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Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Antoine Armand, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.

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Transcription
00:00Alors, c'est vrai qu'on est content d'entendre votre voix, Antoine Armand, cette matinée un petit peu particulière, cette veille de motion de censure.
00:08La première question, elle est simple. Est-ce que c'est votre toute dernière interview en tant que ministre de l'Économie ou pas ?
00:13Ce sont les députés qui décideront lors de la motion de censure.
00:17Mais on connaît déjà le résultat, non ?
00:18Ils décideront. Non, on ne connaît pas le résultat. Parce que vous savez quel serait le résultat ? C'est l'instabilité pour le pays.
00:23Oui, mais les résultats politiques, les votes.
00:26Et nous ne les connaissons pas pour une autre raison, c'est qu'il s'agit d'une décision individuelle.
00:31Vous avez demain ou après-demain 577 députés qui auront dans leur âme et conscience à faire le choix.
00:37Ou de l'opposition systématique, de l'instabilité économique, des secteurs perdants.
00:43J'entendais votre sujet. Je dois vous dire que ce n'est pas exact.
00:46Tous les secteurs seront perdants parce que dans une économie où les taux d'intérêt augmentent, dans une économie où un pays n'a pas de budget,
00:53dans une économie qui plonge dans l'incertitude, il n'y a pas de secteur qui gagne.
00:56Il n'y a pas de Français qui gagnent, il n'y a pas d'entreprises qui gagnent.
00:59Ça veut dire que vous avez encore un petit espoir dans votre fort intérieur que la situation soit sauvée ?
01:04Ça veut dire que les parlementaires, les députés ont le choix de ne pas plonger le pays dans l'incertitude et dans l'instabilité.
01:10Oui, mais ils ont déjà répondu. Vous avez entendu hier tous les présidents de groupe, c'est très clair.
01:14Certains ont dit qu'ils ne voteraient pas la motion de censure, peut-être que d'autres le feront.
01:19Vous savez, il n'y a pas de fatalité. Le Premier ministre s'exprimera ce soir, il l'a dit hier.
01:24Il n'y a pas aujourd'hui de résignation à avoir sur une classe politique qui peut être à la hauteur du moment. Pourquoi ?
01:30Parce qu'il faut expliquer pourquoi.
01:32C'est important ce que vous dites. Est-ce qu'en « off » il y a des députés qui vous disent
01:35« moi je ne voterai pas la censure, je ne suis pas d'accord avec ce que dit le président de groupe ? »
01:38Ça leur appartient et on verra quel sera leur choix au moment du vote.
01:42Ce qu'il faut expliquer, c'est ce qui se passera. C'est les effets.
01:46Les effets d'abord pour les ménages, les effets pour les urgences que nous avons à traiter, les effets pour tout le pays.
01:52L'impôt sur le revenu qui augmente, les agriculteurs et les territoires d'outre-mer qui ne seront pas soutenus.
01:56On l'a expliqué, on l'a enlargé en travers, visiblement ça ne prend pas et les présidents de groupe maintiennent quand même leur avis de censure.
02:04Je ne suis évidemment pas d'accord avec ça. Ce n'est pas une question de prendre ou pas.
02:07La question n'est pas de savoir si les présidents de groupe réagissent ou pas, c'est que les Français comprennent qu'aujourd'hui, le pays est face à un tournant.
02:16Alors racontez-nous comment vous avez vécu vous-même ce tournant hier, parce que vous étiez dans le bureau de Michel Barnier avec votre collègue du budget, Laurent Saint-Martin,
02:23au moment où Michel Barnier reçoit le coup de fil, c'est ce que raconte Le Parisien ce matin, de Marine Le Pen. Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
02:28Je ne commente pas les échanges qu'on a en privé avec le Premier ministre, avec mes collègues du gouvernement.
02:34Ce que je peux vous dire, c'est que le gouvernement de Michel Barnier, il a été ouvert dès le premier jour à trouver des avancées qui contentaient l'ensemble des forces politiques
02:42représentées au Parlement et qui posent une question au fond. C'est les partis politiques qui, aujourd'hui, s'annoncent voter la censure.
02:50Est-ce qu'ils avaient l'intention à un moment d'avoir un compromis ou est-ce qu'au fond, ils déplaçaient sans cesse la ligne rouge pour trouver une excuse à leur irresponsabilité ?
02:58Alors là, c'est le RN dont vous nous parlez. Est-ce que le RN a été de mauvaise foi dans les négociations ?
03:03Pardon, mais pas seulement.
03:05Alors restons sur le RN et on verra les autres après. Sur le RN d'abord. Est-ce que le RN a été de mauvaise foi ?
03:10Je constate que le dimanche, Marine Le Pen dit s'il y a une augmentation des retraites, une baisse des retraites ou un déremboursement des médicaments,
03:19nous ne pourrons pas, en l'état, ne pas voter la censure.
03:23C'est « ou » et pas « et » à ce moment-là.
03:24Le Premier ministre parle de déremboursement des médicaments, puis le parti de Marine Le Pen parle des retraites. Qu'est-ce que ça veut dire ?
03:31Ça veut dire que vous avez été naïf peut-être. Ça veut dire que vous avez cru à la parole de Marine Le Pen alors qu'en réalité, ça ne servait à rien de négocier avec elle.
03:38Je comprends le commentaire que vous voulez en faire.
03:40Non, c'est la question que je vous pose et c'est vous-même qui êtes en train de l'induire.
03:43Je comprends le commentaire que vous voulez en faire, mais vous vous rendez compte qu'on parle de l'avenir économique du pays, ici.
03:47Ce n'est pas de la naïveté que d'essayer de trouver un compromis et d'avoir dans la situation exceptionnelle qu'on vit un esprit de responsabilité qui consiste à se dire
03:56« oui, nous avons été au bout du dialogue, nous avons fait le maximum pour que les forces politiques au Parlement puissent ou soutenir ou ne pas censurer ce budget. »
04:05Ce n'est pas le budget qu'on censure. Ce n'est pas le gouvernement qu'on censure.
04:08Derrière, c'est le pays qu'on met en danger, c'est le pays qu'on abîme.
04:11Et ça, je le dis sans aucune dramatisation, mais je ne suis pas là non plus pour faire du relativisme.
04:19Parce que demain, si les taux d'intérêt augmentent, si les Français sont touchés dans leur épargne, si l'impôt sur le revenu augmente pour 380 000 ménages et pour 18 millions de foyers et qu'il augmente sensiblement,
04:30qui en sera responsable ? Qui en paiera les conséquences ? Les Français d'abord.
04:33Est-ce que vous pourriez aller un peu plus loin encore dans les concessions ce matin ? Est-ce qu'il y a encore des marges de négociation avec le RN ?
04:40Sur les retraites peut-être par exemple, ou est-ce que vous dites non, ça y est, c'est terminé ?
04:43Pour l'ensemble des forces politiques qui se sont déclarées voulant voter la censure, ce qu'on peut constater, c'est qu'il n'y a pas vraiment de ligne rouge précise.
04:51Elles changent à chaque fois.
04:52Donc ça ne sert à rien de tirer de nouvelles concessions ?
04:54Le parti socialiste qui était naguère en parti de gouvernement a envoyé in extremis le dimanche une lettre dans laquelle il y a une cinquantaine de points ou une vingtaine de points
05:03qui sont considérés comme des lignes rouges. Est-ce que vous pouvez sérieusement considérer que quand vous voulez sauver le pays, quand vous voulez éviter de plonger le pays dans l'incertitude,
05:11c'est la manière dont vous vous comportez ? Je ne crois pas. Chacun devra aussi être à la hauteur des responsabilités, pas seulement au moment du vote, mais le lendemain du vote.
05:19Sur le sujet des retraites, parce que c'est là-dessus que tout achoppe en réalité, si vous revenez à la situation initiale, ça coûtera aux finances publiques en gros 3,5 milliards d'euros.
05:26Est-ce que vous ne dites pas le fait qu'il y ait la censure, ça coûtera finalement beaucoup plus cher au pays ? Est-ce que vous ne regrettez pas de ne pas avoir avancé aussi là-dessus ?
05:33Vous voyez bien ce qui s'est passé. Nous avons avancé sur les allègements de cotisations sociales. Nous avons avancé sur la taxe sur l'électricité.
05:40Nous avons avancé sur le déremboursement des médicaments. Et à chaque fois, nous l'avons fait en compensant les mesures parce que notre objectif, c'est bien de réduire le déficit à 5 %.
05:48Dans un pays qui a des difficultés à réduire sa dépense publique et donc nous le faisons en responsabilité.
05:54À quoi jouent les oppositions ici ? Elles jouent à dégrader le budget jusqu'à ce qu'il soit insoutenable.
05:59La responsabilité du Premier ministre, c'était de dire à un moment, en fonction de l'équilibre budgétaire du budget, nous ne pouvons pas aller plus loin.
06:07C'était sa responsabilité. C'est aussi quelque chose que les Français comprennent. C'est aussi quelque chose que les entreprises comprennent.
06:13Regardez depuis hier, la Confédération des petites et moyennes entreprises, l'Union des entreprises de proximité, le MEDEF, les agriculteurs, ils demandent un budget.
06:22Ce n'est pas seulement le gouvernement, c'est le pays qui a besoin d'un budget.
06:25Marine Le Pen, semble-t-il, vous en veut de ne pas l'avoir assez bien traité sur la forme également, de ne pas avoir tenu compte plus tôt de ses remarques et de ses critiques.
06:33Elle vous en veut peut-être aussi à vous, Antoine Armand, d'avoir dit, quand vous êtes arrivé à Bercy, que le Rassemblement national n'était pas dans l'arc républicain.
06:40Est-ce que vous, et peut-être Michel Barnier, avez commis des erreurs à ce moment-là ?
06:44En ce qui me concerne, quelles que soient les valeurs qui sont différentes, antagonistes, j'ai toujours respecté les fonctions et les personnes.
06:51Quand j'étais parlementaire, quand j'étais rapporteur, quand j'étais président de commission, et l'ensemble du gouvernement l'a fait,
06:57toutes les forces politiques qu'ils souhaitaient ont été reçues par le gouvernement et le travail a été fait.
07:05Je crois qu'ici c'est quelque chose de plus profond qui se joue. Soit on reste dans la posture, soit on veut faire tomber un gouvernement au risque d'abîmer le pays et de pénaliser les Français,
07:13soit on fait l'effort. On fait l'effort de se hisser à la hauteur du moment, on fait l'effort de se hisser dans ce moment immense de responsabilité que les Français perçoivent bien et on agit différemment.
07:23Expliquez-nous, que va-t-il se passer en cas de censure ? L'opinion nous dit que c'est un saut dans l'inconnu, que va connaître la France.
07:29Il se passe quoi concrètement ? Est-ce que vous, par exemple, vous restez en poste ou bien est-ce que du jour au lendemain vous rangez vos cartons et vous partez ?
07:35Vous savez, mon sort personnel dans la situation est vraiment la chose la moins importante.
07:39Je vous demande ça pour des raisons que les Français sachent si le pays sera tenu ou pas.
07:42Il y a des procédures qui permettent à un gouvernement, si la censure était votée, de tenir évidemment.
07:47Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les conséquences elles sont directes, elles sont immédiates et elles sont importantes.
07:52Personne ne peut prétendre aujourd'hui qu'il n'y aurait pas un impact considérable.
07:56Je vous donne trois éléments. Le premier, c'est directement pour les ménages.
07:59380 000 ménages qui ne payaient pas d'impôts sur le revenu, qui en paieront 18 millions de foyers, qui paieront davantage d'impôts.
08:06Vous avez aujourd'hui, deuxième conséquence, des personnes qui vivent dans des situations d'urgence et de détresse importantes.
08:12Les agriculteurs, nos compatriotes dans les Outre-mer.
08:16Et puis troisième conséquence, c'est l'incertitude économique et financière d'un pays qui est tout simplement dépourvu de budget.
08:22Et on a vu les conséquences avec Axel de Tarlay. Il faut qu'on regarde quand même sur l'après une autre coalition.
08:26Vous semble-t-elle possible ? Et si oui, laquelle ?
08:29Pardon, on n'est pas dans ce moment-là.
08:31Ah bah quand même un petit peu. Visiblement, Emmanuel Macron passe des coups de fil depuis l'Arabie Saoudite pour essayer de trouver un successeur à Michel Barnier.
08:36On est dans le moment où, dans quelques heures, des élus de la nation, des parlementaires de la République auront le choix ou de mêler leur voix à tous les contraires.
08:46Vous avez vu la motion de censure déposée par l'extrême gauche qui vilipende l'extrême droite.
08:51L'extrême droite s'apprête à la voter à pieds joints.
08:54C'est vrai qu'il y a un paragraphe très dur sur l'ERL.
08:56Au fond, qu'est-ce que ça montre ? Ça montre que la seule manière qu'ils ont de se réunir, c'est d'abîmer le pays, de pénaliser les Français pour, au fond, au nom d'une opposition systématique
09:05qui parfois relève de l'obsession à l'encontre d'un gouvernement qui est là pour prendre ses responsabilités.
09:09Emmanuel Macron doit prendre la parole.
09:11Le président de la République prend la parole au moment où il le juge opportun.
09:15Là, que vit-on ? On vit un moment exceptionnel où chaque parlementaire aura le poids de sa responsabilité en fonction du vote qu'il effectue demain ou après-demain.
09:23En attendant une possible prise de parole d'Emmanuel Macron, il y aura ce soir une prise de parole du Premier ministre Michel Barnier.
09:28Vous pourrez le suivre en intégralité dans le journal de 20h de France 2 ce soir.
09:32Ce sera évidemment un événement important en direct à la veille du vote sur cette motion de censure.
09:36Merci beaucoup Monsieur le Ministre.
09:38Merci à vous.