L'Orchestre Philharmonique et le Choeur de Radio France interprètent Clocks and Clouds de Ligeti sous la direction de Barbara Hannigan. Extrait du concert enregistré le 11 octobre 2024 à l'Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique.
#ligeti #barbarahannigan #musiquecontemporaine
Ligeti compose cette oeuvre en 1972-1973. Créé le 15 octobre 1973 à Graz, dans le cadre du festival Musikprotokoll, par le Chœur et l’Orchestre de la Radio autrichienne ORF sous la direction de Friedrich Cerha. Lorsque György Ligeti passe en Europe de l’Ouest, après sa fuite de Hongrie en 1956, il se fait connaître avec des œuvres polyphoniques (comme Lontano, au programme de ce concert) où la densité de l’intrication des lignes ne permet plus de percevoir les détails de la composition. Mais à la même époque, il travaille aussi sur la sensation de « mécanique détraquée », produite par la superposition de différentes pulsations. Une idée exploitée par exemple dans le Poème symphonique pour 100 métronomes (1962) et le troisième mouvement du Quatuor à cordes n° 2 (1968). « Après une série de morceaux ‘‘flous’’ où les transitions étaient noyées, où les voix et les sonorités étaient au plus haut point fondues les unes dans les autres, je voulais des images musicales plus distinctes, plus transparentes et cristallines », explique-t-il. Il associe sa polyphonie saturée à l’image des « clouds » (« nuages »), et ses mécaniques détraquées aux « clocks » (« horloges »), en référence à une conférence de Karl Popper titrée « Of Clouds and Clocks » : l’épistémologue met en regard des systèmes physiques irréguliers (les gaz, notamment), dont on ne peut prévoir le comportement que par des méthodes statistiques, et des systèmes physiques réguliers (les horloges), dont le comportement est aisément prédictible. Au début des années 1970, Ligeti cherche comment articuler les « nuages » et les « horloges » sans forcément les opposer.
Emblématique de cette nouvelle orientation, Clocks and Clouds repose sur « un processus formel dans lequel des caractéristiques rythmiques et harmoniques précises se transforment progressivement en textures sonores diffuses, et inversement », commente le compositeur. Ainsi, les « montres » se métamorphosent en « nuages », puis redeviennent des « montres ». En raison de la superposition de plusieurs processus, on entend parfois des 5 « clouds » et des « clocks » simultanément. La présence de micro-intervalles (plus petits que le demi-ton) dans les parties vocales (qui chantent un « texte » sans valeur sémantique, noté en alphabet phonétique) et dans les parties instrumentales, contribuent à flouter l’intonation, de même que l’écriture rythmique estompe, voire efface la perception de la pulsation. Jusqu’à la fin de sa vie, Ligeti continuera d’exploiter les systèmes non tempérés pour produire de tels effets d’étrangeté.
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Ligeti compose cette oeuvre en 1972-1973. Créé le 15 octobre 1973 à Graz, dans le cadre du festival Musikprotokoll, par le Chœur et l’Orchestre de la Radio autrichienne ORF sous la direction de Friedrich Cerha. Lorsque György Ligeti passe en Europe de l’Ouest, après sa fuite de Hongrie en 1956, il se fait connaître avec des œuvres polyphoniques (comme Lontano, au programme de ce concert) où la densité de l’intrication des lignes ne permet plus de percevoir les détails de la composition. Mais à la même époque, il travaille aussi sur la sensation de « mécanique détraquée », produite par la superposition de différentes pulsations. Une idée exploitée par exemple dans le Poème symphonique pour 100 métronomes (1962) et le troisième mouvement du Quatuor à cordes n° 2 (1968). « Après une série de morceaux ‘‘flous’’ où les transitions étaient noyées, où les voix et les sonorités étaient au plus haut point fondues les unes dans les autres, je voulais des images musicales plus distinctes, plus transparentes et cristallines », explique-t-il. Il associe sa polyphonie saturée à l’image des « clouds » (« nuages »), et ses mécaniques détraquées aux « clocks » (« horloges »), en référence à une conférence de Karl Popper titrée « Of Clouds and Clocks » : l’épistémologue met en regard des systèmes physiques irréguliers (les gaz, notamment), dont on ne peut prévoir le comportement que par des méthodes statistiques, et des systèmes physiques réguliers (les horloges), dont le comportement est aisément prédictible. Au début des années 1970, Ligeti cherche comment articuler les « nuages » et les « horloges » sans forcément les opposer.
Emblématique de cette nouvelle orientation, Clocks and Clouds repose sur « un processus formel dans lequel des caractéristiques rythmiques et harmoniques précises se transforment progressivement en textures sonores diffuses, et inversement », commente le compositeur. Ainsi, les « montres » se métamorphosent en « nuages », puis redeviennent des « montres ». En raison de la superposition de plusieurs processus, on entend parfois des 5 « clouds » et des « clocks » simultanément. La présence de micro-intervalles (plus petits que le demi-ton) dans les parties vocales (qui chantent un « texte » sans valeur sémantique, noté en alphabet phonétique) et dans les parties instrumentales, contribuent à flouter l’intonation, de même que l’écriture rythmique estompe, voire efface la perception de la pulsation. Jusqu’à la fin de sa vie, Ligeti continuera d’exploiter les systèmes non tempérés pour produire de tels effets d’étrangeté.
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