• avant-hier
En salles le 27 novembre 2025
Transcription
00:00Un chef d'orchestre prestigieux, un tromboniste amateur, ce sont les deux héros du nouveau
00:04film d'Emmanuel Courcol en fanfare.
00:06Tenez ! Large !
00:14Je vous explique.
00:15J'ai appris que j'avais une leucémie.
00:17Ah merde.
00:18Oui.
00:19Ma sœur a fait un test pour savoir si elle pouvait me faire un don de moelle et il s'est
00:23avéré qu'elle n'était pas compatible.
00:24Ah merde.
00:25Mais surtout qu'elle n'était pas ma sœur.
00:27Ah putain.
00:28Enfin je veux dire, merde.
00:29Oui.
00:30Mais j'ai découvert que j'avais un frère.
00:31Et en fait ce frère c'est vous.
00:32Putain.
00:33Et s'il me raconte lui ? Il y a des films comme ça qui font un peu peur
00:41sur le papier quand on découvre leur pitch.
00:43Le fameux frère, non seulement il peut donner la fameuse moelle aux sœurs tant désirées,
00:49mais il est lui-même musicien.
00:50Mais il n'est pas musicien professionnel lui, il est musicien amateur dans une fanfare
00:55dans le Nord quoi.
00:56Alors là vous vous dites, oulala la barque elle est très chargée.
00:59C'est exactement ce que je me suis dit au début du film et puis en fait il y a un
01:02petit miracle qui se passe dans le film de manière courcole et bien c'est très réussi.
01:04Contre toute attente, c'est-à-dire que c'est bien écrit, c'est bien joué, c'est
01:08très bien réalisé aussi, avec des belles idées de mise en scène.
01:11On pouvait craindre tout le pathos, et bien il n'y en a pratiquement pas.
01:14C'est rare qu'un film français réussisse à être juste aussi bien sur les défavorisés
01:18et sur les ultra favorisés.
01:20Et bien là ça marche.
01:21On est d'accord que là logiquement le rôle qui m'échoie c'est celui de la méchante.
01:24Et bien même pas, parce que moi aussi j'aime beaucoup le film.
01:27Alors, peut-être un peu moins parce que j'ai des réserves, je pense qu'effectivement
01:32le scénario est quasi parfait, mais presque trop.
01:35C'est la rencontre de deux inconnus, la création d'un langage commun, ou la découverte
01:39d'un langage commun en tout cas, qui serait la musique, et puis vraiment très vite on
01:45comprend que ça ne va pas aller dans ce qu'on craignait, c'est-à-dire le bourgeois va
01:49amener le prolo chez lui, ou l'autre va vivre une mauvaise expérience, ou l'inverse.
01:54Et le film vraiment ne se limite pas à ça.
01:55Et en même temps, l'écriture est d'une efficacité redoutable, c'est-à-dire que
01:59les dix premières minutes c'est une sorte de ping-pong affolant, bim, bim, bim, la situation
02:04est posée très vite, c'est des scènes très courtes, brillamment dialoguées, ça va très
02:08très vite.
02:09Et je me disais, waouh, c'est quasiment une démonstration de force.
02:12Ça ne laisse pas beaucoup de place, tout ça, en ce qui me concerne, à la rêverie,
02:18à peut-être même l'image, moi je trouve que c'est vraiment un film de scénario à
02:22la française, avec ce que ça peut avoir à la fois d'excellence et de bétonnage.
02:28Le film est très bétonné pour moi, et donc c'est une sorte d'exercice au millimètre.
02:34Marie n'a pas tort, le scénario est peut-être aussi bétonné que la jetée de Dunkerque,
02:38mais il y a quand même des choses intéressantes je trouve, notamment sur le rôle de la musique
02:41dans la relation entre les deux frères, et puis parfois le scénario déjoue un petit
02:45peu les conventions ou les attentes sociales que pouvait comporter un tel scénario.
02:49Moi j'aime beaucoup l'idée que dans les deux frères, le plus doué des deux, c'est
02:53celui qui n'a pas eu une vie très facile, c'est lui qui a l'oreille absolue.
02:56Or le personnage de Benjamin Lavergne, on découvre que c'est un besognieux, il est
03:01arrivé là à force de travail, alors que l'autre a un talent naturel qu'il n'a pas
03:06pu exploiter pour des raisons sociales.
03:07J'aime beaucoup cette idée-là.
03:08Si on avait tiré le même numéro, t'appellerais pas Thibaut toi ?
03:10Ouais.
03:11T'appellerais comment ?
03:12Je sais pas moi, un prénom normal, genre Jordan ou un truc comme ça.
03:16Alors Benjamin Lavergne, il fait Benjamin Lavergne option livre ouvert, c'est-à-dire
03:21que tout passe sur son visage, il est très très lisible, il a tout le temps les yeux
03:28écarquillés, quelque chose comme ça de très généreux, de très accessible.
03:31Et Pierre Lotin, qui joue son frère inconnu, a quelque chose de plus renfermé, de plus
03:38sombre, de plus imprévisible, quelque chose d'un peu volcanique comme ça.
03:42Et la rencontre des deux, notamment quand ils parlent musique, notamment quand ils jouent
03:45de la musique, ça marche, c'est même assez émouvant.
03:49Après, c'est vrai qu'en termes d'émotion, je pense au final, notamment sur un air bien
03:56connu, dont je ne vous dirai pas le nom, mais enfin bon, bien connu, bien bien bien connu,
04:00pensez au morceau le plus connu, ça arrive quand même à être émouvant, inventer quelque
04:05chose.
04:06Est-ce que j'ai versé une petite larme ?
04:07Oui.
04:08Est-ce que je pense que c'est un grand film de cinéma, avec un C majuscule et de la mise
04:13en scène en veux-tu en voilà ?
04:14Peut-être pas.
04:15En fanfare, pas de fausses notes, c'est très bien.
04:17En fanfare, c'est la comédie sociale à la française dans ce qu'elle a de meilleure.
04:20C'est bien.

Recommandations