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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe à 9h30 11h avec Thomas Hill et avec votre invité ce matin, Thomas.
00:06Dans cinq ans, je ne suis pas sûr qu'il y aura encore de la production bio en France.
00:10C'est ce que dit un agriculteur dans votre documentaire diffusé ce soir sur Arte, Rémi de Laiteluse,
00:14intitulé « Bio, la crise de foie », parce que depuis quelques temps, les consommateurs achètent moins de produits bio,
00:21les ventes sont en baisse. C'est quoi l'explication ? C'est parce que le bio est trop cher, c'est ça ?
00:25Il y a plusieurs explications. Il y a la crise économique, d'abord, qui a fait que les prix augmentent
00:30et donc une partie des consommateurs revoient aussi leur manière de consommer.
00:33Ceux qui consommaient du bio ont parfois, pour certains, décidé de consommer des produits un peu moins chers.
00:39Mais aussi, derrière ça, une crise de confiance, une crise de confiance qui est liée à plusieurs éléments également.
00:45D'abord, une crise de confiance agricole. Il y a une partie des agriculteurs qui étaient convertis au bio
00:52et qui ont décidé d'arrêter parce que leurs produits étaient moins bien valorisés qu'auparavant.
00:57C'est incroyable, oui.
00:58C'est le cas d'un producteur de céréales en Bretagne qui a décidé de revenir à une production conventionnelle.
01:03On appelle ça un « déconverti » parce qu'il ne gagne pas mieux sa vie en vendant son orge bio.
01:10L'orge conventionnel, lui, serait même acheté plus cher. C'est incroyable, ça.
01:14C'est-à-dire que la chute de consommation est telle qu'aujourd'hui, on ne valorise plus les produits bio autant qu'avant.
01:20Les produits bio étaient payés aux producteurs entre 20 et 30 % plus chers que les produits conventionnels.
01:26Aujourd'hui, c'est moins le cas.
01:27En tout cas, dans certains secteurs d'activité comme le céréal, la chute est radicale.
01:31Et on observe, et c'est une première historique depuis une dizaine d'années,
01:35la disparition de 54 000 hectares de terres cultivables, c'est-à-dire qu'il y a en France.
01:40Donc, de moins en moins d'agriculteurs qui décident de se lancer dans le bio.
01:44Et alors, on a d'un côté des consommateurs qui trouvent les prix trop élevés,
01:48et de l'autre, on a des agriculteurs en bio qui ne s'y retrouvent pas.
01:51Donc, forcément, les regards se tournent vers ceux qui sont au milieu,
01:54et notamment les grandes surfaces.
01:55Et là, vous avez eu accès à des chiffres sur leur marge, Rémi de Laiteluse.
02:00Et le résultat est très clair, les supermarchés augmentent fortement leur marge quand le produit est bio.
02:06C'est ça. Alors, c'est une enquête qu'on a menée pendant un an et demi avec les équipes d'STP Productions
02:10sous la direction d'Anne Charbonnel pour Arte.
02:12Ça nous a demandé pas mal de temps, et notamment pour obtenir ce type d'informations.
02:15Effectivement, on a découvert que globalement, les produits bio étaient davantage margés par la grande distribution.
02:21On a pris différents exemples.
02:23Dans ce documentaire, vous découvrirez un patron d'hypermarché qui a joué la carte de la transparence.
02:29C'est extrêmement rare.
02:30Qui donne tous les chiffres.
02:31Et qui donne tous les chiffres.
02:32Et effectivement, on se retrouve avec une boîte d'œufs bio
02:36qui est margée deux fois plus que l'équivalent en conventionnel.
02:40Et comment ça s'explique ça ?
02:41Comment eux, ils le justifient ?
02:42C'est parce qu'ils considèrent que les gens qui vont acheter du bio ont un pouvoir d'achat supérieur, c'est ça ?
02:47Alors, il y a deux choses.
02:48Il y a effectivement l'économie de la grande distribution qui repose sur la péréquation de marge.
02:52Ils préfèrent perdre de l'argent, ou en tout cas moins en gagner sur des produits de très très grande consommation
02:57et se rattraper sur des produits, souvent des produits frais et à forte valeur ajoutée comme le bio.
03:02Mais il y a aussi autre chose.
03:04Les produits bio, comme ils n'utilisent pas de pesticides de synthèse,
03:09ils sont en général plus facilement périssables.
03:11Donc, ils coûtent un peu plus cher aux distributeurs.
03:13Il y a plus de pertes.
03:14Il y a plus de pertes.
03:15Mais la proportion de marge pratiquée par certaines enseignes
03:18n'est pas tout à fait conforme à ce qu'ils devraient être.
03:21Absolument pas justifiée.
03:22Et puis alors, après l'autre crise que vous avez commencé à aborder,
03:25c'est une crise de la qualité.
03:26Parce qu'en fait, en regardant votre reportage, Rémi Deletluz,
03:29on se rend compte que la qualité du bio n'est pas toujours au rendez-vous.
03:33Pour l'élevage d'abord, pour ceux qui imaginent que de la viande bio,
03:36ça veut forcément dire des vaches, des cochons ou des poulets
03:39qui vivent à l'air libre.
03:40On se rend compte là, dans votre doc,
03:42que c'est loin d'être toujours le cas.
03:44Alors, l'agriculture biologique est quand même l'agriculture la plus encadrée.
03:48La plus contrôlée.
03:50La plus contrôlée et la plus encadrée,
03:52avec le plus de bénéfices en termes de bien-être animal.
03:55En revanche, on voit que pour absorber cette explosion
03:59de la consommation de ces dix dernières années,
04:01il a fallu produire différemment.
04:02Et puis pour faire baisser les coûts aussi.
04:04Et aussi pour faire naturellement baisser les coûts.
04:05Et donc on a découvert, notamment en Allemagne,
04:07des fermes-usines où il y a 1500 vaches laitières.
04:11Tout est automatisé.
04:13Tout est automatisé, exactement.
04:15Il y a eu aussi un événement majeur
04:17qui s'est déroulé en 2018 au Parlement européen.
04:21Il y a eu la modification du cahier des charges bio.
04:24Pour justement absorber cette explosion de la demande,
04:28une partie des acteurs du business
04:31et notamment les gros faiseurs,
04:33les gros agriculteurs,
04:35ont essayé de libéraliser le cahier des charges,
04:38de le rendre moins contraignant.
04:40Par exemple, pour les poules bio jusqu'à présent,
04:43on ne pouvait pas avoir plus de 3000 poules dans un bâtiment.
04:47Avec la révision du cahier des charges,
04:49c'est devenu 3000 poules par compartiment dans un bâtiment.
04:53Et donc on a pu créer plusieurs compartiments
04:55dans le même bâtiment.
04:56Mais ça, quel est le problème ?
04:57Parce que les gens qui nous écoutent peuvent se dire
04:59« Bon bah oui, quel est le problème ?
05:00On met plus de poules dans un bâtiment.
05:02Est-ce que c'est vraiment une raison de faire baisser la qualité ?
05:06Ça ne fait pas forcément baisser la qualité du poulet derrière ? »
05:08Alors ce que me rapportent les observateurs,
05:11les chercheurs, les ONG qui s'occupent du bien-être animal,
05:15c'est qu'elles ont constaté que plus les élevages étaient intensifs,
05:19plus le risque de maladies pour les animaux se propage,
05:23plus le risque aussi de blessures se propage.
05:26Et on voit dans le documentaire qu'il y a une étude
05:28qui a été menée par Foodwatch en Allemagne
05:31et qui montre que dans, finalement,
05:33les élevages bio-industrialisés,
05:36notamment beaucoup en Europe du Nord,
05:38les problèmes qu'on voit par rapport à la maltraitance animale
05:42sont à peu près les mêmes que dans l'eau conventionnelle.
05:45Et alors pour les fruits et les légumes,
05:47là vous nous emmenez dans la fameuse mer de plastique
05:49dans la province d'Almeria, donc en Espagne,
05:51où des exploitants vivent, travaillent en bio ou en conventionnel.
05:56Les deux sont mélangés.
05:58Mais les deux font aussi appel à des migrants,
06:00sans papier, qui vivent dans des bidonvilles au cœur des serres.
06:04Vous montrez ces images à peine croyables
06:06à leur manière de vivre et puis leur manière d'être payés aussi,
06:08parce qu'ils sont très très mal rémunérés, évidemment.
06:10C'est ça. Alors, en fait, on se rencontre,
06:12donc ça se passe dans la province d'Almeria, en Espagne.
06:16Finalement, là-bas, c'est devenu un peu le grenier de l'Europe bio.
06:20Beaucoup de gros acteurs de la culture conventionnelle
06:24se sont mis au bio parce que, dans les années 2015,
06:26on parlait de la ruée vers leur verre.
06:28Ils ont apporté beaucoup de fer du bio.
06:30Mais finalement, on a constaté qu'ils employaient à peu près la même méthode,
06:34c'est-à-dire la même main d'œuvre,
06:36qui n'est malheureusement pas toujours déclarée
06:38et pas très bien rémunérée,
06:40en tout cas pas suffisamment rémunérée.
06:42Et qu'ils emploient également les mêmes méthodes,
06:44c'est-à-dire que c'est de la culture souvent en monoculture,
06:46sous serre, nécessitant beaucoup d'eau
06:48dans une région qui, malheureusement,
06:50connaît des vraies disparités en termes d'eau.
06:53Et alors, au final, l'image du label bio
06:55est tellement écornée aujourd'hui
06:57que vous présentez des éleveurs en bio
06:59qui préfèrent retirer carrément le mot bio
07:01de leurs emballages de peur qu'ils fassent fuir le consommateur.
07:03C'est incroyable ce retournement d'image en quelques années.
07:07C'est ça. Alors, dans le documentaire,
07:09on a suivi, et je le remercie
07:11parce que ce sont des moments qui ne sont pas difficiles,
07:13qui sont très difficiles dans la vie d'un éleveur.
07:15On a suivi Simon,
07:17qui est éleveur de vaches,
07:19et qui ne parvenait plus à vendre sa viande en bio.
07:21Et donc, il a décidé de retirer
07:23le mot bio de ses emballages.
07:25Je l'ai eu au téléphone il y a deux jours,
07:27figurez-vous que ça marche.
07:29Ça fonctionne. En jouant plutôt la carte du local,
07:31de l'éleveur de proximité.
07:33Il est toujours bio,
07:35il respecte toujours le cahier des charges,
07:37mais il valorise davantage sa localité.
07:39Bio, la crise de foie, c'est une enquête édifiante
07:41à voir ce soir à 20h55 sur Arte.
07:45Est-ce que ça vous dit, Rémy Deléplus,
07:47de rester avec nous pour assister à un grand moment de radio ?