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Après la condamnation de l'homme qui avait menacé de mort le proviseur du lycée Ravel à une peine de 60 jours-amende de 10 euros chacun et un stage de citoyenneté, le parquet de Paris a fait appel. Alexandre Portier, ministre délégué en charge de la Réussite scolaire et de l'Enseignement professionnel, était en direct dans le Live Switek ce jeudi.

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Transcription
00:00Quelle peine faut-il infliger à quelqu'un qui menace de mort un proviseur ?
00:03La question se pose à nouveau, puisque le parquet a fait appel dans l'affaire Maurice Ravel.
00:07Le proviseur du lycée parisien avait été menacé sur les réseaux sociaux.
00:12L'auteur de l'une de ces menaces a simplement écopé d'une amende de 600 euros,
00:16très insuffisant pour le parquet, on va le voir, qui avait réclamé de la prison avec sursis.
00:20On en parlera dans un instant avec le ministre Alexandre de Portier,
00:24ministre délégué en charge de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel.
00:27D'abord avec les éclaireurs et avec Benjamin Dubois, on va rappeler les faits, Benjamin.
00:32On va rappeler les faits et on va rappeler aussi ce que le parquet de Paris,
00:35donc Maxime, avait requis, un an de prison avec sursis.
00:39Il a donc fait appel de la condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Paris.
00:43Lundi, ce dernier a prononcé à l'encontre de l'homme qui avait menacé de mort le proviseur du lycée,
00:48une peine de 600 euros, soit 60 jours, amende de 10 euros chacun,
00:53un stage de citoyenneté et a versé 3000 euros de dommages et intérêts au proviseur.
00:59Benjamin, que s'était-il passé dans ce lycée au mois de février dernier ?
01:02Ça se passe le 28 février, donc, dans le lycée Maurice Ravel, dans le 20e arrondissement de Paris.
01:08Ce jour-là, le proviseur, monsieur Leguillou, demande à une élève qui porte le voile
01:12dans l'enceinte du lycée de le retirer, ce qu'elle refuse de faire.
01:16Le ton monte alors, l'affaire s'ébruite et le lendemain,
01:21plusieurs menaces de mort visant ce proviseur sont publiées en ligne et notamment sur les réseaux sociaux.
01:27Parmi ces menaces, il y a un homme de 27 ans qui écrit les mots suivants.
01:31« Ma sœur m'a raconté, c'est une dinguerie, faut le brûler vif, ce chien », en parlant du proviseur.
01:39Le proviseur qui avait donc ensuite déposé plainte pour ce message et aussi pour d'autres,
01:43ce qui a donc entraîné ce procès qui a eu lieu lundi.
01:46Merci Benjamin. Bonjour Alexandre Portier.
01:50Bonjour.
01:51Je le disais, vous êtes ministre délégué en charge de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel.
01:55On vient de rappeler les faits avec Benjamin Dubois.
01:57Quand vous découvrez cette peine, 600 euros d'amende pour avoir menacé ce proviseur,
02:02« il faut le brûler vif, ce chien », vous réagissez comment, monsieur le ministre, quand vous découvrez cette peine ?
02:09Vous avez rappelé les faits, ils sont extrêmement graves.
02:12Et comme beaucoup de Français, j'ai du mal à comprendre cette décision.
02:16Je pense notamment au personnel de l'éducation nationale, aux chefs d'établissement, aux enseignants,
02:21qui ont du mal à comprendre l'écart entre ce qu'ils peuvent vivre au quotidien et des décisions comme celle-ci.
02:27Après, le parquet a fait appel et j'espère évidemment que la décision finale sera à la hauteur de la gravité des faits dont on parle.
02:34Vous parlez des personnels de l'éducation nationale.
02:38Je vais citer l'avocat du proviseur qui dit que c'est un jugement stupéfiant
02:41qui banalise les discours de haine contre les chefs d'établissement.
02:44Il y a, c'est ce qu'il dit, un sentiment d'abandon dans l'éducation nationale.
02:48Est-ce que vous comprenez ce sentiment-là, ce sentiment d'abandon ?
02:54A chaque fois que l'école est attaquée, c'est évidemment une remise en cause de tous les principes qui nous permettent de fonctionner ensemble dans notre pays.
03:02Et on doit toujours tous faire bloc derrière l'école pour la protéger et protéger chacun de nos personnels
03:07avec la plus grande fermeté, avec la plus grande sévérité quand il y a des agressions.
03:11Et on ne doit pas sous-estimer la gravité de telles menaces.
03:15Je voudrais quand même rappeler qu'on est dans un pays où, il y a un mois, un mois et demi,
03:19on rendait hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty, tous les deux assassinés tout simplement parce qu'ils faisaient leur métier,
03:26tout simplement parce qu'ils incarnaient les valeurs de la République.
03:29Quand un enseignant, quand un chef d'établissement défend la laïcité, fait appliquer la loi,
03:34il ne doit pas y avoir de doute sur notre fermeté et sur l'engagement total de l'État à tous les niveaux.
03:38— Oui, mais justement, est-ce que la justice n'a pas oublié Paty et Bernard ?
03:44— Écoutez, à chacun de faire son travail, la justice a une mission qui est difficile.
03:51Il y a eu des réquisitions qui étaient importantes du côté du parquet, qui n'ont pas été suivies au moment du jugement.
03:57J'espère que l'appel permettra d'avoir une décision qui soit plus forte et à la hauteur de ce qu'attendent tous nos personnels,
04:04à la hauteur de ce qu'attendent les Français.
04:07Ce ne sont pas les outils qui manquent aujourd'hui. C'est aussi de la clarté sur ce qu'on veut.
04:12À chaque fois que l'école est remise en cause, on remet en cause derrière nos valeurs républicaines,
04:17on remet en cause l'autorité de l'État, on remet en cause l'autorité de l'école dans sa capacité
04:22tout simplement à assurer sa mission au quotidien, une mission de transmission, une mission de protection de nos enfants
04:27et une mission qui implique du coup la sécurité et la protection de tous nos agents.
04:31— Je vous demanderai dans un instant s'il faut changer la loi.
04:33Mais d'abord, il y a d'autres cas similaires, d'autres menaces qu'avait reçues ce proviseur du lycée Ravel.
04:38Il y a un homme qui a été jugé à Caen, condamné à 5 heures de travaux d'intérêt général, 10 mois avec sursis,
04:44requis en attendant le jugement dans l'Ain pour un chauffeur de 45 ans, un chauffeur de VTC qui avait dit
04:48« il faut aller lui en mettre deux » à ce fils de lâche.
04:51Musulmans, entraînez-vous. On a le droit de se défendre. Regroupez-vous et formez des équipes.
04:57Ces mots-là, évidemment, ils sont extrêmement choquants.
05:03Mais ce qui peut être choquant, c'est de voir que finalement, pour les mêmes mots prononcés,
05:07on a des sanctions qui sont très très différentes d'un tribunal à l'autre.
05:14— L'école, l'école, ce n'est pas « venez comme vous êtes ».
05:17Quand on vient à l'école, on y vient pour respecter un cadre commun, pour respecter des règles.
05:21Ça s'applique aux enfants, ça s'applique à leurs parents, ça s'applique à tous ceux qui s'expriment sur l'école.
05:28Et ce cadre-là, il doit être défendu absolument et sans réserve.
05:33Ça veut dire que nous, côté ministère de l'Éducation nationale, on a une posture de fermeté.
05:38Quand il y a une difficulté, on s'attache à ce qu'il y ait des remontées systématiques,
05:41un soutien systématique aussi à nos agents et des sanctions qui sont systématiques,
05:45parce que derrière, c'est l'autorité de toute l'institution qui est en jeu
05:49et notre capacité à bien faire notre mission. Après, la justice fait son travail.
05:53Et je crois qu'il y a une immense attente des Français à ce que les sanctions
05:57puissent être à la hauteur du défi qui est de protéger notre école pour lui permettre de traverser
06:00ce qui est une époque de turbulence où tous les cadres de l'autorité sont remis en cause.
06:04L'école incarne dans tous nos territoires, dans tous nos établissements, le symbole de l'État.
06:09Et chaque enseignant, chaque personnel, chaque chef d'établissement est l'incarnation de cette autorité de l'État.
06:17Et j'espère que la sanction finale sera à la hauteur.
06:20Et je crois que tous les Français, tous les élus aujourd'hui, quelles que soient les sensibilités politiques,
06:25attendent la même fermeté et ont tous la même envie de faire bloc autour de notre école.
06:29Mais question simple, Monsieur le Ministre, est-ce qu'il faut changer la loi ?
06:32Est-ce qu'il faut la durcir ou est-ce qu'on est suffisamment armés et équipés pour lutter contre ces menaces-là ?
06:39Je ne vais pas refaire le code pénal ce matin avec vous,
06:43mais je voudrais quand même simplement rappeler que la loi, en l'occurrence sur l'affaire du lycée Maurice Ravel,
06:48est assez claire et le prévenu encourage qu'à 5 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
06:53Et il y a manifestement un écart entre un stage de citoyenneté, 600 euros d'amende et la peine que j'évoquais.
06:58Oui, on se souvient que le proviseur de Maurice Ravel avait pris sa retraite juste après,
07:02par sécurité pour lui, c'est ce qu'il avait dit, et par sécurité pour l'établissement.
07:06Comment on évite que ça, ça ne se reproduise ?
07:10Alors déjà, il doit y avoir un profond changement de logiciel et de posture.
07:15Le pas de vague, c'est fini. C'est-à-dire qu'il faut arrêter de se cacher derrière son petit doigt dans ces moments-là.
07:20Et du côté du ministère, on a pris le parti d'assurer la protection fonctionnelle à tous nos agents quand ils sont mis en cause.
07:27Cette protection fonctionnelle doit être automatique et il faut que le ministère puisse être engagé
07:31pour leur porter un soutien non seulement moral, mais un soutien administratif et juridique quand ils sont mis en cause.
07:36Surtout quand ils font tout simplement respecter la loi.
07:38La loi qui concourt au bon fonctionnement des établissements et la loi notamment sur le volet de la laïcité.
07:46Il faut bien comprendre pourquoi on a ces principes en France.
07:48C'est tout simplement pour être capable d'accueillir nos enfants dans les meilleures conditions,
07:51pour que l'école puisse transmettre, pour qu'elle puisse enseigner, pour qu'elle puisse permettre à chacun
07:55de réussir quelque chose à son origine sociale, territoriale.
07:58Et ces règles-là ne sont pas négociables.
08:00La laïcité n'est pas négociable et la sécurité de nos enseignants encore moins.
08:04Mais qu'est-ce qui menace notre école ou qui menace notre école ?
08:09Il y a des menaces à plusieurs niveaux et le rôle de l'État, c'est de mettre en œuvre
08:15des règles qui soient les plus protectrices pour tous nos agents.
08:18Mais là, très clairement, on voit année après année une montée des atteintes à la laïcité
08:23qui montre bien qu'il y a des offensives, parfois même organisées avec des influenceurs sur les réseaux sociaux,
08:30qui veulent remettre en cause notre modèle de laïcité, qui veulent affaiblir notre école
08:34et qui guettent évidemment chaque signe de faiblesse de l'État.
08:38Et il faut qu'on soit totalement unanime, qu'il n'y ait pas la moindre équivoque sur la fermeté de la réponse,
08:44à la fois dans nos établissements, avec des sanctions lors des conseils de discipline
08:48qui soient à la hauteur des enjeux, mais aussi au plus haut niveau lorsqu'il y a des procès,
08:52avec une fermeté de l'ensemble de l'appareil pour qu'il n'y ait aucun doute que ceux qui,
08:58à un moment donné, pourraient être tentés de lever la main sur l'un de nos agents aient peur.
09:02Il faut inverser la charge de la peur dans ce pays. Il n'est pas acceptable qu'un enfant,
09:06qu'un enseignant, qu'un chef d'établissement ait peur, ait la boule au ventre au moment
09:10d'aller faire son travail ou aller étudier. Il faut que la peur soit du côté de ceux qui,
09:15demain, pourraient avoir l'idée de frapper l'un de nos agents, l'un de nos enseignants.
09:18Le soutien doit être total et sans équivoque.

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