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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Télématin revient sur les questions qui font l’actualité avec Marylise Léon secrétaire générale de la CFDT

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00:00Bonjour Marie-Elise Léon, merci d'être avec nous ce matin, c'est de la météo économique et sociale dont on va parler avec vous ce matin, elle est agitée elle également.
00:10Et d'abord à commencer par ce dossier du Doliprane qu'on évoquait à l'instant et qui est un peu le symbole des difficultés de l'industrie française.
00:19On a appris hier qu'un nouveau fonds de pension basé à Paris d'ailleurs pourrait se porter acquéreur de cette filiale vendue par Sanofi.
00:25Certains à gauche, alors le gouvernement dit que la production restera en France, certains à gauche proposent de nationaliser purement et simplement l'entreprise.
00:33Qu'est-ce que vous dites vous à la CVP ?
00:34Nous on dit que la filiale qui produit le Doliprane dans Sanofi s'appelle Opela et l'objectif de Sanofi c'est faire de l'argent, c'est financiariser encore plus le groupe.
00:44Et alors que c'est une filiale qui fonctionne extrêmement bien puisqu'elle a permis pour le groupe d'obtenir un peu plus d'un milliard de résultats nets l'année dernière.
00:54Donc c'est une opération financière qui met en péril de notre point de vue pour la CFDT l'indépendance sanitaire.
01:01Et donc comment on la contre ?
01:03Et donc il ne faut pas que cette vente se fasse, il n'y a aucun intérêt, aucune justification en termes d'indépendance sanitaire pour Sanofi de vendre cette filiale.
01:14Donc la CFDT elle est claire, elle est dans le mouvement de grève, elle se fait le porte-voix des salariés qui sont inquiets pour le groupe,
01:22qui sont inquiets pour leurs emplois et qui sont inquiets sur la qualité du produit aussi qui serait demain produit.
01:28Il ne faut pas dites-vous Madame Léon, comment on fait concrètement ? On bloque la vente, on rentre dans le capital, on nationalise comme le propose la France Insoumise ?
01:36Quels sont les moyens ?
01:37Non la nationalisation nous ce n'est pas notre option, je pense qu'il faut qu'il y ait une discussion au conseil d'administration et qu'il y ait un renoncement à ce que cette filiale ne soit plus dans le groupe Sanofi
01:49et qu'il y a une importance à ce que dans la gouvernance il puisse y avoir toujours une possibilité d'être dans les prises de décision.
01:56Moi je ne crois pas qu'il puisse y avoir une vente et des engagements qui soient tenus a posteriori.
02:01Sanofi on le disait est une entreprise qui va bien, les défaillances d'entreprise en France ont atteint en revanche un niveau record sur les 12 derniers mois,
02:08plus de 60 000 ont fermé, alors c'est souvent des très petites entreprises, des artisans, des boulangers, mais il y a aussi des secteurs qui souffrent, en particulier l'automobile.
02:16On est en plein mondial de l'automobile, ça c'est la vitrine, derrière il y a aussi des usines, par exemple celle de Poissy qui est menacée de fermeture pure et simple.
02:26Il y a un secteur aujourd'hui qui est en crise, des ventes en berne et une transition vers la voiture écologique, électrique, qui ne se passe pas bien.
02:33Qui ne se passe pas bien et moi je suis particulièrement, c'est un dossier que l'on a beaucoup suivi à la CFDT, sur lequel on s'est beaucoup engagé,
02:40et sur lequel les employeurs n'ont pas du tout été au rendez-vous, et vous évoquez la question des constructeurs,
02:46mais dans une filière et comme dans l'automobile, il y a des donneurs d'ordre et des sous-traitants.
02:51Et aujourd'hui, nous on se rend compte que sur une dizaine d'années, c'est 100 000 emplois qui ont été perdus sur la filière auto,
02:57nous avons nous dénombré 2500 suppressions d'emplois sur les 4 derniers mois, des entreprises comme Valor, comme Valeo, comme Forestia, Forvia,
03:07aujourd'hui, qui sont dans de grandes difficultés parce qu'elles n'ont pas anticipé la question de la transformation écologique,
03:15et l'anticipation de ce changement dans la production, c'est-à-dire que les constructeurs ont mis trop de temps à s'engager dans cette transformation,
03:23et aujourd'hui, ils nous disent que le problème c'est l'électrification du parc automobile.
03:28Mais vous voyez qu'il y a des freins, y compris par exemple à la commission qui est en train de discuter du budget à l'Assemblée Nationale,
03:34qui veut ne pas trop alourdir la fiscalité avec ce bonus qui serait mis sur les voitures les plus polluantes,
03:40c'est de leur responsabilité, les constructeurs auraient dû engager la filière automobile de façon beaucoup plus proactive et rapide vers cette transformation, vers l'électrique.
03:54Ils nous font exactement le même scénario qu'à chaque fois qu'on leur donne des orientations qu'ils doivent tenir,
04:02ils attendent le dernier moment pour dire qu'en fait ça ne va pas être possible.
04:05Et en fait ce sont des groupes qui ont beaucoup externalisé, qui ont gardé en France et en Europe uniquement des sites d'assemblage,
04:13parce qu'ils sont allés plutôt à la course au profit plutôt que vers la transition écologique.
04:17Mais vous avez peur qu'on revienne vers cette transition ?
04:19Moi je ne veux pas que le gouvernement renonce, c'est une nécessité d'aller sur une décarbonation de la filière automobile, il faut absolument y aller.
04:27Le problème c'est qu'aujourd'hui on se rend compte que comme nous l'avions dit il y a des années,
04:31ce sont les enjeux sociaux qui sont les variables d'ajustement et donc ce sont les salariés qui trinquent et c'est profondément injuste.
04:37Donc il faut pouvoir faire en sorte qu'il y ait beaucoup plus de solidarité entre les constructeurs et ces sous-traitants
04:44qui aujourd'hui payent plein pot en termes d'emplois cette transformation qui est pourtant indispensable.
04:50Marie-Élise Léon, je reviens à votre regard, celui de la CFDT, sur la discussion du budget.
04:54Il y a une semaine lorsqu'il a été présenté le texte brut, en quelque sorte vous avez dit, je vous cite,
04:58« ça tape dur » en entendant le discours de Michel Barnier. Est-ce que vous dites la même chose alors que, encore une fois,
05:03les députés tentent notamment sur la taxation des plus riches, sur la taxation de l'électricité
05:08qui serait retoquée dans un premier temps, sachant que le texte va revenir tel quel à l'Assemblée ?
05:13Est-ce que vous sentez un infléchissement plus social de ce budget ?
05:17On en est au tout début des discussions, la Commission a commencé ses travaux cette semaine.
05:21La première version du gouvernement Barnier, je le redis, elle tape dur, elle tape dur notamment sur les plus précaires,
05:27elle tape dur sur la question des arrêts maladie, sur les remboursements de ces arrêts,
05:33elle tape dur sur les emplois, notamment dans les fonctions publiques.
05:39On nous annonce 4000 suppressions d'emplois dans l'enseignement, alors qu'on sait qu'aujourd'hui,
05:46l'éducation nationale n'est pas en capacité de mettre un enseignant devant chaque classe.
05:51Excusez-moi d'apporter juste cette précision, il est question d'abaisser le seuil d'indemnité en cas d'arrêt maladie,
05:57pourquoi êtes-vous contre cette mesure alors qu'elle permettrait de faire des économies
06:01et peut-être de générer moins d'arrêts maladie puisqu'il y a aujourd'hui un sujet là-dessus,
06:05il y a de faux arrêts maladie, il y a un coût estimé à 8 millions d'euros de ces arrêts de travail.
06:11Il y a une augmentation des arrêts maladie parce qu'il y a une augmentation de la population active,
06:15donc proportionnellement, ce n'est pas anormal qu'il y ait plus d'arrêts maladie.
06:19Si vous parlez des arrêts non justifiés, de complaisance, moi je veux comprendre pourquoi.
06:25Pourquoi les salariés, les agents des fonctions publiques s'arrêtent plus en 2024 que précédemment ?
06:31Vous avez un début d'explication ?
06:32Moi j'ai un début d'explication, c'est que le problème c'est que c'est le travail qui est malade.
06:35Ce ne sont pas les personnes qui décident de vouloir moins travailler ou par complaisance vont voir leur médecin en disant
06:40j'aimerais bien que tu m'arrêtes une semaine, deux semaines, trois semaines.
06:43Ça n'existe pas ça madame ?
06:44Ça existe, mais ça n'explique pas l'augmentation aussi forte des arrêts maladie.
06:49Et plutôt que de s'attacher aux causes profondes, on tape sur le portefeuille des personnes qui seront en grande difficulté
06:55puisqu'elles auront moins de ressources en arrêts maladie si ce budget passe
06:58et j'espère qu'il y aura des amendements pour l'améliorer.
07:01Vous avez discuté d'ores et déjà avec la ministre du Travail sur ces sujets-là
07:05et aussi sur l'assurance chômage et l'emploi des seniors avec Michel Barnier.
07:09Comment vous jugez les premiers pas sociaux entre guillemets de ce gouvernement ?
07:13Est-ce que vous sentez une écoute différente de ses prédécesseurs ?
07:15Il y a une écoute attentive.
07:17Ils nous ont expliqué qu'ils voulaient redonner toute leur place aux partenaires sociaux,
07:21organisations syndicales et patronales.
07:23Nous ce que l'on dit c'est qu'on va passer aux travaux pratiques maintenant.
07:26Donc allons-y.
07:27Et l'un des premiers travails que l'on a, c'est la question de l'assurance chômage.
07:32De l'assurance chômage, de l'emploi des seniors.
07:33On nous redonne la main.
07:34Vous allez rediscuter avec les partenaires sociaux à partir de mardi prochain.
07:36On a pris rendez-vous.
07:37On va aller vite.
07:38On est dans une négociation flash.
07:40Il faut qu'on termine d'ici le 15 novembre.
07:42Pour la CFDT, la priorité c'est l'emploi des seniors,
07:46comment les entreprises prennent leurs responsabilités,
07:48ne licencient pas les seniors et embauchent des seniors.
07:51Et pour la retraite progressive, pour la CFDT, c'est dès 60 ans, sans obstacles,
07:58c'est-à-dire sans conditions pour que les personnes puissent être maintenues dans l'emploi le plus longtemps possible.
08:03Une retraite progressive à partir de 60 ans, c'est ce que vous allez défendre,
08:05notamment face au patronat, à partir donc de mardi prochain.
08:08Dès la semaine prochaine.
08:09Merci beaucoup Marie-Lise Léon, secrétaire nationale de la CFDT.