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Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:0013h-14h, Europe 1-13h.
00:03Europe 1-13h, dernière partie sur Europe 1 avec vous, Céline Giraud.
00:06Et aujourd'hui, le chroniqueur politique Jean-Claude Dacier et le journaliste Yvan Ayoufollah.
00:09Et alors que la révolte paysanne secoue à nouveau le pays,
00:13le président de la République, Emmanuel Macron, en déplacement en Amérique latine,
00:17affirmait hier soir à Buenos Aires que la France ne signerait pas en l'État
00:21le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur. On l'écoute.
00:25J'ai également dit de manière très sincère et très claire au président argentin
00:30le fait que la France aujourd'hui ne signerait pas en l'État ce traité Mercosur.
00:35Et cette fermeté que nous avons, elle est simple, c'est que nous ne croyons pas
00:39au préaccord tel qu'il a été négocié, parce qu'il ne prend pas en compte
00:43toutes les évolutions que nous avons faites nous-mêmes sur nos propres marchés.
00:46Et comme je lui ai dit, pour l'Argentine, il serait très mauvais pour sa réindustrialisation
00:50et pour nous, il serait très mauvais pour notre agriculture.
00:53Et donc, je ne veux pas qu'on cède de notre souveraineté alimentaire.
00:56Voilà, Emmanuel Macron. Alors, sur ce volet agricole du traité Mercosur,
01:01Emmanuel Macron est-il vraiment contre et a-t-il les moyens de s'y opposer ?
01:05Je ne suis pas sûr qu'il était contre il y a quelques années.
01:07Mais on ne va pas lui chercher querelle, on a trop de motifs récemment pour cela.
01:12Vous savez, j'ai regardé les chiffres ce matin chez nos amis de la presse écrite.
01:17On était la première puissance agricole il y a encore quelques années.
01:20Au jour d'aujourd'hui, 20% de nos importations de consommation générale sont importées
01:27et 70% de nos fruits sont importés.
01:32Mais vous vous rendez compte...
01:34L'aberration française, c'est l'énorme.
01:37On sait bien pourquoi l'État Providence ne se finance pas comme ça avec l'air du temps
01:44et qu'évidemment chacun porte sa charge et elles sont nombreuses.
01:48Tant qu'on n'aura pas changé ça, on aura les problèmes gravissimes qu'on a aujourd'hui.
01:53Le Mercosur aujourd'hui a sûrement beaucoup de défauts.
01:57Mais néanmoins, ça ne me paraît pas valoir la mobilisation générale que nous montrent aujourd'hui les agriculteurs.
02:04Sauf qu'ils ont aussi des arguments.
02:07Il n'y a pas que le bœuf, il n'y a pas que les poulets.
02:09L'Ukraine par exemple, il nous expédie je ne sais pas combien,
02:12des dizaines de millions de poulets qui sont sans taxes, sans rien.
02:19Donc on est dans une situation qui est extrêmement compliquée et dommageable.
02:23Mais la question c'est, est-ce qu'il a les moyens de s'y opposer compte tenu qu'effectivement la France fait partie de l'Europe ?
02:28Il faut qu'il y ait au moins 4 États membres qui s'y opposent
02:31et qui doivent représenter au moins 35% de la population pour qu'ils puissent contre-carter ce traité.
02:37Je crois qu'on est au contraire isolé.
02:39C'est notre cas le plus en plus fréquemment au sein même de l'Europe.
02:45L'Allemagne va mal, on ne va pas bien non plus, ils s'en foutent beaucoup.
02:48Donc je pense qu'on va très mal.
02:50On va essayer de sauver l'essentiel du Mercosur.
02:53Mais honnêtement, ce qu'il faut d'abord voir, c'est comment on fait pour rendre nos agriculteurs,
02:58ils ne sont pas tous, il n'y a pas que des agriculteurs, il y a des agriculteurs.
03:02Néanmoins, il y en a trop qui tirent le diable par la queue et qui bossent pour pas grand chose.
03:07Et je comprends leur inquiétude pour le poulet, pour le sucre, pour le bœuf, etc.
03:12On parlait des noisettes l'autre fois, on importe des noisettes.
03:15Il y a aussi des avantages, il faut revoir ça dans le détail.
03:18J'espère que Macron et Barnier seront capables de dire,
03:21si c'est ça, on fait l'épreuve de force et on ne signe pas,
03:24et on va bien voir ce qu'on va voir,
03:26on s'oppose à toute importation dans les mois et dans les années qui viennent.
03:29Je ne sais pas, nous verrons si M. le Président de la République a ce qu'il faut.
03:34Est-ce qu'il a les moyens de ses ambitions ?
03:36Yves Henry, je vous repose la question, est-ce qu'il peut vraiment s'y opposer ?
03:38Est-ce qu'il n'a pas juste une posture ?
03:39Moi, je pense que le Mercosur est le révélateur du double échec de la vision d'Emmanuel Macron.
03:45La vision mondialiste et la vision européiste.
03:47La vision mondialiste, parce qu'il est obligé maintenant de défendre une position souverainiste.
03:51La souveraineté, ça n'a pas de...
03:53Pour une vision protectionniste.
03:55Ça ne marche pas au sein de l'Europe.
03:56Et la vision européiste également, qui lui disait qu'il y avait simplement une souveraineté européenne,
04:00l'oblige à reconnaître maintenant que cette souveraineté, il ne la maîtrise pas pour la France elle-même.
04:04Donc, il est pris dans ses propres contradictions.
04:06Il est pris au piège.
04:07Il est pris au piège.
04:08Donc, il y a une insincérité quand il dit qu'il ne veut pas signer le Mercosur.
04:12Donc, c'est ce que je dis, il n'est pas vraiment contre, en fait, au fond.
04:14Non, au fond du même, il n'est pas contre.
04:16Il est obligé de tenir le discours, de dire qu'il veut en effet refuser en l'état le Mercosur.
04:21Parce que, naturellement, il voit bien que les paysans, notamment, sont contre.
04:25Mais, au bout du compte, c'est sa propre politique qu'il voit, là, s'effondrer, dans le fond, par cette crise de la mondialisation.
04:32Il y a un refus, maintenant, quasi général, des excès de la mondialisation.
04:36Le Mercosur fait partie des excès de la mondialisation.
04:38Même si, moi, en tant que libéral, je ne jette pas la pierre sur le libre-échange.
04:43Il y a des libres-échanges qui peuvent être très bénéfiques pour la culture, pour l'agriculture française.
04:47Notamment, au Canada, m'a-t-on dit, je n'ai pas les chiffres en tête.
04:50Et là, en effet, c'est vrai qu'il y a des contraintes léonines
04:53qui feraient que la viande, notamment sud-américaine, bénéficierait de normes,
04:59ou de l'absence de normes dont ne bénéficieraient pas les éleveurs, notamment.
05:04Et donc, c'est tout cet effondrement d'une vision mondialiste et européiste
05:09qui, me semble-t-il, est le plus révélateur, politiquement.
05:12Et Yoann Barbe, le porte-parole de la FNSEA, il était l'invité de Dimitri Pavlenko, ce matin, sur Europe 1.
05:17Écoutez, à propos d'Emmanuel Macron, ses propos ne le rassurent pas pour autant.
05:21Emmanuel Macron s'est engagé hier soir à dire de ne pas signer l'accord.
05:25C'est très bien, la France ne va pas le signer, mais ce n'est pas pour ça que l'Europe ne va pas le signer.
05:28Ça ne vous rassure pas ?
05:29On est toujours aussi inquiets, ce matin.
05:30Si c'est juste une opposition de façade médiatique, l'Europe va signer.
05:35Donc aujourd'hui, ce qu'on veut, c'est un réel engagement de la part d'Emmanuel Macron,
05:38qu'il menace l'Europe plus loin, si jamais c'est signé.
05:42Tant qu'il ne mettra pas de menace, notamment de veto ou autre, sur l'Europe,
05:46je suis désolé, l'Europe va signer.
05:48Donc aujourd'hui, ce qu'on veut aussi, c'est rallier d'autres pays européens qui commencent à se faire entendre.
05:54Mais il faut plus de 36% de la population européenne pour pouvoir créer un veto, une voie de barrage.
05:59Voilà, plus de 36% de la population européenne.
06:01On l'entend, la résignation, quelque part, presque, de Johan Barb,
06:04et en même temps, la volonté de continuer à mener le combat.
06:07C'est vrai que l'accord Mercosur, qu'on négocie depuis 19 ans, 20 ans, 25 ans,
06:14c'est vraiment quelque chose d'étrange en soi.
06:16Tout en continuant à imposer des normes et des contraintes.
06:19Je suis, avec toutes les réserves que je disais tout à l'heure,
06:22c'est quelque part, tous les libéraux pensent cela,
06:26un progrès d'avoir une espèce d'approche, pas une espèce, d'avoir une approche mondialiste.
06:31A un moment, où Trump vient de gagner largement aux Etats-Unis,
06:35Oui, le vent tourne.
06:37Le tout est de savoir si c'est dans le bon sens, cher ami.
06:40Or, le protectionnisme en soi, on verra ce qu'en fera Trump.
06:44Il annonce des chiffres très spectaculaires, 10% sur l'Europe, 60% sur la Chine, pourquoi pas ?
06:51On verra ce que ça donnera sur le moyen et sur le long terme.
06:54Le protectionnisme des Etats n'est jamais très bon signe,
06:58en général, ce qui suit derrière n'est pas très agréable.
07:02Donc, j'en appelle à une certaine modération sur le protectionnisme,
07:07mais, même cet accord libéral qu'est le Mercosur,
07:12mérite qu'on le regarde de près,
07:14s'il pénalise les agriculteurs français qui ne sont pas responsables de ce qui leur arrive.
07:19Les responsables, c'est les gens qui ont laissé faire,
07:22et qui ont accepté cette situation d'Etat-providence,
07:26qui est infinançable aujourd'hui.
07:28M. Barnier est le premier à s'en rendre compte, infinançable.
07:32Mais Jean-Claude, on parle beaucoup du volet agricole,
07:34mais le marché sud-américain, pour l'Union Européenne,
07:36c'est aussi un espace stratégique pour promouvoir des produits industriels,
07:39notamment les voitures.
07:41L'Allemagne est tout à fait pour le Mercosur.
07:44C'est pour ça que l'Allemagne s'y retrouve.
07:46Dans le Corbet de la Mariée, il n'y a pas que l'agriculture.
07:49Cela repose la question de l'extrême fragilité de l'agriculture française.
07:52Peut-être a-t-elle fait des erreurs dans ses stratégies de développement,
07:56mais l'agriculture française, d'abord, bénéficie d'un accablement de normes
07:59que n'ont pas, ça a été dit, l'agriculture sud-américaine,
08:03et puis surtout, il y a ce mal français qui est celui de la multiplication des charges,
08:07des normes, des impôts, des fiscalités, etc.
08:09La paperasse.
08:10La paperasse, qui font que les agriculteurs n'arrivent pas à produire,
08:13notamment, en plus, d'une manière plus compétitive,
08:15avec des produits sud-américains.
08:17Et les promesses sont tenues, puisqu'on entend, effectivement,
08:18les promesses faites par Gabriel Attal, qui n'ont pas toutes été tenues,
08:20et aujourd'hui, c'est la faute de Michel Barnier.
08:22Mais moi, je vois ça d'une manière plus globale,
08:25et quand je dis que le vent tourne,
08:26c'est-à-dire quand je vois que des pays libéraux comme les Etats-Unis,
08:29malgré tout, vont vers un protectionnisme,
08:32d'abord, je constate qu'il n'y a pas de contradiction
08:34entre être libéral et protectionniste.
08:36Ah, si, si, si.
08:37Quand vous avez les Etats-Unis,
08:39vous n'allez pas me dire que les Etats-Unis deviennent socialistes,
08:41et donc, ça se saurait.
08:43Et donc, ils sont en train, effectivement, d'inventer.
08:45Il y a une invention,
08:47une nouvelle manière de se protéger,
08:50tout en étant libéral.
08:51Ça me paraît intéressant.
08:52Et il me semble que, dans tout ce grand bouleversement,
08:55Emmanuel Macron et tous ceux qui le soutiennent
09:00sont à contre-courant,
09:01car ils ne voient pas qu'il y a un grand bouleversement
09:03qui vient naturellement de la part des Etats-Unis
09:05avec cette révolution conservatrice
09:08qui oblige maintenant à regarder les peuples qui se réveillent,
09:10et notamment les paysans qui en sont un des révélateurs.
09:13On suivra évidemment ces négociations
09:16du côté du Brésil sur Europe 1
09:18et dans nos différentes éditions,
09:19et ce soir, bien sûr, avec Pierre de Villeneuve
09:21et toute son équipe Europe 1 Soir.
09:22Merci à tous, on se retrouve demain pour de nouvelles aventures.
09:24Merci Jean-Claude, merci Yvan.
09:26A demain, c'est l'île de Girod,
09:27à 13h et 14h sur Europe 1.
09:29Et tous les matins, notez qu'à 9h moins 20,
09:31dans Europe 1 Matin,
09:32Olivier Delagarde lit, analyse et commente
09:34ce qui fait la une de la presse.
09:36Parce qu'il y a tout dans les journaux,
09:37tout pour nous informer,
09:38tout pour nous faire réfléchir,
09:39tout pour nous indigner et tout pour nous faire rire.
09:42La revue de presse par Olivier Delagarde,
09:43une signature Europe 1,
09:44c'est tous les matins à 9h moins 20
09:46et quand vous voulez,
09:47en replay sur le site et l'application Europe 1.
09:50Restez bien avec nous,
09:51votre après-midi se poursuit avec Christophe Fondelat.
09:5314h-15h,
09:54on te la traconte dans un instant sur Europe 1.

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