Partenaires depuis 2017, le MoDem et les Macronistes s'accusent mutuellement d'avoir fait perdre le "socle commun" au profit du Nouveau Front populaire lors de l'élection pour la vice-présidence de l'Assemblée. A l'heure des débats sur le budget 2025, ce couac est-il une nouvelle preuve de la fragilité de la majorité ? Ecoutez Marc Fesneau, député du Loir-et-Cher, président du groupe MoDem à l'Assemblée nationale et ancien ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
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00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Bonsoir Marc Fesneau.
00:04Bonsoir.
00:05Vous êtes député du Loir-et-Cher, ancien ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté
00:08Alimentaire et vous présidez le groupe MoDem à l'Assemblée Nationale.
00:11Ben l'Assemblée justement, pourquoi avez-vous présenté un candidat MoDem à la vice-présidence
00:16en conséquence de quoi celle soutenue par le gouvernement a échoué ?
00:19Ce n'était pas soutenue par le gouvernement, on est à l'Assemblée Nationale, le pluralisme
00:23peut s'exprimer au premier ou deuxième tour, au troisième tour on a retiré notre candidat.
00:27Je pense qu'il faut aller chercher ailleurs les causes de ce qui s'est passé et sans
00:31doute qu'un certain nombre de gens dans différents groupes ont relativement peu apprécié ce
00:35qui s'est passé en particulier à la Commission des Affaires Économiques qui a abouti à
00:39faire battre Stéphane Travers et à faire élire Madame Trouvé de la France Insoumise.
00:43Ah oui, donc c'est un règlement de compte à postérieur dans ce cas-là.
00:45Non, non, non, ce n'est pas ce que je vous dis, je ne pose pas des candidatures avec
00:48un esprit de rébellion ou des règlements de compte, je vous dis simplement que poser
00:53une candidature dans une démocratie ce n'est quand même pas un acte de rébellion ou un
00:56acte de défaut à la démocratie.
00:57Deuxième élément, j'ai fait retirer mon candidat et j'ai demandé à mes députés
01:01de voter pour la candidate Madame Dubé-Muller au troisième tour, donc je sais qu'on cherche
01:05toujours des boucs émissaires et que là le mouvement démocrate aurait d'une certaine
01:09façon bondo.
01:10C'est un épisode qui n'est agréable pour personne, l'épisode de la semaine dernière
01:13a été agréable pour personne, enfin bref, il faudra qu'on réfléchisse quand même
01:17à trouver des modalités à la fois de mobilisation pour que tout le monde vienne voter et qu'on
01:20apprenne quand même à travailler ensemble.
01:22Reconnaissons que la coalition, si on peut l'appeler comme ça, qui s'est constituée,
01:26n'était pas naturelle au mois de juillet.
01:27On est bien d'accord.
01:28Et donc il faut qu'on apprenne à travailler ensemble, il faut qu'on apprenne à avoir
01:31des gestes qui soient des gestes, comment dirais-je, du respect les uns envers les autres.
01:34C'est ça qui est en jeu me semble-t-il.
01:36Après on a le débat budgétaire et c'est là-dessus aussi qu'il faut qu'on essaye
01:38de trouver des points d'atterrissage communs.
01:40Mais nous, nous soutenons Michel Barnier, comme vous savez, on a eu des débats dans
01:43notre groupe pour entrer dans ce schéma-là, mais une fois qu'on est embarqué, moi je
01:47considère qu'il faut qu'on essaye de faire avancer les choses, en particulier dans ce
01:51moment budgétaire.
01:52Alors, vous l'exprimez avec beaucoup de simplicité, mais vous comprenez que pour
01:55nos auditeurs, il y a quand même un côté complètement perturbant.
01:59Vous avez des ministres en poste, notamment à la santé, ce qui n'est pas rien, vous
02:02employez le terme de « socle », qui est un sens...
02:05C'est un terme qui est communement appliqué, je n'ai rien inventé.
02:09Alors je vous le dis, pardonnez-moi, je vous pose la question peut-être plus directement,
02:12est-ce que vous êtes sûrs que vous n'êtes pas en permanence dans une sorte de double
02:15jeu permanent ?
02:16Ah non, il n'y a pas de double jeu, on l'a dit très clairement au Premier ministre,
02:20je l'ai dit dès la formation du gouvernement, qu'une fois qu'on était dans le bateau,
02:24on ramait avec tout le monde.
02:25C'est le cas de le dire, parce que le moment est assez difficile.
02:28À moins que ça se passe en complicité avec le président de la République.
02:31Non, non, pas du tout, ce n'est pas comme ça que les choses fonctionnent, en tout cas
02:33pas avec moi.
02:34Deuxième élément, on a le droit de faire entendre quand même des divergences de point
02:37de vue sur le budget.
02:38Rien de nouveau, on le faisait il y a un an, on exprimait ce qu'on avait exprimé, on le
02:42faisait il y a sept ans, on exprimait ce qu'on avait exprimé, on n'est pas dans quelque
02:45chose où on enrégimente tout le monde.
02:47Le Premier ministre a dit qu'il essaie de faire le débat parlementaire, ce n'est pas
02:49pour dire que je veux juste une seule position de chacun des groupes, sinon, à quoi ça
02:53sert d'avoir la diversité des groupes ?
02:54En effet, il n'y a pas une fable en train de s'écrire qui serait « Macron et Beyrou
02:59sont en bateau, Barnier tombe à l'eau ».
03:01Mauvaise fable, et moi, vous ne me trouverez pas sur ce chemin-là, je l'ai dit à plusieurs
03:07reprises à Michel Barnier, et d'ailleurs je l'ai prouvé, après il faut qu'on apprenne.
03:10Reconnaissons factuellement qu'un certain nombre de gens chez les LR ont voté contre
03:15le budget en 2024, que le budget 2025 est un budget pour une part de prorogation de
03:20ce qui avait été fait en 2024, et un budget qui est difficile d'un point de vue économie
03:26à faire et recettes à trouver.
03:27Ça nécessite de chacun de faire un mouvement.
03:29Bon, ce n'est pas simple de faire ce mouvement-là, ce n'est pas simple chez nous, ce n'est pas
03:32simple chez eux, il faut essayer de se respecter les uns les autres, ce n'est pas complètement
03:35naturel, en plus dans un budget qui s'est construit dans un délai très court et très
03:39bref.
03:40Moi, je souhaite que Michel Barnier et son équipe réussissent.
03:41Pour qu'ils réussissent, il faut qu'on arrive à travailler ensemble, et qu'on passe par
03:44dessus un certain nombre de divergences qui, reconnaissons-le, s'étaient exprimées
03:47avec les LR pendant sept ans.
03:49Et donc, il y a un travail à faire à la fois sur nous-mêmes, si je peux dire, et
03:52un travail de convergence des positions.
03:53Je reste dans ma fable, vous êtes sûr qu'elle ne va pas se terminer par un 49-3 ?
03:56C'est une hypothèse et un des outils.
03:59Je crois que le Premier ministre souhaite vraiment ne pas recourir au 49-3, mais après,
04:02je disais ça aux représentants du Nouveau Front Populaire, si tout le monde s'arcoboute
04:06sur ses positions et que personne ne fait un pas les uns vers les autres, on met en scène
04:10l'impuissance de l'Assemblée Nationale, parce que notre incapacité à tomber d'accord,
04:13on l'a vu en commission, parce qu'à la fin, il y a plein d'amendements qui arrivent,
04:1660 milliards de recettes fiscales supplémentaires.
04:18Moi, je me tiens à la ligne qui est celle du Premier ministre.
04:20On ne dépasse pas ce seuil, il faut s'assurer qu'on a bien ses recettes, mais on ne dépasse
04:23pas 20 milliards, ce qui est déjà un effort pour un certain nombre d'entreprises ou de
04:27nos concitoyens.
04:28Mais à la fin, en commission, le texte n'a pas été voté.
04:31Au fond, on met en scène notre impuissance.
04:34On serait plus forts collectivement, nous assemblés, et pas nous assemblés contre
04:37le gouvernement, nous assemblés, si on arrivait à se mettre d'accord.
04:40Ce qui est très frappant, en tout cas, dans vos propos ce soir, c'est qu'on comprend
04:43que ce n'est pas facile d'apprendre à travailler ensemble, sauf que c'est l'essence même
04:47du modem, et sans doute du centrisme.
04:49Je vous demande si vous jouez le jeu, si vous allez continuer à jouer ce jeu.
04:53Oui, oui, mais en tout cas, vous n'entendez pas autre chose.
04:55J'essaie de respecter mes partenaires, les partenaires de cette coalition ou de ce socle,
05:01enfin bref, cette majorité, dans ce qui ont été aussi nos différences.
05:05On ne va pas faire semblant que sur un certain nombre de sujets, nous ne soyons pas en accord.
05:08Ce n'est pas un drame de ne pas être en accord.
05:10Ce qui est un drame, c'est de ne pas arriver à la fin à trouver un point de convergence.
05:14Les uns ont tel point de vue sur les retraites, les autres ont tel point de vue sur la hausse
05:17de fiscalité, les troisièmes sur la baisse des dépenses.
05:20Peut-être que de tout cela, on peut essayer de faire un schéma commun, une trajectoire
05:23commune, sans s'astreindre forcément à dire qu'on s'en fiche, qu'on fait ce que
05:27le 49 fois s'appliquera, et qu'après on se dépossède de ce qu'est notre capacité
05:30à prendre une décision.
05:31Et donc, je pense qu'on a besoin, et vous trouverez toujours le modem sur cette voie-là.
05:34Une toute dernière question qui s'adresse à notre ancien ministre de l'Agriculture.
05:38Les agriculteurs sont une fois de plus sur le serré, mobilisation nationale en mi-novembre.
05:43Est-ce que ça vous inquiète ? Et j'ajouterais, faut-il oui ou non signer un accord de libre-échange
05:48avec des pays comme l'Argentine, le Brésil, bref ce qu'on appelle le Mercosur ?
05:52Le Mercosur, voilà.
05:53Sur le deuxième point, non, il ne faut pas le signer, simplement on n'est pas seul à
05:56décider.
05:57Donc, il ne faut pas raconter des balivernes à ceux qui nous écoutent.
06:00L'accord de libre-échange, c'est une délégation qui est donnée à la Commission Européenne.
06:04L'Allemagne veut absolument conclure très rapidement.
06:07Oui, il faut qu'on arrive à convaincre.
06:09Ce qu'on a jusque-là réussi à faire, parce que le texte devait être signé, j'en suis
06:12témoin, en décembre dernier, le président de la République, le gouvernement à l'époque,
06:16a pesé tout son poids pour éviter cela.
06:18Le sujet européen, c'est un sujet de se trouver des alliés.
06:21C'est vrai que les Allemands, c'est vrai que les Espagnols, là plutôt pour des raisons
06:23culturelles et historiques, ont envie de signer cet accord.
06:26Simplement, nous disons, et c'est nous aussi une bataille d'opinion publique, que cet accord
06:29est déséquilibré.
06:30C'est-à-dire qu'on accepte des produits qui sont produits dans des conditions qui ne sont
06:33pas celles de l'Europe.
06:34Et que donc, on introduit de la distorsion de concurrence.
06:37C'est impossible d'avoir un accord du Mercosur, en particulier qui ne respecte pas les objectifs
06:41climatiques.
06:42Comment calmer les agriculteurs français ?
06:43Dans l'immédiateté, c'est la question d'abord de mettre en œuvre tout ce qu'on a fait.
06:48Je crois que Michel Barnier en a fait la ferme, attention, c'est-à-dire la loi d'orientation
06:50agricole.
06:51J'espère qu'elle va aller très vite au Sénat, parce que je pense que c'est attendu.
06:53Et que là, c'est une question de calendrier parlementaire, avec un certain nombre de simplifications,
06:58On a obtenu des simplifications, j'ai obtenu des simplifications au niveau européen.
07:02Il faut qu'on poursuive ce travail.
07:03La simplification, ce n'est pas un grand soir, c'est tous les matins qu'il faut s'en occuper.
07:06Premier élément.
07:07Deuxième élément dans l'urgence, c'est la question peut-être en pluriannuel de doter
07:12nos exploitants agricoles qui sont les plus en difficulté, et ils sont assez nombreux,
07:15reconnaissons-le, de moyens de trésorerie pour passer le cap, pour pouvoir continuer
07:19l'acte de produire.
07:20Et puis, je répète, de donner une perspective, parce qu'on ne peut pas en permanence simplement
07:23gérer l'urgence.
07:24C'est un ministère, j'en sais quelque chose, qui gère beaucoup les urgences et les crises.
07:28Mais pour le coup, il faut qu'on arrive à dire, on essaiera dans les années qui viennent
07:31de préserver l'agriculture, non pas des événements climatiques, mais de leurs conséquences
07:35en tout cas.
07:36Merci beaucoup Marc Fesneau, député du Loiret-Cher, ancien ministre de l'Agriculture et de la
07:39Souveraineté Alimentaire.
07:40Je rappelle que vous présidez le groupe Modem à l'Assemblée Nationale.
07:43Bonne soirée à vous.
07:44Et dans moins de cinq minutes, le journal de 18h30, puis nous partons pour les Etats-Unis,
07:50à la frontière avec le Mexique, la situation est extrêmement tendue, la crise migratoire
07:55s'y poursuit.
07:56On compare même la région à une zone de guerre, vous avez bien entendu une zone de
07:59guerre.
08:00Enfin, à 18h45, nous vous expliquerons tout sur la nouvelle colère des agriculteurs.
08:05C'est tout simplement leur avenir qui est en jeu et nous serons avec Virginie Garra.