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Tous les soirs à 20h30, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, avec la sénatrice de Paris et porte-parole du groupe Les Républicains au Sénat, Agnès Evren sur le 49.3 déployés par Michel Barnier et des deux motions de censure déposées par le RN et la gauche.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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Transcription
00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Toujours avec Victor Hérault de Valeurs Actuelles et Joseph Macéz-Caron.
00:08Et nous accueillons la sénatrice de Paris, porte-parole du groupe Les Républicains au Sénat.
00:11Bonsoir Agnès Evren.
00:12Bonsoir.
00:13Merci d'être avec nous en direct sur Europe 1.
00:15Comment est-ce que vous avez vécu ce moment politique ?
00:17Avec beaucoup de gravité parce que l'heure est vraiment grave pour la France.
00:22On est dans un état d'urgence budgétaire avec un mur de dettes et de déficits.
00:27Je le rappelle, 6% de déficit, c'est le double de la règle budgétaire européenne et 3200 milliards de dettes.
00:33Et un Premier ministre qui essaie tout simplement de colmater les brèches,
00:36puisque l'objectif y compris de ce projet de loi de financement de la sécurité sociale,
00:39c'était d'inscrire la trajectoire budgétaire dans une réduction à 5% de déficit en 2025.
00:45Et il n'y avait pas d'autres moyens ?
00:47Et qu'est-ce qu'on a eu ? Un spectacle d'irresponsabilité.
00:50Hélas, le mariage de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon pour faire tomber ce gouvernement.
00:55Alors que pour la première fois depuis 14 ans, on a eu une commission mixte paritaire.
00:59Donc 7 députés et 7 sénateurs qui ont enfin réussi à se mettre d'accord sur la protection sociale.
01:05Là, on parle du quotidien des Français.
01:07Mais alors si la CMP s'est mise d'accord, pourquoi avoir engagé un 49-3 ?
01:11Pour une raison très simple.
01:13C'est que Michel Barnier a voulu mettre les 577 députés face à leur responsabilité.
01:18Parce qu'encore une fois, l'heure est grave.
01:20Et on voit bien, puisque toutes les lignes rouges qui étaient annoncées par Marine Le Pen
01:25ont obtenu satisfaction de la part de Michel Barnier.
01:28Et donc l'enjeu, vous savez, il est très simple.
01:30Pas toutes d'après Marine Le Pen.
01:31L'objectif, il est limpide.
01:32L'objectif, c'est tout simplement de faire tomber Michel Barnier
01:36pour derrière obtenir une démission d'Emmanuel Macron.
01:39Mais le problème, c'est qu'en fait, ils vont créer 6 mois d'instabilité politique
01:43puisqu'il n'y a pas de dissolution possible avant le mois de juillet.
01:46Et ils n'auront pas non plus ni Jordan Bardella à Matignon, ni d'élections législatives.
01:52Donc en fait, on se rend compte, hélas, et c'est triste pour les Français,
01:55que des petits calculs politiciens ont pris le pas sur l'intérêt du pays.
02:00Et ça, je le regrette profondément.
02:02Parce qu'encore une fois, je le redis, on a travaillé jour et nuit sur cette commission mixte paritaire.
02:06Il y a eu des concessions qui ont été faites, et il faut le redire.
02:09Agnès Séverine, ce scénario d'une démission éventuelle du Président de la République,
02:14on s'engage quand même dans quelque chose de très fictionnel, pour l'instant.
02:17Oui, mais en l'occurrence, c'est le calcul politicien qui a été fait,
02:19et par Jean-Luc Mélenchon, et par Marine Le Pen.
02:22Parce qu'ils savent très bien qu'en fait, ils n'accèderont au pouvoir
02:24que s'il y a un chaos institutionnel et un chaos économique.
02:28Or, on voit bien l'intérêt de ce PLFSS, c'est que si tout s'arrête demain,
02:33s'il n'y a plus de budget, en effet, c'est le budget 2024 qui va être reconduit,
02:36il faudra faire voter une loi spéciale.
02:38Mais là, c'est la loi de programmation militaire qui sera arrêtée,
02:42avec une amputation de 3 milliards de budget,
02:48alors qu'on parle de la souveraineté de la France,
02:50avec l'arrêt de la loi de programmation sur l'agriculture,
02:54qui là aussi, il y a une crise existentielle des agriculteurs,
02:57avec l'impôt qui va être augmenté pour 17 millions de Français.
03:00Donc voilà, tout ça pour des calculs politiciens, je le redis.
03:03Il y a des agendas personnels de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen,
03:06et c'est dommage pour la France.
03:07Victor Heraud, de Valères Actuelles.
03:08Je crois que l'enjeu pour Marine Le Pen était aussi de démontrer cette réalité intangible,
03:12qui est qu'on ne peut pas aujourd'hui faire à l'Assemblée Nationale
03:15sans le Rassemblement National, qui est quand même, il faut le rappeler,
03:18le premier groupe de l'Assemblée Nationale.
03:21Maintenant, quand vous dites que le RN a obtenu toutes les satisfactions,
03:24c'est faux, il en restait une et une seule,
03:26qui était l'indexation des retraites.
03:27Moi, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi Michel Barnier,
03:29pardonnez-moi l'expression, se couche sur tout le reste,
03:32pour finalement ne pas se coucher sur l'indexation des retraites,
03:34et donc perdre, alors qu'il pouvait soit, dès le départ,
03:37dire je ne me coucherai pas face à Marine Le Pen,
03:39soit aller au bout de la logique et dire, écoutez, je donne tout à Marine Le Pen.
03:42Mais parce qu'encore une fois, il y a une ambition de réduire le déficit à 5% en 2025,
03:46et vous avez raison.
03:47Moi, je pars du principe qu'aujourd'hui,
03:49tout le monde découvre le poids politique du Rassemblement National.
03:51Evidemment non, c'est le premier groupe à l'Assemblée Nationale,
03:54c'est 11 millions d'électeurs,
03:55et c'est le parti qui est arrivé en tête au premier, au second tour des élections.
03:59Et donc, évidemment qu'il faut faire des concessions,
04:01évidemment qu'il faut discuter avec Marine Le Pen.
04:03Honnêtement, si on ne discute ni avec le NFP, ni avec Marine Le Pen,
04:06on discute seulement avec Gabriel Attal, ça n'a aucun sens.
04:08Il a fait cet effort-là, et il l'a dit dès le départ, c'était sa méthode et sa philosophie.
04:12Je parle à tous les groupes qui sont représentatifs de la démocratie parlementaire.
04:17Électricité, non mais attendez, surtaxation de l'électricité, c'est combien ?
04:21C'est 3 milliards.
04:22Il a fait cette concession.
04:23Allègement des charges, il a baissé de 4 milliards à 1,6 milliard.
04:26Il a fait cette concession.
04:28Il a fait également les concessions sur le déremboursement des médicaments,
04:31c'est 600 millions d'euros.
04:34Il reste en effet l'indexation des retraites, vous savez combien ça coûterait ?
04:377 milliards.
04:39Puisqu'en fait, l'indexation dès le mois de janvier, c'est 7 milliards.
04:42Est-ce qu'on peut raisonnablement accepter aujourd'hui
04:45de prendre des risques sur le creusement, j'allais dire, de notre déficit ?
04:51Les marchés financiers nous regardent.
04:53Ayons un peu le mot responsabilité, intérêt du pays, éthique, raisonnable,
04:57ce sont des mots qui sonnent bien quand même en politique.
04:59Vous qui connaissez bien Michel Barnier,
05:01vous savez que c'est quelqu'un d'opiniâtre, de déterminé,
05:04sans doute de loyal.
05:06Est-ce que si le président Macron décide de renommer Michel Barnier
05:13une fois qu'il a été destitué, est-ce qu'il l'ira ?
05:16Écoutez, très honnêtement, je pense que Michel Barnier d'ailleurs il l'avait dit,
05:20je ne me suis pas roulée par terre pour être un matignon.
05:22L'enjeu c'est pas la carrière de Michel Barnier, l'enjeu c'est l'intérêt du pays.
05:26Oui mais vous ne me répondez pas.
05:27Mais non, je ne vous réponds pas parce qu'honnêtement, encore une fois,
05:30l'enjeu c'est le budget de la France, l'enjeu c'est la réduction des déficits,
05:34l'enjeu c'est que les marchés financiers nous regardent
05:37et attendent de la France un esprit de responsabilité.
05:39Donc moi je ne peux pas répondre parce qu'aujourd'hui
05:41c'est la prérogative constitutionnelle du Président de la République,
05:44mais ça peut apparaître comme une provocation que de renommer Michel Barnier.
05:48Joseph Messiaen-Scarron.
05:49Et Bruno Rotaillot.
05:51Et pourquoi pas ?
05:52Parce qu'aujourd'hui c'est vrai qu'il est, comment dire,
05:55il apparaît comme un des piliers de ce gouvernement
05:57et il répond parfaitement à toutes les préoccupations
06:00de fermeté et d'autorité attendues par les Français.
06:03Vous savez, ce n'est pas un hasard s'il y a 11 millions d'électeurs
06:05qui ont demandé aujourd'hui plus de fermeté
06:07sur tous les sujets régaliens en fait.
06:11Ce serait un bon moyen de couper l'herbe sous le pied de Marine Le Pen.
06:14D'autant qu'il paraît qu'Emmanuel Macron, peut-être que vous pouvez le confirmer,
06:18considère que Bruno Rotaillot est respectueux de la fonction présidentielle.
06:22Ah mais complètement.
06:24Vous savez, il est d'une droiture assez exceptionnelle.
06:27D'ailleurs, il l'a démontré.
06:28Mais je pense que ça gênerait profondément Marine Le Pen.
06:31Parce que du coup, en quelque sorte, il occupe le terrain de Marine Le Pen.
06:35Et c'est ça qui risque de conduire à une nouvelle censure.
06:38Mais il faut vraiment arrêter avec les calculs politiciens.
06:40Je le redis, aujourd'hui la France ne va pas bien.
06:43Quand on regarde, on est le champion,
06:46la France est la championne du monde des impôts, de la dépense publique.
06:50Il a eu le courage politique.
06:53On ne découvre pas ça sous Emmanuel Macron.
06:56Oui, on ne le découvre pas.
06:57Ça fait 50 ans que la France vit au-dessus de ses moyens.
06:59Elle dépense plus que ce que l'on gagne.
07:01Depuis 1975, qui a été le dernier budget à l'équilibre.
07:03Il fallait qu'il y ait un Premier ministre qui ait le courage politique
07:06d'annoncer 60 milliards d'économies.
07:08Vous savez, c'est inédit cette histoire.
07:10Est-ce que le courage politique n'aurait pas été également
07:12de procéder à un certain nombre de privatisations ?
07:14C'est-à-dire, par exemple, Orange ?
07:15Parce que là, pour le coup, les milliards, on les aurait trouvés.
07:18Oui, enfin, attendez.
07:20C'est une proposition libérale.
07:22Je suis désolé d'avoir une proposition libérale.
07:24C'est la thèse d'Yves-Thibault Silgui qui a écrit un livre là-dessus.
07:26Ça n'est pas un gros mot.
07:28Il va privatiser à l'aéroport de Paris aussi.
07:30Il a construit ce budget en 15 jours.
07:32Vous savez, il y a aujourd'hui, ce que les commentateurs oublient,
07:35c'est qu'aujourd'hui, le centre de gravité du pouvoir s'est déplacé vers le Parlement.
07:38Puisqu'il n'y a pas de majorité.
07:40Et donc, il est tout à fait normal qu'il soit arrivé en disant
07:43qu'il y a deux tiers de réduction de dépense et un tiers d'augmentation des recettes.
07:46Sauf que ça a été totalement défiguré.
07:48Vu que le RN et la LFI, en commission des finances,
07:50avaient augmenté de 35 milliards d'euros les impôts.
07:52Comme si on n'en avait pas assez en France.
07:54Merci Agnès Évreny.
07:56Un autre nom qui circule, c'est celui de Sébastien Lecornu également.
07:58Vous savez, en général, c'est pas très bon signe quand les noms circulent.
08:01Mercato, mercato.
08:03Ça y est, ça commence.
08:058h moins 5, dans un instant le journal de 20h.
08:07Et nous recevrons Arnaud Bénédetti,
08:09rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire,
08:11pour faire la synthèse de tout ça.
08:13A tout de suite sur Europe 1.

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