Lundi 28 octobre 2024, SMART TECH reçoit Victorien Erussard (Président, Capitaine et Fondateur, Energy Observer)
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00:003 questions autour d'une aventure scientifique avec le bateau Energy Observer qui revient d'un grand navire laboratoire qui revient d'une odyssée de 7 ans.
00:15Victorien Erussard est en plateau avec moi, bonjour.
00:18Bonjour.
00:18Vous êtes le président fondateur d'Energy Observer, c'est le premier navire hydrogène zéro émission à avoir fait le tour du monde.
00:26Vous allez nous rappeler quand même comment il fonctionne précisément, ce qui en fait finalement son unicité.
00:31Alors c'est pas qu'un catamaran hydrogène, c'est un bateau, c'est un laboratoire de la transition énergétique, mixité énergie renouvelable,
00:37solaire, éolien, hydroélectricité, du stockage court terme batterie et long terme avec de l'hydrogène qu'on produit à partir de l'électrolyse de l'eau de mer.
00:45Et en fait, ce qu'on fait à terre, on peut le faire à grande échelle, en mer pardon, on peut le faire à grande échelle à terre.
00:50Donc ça, c'est toute la démonstration que vous souhaitez faire, c'est comment on peut aujourd'hui utiliser ces nouvelles énergies, des énergies propres.
00:58Tour du monde, ça veut dire que ce navire a quand même traversé des conditions extrêmes.
01:03D'abord, comment il s'en est sorti et quels enseignements en tirez-vous ?
01:07Alors on l'a testé, on a fait plus de 50 pays, donc tous les océans.
01:12Parfois, on était dans des conditions extrêmement chaudes.
01:16Je me souviens de 50 degrés de température lorsqu'on était en Israël, à Tel Aviv.
01:21Et puis, on est monté à moins de 1200 kilomètres du pôle Nord, donc là, des températures extrêmement froides.
01:26Donc ça nous a permis vraiment d'avoir un retour d'expérience extrêmement intéressant sur ces technologies embarquées.
01:32Et donc, alors qu'on me disait que ça allait être difficile de naviguer avec des technologies hydrogènes pour cet environnement hostile qu'est la mer,
01:40on a prouvé en 7 ans que non, que ça fonctionne très, très bien.
01:43Vous allez me dire que ce n'était pas difficile ?
01:45Si, bien sûr, mais bon, après, on est beaucoup de marins de commerce dans ce projet, de professionnels de la mer,
01:51donc on sait comment naviguer pour éviter que ça soit justement difficile.
01:56Donc voilà, ça s'est bien passé.
01:58Et donc la démonstration que vous souhaitiez faire et que vous faites finalement avec ce retour, avec une escale à Paris qui vient de se terminer,
02:06c'est de dire que cette expérience scientifique est reproductible et prouve qu'on peut utiliser ses énergies.
02:13Mais pourtant, on est quand même face à un navire tout à fait exceptionnel, unique en son genre.
02:17Est-ce qu'il y a vraiment un passage à l'échelle possible ?
02:21Oui, alors il y a plusieurs choses.
02:22Déjà, il symbolise la propulsion bélique.
02:24Propulsion bélique, on voit qu'il y a beaucoup d'armateurs qui sont en train de s'orienter vers cela.
02:28Il y a notamment Ariane Group qui utilise les mêmes ailes de propulsion que l'on a testées,
02:32des ailes automatisées qui permettent de réduire de 15 à 45 % les consommations énergétiques des navires.
02:37Le photovoltaïque, ça fonctionne, tous les navires de plaisance l'utilisent.
02:43En termes de batterie, il y a beaucoup de progrès pour assurer la propulsion électrique de certains navires.
02:50Et puis l'hydrogène, l'hydrogène est de plus en plus utilisé.
02:53Nous, avec une filiale que l'on a créée, Eodev, on a fourni plus de 14 systèmes.
02:58On avait deux bateaux qui, lors de la Coupe de l'América, volaient à 50 nœuds pour suivre les AC 75,
03:05pour le team américain et le team Orient Express Team.
03:08Donc voilà, le passage à l'échelle est possible.
03:11Le souci, c'est bien évidemment la production d'hydrogène et créer des infrastructures portuaires pour nos navires.
03:16Et alors, quelle est la suite ?
03:17Parce que là, j'annonce la sortie de ce livre magnifique qui retrace justement toute cette épopée,
03:25à la fois une aventure humaine, mais on l'a compris aussi scientifique et même militante.
03:30C'est un livre magnifique avec de très belles images sur ce que vous avez traversé,
03:36mais aussi des explications scientifiques pour comprendre justement comment ça fonctionnait.
03:41Qu'est-ce qu'on peut faire demain ? Quelle est la suite pour vous ?
03:44Alors, ça fait deux ans qu'on travaille sur un projet de cargo.
03:47Je voulais passer à l'échelle du navire de commerce, navire de charge, qui est important pour notre économie mondiale.
03:55Le transport maritime, c'est 3% des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale.
04:00Donc, l'objectif, c'est de faire un cargo de 160 mètres de long, avec à peu près 100 fois la puissance qu'on avait dans ce navire,
04:07et passer de l'hydrogène gazeux à l'hydrogène liquide pour que ça prenne moins de place.
04:11Liquide, c'est moins de 153 degrés, donc on passe dans le monde de la cryogénie, donc c'est beaucoup plus complexe.
04:16Donc ça, c'est la deuxième étape.
04:18Et la troisième étape, on va relancer une nouvelle expédition qui s'appelle Enquête de la neutralité carbone,
04:24avec 8 missions à thématique, déjà programmées jusqu'à 2033,
04:31avec la construction d'un nouveau navire laboratoire, Energy Observer 3,
04:35qui va s'orienter vers d'autres recherches pour étudier un autre bouquet énergétique nécessaire aux transports intercontinentaux.
04:44Alors là, je ne retrouve pas exactement la page, mais j'ai vu que vous parliez du pétrole drogue dur.
04:49Donc, on peut s'en séparer ? On peut s'en détacher ?
04:52On va devoir l'utiliser encore, il est important dans notre mix énergétique, mais il va falloir l'utiliser de façon différente.
04:59Donc voilà, il y a des solutions, on en a besoin pour la pétrochimie, on en a besoin pour tenir notre économie.
05:07Et donc, il va falloir travailler sur des sujets de capture carbone, c'est extrêmement important.
05:13Et c'est d'ailleurs la capture carbone, la première mission de la nouvelle expédition, donc Mission 2025.
05:20Merci beaucoup d'avoir fait escale aussi dans Smartech.
05:23Merci encore Victorien et Russard, on vous souhaite encore de plein de belles aventures.
05:27Je rappelle que vous êtes le président fondateur d'Energy Observer.
05:29Merci.