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Un débat entre deux éditorialistes qui analysent l'actualité politique de la semaine dans #CaSeDispute

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00:00Chers amis, bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver pour votre rendez-vous du
00:04vendredi soir.
00:05Ça se dispute, vous connaissez le principe de vision qui s'oppose sur l'actualité.
00:09Ce soir, nous avons le plaisir d'accueillir Elisabeth Lévy.
00:12Ma chère Elisabeth, bonsoir.
00:13Bonsoir, merci de m'accueillir.
00:15Avec en face de vous, Philippe Gilbert.
00:17Bonsoir mon cher Philippe.
00:19Bonsoir Elisabeth.
00:20Bonsoir Philippe.
00:21Bonsoir Elisabeth.
00:22Avec grand plaisir.
00:23Mais oui.
00:24Alors, je vous propose pour démarrer, puisque c'est l'une des questions qui va se poser
00:27tout au long du week-end dans les repas de famille ou entre amis.
00:30Et maintenant, qui comme Premier ministre ? Alors Emmanuel Macron, vous le savez, a annoncé
00:34qu'il en nommera un dans les prochains jours pour former un gouvernement d'intérêt général.
00:38Et le chef de l'État qui a consulté tout au long de la journée.
00:41Ce que je vous propose, avant de vous entendre, c'est de faire un détour par l'Elysée où
00:45se trouvent Augustin Donadieu et Charles Pousseau.
00:47Mon cher Augustin, bonsoir.
00:49Je le disais, donc un défilé toute la journée et on peut retenir peut-être trois temps
00:52forts aujourd'hui.
00:53Oui, trois temps forts, dont un qui est en train de se dérouler à l'heure à laquelle
00:59je suis en train de vous parler.
01:00C'est les Républicains Laurent Wauquiez, le Président du groupe à l'Assemblée nationale
01:05et Mathieu Darnot, le Président du groupe au Sénat, avec quelques-uns des membres de
01:10la direction des Républicains qui sont à l'Élysée en ce moment même depuis maintenant
01:13plus d'une heure à échanger avec le Président de la République.
01:17Ces concertations, elles ont débuté plus tôt ce matin avec le Bloc Central, Horizon,
01:22Ensemble pour la République et le MoDem qui se sont entretenues avec le chef de l'État.
01:27L'objectif, évidemment, c'est de se mettre d'accord sur un nom.
01:30Pour eux, c'est très clair, ils ne veulent pas de Premier ministre issu du Nouveau Front
01:35Populaire.
01:36C'était ensuite au tour de la gauche et plus précisément du Parti Socialiste à
01:39midi de s'entretenir avec le chef de l'État, Olivier Faure.
01:42Nous avions également Patrick Cannaire ou encore Boris Vallaud qui se sont entretenus
01:47avec le chef de l'État.
01:48Pour eux, c'est très clair, ils ne veulent pas de Premier ministre de droite.
01:53Ils ont cependant expliqué qu'ils étaient ouverts à des discussions avec les macronistes
01:58et les républicains en cas de concessions réciproques.
02:01Je cite, ces concessions réciproques, LFI les rejette et c'est pour ça peut-être que
02:09le Nouveau Front Populaire, les écologistes, les communistes et LFI devront se contenter
02:12d'un simple appel téléphonique du chef de l'État pour se concerter avec lui.
02:17Ils ne sont donc pas invités à l'Élysée.
02:20En l'occurrence, là, actuellement, c'est Laurent Wauquiez et ses collègues des républicains
02:26qui sont actuellement dans l'Élysée.
02:28Ils sont attendus d'ici quelques minutes ici devant la caméra de CNews et évidemment
02:32on vous fera suivre ça en direct.
02:33Merci mon cher Augustin.
02:35Augustin donne adieu avec Charles Pousseau devant l'Élysée.
02:37On a compris, chacun y va de ses exigences.
02:40Alors j'ai une question très simple pour démarrer ma chère Elisabeth.
02:43Qui, comme Premier ministre, pour vous, est-ce que vous avez un nom
02:47qui vous semble évident aujourd'hui ?
02:49Non mais c'est difficile de dire ce qui me semble évident sans dire ce qui me semble
02:53préférable en réalité.
02:54Alors préférable peut-être.
02:55Parce qu'il n'y a rien d'évident, il n'y a pas.
02:57Mais en fait, ce qui est en train de se passer, si j'ai bien compris, et Philippe va décoder
03:02ça certainement, c'est que des socialistes ont commencé à laisser entendre que cette
03:08fois, c'est la dernière fois, ils avaient dit n'y être pour CASE 9, que là, cette
03:12fois-ci, ce type de scénario, ça pourrait marcher.
03:14Donc, si je comprends bien, Emmanuel Macron est en train de songer à faire une sorte
03:19de grande coalition avec pas l'URN d'un côté, pas LFI de l'autre, qui ne sont d'ailleurs
03:23pas le même problème.
03:24Ce n'est pas le même problème à partie qu'Appel à la violence et le Rassemblement
03:29national ne posent pas le même.
03:31Mais moi, ce qui m'inquiète beaucoup, en fait, c'est que c'est ce qu'on a appelé,
03:34je crois que c'est Jean-Pierre Chevènement, ou peut-être Jean-Marie Le Pen, je ne sais
03:37plus lequel des deux disait ça, l'UMPS, c'est ce qu'on a appelé l'UMPS, c'est-à-dire
03:42le bloc des gens raisonnables contre les fous, contre les populistes, contre les nationalistes,
03:48contre ceci, contre cela.
03:49C'est la reconduction d'ailleurs du fameux cordon sanitaire, tout aussi idiot d'ailleurs,
03:55qui avait abouti à exclure du champ des fréquentables, d'abord 5, puis 10, puis 20, puis 25 % de
04:03l'électorat français, avec un parti qui a quand même complètement changé.
04:07Et on est en train de reconduire cette espèce d'exclusive morale, en nous disant que maintenant
04:14on va mettre tous les gens raisonnables ensemble, qu'il y a une politique raisonnable qui va
04:17plaire à tous les Français.
04:18Le seul problème, c'est qu'il faut regarder ce qu'ont voté les Français, apparemment
04:22les Français n'ont pas du tout voté pour cette coalition, je réponds très vite à
04:26votre question.
04:27Je pense que quand même, on a une Assemblée qui penche à droite, quoi que dise Marie
04:30Le Pen, son électorat est quand même assez largement à droite, même si elle ne l'est
04:34pas complètement, c'est ce qu'elle a dit, et qu'en conséquence, je pense que Bruno
04:38Retailleau ferait un très bon Premier Ministre.
04:40Bruno Retailleau, un homme de droite, donc qui ferait…
04:42Parce qu'en plus, elle ne pourrait pas le refuser si facilement.
04:45Effectivement, ce ne serait pas stratégiquement pas idiot non plus de la part d'Emmanuel
04:48Macron.
04:49Je vous pose la même question, mon frère Philippe Guibert, Bruno Retailleau comme Premier
04:52Ministre, ça vous conviendrait ou pas, dans la situation actuelle ?
04:54Bruno Retailleau, comme vient de l'expliquer Elisabeth, ça correspond à une stratégie
04:56qui a été essayée pendant les trois derniers mois, d'amadouer Marine Le Pen, d'éviter
05:01qu'elle censure.
05:03Parce qu'il n'y a pas 36 solutions dans cette Assemblée où il n'y a pas de majorité.
05:07Si vous voulez avoir, ce serait quand même mieux pour la France, avoir six mois de stabilité
05:13avec un budget qui a tendance à baisser les difficiles quand même un petit peu, voire
05:17beaucoup, ça serait mieux pour le pays.
05:19On peut presque se mettre d'accord là-dessus, et qu'on ait six mois de stabilité jusqu'à
05:23l'été, et puis après l'été, c'est une autre histoire.
05:26Mais il y a deux options.
05:28Soit on essaie d'amadouer Marine Le Pen, soit on essaie d'amadouer le Parti Socialiste.
05:33C'est presque arithmétique.
05:35Si on ne veut pas qu'il y ait une nouvelle censure, soit on arrive à obtenir une non-censure
05:40de Marine Le Pen, soit on arrive à obtenir une non-censure…
05:43Elle est prête à censurer une nouvelle fois d'Italo Figaro ce soir, Marine Le Pen.
05:46Évidemment, et donc c'est là que je voulais en venir.
05:48C'est que même si tu nommes Bruno Retailleau, chère Elisabeth, quelle certitude tu peux
05:54avoir que Marine Le Pen, en fonction de ses intérêts politiques, du moment, de ce qu'elle
06:00sent de l'opinion et en particulier de ses électeurs, quelle garantie tu peux avoir,
06:07quelle confiance tu peux avoir en Marine Le Pen, après qu'elle a censuré un gouvernement
06:14avec un Premier ministre qui lui avait donné raison sur trois demandes sur quatre qu'elle
06:19faisait.
06:21Il n'y a jamais eu un gouvernement sous la Ve République, sur les années récentes,
06:25depuis que Marine Le Pen est la leader, il n'y a jamais eu un gouvernement qui a autant
06:31satisfait les demandes sur le sujet budgétaire que celui de Michel Barnier.
06:36Trois sur quatre, aucun parti politique, y compris les Républicains, y compris les
06:40macronistes, sur ce budget n'avait obtenu autant de concessions que Marine Le Pen.
06:45Attends, je termine juste.
06:46Et donc, ça n'a pas empêché Marine Le Pen de censurer, pour des raisons qui lui
06:51appartiennent mais que je ne discute même pas.
06:53Et donc moi je considère qu'on ne peut pas faire confiance, une deuxième fois, à une
06:58personnalité et à un parti qui ont préféré, à mon avis pour des questions d'intérêts
07:05politiques de court terme, à censurer un gouvernement, donc il faut tenter l'autre
07:09option.
07:10Et si on tente l'option jusqu'à mon choix ou ma préférence de Premier ministre, il
07:15faut un homme qui soit capable, ou une femme d'ailleurs, qui soit capable de parler
07:20aux socialistes.
07:21Il va parler de ses golettes.
07:22Et aux Républicains.
07:23Qu'ils apprennent.
07:24François Bayrou, vous pensez ?
07:25Il me semble qu'il a le bon profil.
07:27Qui ?
07:28Bayrou.
07:29Pour parler aux Républicains.
07:30Vous dit Philippe Guibert.
07:31Et aux partis socialistes.
07:32On n'est pas dans un concours de beauté.
07:33Réponse d'Elisabeth Lévy qui sourit.
07:34On n'est pas dans un concours de beauté, on est dans le choix d'un profil politique.
07:39On n'est ni dans un concours de beauté ni dans une cour d'école.
07:43Marine Le Pen.
07:44Peut-on lui faire confiance ? Elle avait dit qu'elle était mon amie et puis vous voyez
07:48maintenant elle n'est plus mon amie, ce n'est pas gentil.
07:50Elle est morte.
07:51Non mais je suis désolée, Marine Le Pen a fait, d'ailleurs comme Emmanuel Macron,
07:55fait usage des possibilités qu'offrent la Constitution et les institutions dans une
08:00situation politique très compliquée.
08:02A mon avis, je pense, je ne sais pas si elle a fait un bon calcul pour elle, mais je pense
08:07qu'elle peut avoir fait un bon calcul pour elle.
08:09Parce que là elle s'est mise au centre du jeu, elle a montré qu'il ne s'agit pas
08:12de l'amadouer.
08:13Il ne s'agit pas tant, à mon avis, sur le fond des concessions, parce que soyons sérieux
08:19cette histoire de faire tomber un gouvernement parce que la moitié des retraités, les plus
08:24aisées de la moitié, disons, ne vont pas avoir sa retraite indexée, ce n'est pas
08:28sérieux.
08:29Elle a considéré que son parti n'était pas traité comme il devrait être traité
08:34et je pense qu'elle a raison.
08:35Je pense qu'elle a raison.
08:37Il ne s'agit pas au dernier moment, si tu veux, d'arriver, il faut dire, ce sont
08:41des partenaires, comme les autres.
08:43On discute avec eux, il ne s'agit pas de les amadouer, il s'agit de les traiter,
08:48comme les autres, comme des adultes.
08:50Je reconnais que c'est plus dur de traiter les LFIs comme des adultes, mais il faut quand
08:53même le faire.
08:54Et donc, aucun parti ne va te donner un blanc-seing en te disant, bien sûr, on ne censurera jamais
09:01tout ça, c'est bidon, les accords de non-censure à l'avance, franchement.
09:06Mais elle a dit qu'elle pouvait le faire, moi je pense néanmoins, tu as raison, les
09:10deux solutions présentent des risques et des inconvénients.
09:13Le grand inconvénient de la solution UMPS, le gros bloc neutral, c'est qu'il reconduit
09:23l'exclusion au marge de 11 millions d'électeurs qui, à mon avis, ne sont pas au marge politiquement.
09:32En réalité, ce ne sont pas des extrémistes, ce ne sont pas des gens qui veulent faire
09:35tomber la République, et pour alimenter les ressentiments, et je termine juste sur un
09:39truc, Emmanuel Macron ne voulait pas être celui qui amènerait Marine Le Pen au pouvoir,
09:45je pense que faire cela aujourd'hui, reconduire le cordon sanitaire, c'est vraiment la favoriser,
09:51bien qu'il faille…
09:52Alors intéressant, Eliabeth Lévy, est-ce qu'effectivement, Emmanuel Macron, il est
09:56en train de favoriser Marine Le Pen, qui aujourd'hui n'a plus rien à perdre, elle est seule,
09:59et peut-être seule aussi au centre du jeu ?
10:02Je suis ton raisonnement, Eliabeth, il faut aller jusqu'au bout du raisonnement, ça
10:06veut dire qu'il faut qu'elle rentre au gouvernement, Marine Le Pen, parce que moi
10:10je n'aime pas le jeu avec les partis politiques, quels qu'ils soient, ce n'est pas par rapport
10:15au RN, où on a tous les avantages de la situation sans en avoir les inconvénients,
10:20c'est-à-dire d'assumer ses responsabilités.
10:21Donc à ce moment-là, il faut aller jusqu'au bout de la logique, et que Marine Le Pen fasse
10:25partie d'une majorité.
10:27Simplement, j'essaye d'être pragmatique et réaliste, je ne vois pas les macronistes
10:33gouverner avec Marine Le Pen.
10:35Et je ne vois pas d'ailleurs Marine Le Pen accepter que le RN aille au gouvernement
10:39dans ces conditions.
10:40Donc nous sommes d'accord, et donc, je le répète, compte tenu de ce qui s'est passé,
10:45compte tenu du fait qu'ils ont été particulièrement bien servis par Michel Barnier, on ne peut
10:50pas se permettre, à mon avis, de redonner une chance à Marine Le Pen, et donc ce n'est
10:55pas une question d'exclure, c'est simplement une question de savoir qui est en capacité
11:01de prendre ses responsabilités pour six mois, histoire de donner un budget et un minimum
11:06de stabilité à la France.
11:07J'ai un argument qui va plus vous embêter.
11:09Si vous prenez cette coalition, alors à part LR un peu, mais qui n'est quand même
11:12pas non plus un énorme parti aujourd'hui, malgré bien qu'il ait des personnalités
11:17éminentes, si vous prenez ceux-là, comme l'a un peu dit Marine Tendelier, pas dans
11:21ces mots-là je crois, en fait, vous avez l'électorat bobo des centres-villes essentiellement,
11:28c'est-à-dire l'EPS, la gauche parisienne par exemple, vous avez évidemment la Macronie
11:36qui est le parti des métropoles, mais les métropoles, on en fait partie d'ailleurs,
11:42ne sont pas haïssables ou méprisables, simplement, on a un véritable problème dans ce pays,
11:47c'est qu'on a, je ne sais pas si c'est la moitié, 40%, mais on a une partie du pays
11:51qui en quelque sorte n'est plus associée à la décision, qui n'est plus, et qui
11:56a un intervalle régulier ressort, et juste, vous avez raison dans l'idéal cher Philippe,
12:01l'idéal dans la vie c'est d'avoir un gouvernement qui représente une majorité,
12:05qui a 289 sièges à l'Assemblée, et ça c'est merveilleux, ça marche.
12:12Aujourd'hui on a trois blocs à l'Assemblée, donc on ne va pas pouvoir faire coller un
12:17gouvernement, donc on doit avoir forcément un gouvernement qui est disons, soutenu en
12:24tous les cas, pas censurable ou pas censuré, comme on l'a eu maintenant, mais moi je crois
12:30que Barnier ça aurait pu marcher.
12:31– Ça n'a pas marché.
12:33– Alors, la réponse de Philippe Guibert est intéressante ensuite à la question d'Emmanuel Macron,
12:36mais allez-y mon cher Philippe, répondez à Elisabeth.
12:38– Le point essentiel de notre situation politique, le problème ce n'est pas les institutions,
12:42et à mon avis ce n'est pas Macron non plus.
12:43– C'est les Français ?
12:44– C'est nous.
12:45– C'est la tripolarisation, c'est-à-dire qu'on a trois camps qui sont assez étanches,
12:50qui sont très hostiles les uns envers les autres, et qui sont sociologiquement très
12:54ancrés.
12:55Et donc la question est de savoir comment, dans une tripolarisation, on est sorti de
13:01la bipolarisation gauche-droite.
13:02– Mais on ne va pas refaire les gentils contre les méchants.
13:04– Et elle ne va pas revenir tout de suite.
13:06– On ne va pas refaire les raisonnables contre les ploucs.
13:08– Et donc comme l'a dit Emmanuel Macron hier soir, je ne sais pas si c'est ça qu'il
13:11a envie.
13:12– Alors justement.
13:13– Il faut une nouvelle organisation politique, qui signifie une nouvelle règle du jeu, et
13:21je pense qu'en situation de tripolarisation, le seul moyen de s'en sortir est d'avoir
13:26l'asse proportionnelle.
13:27On a agrandi, toi et moi, dans un monde où on nous a dit la Vème République c'est
13:31le scrutin majoritaire, oui mais ça marchait parce qu'il y avait une bipolarisation.
13:34– Alors moi je pense qu'il y aurait mieux à faire.
13:36– Et la démission d'Emmanuel Macron ?
13:38– Non.
13:39– Non.
13:40– Je pense que comme mode de scrutin…
13:41– Je vais vous poser la question.
13:42– Comme mode de scrutin, vous savez que le général De Gaulle et Michel Debray ont
13:45écarté le scrutin uninominal à un tour, l'anglais, celui qui fait.
13:50– À trois parties.
13:51– Ils l'ont écarté parce que le parti communiste n'aurait pas eu de député avec
13:55ce mode-là.
13:56Alors c'est embêtant, simplement il a un avantage ce mode de scrutin, c'est qu'il
14:02l'oblige à la bipolarisation.
14:04C'est ce qui s'est passé aux États-Unis, c'est un grand parti nationaliste en quelque
14:08sorte, les républicains, c'est ça, et de l'autre côté une sorte d'alliance,
14:12progressisme.
14:13– Oui mais justement qui est très divisée, c'est pas pour rien qu'elle a perdu cette
14:17alliance.
14:18– Elle a peut-être perdu, elle a peut-être perdu parce que la demande des électeurs
14:21est d'avoir des frontières et de la puissance nationale.
14:24– Et d'avoir du pouvoir d'achat.
14:25– Est-ce que je vous propose de dire un mot quand même sur la question d'Emmanuel
14:28Macron, la posture d'Emmanuel Macron, notamment hier après sa prise de parole ? Alors je
14:32ne sais pas si vous l'avez vu mais il y a une vidéo qui a pas mal circulé dans la
14:36foulée de la prise de parole de l'allocution des chefs de l'État, on va regarder et
14:40on en parle ensuite.
14:41– Je l'ai vue.
14:42– Je suis pas sûr de l'avoir vue.
14:43– Vous allez voir.
14:44– Est-ce qu'on m'a demandé de faire un discours ? Je vous signale tout de suite
14:51mesdames et messieurs que je vais parler pour ne rien dire.
14:53Je sais, vous pensez, s'il n'a rien à dire, il ferait mieux de se taire.
14:58C'est trop facile, c'est trop facile.
15:02Vous voudriez que je fasse comme tous ceux qui n'ont rien à dire et qui le gardent
15:05pour eux ? Eh bien non, mesdames et messieurs, moi, quand je n'ai rien à dire, je veux
15:10qu'on le sache.
15:11Je veux en faire profiter les autres et si vous-même, mesdames et messieurs, vous n'avez
15:15rien à dire, eh bien, on en parle, on en discute, je ne suis pas ennemi du colloque.
15:22– Alors formidable sketch de Raymond De Vos, qui a été ressorti depuis hier, effectivement,
15:29c'est vrai qu'on n'a pas eu de Raymond De Vos depuis longtemps, en tout cas, qui
15:32amène à cette question, est-ce que le chef de l'État, il a parlé pour ne rien dire
15:34au fond, hier soir, Élisabeth, ou au contraire, le message était très clair, il a réglé
15:38ses comptes ?
15:39– Alors, d'abord, je voudrais faire un préalable, je suis très critique sur la
15:45politique d'Emmanuel Macron, très souvent sur sa non-politique ou sur ses deux politiques
15:50divergentes en même temps et je ne trouve pas qu'il ait fait… enfin, il y a beaucoup
15:55de choses qu'il a faites que je critiquerais, néanmoins, je trouve qu'on devrait quand
15:59même commencer à se poser une question, c'est-à-dire qu'on accepte le remplacement
16:02dans le débat public de la critique politique, y compris dure, y compris implacable, par
16:08la haine personnelle, le ricanement permanent, la détestation, et moi j'entends les micros,
16:15les auditeurs quand ils téléphonent dans les radios, les micro-trottoirs, mais on dirait
16:19qu'il y a à la tête de l'État un être démoniaque qui veut absolument faire du mal
16:24aux Français.
16:25Alors, ça, je trouve que ça commence à devenir assez pénible, ça me donne envie
16:29de défendre le président, alors que vraiment, je ne suis pas d'accord avec lui sur à
16:33peu près… enfin, sur pratiquement rien, mais je trouve qu'il faut faire très, très
16:39attention.
16:40Je vais essayer d'aller vite, je crois que j'ai trop parlé, ce que je voudrais dire,
16:43c'est qu'Emmanuel Macron a été élu, réélu, nous avons peut-être tort de l'avoir
16:47élu, des gens qui disent « on veut un contrôle de nos frontières » et qui élisent « Emmanuel
16:52Macron, on veut ceci », je veux dire, écoutez, voilà, on a élu, il ne nous a quand même
16:57pas non plus menti sur ce qu'il est, chimiquement, on sait que c'est un Européen absolument
17:02convaincu, on sait quand même qu'il est un peu multiculti, on sait beaucoup de choses.
17:07Donc, ça, c'est la première chose, la deuxième chose, je le dis vraiment à tous
17:10les gens qui réclament sa démission, y compris à droite, ce qui m'étonne d'ailleurs,
17:14l'ISNAR, ça m'a beaucoup étonné, je leur dis, d'abord, si on fourforce Emmanuel
17:20Macron à la démission, ce sera catastrophique pour l'image de la France, catastrophique
17:24pour la France, mais ce sera aussi catastrophique pour les institutions, ce sera fini, il n'y
17:29aura plus de présidence de la République telle que nous l'avons connue.
17:32Mais c'est vrai qu'une autre vidéo qui circule, Philippe, Philippe, en 2019, un président
17:37désavoué ne devrait pas rester, voilà ce que disait Emmanuel Macron en 2019, et depuis
17:43hier soir, j'exécuterai jusqu'à son terme mon mandat, là aussi, ça lui a été reproché
17:47finalement de changer de posture.
17:49On n'a qu'une seule démission dans toute la Ve République, c'est celle du général
17:53de Gaulle, qui se fait dans les 10 heures ou 12 heures qui suivent une défaite sur
17:57un référendum.
17:58On a eu des présidents qui ont perdu des législatives et même des référendums comme
18:02Jacques Chirac, qui eux ont décidé de ne pas démissionner.
18:05Les législatives n'étaient à l'évidence pas du tout une victoire pour Emmanuel Macron,
18:10mais enfin son camp représente quand même le deuxième pôle de l'Assemblée Nationale,
18:14donc exiger sa démission après les législatives avait encore peut-être un bout de sens, mais
18:21ce qu'il a demandé maintenant n'a plus de sens.
18:23Après les européennes, vous pouvez dire ?
18:24Oui, au moment de la dissolution, le 8 juillet au matin avait peut-être un début de commencement
18:30de sens et encore, j'en suis pas convaincu, mais je te rejoins complètement dans ton
18:33argumentaire.
18:34Vouloir pousser un président, quel qu'il soit, à la démission comme ça en cours
18:39de mandat, sans un élément...
18:42Il n'y a pas de forfaiture, on n'aime pas sa politique, et bien voilà.
18:47On rentre dans une logique qu'Elisabeth a parfaitement décrite.
18:51J'ajoute un argument encore une fois, penser qu'une présidentielle anticipée résoudrait
18:58notre problème politique dans la tripolarisation dans laquelle on le vit, on aurait forcément
19:03une présidentielle déceptive, parce qu'on aurait à nouveau un président ou une présidente
19:08élue par rejet du concurrent, et on n'aurait pas forcément plus de majorité avec le scrutin
19:15majoritaire qui par deux fois, ces dernières années, 2022-2024, ne nous a pas donné une
19:20majorité.
19:21Donc arrêtons de fantasmer sur une démission du président de la République qui ne résoudrait
19:26pas notre problème politique qui est, quand on est trois blocs, qui sont à peu près
19:34d'accord.
19:35Il faut que chacun prenne conscience de cette situation, elle vient d'abord du fait que
19:39la France est divisée, c'est pas Emmanuel Macron qui a créé cela.
19:45Et j'ajoute que ça fait…
19:47C'est pas Emmanuel Macron qui a créé cela, cette division ?
19:49La division de la France, non.
19:50Ah non, là quand même, écoutez, la société française, on n'est pas des… les français
19:54ne sont pas des jouets entre les mains de leurs dirigeants, quand même ! Si la société
19:59française est divisée, c'est pour d'autres raisons.
20:02Il y a des bonnes raisons d'ailleurs.
20:03Des bonnes, d'ailleurs, oui.
20:04Et d'ailleurs, notre problème n'est pas la division de la société, c'est le fait
20:07que la politique ne parvient plus à représenter les conflits et à les civiliser, c'est ça
20:12le problème.
20:14Mais juste sur la responsabilité d'Emmanuel Macron.
20:16Très bien, effectivement, si Emmanuel Macron, moi j'avais l'impression quand il a dit
20:21sous que son pari était « puisque je ne veux pas être le président qui passera le
20:26relais à Marine Le Pen en 2027, je pense qu'il est mieux puisque les gens voulaient… »
20:31Il y avait une Bardella mania tout à fait réelle, on sentait le Rassemblement National
20:36en progression, donc je pense qu'il s'est dit « très bien, les français veulent Bardella,
20:40ils ont baptisé Bardella, c'est la vérité des prix » et après tout, c'était une
20:44logique qui n'était pas absurde, mais il ne fallait pas faire le front républicain
20:50derrière.
20:51Si tu dis « je vais laisser la vérité électorale se faire » et que derrière tu
20:57matraques pendant 15 jours que t'as affaire à des nazis, 80% des médias…
21:01Mais c'est pas ça qui a fait que les français ont suivi.
21:04Allez, très rapidement mon cher Philippe, on va marquer une très grande pause.
21:06Les français ont suivi et Bardella, il a plafonné au deuxième tour.
21:10Vous pensez que le front républicain n'a pas joué ?
21:12Evidemment qu'il a joué, mais d'abord, c'est pas Emmanuel Macron qui l'a joué.
21:15Mais c'est bien ce que je dis, il n'est pas allé pas se lever les yeux.
21:17Ce que je vous propose, juste après la publicité, je vous poserai la question suivante.
21:21Est-ce que nous sommes face à un chaos historique, finalement, aujourd'hui ? Quelle est la situation
21:25selon vous ?
21:26La réponse, vos réponses dans un instant, très courte pause, on se retrouve dans un
21:30instant sur CNews, à tout de suite.
21:32Et de retour sur le plateau de sa se dispute, bienvenue, si vous nous rejoignez pour débattre
21:39ce soir sur CNews, Elisabeth Lévy et Philippe Guivert.
21:42On va revenir dans un instant sur le traité du Mercosur, énormément de réactions aujourd'hui
21:47après la signature des négociations sur le traité de libre-échange par la présidente
21:52de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
21:54Mais avant, peut-être un petit mot sur la situation en France.
21:57C'est vrai que nous parlons beaucoup d'Emmanuel Macron, de ses choix, de son attitude, de
22:01son sort.
22:02Tout cela, toutes ces questions sont au cœur du débat.
22:05Et pourtant, la France est en crise factuellement sur tous les points, économiques, sécuritaires,
22:10santé, éducation.
22:11Alors le magazine britannique The Economist, on l'a beaucoup vu cette semaine, ces derniers
22:16jours, a fait sa une sur la situation justement en France.
22:19Et c'est pour le moins explicite, on la voit à l'antenne.
22:22La France fait un pas vers l'inconnu, titre le magazine avec ce mot-ci français.
22:27Nous y sommes les deux pieds dedans, si je puis dire, Philippe Guibert ou pas ?
22:31Moi j'ai toujours un petit réflexe patriotique.
22:34Je n'aime pas tellement qu'à l'étranger on nous critique.
22:36Et donc, surtout que le The Economist est une…
22:39Ce patriotisme t'honore, mon cher ami.
22:42Le The Economist est un habitué de la critique de la France.
22:48C'est un excellent magazine, mais qui a toujours considéré que la France était ingouvernable,
22:54indécrottable, que dans la globalisation heureuse, la France était une exception vraiment
22:59malvenue et bonne pour les poulets belles de l'histoire.
23:02Je pense qu'on vit une crise politique.
23:05Ce n'est pas le chaos, enfin j'espère qu'on ne va pas y aller.
23:10Manuel Valls dit le chaos, il parle même d'un chaos historique.
23:14C'est lui qui a dit qu'on était au bord du gouffre et donc faisons un grand pas en
23:18avant.
23:19C'est ça.
23:20Moi je ne partage pas cette idée qu'on est dans le chaos et qu'on est au bord du gouffre.
23:23Donc vous êtes plutôt positif finalement.
23:25Non, je ne serais pas de ça non plus.
23:28Je dirais qu'on s'enfonce et qu'on risque de s'enfoncer.
23:31C'est ça le danger.
23:33On risque de s'enfoncer politiquement parce qu'il faudra qu'on trouve une solution
23:37les six prochains mois et on risque de s'enfoncer financièrement et économiquement.
23:42C'est ça qui me fait peur, ce n'est pas le chaos, ce n'est pas le gouffre.
23:45La carte vitale continuera à fonctionner, les fonctionnaires seront payés, des impôts
23:50nous seront prélevés quand on fera le moindre achat, les cotisations sociales seront prélevées
23:54et on sera remboursé de nos frais de santé.
23:57Arrêtons, il n'y a pas de chaos, on n'est pas en guerre civile, arrêtons.
24:01En revanche, on s'enfonce, on s'enfonce doucement mais un peu sûrement parce qu'on
24:06n'est pas capable collectivement d'assumer le fait qu'on a des finances publiques qui
24:11sont en pleine dérive parce que c'est vrai.
24:14Qu'on vient de passer, je termine juste.
24:16Je t'en prie, je t'écoute avec attention.
24:18On a passé quatre ans depuis 2020 à dépenser des trombeaux de milliards, d'abord pour
24:23le quoi qu'il en coûte pendant la pandémie, ensuite contre l'inflation, on est le pays
24:28qui a le plus dépensé et à la fin, on y dit qu'il y a quand même une petite addition
24:34à payer.
24:35Et là, tout le monde dit non, pas moi.
24:37Donc si vous voulez, je comprends, après il y a une partie de la population, France,
24:42une petite moitié qui a des fins de mois difficiles, je comprends bien entendu.
24:47Mais attendez quand même, on ne peut pas avoir pendant quatre ans des tombereaux d'argent
24:53qui tombent tous les ans et dire à la fin personne ne va payer, on n'est capable de
24:58faire aucun effort.
24:59Il n'y a aucun pays qui ne peut tenir dans ces conditions.
25:02Ce n'est pas pendant quatre ans, c'est pendant à peu près 40 ans.
25:05C'est bien que les quatre dernières années ont été particulières.
25:08D'abord, je suis d'accord sur un point, mais à part que je trouve que c'est pire.
25:14Parce que le gouffre, on tombe, on se fait mal, mais au moins on est peut-être capable
25:19de se retrousser les manches et de dire là, on n'a pas le choix, on est au pied du mur,
25:24on n'a pas le choix.
25:25Tandis que là, c'est effectivement, on est sur une pente de déclin.
25:30C'est-à-dire que ce qui se passe aujourd'hui, il faut quand même savoir, les gens ne le
25:33savent pas, évidemment, qu'il y a encore des gens qui viennent investir en France.
25:36Ça veut dire qu'on vend, qu'on vend la France un peu par appartement, qu'on vend
25:40les bijoux de famille, on vend les grands hôtels par exemple n'appartiennent plus
25:43du tout à des boîtes françaises, ceux-ci, ceux-là.
25:45Non mais, donc, on s'appauvrit de façon continue, on est les gens qui travaillent
25:53le moins, et d'ailleurs nos partenaires, si on leur dit qu'en plus on va détricoter
25:56la petite réforme des retraites, je vous assure, alors que dans toute l'Europe, ils
26:00sont passés à 67 ans minimum, ou 66, 67.
26:04– Merci, les filles, et l'ERN.
26:05– Absolument, mais absolument, je suis absolument d'accord là-dessus.
26:08– C'était un milliard d'euros au BAMO, je crois.
26:10– Donc, il y a quand même, ils me semblent, pour dire, dans notre situation, au-delà
26:13de la situation politique, qui est effectivement une situation, disons, un paysage politique
26:20qui s'adapte mal, qui se met mal dans le costume de la cinquième, ça tient aux entreprises.
26:25C'est vrai, mais bon, ça, à mon avis, la Constitution a encore des tours dans son
26:29sac, je ne crois pas qu'on va vers le chaos, je suis comme Philippe et j'en ai marre,
26:33en plus, on a force de parler de chaos, le jour où il arrivera, vous savez, on continuera
26:37à dormir en se disant, c'est comme d'habitude, mais il y a deux choses qui me paraissent
26:41en tous les cas, une nouveauté à laquelle on devrait… c'est quand même que les
26:45savants qui dirigent l'État, enfin, les technos, les petits hommes gris, dont parle
26:49souvent Pascal, pros, eh bien, ils n'ont quand même pas vu venir, je ne crois pas
26:53du tout qu'ils aient menti, ils n'ont pas vu venir un énorme dérapage des finances
26:58publiques, ça interroge quand même sur des gens qui sont, alors, sur des gens qui sont
27:03quand même payés pour ça, pour faire des tableaux, des stats, etc.
27:07Donc, là, je dis, et la deuxième chose, c'est que je crois qu'effectivement, on
27:12a un parti qui est quand même problématique, et qui a des élus, évidemment, donc il n'est
27:19pas du tout qu'un seul, il faut, ils existent, les électeurs existent, mais c'est quand
27:24même, excusez-moi, Jean-Marie Le Pen n'a jamais fait cela, appeler Alain Tifada, dire
27:29que la police, demander qu'on n'ait plus de police, enfin, je ne vous fais pas la liste,
27:33mais je pense, et je n'ai pas de solution, moi, je suis tout à fait…
27:36– Ah, moi, j'en ai une, je reviens à ce que je disais tout à l'heure, tu disais,
27:40la Ve République, ça branle un peu à l'an de manche, effectivement, parce qu'on était
27:44habitué à avoir une majorité, il faut qu'on adapte aux règles, au fait qu'on n'aura
27:49pas forcément pendant quelques années de majorité absolue, comme on en a connu.
27:53– D'accord, mais je voulais dire que l'AFI posait un problème quasiment culturel, disons,
27:57je pense, aujourd'hui, ou une partie de l'AFI, d'ailleurs, je pense qu'il y a des insoumis
28:01des champs qui sont assez différents des insoumis des villes.
28:04– Toujours est-il…
28:05– Je pense que le RN n'est plus l'extrême droite de papa, mais c'est l'extrême démagogie,
28:09quand même.
28:10– Alors, toujours est-il…
28:11– Tout ce que tu as dit sur la réforme des retraites, et ce à quoi on vient d'assister
28:15sur le budget, c'est de l'extrême démagogie.
28:17– Bon, un constat partage, en tout cas, la France est en crise, voilà, et bien, pendant
28:22ce temps-là…
28:23– Je ne suis pas d'accord, je veux juste dire que je ne suis pas d'accord sur la démagogie.
28:25– Oui, allez-y, alors allons-y.
28:26– Non, non, je ne veux pas, parce que je vois que vous les continuez, je voulais juste
28:28dire…
28:29– Non, non, c'est le Mercosur, c'est intéressant aussi, mais allez-y, le but, c'est de confronter
28:32des idées aussi.
28:33– Je pense que le RN est malgré tout la voix d'une France qui a été vraiment méprisée
28:38et oubliée.
28:39Vraiment, Guy, lui, en a parlé plein de fois, et ça, je crois qu'il y a réellement quelque
28:44chose, et que…
28:45– Elisabeth, je ne parlais pas des électeurs, on est bien d'accord sur ce point-là.
28:47– Non, mais même, le RN et leur parti, ce n'est pas pour rien.
28:49– Mais le discours de Marine Le Pen est une démagogie…
28:52– Je ne suis pas du tout d'accord avec elle.
28:54– On aura l'occasion, effectivement, d'en reparler, mais l'actualité marquée cet après-midi
28:59par la présidente de la Commission européenne qui a annoncé que les négociations sur le
29:02traité de libre-échange Mercosur avaient abouti.
29:05Rappelez-vous, c'était jeudi, lors d'un appel téléphonique et Emmanuel Macron avait
29:09redit Ursula von der Leyen que le projet d'accord était inacceptable en l'État, alors, on
29:15le dit aux téléspectateurs, les États membres et le Parlement européen doivent encore se
29:18prononcer.
29:20Néanmoins, cette annonce, elle fait bondir la classe politique.
29:24– Mais attendez, les États membres…
29:26– Il faut qu'ils soient ratifiés par les États membres.
29:28– En réalité, rien n'a changé aujourd'hui.
29:30– On va écouter Ursula von der Leyen et puis vous nous dites pourquoi.
29:33– On l'écoute en plus.
29:35– Ce n'est pas uniquement pour vous faire plaisir.
29:37– C'est pour vous faire plaisir, on l'écoute.
29:39– Merci.
29:41– À nos agriculteurs, nous vous avons entendus, écoutez vos préoccupations et nous agissons
29:48en conséquence.
29:49Cet accord comprend des garanties solides pour protéger vos moyens de subsistance.
29:53L'accord UE-Mercosur est le plus important jamais conclu en matière de protection des
29:58produits alimentaires et des boissons européennes.
30:01Plus de 350 indications géographiques protègent ces produits.
30:06Et en plus, nos normes européennes en matière de santé et d'alimentation restent intouchables.
30:11C'est cela la réalité, la réalité d'un accord qui permettra aux entreprises européennes
30:21d'économiser 4 milliards d'euros de droits d'exportation par an, tout en élargissant
30:29nos marchés et en ouvrant de nouvelles opportunités de croissance et d'emploi des deux côtés.
30:34– Bon, je pense que vous allez être à peu près d'accord en ce qui concerne Ursula von
30:37der Leyen.
30:38La France est en crise, est-ce que vous voyez cela comme une véritable trahison, disons
30:43une manœuvre d'Ursula von der Leyen au moment où la France est affaiblie ?
30:48– Oui absolument Olivier, trahison.
30:50Beaucoup de gens le voient dans le fait qu'elle a choisi ce moment pour partir en Amérique
30:57du Sud et aller signer ce traité au moment où elle sait très bien que la France est
31:02le principal opposant à ce traité, après un vote quasi unanime de l'Assemblée nationale
31:07et au moment où nous sommes en pleine crise politique.
31:10Donc c'est une très mauvaise manière que nous fait madame von der Leyen, la bataille
31:15n'est pas terminée, on va la mener et j'espère qu'on va la mener, mais c'est une trop
31:19mauvaise manière dans son exercice de président de commission et je trouve que c'est une
31:24catastrophe de caricature de l'Union européenne, c'est-à-dire qu'on voudrait dire que
31:29l'Union européenne se construit contre les nations, qu'on ne s'y prendrait pas
31:33autrement.
31:34Parce que je vous dis qu'il y a la France, il y a la Pologne, il y a l'Italie qui
31:37est très critique, il y a peut-être d'autres pays et donc la discussion est loin d'être
31:42terminée.
31:43Madame von der Leyen, elle décide, parce qu'elle est présidente de la commission,
31:46ça fait cinq jours qu'elle a commencé son nouveau mandat, qu'elle va signer un
31:50traité de libre-échange qui est contesté par une partie importante des pays européens
31:55et de l'opinion européenne.
31:57Et elle y va comme ça, tranquillement.
31:59Mais est-ce que c'est si étonnant ou pas ?
32:01Non mais attendez, je ne suis pas d'accord, je suis d'accord.
32:04J'ajouterais juste un mot.
32:05Sur la trahison.
32:06En plus, il y a un problème supplémentaire, c'est que madame von der Leyen est allemande
32:11et que le principal pays qui veut se traiter, c'est l'Allemagne, parce que c'est son
32:16modèle exportateur, qui sont un peu embêtés avec la Chine parce qu'ils comprennent
32:20qu'avec la Chine ça devient compliqué et qu'ils ont besoin de réexporter dans
32:23d'autres parties du monde.
32:24Je rappelle juste pour la fin de la discussion que notre balance agricole est excédentaire
32:29avec le Mercosur et qu'il faut un peu rentrer dans les détails pour cette affaire.
32:35Mais sur la manière.
32:36Madame von der Leyen, d'abord, elle vient de montrer, en refusant d'aller à Notre-Dame,
32:40tant pis pour elle, elle avait l'occasion unique d'assister, de vivre un moment magnifique
32:45de la grande civilisation européenne, elle montre qu'elle préfère…
32:49Oui, parce qu'elle ne se rendra pas à la cérémonie demain, rappelons-le aux téléspectateurs.
32:53Elle préfère ses technos, etc., et en tous les cas, ça a été annoncé dans la foulée,
32:59tant pis pour Madame von der Leyen, ça veut dire que pour elle, l'Europe, ce n'est
33:03pas la grande civilisation européenne qui sera, demain et après-demain, représentée
33:07à Notre-Dame.
33:08Elle parle d'une mauvaise communication interne.
33:10Tant pis pour elle.
33:11Mais là où je ne suis pas d'accord, d'abord, la première chose c'est qu'elle fait
33:14un sale coup, ça je suis totalement d'accord, c'est vraiment misérable.
33:18Deuxièmement, elle fait de la grande com', mais ce qu'elle vient de faire n'a rien
33:22changé.
33:23Ce n'est pas la signature qui compte, ce qui compte c'est que 15 Etats représentant
33:2765% de la population européenne ratifient.
33:31Ça veut dire que si tu as 5-6 grands Etats qui sont contre, ça ne passera pas.
33:37Mais, la première chose, il y a dans ce journal, excusez-moi je fais de la pub, voilà, il
33:45y a dans ce journal un article de Noël Lenoir qui raconte, ancienne ministre des affaires
33:51européennes, qui raconte, qui est parfois sur ce plateau d'ailleurs, et qui raconte
33:57comment nous avons totalement, en une dizaine d'années, et ça s'est accéléré, perdu,
34:02laissé totalement notre influence se perdre à Bruxelles.
34:05Il y avait peut-être M. Barnier qui négociait le Brexit, mais pendant ce temps-là on perdait
34:09non seulement, vous voyez bien que le poste de notre commissaire a été rétréci, qu'on
34:14n'a pas pu le choisir, mais en plus on a perdu énormément de postes dans la haute
34:19administration européenne.
34:20Elle explique ça très bien, et voilà.
34:22La deuxième chose, c'est que j'ai trouvé un vieux papier du Monde, dans lequel les
34:26Français, au tout début, ça faisait une dizaine d'années peut-être, disaient, bah
34:30mais si la France ne veut pas, il n'y aura pas, et au lieu de construire une coalition
34:36depuis longtemps, au lieu d'essayer de batailler d'abord, parce que nous avons aussi des
34:41intérêts, peut-être qu'il ne faut pas rejeter le Mercosur en bloc, peut-être, excusez-moi
34:46qu'il faut discuter de cela, mais en dehors de ça, ils ne peuvent pas se réveiller au
34:51moment où on sait qu'on est au bord de la signature, et tout d'un coup dire on est
34:55la France, et donc on a le droit de veto.
34:59On a accepté, on a accepté, on a accepté, un an oui, mais c'est rien, ça fait 15
35:04ans que ça dure au Sénégal, un, on a accepté la délégation de notre politique commerciale
35:09à la Commission européenne, c'est un mandat parfaitement clair, je veux dire, nous avons
35:14délégué à la Commission européenne le droit de négocier cela, donc, on a eu tort
35:18de le faire, mais on l'a fait, et la deuxième chose, c'est qu'on n'a rien fait pendant
35:24tout ce temps-là pour essayer d'avoir des alliés, et ensuite on a accepté avec le
35:30traité de Lisbonne, qui nous refourguait la constitution européenne, on a accepté
35:34quoi ? Je ne sais pas si c'est dans le traité, mais on a accepté la majorité qualifiée
35:40au lieu de l'unanimité, la seule solution pour avoir une Europe des nations, c'est
35:45que les grandes décisions, ou pas toutes, se prennent à la majorité, à l'unanimité,
35:49c'est-à-dire qu'un État ne peut pas se voir imposer cela, si vous n'avez pas cela,
35:54vous avez cette Europe, donc on a tout accepté.
35:57Donc ce n'est pas la faute du Rassemblement national, je vais vous poser la question puisque
36:00pour beaucoup, c'est la faute du Rassemblement national, si Horace Lavander-Leyen a signé
36:04ces négociations.
36:05C'est ce qui se dit, Elisabeth Borne, Gabrielle Attal, tous pointent du doigt le Rassemblement
36:12national.
36:13Alors regardez, la Commission européenne vient d'annoncer la conclusion d'un accord
36:16entre l'Europe et le Mercosur, le Rassemblement national savait pertinemment que voter une
36:20motion de censure irait à la position de la France de l'Europe.
36:22Je leur serais à nouveau contre le Rassemblement national, mais là ce n'est pas le sujet.
36:26Ce n'est pas le sujet, mais c'est le sujet pour Gabrielle Attal et Elisabeth Borne en
36:30tout cas.
36:31C'est des mauvaises diversions, c'est la mauvaise petite politique, je préfère me
36:34concentrer sur un point qui est que la philosophie de l'Union européenne a été l'ouverture
36:39commerciale à tout crin.
36:41Et donc c'est le modèle allemand fondé sur l'exportation qui est devenu le modèle
36:46européen et donc très favorable.
36:48Mais il y avait des chars allemands dans Paris pour qu'on accepte ?
36:50Et je pense qu'il y a 10 ans, comme tu parlais d'il y a 10 ans, je pense qu'on n'avait
36:54pas pris conscience et pris la mesure de cela et qu'aujourd'hui on l'a pris.
36:59Et donc aujourd'hui c'est maintenant que la bataille doit se mener, il faut qu'on
37:03arrive à convaincre d'autres pays, tu as raison sur notre perte d'influence, mais
37:06la bataille n'est pas perdue et donc il faut l'amener.
37:09Non mais excuse-moi, ce n'est pas vrai du tout, moi je me rappelle, avec mon regretté
37:13ami le journaliste Philippe Cohen, on avait créé la fondation qui s'est très vite
37:19appelée Marc Bloch, mais qu'on a pu enfin bref, les héritiers justement nous ont empêché
37:22de l'appeler Marc Bloch parce qu'ils ont dit qu'ils auraient voté oui à Maastricht
37:25Marc Bloch.
37:26Et comme on était anti-Maastrichtien, comme on était contre cette Union européenne, on
37:31s'était traité de fasciste, on voulait du protectionnisme, c'était affreux le
37:35protectionnisme, c'était l'époque de la mondialisation heureuse.
37:39Justement elle est finie.
37:40Oui d'accord, mais c'était quand même l'époque.
37:42Ce que je veux dire c'est que c'est super, on a décidé de tout ouvrir et il faut dire
37:46une chose, parce que moi je n'aime pas qu'on accuse juste les gouvernants, il faut dire
37:50aux gens la vérité.
37:51Vous pouvez, si vous ne pouvez pas avoir en même temps votre usine en France et payer
37:59ce qu'elle produit au prix du travail chinois.
38:01Si vous voulez votre iPhone au prix du travail chinois, il doit être produit en Chine.
38:06Par ailleurs, vous devez aussi dire la vérité, c'est que nous avons des agriculteurs comme
38:10ceux qui font du vin, qui sont très contents du traité du Mercosur.
38:14Moi je suis pour que nous protégions notre agriculture parce que ça ne doit pas être
38:20une question seulement comptable.
38:22Ça ne peut pas être, parce que d'un point de vue comptable, le Mercosur, on est gagnant
38:26parce qu'on va vendre plus de ceci et de cela que ce qu'on va encaisser.
38:31Si tu permets quand même, depuis le temps qu'on nous parle du réchauffement climatique
38:34et du coût et de ce que représentent en émissions de gaz à effet de serre les échanges
38:39internationaux, alors que la Commission européenne nous propose un agenda climatique où il faut
38:44des tas de choses qui embêtent en particulier nos agriculteurs, on va développer des échanges
38:49internationaux, c'est-à-dire qu'on va continuer dans une logique de globalisation
38:52des échanges internationaux.
38:53– Non mais moi je suis d'accord, j'étais contre dès le début.
38:56– Ça me paraît une aberration.
38:57– Mais Philippe, c'est tes amis qui me traitaient de fasciste quand je disais que
39:00ça n'allait pas marcher, que les nations… tes amis socialistes, oui, tu avais des amis
39:05socialistes à l'époque.
39:06– Oui, tu n'en avais pas toi ?
39:08– Si, mais quand je dis tes amis politiques, ce n'étaient pas mes amis politiques puisque
39:12précisément je me rappelle qu'à ce moment-là, c'est à ce moment-là qu'effectivement
39:18j'ai plutôt changé parce que je suis devenue souverainiste en quelque sorte parce que
39:23réellement ce que je voyais, je me rappelle Alain Min qui par ailleurs est un esprit
39:26habile, j'aime beaucoup me disputer avec lui, mais il a écrit ce merveilleux livre
39:31qui s'appelait « La mondialisation heureuse ». Alors oui, elle a été heureuse pour…
39:34c'est vrai des Chinois qui sont sortis de la pauvreté, des Brésiliens qui sont sortis
39:38de la pauvreté, elle a été… on a bousillé non seulement l'industrie et une partie
39:44de l'agriculture, mais c'est les sociétés, c'est des sociétés, des cadres dans lesquels
39:49les gens vivaient et qui ont disparu pour devenir soi-disant la société de service
39:53avec le succès que l'on sait.
39:55Peut-être un mot, il reste un peu plus de deux minutes, peut-être un mot sur Notre-Dame
39:58pour conclure.
39:59Alors c'est vrai que dans tout ce marasme politique, ce bel événement, réouverture
40:04demain de Notre-Dame de Paris, Le Monde qui aura les yeux rivés sur la cathédrale, il
40:08y aura nombreux chefs d'État, Donald Trump, Volodymyr Zelensky d'ailleurs reçu à l'Élysée
40:13demain à 17h, peut-être une question, est-ce que cet événement pourrait profiter à Emmanuel
40:18Macron, Philippe Ghibert, politiquement peut-être ?
40:21Non, non, non, parce que les raisons de l'impopularité actuelle de Emmanuel Macron ont des racines
40:28profondes et ce n'est pas un événement aussi heureux et aussi joyeux soit-il que
40:32l'art et aussi formidable soit-il que la réouverture de Notre-Dame qui va changer
40:37ça.
40:38Mais on peut quand même dire qu'Emmanuel Macron a donné une impulsion politique à
40:44la reconstruction de cette cathédrale qui a été quand même tout à fait décisive
40:48et essentielle.
40:49Comme on passe beaucoup de temps à le critiquer en ce moment, je me permets quand même de
40:52rappeler…
40:53Donc c'est grâce à la volonté du Président aussi que nous en sommes là aujourd'hui.
40:56Bien entendu que c'est grâce aux compagnons, aux génies français, ce n'est pas Emmanuel
41:01Macron qui a reconstruit la cathédrale, mais c'est lui qui a donné une impulsion, c'est
41:05lui qui a installé le Général Georges Leun à l'Élysée et donc s'il ne l'avait
41:11pas fait, à l'époque il y a 5 ans tout le monde se moquait en disant mais il est
41:14fou de vouloir reconstruire en 5 ans Elisabeth Lévy.
41:18Alors d'abord c'est vrai, là ce qui m'avait fait me moquer c'est quand il disait on
41:23va la refaire plus belle et qu'on se disait la refaire déjà aussi belle ce serait déjà
41:28pas mal vu notre capacité, vu notre capacité, vous êtes déjà allé ?
41:32Non j'ai vu les images.
41:33Vu notre capacité des fois à faire des choses moches, j'allais dire on est très content.
41:39Deuxièmement, il a aussi été capable de faire venir plein d'Américains qui ont
41:42donné des sous.
41:44Moi je crois que oui il faut le reconnaître et surtout je voudrais dire que ça, pour
41:50moi c'est plus important que les JO, c'est quand même, je ne suis pas catholique, madame
41:59van der Leyen, tout le monde aura oublié qu'elle est, que Notre-Dame brillera encore
42:03sur Paris et règnera encore sur Paris et je voudrais dire oui moi je suis reconnaissante
42:08au Président qui a fait casser les normes, les sociétés et cela apparemment comme d'habitude
42:12quand on a besoin, on y arrive, évidemment à tous les gens et je dois vous dire que
42:17mon quartier, j'habite pas loin, est en état de siège, je suis en plus contente que Donald
42:22Trump vienne.
42:23Première loge, tu seras aux premières loges demain.
42:26Je serai aux premières loges mais derrière beaucoup, beaucoup, beaucoup de grilles mais
42:30ils m'ont mis un écran géant à côté.
42:32Nous découvrons l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame, le nouveau mobilier liturgique,
42:36on a pu le voir sur les premières lignes.
42:37J'ai hâte d'y aller vraiment, c'est un beau moment pour la France quand même.
42:40C'est un très beau moment pour la France et c'est avec cette note positive que se
42:43termine ce Sass-disput.
42:44Un grand merci Elisabeth, merci beaucoup Philippe.
42:47Merci à tous les deux de m'avoir accueilli.
42:50Écoutez c'était formidable, vous revenez quand vous voulez bien évidemment.
42:54L'actualité qui continue c'est Julien Pasquet, 100% politique dans un instant, quant à moi
42:58je vous retrouve demain à 17h, on parlera bien évidemment de la réouverture de Notre-Dame.
43:02Notamment, restez avec nous sur CNews, excellente soirée sur notre antenne, à très vite.