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Jeudi 7 novembre 2024, INTROSPECTION reçoit Matthieu Gobbi (Cofondateur et Directeur Général, Aerophile)

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00:00Bonjour, vous allez regarder une nouvelle émission baptisée Introspection qui a pour
00:16vocation d'interviewer sur la nouvelle télé Be Smart for Change des dirigeantes et des
00:22dirigeants sur leur savoir-être.
00:23Ce qui m'intéressait c'est de capter leur personnalité, de leur permettre de libérer
00:30la parole, chose qu'ils n'ont pas l'habitude de faire usuellement, et de vous permettre
00:36de les connaître sous un autre prisme.
00:39Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Mathieu Gobbi, alors Mathieu on a beaucoup
00:45entendu parler de lui pendant les JO, car nous avons tous, à travers le monde, admiré
00:52ce ballon extraordinaire, et il en est le concepteur et l'inventeur.
00:57A tout de suite avec Mathieu Gobbi Mathieu Gobbi, bonjour, je suis ravie de
01:07vous accueillir, vous êtes la star de l'année, la star de l'été, la star des JO, on sait
01:13aujourd'hui, parce que je vous ai présenté en amont, que vous êtes l'inventeur de ce
01:19ballon qu'on a vu tout au long de l'été, qui ont bercé les JO, alors on va en parler
01:23bien sûr, mais on va d'abord parler de vous, petit garçon, vous étiez déjà attiré
01:28par les ballons comme ça, comment c'est venu ?
01:30Je pense comme tous les petits garçons, plutôt au ballon de foot.
01:33Et ça s'est mis à grandir à un moment donné, qu'est-ce qui s'est passé ?
01:38Voilà, c'est ça.
01:39Non le ballon et la montgolfière c'est arrivé très tard, c'est arrivé alors que j'étais
01:44en école d'ingénieur, donc à l'âge de 20 ans à peu près, une opportunité parce
01:49qu'un très bon copain qui est devenu mon associé habitait près d'une base de décollage
01:55de montgolfière et il m'a proposé qu'on fasse un vol et on a fait ce vol ensemble
02:01et on a adoré et on s'est lancé après, on a passé notre brevet d'aérostier et c'est
02:07comme ça que l'aventure du ballon a commencé.
02:11Alors juste avant, on va faire un petit peu de rétro-pédalage en arrière, vous êtes
02:15ingénieur, vous êtes X, c'est votre papa qui voulait que vous soyez X ou c'est venu
02:20tout seul comme ça par vocation ?
02:22Alors il se trouve que mon père a fait l'X, effectivement dans les années 60, lui était
02:27issu d'un milieu assez défavorisé puisque son père était un maçon italien qui avait
02:32immigré dans les années 30, sa maman était concierge d'immeubles, donc il a étudié
02:38dans des conditions difficiles, il était à Marseille au lycée Thiers et il avait été
02:44repéré par des profs de maths qui lui avaient dit il faut que tu continues, il faut que
02:47tu fasses des études et il avait réussi le concours de polytechnique et ça l'a vraiment
02:54amené à s'épanouir dans son métier d'ingénieur, il a fait carrière à la SNCF, notamment
03:01après dans les filiales de transport routier où il est devenu chef d'entreprise et donc
03:09oui c'était un exemple de réussite et puis un exemple de curiosité, donc oui c'était
03:18certainement un modèle pour moi, ma maman aussi était très motivée pour que je fasse
03:25des études brillantes, pour elle je pense que c'était naturel et important que ses
03:30enfants se fassent des études brillantes, donc les deux m'ont poussé mais sans jamais
03:35que je ressente aucune pression non plus sur une réussite nécessaire, j'en n'avais pas
03:42vraiment besoin parce qu'en fait j'étais moi-même très motivé, je pense que les études
03:48scientifiques me convenaient très bien et répondaient à la curiosité que j'avais
03:54d'essayer d'un peu mieux comprendre le monde, alors je pense que pour certains ça passe
03:59par la philosophie, moi ça passait plutôt par les sciences, j'avoue que quand on prend
04:08un virage avec une voiture, comprendre ce qui se passe en termes de force, de vitesse,
04:12d'énergie, peut-être ça me rassure parce que je me rends compte que je ne conduis pas
04:18mieux que des gens qui ignorent complètement tout des lois de la mécanique, donc ça rend
04:23modeste mais au moins ça me donne le sentiment d'appréhender les phénomènes qui régissent
04:30le monde au moins dans la physique, dans la mécanique, donc dans des choses concrètes
04:37qui sont indéniables.
04:39Et vous-même vous avez des fils je crois ?
04:41Oui, j'ai deux fils et une fille.
04:44Voilà, et vous avez projeté un métier d'ingénieur pour eux ou vous les laissez libres finalement
04:50?
04:51Non, vraiment pas forcément.
04:52En plus j'ai trois enfants et ils sont tous les trois très différents alors qu'ils ont
05:00les mêmes parents, ils ont le même environnement d'éducation et pourtant ils sont très différents
05:06et je pense qu'il faut s'appliquer à ce que chacun s'épanouisse vraiment dans son
05:12registre.
05:13Moi c'est comme ça que j'ai été élevé, j'ai vraiment senti une très grande liberté,
05:19d'ailleurs j'ai un frère et une sœur et chacun a suivi un parcours différent puisque
05:25moi j'ai fait des études de sciences, mon frère de commerce et ma sœur d'art.
05:32Donc il ne manquait plus que quelqu'un qui rentre dans les ordres ou peut-être un militaire.
05:39Et la boucle était bouclée.
05:41On retrouve ce côté indépendant chez vous dans le fait que vous êtes un entrepreneur
05:46depuis toujours, vous n'avez pas vraiment été salarié ou pas longtemps.
05:50Non, jamais.
05:51En fait, il se trouve que j'ai créé…
05:54C'est quelque chose quand même, cette indépendance, cette liberté.
05:58Oui, c'est vrai, mais ce n'était pas un but en soi, c'est plutôt les circonstances
06:06qui ont fait que j'ai été amené à créer ma société avec mon associé parce qu'on
06:12avait à cœur de réaliser ce projet, ce prototype de ballon captif et qu'il n'y avait pas
06:20de société dans laquelle on aurait pu faire ça ou apporter ce projet.
06:24Donc on était une sorte de start-up avant l'heure parce qu'à l'époque on ne parlait
06:30pas de start-up et il y avait très peu d'ingénieurs qui créaient leur société en sortant d'école.
06:35Aujourd'hui c'est beaucoup plus courant et c'est formidable parce que j'encourage
06:42tout le monde à tenter l'aventure, surtout que quand on est jeune, on ne risque pas grand-chose.
06:47C'est un peu l'approche qu'on avait en réalité.
06:50Vous ne pensez pas que ça allait durer 30 ans et que vous en rêviez peut-être ?
06:55Oui, en fait, on ne se projette pas aussi loin que ça, évidemment, quand on est aussi
07:00jeune.
07:01On a juste envie d'essayer.
07:04Et là, il y avait une entreprise qui était à la fois technique, puisqu'on réalise
07:10un prototype d'une machine, on se demande si ça va marcher, et puis après commercial,
07:16où il faut qu'il y ait un sens économique pour que l'aventure se prolonge.
07:21On va en parler tout à l'heure.
07:22Elle se prolonge encore et encore.
07:23Ce qui est étonnant, c'est que votre associé est votre jumeau.
07:26Il est né le même jour, même année, vous avez passé votre bac ensemble, vous avez
07:31fait les mêmes études et vous travaillez depuis 30 ans ensemble.
07:34C'est magique ça.
07:35C'est une âme sœur avec laquelle on construit sa vie professionnelle.
07:39Tout le monde rêve de ça.
07:42Je pense que c'est très important.
07:43C'est très difficile de s'associer, mais je pense qu'on a avec les amis d'enfance
07:50une relation de confiance qui n'a pas beaucoup d'égal.
07:56En tout cas, moi, j'ai ce sentiment-là.
08:01Et c'est vrai que ça fait 30 ans qu'on travaille ensemble, qu'on est à la fois
08:06semblables parce qu'on a exactement le même âge, on a vécu aux mêmes endroits,
08:10on a fait les mêmes études, on a le même signe astrologique, évidemment,
08:14puisqu'on est les mêmes jours.
08:16Donc, normalement, les étoiles devraient nous pousser dans la même direction.
08:20Et en même temps, on est assez complémentaires aussi.
08:22On a des goûts un peu différents, des appétences un peu différentes.
08:26Et c'est à la fois cette complémentarité et aussi des liens communs qui font que
08:33l'association fonctionne.
08:34C'est une grande chance d'avoir une association réussie parce qu'on sait
08:37à quel point c'est difficile.
08:39Mathieu, on va marquer une petite pause et on se retrouve juste après.
08:46Donc, Mathieu, on l'a compris, vous êtes à l'initiative de ce ballon
08:50que nous avons vu pendant les Jeux Olympiques.
08:53Et j'ai cru savoir que le jour 1 du lancement, vous n'aviez pas fait de répétition.
08:58Oui, on n'avait pas essayé en vraie grandeur, sur place, l'ensemble du dispositif.
09:05Alors, comment vous étiez ? Qu'est-ce que vous ressentiez ?
09:07Parce qu'il y avait quand même des milliers et des milliers de yeux
09:12qui vous regardaient.
09:14C'était stressant, évidemment.
09:18C'était aussi enthousiasmant de voir l'instant fatidique approcher.
09:26Parce qu'en fait, on se projetait, moi je me projetais depuis presque 18 mois
09:31sur le soir du 26 juillet à 23h.
09:36On va avoir les deux derniers relayeurs de la flamme, ils vont arriver,
09:39ils vont se pencher.
09:41Et là, il faut appuyer sur le bouton, il faut que ça s'allume.
09:44Il pleut des cordes.
09:45Et puis après, il y avait la météo, il faut appuyer sur l'autre bouton
09:48et il faut que ça décolle.
09:49Et effectivement, c'est très étonnant de voir comme ça une échéance
09:55s'approcher de façon inéluctable, d'avoir tous les aléas du direct.
10:02De conserver la surprise aussi vis-à-vis de presque tout le monde.
10:06On était une équipe très restreinte à connaître l'existence du ballon
10:10et ce projet de faire voler la vasque.
10:13C'était évidemment très ambitieux.
10:15Les gens qui ont pris cette décision chez Paris 2024
10:18ont eu beaucoup de culots, moi je trouve.
10:22Mais ils ont eu raison, puisque la magie a opéré,
10:25tout a bien fonctionné et que la surprise a été complète
10:29et que l'effet a dépassé même ce qu'on attendait.
10:34Donc beaucoup de stress, beaucoup de satisfaction,
10:38beaucoup de soulagement aussi au moment où tout se passe bien.
10:41Ce ballon, il sert à plein de choses.
10:44Oui, ce ballon, c'est ma spécialité.
10:47Ça fait 30 ans que je fais des ballons de ce type.
10:50C'est un ballon captif, un ballon à gaz, il est rempli d'hélium.
10:54Et il fait habituellement voler des passagers.
10:59C'était la vocation première de ces ballons.
11:02C'est quoi leur hauteur ? 300 mètres ?
11:04On vole à 150 mètres la plupart du temps et parfois jusqu'à 300 mètres.
11:08150 mètres, on emporte 30 passagers toutes les 10 minutes.
11:12Et on installe des ballons de ce type dans des sites touristiques.
11:16Soit des grandes villes, dans des parcs.
11:19Orlando, je crois que vous êtes à Orlando.
11:21On est à Orlando, à Disney, donc ça c'est des sites touristiques majeurs.
11:25Il y a Disney Orlando, il y a Disney Paris, il y a des grandes villes.
11:29Il y a Paris avec le ballon Generali, il y a Berlin, il y a Budapest.
11:33Et puis après il y a des parcs d'attractions,
11:36des sites archéologiques.
11:38On a un ballon au temple d'Angkor au Cambodge qui est magnifique.
11:43Et ça, c'est très populaire, les gens adorent.
11:46Oui, alors ces ballons, ça fait 30 ans que j'en fais.
11:49J'ai commencé à Chantilly, près du château.
11:53Et puis après sur les villes et sur les sites touristiques.
11:58En fait, c'est l'aéronef le plus écologique au monde.
12:04Oui, l'écologie, on sait que c'est quelque chose d'important.
12:07Voilà, et c'est devenu de plus en plus important.
12:10C'est une installation qui est entièrement électrique.
12:13Le ballon vole.
12:14En fait, c'est l'hélium qui est plus léger clair et donc qui fait monter le ballon.
12:18Et après, on a une petite machinerie électrique qui le fait redescendre.
12:21Donc, on est dans quelque chose qui est très doux,
12:24qui est totalement silencieux,
12:26qui émet quasiment pas de CO2,
12:29un tout petit peu d'énergie pour faire redescendre le ballon.
12:32Donc, c'est un message aussi de respect de la nature,
12:37de l'environnement.
12:39C'est une façon de s'élever qui est douce,
12:42qui est accessible à tout le monde.
12:44Ce n'est pas une aventure.
12:46On n'est pas en train de faire une cascade.
12:49Les gens y vont en famille.
12:50On a des grands-parents qui amènent leurs petits-enfants.
12:54Et tout le monde apprécie.
12:57Il y a ce côté universel
12:59qu'on a retrouvé à l'occasion des Jeux Olympiques.
13:02Puisqu'effectivement, on a constaté là que de s'élever, de voler,
13:07ça n'est jamais anodin.
13:09Il y a quelque chose qui est...
13:12Du domaine du rêve un peu.
13:14Exactement. C'est onirique.
13:16C'est presque magique parce qu'on a cette masse qui s'élève comme ça.
13:20Et alors, le ballon, il est encore plus magique
13:22parce qu'il n'y a aucun bruit.
13:24On n'est pas en train de brûler un combustible.
13:27De mettre en œuvre des énergies extraordinaires,
13:30ça a l'air comme ça, en réalité, naturel.
13:33Et pourtant, de voler, ça ne l'est pas forcément.
13:36Donc, il y a quelque chose qui est assez fascinant,
13:39qui est universel.
13:40Et moi, ce qui m'a beaucoup touché à l'occasion des Jeux Olympiques,
13:43c'est de voir cette unanimité qui est assez rare,
13:47où tout le monde a apprécié, tout le monde a trouvé ça beau,
13:51et même émouvant.
13:53Il y a quelque chose de...
13:54Ah oui, complètement.
13:56D'universel, de naturel et d'émouvant.
14:00Et puis, il y avait cette formidable idée
14:03de faire voler la Vasque tous les soirs.
14:06Donc, en fait, au coucher du soleil,
14:09d'avoir ce décollage qui fait un peu le pendant
14:13entre le soleil qui se couche
14:15et puis une sorte de monument lumineux qui s'élève.
14:19Alors, tous les soirs, on n'avait pas le même stress que le premier jour.
14:22Vous étiez confiant avec la machine
14:24ou le stress vous a accompagné toute la durée des Jeux ?
14:28Pas forcément le stress, mais on va dire l'enjeu.
14:33L'enjeu a perduré.
14:35Effectivement, avant les Jeux, je me disais que
14:38si tout se passait bien, le jour de l'inauguration,
14:41on aurait fait 90 % du chemin.
14:43Et en réalité, tous les soirs, on rejouait.
14:47L'enjeu était à nouveau là.
14:49C'est comme un spectacle.
14:51Je me suis senti très près d'un acteur de théâtre.
14:54Tous les soirs, ce qu'on n'avait pas anticipé,
14:57c'est que les spectateurs étaient là.
14:59Les gens sont venus spontanément
15:02parce que ce n'était pas non plus une convocation, etc.
15:05On avait dit que le ballon décollerait au coucher du soleil.
15:08Il n'y avait même pas d'horaire très précis.
15:10Ils étaient là.
15:11Ils étaient là.
15:12On assiste à un coucher de soleil.
15:13Ils sont venus assister au décollage au plus près.
15:16Donc, on pensait que les gens verraient,
15:20puisque l'intention, c'était que la Vasque
15:23soit mise à disposition du plus grand nombre.
15:25Ça, c'était l'intention du designer Mathieu Lehanner,
15:28retenu par Paris 2024.
15:30Mais on pensait que les gens le verraient comme ça en l'air.
15:33En réalité, ils sont venus pour assister au moment magique
15:36du décollage, à ce qu'ils avaient vu à la télé
15:39et ce qu'ils voulaient revivre eux-mêmes en vrai.
15:41Quelle satisfaction pour vous et votre associé.
15:43Ça doit être formidable.
15:44On va faire une autre pause et on se retrouve juste derrière.
15:47Merci.
15:50Merci Mathieu d'être là parce que vous savez
15:53qu'on va aller parler de choses un peu différentes
15:56de ce que vous avez l'habitude d'évoquer quelquefois.
15:59Vous avez quand même accepté, même si ce n'est pas
16:02votre nature première que de vous livrer.
16:05Mais je sais que vous faites du yoga et je sais que vous êtes bouddhiste.
16:08J'aimerais bien savoir comment vous en êtes venu à ça.
16:13En réalité, le bouddhisme, j'ai rencontré très tôt
16:17parce que ma mère pratiquait le bouddhisme.
16:19J'ai été assez vite initié, familiarisé aux notions du…
16:25Assez tôt, c'est quel âge ?
16:27C'était 15 ans.
16:28D'accord.
16:2915 ans.
16:30En fait, ça m'a accompagné dans mes études.
16:32Ça m'a beaucoup équilibré dans mes études.
16:35Le bouddhisme, c'est un humanisme, c'est une sagesse,
16:38c'est une philosophie.
16:40Ça permet de mettre en perspective les efforts que l'on fait.
16:48Ça a été le cas pour mes études.
16:50C'est encore le cas aujourd'hui dans ma vie.
16:52Est-ce que vous continuez à pratiquer aujourd'hui ?
16:54Oui, je pratique.
16:55C'est un bouddhisme assez simple d'accès.
16:59C'est quoi ?
17:01Parce que beaucoup d'auditeurs qui nous écoutent…
17:03C'est des récitations sonores.
17:05C'est un mantra que je répète.
17:06Ça dure à peu près une dizaine de minutes le matin et le soir.
17:09C'est un bouddhisme qui a toute la sagesse des enseignements bouddhiques
17:17qui sont très vastes et une pratique qui est faite pour les gens
17:20qui ont des activités normales de tous les jours.
17:23Donc, il s'inscrit vraiment dans le quotidien.
17:25Ce n'est pas du tout des retraites compliquées ou des méditations
17:29qui demandent des efforts ou un talent particulier.
17:33C'est vraiment une récitation dynamique.
17:36Du même mantra ?
17:39Du même mantra.
17:40Depuis toutes ces années ?
17:42Oui, il y a un mantra et puis il y a des extraits d'un sotra
17:46qui est le Sotra du Lotus,
17:47qu'on considère comme étant le cœur de l'enseignement bouddhique,
17:51qui résument les grands principes bouddhiques.
17:54Essentiellement, la causalité.
17:57Toute cause a un effet, tout effet a une cause.
18:01Ça entraîne le karma, ça entraîne une certaine approche de la vie,
18:07une grande responsabilité vis-à-vis des phénomènes qui apparaissent.
18:12Cette pratique permet, pour moi,
18:17de donner du recul à ce qu'on fait,
18:22de s'inscrire dans des buts plus grands,
18:25de partager ces buts,
18:28de comprendre aussi, de s'interroger,
18:30de faire attention à ce qui nous arrive.
18:34Il y a aussi quelque chose de très important dans le bouddhisme,
18:37c'est cette tradition d'échanger avec les autres
18:42sur les expériences que l'on fait.
18:45C'est-à-dire que vous vous retrouvez en groupe ?
18:47On fait des réunions, une fois par mois,
18:50où chacun partage un peu ses expériences.
18:53La parole est libérée ?
18:55Oui, et puis l'idée, c'est de montrer comment par l'expérience,
18:58on peut illustrer des principes bouddhiques.
19:03Par exemple, il y a la notion de karma.
19:05Vous savez, le karma, ça peut être un peu la destinée.
19:10En réalité, c'est une destinée assez dynamique,
19:12parce qu'on peut infléchir son karma
19:15en plantant des causes nouvelles.
19:17Donc, de comprendre le fonctionnement du karma,
19:20de comprendre ce qui nous arrive à la lumière de cet enseignement,
19:23ça permet de changer d'attitude.
19:28Moi, je trouve que c'est très constructif, très responsabilisant.
19:32Vous voulez dire que quand il y a des schémas répétitifs
19:34qui vous arrivent comme ça et qui ne sont pas toujours très agréables,
19:37on se pose, on observe, on se dit, là, il y a quelque chose de pas normal,
19:40et donc, on va réfléchir à la causalité de ce qui arrive ?
19:44Oui, réfléchir, mais en même temps,
19:47réfléchir, ça ne va pas forcément nous donner la solution.
19:50L'idée, c'est de planter des causes,
19:54d'élever son état de vie.
19:56Le vrai fonctionnement du bouddhisme,
19:58c'est d'élever son état de vie.
20:00C'est que ce qui nous arrive à l'extérieur
20:02est le reflet de ce qu'on est à l'intérieur.
20:05Je pense qu'on a tous fait l'expérience de ça.
20:08Parfois, si on est un peu négatif ou un peu agressif,
20:11ce qui va nous arriver va être le reflet.
20:15C'est vraiment le reflet, comme le reflet dans un miroir,
20:18va être le reflet de l'état de vie qu'on apporte.
20:21Et donc, le principe du bouddhisme,
20:24c'est d'élever son état de vie,
20:26d'arriver avec quelque chose de positif,
20:29de généreux, de constructif,
20:31et de déclencher autour de soi, en retour,
20:34des choses qui sont constructives.
20:36C'est l'énergie, en fait.
20:38C'est une question d'énergie.
20:40Et la pratique du bouddhisme,
20:42c'est un moyen pour élever son état de vie,
20:44pour élever cette énergie, justement,
20:47et la partager avec les autres.
20:49Et le bouddhisme et le yoga, c'est souvent lié ?
20:53Ça fait partie un peu de la même dynamique.
20:57Le yoga, c'est vraiment calmer les fluctuations de la pensée.
21:04Le bon yogi, normalement, se nourrit de l'air.
21:08Et donc, il doit avoir une bonne posture
21:10pour bien respirer, et bien respirer
21:12pour calmer son esprit,
21:14qui a un peu tendance à partir dans tous les sens.
21:16Je trouve que les deux sont des humanismes.
21:19C'est-à-dire qu'il y a quand même cette idée
21:23qu'au fond, l'homme est bon,
21:27et qu'il suffit d'éliminer ce qui parfois le rend mauvais
21:32pour retrouver cette bonté,
21:35ce côté constructif.
21:38C'est enlever les épluchures d'oignons
21:40pour atteindre le centre.
21:42Et que le centre, il va être bon.
21:44Par exemple, dans le yoga,
21:46c'est calmer toutes ces vicissitudes,
21:48ces pensées.
21:49Ça, c'est de la méditation, non ?
21:50Oui, ça, c'est de la méditation.
21:52Mais la méditation, c'est pas si facile que ça.
21:56C'est pas accessible à tout le monde, je pense.
21:58Vous en faites, vous, de la méditation, en plus de tout ça ?
22:00Non, pas vraiment.
22:01Mais les récitations qu'on a dans le bouddhisme,
22:03c'est...
22:04Ce que vous appelez les mantras, en fait.
22:06Oui, c'est entre une prière et une récitation.
22:09Une prière, alors qu'il n'y a pas de divinité.
22:12Mais c'est une prière parce que
22:14on va faire preuve de détermination.
22:20On va exprimer sa détermination dans un but.
22:23Donc, ça ressemble à une prière.
22:25Et puis, c'est une méditation
22:27parce que c'est aussi une sorte de lâcher prise.
22:31On ne fait pas tout par la pensée.
22:33Justement, on agit aussi en élevant son état de vie,
22:38en essayant d'éliminer des angoisses,
22:42des pensées négatives.
22:44Donc, d'éliminer des choses, de faire ressortir son humanité.
22:48Et donc, c'est aussi une forme de méditation,
22:51d'éliminer les choses qui viennent nous polluer
22:54et d'aller se ressourcer au plus profond de son humanité
22:57pour la laisser s'exprimer.
23:00Vous n'imaginez pas votre vie aujourd'hui sans le bouddhisme ?
23:03Non.
23:04Ça serait compliqué.
23:05Non.
23:06Ça m'est arrivé d'interrompre la pratique
23:08pendant plusieurs mois.
23:09Pourquoi ?
23:10Par flemme, on va dire.
23:13Non, mais parce que ça constitue quand même un effort.
23:16C'est un peu comme le sport.
23:17Il faut se forcer pour le faire.
23:18Et après, on a des bienfaits.
23:20La pratique bouddhique, c'est un petit peu ça.
23:23Ce qui m'a manqué quand j'ai arrêté pendant longtemps,
23:26c'est ce côté dynamique qu'il y a quand on pratique le bouddhisme.
23:32Parce qu'il y a une énergie derrière les mots, c'est ça ?
23:34Oui.
23:35Et puis, on utilise sa vie comme un matériel expérimental.
23:42C'est-à-dire qu'on observe sa vie
23:44et on essaye de mettre en œuvre des principes
23:47pour améliorer certaines choses.
23:49Donc, il y a un côté très dynamique, très constructif.
23:52J'ai l'impression que sans ça,
23:54j'aurais peut-être une attitude plus passive.
23:59Et je pense que parfois, on a ce sentiment
24:02d'être un peu balotté par les événements,
24:05de faire quelque chose sans véritablement l'avoir choisi,
24:09de se demander pourquoi est-ce qu'il nous arrive ceci ou cela,
24:13de rentrer dans la plainte.
24:16La plainte, c'est typiquement pas du tout bouddhique.
24:18Si vous arrive quelque chose, c'est qu'il y avait une cause.
24:22Donc, on a le libre arbitre d'agir sur son karma.
24:25Et on a quelque chose de constructif
24:29qu'on appelle la révolution humaine
24:32et qui consiste vraiment à prendre en main
24:36ce qui nous arrive dans une direction
24:40dans laquelle on prend les choses en main.
24:50On met sa vie dans une direction.
24:52Écoutez, c'est extrêmement intéressant.
24:55Et on va refaire une petite pause et se retrouver juste après.
24:59Merci. Merci pour ce partage.
25:05Mathieu, vous êtes ingénieur.
25:07Donc, il y a une question que je ne peux pas ne pas vous poser.
25:09Pourquoi est-ce qu'il y a aussi peu de femmes ingénieurs encore en 2024 ?
25:13Alors, je ne sais pas, mais je souhaite qu'il y en ait plus.
25:16Moi-même, j'en ai recruté.
25:18J'ai toujours été satisfait de ce que les femmes apportent
25:23dans des équipes techniques et scientifiques.
25:27Ce n'est pas facile à expliquer.
25:30Parce qu'on le voit aujourd'hui avec la confusion des sexes.
25:34Il y a des gens qui ne savent même pas très bien s'ils sont garçons ou filles.
25:39Et puis, chacun a sa part de féminité, chacun a sa part de masculinité.
25:44Mais j'ai l'impression que s'il y avait quelque chose à faire ressortir peut-être,
25:48c'est que les femmes, lorsqu'elles leur manquent une des capacités
25:55qui est demandée pour un poste, elles ne vont pas y aller.
25:57Oui, ça, je le constate aussi.
25:59Elles vont s'interdire d'y aller par honnêteté intellectuelle,
26:03alors que le garçon, il va plutôt y aller en se disant…
26:05Et il a raison. Il faut avoir de l'audace.
26:07Et il a raison.
26:08Donc, les filles devraient s'inspirer autant.
26:12Mais à l'inverse, lorsqu'elles y vont,
26:15c'est qu'elles ont bien toutes les capacités qui étaient demandées.
26:19Et donc, moi, je trouve que les femmes, les filles avec lesquelles
26:24j'ai été amené à travailler ont souvent, presque toujours,
26:28fait preuve d'une très grande fiabilité.
26:30Et donc, ça, c'est une qualité extraordinaire dans le travail.
26:34Donc, oui, recruter des filles ingénieures,
26:40je le conseille à tous les chefs d'entreprise.
26:43Et puis, d'une façon générale, on a besoin d'une très grande variété,
26:47d'une grande mixité, à la fois dans les sexes,
26:50mais aussi culturellement, socialement,
26:54de prendre des gens issus d'origines différentes.
27:00C'est toujours une richesse.
27:02On ne sait pas très bien à quoi elle va mener,
27:04mais en réalité, on est souvent surpris.
27:06Et agréablement surpris.
27:07Et agréablement surpris par ce que ça apporte à une équipe.
27:11Merci Mathieu de vous être prêté à cet entretien.
27:14Je sais que ce n'était pas facile pour vous au début,
27:16de vous livrer comme ça, mais vous l'avez fait.
27:19Et j'y suis très sensible.
27:21Merci à vous tous les auditeurs et rendez-vous dans un mois
27:25pour une nouvelle émission Introspection avec une invitée de marque.

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