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Tous les soirs à 20h15, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, David Amiel, député Ensemble réélu de la 13ème circonscription de Paris.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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Transcription
00:00Europe Un Soir. 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Premier invité politique d'Europe Un Soir, député ensemble réélu de la 13e circonscription de Paris.
00:09Bonsoir David Amiel. Bonsoir.
00:10Le nouveau Front Populaire met en garde solennellement Emmanuel Macron contre le maintien prolongé de Gabriel Attal à Matignon.
00:17Qu'est-ce que vous leur répondez ?
00:18Je leur réponds d'abord que tout le monde doit porter un regard lucide et humble sur la situation politique et parlementaire actuelle.
00:25Nous n'avons pas gagné l'élection, nous l'avons perdue. Mais personne ne l'a gagnée.
00:28Il n'y a pas de gagnant ?
00:30Il n'y a aucun gagnant.
00:31C'est ce que vous dites au NFP, ils ne sont pas gagnants malgré leur nombre plus grand en députés par rapport aux deux autres blocs.
00:36Bien sûr que non, parce qu'ils sont près d'une centaine de députés, d'avoir la majorité à l'Assemblée Nationale.
00:41Et c'est bien ce qui se passe aujourd'hui.
00:42Si à gauche, à droite, au centre, chacun reste figé sur ses positions, alors la France ne peut pas avoir de gouvernement.
00:49Et choisir l'alliance avec la France Insoumise, c'est l'autoroute vers le chaos.
00:52Le chaos économique, avec la mise en place d'un programme qui a été écrit en quelques jours,
00:57qui promet des centaines de milliards d'euros dans tous les sens, une explosion des impôts.
01:01Un chaos politique, mais aussi un chaos institutionnel,
01:03parce que ce gouvernement avec la France Insoumise serait extrêmement minoritaire et tomberait extrêmement rapidement.
01:09C'est donc une impasse.
01:10Sur les impôts, justement, est-ce que ce sont des mesures confiscatoires qui risquent d'être retoquées par le Conseil constitutionnel ?
01:15Je parle évidemment de l'impôt à 90% sur la quatorzième tranche, comme il le propose.
01:19Ça en fait partie, mais vous savez, dès que vous soulevez une pierre du programme du Nouveau Front Populaire,
01:22vous trouvez des augmentations d'impôts.
01:24Et je ne parle pas d'augmentation d'impôts sur les plus riches, je parle vraiment d'augmentation d'impôts pour les classes moyennes.
01:28Et c'est bien cela, ce programme auquel nous nous opposons.
01:31Et c'est pour ça que mon message à la gauche républicaine, c'est de dire, choisissez une autre voie.
01:36Ne vous alliez pas avec LFI qui est l'assurance d'une impasse,
01:39parce qu'à nouveau, ce gouvernement tombera en plus de porter un projet extrémiste et donc dangereux pour le pays.
01:45Il faut qu'on puisse proposer une alternative.
01:47Je ne pensais pas soulever un lièvre, mais là, du coup, vous dites en substance que vous n'êtes pas contre des impôts très très forts pour les plus riches en France ?
01:55Oh non, pas du tout. Alors pardon, je vais tout à fait préciser notre pensée.
01:58Je crois que notre engagement sur la compétitivité, la tractabilité...
02:00Est-ce qu'il y a la suppression de l'USF ? Il y a d'autres choses également dans le programme ?
02:04Bien sûr, ça a été extrêmement clair.
02:05Je voulais simplement dire que le programme du Nouveau Front Populaire allait bien au-delà de ces mesures-là
02:10et ciblait aussi des augmentations de CSG, des augmentations d'impôts sur le revenu, etc.
02:13Et vous devriez ajouter que si c'est confiscatoire, comme le décide, comme le devrait le décider le Conseil Constitutionnel,
02:21après, pour trouver de l'argent, il faudra se rabattre justement sur les classes moyennes que vous venez de citer.
02:25Vous avez bien raison, parce que malheureusement, il y a aussi beaucoup de promesses d'augmentation d'impôts dans le programme fait avec la France Insoumise
02:31qui ne pourraient pas être censurées par le Conseil Constitutionnel et qui donc s'abattraient sur la tête de nos concitoyens.
02:35Moi, je vous trouve très poli, David Amiel, mais je pensais que vous alliez me répondre quand je vous dis qu'est-ce que vous répondez au Nouveau Front Populaire.
02:40Je pensais que vous alliez me répondre, ferme ta gueule, comme Gérard Larcher avait répondu sur une autre antenne à Jean-Luc Mélenchon il y a quelques mois.
02:46Gérard Larcher qui rencontre Emmanuel Macron ce soir, pourquoi faire ?
02:51Écoutez, il y a dans tous les cas en ce moment beaucoup de discussions.
02:54Nous avons des discussions avec la droite républicaine et avec la gauche républicaine.
02:58Je l'ai dit, personne n'a gagné cette élection et donc le Bloc Central, pas plus que les autres,
03:02n'est capable aujourd'hui de former un gouvernement qui réponde à la situation de l'Assemblée Nationale
03:07et qui répond d'ailleurs sans doute aux exigences du pays.
03:10Il y a deux choses qui m'ont marqué dans cette campagne.
03:13La première, c'est une demande d'autorité, de fermeté très forte sur les questions liées notamment à l'insécurité qu'on voit dans les territoires extrêmement différents, à la ville, à la campagne.
03:22Je sais que c'est des questions que porte la droite républicaine.
03:25Je pense que sur ces questions-là, nous pouvons avancer avec elle et qu'une partie de la gauche a porté dans le passé.
03:31Moi, je me rappelle de Jean-Pierre Chevènement, je me rappelle de Manuel Valls, je me rappelle de Bernard Cazeneuve
03:36et je sais qu'il y a beaucoup d'élus de gauche qui voient bien sur le terrain à quel point on a besoin de l'autorité de la République
03:41pour défendre précisément les classes populaires qui sont souvent les premières victimes de l'insécurité.
03:46Et puis, je vois aussi une demande de justice sociale, de revalorisation, de soutien des classes populaires et des classes moyennes,
03:52de tous ceux qui ont du mal à remplir le frigo à la fin du mois.
03:55Et pour ces personnes-là, je sais aussi qu'il y a une demande extrêmement forte, celle que porte en partie la gauche mais qui va au-delà même de l'électorat de gauche
04:03à laquelle nous pouvons répondre et donc je suis convaincu que nous pouvons arriver en nous donnant le temps, en nous donnant une méthode,
04:08en nous donnant un calendrier à trouver une solution alternative à nouveau au chaos institutionnel que promettrait sinon le nouveau Front Populaire.
04:15Le temps au temps, combien de temps, on ne sait pas. La décision appartient au Président de la République, on le voit.
04:20Réunion à la demande du chef de l'État avec Gérard Larcher à laquelle le Président du Sénat répond comme d'habitude
04:25mais pour écouter et sans proposition à soumettre.
04:29Vous-même, je crois, vous allez à un dîner ce soir autour de Gabriel Attal avec les élus et les battus du camp présidentiel.
04:36Avant, on disait la majorité présidentielle, maintenant du camp présidentiel. Là aussi, on va brainstormer en bon français pour essayer de trouver des solutions.
04:42Bien sûr, il faut avoir les idées claires. Vous savez, dans la plupart des pays qui sont confrontés à ces situations-là,
04:47et c'est le cas de beaucoup de nos voisins qui sont des régimes parlementaires, ça prend du temps de forger une coalition, notamment quand on veut faire les choses sérieusement.
04:53Les voisins, actuellement, ne sont pas dans une impasse politique comme nous.
04:56Non, mais nos voisins, je pense par exemple aux Allemands, quand ils ont une élection en Allemagne, souvent il n'y a pas...
05:01Oui, mais c'est parce que c'est un système de coalition, ils sont habitués. Nous, on n'est pas habitués au système de coalition.
05:05Mais vous avez raison, il n'y a pas de fatalité à ce que la France ne sache pas faire ce que d'autres pays ont fait.
05:09Il n'y a pas de fatalité à ce que nous résignons.
05:11Mais moi, je ne me résigne pas à laisser notre pays dans un chaos total pour les mois qui viennent.
05:18Je crois que c'est notre responsabilité de trouver une alternative.
05:21Et c'est pour ça que je dis à la gauche républicaine, préférez votre pays à LFI.
05:25Construisez avec nous, plutôt que de choisir l'extrême gauche.
05:28Qu'est-ce qu'on vous répond jusqu'à présent, puisque vous parlez à la gauche républicaine ?
05:32On a l'impression que le NFP est terré de son côté, qu'il discute d'ailleurs de leur côté.
05:37On verra d'ailleurs avec Cyril Chatelain des verses qu'il en est tout à l'heure à 20h10.
05:41Mais est-ce qu'il y a des passerelles ? Est-ce que vous avez, vous, des câbles, entre guillemets, comme on dit, avec justement la gauche républicaine que vous citez ?
05:48Oui, moi je vois des élus de gauche qui ont envie d'abord d'avoir des progrès concrets
05:53pour à nouveau les classes populaires, les classes moyennes, et qui voient bien que l'alliance avec LFI conduira uniquement à la crise économique et à la crise politique.
05:59Mais je ne peux pas trahir ma famille politique.
06:01Je pense qu'ils ont besoin de temps, parce que les élections ont eu lieu dimanche dernier.
06:04Et qu'on a besoin de pouvoir aussi faire l'état des lieux de la situation politique parlementaire.
06:09Vous l'avez dit, c'est un changement culturel important, ça ne se perd pas en une nuit entre le dimanche et le lundi.
06:13Et donc on a ces jours-ci qui sont extrêmement, à nouveau, importants.
06:17Mais je reviens à l'élément que vous avez évoqué d'abord, sur la question de la clarté.
06:20Je pense qu'il faut d'abord savoir ce qui est inacceptable pour nous.
06:23Ce qui est inacceptable, c'est un gouvernement avec la France insoumise.
06:27Je ne parle même pas d'un premier ministre insoumis.
06:28Je parle même d'un secrétaire d'État, d'un sous-secrétaire d'État insoumis.
06:32Donc personne de LFI au gouvernement ?
06:34Personne de LFI au gouvernement.
06:35Pourquoi ? Parce qu'avec LFI, nous avons une opposition de principes, de valeurs, pas un désaccord sur des mesures.
06:41Sur la question de l'antisémitisme, sur la question du terrorisme, sur la question de la violence.
06:48On ne peut pas transiger, on ne peut pas négocier.
06:50Je vous le dis très clairement, un gouvernement où il y aurait une présence de la France insoumise à quelques postes que ce soit,
06:57même si c'est sous secrétaire d'État aux eucalyptus, je voterais immédiatement une motion de censure.
07:03Je dirais d'ailleurs la même chose dans le cas du Rassemblement national.
07:06Et puis, il y a ceux qui effectivement font partie de la gauche républicaine, de la droite républicaine,
07:12avec qui on a des désaccords sur des mesures, mais avec lesquels on doit pouvoir être capable de négocier à nouveau sur la question de la justice sociale.
07:18Je pense en particulier à la gauche, de la question aussi de la lutte contre le réchauffement climatique,
07:23et puis sur la question de l'autorité, de la fermeté, de la sécurité avec la droite républicaine.
07:28Et les uns et les autres ne peuvent pas être les ponches pilates de la situation politique actuelle.
07:32La droite républicaine ne peut pas se laver les mains de ce qui arrive au pays.
07:35Elle a la responsabilité de pouvoir négocier, discuter avec nous pour pouvoir à nouveau proposer une alternative à ce que serait sinon le désastre de l'extrême gauche.
07:44Pourquoi vous dites tout d'un coup que la droite républicaine se lave les mains de ce qui se passe dans le pays ?
07:48Vous avez ce sentiment ?
07:48Non, je n'ai pas dit ça, je lui ai dit ne le faites pas. Nous sommes à nouveau au début des négociations.
07:52Mais pourquoi même le dire ?
07:53Parce qu'il y a deux attitudes possibles. Vous pouvez vous dire je ne rentrerai dans aucune discussion et je m'en lave les mains,
08:00ou bien vous dites je suis prêt à prendre langue avec le Bloc central, et à nouveau je m'adresse autant à la droite qu'à la gauche républicaine,
08:07et à discuter mesure par mesure, programme par programme, ça prend forcément du temps,
08:13parce que ce sont des discussions compliquées, parce que ce sont des choses sérieuses que de préparer le gouvernement de la France,
08:17mais je pense que c'est une attitude responsable qui est indispensable dans la période que l'on vit.
08:21Je rappelle quand même qu'on est avec une dette publique énorme, qu'on est dans une période de guerre en Europe,
08:26et que la France ne peut pas se permettre une instabilité qui serait profondément déstructrice pour le pays.
08:31Et sans doute par vos convictions et aussi par vos connaissances, vous tendez la main à gauche, vous tendez la main à droite aussi,
08:37Gérald Darmanin lui a vraiment tendu la main à droite, il a dit d'ailleurs la France est de droite, est-ce que vous êtes d'accord avec cette analyse ?
08:43Je pense qu'on voit bien qu'il y a des Frances, il y a manifestement une France qui vote à gauche, une France qui vote au centre,
08:51et une France qui vote à droite, et il y a des points qui rassemblent ces Frances.
08:54Je crois à nouveau que la question de la justice sociale, vous la trouvez dans des gens qui votent à gauche,
08:58et vous la trouvez chez des électeurs qui ont voté par exemple pour le rassemblement national,
09:02pour exprimer aussi une colère sociale, une colère face à la désindustrialisation, un besoin de reconnaissance,
09:08un sentiment que les efforts pèsent toujours sur les mêmes.
09:11Et la question de la sécurité, c'est pareil, bien sûr qu'elle est exprimée fortement par la droite,
09:15mais vous la trouvez aussi chez beaucoup de personnes qui votent à gauche,
09:18d'ailleurs beaucoup de personnes qui par exemple dans ma propre campagne législative,
09:22m'ont dit qu'ils avaient voté pour Raphaël Glucksmann lors des élections européennes,
09:25parce qu'ils voulaient qu'on aille plus loin sur la question des services publics,
09:29sur la question de la lutte contre le réchauffement climatique,
09:31mais qu'ils n'acceptaient pas le comportement de la France insoumise,
09:34son mépris de la police, son déni face à l'insécurité,
09:38sa complaisance face au communautarisme ou à l'antisémitisme.
09:40En coulisses, il y a beaucoup d'acrimonie envers le président,
09:43après cette dissolution qui a conduit la majorité présidentielle à devenir la minorité présidentielle.
09:48Le président qui d'ailleurs part à Washington, on a bien vu qu'il a différé son voyage,
09:52mais enfin il part quand même parce que c'est son rôle également d'assister à ce sommet qui est important.
09:56Est-ce que votre sentiment est aussi l'acrimonie envers le président après cette dissolution ?
10:01Pas du tout, mon sentiment c'est...
10:02Vous applaudissez dès demain ?
10:03Nous sommes dans une situation dans laquelle nous sommes parlementaires.
10:07Notre responsabilité aujourd'hui, ce n'est pas d'avoir des états d'âme, de l'acrimonie, du commentaire, absolument pas.
10:14Vous n'avez pas le droit d'avoir un avis.
10:15Non, ce que les gens me demandent, c'est de savoir ce que je fais pour permettre à la France d'avoir un gouvernement
10:21qui défend les principes républicains essentiels.
10:23Après la cour de fête, entre guillemets.
10:25Nous sommes dans ce moment-là.
10:26Vous savez, c'est une élection.
10:27Quand vous êtes député, la seule légitimité que vous avez, c'est celle d'avoir été élu.
10:32Je vous parle de la dissolution et je n'arrive pas à avoir une réponse sur votre sentiment sur la dissolution.
10:37Je reviens précisément, j'allais vous le donner.
10:39Merci.
10:40Quand vous êtes député, quand vous êtes parlementaire, vous n'avez jamais peur de revenir devant le peuple.
10:44Parce que c'est là dont vous tirez toute la légitimité.
10:47Moi, depuis deux ans, je suis en permanence au contact des habitants de ma circonscription.
10:52Eh bien, à tout moment, je suis prêt à revenir devant eux.
10:55Vous ne m'avez pas répondu.
10:56Maintenant, nous y sommes.
10:57Nous devons pouvoir construire un gouvernement.
10:59Le soir où on annonce la dissolution, vous réagissez comment, David Amiel ?
11:02Eh bien, je repars en campagne.
11:03Et c'est ce que j'ai fait.
11:05Vous trouvez ça bien, pas bien ?
11:07De zéro à dix ?
11:09C'est une prérogative du Président de la République.
11:12Et alors ? Vous avez le droit d'avoir un avis.
11:13Vous n'êtes pas un Playmobil.
11:14Arrêtez avec ces expressions.
11:16Mon avis, c'est que nous avons eu une élection qui a permis de révéler ce qu'est le paysage politique français.
11:21La montée du Rassemblement National, la poussée de la France Insoumise,
11:25elle n'a pas été inventée par le Président de la République.
11:27Elle est là.
11:28On la voit maintenant à l'Assemblée Nationale.
11:29La question est donc de savoir désormais comment on se sort de cette situation
11:33qui est effectivement très compliquée, mais qui reflète aussi les fractures françaises.
11:37Merci David Amiel d'avoir été notre premier invité dans Europe 1 Soir.

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