Avec Évelyne Dress, Actrice, productrice de cinéma et membre du conseil d’administration de l’ARP (La Société civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs) et réalisatrice du film "Pas d’amour sans amour" avec Patrick Chesnais, Gérard Darmon, Martin Lamotte, Michel Duchaussoy, Jean-Luc Bideau, Aurore Clement, Dora Doll, passé sur Ciné+ en direct et en replay sur My Canal
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00:00Le cinéma français qui s'inquiète, qui s'inquiète après cette annonce fracassante et historique du groupe Canal+.
00:10Canal+. veut renoncer à la présence de ces chaînes payantes sur la TNT.
00:16Ça peut vous avoir l'air abstrait comme ça, mais ça a une conséquence extrêmement concrète.
00:20C'est que, de facto, le groupe ne serait plus tenu de financer le cinéma français.
00:25Canal+. est le premier financeur du cinéma français à hauteur de près de 190 millions d'euros.
00:30Évidemment, les professionnels du cinéma s'inquiètent.
00:32Bonjour Evelyne Dress.
00:34Oui, bonjour.
00:36Bienvenue sur Sud Radio surtout.
00:39Je suis ravi de vous retrouver, je rappelle quand même.
00:41J'adore Sud Radio.
00:43Écoutez, on vous adore aussi. Je rappelle que vous êtes actrice, même si on ne vous présente plus, productrice de cinéma, membre du conseil d'administration,
00:49et c'est important, de l'ARP.
00:51C'est la société civile des auteurs, réalisateurs, producteurs.
00:55Evelyne Dress, je le disais, l'inquiétude qui règne dans vos rangs, bien entendu.
01:00Oui, bien sûr, puisque Canal+, comme vous l'avez dit, finance pour une grosse part le cinéma français.
01:10Ça fait des mois que Canal+, menace de quitter la TNT pour ne devenir qu'une simple plateforme numérique
01:17comme Netflix ou Prime Vidéo.
01:19Mais personne n'y croyait.
01:21Bien que Maxime Sahada, le PDG de la chaîne, avait déjà hésité plusieurs fois à prendre cette décision.
01:27Mais en tout cas, si Canal sort de la TNT et du financement du cinéma français,
01:39ça risque d'affecter la diversité et la qualité des productions françaises.
01:44Et les risques sont multiples, comme une concentration accrue des financements sur des films à gros budget,
01:51des comédies calibrées pour le grand public, au déprimant de l'émergence de nouveaux talents, évidemment.
01:58Mais également un appauvrissement du paysage culturel, où la diversité et l'innovation
02:04pourraient céder le pas à des productions formatées.
02:07Ce retrait ouvre une période de grande incertitude pour l'ensemble du secteur.
02:12Et les prochains mois seront sûrement décisifs pour l'avenir du cinéma en France.
02:18Cette stratégie de retrait comporte des dangers aussi pour Canal+.
02:24D'abord parce que la perte de privilèges liée à la chronologie des médias.
02:31On rappelle ce que c'est, c'est un petit peu technique, mais c'est important.
02:34En fait, Canal+, en échange de son financement, a le droit de diffuser sur ses plateformes
02:39des films qui sont sortis en salles six mois après leur sortie en salles.
02:42Corrigez-moi si je me trompe, mais a priori, c'est ça.
02:45C'est ça, et contre 15 mois pour Netflix et 17 mois pour Disney+.
02:50Si Canal+, quitte la TNT, le ministère de la Culture pourrait donc réviser cet avantage,
02:57alignant Canal+, sur les délais de ses concurrents.
03:00Et cette perspective placerait alors Canal+, en concurrence directe avec Netflix,
03:06pour la première sonnette de diffusion des films français.
03:09Voilà, ce qui serait difficile.
03:10Alors on peut préciser aussi que tout n'est pas terminé, notamment pour le cinéma français,
03:13d'autant plus qu'il y a des négociations qui ont lieu en ce moment, qui vont se poursuivre.
03:18Donc on peut espérer aussi pour tous les professionnels du cinéma que ça se termine bien.
03:22Concrètement, le message que vous dites aujourd'hui, c'est quoi ?
03:24C'est qu'on ne peut pas se passer de Canal+, quoi qu'il arrive,
03:26que ce soit une plateforme ou alors que ce soit un groupe de chaînes airtiennes ?
03:32C'est-à-dire que Canal+, c'est un financement historique du cinéma français.
03:37Ce serait, à mon avis, terrible que Canal+, n'existe plus, se retire, aille produire ailleurs.
03:46Parce qu'il y a un autre sujet d'inquiétude, c'est que Studio Canal,
03:51qui est une filiale du groupe Canal et qui agit en tant qu'une société de coproduction,
03:57d'acquisition et de distribution de productions audiovisuelles,
04:02émigre, déménage vers un autre pays européen, comme par exemple le Royaume-Uni,
04:09pour s'affranchir des contraintes françaises.
04:12Parce que c'est vrai que Canal a de lourdes contraintes.
04:18Aujourd'hui, probablement que le retrait de C8, la décision de l'ARCAM,
04:25de retirer l'autorisation d'émettre à C8, a probablement fait réagir Maxime Sahada.
04:38Il y a aussi un problème de TVA. Actuellement, Canal bénéficie d'une TVA à 10%.
04:47Bercy propose de la ramener à 20%.
04:52Ça fait partie des éléments de conflit et des contentieux qu'il y a en ce moment.
04:56Votre message aujourd'hui en tant que professionnel du cinéma,
04:58vous dites plutôt au pouvoir public d'être accommodant avec Canal
05:02ou plutôt à Canal d'être accommodant avec les pouvoirs publics ?
05:07Je pense que tout le monde doit faire des efforts et avoir une réflexion collective.
05:16Évidemment que le ministère de la Culture doit prendre des décisions,
05:23nous mettre tous autour de la table.
05:25Et on sait aussi que la culture est le fait du prince
05:28et qu'il faut une volonté politique pour sauver la culture.
05:31À condition que la politique est une direction en ce moment,
05:34ce qui n'est pas toujours facile.
05:36En tout cas, ça fait partie de l'exception culturelle française
05:38et on reparlera de cinéma avec vous.
05:40En tout cas, on l'espère beaucoup.
05:41Merci beaucoup Evin Dress.
05:43Merci à vous.
05:44Merci à vous d'être intervenu ce matin sur Sud Radio.
05:46Je rappelle qu'on vous avait vu dans Elle boit pas, Elle fume pas, Elle drague pas,
05:50Mais Elle cause !
05:51Et la tendresse, bordel !
05:53Bref, merci à vous.