Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:0013h-14h, Europe 1-13h.
00:0313h36, Europe 1, la suite d'Europe 1-13h avec vous, Céline Giraud.
00:06Et aujourd'hui, la journaliste essayiste Laëtitia Schroesbonner
00:09et l'écrivain essayiste Paul Mulin.
00:10Et nos auditeurs d'Europe 1, de plus en plus nombreux à nous écouter chaque jour.
00:14Merci à vous pour votre fidélité.
00:16018203921 si vous souhaitez réagir.
00:19On va parler du Mercosur.
00:21Emmanuel Macron, on en parle beaucoup, est au G20 à Rio de Janeiro au Brésil.
00:25L'occasion pour le président français de bloquer les négociations
00:28sur le traité de libre-échange entre l'Union Européenne et l'Amérique du Sud.
00:33On appelle ça donc le Mercosur.
00:34Et il s'est exprimé ce matin, écoutez.
00:36Contrairement à ce qui a été dit ou parfois écrit, encore même ce matin d'ailleurs,
00:40on n'a pas l'habitude de parler en l'air.
00:41Et donc depuis plusieurs mois, plusieurs années, on travaille.
00:44Et donc on réunit, on rassemble.
00:47Et on aime toujours, nous, écrire que les Français sont isolés.
00:50Mais on n'est pas isolés.
00:52Vous voulez modifier le texte ?
00:53Non, d'abord je veux travailler avec tous ceux qui ont les mêmes préoccupations que nous,
00:57qui sont légitimes.
00:58Polonais, Autrichiens, Italiens et plusieurs autres en Europe.
01:02Et donc la France, elle, simplement, elle exprime une voix
01:05qui est portée par beaucoup d'autres qui ont des agricultures
01:07avec des spécificités qui veulent protéger.
01:09Et donc nous protégeons nos agriculteurs.
01:11C'est notre droit parce que nous protégeons notre capacité à nous alimenter.
01:15La France peut-elle faire échouer le traité Mercosur ?
01:18Parce qu'on l'entend, Emmanuel Macron, on dit la France n'est pas isolée.
01:21Oui, c'est vrai, la France peut faire échouer.
01:24Tout dépend de la procédure que la Commission choisir.
01:28Normalement, le Mercosur, le traité doit être voté à l'unanimité par le Conseil européen
01:35et également par les parlements nationaux.
01:38Mais la Commission pourrait choisir de faire adopter ce traité différemment
01:41par un vote à majorité qualifiée.
01:44Dans ce cas-là, la France devrait se trouver des alliés
01:49pour créer ce qu'on appelle une minorité de blocage.
01:51Donc c'est quoi, c'est quatre pays minimaux ?
01:53Je crois, et c'est pas très difficile à faire,
01:56mais simplement, il faut quand même trouver des partenaires solides.
01:59Ça pourrait être l'Italie, ça pourrait être la Pologne en effet.
02:02Donc oui, il est tout à fait possible que ce traité ne soit pas adopté.
02:07Ensuite, pour commenter ce que vient de dire le Président de la République,
02:12on a un petit peu du mal à le suivre, lui en tout cas sur ses positions européennes.
02:17C'est un petit peu docteur Emmanuel et Mister Macron
02:21parce qu'on l'a connu comme défenseur du libre-échange,
02:27de l'Europe puissante, l'Europe souveraine.
02:29Et alors là maintenant, il prend une autre position.
02:32Alors c'est difficile de savoir s'il fait ça par opportunisme,
02:35c'est-à-dire qu'il a une mauvaise image,
02:39donc il prend cette position-là.
02:44Ou alors, et ça c'est plutôt mon point de vue,
02:49il a la position d'un président un peu typique lors d'une cohabitation.
02:52C'est-à-dire que ça lui permet de rester un petit peu au-dessus de la mêlée
02:56et puis d'avoir un lien complètement artificiel avec une partie de l'opinion française,
03:02en l'occurrence celle des agriculteurs.
03:06Qui est quand même un électorat puissant,
03:09qui est très soutenu par la France.
03:14C'est trop tard, Emmanuel Macron est trop mal aimé
03:18dans un grand nombre de catégories de français aujourd'hui,
03:22pour que ça change quoi que ce soit l'opinion que les français ont de lui, il me semble.
03:26Qu'est-ce qui lui arrive à Emmanuel Macron, le libéral,
03:29qui s'associe à Mélanie, Orbán ?
03:31C'est vrai que c'est un peu incompréhensible.
03:34J'imagine que certains macronistes originels,
03:36ceux de 2017, j'entends, voire de 2016,
03:39ont dû être un peu déçus.
03:41Ils ont peut-être mal à leur macronisme.
03:44Le macronisme contemporain est en train de dire au macronisme d'hier qu'il s'est trompé.
03:50C'est vrai que le libre-échange, on n'en est pas à notre premier accord.
03:54Il y a eu le CETA, il y a eu un accord qui a été passé avec la Nouvelle-Zélande.
03:58L'Union Européenne a développé un certain nombre de nouveaux marchés depuis longtemps.
04:02La souveraineté alimentaire agricole de la France n'a de cesse de baisser depuis des années.
04:07Nous importons plus de viande bovine en 2023 que nous n'en importions il y a dix ans.
04:12C'est pareil pour les poulets, c'est pareil pour plein de choses.
04:14Parfois, je me dis finalement, au gouvernement, on découvre un peu la lune.
04:18On se rend compte aujourd'hui qu'on est dans une économie ouverte,
04:21qu'on perd des marges de manœuvre en termes de souveraineté alimentaire
04:24et qu'il faudrait tout à coup dire stop cet accord vache contre voiture,
04:28comme on dit, puisque son petit nom se merque au sourd.
04:30Ce n'est pas bon pour nous, donc on va s'allier avec Mme Mélanie,
04:33dont on nous disait hier que c'était une odieuse fasciste.
04:36M. Orban, dont on nous dit que c'est le Trump européen en plus dangereux.
04:40Donc maintenant, il va y avoir un nouveau...
04:42Donc il a changé le logiciel de parraine.
04:43Non, mais je pense qu'après, je ne veux pas être que dans le cynisme
04:47ou imaginer que ce ne serait qu'un être de calcul.
04:50Emmanuel Macron, on peut aussi imaginer qu'à l'épreuve du réel,
04:53il s'est aussi dit, à un moment donné, je ne peux pas parler de souveraineté tout le temps,
04:58avoir renommé un certain nombre de ministères en y apposant le mot de souveraineté
05:02et dans le même temps, nouer un accord qui va faire tout le contraire de la souveraineté alimentaire,
05:07c'est-à-dire affaiblir les éleveurs bovins français,
05:11affaiblir notre agriculture, affaiblir notre capacité à avoir sur notre sol ce qu'il faut.
05:17Et puis aussi, dernier élément, il y a quand même une question aussi écologique derrière le merc au sourd.
05:22C'est-à-dire que, et c'est d'ailleurs pour ça que les écologistes sont aussi
05:25vent debout un peu partout en Europe contre ce traité de libre-échange.
05:28C'est-à-dire que faire croiser des cargos remplis de bétail à travers les mers
05:32alors qu'on peut avoir du bétail à côté de chez nous, c'est un non-sens écologique total.
05:36Donc pour toutes ces raisons, je suis opposé au merc au sourd
05:39et je pense qu'une majorité de Français le sont aussi,
05:41que le président de la République s'est bien calqué sur cette position dominante aujourd'hui dans la société.