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Mardi 12 novembre 2024, SMART TECH reçoit Jérôme Totel (directeur de la stratégie et de l'innovation, Data4)

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Transcription
00:00On parle géopolitique aujourd'hui de câbles et aussi de datacenters avec Jérôme Totel, bonjour.
00:09Bonjour Delphine.
00:10Vous êtes le directeur de la stratégie et d'innovation de Data4, opérateur investisseur majeur sur le marché des datacenters en Europe.
00:17Début septembre, le média CNN révèle que les Etats-Unis voient un risque croissant de sabotage de câbles sous-marins stratégiques.
00:25Une unité militaire secrète russe dédiée à ce type d'opération aurait été repérée au-dessus de câbles sous-marins de la mer Baltique.
00:33Est-ce que vous êtes inquiet de ces activités navales russes au-dessus de câbles sous-marins, positionnées comme ça au nord de l'Europe ?
00:41Inquiet, ce n'est peut-être pas le mot, mais en tout cas, il faut être vigilant.
00:44C'est sûr, puisque un câble sous-marin est constitué de deux grands éléments.
00:49Il y a le câble en lui-même et puis il y a les landing stations sur chaque continent qui sont des munitions.
00:54Des stations d'atterrissage, si j'essaie de le dire en français.
00:57Exactement, des stations d'atterrissage.
00:59Ce sont des mini-datacenters qui sont au bord de la mer pour accueillir le câble sous-marin.
01:03Et les câbles sous-marins, ça fait des milliers de kilomètres entre deux continents.
01:09Plus on se rapproche du continent, plus c'est surveillé.
01:12Plus on s'éloigne du continent, moins c'est surveillé.
01:15Mais plus c'est techniquement compliqué, puisque c'est au fond des mers à plusieurs milliers de mètres en dessous de l'eau.
01:22Est-ce que ça pourrait impacter le fonctionnement des datacenters dont vous vous occupez ?
01:26Parce que si vous regardez ça attentivement, c'est bien pour une raison.
01:29Alors, ça pourrait impacter le service numérique de certains pays.
01:35Mais il faut savoir que chaque pays, par exemple la France, a aujourd'hui une trentaine de câbles sous-marins qui sont connectés
01:41pour relier les différents continents, les Etats-Unis, l'Asie, l'Afrique, le Moyen-Orient.
01:46Et à chaque fois, il y a plusieurs routes qui sont possibles.
01:50Donc on pourrait éventuellement avoir des congestions, comme des soirs de vacances.
01:54Par exemple, quand il y a tout le monde qui part en vacances, ça ralentit un peu le trafic au niveau des péages, etc.
01:58Si moins de routes sont disponibles, c'est ça ?
02:00Si moins de routes sont disponibles, vous avez du coup moins de débit disponible.
02:04Et donc tout le monde passe au même endroit.
02:06Toutes les données passent au même endroit et il peut y avoir des congestions.
02:09Donc c'est ce qui s'est passé d'ailleurs cet hiver, puisqu'il y a eu des câbles en mer Rouge qui ont été coupés,
02:14pour des raisons qui sont pour l'instant pas claires.
02:17Il y en a trois qui ont été rétablies, il y en a toujours un qui est toujours hors de fonctionnement.
02:22Et pendant cette coupure, les opérateurs ont rerouté le trafic en passant par tout le tour de l'Afrique et en arrivant sur Lisbonne.
02:32Mais ça veut dire que vous devez vous organiser vous aussi au sein des datacenters de manière différente ?
02:37Alors nous, en termes de datacenters, non.
02:39En revanche, c'est important d'avoir nos clients installent plusieurs routes disponibles depuis les datacenters,
02:45pour que si la route méditerranéenne ne soit plus disponible, alors ils utilisent la route qui passe par le sud de l'Afrique.
02:52Donc nous, on doit accompagner nos clients pour avoir cette multitude de connectivités possibles sur les datacenters,
02:58pour qu'ils puissent accéder à leurs données.
03:00Toujours avoir une solution de repli finalement ?
03:02Exactement, avec des secours dans tous les sens.
03:05Il faut savoir aussi que les câbles qui sont installés, chaque nouvelle génération de câbles peut transporter beaucoup plus de données.
03:12Donc aujourd'hui, on installe des câbles qui sont capables d'envoyer 300, 400 Tb de données, alors qu'il y a même 2 ou 3 ans, c'était peut-être la moitié.
03:19Donc si c'est un câble qui est impacté, qui est très récent, du coup il y a beaucoup de données qui ne pourront pas passer.
03:25Si c'est un câble qui est beaucoup plus vieux, ce sera un câble moins impactant, puisque c'est un câble qui est capable d'envoyer beaucoup moins de données.
03:32Alors il faut savoir que la France, c'est le quatrième plus gros détenteur de centres de données en Europe.
03:37Exactement.
03:38Et demain, comment ça progresse ?
03:40Alors, c'est une très bonne question.
03:42Ça devient difficile dans le marché des data centers d'en installer de nouveau ?
03:45Ce n'est pas simple, néanmoins on en a besoin, puisque tous les jours on utilise de plus en plus de services numériques, soit pour des besoins personnels, soit pour des besoins professionnels.
03:58Donc on a tous entendu parler du cloud.
04:01Aujourd'hui, on est en plein dans la vague de l'IA.
04:04Il faut savoir que 80% des données qu'on utilise en Europe sont encore hébergées aux Etats-Unis, donc on a besoin de capes sous-marins.
04:11Mais on a besoin aussi de souveraineté, donc ces données on a besoin de petit à petit les rapatrier en Europe.
04:16C'est la raison pour laquelle on a besoin de nouvelles infrastructures numériques, à la fois des capes sous-marins, des réseaux terrestres, mais également des data centers pour héberger ces données en Europe.
04:27Donc on estime aujourd'hui en France à une multiplication par 3 entre la quantité de data centers qu'on a aujourd'hui et ce dont on a besoin en 2030 pour accéder aux nouveaux usages de l'intelligence artificielle et du cloud.
04:40On va continuer de parler de cette stratégie d'autonomie numérique avec mon grand invité Guillaume Poupard juste après.
04:48Merci beaucoup Jérôme Totten de nous avoir éclairé en tout cas sur ces nouveaux risques aussi qui pèsent sur les télécommunications.
04:54J'espère que vous êtes le directeur de la stratégie d'innovation de Data4. Merci.
04:57Merci.

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