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00:00Il est 20h15, nous sommes avec Patrick Legras, agriculteur et porte-parole national de la Coordination Rurale.
00:06Bonsoir Patrick Legras.
00:07Bonsoir.
00:09Passage en force d'Ursula von der Leyen, qui conclut l'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, malgré l'opposition de la France.
00:16Bien sûr, Ursula von der Leyen, qui devait être demain à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, a été priée, semble-t-il, de ne pas venir.
00:25On comprend pourquoi, colère de la France ce soir, qui vous soutient, qui rappelle, par la voix de l'Elysée, que rien n'est encore acté pour cet accord sur le Mercosur.
00:35Patrick Legras, quel est ce soir votre état d'esprit, sachant que la France donne le sentiment, en tout cas vous allez nous le dire, qu'elle fait tout pour vous soutenir et pour éviter que cet accord n'aboutisse ?
00:49Non mais c'est toujours du discours, comme d'habitude, comme depuis des mois.
00:54Lorsque la présidente de la coordination a rencontré M. Barnier il y a trois mois, il avait lui-même acté que c'était déjà perdu.
01:01Donc après, la manière change, la date est choisie.
01:06C'est vrai que pour certains, ça aurait été mieux qu'elle soit après les fêtes de fin d'année ou peut-être après tel ou tel événement.
01:13Mais tout ça était inscrit, on le sait.
01:16Et comme je dis toujours, en fait là on finit le mariage, mais les échanges avec le Mercosur et Elysée seront déjà lieux, ce sera un volume qui est déjà conséquent.
01:25Donc là en fait on parle d'un scandale, mais ce scandale il a déjà été démarré et entretenu depuis des années, depuis peut-être 10 ou 15 années, je ne sais pas tous les éléments.
01:38Mais oui, ce n'est pas normal, ça ne sert à rien, mais c'est comme tous les contrats de vivre-échange qui ont été faits en 2023-2024.
01:47C'est de la « from too far » qui acte également 20 à 30%.
01:52On vous sent résigné, pardon Patrick Legras ce soir. Est-ce que vous êtes résigné ?
01:55Non mais ce n'est pas qu'on est résigné.
01:56Vous êtes en colère ?
01:58Même si on est en colère aujourd'hui, tout ce montage c'est comme les lois toujours plus pointues, toujours plus exigeantes en France.
02:08C'est un modèle français, c'est toute une organisation, on dirait qu'on découvre aujourd'hui ce qui se passe.
02:17Mais c'est tout un modèle à la fois d'écologie, d'idéologie, de mondialisation qui a été mis en place par l'Europe avec quand même une certaine volonté.
02:28Est-ce que vous avez le sentiment que la France ne peut rien faire, qu'on en est là ce soir et qu'il y a très peu de levier ?
02:34Je pense qu'il y a très peu de levier, je pense qu'elle ne peut rien faire et ça reste dans sa philosophie de nos dirigeants actuels d'un libéralisme à tout va.
02:43Il ne faut pas se voiler la face, ce n'est pas le premier, ce n'est pas le dernier, à chaque fois on s'offusque et à chaque fois ça passe.
02:51Vous en avez ras-le-bol quand on dit les choses Patrick Le Dras, vous avez le droit de le dire ?
02:55Quand je vois les enfants qui s'engueulent à l'Assemblée Nationale et que le lendemain le président de la République lui dit
03:07On va refaire un gouvernement le quatrième de l'année avec des techniciens.
03:12Aujourd'hui moi je me souviens d'un président de la République qui est venu au salon avec 7 ou 800 CRS,
03:19qui nous a dit en bras de chemise qu'il allait régler la crise de l'agriculture dans un petit deux mois.
03:27On va avoir le même état avec une France agricole encore plus dans la détresse et qu'est-ce qui se fera passer ?
03:35Je regrette, il y a plein de choses qui dépendent du gouvernement, il y a plein de choses qui dépendent de l'Assemblée Nationale
03:41et il y a eu par le passé des présidents courageux qui ont pris des décisions en agricole.
03:46Et Emmanuel Macron n'est pas courageux selon vous, c'est ça Patrick Le Dras ?
03:50Il est là lui-même, on parle beaucoup et puis dans les actes, c'est vrai que ça fait moins rêver que les Jeux Olympiques de régler les problèmes agricoles.
03:59Mais je pense que c'est un peu plus important pour l'assiette de chacun et pour surtout les 400 000 agriculteurs dont plus de 50% sont dans une détresse financière profonde.
04:08Capital, capital effectivement ce qu'il y a dans notre assiette et les agriculteurs français nous nourrissent et nous protègent évidemment.
04:17La FNSE et les jeunes agriculteurs sont mobilisés depuis plusieurs jours contre ce traité, quid de la coordination rurale ?
04:23Non mais dire être mobilisé c'est un beau mot.
04:27Aujourd'hui il faut savoir qu'il y a des produits qui rentrent en France et en Europe de l'agro-industrie.
04:34Je ne vais pas remettre le dossier, là il faut rester relativement groupé.
04:38On a quand même aujourd'hui des gens du monde agricole qui sont encore leaders et qui sont très proches des gouvernants et du gouvernement.
04:45Qui importent des quantités non négligeables déjà d'Amérique du Sud.
04:48Mais Patrick Le Dras il faut bouger, on ne peut pas être résigné, j'imagine que vous n'êtes pas résigné.
04:51On ne sait pas qu'on est résigné, c'est qu'aujourd'hui quand vous avez des interlocuteurs qui sont de mauvaise foi,
04:55à part les changés, je ne vois pas ce qu'on peut faire, il faut être clair.
04:58C'est qui les interlocuteurs de mauvaise foi Patrick Le Dras ?
05:01Qui sont-ils ?
05:03Aujourd'hui on a eu trois gouvernements.
05:05On a eu je pense un premier ministre que j'ai vu très énervé à l'Assemblée Nationale qui s'appelait Monsieur Attal.
05:10Il nous a dit il faut sortir la France de l'Organisation Mondiale du Commerce.
05:16C'était une bonne idée.
05:17Qui l'a reprise ?
05:18S'il n'a pas été reprise c'est que le président de la République ne souhaite pas qu'elle soit reprise.
05:22Sans ça c'était simple de voter au lieu de voter l'ensemble des députés qui sont pour refuser le Mercosur.
05:28Il fallait à la fois voter contre le Mercosur et étudier la sortie de l'agriculture de l'Organisation Mondiale du Commerce.
05:37Comment voulez-vous qu'aujourd'hui un Français, un agriculteur puisse vivre de la même manière qu'un Uruguayen
05:43avec les différences sociales, les différences de produits, les différences de règlements
05:51où tout est permis là-bas et en France on vous dit attention le bilan carbone.
05:55Donc là le bilan carbone ça peut venir à des milliers de kilomètres on n'en parle plus.
05:59Donc vous savez le choix géométrie variable comme fait en permanence les politiques
06:04quand ça les arrange on parle de l'écologie et quand ça les arrange pas on va parler des ventes d'armes et de Mercedes.
06:12Donc c'est bien quoi ça devient pénible ce qu'il faut c'est changer le système on le sait
06:16mais pour changer le système si vous changez pas les hommes moi j'en connais pas.
06:19Je connais pas de système qui change si on change pas les hommes.
06:21Est-ce que les tracteurs vont à nouveau rentrer en action on n'en est pas là ? On est passé sur autre chose ?
06:26Aujourd'hui le Mercosur on va s'énerver ça va changer quoi ?
06:31Ça fait trois mois qu'on dit et qu'on sait que ça va passer.
06:34Aujourd'hui c'est acté.
06:37Pour nous c'est un des problèmes ce n'est pas que le problème du monde agricole
06:41puisque ce système de libre-échange existe avec plusieurs dizaines de pays c'est un de plus
06:50c'est une volonté politique de faire de la mondialisation.
06:53En 2022 pour la première fois la balance agricole, je dis bien pour la première fois puisque j'ai les chiffres
06:58a été déficitaire de 2,9 milliards c'est-à-dire qu'on a plus importé qu'exporté.
07:03Patrick Legrand, la FNSEA qui est en train d'emmurer la permanence de François Hollande en Corrèze, ça sert à rien ?
07:12Je pense qu'ils ont une quinzaine d'années de retard.
07:16Il faut les lamurer avant qu'ils fassent ces bêtises, avant qu'ils fassent...
07:19Mais là aujourd'hui, je vais pas juger mais c'est pas notre façon de faire.
07:24Aujourd'hui ceux qui décident c'est ceux au pouvoir.
07:28C'est pas ceux qui ont été au pouvoir il y a une dizaine ou une quinzaine d'années.
07:32Mais c'est plus facile, vous savez, c'est plus facile.
07:34Aujourd'hui je pense qu'il y a des gens qui sont plus proches de M. Macron que nous.
07:38Donc ça il faut leur demander, leur poser des questions sur les échanges qu'ils ont avec la voie industrie,
07:42avec les filiales dans tous les pays du monde.
07:44C'est pas la coordination rurale.
07:46Aujourd'hui ceux qui souffrent c'est tous les agriculteurs de base.
07:49Il y en a quelques-uns qui s'enrichissent mais c'est pas ceux de base,
07:52qu'ils soient de la coordination ou d'autres syndicats.
07:54Et le problème il est là.
07:56Tout le monde est au courant, est-ce que les politiques agiront vers l'élite
08:00comme ils ont toujours fait ou vers la base ?
08:02Voilà, ça c'est pas nous qui pouvons prendre la décision.
08:05Par contre on doit aider les agriculteurs
08:08et la coordination rurale va se mobiliser dans les jours qui viennent,
08:11prendra des décisions et ce que l'on souhaite
08:14c'est que l'ensemble du monde qui travaille,
08:16l'ensemble du monde qui veut vivre en France,
08:18se lève et dise stop nos politiques quels qu'ils soient,
08:22arrêtez de nous mener en bateau et prenez une décision courageuse.
08:25Les français d'abord, et quand je dis les français d'abord,
08:28rien contre le fait d'exporter et d'importer
08:30mais pensons un peu plus à la France avec un déficit
08:34qui est quand même pas seulement agricole
08:36mais qui est quand même de quelques milliers de milliards aujourd'hui.
08:39Je pense qu'il faut peut-être resserrer les boulons et voir.
08:42Alors le modèle, il y a peut-être que ça va faire un choc,
08:45il y a le président américain qui vient,
08:47il n'a pas tout à fait la même façon de voir les choses
08:49pour son pays que nos dirigeants.
08:51Voilà, ça fait réfléchir.
08:53Merci beaucoup Patrick Legra.
08:54Merci beaucoup en tout cas Patrick Legra,
08:56pour la parole nationale de coordination rurale d'avoir été avec nous
08:58en direct sur Europe 1 ce soir.
09:01Il est 20h24, c'est vrai que quand on entend Patrick Legra,
09:06Georges Fenech, on est...
09:08Franchement, on le sent, mais pas désespéré, c'est pas le bon terme.
09:13On le sent, je disais résigné, il me dit non je ne suis pas résigné,
09:16mais que faire, c'est un peu ça l'idée.
09:18Nos agriculteurs ont été trahis,
09:20ils n'ont pas été soutenus.
09:22Souvenez-vous, il y a eu un débat même à l'Assemblée nationale,
09:24on l'a même voté contre le Mercosur.
09:27Mais à quoi ça sert d'avoir un parlement, un président
09:30qui dit on va empêcher ça,
09:32et puis finalement Mme von der Leyen
09:34va signer, de son propre fait finalement,
09:37enfin soutenu par sa commission,
09:39ce traité qui avantage qui au fond ?
09:41L'Allemagne, elle est allemande, n'oublions pas.
09:44Et là, on voit sous nos yeux des filières agricoles
09:46qui sont en train de mourir
09:48au sens littéral du terme.
09:51Il y avait, je regardais les chiffres encore,
09:53il y avait dans les années 90,
09:55il y avait plus d'un million d'exploitations agricoles.
09:58Vous savez combien il en reste aujourd'hui ?
10:00Il en reste 400 000.
10:02Et d'après ce que je comprends,
10:04l'idée non-dite, non-écrite,
10:06c'est de les réduire à 200 000
10:08pour s'adapter à une mondialisation,
10:10des exploitations plus extensives, etc.
10:12Et vous savez, il y a un autre chiffre
10:14qui m'a interpellé, c'est qu'il y a
10:16un suicide tous les deux jours
10:18d'un agriculteur.
10:20C'est une profession qui est en train de mourir,
10:22qui a été trahi, qu'on a lâché.
10:24Trahi ?
10:26Si nous étions la première agriculture européenne,
10:28il n'y a pas si longtemps que ça.
10:30Oui, mais Georges,
10:32je trouve que le terme trahi n'est pas exact
10:34en l'occurrence.
10:36Il y a eu un vote du Parlement français
10:38dans une assemblée qui est d'accord sur rien,
10:40sauf pour s'opposer
10:42à ce traité.
10:44On a un président de la République
10:46qui redit ce soir
10:48via ses portes-paroles
10:50que la bataille n'est pas terminée.
10:52Et on a surtout
10:54une bataille au Parlement européen
10:56à mener. Et j'ajoute que
10:58Mme van der Leyen a fait un coup de force,
11:00qu'elle est entrée,
11:02tous les commentateurs le disent,
11:04dans la brèche ouverte par la crise politique française,
11:06que c'est une mauvaise manière,
11:08très mauvaise manière, faite par
11:10la nouvelle présidente de la Commission
11:12à la France et à l'exécutif français
11:14qui est
11:16empêtrée dans une crise politique
11:18depuis 3-4 jours.
11:20Et donc la bataille est loin d'être terminée.
11:22Franchement, Philippe,
11:24c'est incroyable. On est
11:26européens. C'est notre camp
11:28qui joue contre nous. C'est quand même
11:30incroyable. Et quel est le poids de la France
11:32dans tout ça ? Parce que quand on voit
11:34que Mme van der Leyen passe en force
11:36alors que la France est fermement opposée
11:38à ce traité. La Pologne aussi.
11:40L'Italie n'est pas chaude. Mais c'est terrible !
11:42C'est l'Amérique française qui gagne ce soir.
11:44Je voudrais ajouter
11:46les constructeurs automobiles allemands.
11:48Et de ce point de vue,
11:50Mme van der Leyen, effectivement,
11:52compte tenu de son origine nationale
11:54et politique,
11:56est dans une position
11:58que je trouve
12:00légèrement
12:02problématique, pour tout dire.
12:04Pour pas dire qu'elle n'a favorisé les intérêts
12:06de son pays. Mais encore une fois,
12:08on a un exemple d'une Union européenne
12:10qui se construit contre les nations.
12:12Alors, qu'il y ait des
12:14politiques européennes, ok. Mais on ne peut pas
12:16prendre des décisions européennes
12:18contre des nations, et en plus des
12:20nations fondatrices du Tétraedrome,
12:22comme la France. La France qui est
12:24en plus en situation de crise politique.
12:26Donc je trouve que notre interlocuteur...
12:28Vous pensez qu'elle a vraiment profité de la situation ?
12:30Certains veulent bien s'entendre. Oui, oui.
12:32Oui, oui. Tout le monde veut l'expliquer.
12:34Tout le monde l'explique. Ce n'est pas le moment où la France
12:36peut partir mener la bataille
12:38pendant les quinze jours qui viennent.
12:40M. Barnier a essayé.
12:42M. Barnier, c'est un Européen.
12:44Oui, M. Barnier a essayé.
12:46Il a essayé d'entraîner avec eux
12:48un droit de veto, en quelque sorte.
12:50Donc elle nous a planté un couteau dans le dos.
12:52En tout cas, c'était l'incapacité de la France
12:54à régler cette question-là, parce que la voix de la France
12:56porte moins aujourd'hui.
12:58Si on suit les règles européennes, il faut 35%.
13:00Les quatre pays représentant 35%
13:02de la population européenne.
13:04Donc la France, toute seule, ne peut pas le faire.
13:06Ne peut pas donner son veto.
13:08En revanche, la bataille est loin d'être terminée.
13:10La Pologne est déjà acquise.
13:12L'Italie, on n'est pas loin.
13:14Et donc la bataille doit continuer.
13:16Et puis je vous rappelle que le Parlement européen
13:18a aussi un rôle important à jouer dans cette
13:20poste qui est opposée.
13:22Il faut d'abord avoir un gouvernement avant de mener une bataille.
13:24Oui.
13:26Un gouvernement, c'est une bonne question.
13:28On va en parler, tiens. Parce que les LR sont reçus
13:30depuis une demi-heure maintenant
13:32à l'Elysée. Emmanuel Macron a entendu
13:34les socialistes ce matin. Il entend les LR ce soir.
13:36Va-t-on arriver à trouver l'homme providentiel
13:38ou la femme providentielle ? Bien sûr,
13:40on en parle dans un instant sur Europe 1 20h28.