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Aujourd’hui dans « Les 4 V » Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l'Industrie.


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Transcription
00:00Bonjour Monsieur le Ministre, et merci d'être avec nous en plein débat sur le budget.
00:06On va commencer par regarder ce que déclare un de vos collègues du gouvernement,
00:10c'est Antoine Arnault, le ministre de l'Économie.
00:12Voilà ce qu'il dit en ligne du Parisien ce matin, attention à l'impôt de trop.
00:15Un petit coup de pression sur le Premier Ministre pour les arbitrages en ce moment.
00:20Est-ce qu'il faut revenir, est-ce que vous êtes d'accord,
00:21est-ce qu'il faut revenir sur les efforts demandés aux entreprises dans le projet de budget ?
00:25Moi je suis tout à fait aligné, tout à fait en soutien avec la position d'Antoine Arnault.
00:29Je suis d'autant plus en soutien que c'est une position qui correspond
00:32à ce que souhaitent les députés Ensemble pour la République,
00:35c'est le groupe dont je suis issu, et moi je sais où j'habite,
00:38ma légitimité de ministre elle vient de mon groupe politique,
00:41et depuis 2017, vous savez, nous avons fait beaucoup d'efforts pour baisser le coût du travail,
00:46nous avons augmenté les exonérations de charges sociales,
00:49et ça, ça a contribué massivement à la création de l'emploi,
00:51on a créé près de 3 millions d'emplois depuis 2017, pour tout un tas de raisons,
00:54mais notamment pour celle-là, et je pense que dans le contexte,
00:57c'est très important de trouver des économies ailleurs,
00:59parce que nous avons un objectif d'économie, vous le savez, 60 milliards d'euros,
01:02cet objectif, nous voulons évidemment le tenir,
01:05mais je pense qu'il y a d'autres sources d'économies
01:08que celles qui consistent à augmenter le coût du travail sur les entreprises.
01:12Alors c'est important ce que vous nous dites,
01:13parce que ça veut dire qu'il y a des divisions au sein du gouvernement,
01:16le ministre du budget, il était parti sur un projet de 4 milliards demandés aux entreprises,
01:19et vous, vous nous dites aujourd'hui, sans le dire comme ça,
01:22ben non, il faut que cet effort, il soit plus bas, il faut descendre jusqu'à combien ?
01:25Il faut un effort zéro ?
01:26Moi, vous savez, je considère qu'il n'y a pas de division dès lors qu'il y a du dialogue.
01:30Depuis des semaines, il y a du dialogue entre les députés Ensemble pour la République et Gabriel Attal,
01:35entre le ministre de l'économie Antoine Armand,
01:36entre le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin,
01:39et au fond, nous avons tous le même objectif, c'est de faire ces économies,
01:42mais sans nuire à la compétitivité de nos entreprises,
01:45sans nuire aux résultats que nous avons obtenus depuis un certain nombre d'années,
01:48et je pense que ce dialogue, il est fructueux, il est fertile,
01:52et il va probablement atterrir.
01:53Moi, je souhaite qu'à la fin, le coût du travail, au fond, n'augmente pas.
01:58Est-ce qu'on arrivera à cet objectif ?
01:59Je l'espère, mais en tout état de cause, le dialogue, aujourd'hui, il est tout à fait constructif.
02:04Donc, ça veut dire que vous vous appelez à l'annulation de ces 4 milliards de baisse de charges ?
02:07S'il est possible de trouver des gages, effectivement, des économies ailleurs, je le souhaite.
02:11Et est-ce que vous soutenez aussi Patrick Martin,
02:13quand il dit « l'argent, on peut le trouver dans la consommation »
02:15plutôt que d'aller le chercher sur le travail,
02:17et donc, le projet de la TVA sociale, il n'est pas si idiot que ça ?
02:20Moi, je ne préjuge pas des pistes qui seront trouvées à la fin.
02:23J'ai toujours dit que le sujet, dans notre pays,
02:26c'était d'augmenter la quantité de travail dans l'année,
02:30la quantité de travail à l'échelle d'une vie entière,
02:32c'est pour ça que nous avons fait la réforme des retraites,
02:34parce qu'au fond, l'écart de richesse entre nous et d'autres pays
02:37s'explique beaucoup par le fait qu'il y a moins de travail en France.
02:40Et c'est pour ça que le sujet de l'emploi, le sujet du plein emploi,
02:44ça doit rester notre cap et notre objectif.
02:46Alors, augmenter la quantité de travail, ce n'est pas nouveau,
02:48on se vient du « travailler plus pour gagner plus »,
02:50mais là, ce qui est en train d'arriver, c'est « travailler plus pour gagner ».
02:52Pareil avec 7h30 proposées par le Sénat,
02:55qui seraient travaillées, on travaillerait plus, mais qui ne seraient pas payées.
02:57Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ou pas ?
02:58Parce qu'il semble que Michel Barnier, cette idée le titille.
03:02Écoutez, moi, je trouve que c'est une piste intéressante.
03:04J'ai constaté effectivement que les sénateurs avaient voté cette mesure hier soir.
03:09Je pense que ça fait partie des pistes de réflexion,
03:12justement pour trouver des ressources supplémentaires pour nos comptes publics.
03:16Alors, on voit le coup de pression que vous mettez sur la discussion budgétaire.
03:20Vous, ici, il y a quelques instants, Marc Ferracci,
03:22et également le ministre de l'Économie en ligne du Parisien, on l'a vu.
03:25Et si vous le faites, ce n'est sans doute pas complètement par hasard,
03:27c'est parce que c'est un peu compliqué,
03:29notamment dans votre secteur, le secteur de l'industrie.
03:31On voit la ligne de la Croix ce matin à la crainte de l'effet domino dans l'industrie.
03:35Il y a eu Michelin, il y a eu Arcelor, qu'on a appris avant-hier.
03:41C'est évidemment en train de prendre de l'ampleur
03:43avec deux projets de fermeture de sites à Denain et à Reims.
03:47Pour ce qui concerne Arcelor, 130 emplois qui seraient détruits.
03:50Y a-t-il malgré tout, j'imagine vous avez peut-être parlé aux dirigeants,
03:53est-ce qu'il y a un espoir de maintenir ces sites quand même ?
03:55Vous dire d'abord que dans l'industrie, il y a des entreprises en difficulté.
03:59Il y a des filières qui sont confrontées à des difficultés.
04:02C'est le cas de l'automobile, c'est le cas de la chimie, c'est le cas de la métallurgie.
04:05Il y a aussi beaucoup de bonnes nouvelles.
04:07L'industrie va embaucher 240 000 personnes cette année.
04:11Il y a 70 000 emplois qui ne sont pas pourvus.
04:13On est dans la semaine de l'industrie pour attirer les jeunes vers l'industrie
04:16parce qu'on a besoin de créer des vocations justement pour recruter.
04:19Donc le tableau, il est toujours contrasté.
04:21Mais c'est vrai qu'il y a aussi des entreprises en difficulté.
04:24Et face à ces difficultés, la méthode du gouvernement,
04:26ma méthode, celle d'Antoine Armand, c'est toujours la même.
04:29C'est d'abord d'essayer de trouver des repreneurs pour les sites.
04:32Lorsque des sites ferment, trouver des solutions industrielles
04:34pour maintenir l'activité, ça, c'est le premier point.
04:37Vous pensez qu'il y a un espoir pour Denain et pour Reims ?
04:38Eh bien, on va discuter évidemment avec l'ensemble des parties prenantes.
04:42La méthode ici, ça consiste à aller sur le terrain pour écouter les acteurs,
04:47pour voir s'il y a des solutions industrielles.
04:48Ça consiste à jouer collectif parce que les solutions,
04:51on les trouve avec les élus, avec les services de l'État,
04:53avec les organisations syndicales.
04:55Alors il y a eu un appel, pardon, je rebondis juste par rapport à ce que vous dites,
04:58parce qu'il y a eu un appel lancé, vous parlez des élus, par le maire de Reims,
05:01Arnaud Robinet, que vous connaissez sans doute, qui dit
05:03« j'invite Marc Ferracci à venir à Reims pour… »
05:06Moi, je me rends sur le terrain dès que nécessaire, dès que ma présence est utile.
05:10Je suis allé à Cholet, sur le site de Michelin, pour lancer…
05:13Ça ne s'est pas très bien passé d'ailleurs.
05:14Ça s'est passé de manière tout à fait satisfaisante,
05:16au sens où j'ai pu discuter avec tout le monde…
05:17Il y a eu des élus, vous avez dû partir dans des circonstances un peu compliquées.
05:20Non, mais j'ai pu discuter avec des salariés,
05:22j'ai pu discuter avec les organisations syndicales.
05:24Ma méthode, c'est toujours celle-là.
05:25Aller sur le terrain quand c'est utile.
05:27À Cholet, j'ai lancé un comité de suivi des engagements de Michelin.
05:30J'irai là où c'est utile.
05:32Donc à Reims, vous allez aller à Reims bientôt ?
05:34Et ce que je veux vous dire, si ma présence est utile, j'irai.
05:37Ce que je veux vous dire, c'est qu'en travaillant collectivement,
05:40qu'on trouve des solutions.
05:40Quand on peut trouver des repreneurs, on les trouve,
05:42et souvent l'État est au rendez-vous pour mettre de l'argent,
05:47avec des prêts, avec des garanties de prêts,
05:49pour sécuriser le modèle économique et industriel de l'entreprise.
05:52On a des exemples.
05:53Ces dernières semaines, on parle toujours des entreprises
05:56qui sont en difficulté,
05:57et on parle assez peu des redressements et des entreprises qu'on sauve.
06:00On a sauvé l'entreprise NFA, à la bâtie en Haute-Savoie,
06:03avec 120 emplois sauvés.
06:04On a sauvé beaucoup d'entreprises ces dernières années.
06:06Il y a eu des succès, bien sûr,
06:07mais vous voyez bien que le contexte, il est plus difficile qu'avant.
06:10Bien sûr, le contexte est plus difficile.
06:12Pourquoi ?
06:12Et c'est là qu'il faut marcher sur deux jambes.
06:14Il faut protéger l'existant,
06:15mais il faut aussi avoir une stratégie et une vision globale pour notre industrie
06:18et défendre la compétitivité de nos entreprises.
06:20Moi, je crois fondamentalement que mon ministère est un ministère de combat.
06:23Je me bats tous les jours sur les dossiers d'entreprise.
06:25Je me bats aussi au niveau européen
06:27pour améliorer la compétitivité de nos entreprises.
06:29Nous allons faire des propositions
06:30pour une politique industrielle à l'échelle européenne.
06:32Sur les droits de douane,
06:34ça concerne surtout le droit de douane, puisque vous parlez de l'Europe.
06:35Pas seulement.
06:36Je voudrais vous interroger justement sur un sujet qui est dans l'actualité,
06:39qui est l'accord sur le Mercosur,
06:40parce qu'on voit la mobilisation de la plupart des agriculteurs contre cet accord.
06:44Pas tous, notamment les vignerons, les producteurs de lait,
06:47qui sont plutôt pour.
06:48Dans l'industrie, on est forcément pour le Mercosur,
06:50notamment dans l'industrie automobile.
06:52Est-ce que vous, ministre de l'Industrie,
06:54vous êtes contre cet accord sur le Mercosur,
06:56alors que c'est l'ouverture d'un marché de 220 millions de consommateurs ?
06:58Moi, je pense qu'il faut être cohérent.
06:59Il faut avoir une approche globale des sujets.
07:02Le principe des accords commerciaux, moi, je le soutiens.
07:05Je pense que le commerce international est fondamentalement bon,
07:07à une condition, c'est que le commerce international soit juste.
07:10Quel est le problème avec cet accord du Mercosur ?
07:12C'est qu'il ne contient pas suffisamment de clauses qui permettent la réciprocité,
07:16c'est-à-dire faire en sorte que ceux qui exportent en Europe
07:19soient soumis aux mêmes règles, en particulier dans le domaine agricole,
07:22que ceux qui, en Europe, exportent vers l'Amérique latine.
07:25Ça, c'est le point fondamental et ça vaut pour l'agriculture, pour l'industrie.
07:28Si on n'a pas cette réciprocité, si on n'a pas ce jeu armes égales,
07:32eh bien, à un moment ou à un autre, tout le monde est perdant.
07:35Et ce que je veux dire, c'est que nos industriels français,
07:37je pense, peuvent gagner dans la compétition internationale
07:40si on leur permet de jouer armes égales.
07:42Ça veut dire avec des protections qui soient similaires à celles des constructeurs chinois,
07:46par exemple en termes de véhicules électriques,
07:48et c'est pour ça qu'on a augmenté les tarifs sur les véhicules chinois,
07:51avec du soutien qui soit similaire à ceux des constructeurs de batteries américains,
07:54qui subventionnent massivement leurs industries.
07:57Si on joue armes égales, on gagnera.
07:59Moi, je vais partout sur le terrain et je sais que nos industriels
08:02ont un dynamisme et des atouts formidables à faire valoir.
08:04Et vous irez à Rhin si votre présence est nécessaire,
08:06c'est ce que vous nous avez dit ce matin.
08:08Merci beaucoup, Marc Ferracci.
08:09Merci à vous.