Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Geneviève Darrieussecq, ministre démissionnaire de la Santé et de l’accès aux soins.
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00:00Bonjour Madame la Ministre, merci d'être avec nous ce matin entre deux réunions de crise, deux réunions interministérielles.
00:09L'agenda est évidemment particulièrement chargé pour vous. Il a été tout au long du week-end.
00:13Vous allez nous raconter comment vous l'avez vécu de l'intérieur. Mais d'abord, ça continue.
00:16On a appris il y a quelques minutes qu'Emmanuel Macron allait convoquer une réunion à 18 heures au ministère de l'Intérieur.
00:22Il va la présider. J'imagine que vous y participerez. Quelles sont les décisions qu'on peut attendre de ce nouveau rendez-vous ?
00:29Les cellules interministérielles de crise se réunissent depuis samedi soir. La première a été mise en œuvre et présidée par le Premier ministre.
00:37Il y en a deux par jour. Et le président de la République, effectivement, va présider celle de 18 heures ce soir.
00:43C'est un lieu où nous pouvons coordonner nos actions, où chaque ministère, chaque service de l'État dit quelles sont ses propositions
00:51et où la coordination se fait. C'est un lieu stratégique très important.
00:56La catastrophe a pris une dimension encore différente hier, quand on a entendu les mots du préfet de Mayotte qui a dit
01:01« Il y aura vraisemblablement plusieurs centaines de morts, peut-être un millier, peut-être plusieurs milliers ».
01:06C'est un bilan, évidemment, effroyable, épouvantable. Est-ce qu'à un moment ou à un autre, on aura des chiffres un petit peu plus précis ou pas ?
01:13Aujourd'hui, nous ne pouvons pas donner de chiffres. Les chiffres que nous avons, c'est 14 personnes décédées.
01:21On imagine que c'est peu par rapport à l'ampleur du désastre. Mais il ne me paraît pas opportun de donner des chiffres parce que nous ne savons pas.
01:31Donc attendons d'avoir un bilan qui va peut-être s'alourdir dans les jours à venir. Mais ce bilan est provisoire.
01:39C'est 14 décédés aujourd'hui. Ça va monter progressivement, certainement.
01:45Attendons que les débléments se fassent, que nous puissions aussi aller dans les différents endroits de Mayotte parce que tout n'est pas accessible.
01:55Donc nous avons là besoin de prudence également.
01:58Quelle est la partie du territoire à laquelle les services de secours n'ont pas encore pu avoir accès ? Est-ce que c'est une partie importante du territoire ?
02:04Je pense que le colonel que vous aviez à cette heure vous a fait décrire un petit peu les choses.
02:13Il y a des parties de territoire effectivement qui sont encore inaccessibles. Beaucoup de travail sur les routes, de débléments, de génie civil à réaliser.
02:24Donc c'est un travail qui va demander du temps. Mais je crois que tout le monde est à l'œuvre aujourd'hui pour que ça aille le plus vite possible.
02:30Vous êtes ministre de la Santé, vous êtes aussi médecin vous-même. Quels sont les besoins aujourd'hui médicaux les plus urgents sur place ?
02:38Alors nous avons une situation qui est bien sûr très dégradée avec un hôpital qui a été très endommagé et des centres médicaux également qui sont inopérants.
02:48Et l'hôpital est inopérant ?
02:50Non, l'hôpital n'est pas inopérant et je veux saluer les soignants qui ont fait un travail extraordinaire.
02:55Mais l'hôpital a subi des dégâts des os importants ainsi que des dégradations notamment dans la partie chirurgie, réanimation, urgence et maternité.
03:04Donc les parties essentielles du fonctionnement de l'hôpital.
03:07Mais malgré ça, il continue à tourner ?
03:09Malgré cela, il continue à tourner de façon dégradée. Notre première urgence a été de repérer les malades chroniques lourds qu'il fallait évacuer.
03:18Et certains ont déjà été évacués vers la Réunion. Et ces évacuations se poursuivront.
03:25La deuxième est de pouvoir accueillir l'afflux de nouveaux patients et de les prendre en charge.
03:30Et là, nous avons besoin de renforcer cet hôpital par des moyens humains.
03:34Et j'ai fait appel à la réserve sanitaire et 100 réservistes partiront très rapidement pour aller étayer sur le plan humain cet hôpital.
03:46Et ensuite, nous aurons besoin de matériel et j'ai demandé aussi à ce que l'envoi massif de matériel soit réalisé.
03:56Nous avons des postes de secours sanitaire qui sont en fait des mâles contenant du matériel et des médicaments qui sont envoyés là-bas pour couvrir à peu près les besoins de 1000 personnes.
04:11Donc les moyens sont partis, les moyens humains, les moyens matériels, les médicaments sont partis, une partie de la Réunion et une partie de la métropole.
04:19Rappelez-nous ce qu'est la réserve sanitaire. Ce sont des médecins qui sont disponibles à tout moment, prêts à partir ?
04:24Ce sont des soignants, des médecins, des infirmiers, des aides-soignants par exemple, qui répondent aux appels que nous lançons
04:32et qui, bien sûr, sont en fonction bien sûr de leurs compétences et des besoins de la situation, sont retenus et ils pourront être déployés là-bas sur le terrain très rapidement.
04:45Et vous allez voir dans les jours qui viennent en fonction de l'ampleur des choses si vous en envoyez davantage ? Pour l'instant, vous pensez qu'on est dans la bonne mesure ?
04:52Absolument, nous allons voir s'il en faut davantage et puis nous avons eu un soutien immédiat du centre hospitalier de la Réunion
05:00donc je veux aussi remercier parce que le rapport a été très important et très utile avec 23 personnes, chirurgiens, infirmiers de la Réunion, qui sont déjà à pied d'œuvre à Mayotte.
05:17Ce qui est important de dire, et le colonel nous le disait tout à l'heure, c'est qu'à chaque heure qui passe, il y a des vies qui sont perdues ou qui peuvent encore être sauvées.
05:25Et c'est ça l'urgence, le sentiment qui anime les médecins qui vont sur place aujourd'hui ? On peut encore sauver de nombreuses vies ?
05:31Je pense que oui et dans tous les cas, j'espère que oui et que nous en sauverons au maximum, bien sûr.
05:38Ça dépendra bien sûr de l'avancée du déblément, de l'avancée des secours et la sécurité civile sera aussi présente.
05:47Quand l'hôpital de campagne sera déployé, bien sûr que nous avons besoin de cette coordination entre la santé et la sécurité civile pour avancer sur le terrain et pour pouvoir venir en secours aux personnes.
06:01Alors il y a les blessures évidemment les plus fréquentes qui sont dues au traumatisme et il y a aussi ce qu'on redoute pour les jours à venir.
06:06Axel de Tarlay rappelait qu'il y avait le choléra à Mayotte il y a encore quelques mois, il n'y a pas d'eau, il y a des conditions évidemment sanitaires qui sont effroyables.
06:12Qu'est-ce que vous redoutez pour les jours et les semaines à venir ?
06:15Bien sûr nous devons être en veille sanitaire très très aiguë.
06:23Ça veut dire quoi être en veille sanitaire ?
06:25C'est-à-dire dépister tous les cas possibles de maladies infectieuses qui surviendraient, des cas atypiques liés bien sûr à la consommation de l'eau ou d'alimentation avariée, c'est possible aussi.
06:40Et donc nous serons très vigilants dans ce domaine-là pour bien sûr venir en soutien et enrayer toute épidémie qui pourrait se développer.
06:51Et vous l'avez dit le choléra était présent à Mayotte jusqu'au mois de juillet.
06:55Parce qu'il faut expliquer que les gens vivent dans des conditions sanitaires qui sont évidemment pas du tout les conditions qu'on peut connaître notamment en métropole, on est très très loin de ça là-bas.
07:03Les conditions sanitaires sont très particulières et c'est vrai que l'accès à l'eau aussi est un vrai sujet.
07:09Puisqu'il y a eu des crises liées à l'absence d'eau et donc ces deux facteurs sont des facteurs favorisants bien sûr pour développer des vecteurs type choléra.
07:22Alors on sait que la situation et le contexte politique est évidemment compliqué.
07:27Ça n'a pas empêché la coordination des moyens, le fait d'être dans une situation un petit peu transitoire, d'avoir des ministres qui sont démissionnaires ?
07:34L'efficacité a quand même été au rendez-vous ?
07:36Écoutez d'abord des services de l'État qui sont performants et qui savent se mettre en ordre de marche mais les ministres aussi sont des ministres démissionnaires.
07:44Mais nous savons que nous avons pour mission de gérer aussi toutes les crises qui pourraient arriver.
07:50C'est une crise et nous sommes sur le pont et heureusement je crois que c'est le minimum que nous pourrions faire de nos missions.
08:02Nos missions sont bien sûr des missions au-delà de la situation politique et des missions pour les Français.
08:07Et là c'est une mission d'urgence qu'il nous revenait de traiter avec beaucoup de vigilance, d'acuité et de sérieux.
08:15Et les ministres de l'Intérieur et de l'Outre-mer sont en train d'arriver sur place au moment où on se parle ? Ils sont dans l'avion ?
08:20Vous avez échangé vous avec le Premier ministre François Bayrou sur ce sujet tout au long du week-end ou pas ?
08:24Non j'ai échangé avec lui samedi puisque nous étions en cellule de crise ensemble et il est très conscient de la situation bien sûr.
08:33Le ministre de l'Intérieur est sur place et va arriver dans quelques heures sur place. Il évaluera la situation avec le préfet et toutes les autorités locales.
08:42Il a pensé à y aller François Bayrou aussi ou pas ?
08:45Je pense que pour l'instant le ministre de l'Intérieur est sur place et François Bayrou je ne sais pas vous dire ce qu'il envisagera dans les jours à venir.
08:54Mais j'imagine bien qu'il n'est pas insensible du tout au sujet de Mayotte et qu'il s'y rendra quand ce sera nécessaire.
09:03Alors il se trouve qu'il a des rendez-vous aujourd'hui, des rendez-vous évidemment importants puisque dans son bureau à partir de 9h
09:08vont défiler les chefs de parti et de groupes parlementaires en commençant à 9h par le Rassemblement National.
09:13Est-ce que vous pensez qu'il pourra dégager une majorité plus solide que celle du Premier ministre qui vous avez nommé Michel Barnier ?
09:19Écoutez moi je souhaite le meilleur pour mon pays. J'ai la France ancrée en moi et je souhaite le meilleur pour mon pays.
09:31Et le meilleur c'est effectivement que nous arrivions à rassembler, que nous arrivions à apaiser le pays et que François Bayrou puisse construire l'équipe de France la plus solide.
09:42Il vous a demandé de poursuivre ou pas ? Parce que vous êtes modem, vous êtes proche de François Bayrou.
09:45Écoutez aujourd'hui je n'ai pas eu ce type de conversation avec lui. Je suis à la tâche et je ferai ce qui sera le plus utile.
09:55Et ne vous inquiétez pas mon sort n'est pas très important.
09:58Et pour l'instant effectivement ce qui compte c'est l'urgence du côté de Mayotte.
10:01Merci infiniment madame la ministre pour avoir dégagé un peu de temps pour venir nous répondre ce matin. Merci beaucoup.
10:05Merci infiniment.
10:06Merci à tous les deux et merci également à Ludovic Legris pour la traduction en langue des signes.