,2 milliard à 1,3 milliard ?
01:25Je pense que ça c'est par contre un autre sujet, c'est un sujet d'économie générale du budget.
01:30Et la ligne budgétaire dans le budget de l'État, parce que je rappelle que c'est une ligne dans le budget de l'État,
01:37avait été soumise à ces fameuses lettres plafond, et ces lettres plafond préconisaient cette augmentation.
01:45Là, le ministre du budget estime qu'il n'y a pas lieu de passer à cette augmentation.
01:52C'est une manière de répondre à Jordan Bardella ?
01:55Non, c'est une manière de dire, écoutez, tout le monde...
01:58Parce qu'il ne fait que pointer le fait que l'AME va augmenter ?
02:02Jordan Bardella se sert de l'AME comme un épouvantail.
02:06Et je dois dire que ces espèces de symboles mis devant les Français sont tout à fait néfastes.
02:14L'AME, c'est le système le plus contrôlé, le plus sûr.
02:18Je pense que le budget le plus sûr de notre République est le plus contrôlé.
02:21Et Bruno Retailleau, votre collègue à l'intérieur, il s'en sert aussi comme d'un épouvantail ?
02:25Franchement, c'est un sujet de santé.
02:28D'accord, mais ça sera dans la nouvelle loi Immigration ?
02:31Je n'ai pas question aujourd'hui qu'il y ait un sujet AME dans la loi Immigration.
02:40Qu'il faille, à la marge, revoir des choses, ça peut se faire de façon réglementaire.
02:45Madame la Ministre, autre dossier chaud pour votre arrivée au ministère de la Santé, le Doliprane sous pavillon américain.
02:51Il y a une question qui concerne directement votre ministère, c'est celle des risques de pénurie.
02:56Faut-il s'angoisser ? Faut-il laisser les Français s'inquiéter sur des risques de rupture de stock de Doliprane ?
03:03Ecoutez-moi, cette affaire de Doliprane, moi, au niveau qui est le mien, je veux trois garanties.
03:08D'abord, la garantie que le Doliprane est produit en France.
03:11La garantie d'approvisionnement normal des pharmacies pour l'accès pour nos concitoyens.
03:17Et la garantie que les stocks seront suffisants, puisque nous demandons aux industriels de réaliser des stocks,
03:24afin d'éviter les ruptures de stock dans les périodes qui sont des périodes critiques.
03:29Vous savez que l'année dernière, il y a presque 40% des Français qui ont été confrontés à des pénuries de médicaments.
03:34C'est un sujet qui inquiète énormément les familles.
03:37En réalité, c'est pour ça que des actions ont été mises en œuvre pour garantir, justement,
03:42qu'il y aurait des stocks sur un certain nombre de produits, afin d'éviter ces pénuries.
03:47Je rappelle que ces pénuries ne sont pas franco-françaises.
03:50Elles le sont à l'échelle mondiale, et notamment à l'échelle européenne.
03:54Donc, nous avons tout un plan d'action pour justement mettre en œuvre ces stocks.
04:01Et nous travaillons avec l'industrie pharmaceutique pour ne pas qu'il y ait de ruptures,
04:05sachant qu'il y a aussi des contraintes financières, des pénalités, si ces stocks ne sont pas réalisés.
04:11À se demander si elles sont assez lourdes.
04:13Vu la puissance financière des labos, des amendes à 1 million d'euros quand les stocks ne sont pas nécessaires,
04:18on voit que finalement ça ne pèse pas énormément.
04:211 million d'euros, c'est 1 million d'euros.
04:23Bon, d'accord. Budget, maintenant.
04:25Près de 5 milliards d'euros d'économies sur les dépenses d'assurance maladie en 2025.
04:32Geneviève Dariussec.
04:34Est-ce que c'est un tour de vis ? Est-ce que c'est un régime sec ?
04:38Pas du tout.
04:39Pas du tout ?
04:40Je veux juste dire que...
04:425 milliards ?
04:43Non. L'objectif de dépense de l'assurance maladie, c'est pas 5 milliards de moins, c'est surtout 9 milliards de plus.
04:49C'est-à-dire que 2,8% d'augmentation de ce fameux Ondame, cet objectif de dépense de l'assurance maladie,
04:58c'est 9 milliards de plus pour l'année 2025.
05:02C'est un objectif qui ne cesse d'augmenter.
05:04C'est plus 63 milliards par rapport à 2019 et plus 9 milliards par rapport à cette année 2025.
05:11Je traduis pour que tout le monde puisse comprendre.
05:13C'est-à-dire que votre budget est extrêmement paradoxal, vous, à la santé.
05:17C'est-à-dire que vous faites des économies et qui ne sont pas des petites économies.
05:205 milliards, ce n'est pas des petites économies, c'est des économies lourdes.
05:24Mais pendant ce temps-là, les dépenses, parce que votre budget est en forme de dépense, continuent d'augmenter.
05:28Absolument.
05:29Parce que les besoins sont là, parce qu'il nous faut développer l'accès aux soins,
05:32parce qu'il nous faut bien sûr protéger les hôpitaux,
05:36parce qu'il nous faut bien entendu développer des politiques,
05:39notamment par exemple dans les soins palliatifs, dans la santé mentale,
05:43qui fait partie des priorités du premier ministre.
05:46Sauf que l'année dernière, l'augmentation de cet objectif national de dépense était 3,2%.
05:51Cette année, 3,2%. L'année prochaine, 2,8%.
05:56Donc quand même, on est en récession sur ces objectifs.
05:59Non, nous ne sommes pas en récession.
06:01Mais je pense que les budgets sociaux doivent participer à la santé budgétaire et économique de notre pays,
06:10à la santé générale de notre pays.
06:12C'est-à-dire la santé des Français et la santé économique.
06:14Oui, absolument. Mais je pense qu'on ne peut pas se passer de tout cela.
06:18Ce qui est demandé effectivement, les économies qui sont demandées,
06:21sont des économies structurelles importantes.
06:23Mais je crois que dans les années à venir, ce que nous aurons besoin d'imaginer,
06:28et je voudrais vraiment mettre ça sur la table,
06:31c'est la transformation de notre système de santé,
06:34qui est à l'œuvre déjà, mais qui doit se poursuivre de façon plus cadencée.
06:39Et puis aussi, travailler avec les élus de la République
06:42à la transformation des prises en charge budgétaires, des ressources.
06:49En attendant, Madame la ministre, il y a des mesures qui ne seront pas indolores pour les Français.
06:54Je prends l'exemple évidemment des consultations médicales moins remboursées à l'avenir.
07:00À l'avenir, la Sécu qui prendrait en charge 60% au lieu de 70%.
07:05Le reste serait assumé par les mutuels.
07:09Cela pose plusieurs problèmes.
07:11D'abord, est-ce que les mutuels risquent d'augmenter leurs tarifs ?
07:15Puis ensuite, on va parler des Français qui n'ont pas de mutuel, parce qu'ils sont nombreux.
07:18Alors, à ce stade de la discussion, que nous n'avons pas encore eue avec l'Assemblée nationale,
07:24les choses ne sont pas fermées.
07:26Ce qui est attendu, c'est effectivement un quantum de transferts vers les assurances complémentaires
07:32d'un milliard d'euros à peu près.
07:35La forme n'est pas encore discutée à l'Assemblée nationale,
07:40et députés et sénateurs auront à dire sur cette forme,
07:44sachant qu'ils peuvent aussi proposer des solutions d'amélioration des ressources en particulier.
07:50Ceci dit, vous avez raison de dire qu'il y a des transferts sur les mutuels.
07:56Certaines peuvent dire qu'on augmente les tarifs.
07:59Je crois qu'on a un travail de fond à faire avec les assureurs complémentaires.
08:05Un rapport parlementaire récent a montré qu'il y a eu des augmentations
08:12et qu'il n'était peut-être pas en adéquation avec les besoins.
08:16Et c'est français qui n'ont pas de complémentaire santé.
08:19Vous n'êtes pas seulement ministre de la Santé, vous êtes aussi ministre de l'accès aux soins.
08:24C'est une vraie question, le renoncement aux soins.
08:27Dans l'étude qui est parue récemment, sur les 3 millions de personnes qui renoncent chaque année aux soins en France,
08:33la moitié le font pour des raisons financières.
08:35La très grande 95% des français ont des assurances complémentaires.
08:40Notamment depuis qu'il a été mis en oeuvre une participation des employeurs à cette assurance complémentaire.
08:46Moi je suis effectivement inquiète sur une partie de la population,
08:50notamment les retraités avec des petites retraites.
08:54Qui souvent n'ont pas forcément, parce qu'il n'y a plus d'employeurs,
08:57il n'y a plus de cadres conventionnels et qui ont certainement des difficultés à accéder aux mutuels.
09:02Je veux travailler sur ce sujet.
09:04Parce que moi mon sujet c'est de protéger les plus fragiles.
09:08Merci Geneviève Dardieu-Sec.
09:09Merci à vous.