Le journaliste, Gérard Carreyrou, spécialiste des États-Unis, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour Gérard Carréron.
00:02Bonjour Sonia.
00:03Et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:05Vous êtes une grande voix historique d'Europe 1.
00:07Les Etats-Unis sont votre seconde patrie.
00:09Vous analysez depuis 50 ans la vie politique américaine.
00:12Nous vivons depuis ce matin et cette nuit évidemment un moment historique.
00:16Donald Trump qui se dirige vers une victoire donnée gagnant déjà par la chaîne américaine Fox News.
00:22Il pourrait y avoir, Gérard Carréron, un résultat incontestable dans quelques instants, quelques heures.
00:26Et pas du tout, comme cela avait été annoncé et étalé sur plusieurs jours.
00:30Comment vous analysez ce matin, à cet instant précis, cette tendance lourde ?
00:35Je l'analyse de la manière suivante.
00:38On ne peut pas tricher avec le peuple.
00:41On essaye parfois de tricher avec le peuple.
00:43Et c'est ce qu'a fait l'establishment, je dirais, politico-médiatique américain.
00:49Français aussi d'ailleurs, sur le même sujet.
00:52C'est-à-dire faire croire que Trump est un fasciste.
00:57Faire croire que s'il arrivait par malheur au pouvoir, ça serait la fin de l'Amérique, etc.
01:02On a essayé de faire avaler toutes ces balivernes au peuple français, mais d'abord au peuple américain.
01:08Et le peuple américain n'est pas tombé dans ce piège.
01:10Moi, j'ai passé, comme tous les étés, effectivement depuis 50 ans, j'étais aux Etats-Unis.
01:15Je me suis promené, j'ai fait les courses avec le caddie.
01:18J'ai vu ce qu'était l'inflation.
01:20J'ai vu des gens qui, effectivement, ne pouvaient plus payer les produits de base.
01:24J'ai vu les gens se plaindre à la pompe à essence en disant
01:27« Nous, pays qui produisons notre pétrole, on paye de plus en plus cher », etc.
01:33Les Américains se sont prononcés d'abord, je dirais, par leur caddie et leur porte-monnaie, premièrement.
01:39Et deuxièmement, parce que le gouvernement qu'ils ont depuis Biden,
01:43je ne veux pas imputer à Kamala Harris, elle a été inexistante dans les dernières années.
01:49Elle a surgi à faveur de l'esquive de Biden.
01:54Mais donc, la politique qui a été suivie ne leur a pas plu, ne leur plaît pas.
01:59Ils se sont insurgés.
02:01Vous allez nous parler de cette Amérique profonde, l'Amérique des pick-up et truck.
02:05Gérard Carreiro, je le précise à nos auditeurs d'Europe 1 et les téléspectateurs de CNews Le Voix,
02:09cette image où Donald Trump va s'exprimer depuis la Floride dans quelques instants,
02:13à West Palm Beach, près de sa résidence de Mar-a-Lago.
02:16Nous attendons et vous pourrez le suivre, évidemment, en direct sur CNews et Europe 1.
02:20Ses premières paroles sont scrutées par le monde entier et déjà des premières réactions tombent.
02:26Cette Amérique profonde, Gérard Carreiro, est-ce que Trump est devenu son porte-drapeau ?
02:31Vous avez vu Donald Trump démarrer en politique.
02:33Comment est-il devenu, racontez-nous, le représentant de ces laissés-pour-compte ?
02:38Il est entré, vous savez, vous connaissez l'histoire, je ne vais pas vous la raconter,
02:43de cet homme milliardaire dans l'immobilier, coureur de jupons et tout ce qu'on peut.
02:50Et puis tout d'un coup, il a décidé de faire de la politique.
02:52Moi, il se trouve que c'était un été, l'été de 2014, il y avait des primaires pour les candidatures républicaines.
03:00Il a décidé d'être candidat, lui qui n'avait jamais touché vraiment à la politique.
03:04Il avait même donné de l'argent aux démocrates.
03:07Il s'est engagé. Il y avait 22 candidats. Il les a démolis l'un après l'autre.
03:12C'était comme le jeu de massacre.
03:14Il y avait des débats et chaque fois, il y en a un qui restait au tapis et c'est Trump qui gagnait.
03:18Et du coup, on voyait en même temps qu'il gagnait tous ces débats,
03:22on voyait le peuple américain qui se mobilisait.
03:24On voyait effectivement, j'ai cité l'exemple des pick-up trucks, ces véhicules,
03:30que tout le monde, dès qu'on met le nez en Amérique, dans n'importe quel État,
03:34on le voit, tous les jeunes ont ces pick-up trucks.
03:37Ça fait partie des films américains, c'est l'Amérique.
03:41Et on voyait les lignes de gens qui venaient à ces meetings.
03:46Il y en avait 5 000 au départ, puis 10 000 à chaque meeting, puis 20 000, puis 30 000.
03:49J'avais compris qu'il allait être élu.
03:51Je l'ai dit quand je suis rentré en France à l'époque, on était trois ou quatre.
03:55J'étais pas tout seul, mais on était trois ou quatre à l'avoir senti.
03:58Et tout le reste des médias le traitaient comme si c'était d'abord quelqu'un
04:02qui n'avait rien à faire de la politique.
04:04Il y a eu un peu le même phénomène cette fois-ci.
04:06Là, c'était pire.
04:07En plus, vous voulez réélire ce type qui va être condamné,
04:11qui a déjà été condamné une fois, qui va l'être, etc.
04:14On a essayé de transformer quelqu'un qui n'a pas...
04:18Ce n'est pas mon idéal d'homme politique.
04:20Je préfère le personnage du général De Gaulle à celui de Donald Trump.
04:24Mais il a un tempérament politique, c'est un colosse, c'est une sorte...
04:29Quand on a des bonnes manières, on dit que c'est une sorte de buteur dans la politique.
04:34N'empêche que c'est quelqu'un qui sait parler au peuple.
04:38Buteur qui est devenu phénix.
04:40Et vous racontez justement, Gérard Carreau,
04:42parce que vous racontez ce que vous avez vu dans cette Amérique profonde
04:45et cette Amérique aussi des grandes villes.
04:47Les gens qui adhéraient, qui allaient aux meetings de Trump
04:49comme on va assister à des énormes shows,
04:51avec une dose d'exubérance, un zeste d'optimisme,
04:54et un personnage qui ne déçoit pas ses fans quand il danse.
04:57Ce n'est pas anecdotique.
04:58Il n'y a pas de danse, même maintenant, qui est passée dans l'histoire,
05:01si je puis dire.
05:02Les saïds, parfois très osés.
05:04Est-ce que cet aspect du showman, également, qui n'existait pas,
05:07pour Kamala Harris, on va en parler aussi, a pris le dessus ?
05:10Ça joue, évidemment.
05:11Parce que comme il a fait de la télé et de la télé-réalité
05:14depuis son émission qui avait un énorme succès,
05:16l'Apprentice, il sait y faire.
05:20L'exemple typique, c'est dans la campagne,
05:22ce qui s'est passé avec l'histoire des ordures.
05:26Quand on dit qu'il y a des ordures, etc.,
05:28lui, il prend le volant, évidemment, très rapidement.
05:32Rappelons que Biden a traité les électeurs d'ordre.
05:36Biden a refait l'erreur tragique de Hillary Clinton,
05:40qui avait parlé des gens qui étaient non fréquentables.
05:44Sauf que les non fréquentables,
05:46c'est des dizaines de millions d'Américains
05:49qui, simplement, ne sont pas passés forcément par Harvard
05:53ou n'ont pas 10 000 dollars tous les mois à dépenser.
05:57C'est ça, les infréquentables.
05:59Du coup, Trump a aussitôt sauté dans le camion poubelle
06:03et il a marqué des points.
06:05Parce que le peuple s'y retrouve.
06:07Le peuple aime bien ce genre de choses.
06:09On poursuit, Gérard Carreau, notre entretien sur CNews et sur Europe 1.
06:13Ceux qui nous rejoignent ce matin.
06:15Les dernières informations.
06:17265 grands électeurs pour Donald Trump.
06:20La Pennsylvanie qui tombe dans son escarcelle.
06:22La chaîne américaine pro-Trump, mais pro-républicaine surtout,
06:26qui annonce sa victoire.
06:28Le fait qu'il pourrait y avoir un résultat incontestable dans quelques heures
06:32alors qu'il avait annoncé quasiment une guerre civile aux Etats-Unis.
06:37Comment il peut y avoir une telle distorsion
06:39entre parfois les sondages, ce qui est annoncé,
06:41et la réalité telle que vous l'avez vue, tout simplement ?
06:44Je crois que le camp démocrate
06:47faute de mieux à jouer sur la stratégie de la peur.
06:51On a fait peur aux gens en leur disant
06:53attention, si par malheur Trump est élu, vous allez voir ce que vous allez voir.
06:58Et on a présenté le portrait robot, le fasciste,
07:03l'homme qui allait faire des guerres.
07:06C'est d'ailleurs la première réaction à l'incendie de la classe politique française à gauche.
07:09Marine Tendelier, Raphaël Glucksmann, Yannick Jadot
07:12qui s'inquiètent des pleins pouvoirs éventuels.
07:14Bien sûr, c'est le fascisme à nos portes.
07:16Enfin, à nos portes de l'autre côté de l'Atlantique.
07:18Mais c'est faux, ça.
07:20Il a quand même gouverné l'Amérique pendant 4 ans.
07:23Est-ce qu'il a déclenché une guerre, lui ?
07:26C'est très intéressant.
07:27Est-ce que vous iriez jusqu'à dire, Gérard Carreau,
07:29rappelons à nos téléspectateurs et auditeurs que dans l'histoire,
07:32finalement, les démocrates, ce sont toujours les démocrates
07:35qui ont commencé les guerres au Vietnam.
07:37Ça a été le cas.
07:38Est-ce que vous diriez quand même
07:40que Donald Trump pourrait être l'homme de la paix
07:42en Ukraine et au Proche-Orient ?
07:43Écoutez, je l'espère.
07:44Comme beaucoup de gens, probablement,
07:46parce qu'une guerre qui fait autant de morts
07:48depuis maintenant presque 3 ans,
07:50ça ne peut pas continuer comme ça.
07:52Donc, si Trump fait ce qu'il dit,
07:54c'est-à-dire, moi, je vais téléphoner à Poutine
07:57et puis je vais lui dire, voyons-nous,
07:59et puis essayons de trouver.
08:01C'est un peu son style.
08:03Coup de pied dans la fourmilière.
08:04C'est son style, oui.
08:05C'est de dire, écoutez, on n'y arrivera pas,
08:06vous ne gagnerez pas, moi non plus.
08:08On ne va pas dépenser autant de pognon.
08:10C'est, comme on disait, le pognon magique.
08:12On ne va pas continuer à en dépenser autant.
08:14Donc, il faut trouver un accord.
08:16Il est possible que ça se passe comme ça
08:18et qu'il trouve un accord.
08:19Je ne dis pas que c'est fait.
08:20Ce ne sera pas facile.
08:21Nous vivons un moment historique.
08:23Quand on dit que le monde retient son souffle,
08:25c'est le cas quand l'Amérique vote
08:27et les résultats deviennent petit à petit.
08:30Ce matin, Gérard Carreau incontestable
08:32pour une victoire de Donald Trump
08:33et pour une défaite de Kamala Harris
08:35qui ne prendra pas la parole ce soir.
08:38Comment vous analysez quand même sa campagne ?
08:40Elle est restée très générale sur beaucoup de sujets.
08:43Elle a beaucoup centré sur l'avortement
08:45et sur le danger que représenterait Donald Trump.
08:49Le tout, malgré, elle a eu une bienveillance médiatique
08:51qui n'a pas suffi.
08:53Une adhésion médiatique considérable.
08:57Il y avait un argument valable
09:02qui était le vote des femmes
09:04à propos de l'histoire de la décision de la Cour suprême
09:08de changer les choses
09:10et de donner l'impression
09:12qu'on allait limiter le droit des femmes
09:14à l'avortement, etc.
09:15C'est sans doute une bonne cause
09:17mais elle n'a pas marché
09:19comme Kamala l'espérait en tout cas.
09:22Ce qui a marché, effectivement,
09:24c'est plutôt les autres considérations,
09:26celles dont on parlait il y a quelques minutes.
09:28Elle s'est un peu enlisée après.
09:34Elle a un beau sourire.
09:38J'aime bien les sourires de femmes.
09:40C'est toujours agréable de voir une femme vous sourire.
09:42Mais ça ne suffit pas à être présidente des Etats-Unis.
09:45A chaque fois qu'on lui pose une question,
09:47elle avait tendance à faire son grand sourire.
09:49Il y avait rien après.
09:53Je l'ai décrit à nos auditeurs d'Europe 1.
09:57On voit les partisans.
09:59Il y a aussi des stars autour de lui.
10:01On a beaucoup parlé des stars autour de Kamala Harris.
10:03On n'a pas parlé du tissu économique
10:05et des grands businessmen et patrons autour de Donald Trump.
10:08Elon Musk s'est réjoui à quelques instants sur X.
10:12Parlons de cette Amérique qui veut la baisse des impôts.
10:15C'est très important.
10:17Il y a un débat en France de cette Amérique
10:19qui a encore en tête et dans le cœur l'American Dream.
10:22L'American Dream, c'est effectivement la liberté d'entreprise.
10:27C'est la liberté de l'entrepreneur.
10:30C'est le rêve américain.
10:32Ça fait partie du rêve américain.
10:34Le rêve américain, c'est d'avoir un job, une bagnole
10:36et puis pouvoir changer de bagnole éventuellement tous les cinq ans
10:38et puis d'avoir une petite maison
10:40et puis éventuellement de pouvoir l'agrandir.
10:42C'est ça le rêve américain.
10:44Mais dans le rêve américain, il y a aussi le pouvoir d'entreprendre,
10:47de ne pas être ligoté par des règles et des normes en permanence.
10:51Or, le gouvernement américain,
10:54on sait ce que c'est en France également,
10:58c'est en permanence appliqué à enrichir le corpus de normes, de réglementations.
11:04Les gens en ont marre.
11:06Ils veulent retrouver cette liberté.
11:08Et quand on se moque des Américains pour les armes,
11:11alors évidemment, on dit, moi je n'ai pas d'armes,
11:14je suis contre l'idée d'avoir des armes chez soi.
11:16Mais vous comprenez.
11:18Mais je comprends quand on est dans l'Amérique.
11:20On a vu la carte de l'Amérique.
11:22Il y a deux Amériques.
11:23Il y a l'Amérique des deux côtés, des deux côtés de la mer
11:27et puis l'Amérique du milieu qui représente 40 ou 45 États,
11:31c'est-à-dire toute l'Amérique.
11:33Cette Amérique-là, il y a parfois des kilomètres et des kilomètres,
11:35on est une maison isolée, on a des enfants.
11:37On a un peu peur, bon, on a un pistolet à la maison.
11:40Et puis s'il y a un type rentre chez vous, en Amérique,
11:42on lui dit, attention, tu sors ou alors éventuellement, moi je prends mon fusil.
11:45C'est ça l'Amérique.
11:47C'est passionnant de vous écouter parce qu'en vous écoutant,
11:49on a l'impression aussi qu'on feuillette un roman américain de cette Amérique-là.
11:53Alors, il y a des réactions françaises.
11:55Elles sont très nombreuses.
11:56Je vous les donne à l'instant au micro de CNews et de Rompin.
12:00Et voilà cette image.
12:01Je la décris à nos auditeurs de Rompin.
12:03Donald Trump en direct avec Melania Trump et tout le camp.