Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Arnaud Baunebourg, bienvenue à Patron en question.
00:03Bonjour.
00:04Je suis très contente de vous accueillir en tant que patron, plutôt contente ministre.
00:07Qu'est-ce que vous préférez d'ailleurs ?
00:10C'est deux vies différentes. La politique est conflictuelle et destructrice, souvent.
00:16L'entreprenariat, il est rassembleur et constructif.
00:20Mais dans un cas, on voit les choses en grande, dans l'autre, c'est beaucoup plus modeste.
00:24Mais c'est concret. Donc j'aime bien, j'ai aimé ces deux vies.
00:27Elles ne sont pas contradictoires, elles sont complémentaires.
00:29On aimerait qu'elles soient complémentaires beaucoup plus souvent, d'ailleurs.
00:32Écoutez, en tout cas, c'est mon choix. C'est un choix personnel à la fois de liberté et de construction.
00:38Mais c'était déjà très bien parce que dans le titre de votre ministère, il y avait déjà ce désir sous-jacent.
00:45Le redressement productif.
00:46Oui.
00:47Eh bien, ça voulait dire qu'il fallait se remettre tous à produire.
00:50Et je trouve que c'est une cause nationale que de se remettre à produire.
00:53Nationale.
00:54Pourquoi ? Parce que nous sommes en déficit de production par rapport à ce qu'on consomme, qu'on achète à l'extérieur.
00:59On fait un chèque aux Chinois 30 milliards par an, 30 milliards aux Allemands et on ne produit pas assez sur le sol français.
01:05Donc il faut se remettre à produire. Donc c'est ce que j'ai voulu faire en acte.
01:09Et c'est formidable.
01:10C'est très modeste, Madame de Menton. Très, très modeste ce que je fais.
01:14Mais je suis fier de le faire et de le faire et d'avoir construit ça.
01:18Donc aujourd'hui, vous avez, on connaît les abeilles et le miel.
01:22Vous avez vécu, il y a eu une crise d'ailleurs, parce qu'il y a eu une crise des abeilles.
01:27Il y a une crise permanente des pollinisateurs.
01:30Il n'y en a plus suffisamment pour assurer les rendements agricoles.
01:33Et quand le gardien des abeilles, qui est l'apiculteur, n'est pas en bonne forme économique,
01:38les abeilles ne vont pas bien parce qu'il n'y a personne pour s'occuper d'elles.
01:41C'est un animal qui a besoin de soins parce qu'il y a beaucoup de fléaux.
01:45Donc la crise des pollinisateurs est essentiellement liée à l'effondrement de l'apiculture professionnelle.
01:53Il y a un lien avec ça.
01:55Et c'est lié aux importations de sirop de sucre qui concurrencent,
01:59venus d'ailleurs, et de milliers de kilomètres qui concurrencent le travail des apiculteurs.
02:04Alors, on revient à quelque chose de fondamental.
02:07C'est effectivement, moi je suis libérale, donc je suis contre le protectionnisme en général.
02:13Mais quand vous faites ce type de constat, et si vous aviez un pouvoir quelconque, qu'est-ce que vous feriez ?
02:20Tous les gouvernements ont une part de mise en cause de la liberté quand elle est excessive,
02:27et de maintien de la liberté quand on en a besoin.
02:30Donc il n'y a pas de gouvernement libéral, de gouvernement protectionniste.
02:33C'est toujours un mix.
02:34Les Anglais, les Américains, les Allemands, tout le monde a ce mélange.
02:38En Europe, on a un dogme, c'est-à-dire qu'on ne touche pas à la concurrence.
02:42Conséquence, tous les autres pays sont des prédateurs et sont protectionnistes.
02:46Ils se protègent et nous attaquent.
02:48Et nous, on est attaqués, on ne se protège pas.
02:50Justement, parlons de vos entreprises.
02:52Après, vous avez des amendiers.
02:55Oui, parce que l'amende, d'abord c'est un fruit sec qui a le vent en poupe,
03:00qui est très consommé.
03:02Nous consommons en France 45 000 tonnes d'amendes.
03:05C'est un marché de près de 300 millions d'euros à un tiers de milliard.
03:08Et il est importé à quasiment 95-98%.
03:12Sur les 45 000 tonnes, il y a cinq ans, on en produisait 800 tonnes,
03:151000 tonnes maximum en France.
03:17Donc nous, notre travail, c'était de monter une entreprise de souveraineté
03:20qui relocalise en changeant les modèles,
03:23en trouvant une solution pour mieux rémunérer l'agriculteur
03:26pour qu'il ait envie de se remettre à l'amendier,
03:29en le dérisquant techniquement.
03:31L'INRA est avec nous.
03:32Commercialement, on a le premier distributeur de fruits secs dans notre capitale
03:36et la première coopérative du milieu de la France qui est avec nous,
03:39Arteris, une filiale d'Invivo.
03:41Et tout cela pour reconstituer un verger en France.
03:44Et c'est ce que nous sommes en train de faire.
03:46On fédère peu ou prou, entre le négoce, ce qu'on a planté, ce qu'on va planter,
03:51environ, on n'est pas loin du millier d'hectares maintenant.
03:54On est les premiers vergers de France.
03:56On a fait ça en six ans.
03:57C'était très dur.
03:59Mais qu'est-ce qui...
04:00Parce qu'il y a une liste énorme des entreprises auxquelles vous vous intéressez.
04:03Non, pas énorme.
04:04Non, non, non.
04:05Ce sont des entreprises que nous construisons équipe par équipe.
04:08L'entreprise s'appelle...
04:09J'ai bien compris.
04:10Les équipes Made in France.
04:11On monte une équipe avec des gens de métier, des gens qui connaissent.
04:14Et quel est le lien ?
04:15Qu'est-ce qui vous attire vers un domaine plutôt qu'un autre ?
04:17Parce qu'on passe quand même dans des domaines très différents.
04:19Ce sont des secteurs qui sont effondrés ou abandonnés.
04:23Ce sont ces secteurs-là qui m'intéressent.
04:26On craque les modèles.
04:27On les réinvente.
04:28Et on essaie de reconstituer une production sur le sol national.
04:31C'est presque une cause nationale.
04:33À la limite, tout le monde pourrait s'en emparer.
04:36D'ailleurs, c'est à quoi j'incite à chaque fois que j'ai un interlocuteur.
04:39Montez des entreprises.
04:41On va vous aider.
04:42Réfléchissez à un nouveau modèle économique pour qu'on puisse reconquérir des parts de marché
04:47sur ce qui nous envahit de produits venus d'ailleurs.
04:51Et qui correspond et qui assure la rémunération de ceux qui travaillent.
04:55Est-ce que je peux conseiller, mot de la fin, aux entreprises qui sont dans des secteurs en difficulté ?
05:02Est-ce que je peux vous les adresser ?
05:04Oui.
05:05On les aidera tout à fait amicalement.
05:07Bien sûr.
05:08Pourquoi ?
05:09Parce que d'abord, je consacre beaucoup de temps à aider les autres.
05:12Bien sûr, à soutenir les entreprises.
05:14Ce n'est pas moi qui les dirige, parce qu'il y en a une dizaine.
05:17Mais il y a des directeurs généraux qui sont mes associés.
05:20Je suis souvent le président.
05:21J'ai mis mon argent.
05:22Je le sais.
05:23Nous travaillons ensemble.
05:24Et on monte des équipes.
05:25Mais moi, ça me permet, si vous voulez, d'entrer dans beaucoup de secteurs.
05:30Des secteurs où on a besoin de réinvestir, finalement, la production française.
05:35Eh bien, écoutez, il en faut beaucoup d'autres comme vous.
05:37Et je vous remercie infiniment d'être venu.
05:39Merci.
05:40Et je m'en souviendrai.
05:41Merci beaucoup.
05:42Au revoir.
05:43Au revoir.