Au moins quinze viols de femmes. Même si la liste est sans doute bien plus longue. Un homme qui a sévi entre 1994 et 2006. A partir de cette année-là on ne trouve plus aucune trace de lui. Mort ou, peut-être inquiet de voir les enquêtes s'accélérer, craignant qu'un jour ou l'autre, comme dans l'affaire du Grêlé, que l'ADN le désigne. Mais contrairement au dénommé François Vérove, ni l'ADN, ni les empreintes papillaires et palmaires, ni les rapprochements des experts ne sont parvenus à ôter le masque du violeur d'Antibes.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 08 novembre 2024.
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00:0011h-15h, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:05J'étais seule chez moi, à peu près 5h du matin, et d'un coup les plombs ont sauté.
00:11Et là, quelqu'un se jette sur moi, m'attrape par le cou, me fait tomber, me met le genou sur l'estomac.
00:16Me donne des coups de poing sur le côté droit de mon visage, en me disant « ta gueule ».
00:22Bonjour, au moins 15 viols de femmes, sans doute davantage, de la région parisienne à la Côte d'Azur.
00:29C'était entre 1994 et 2006, depuis le « violeur d'Antibes », comme on le surnomme,
00:35n'a plus jamais fait parler de lui.
00:37Disparu, mort peut-être, ou bien tout simplement inquiet d'avoir vu les enquêtes s'accélérer,
00:43craignant qu'un jour ou l'autre, comme dans l'affaire du Grêlé, François Ferrove,
00:47il soit identifié grâce à l'ADN.
00:50Mais à ce jour, aucune des traces de cet homme, empreintes génétiques, papillaire,
00:54palmaire, n'ont permis de le confondre.
00:57Au fil des années, l'enquête a pourtant rassemblé des dizaines de témoignages,
01:00établi un signalement de plus en plus précis, mais l'individu dont toutes les victimes
01:05se souviennent de la voix et de l'odeur est toujours passé entre les gouttes.
01:10Une chance insolente, mais pour combien de temps encore ?
01:1430 ans après son premier crime, les investigations battent à nouveau leur plein.
01:19Va-t-on cette fois faire tomber le masque de ce prédateur ?
01:22Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:25Le violeur d'Antibes, à la recherche de l'homme sans visage, il s'était dissimulé
01:30entre mes manteaux dans un placard pendant 5 heures, il attendait que je m'endorme
01:35pour m'attaquer.
01:36L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver, à tout de suite sur RTL.
01:56Dans l'heure du crime aujourd'hui, la traque du violeur d'Antibes, au moins une quinzaine
02:00d'attaques de femmes pour ce criminel sexuel insaisissable qui sélectionne ses proies
02:05avec minutie, il commence véritablement à faire parler de lui au début des années 2000,
02:10sur la Côte d'Azur.
02:11Samedi 7 août 2004, peu après minuit, Sylvie Gouin-Juers, 36 ans, n'arrive pas à trouver
02:19le sommeil dans son appartement, un ray de jardin, dans une tranquille résidence d'Antibes.
02:24Elle est seule, son fils est en vacances chez son père.
02:27En cette période estivale, l'immeuble est quasiment vide, les voisins et même le gardien
02:32sont absents.
02:33Pour se rassurer, elle a tiré ses volets à 5h30.
02:37Alors que Sylvie consulte son ordinateur, l'électricité saute.
02:42Elle se dirige vers le compteur, aussitôt empoignée par un individu qui la plaque au
02:46sol, il appuie de tout son poids sur son genou, sur le ventre.
02:51« Il s'était dissimulé entre mes manteaux, dans un placard, pendant 5h, il attendait
02:56que je m'endorme pour m'attaquer, il s'est lassé, il a coupé le courant pour m'attirer
03:01dans l'entrée », confiera Sylvie au magazine Marianne.
03:04La jeune femme se défend, elle crie.
03:06L'homme la frappe au visage et lui dit « ta gueule », avec une voix sans accent.
03:11Il la blesse grièvement à l'œil droit, œil qu'elle perdra deux ans plus tard.
03:15L'homme s'enfuit par la fenêtre de la cuisine.
03:18Au policier, Sylvie indique que l'agresseur dégage une odeur de transpiration, comme
03:23s'il ne s'était pas lavé depuis deux ou trois jours.
03:26La police n'a garde doute, cette attaque ressemble à s'y méprendre à toutes celles
03:31perpétrées par un prédateur sexuel surnommé « le violeur d'Antibes ». Depuis de longs
03:36mois, l'antenne niçoise de la brigade criminelle recense les potentielles victimes.
03:41Avant Sylvie, il a commis au moins quatre viols et une tentative.
03:45Deux de ces attaques ont eu lieu à Antibes.
03:48Le mode opératoire est toujours le même.
03:50L'individu pénètre de nuit dans un appartement pour y surprendre une femme seule.
03:55Il lui masque les yeux avec de l'adhésif ou le visage avec une cagoule.
03:59Le 12 juillet 2003, Marie, 33 ans, dormait chez elle, résidence du parc de Lamadour
04:06à Aix-en-Provence.
04:07« J'ai senti une main se poser sur moi, puis le poids de son corps, un cauchemar », racontera-t-elle
04:14au journal Varmatin.
04:15L'homme a pris soin de sectionner l'alimentation électrique de l'appartement.
04:19Il est entré par le balcon en montant sur une poubelle.
04:23« Je lui ai parlé, je lui ai demandé si on se connaissait ». Elle poursuit.
04:27« Je lui ai demandé qu'il enlève ma cagoule, car j'étouffais ». Elle l'observe dans
04:31la pénombre.
04:32Il avait les cheveux bruns, coupés très courts, comme dans Prison Break, portait des
04:36lunettes de vue.
04:38Il les réajustait sans arrêt avec son majeur pour les remettre sur son nez.
04:42La médecinerie ajoute que l'homme avait des problèmes d'érection.
04:45Après le viol, elle se précipite sur le balcon pour le regarder partir.
04:49Un mètre 75 environ, type européen, athlétique, entre 30 et 40 ans, au-dessus du crâne, côté
04:57gauche, une cicatrice de 10 centimètres.
05:00Les victimes, dont les témoignages concordent presque au mot près, décrivent un individu
05:06toujours armé d'un couteau ou d'un cutter.
05:09Il utilise de l'adhésif pour ligoter les poignets et masquer les yeux.
05:12Il semble très bien connaître les lieux, les habitudes des femmes attaquées.
05:16Il a sans doute longtemps repéré ses proies.
05:18Après les viols, il lui arrive de nettoyer ses traces et ses empreintes.
05:22Il a une fois obligé la victime à prendre une douche, malgré ses précautions, par
05:27deux fois.
05:28En 2005, il a laissé derrière lui son ADN.
05:31ADN, à ce jour, inconnu.
05:34Et les enquêtes, notamment en suivant le fil de l'ADN, vont se multiplier.
05:38On verra bientôt que le rayon d'action de ce criminel sexuel ne se résume pas en
05:43Thibes et à la région alentour, mais que cet homme a commencé bien plus tôt, à huit
05:47cent quels kilomètres de là, en région parisienne.
05:49On va en parler de cette épopée, j'ai envie de dire, criminelle dans la suite de
05:55l'heure du crime.
05:56Il faut revenir pour l'instant au début des années 2000, avec l'apparition, presque
06:01publique et encore c'est pas trop commenté à l'époque, de ce violeur des résidences.
06:07Bonjour Jean Arca.
06:08Bonjour Jean-Alphonse.
06:09Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime.
06:12Vous êtes journaliste pour le journal Le Progrès et le magazine Marianne et vous êtes
06:16d'ailleurs, dans Marianne, le premier journaliste à avoir parlé de cette affaire.
06:20Ce sont des articles qu'on peut retrouver en ligne et vous avez surtout parlé de l'évolution
06:25de ce dossier.
06:26On va évidemment en parler avec nos autres invités.
06:30On le découvre vraiment sur la côte d'Azur, ce violeur ? On est au début des années
06:342000 et notamment à Antibes, puisque c'est là où il semble avoir eu son lieu de prédilection
06:40pour commettre ses forfaits.
06:41Oui c'est vrai qu'il a eu un champ d'action dans plusieurs villes de la région PACA.
06:46Et donc en 2004, quand la victime Sylvie de 36 ans se fait attaquer à Antibes, lorsqu'elle
06:52se rend au commissariat de Nice pour déposer plainte, on lui explique qu'elle n'est
06:57pas la première à avoir eu affaire à ce violeur-là, dont le mode opératoire est
07:02toujours le même.
07:03Il s'introduit la nuit chez des femmes qui vivent seules, souvent par une fenêtre ouverte,
07:08donc plus souvent l'été.
07:09C'est pour ça qu'il attaque plus souvent l'été.
07:10Il escalade, il est assez agile et donc là il a toujours un kit pour commettre ses agressions.
07:15Donc cutter, scotch, couteau pour menacer.
07:17Il est tout à fait équipé.
07:18Et effectivement, ça c'est intéressant parce que c'est un mode opératoire qui
07:23revient vraiment, qui est très millimétré.
07:25Il est très précis dans ses gestes.
07:28Justement, vous parliez de Sylvie Gouin-Juers, elle est en ligne avec nous dans l'ordre
07:32du crime.
07:33Bonjour Sylvie Gouin-Juers.
07:34Bonjour Monsieur Richard.
07:35Merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation de l'heure du crime et de vous exprimer.
07:39Je précise que c'est la première fois que vous acceptez de livrer votre véritable
07:44identité.
07:45Sylvie Gouin-Juers, vous avez été victime de cette agression, vous êtes parmi les premières
07:50victimes de cette agression qui est extrêmement violente, un mot là-dessus.
07:55J'étais devenue difforme tellement il m'avait tapé.
07:59J'ai quand même eu un ébranlement cérébral et j'ai eu une rupture du nerf optique deux
08:04ans plus tard.
08:05Et je pense que ce qui m'a le plus frustrée, c'était le fait de me dire, vous avez de
08:12la chance, on ne vous a pas violé, vous n'êtes pas aussi victime que les autres et que soyez
08:17heureuse Madame.
08:18Soyez heureuse.
08:19Grosso modo, c'est ce qu'on m'a dit une fois que j'ai été agressée, hospitalisée
08:25et auditionnée.
08:26Mais c'est ça, c'est qu'effectivement il est parti cet homme avant de commettre
08:31le pire.
08:32J'ai envie de dire les choses comme ça.
08:33Sylvie Gouin-Juers, quelle est votre réaction lorsque vous apprenez que cet homme, il a
08:37déjà agi, il a déjà fait d'autres victimes ?
08:39Je suis persuadée, moi, qu'une fois qu'on m'a dit ça, que c'est quelqu'un, un intervenant
08:46de la résidence, donc j'ai dit à la police, il faut appeler le syndic pour avoir les noms.
08:52Mais le fait qu'on m'ait raconté que j'ai été surveillée peut-être pendant
08:58des semaines, que le coup a été prémédité depuis longtemps, un fait que je me suis sentie
09:04forte parce que j'ai réussi à m'en sortir et c'est pour ça que j'ai arrêté d'en
09:11parler parce que je me suis dit, tu as été la plus forte parce que tu ne dormais pas.
09:15En fait, c'est ça qui m'a sauvée, c'est parce que je ne dormais pas.
09:18Oui, c'est sans doute ça qui vous a sauvé.
09:20Bonjour Maître Didier Seban.
09:22Bonjour.
09:23Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'Or du Créme, vous êtes
09:26avocat au barreau de Paris, bonjour Maître Marine Alali, vous êtes également avocate
09:31au barreau de Paris, vous travaillez tous les deux ensemble, c'est pour ça sur le
09:33même dossier, c'est pour ça que je vous présente en même temps.
09:35Didier Seban, cet homme il reproduit toujours les mêmes gestes, finalement, c'est un mode
09:41opératoire qui est vraiment très très millimétré, ça c'est une force aussi pour l'enquête ?
09:46Oui, c'est une force pour l'enquête, c'est ce qui permet de rapprocher des affaires.
09:50Il y a des affaires où on a de l'ADN, d'autres où on ne les a pas, mais c'est toujours
09:54le même comportement, c'est d'ailleurs assez rare dans les violeurs ou les tueurs
09:58en série, des fois ils essayent d'autres choses, là d'une certaine manière il a
10:03repéré qu'il pouvait rentrer chez des dames quand la fenêtre était ouverte, il
10:08faisait chaud, donc il a son mode opératoire, il surveille, il vérifie qu'il n'y a pas
10:12quelqu'un d'autre, qu'il n'y a pas un conjoint ou un ami qui soit là, donc voilà
10:17c'est quelqu'un qui prémédite son acte, évidemment la terreur qui prend la victime
10:23quand à 2h ou 3h du matin un homme arrive dans votre chambre, je pense qu'il ne peut
10:29pas y avoir une peur plus terrible, et il va là commettre ses actes, alors il y a des
10:36femmes qui sont sidérées comme souvent en matière de viol, la sidération c'est bien
10:40connu, c'est un mécanisme de défense pour ne pas prendre le risque que l'homme vous
10:47tue, il y en a d'autres comme la victime que vous avez entendue qui réagissent peut-être
10:52parce qu'elle est sûrement réveillée, elle est moins surprise, elle a vu la scène
10:58se dérouler, et puis il s'enfuit, il saute par la fenêtre, on n'est souvent pas à
11:02des étages élevés, 1er, 2ème, il a vraiment repéré les lieux, c'est ce qui a permis
11:08aux policiers de réunir ces 14 dossiers.
11:11Maître Marine a lié un mot là-dessus, il y a beaucoup de choses sur lui, très vite
11:16on sait à quoi il ressemble cet homme.
11:17Oui, parce qu'au vu du nombre de victimes, on a à chaque fois des détails en plus qui
11:20permettent d'avoir un portrait physique de cette personne, même de sa voix, elles ont
11:25entendu longtemps sa voix, elles ont discuté avec lui, son odeur qu'elles décrivent,
11:29d'ailleurs une odeur forte et de transpiration, c'est pour ça qu'on a cherché dans des
11:32métiers manuels, ce qui n'est peut-être pas le cas, ça peut être du stress aussi.
11:37Exactement, ça peut être du stress, comme en plus il agissait la nuit très tard, il
11:41suffit qu'il ne laissait doucher que le matin, comme beaucoup de personnes, et qu'en fait
11:45au milieu de la nuit, il ait déjà une odeur corporelle forte, donc c'est vrai que c'était
11:48difficile de déduire de manière certaine un métier, mais en tout cas oui, il y a beaucoup
11:52d'éléments, il y a cette cicatrice dont vous avez parlé tout à l'heure, qui est
11:56très importante parce que c'est un signe distinctif quand même peu commun.
11:59Les enquêteurs ont l'ADN du suspect, mais qui est cet homme qui connaît tout de ces
12:05victimes ?
12:06Le violeur d'Antibes à la recherche de l'homme sans visage, il aime revenir dans certaines
12:10résidences, il agit toujours entre 1h et 5h du matin, tous les jours sauf les dimanches
12:15et les mardis.
12:16L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
12:2014h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
12:2814h15, Jean-Alphonse Richard sur RTL, l'heure du crime.
12:34Heure du crime consacrée aujourd'hui au violeur d'Antibes, une quinzaine de femmes
12:37attaquées par cet homme dans les années 2000, mode opératoire immuable, des victimes
12:42ressemblantes, installées sur cette côte d'Azur qui ne semble avoir aucun secret pour
12:46lui.
12:48Dimanche 30 avril 2006, une jeune femme, 22 ans, est violée dans la résidence Flavia
12:53à Antibes.
12:54Huit mois auparavant, une résidente de 50 ans avait été violée dans cette même résidence.
12:59Pour les policiers, l'insaisissable violeur d'Antibes est un homme d'habitude.
13:03Il revient ainsi parfois sur les lieux de ses crimes.
13:06Deux attaques donc à la résidence Flavia à Antibes, deux aussi à celle du parc Amadour
13:11à Aix-en-Provence et deux encore au Mont Fleury à Nice.
13:15Il agit presque toujours entre 1h et 5h du matin.
13:19Il viole tous les jours de la semaine, sauf les dimanches et les mardis.
13:22Les profils des victimes sont ressemblants, des femmes apprêtées, soignées.
13:26Elles habitent des immeubles de standing.
13:29Les âges de ces femmes sont variables, entre 21 et 60 ans.
13:33Le violeur sait absolument tout d'elles.
13:35Une des victimes raconte que cet homme, qui la tenait sous la menace d'un cutter, lui
13:40énumérait à l'oreille les vêtements qu'elle portait tel ou tel jour.
13:46Les enquêteurs pensent que le violeur pourrait être une personne ayant travaillé dans les résidences.
13:50Un ouvrier, un employé qui avait le temps d'effectuer des repérages.
13:55Un jardinier qui, comme le violeur, dégagerait une mauvaise odeur et placé en garde à vue,
14:00mis hors de cause grâce à l'ADN.
14:02Tous les syndics d'immeubles sont contactés.
14:05Les mairies sont sollicitées pour désigner les entreprises chargées de travaux devoiries.
14:09Le ruban adhésif orange utilisé par le violeur est du matériel professionnel.
14:14Une victime, attaquée chez elle à Saint Raphaël en juin 2005, livre un détail inédit.
14:20Le violeur l'a menacée avec un cutter qui porte le logo MACC.
14:25C'est en fait un cadeau promotionnel offert à quelques clients artisans.
14:29Les bénéficiaires sont recensés, mais sans résultat.
14:33Au total, une liste de 500 individus susceptibles d'avoir effectué des travaux
14:37dans les résidences est dressée, mais aucun n'est retenu comme suspect.
14:42Un jeune homme qui travaille au noir est interpellé, puis relâché.
14:46Un plombier employé dans une résidence est placé en garde à vue, mis hors de cause.
14:51Un ouvrier du bâtiment payé en liquide pour la réfection d'une piscine au pied d'un immeuble
14:56où un viol a été recensé est arrêté, mais ça ne donne rien.
15:00Le tout dernier viol commis à Mougins dévoile toutefois une nouvelle piste.
15:05Ce jour-là, le suspect a été aperçu par des témoins
15:08alors qu'ils sautaient le portillon du jardin et s'enfuyaient.
15:11Ils ont entendu une moto démarrer.
15:14Le violeur d'Antibes ne va plus repasser à l'acte.
15:17Se serait-il tué sur la route avec son deux-roues ?
15:20Les accidents de moto survenus dans la région sont passés au crible,
15:23mais les vérifications ne donnent rien.
15:26Sans résultat, en vain, la piste est refermée.
15:29On a le sentiment que le violeur d'Antibes n'existe pas.
15:33C'est une espèce de criminel fantôme qui échappe à toutes les vérifications.
15:37Il est indétectable.
15:40Il y a cette première piste.
15:43Vous êtes avec nous dans l'heure du crime, avocate au barreau de Paris.
15:46Vous défendez les intérêts de plusieurs victimes du violeur d'Antibes
15:49avec maître Didier Seban, qui est également avec nous dans l'heure du crime.
15:53On en a parlé un petit peu.
15:56La première piste, c'est l'ouvrier du bâtiment.
16:00Tout simplement parce qu'il faut connaître ces résidences.
16:03Il faut avoir eu le temps de repérer les lieux.
16:06Il faut connaître la résidence, avoir le temps de repérer les lieux.
16:09Il y avait du matériel qu'il pouvait faire professionnel
16:12de quelqu'un qui travaille dans le bâtiment.
16:15Il était plutôt athlétique.
16:18C'était un nombre d'éléments qui pouvaient faire penser que c'était son type de métier.
16:21C'est pour ça qu'il y a eu énormément de gens qui sont intervenus dans ces immeubles
16:24qui ont été arrêtés.
16:28Ça n'a rien donné à ce stade.
16:31Ce qu'il faut savoir, c'est que les gens du bâtiment, ça représente des millions de personnes en France.
16:34C'est une piste qui est infinie et qui malheureusement ne suffit pas.
16:37Ce n'est pas un indice suffisant pour le retrouver.
16:40Qui plus est des personnes qui ne sont pas déclarées.
16:43On peut s'interroger là-dessus.
16:46Sylvie Gouin-Schwertz, vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
16:49Victime du violeur d'Antibes en août 2004.
16:52Merci encore d'être avec nous et d'avoir voulu témoigner au micro de l'heure du crime.
16:55Les victimes disent qu'elles ont eu l'impression
16:58qu'elles étaient un petit peu épiées et qu'elles étaient suivies.
17:01Vous avez eu cette impression que cet homme connaissait parfaitement les lieux ?
17:04Qu'il connaissait votre appartement ?
17:07Bien sûr, puisqu'il l'avait repéré.
17:10La seule façon de rentrer sans que je le voie
17:13et que je m'en aperçoive,
17:16c'était de rentrer par ma cuisine.
17:19J'avais un rez-de-jardin en angle et dans ma cuisine,
17:22j'avais une cuisine fermée et il est passé par ma cuisine.
17:25Puisque de toute façon, c'est là où on a trouvé les larmes fraîches.
17:28Maître Didier Seban, il y a ce mystère
17:31parce qu'il disparaît cet homme.
17:34Le 5 juillet 2006, c'est son dernier viol.
17:37Après, on ne voit plus à l'entendre parler.
17:40Ça fait vaguement penser à une autre histoire, celle du Grelé.
17:43Parce que lui aussi, il a disparu, mais on a fini par le rattraper.
17:46Oui, on nous dit souvent, s'il n'a plus fait parler de lui, c'est qu'il est mort.
17:50On a eu à se battre pendant des années dans l'affaire du Grelé
17:53pour dire qu'il faut continuer.
17:56Il a peut-être arrêté, il est peut-être parti à l'étranger, il est peut-être détenu.
17:59Parce que, vous savez,
18:02les prélèvements génétiques sur les détenus,
18:05on a une obligation de le faire à leur sortie.
18:08On n'a pas une obligation de les faire à leur arrivée.
18:11Je pensais que c'était obligatoire.
18:14Sauf s'ils sont mis en cause dans une affaire.
18:18Et puis, il peut s'être arrêté à un moment donné, avoir eu trop peur,
18:21s'être arrêté, je ne sais pas...
18:24Oui, parce que lors de ce dernier viol,
18:27on le voit, il s'en va, il part en courant.
18:30Donc là, ça commence à être un petit peu limite pour lui, peut-être.
18:33Ça commence à être brûlant.
18:36On peut imaginer qu'il ait décidé de s'arrêter.
18:39Tout cela ne nous pousse pas à dire
18:42qu'il a disparu, qu'il est mort, que c'est fini,
18:45que ce qui n'a pas recommencé, ce n'est pas lui.
18:48La preuve est apportée par d'autres affaires.
18:51Il faut poursuivre et arrêter cet homme qui a causé tant de malheurs.
18:54Jean Arcar, vous êtes journaliste pour Le Progrès et le magazine Marianne.
18:57Vous connaissez parfaitement cette affaire.
19:00Vous avez apporté récemment des éléments nouveaux à ce dossier.
19:03Il y a beaucoup de choses, on l'a dit, dans la description de cet homme.
19:06Il y a beaucoup de détails qui ont été donnés.
19:09Il y a cette histoire de moto aussi.
19:12Il va y avoir une enquête là-dessus ouverte.
19:15À Mougins, c'est le tout dernier crime qui commet en juillet 2006.
19:18Il y a des jeunes dans la piscine qui le voient sauter le portillon
19:21et partir de chez sa victime.
19:24Ensuite, ils entendent une moto.
19:27C'est ce témoignage-là qui laisse penser qu'il circulerait en moto
19:30et que peut-être par la suite, il a eu un accident.
19:33Ce qui l'aurait empêché de pouvoir continuer.
19:36Soit parce qu'il est mort, soit parce qu'il a été gravement blessé
19:40Après, il y a eu énormément d'autres choses.
19:43C'est vrai qu'il y a cette balafre, cette cicatrice sur le crâne.
19:46C'est un élément très troublant qui n'a pas été diffusé dans la presse
19:49mais qui aurait pu l'être.
19:52C'est vrai qu'il avait aussi cette spécialité
19:55de revenir dans les résidences où il a déjà frappé.
19:58Il y a une résidence où il revient 3 fois à Antibes
20:01et 2 résidences où il revient à 2 reprises.
20:04C'est quand même troublant.
20:07Il aimait bien revenir dans les résidences où il se sentait en terrain familier
20:10mais en même temps, il prenait un risque d'être reconnu, d'être aperçu.
20:13Oui, il joue avec le feu.
20:16Mais il y a des criminels qui jouent avec le feu et qui vont jusqu'aux limites
20:19parce qu'il y a une espèce d'adrénaline
20:22et que ça leur procure cette envie de continuer et de continuer encore.
20:25Un suspect introuvable mais dont le parcours criminel
20:28a commencé loin de la Côte d'Azur.
20:31Le violeur d'Antibes à la recherche de l'homme sans visage
20:34il m'a ligoté avec une corde à linge, je l'ai mordu.
20:37L'enquête de l'heure du crime et ce rebondissement
20:407 ans avant de se faire remarquer dans le sud de la France.
20:43Le violeur sévissé en région parisienne.
20:46À suivre dans un court instant sur RTL.
21:00Je me suis équipée d'un taseur.
21:03Avec un couteau sous le coussin.
21:06Je rentrais pas directement chez moi parce que je regardais si j'étais suivie.
21:09Et c'est devenu un automatisme en fait.
21:13Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur l'affaire du violeur d'Antibes.
21:16Une quinzaine de femmes attaquées dans des résidences tranquilles
21:19par cet homme insaisissable.
21:22On pensait qu'il ne sévissait que sur la Côte d'Azur.
21:254 ans après son dernier forfait, on retrouve sa trace
21:28à 800 kilomètres.
21:31Le 15 avril 2010, le SALVAC, logiciel informatique
21:34utilisé par la direction centrale de la police judiciaire
21:37rapproche 3 viols non résolus du dossier du violeur d'Antibes.
21:40Les mots d'opératoire sont identiques.
21:43Première surprise, ces attaques de femmes ont été commises
21:46en 1994, 95 et 96
21:49alors que le premier acte connu
21:52remontait jusqu'ici à 2001.
21:55Deuxième surprise, ces 3 viols n'ont pas été perpétrés
21:58sur la Côte d'Azur mais en région parisienne,
22:01à Châtenay-Malabrie, dans les Hauts-de-Seine.
22:04Les victimes avaient 31, 33 et 29 ans.
22:07Toutes attaquées dans leur appartement.
22:10Le magazine Marianne, qui révèle ce rebondissement,
22:13explique qu'un policier a pu retrouver les scellés de ses affaires,
22:16des pièces à conviction ayant par chance échappé à la destruction.
22:19Un ADN masculin a pu être extrait de ces pièces.
22:22Ancienne, il s'agit bien de celui du violeur d'Antibes.
22:26La liste des forfaits de cet homme s'allonge donc
22:29pour atteindre la quinzaine de viols.
22:32Juin 2011, un an après les révélations de l'ADN,
22:35les 3 victimes de Châtenay-Malabrie sont entendues
22:38par les enquêteurs, celles de 94.
22:41Raconte avoir été surprise dans son parking
22:44par un homme cagoulé armé d'un cutter.
22:47Il l'a ligoté avec de la corde à linge. Il l'a violé.
22:50Elle se souvient l'avoir mordu avant qu'il prenne la fuite.
22:53Le tout premier viol attribué au violeur d'Antibes.
22:56La 2e victime, 1995, explique que l'individu
22:59était entré avant elle dans son appartement.
23:02Il avait dévissé une ampoule. Il avait des problèmes d'érection.
23:05Il l'avait violé. La 3e victime, 1996,
23:08raconte une attaque strictement identique.
23:11Un simulacre de vol qui se transforme en viol.
23:14L'homme portait un bas sur la tête.
23:17Il était armé d'un couteau.
23:20Il est parti sans rien emporter.
23:23Et dans cette heure du crime, on reçoit l'un de nos invités.
23:26C'est Jean Arca, journaliste au Progrès et journaliste à Marianne.
23:29C'est dans Marianne que vous avez révélé
23:32cette histoire de la piste de l'île de France,
23:35la piste de la banlieue parisienne avec ces viols qui auraient été commis
23:38dans les années 90.
23:41Là, les policiers, non seulement ils ont eu du nez,
23:44mais la technique a fonctionné. C'est-à-dire que l'ADN a matché
23:47les viols.
23:50C'est d'abord le SDPJ92 qui demande à la police judiciaire
23:53qui est en charge du logiciel SALVAC,
23:56le logiciel de recoupement des modus emperandi,
23:59de comparer une série de 3 viols à Châtenay-Malabry
24:02avec d'autres viols qui ont pu avoir lieu dans la France.
24:05La série est déjà dans le logiciel à ce moment-là.
24:08Les modus emperandi sont similaires.
24:11Sur les affaires de Châtenay-Malabry,
24:14on retrouve des scellés et on extrait l'ADN parce que ça n'avait pas été fait
24:17dans les années 90. Pour Antibes, on a déjà l'ADN depuis les années 2000.
24:20Cette fois, en 2010, on peut comparer les deux ADN
24:23et là, ça matche. On se rend compte que le violeur
24:26d'Antibes, qui a sédi sur toute la côte d'Azur,
24:29à Mougins, Saint-Raphaël, Nice, à Toulon aussi,
24:32on se rend compte qu'avant ça,
24:35en 1994, 7 ans avant le premier fait
24:38en 2001 dans le sud, il a déjà commis au moins 3 viols.
24:42Donc ça ouvre quand même de nouvelles perspectives
24:45de voir qu'il a commencé sa série presque 7 ans avant.
24:48Et ça permet de cadrer son âge aussi finalement.
24:51On se rend compte qu'il pourrait être né,
24:54s'il a commencé sa série à 18 ans, il serait né au plus tard en 77.
24:57C'est ça. Et peut-être même un petit peu avant.
25:00Comme ses victimes le décrivent comme une personne de 30-35 ans en 2005,
25:03Châtenay-Malabry peut avoir 20-25 ans environ.
25:06Didier Seban, vous êtes avocat au Barreau de Paris
25:09et vous défendez plusieurs victimes du violeur d'Antibes.
25:12C'est très intéressant cette histoire de Châtenay-Malabry.
25:15Parce que là, on élargit le spectre des recherches.
25:18On peut savoir si cet homme a voyagé, etc.
25:21S'il n'y avait pas un artisan qui s'était déplacé à l'époque sur la côte d'Azur.
25:24On a le sud-est et on a la région parisienne.
25:27Donc on peut déjà essayer
25:30au travers évidemment des personnes
25:33qu'on peut suspecter ou qu'on a suspecté
25:36de retrouver quelqu'un qui a ce parcours, d'avoir vécu en région parisienne
25:39puis après de s'être installé dans le sud-est dans ces périodes.
25:42Puis il y a quelque chose qui m'intéresse, c'est que
25:45le dernier viol
25:48a lieu en août 1984.
25:51Il y en a peut-être eu d'autres parce qu'on n'a pas forcément repéré,
25:54mis en lien toutes ces affaires. Et puis ça recommence en septembre 2001.
25:57Est-ce qu'il n'aurait pas été incarcéré
26:00de mi-95 à septembre 95
26:04et il recommence une deuxième série ?
26:07Il faudrait par exemple s'intéresser aux personnes condamnées
26:10dans cette période-là, post-août 95.
26:13Et ça a été fait ou pas ça ?
26:16Là il y a un petit problème parce que
26:19ça fait penser aussi au Grêlé.
26:22Lui il n'a pas été incarcéré mais il disparaît pendant des années.
26:25Il se retrouve dans le sud de la France.
26:28Maître Marine Alali, vous travaillez avec maître Didier Seban
26:31qui est également avocate de plusieurs victimes du violeur d'Antibes.
26:34C'est très étonnant parce qu'on a plein de détails
26:37sur cet homme, cette cicatrice sur la tête.
26:40Il mesure à peu près 1m70, 1m75.
26:43Il a une trentaine d'années, il est très agile, il escalade les balcons.
26:46On l'a vu, des victimes l'ont vu, des victimes lui ont parlé.
26:49On connaît le son de sa voix, on connaît son odeur.
26:52Qu'est-ce qu'il faut de plus pour faire un avis de recherche ?
26:55On n'a jamais diffusé le signalement de cet homme ?
26:59Jamais de cette manière, avec l'intégralité des témoignages compilés.
27:02Mais pourquoi ?
27:04Pourquoi, je ne sais pas. En tout cas, ça n'a pas été fait.
27:07C'est peut-être dans le cadre de cette réouverture récente,
27:10quand même très récente du dossier, que ça doit être fait.
27:13C'est aussi votre émission qui peut servir à ça.
27:16À deux titres, c'est-à-dire un appel à témoin de gens
27:19qui pourraient reconnaître une personne correspondant à cette description
27:22qu'ils ont connue, sans que ce soit des accusations
27:25très affirmatives. Parce qu'en fait, on a un moyen avec l'ADN
27:28très facile de discriminer si quelqu'un peut correspondre à cette description
27:31et que ce n'est pas lui. Et ensuite, dans un deuxième temps, ça pourrait
27:34aussi permettre, malheureusement, de trouver d'autres victimes.
27:37Parce qu'il y a toujours cette question de savoir si d'autres victimes
27:40qui ne sont pas sorties par l'ADN ont été victimes du même auteur.
27:43Soit parce qu'il n'y a même pas d'ADN qui a été fait sur les faits
27:46de viols qui ont été dénoncés par des femmes.
27:49Soit parce qu'on n'a plus les scellés, ou des choses comme ça.
27:52C'est important aussi que ces femmes se manifestent. Parce que de ce qu'elles ont vu,
27:55ça peut aussi permettre de retrouver l'auteur. Et puis, à elles,
27:58ça peut leur permettre de venir dans cette procédure.
28:01Je ne donne qu'un indice qui m'a beaucoup troublé. Cette balafre sur la tête.
28:04Quelqu'un qui a vu cet homme dans ces années-là ? Un coiffeur ? Un ami ?
28:07Un collègue de travail ? Fatalement ! On se souvient ?
28:10Si votre collègue de travail a une balafre sur la tête ?
28:13Oui, c'est ce qu'on appelle un signe distinctif.
28:16Et c'est pas trop tard. Il faut le dire.
28:19Et d'ailleurs, c'est pas du tout trop tard, vu que le dossier est en cours.
28:22Les expertises ADN vont continuer, mais pas indéfiniment.
28:25Le violeur d'Antibes à la recherche de l'homme sans visage.
28:2819 personnes entendues pour savoir si elle ne serait pas parente
28:31avec l'insaisissable suspect.
28:34L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
28:49Au programme aujourd'hui de l'heure du crime, l'affaire du violeur d'Antibes.
28:52Une quinzaine d'attaques de femmes attribuées à cet individu.
28:55Il a sévi pendant 12 ans, en 1994 à 2006,
28:58en région parisienne, puis sur la côte d'Azur.
29:01Son ADN va-t-il finir par matcher ?
29:06Vendredi 22 juin 2012, le ministère de la Justice accepte
29:10la demande des enquêteurs de procéder à de nouvelles comparaisons ADN.
29:14Il s'agit de tenter une recherche en parentalité.
29:18La trace génétique du violeur d'Antibes va ainsi être comparée
29:21à d'autres qui pourraient lui ressembler,
29:24et qui figureraient dans les fichiers judiciaires.
29:27Des personnes qui pourraient avoir des liens de parenté avec lui.
29:30Méthode largement utilisée, notamment aux Etats-Unis,
29:33et qui pourrait permettre de remonter jusqu'à cet homme recherché.
29:3714 profils d'individus sont isolés.
29:40Ils font l'objet d'expertises.
29:4319 personnes sont convoquées, entendues sur leur descendance,
29:46des prélèvements ADN et des auditions sont conduites
29:50dans plusieurs régions de France.
29:52De longues vérifications opérées par la brigade criminelle,
29:56mais pas d'identité pour l'individu.
30:01Lundi 26 mars 2018, le dernier juge du tribunal de Grasse,
30:05en charge du dossier du violeur d'Antibes, délivre un non-lieu.
30:0824 ans après le premier viol connu,
30:11le magistrat estime que toutes les vérifications possibles
30:14ont été accomplies, jusqu'à de longues expertises ADN.
30:18Le violeur n'a plus fait parler de lui depuis 12 ans.
30:21Impossible de savoir si cet homme est mort,
30:23s'il a tout simplement arrêté d'attaquer des femmes aussi.
30:26Tout au contraire, il a continué de violer,
30:29en prenant soin de ne plus laisser aucune trace derrière lui.
30:32Le grêlé François Vérove était lui aussi parvenu à quasiment disparaître,
30:36jusqu'à être démasqué par une ultime campagne de prélèvements ADN.
30:41Il s'était alors suicidé.
30:44Maître Didier Seban, vous êtes avec nous aujourd'hui,
30:46dans l'heure du crime, avocat au barreau de Paris,
30:48avocat de plusieurs victimes du violeur d'Antibes.
30:50Est-ce que tout a été tenté ?
30:52On a l'impression que, effectivement,
30:54ce non-lieu délivré par le dernier juge du tribunal de Grasse,
30:57il est fait un petit peu à contre-cœur.
30:59Même par ce magistrat.
31:01Oui, je suis sûr.
31:02Vous savez, les magistrats nous disent souvent
31:04que les non-lieux dans les affaires criminelles,
31:06c'est quelque chose qu'ils leur trottent dans la tête pendant longtemps,
31:08parce qu'ils veulent comme nous, trouver.
31:11Moi, je crois, non d'abord parce que la technique évolue.
31:14Aujourd'hui, on a la généalogie génétique.
31:17Avant, on avait la parentalité.
31:19Maintenant, à partir d'une trace ADN,
31:21on peut rechercher la généalogie d'une personne.
31:24Donc, je pense que ce travail pourra être fait.
31:27Non, parce qu'on a toujours l'espoir
31:29que d'autres victimes s'expriment.
31:33Que quelqu'un qui a vu cet homme,
31:35avec cette cicatrice, je le rappelle, sur le crâne,
31:38cette cicatrice particulière.
31:41On a des éléments pour vérifier qu'il peut être sur place.
31:46Je ne sais pas, je me disais en vous écoutant
31:48et en écoutant cette histoire que je connais pourtant très bien.
31:51Est-ce que ça ne pourrait pas être un agent immobilier ?
31:53Quelqu'un qui fait visiter des appartements ?
31:55Oui, ça peut être n'importe qui, mais qui connaît ses résidences.
31:57Qui connaît ses résidences.
31:59Donc, on n'a pas cherché de ce côté-là.
32:01Et dans ces cas-là, ils ont des horaires assez libres
32:04pour faire les visites ou les choses comme ça.
32:06Pourquoi pas ?
32:07Évidemment, je n'accuse personne.
32:09Mais il y a encore beaucoup de recherches à faire.
32:11Et puis, vous savez, souvent...
32:13Alors, on a fait des recherches sur l'ADN, disons-le.
32:16Mais souvent, ces affaires de viol, dans cette période-là,
32:19sont prises un peu à la légère.
32:21On ne fait pas le lien tout de suite entre les différentes affaires.
32:23Oui, à l'époque, bien sûr.
32:24À l'époque. Et donc, quelquefois, on auditionne deux voisins.
32:27On auditionne la victime quelquefois mal,
32:30parce qu'on ne la croit pas vraiment.
32:32Ou on met en doute sa parole, ou des choses comme ça.
32:35Ce n'est pas aujourd'hui.
32:37Et donc, comme me disait une magistrate qui s'est repenchée,
32:40pas forcément sur ces dossiers,
32:42mais sur tout un tas de dossiers de viol des années 80,
32:46c'était indigent.
32:48C'était indigent. L'enquête était indigente.
32:51On se contentait.
32:52On n'a pas fait de portrait robot.
32:54On n'a pas demandé aux gardiens...
32:56On n'a pas interrogé tous les gardiens de ces immeubles.
32:59Je pense qu'il faut rattraper le tempérament.
33:02Il y a encore des choses à faire.
33:03Parce que Marina Lally, on le précise,
33:05vous êtes avocate avec Didier Seban,
33:07Marina Lally, l'enquête n'est pas terminée.
33:10Pour autant, il y a un non-lieu,
33:12mais on peut continuer à trouver des choses.
33:14Oui, parce que l'enquête a été réouverte
33:16au pôle Colcais de Nanterre,
33:18en enquête priminaire.
33:20Et ça, c'est très important,
33:22parce que c'est vraiment le rôle du pôle de Nanterre
33:24de reprendre ces dossiers.
33:26Et au vu de leur connaissance
33:28de toutes les nouvelles techniques scientifiques et d'enquête,
33:30peuvent résoudre ce dossier.
33:32Ce dossier a été confié à l'OCRVP,
33:34qui est un service spécialisé.
33:35On a confiance en eux.
33:36On a également confiance au pôle de Nanterre
33:38et à ses parquetiers.
33:39Et on pense que ce dossier peut être résolu grâce à eux.
33:41Jean Horca, journaliste pour Le Progrès,
33:43le magazine Marianne,
33:44vous connaissez parfaitement ce dossier.
33:45L'ADN, ça reste quand même l'arme
33:47presque majeure dans cette affaire.
33:50L'ADN permettra de confondre
33:52ou de disculper toutes les personnes suspectes,
33:54qu'on jugera suffisamment suspectes pour les prélever.
33:57Après, c'est sûr qu'il reste quand même
33:59toute l'enquête de terrain,
34:00d'analyse des listings,
34:02de voir les personnes
34:04qui ont pu être présentes dans ces résidences.
34:06Il y a quand même beaucoup de résidences différentes.
34:08À l'époque, les enquêteurs ont demandé
34:10les listings à tous les syndics,
34:12de toutes les entreprises,
34:13de tous les intervenants,
34:14donc pas que le BTP,
34:15aussi les gens qui viennent nettoyer la piscine,
34:17les jardiniers,
34:18les gens de l'ascenseur, du portail.
34:20Et ce qu'ont fait les enquêteurs,
34:21c'est qu'ils ont comparé
34:22toutes les résidences fournies par les syndics
34:25et pour voir s'il y avait une...
34:26toutes les entreprises fournies par les syndics,
34:28pour voir s'il y avait une entreprise
34:29qui revenait parmi toutes les résidences.
34:31Il n'y avait pas une entreprise en particulier
34:33qui était intervenue dans toutes ces villes,
34:35mais après, ça peut être une personne
34:37qui est intérimaire,
34:38qui travaille au noir.
34:39Donc là, il y a quand même...
34:41Il y a des vérifications à nouveau à opérer
34:43et il faut revoir sans doute ces listings
34:45aujourd'hui avec un oeil nouveau.
34:47Six ans après le non-lieu,
34:49effectivement, le pôle des cold case
34:51se saisit du dossier.
34:53Le violeur d'Antibes
34:54à la recherche de l'homme sans visage,
34:55c'est un caméléon.
34:57On ne se rend pas compte
34:58qu'on peut être épié par un détraqué.
35:00L'enquête de l'heure du crime,
35:01je vous retrouve tout de suite sur RTL.
35:14Dans l'heure du crime, aujourd'hui,
35:15l'insaisissable violeur d'Antibes.
35:17Une quinzaine de femmes,
35:18victimes de cet homme entre 1994 et 2006
35:21en région parisienne,
35:22puis sur la Côte d'Azur.
35:24Jamais identifié, introuvable.
35:262024, l'enquête close par un non-lieu redémarre.
35:31Vendredi 19 juillet 2024,
35:33le pôle criminel des cold case de Nanterre
35:35reprend le dossier du violeur d'Antibes.
35:37De nouvelles vérifications programmées.
35:40Maître Seban et Alali,
35:41avocats de plusieurs victimes,
35:43se réjouissent de cette relance.
35:46Marie, une des 15 victimes du violeur d'Antibes,
35:48n'a rien oublié de cet homme.
35:50Ni son allure, ni son odeur,
35:52ni sa voix, ni sa démarche.
35:54C'est un caméléon, indique-t-elle dans le journal Varmatin.
35:57On ne se rend pas compte qu'en tant que femme,
36:00on peut être épié par un détraqué.
36:04Non, ce n'est pas une honte.
36:06On ne l'a pas voulu, on ne l'a pas choisi,
36:08on ne l'a pas cherché.
36:09C'est ça aussi.
36:10On est des victimes, pour du vrai.
36:12Et on ne doit pas avoir honte d'être une victime.
36:15Et c'est ce que vous nous dites, évidemment,
36:17aujourd'hui, Sylvie Gouin-Jouers.
36:19Vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
36:20Vous avez été victime du violeur d'Antibes.
36:22C'était en août 2004.
36:24Comment est-ce que vous avez vécu, Sylvie Gouin-Jouers,
36:26toutes ces années ?
36:28J'ai réussi à vivre pendant ces 20 dernières années
36:31en me remplissant la vie,
36:33en ayant un enfant hyperactif
36:35qui faisait plein d'activités.
36:37J'ai vraiment, vraiment eu une carrière plutôt positive
36:43et une vie de maman comblée.
36:45Jusqu'à ce que mon fils s'en aille à 19 ans
36:47faire ses études ailleurs.
36:49Et là, ma santé a commencé à décliner.
36:51Je pense que c'est les nerfs qui m'ont lâchée.
36:54Et maintenant, j'ai de gros soucis de santé.
36:58Et ça fait 18 mois que je suis en arrêt de travail.
37:02Ça fait 22 mois que je ne mange pas.
37:05J'ai l'estomac paralysé.
37:07J'ai l'œsophage qui est complètement refermé.
37:10Et tout ça parce que j'ai reçu une lettre
37:13qui me dit enfin que je suis une victime.
37:16Vous êtes reconnue comme une victime.
37:18Et ça, c'est important.
37:19Parfois, la justice met beaucoup de temps
37:21à reconnaître les victimes.
37:22Ce pôle décolleté, ça vous donne espoir, Sylvie ?
37:25Moi, ce qui me donne espoir,
37:28c'est que peut-être j'aimerais voir sa figure.
37:31Je voudrais le voir en face de moi.
37:34Je voudrais le regarder.
37:36Je voudrais regarder ses yeux.
37:38Je voudrais l'affronter physiquement, en fait.
37:41Et j'ai besoin de lui mettre mon poing dans la gueule.
37:44C'est votre expression, Sylvie.
37:46Mais effectivement, on comprend votre émotion
37:48et on comprend votre envie d'être en face de cet homme
37:51pour qu'il s'explique et pour qu'il vous dise
37:54peut-être pourquoi il a fait les choses ainsi.
37:56Maître Didier Seban, vous vous en connaissez beaucoup.
37:58Effectivement, des victimes comme ça,
38:00des familles qui ont été traumatisées.
38:01Sylvie, elle a été traumatisée par ce viol.
38:04Ses conséquences aujourd'hui, c'est sa santé, etc.
38:07Effectivement, il est urgent peut-être
38:09de trouver quelque chose dans cette affaire
38:11et de faire avancer.
38:12Le pôle Colquets, il est là pour ça.
38:14Oui, ça reste un traumatisme terrifiant.
38:17On vit avec ça et on survit.
38:20Quelquefois, disent les victimes.
38:22Et il y a cette idée qu'on avait rencontrée,
38:24qu'on rencontre dans cette affaire,
38:26comme on l'avait rencontrée dans le grêlé.
38:27Il peut revenir.
38:28Il y a cette idée.
38:30Au fond, on ne peut pas être tranquille chez soi.
38:32Certaines victimes nous disent même
38:34qu'on préfère ne pas être chez nous
38:36puisqu'il est rentré chez nous.
38:38Il peut revenir chez nous.
38:40Donc, il y a ce sentiment-là,
38:42cette colère qu'exprime cette victime.
38:44Moi, je crois qu'il ne faut pas rester à attendre.
38:46Il faut se regrouper, se parler,
38:48voir des psys,
38:50prendre un avocat.
38:52Ne pas rester...
38:54Ne pas rester seul, c'est ça ?
38:56Seul face à cette situation
38:58parce que la justice, c'est lent, c'est long.
39:00Et c'est écrasant.
39:02C'est écrasant.
39:03On n'est pas forcément reçu.
39:05On ne sait pas ce qui se passe.
39:06On est dans l'attente.
39:07Je pense qu'il faut être actif.
39:09Et c'est ce que doivent faire les victimes
39:12pour ne pas sombrer.
39:14Je crois que c'est vraiment important.
39:16Sylvie vous entend.
39:17Je pense qu'effectivement,
39:18il faut qu'elle médite ce que vous dites,
39:19Maitre Seban.
39:20Maître Alali,
39:22vous êtes également avocate
39:24de plusieurs victimes du violeur d'Antibes.
39:26Qu'est-ce qu'il faut faire en priorité aujourd'hui ?
39:28Évidemment, il y a toutes les expertises
39:30auxquelles peuvent se lancer
39:32le pôle des colcaises.
39:33Mais il y a aussi peut-être un appel à témoin.
39:35Il y a beaucoup de choses à faire.
39:36Oui, c'est vrai que cet appel à témoin,
39:38on revient encore dessus.
39:39Il est important et indispensable.
39:41Vous l'avez rappelé,
39:42on a beaucoup de caractéristiques physiques.
39:44Il est important que toutes les personnes
39:45qui pourraient penser même un détail,
39:47avoir vu quelque chose,
39:49contactent les services de police
39:51ou le parquet de Nanterre.
39:53Et aussi des potentielles victimes.
39:55Parce que comme on vient d'entendre
39:57avec Madame Gers,
39:59c'est des faits trop traumatisants
40:01pour pouvoir rester tout seul de son côté.
40:03Il faut faire partie de cette procédure.
40:05Il faut être entendu dans cette procédure.
40:07Il faut aussi être indemnisé
40:08pour les faits dont on a été victime.
40:10Elle le dit,
40:11elle a des graves problèmes de santé.
40:12Et on le sait,
40:13des victimes de faits aussi graves,
40:15ont des problèmes de santé toute leur vie.
40:17Mais ça peut revenir,
40:18ça revient en boomerang.
40:19Ça revient tout le temps.
40:20Ça revient fort.
40:21Et quand ça revient fort,
40:22dans certains moments,
40:23c'est très compliqué.
40:24Et la réouverture d'une enquête
40:25comme là, on vient de le vivre,
40:26pour les victimes,
40:27c'est un tsunami.
40:28Elles avaient réussi à mettre ça
40:29d'un côté de leur vie,
40:30à continuer comme si de rien n'était.
40:32Comme si, je dis bien comme si de rien n'était.
40:34Et tout d'un coup,
40:35ça revient dans leur vie
40:36de manière tellement forte
40:37que c'est très compliqué psychologiquement.
40:39Et le corps subit aussi ces faits-là,
40:41et des maladies parfois étranges.
40:43Nous, dans nos familles,
40:44on a toujours des gens
40:45qui ont des maladies extrêmement rares,
40:47qui déclenchent des cancers.
40:48C'est destructeur de l'intérieur.
40:50Tout à fait.
40:51Vous faites bien de le rappeler,
40:52c'est très important.
40:53Jean Arcage termine cette émission avec vous.
40:55S'il faut, cet homme,
40:58il est peut-être resté pendant des années encore
41:00près de ses victimes.
41:01Il est peut-être encore,
41:02d'ailleurs là-bas,
41:03dans le milieu de la France,
41:04il ne serait pas si vieux que ça finalement.
41:06Oui, il aurait peut-être 50, 55 ans aujourd'hui.
41:08Peut-être qu'il mène une vie tout à fait normale
41:11et qu'il a un travail
41:13et que personne ne soupçonne
41:14les actes qu'il a pu commettre dans le passé.
41:16C'est pour ça qu'il faut continuer à chercher.
41:18Il y a quand même un espoir
41:19que cet homme soit un jour retrouvé,
41:20s'il est toujours vivant.
41:22Merci beaucoup Jean Arcage,
41:24Maître Didier Seban,
41:25Maître Marine Alali
41:26et Sylvie Gouin-Juers,
41:27d'avoir été aujourd'hui
41:28les invités de l'Ordre du crime.
41:29On salue d'ailleurs Sylvie Gouin-Juers
41:31d'avoir eu ce courage de témoigner.
41:33Merci à l'équipe de l'émission,
41:34rédactrice en chef Justine Vignot,
41:35préparation Marie Bossard,
41:36Lisa Canalès,
41:37réalisation en direct Jonathan Griveaux.