Les Vraies Voix Citoyennes avec Aurélie GROS, et Stéphane PELLET co-présidents du #G500citoyen, Danielle et Patrick Giovanni, fondateurs de la fondation DAPAT, ALAN CAILLAUD, président de l’association Moulin du pont Rû et Lucille Peytavin, autrice du “Coût de la virilité”
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NewsTranscription
00:00 Bienvenue dans les vraies voix citoyennes avec le G500 comme tout les lundis avec Henri Ligrot, Stéphane Pelay.
00:07 Bonjour, merci d'être avec nous.
00:09 - Bonsoir. - Comment ça va ?
00:09 - Bonsoir à tous les deux. - Ça démarre bien cette semaine ?
00:12 - Oui. - Oui ?
00:13 - Toujours. - Ah oui, toujours.
00:14 - Ça va Kévin et David ? - Ça va en pleine forme. Vous aussi ?
00:17 Oui, écoutez, très bien. Moi je suis très contente.
00:19 Les sujets sont passionnants et on va y aller tout de suite.
00:22 Juste avant, un petit mot de Stéphane Pelay.
00:24 Juste un petit mot, un salut à nos amis du collectif Santé en danger.
00:27 Vous savez, il y a un chiffre, puisque aujourd'hui, ce soir, on va en parler.
00:30 Dans le monde, le système de santé tient à 70% sur les bras ou les épaules des femmes.
00:36 Parce que ce sont des femmes qui sont les soignantes du monde.
00:40 Et ce soir, le collectif Santé en danger se réunit autour de cette thématique à Nantes.
00:45 Ça ne s'invente pas pour notre ami Philippe David, c'est à l'hôtel-restaurant de la Beaujoire.
00:50 - Ah, bah oui. - La mythique du FC Nantes.
00:53 - Bah oui, bah oui. - Donc on leur fait un petit coucou.
00:56 - Voilà, on les embrasse. - On les embrasse.
00:58 - Allez, le sommaire de cette émission, les sans-domicile fixe, leur nombre a doublé en France en l'espace de 10 ans.
01:04 Le nombre de sans-domicile fixe, de SDF, a doublé en 10 ans.
01:09 Il serait 330 000 en 2023 parmi eux, de plus en plus de femmes et d'enfants.
01:13 En France, les femmes représentent 40% des sans-abris, ce soit 2 SDF sur 5.
01:19 Un chiffre en constante augmentation.
01:21 Daniel et Patrick Giovanni sont avec nous.
01:24 Bonsoir, merci d'être avec nous. Vous êtes fondateur de la fondation DAPA.
01:29 Est-ce qu'on dit DAPA ou DAPAT ?
01:31 - DAPAT. - DAPAT.
01:32 - Daniel, Patrick. - Patrick.
01:34 - Ah bah voilà, c'est clair. Et on en parlera avec vous dans un instant.
01:37 Le coût de la virilité, près de 100 milliards d'euros par an en France.
01:40 Dans l'hexagone, les hommes commettent 86% des meurtres.
01:43 La quasi-totalité des viols, 99%, presque tous les incendies criminels, 99%, 95% des vols avec arme,
01:50 ainsi que 84% des accidents mortels de la route, en prison, 96,3% de la population carcérale et masculine.
01:57 Quel est le coût de la virilité en France ?
01:59 Lucille Pétavin, autrice du "Coup de la virilité" est avec nous. Bonsoir.
02:03 - Bonsoir. On vous souhaite la bienvenue, les vraies voix citoyennes, jusqu'à 20h.
02:06 - Le premier jour où je me suis retrouvée à la rue, donc toute la journée j'ai traîné, j'ai traîné.
02:16 Le soir j'ai pas dormi, j'ai marché, j'ai marché, j'ai marché.
02:20 Le lendemain j'ai dormi sous une porte cochée.
02:23 Et puis la troisième nuit je suis venue ici, je me suis installée là.
02:26 Je leur ai demandé l'autorisation, ils m'ont dit oui.
02:29 C'est la vie, la société, elle est mal faite.
02:34 - Stéphane Pelé, un chiffre sur les centres de missiles fixes qui explose encore.
02:39 - Oui, un chiffre qui explose et puis d'une manière générale toutes les causes sociales
02:43 et donc ce chiffre qui montre une chose, c'est que dans cette fragilité
02:48 très souvent les femmes sont les plus en difficulté parce qu'elles portent énormément de responsabilités,
02:54 parce qu'elles portent aussi le poids encore de certaines représentations.
02:57 Et pour nous parler de tout ça, ce soir nous recevons donc en effet un couple,
03:02 ça n'arrive pas toujours mais parce que c'est une très très belle histoire, une histoire d'amour aussi.
03:08 La fondation par des gens qui ont voulu à un moment mobiliser les moyens qu'ils avaient
03:14 grâce à un fonds de dotation, donc le fonds de dotation d'APAT,
03:18 donc du nom des deux fondateurs qui vont nous raconter d'ailleurs cette très très belle histoire
03:22 et surtout qui vont nous raconter ce soir le lancement d'une soirée dans quelques jours
03:27 qui va aider un certain nombre d'associations qui oeuvrent dans les secteurs qu'on venait justement de décrire
03:31 en leur permettant d'aller vers des capitaux propres en aidant ces associations à se développer.
03:37 Voilà, donc c'est tout ça l'aventure du fonds et des fondateurs de d'APAT.
03:42 Bonsoir.
03:43 - Bonsoir.
03:44 - Alors, cette belle histoire d'amour pour les autres finalement, vous pouvez nous la raconter ?
03:49 - Eh oui, c'est une rencontre qui n'était pas forcément prévisible.
03:54 Nous nous sommes rencontrés il y a huit ans, nous nous sommes mariés il y a quatre ans, quatre ans et demi.
04:00 Après le Covid, nous nous posions des questions entre...
04:03 - Pendant que certains divorcent, vous vous remariez après le Covid, c'est bien.
04:06 - Non, non, non, moi j'ai été divorcée depuis longtemps et Patrick était vave depuis un an.
04:11 Donc voilà, nous nous sommes rencontrés et donc le Covid nous a mis en situation de réfléchir
04:19 puisque là c'était... et on s'est dit qu'il fallait qu'on fasse quelque chose ensemble
04:23 mais nous étions tous les deux entrepreneurs donc l'entreprise c'est une chose
04:27 mais il vaut mieux entreprendre pour le bien commun si on peut dire
04:31 et Patrick a proposé que nous créions un fonds de dotation, il va vous expliquer,
04:36 de mettre des capitaux familiaux, donc qu'il avait.
04:39 - Alors moi ça faisait quelques années que je voulais faire quelque chose
04:43 parce que j'ai très bien gagné ma vie, mais je fais quoi de l'argent ?
04:47 Je le regarde ou j'en fais quelque chose d'utile ?
04:51 Et donc c'est pour ça que j'ai proposé à Daniel, allez on va faire quelque chose
04:55 et moi j'étais très sensible au SDF, au sans-abri, quand j'en croisais dans la rue je fais quoi ?
05:01 - C'est toujours la question de se poser.
05:04 - Je le regarde, j'essaye de capter le regard et de faire un sourire,
05:08 oui mais enfin c'est pas beaucoup quand même, c'est déjà quelque chose.
05:11 Et donc j'ai dit à Daniel, allez on fait sans-abri.
05:14 - Et moi j'ai dit oui d'accord mais les femmes, parce que sans-abri,
05:17 quand les femmes sont avec les enfants et sans-abri ou qu'elles sont enceintes et sans-abri,
05:21 c'est quand même beaucoup plus lourd et elles sont les premières victimes de bien des choses.
05:25 Et en plus, quand on arrive à aider une femme, on aide en même temps les enfants
05:30 qui seront peut-être beaucoup moins malheureux plus tard et beaucoup mieux éduqués.
05:34 - Alors l'action elle se déroule comment ? Parce qu'une fois que vous avez réuni un fonds...
05:38 - Alors en fait, d'abord ça consiste à mettre beaucoup d'argent,
05:43 à gérer cet argent pour que ça fasse des petits, c'est comme un épargnant,
05:47 et c'est avec les produits de l'épargne qu'on agit.
05:51 Conclusion, on a besoin de personnes et on a la pérennité devant nous,
05:55 on agit avec l'argent qu'on produit.
05:58 Et donc ça pour moi c'était très important de dire,
06:01 on peut concentrer toute son action sur l'objectif qu'on poursuit.
06:06 - Et l'objectif c'était quoi ? Alors peut-être des chiffres ?
06:08 Alors vous vous adressiez aux femmes Daniel, forcément,
06:11 mais peut-être aujourd'hui si on prend juste les femmes, ça correspond à combien de...
06:15 C'est difficile parce que sans domicile fixe on ne sait pas trop...
06:20 - Alors ça c'était notre idée de départ, mais chemin faisant,
06:24 nous nous sommes rendus compte qu'il fallait d'abord qu'on s'occupe de tout type de détresse,
06:28 parce que les femmes en détresse il y en avait de tous ordres,
06:30 et donc DAPA c'est soutenir les femmes en détresse.
06:33 - Mais y a-t-il un profil type des femmes SDF ? C'est le même que les hommes ou c'est différent ?
06:38 - Très honnêtement je n'ai pas fait d'études là-dessus,
06:41 je pense que les femmes SDF se cachent, et qu'on ne les voit pas beaucoup,
06:45 je crois que de ce côté-là...
06:47 - Oui, et juste pour rebondir, la femme qu'on a entendue tout en début d'émission était ébéniste,
06:53 et a perdu son travail et s'est retrouvée dans la rue.
06:56 Donc le profil ébéniste.
06:58 - Oui, c'est les accidents de la vie, vous savez,
07:01 une femme qui a une maladie grave, un cancer, qui perd son job,
07:06 son mari ne supporte ou ne supporte pas la maladie,
07:09 elle se retrouve toute seule avec les enfants ou autre,
07:11 on a vu des drames, personnellement j'ai été longtemps présidente de dirigeante des femmes
07:15 pour faire progresser les femmes dans l'économie,
07:17 et c'est ceci qui m'a appris ce que c'était les revers de fortune,
07:22 et des femmes qui sont diplômées, qui avaient tout pour réussir, et voilà.
07:26 - On a annoncé des chiffres en début d'émission,
07:28 - Oui, je corrobore.
07:30 - Ce sont des chiffres officiels, mais vous le dites, et beaucoup le disent aussi,
07:34 beaucoup se cachent, et sont invisibles vis-à-vis de la société.
07:38 - C'est pour ça qu'il y a tant de films qui disent "ce sont les invisibles, on fait des enquêtes",
07:42 parce que si elles se montrent, elles sont violées.
07:45 La plupart des femmes, malheureusement, ne vivent pas ça.
07:48 C'est-à-dire que si elles ont le malheur de dormir sur un banc ou autre,
07:51 il n'y a pas moyen d'éviter ce genre de choses.
07:55 Et c'est dramatique, donc elles se cachent.
07:57 - Il y a une statistique...
07:59 - Certaines sont dans un bus et font le tour de Paris toute la nuit,
08:01 pour éviter justement, mais bon, c'est pas tout à fait satisfaisant.
08:05 - Il y a une statistique un peu effrayante,
08:08 l'âge moyen, la durée de vie moyenne des femmes, en plus, est supérieure à celle des hommes,
08:14 la durée de vie moyenne des femmes, elle meurt 3 à 4 ans plus tôt que les hommes.
08:19 - C'est SDF.
08:21 - Et donc ça veut dire que c'est encore beaucoup plus dur pour les femmes.
08:24 - Stéphane Vollet.
08:26 - Alors on va peut-être en parler tout à l'heure quand on va développer,
08:28 mais donc au total, cette mobilisation, cette générosité, ça a donné ce fonds,
08:33 le fonds d'APAT, et qui donc chaque année, désormais, aide toute une série d'associations,
08:39 au travers des coups de cœur, au travers...
08:41 Et tout ça se passe dans une soirée qu'on va vous présenter tout à l'heure,
08:44 mais en deux mots, dites-nous, vous réunissez à peu près combien,
08:48 depuis une année, combien d'associations, et vous avez déjà donné combien d'argent ?
08:52 - Ce qui serait intéressant, je pense que l'intérêt c'est de comprendre ce que nous faisons.
08:57 En fait, on essaye déjà de repérer les associations...
09:00 - Vous savez ce qu'on va faire Daniel, on va partir en pub, comme ça on aura le temps de parler.
09:04 Oui, il faut des sous, vous savez que oui, il faut des sous.
09:09 - Il n'y a pas de problème !
09:11 - Daniel et Patrick de Giovanni vont rester avec nous, des fondateurs d'APAT,
09:15 un fonds de dotation pour soutenir les femmes en détresse, mais visiblement pas que,
09:19 on en parle dans un instant, les vraies voix citoyennes reviennent,
09:21 on est ensemble avec Philippe David, avec Aurélie Gros, Stéphane Vollet, jusqu'à 20h.
09:25 Chaque semaine, on vous présente des personnalités très engagées, sur différents sujets,
09:32 là le sujet ce sont les femmes en détresse, Daniel et Patrick de Giovanni sont avec nous,
09:38 fondateurs d'APAT, un fonds de dotation pour soutenir ces femmes,
09:43 qui soutient d'autres associations.
09:45 Daniel, tout à l'heure, juste avant la pub, vous étiez en train de nous raconter,
09:50 c'est pour ça que je me suis permise de vous arrêter, la façon dont vous aidez les autres,
09:55 parce qu'il y a aussi des associations, on ne peut pas aider tout le monde,
09:59 mais il y a des associations sur le terrain qui font un travail formidable,
10:02 et qui ont besoin de ce que vous avez, un petit peu de sous.
10:05 - Alors nous, nous intervenons auprès des associations qui accompagnent les femmes,
10:09 nous ne pouvons pas aller directement sur le terrain,
10:11 mais par contre, nous pouvons repérer les acteurs les plus efficaces,
10:15 leur permettre d'avoir du conseil, un regard, on apprend à les connaître,
10:21 on investit des moyens financiers pour leur permettre de se développer,
10:25 et surtout, pour connaître toutes ces associations,
10:28 nous n'avions pas tellement d'annuaires disponibles,
10:32 on a eu l'idée de créer ce prix, le prix d'APAT,
10:35 le premier a été en 2021, et nous avons reçu pour la première édition 45 candidatures,
10:44 à la deuxième, c'était déjà 66, et cette année c'est 120.
10:48 Et à chaque fois, nous donnons...
10:50 - Et au total, ça fait 200 associations différentes,
10:54 qui s'adressent aux femmes en détresse, ça montre la richesse du tissu associatif en France.
10:59 On a fait qu'écorner le sujet.
11:01 - Elles sont sur tout le territoire, dans nos prix...
11:04 - Ça c'est important de le dire, parce qu'on a toujours l'impression que c'est dans les gants de lille, la ruralité.
11:08 - Elles sont sur tout le territoire, et notre premier prix de l'année 2020,
11:10 c'est une association qui s'appelle "Femmes debout", et qui est à Dolles, dans le Jura.
11:15 Et l'année dernière, on a eu un espoir formidable,
11:18 enfin oui, c'est l'année dernière, "Solidarité Femmes Beaujolais",
11:22 c'est dans le Beaujolais Vert, une toute petite association qui a grandi,
11:26 et qui s'occupe d'aller chercher les femmes qui ne savent pas à qui s'adresser en ruralité,
11:31 c'est très difficile.
11:32 - Et on a une association qui est en notre compagnie, "Bonsoir Alain Caillou".
11:37 - Oui, bonsoir !
11:38 - Et vous êtes directeur de l'association, pardon, j'avais noté sur l'autre papier,
11:44 directeur de l'association "Moulin Dupont Rue".
11:47 Alors déjà, dites-nous ce qu'est l'association "Moulin Dupont Rue",
11:49 et comment vous avez travaillé avec la fondation d'APAT ?
11:53 - Alors, l'association en fait, est basée dans le vexin français,
11:57 du coup on est une structure d'accompagnement pour des femmes en situation de grande détresse,
12:03 et nous les accompagnons à travers des séjours de recul,
12:07 nous travaillons sur la confiance en elles, l'estime d'elles-mêmes,
12:10 afin de rebondir dans leur vie active.
12:12 - D'accord.
12:13 Les différentes actions des associations avec lesquelles vous traitez au quotidien,
12:19 parce que c'est multifactoriel effectivement, c'est une perte de confiance en soi,
12:22 c'est retrouver un logement, c'est retrouver un...
12:24 Tout tombe en cascade, mais il faut tout remonter aussi.
12:27 - Alors moi je dis, c'est tout un parcours, se reconstruire pour rebondir.
12:31 Et donc, il y a différents acteurs, certains arrivent à faire le tout, mais c'est très difficile,
12:35 mais il y a différents intervenants.
12:37 Se reconstruire, c'est de l'ordre de ce dont tu as parlé, Alane,
12:40 c'est des séminaires, des thèmes, des regards différents, des entretiens,
12:46 et c'est tout ce qui permet de soigner.
12:48 Et ensuite, il va falloir s'insérer.
12:51 Mais il faut déjà vraiment être en état d'accueillir une nouvelle formation
12:56 et d'aller se présenter socialement.
12:58 Et ça c'est un long chemin, et c'est à ça que nous inspirons.
13:01 - Alane Caillau, lorsqu'elles arrivent chez vous, entre vos mains,
13:06 le parcours dure combien de temps ?
13:08 C'est-à-dire qu'elles arrivent à quel moment, et à quel moment vous les laissez s'envoler, si je puis dire ?
13:12 - Nous, on les accompagne, elles ont déjà parcouru, elles ont déjà été accompagnées,
13:17 elles sont sorties des situations, je dirais, de violence.
13:20 Et nous arrivons dans un moment de reconstruction.
13:23 Pour vraiment rebondir dans la vie, on est accompagnés par la Fondation GAPAD
13:29 depuis maintenant quasiment 4 ans, quasiment dans ses démarrages.
13:33 Et tout le processus est maintenant d'arriver et de pouvoir les accompagner,
13:39 je dirais, au démarrage, à travers un centre de logement et d'accompagnement,
13:45 pour leur permettre de rebondir dans la vie active.
13:49 - Stéphane Peulé, vous voulez réagir ?
13:53 - Je voulais simplement dire que c'est formidable, justement, cet accompagnement dans la durée
13:57 que permet le Fond de dotation d'APAD,
13:59 mais il y a aussi des cas de figure où, quand la puissance publique, finalement, fait bien son boulot,
14:03 vous acceptez, pourquoi pas, de les laisser prendre la suite et de...
14:07 - Oui, vous parlez de l'expérience, une des premières actions dans lesquelles on s'est investi,
14:13 c'est à Villers-Werres, donc dans deux maternités,
14:17 qui avait besoin de faire une expérimentation, d'accueillir des femmes enceintes,
14:23 de les accompagner dans leur parcours de prévention,
14:27 et à cette occasion-là, d'avoir un dispositif avec une psy,
14:31 qui puisse écouter, chercher les failles et éviter la catastrophe,
14:35 et suivre même ces femmes après. Souvent, elles sont seules,
14:37 et souvent, elles ne savent pas où aller en sortant de la maternité.
14:41 Et la directrice nous disait qu'il lui arrivait de voir des femmes
14:45 qui venaient d'accoucher trois semaines dans les couloirs avec un bébé.
14:48 Donc elle voulait éviter ça, oui, tout à fait.
14:50 Et donc, elle nous a demandé, si on voulait bien abonder dans le budget,
14:55 prendre un ou deux postes de travail, de manière à ce qu'on teste ce dispositif.
15:00 Et ce dispositif a été testé, et ils n'ont plus besoin de notre argent.
15:04 Aujourd'hui, c'est l'ARS qui a pris le relais, et donc, ça marche.
15:07 - De temps en temps, l'école... - Ça marche, ça marche, ça marche.
15:11 - Ça vient de détinguer. - Absolument.
15:13 - Tenez, on va prendre une photo.
15:15 Patrick de Giovanni, c'est un écosystème que vous avez mis en place,
15:20 qui tourne, où tout le monde, effectivement, protège un petit peu tout le monde.
15:24 Est-ce que celles qui ont été sauvées, parce qu'on peut vraiment parler de sauvetage,
15:27 reviennent dans l'association pour aller sauver d'autres gens ?
15:31 Parce que ça aussi, ça arrive souvent.
15:33 - Souvent, les bénéficiaires, après, viennent.
15:37 Alors, pas toutes, bien sûr, mais viennent pour aider les autres.
15:41 On a vu des associations qui ont été créées par des femmes qui étaient sorties de la rue.
15:45 - Ah oui, Aurélie Gros veut revenir.
15:47 - Oui, et j'imagine que toutes ces associations qui participent et qui vous sollicitent,
15:52 en fin de compte, il y a une notion de réseau après-entraînement,
15:55 et ça permet peut-être de fédérer autre chose, et d'avoir un nouveau projet en perspective.
16:01 - Vous allez loin, vous m'obligez à parler de tisseurs de liens,
16:04 et ça, nous en avons parlé avec Alain Cailliau,
16:06 c'est une idée qu'on a eue ensemble avec ce directeur d'association,
16:10 et d'autres amis des associations, puisque on devient des amis.
16:14 Justement, le constat, c'était que ce qui était le plus riche,
16:18 c'est la capacité qu'ils avaient eue, la possibilité qu'ils avaient eue,
16:21 d'échanger ensemble pendant ces soirées, et au-delà.
16:24 Quant à Lille, on les reçoit pour leur transférer un savoir-faire,
16:28 et quant à notre endroit, à Lyon, on leur apporte une compétence.
16:32 - Il y a un total de 66 associations qui avaient été candidates,
16:35 5 ont été sélectionnées. Est-ce que vous pouvez nous en parler, de ces 5 associations ?
16:38 - En fait, c'est 10, mais il y a eu 5 par un jury, et 5 par nous.
16:43 - Et 5 par nous ! - Et d'autres, un petit coup de cœur.
16:46 L'année dernière, l'association qui a été la plus appréciée par le jury,
16:56 s'appelle "Fight for Dignity".
16:59 - Combattre pour la dignité pour les non-anglophophones.
17:02 - Et en fait, c'est utiliser les arts martiaux,
17:07 non pas pour acquérir une technique de défense,
17:10 mais pour se réapproprier son corps.
17:13 - C'est malin, ça ! - Oui, et ça a été créé par une championne de karaté,
17:18 et donc ça nous est apparu extrêmement original.
17:23 Et en fait, on s'aperçoit que beaucoup, beaucoup, beaucoup,
17:28 d'associations cherchent à ce que les femmes puissent se réapproprier leur corps.
17:34 - Alors quand même, n'oublions pas votre actualité, c'est ça, c'est lundi 18 mars,
17:40 - Le lendemain prochain, très grande soirée.
17:42 - Théâtre du rond-point, c'est votre grande soirée annuelle,
17:45 je crois 700 personnes attendues, on a entendu tout à l'heure 120 dossiers
17:49 qui vous ont été déposés, et puis il y aura un certain nombre que vous allez aider.
17:53 Allez, dites-nous comment on peut suivre tout ça ?
17:55 - Alors, vous pouvez déjà, il y a une retransmission en direct,
17:58 de 19h à 20h30, sur www.dapat.fr, vous pourrez suivre en direct toute la cérémonie.
18:05 C'est une cérémonie où nous avons la chance d'accueillir la grande duchesse du Luxembourg,
18:09 qui a demandé à venir, parce qu'elle nous connaissait depuis deux sessions,
18:15 et que là, elle était motivée pour venir.
18:17 Nous allons remettre, en fait, 15 prix.
18:20 5 prix du jury, c'est des chèques de 15 à 10 000 euros pour chaque association.
18:26 Et ceux-ci, on ne va pas tous vous les donner, on n'aura pas le temps,
18:31 mais ils pourront les voir le lundi soir.
18:33 5, c'est les espoirs de Dapat, c'est nos coups de cœur,
18:36 les gens en qui on croit, et ils ont 10 000 euros chacun.
18:39 Et cette année, on a la chance d'avoir la société des membres de la Légion d'honneur,
18:42 qui se joignent à nous, pour donner une médaille,
18:45 pour dire à quel point les membres de la Légion d'honneur
18:48 donnent un coup de chapeau aux associations remarquables
18:52 qui travaillent depuis longtemps,
18:53 et qui sont peut-être un peu plus argentées que les premières associations,
18:57 qui n'ont pas forcément besoin d'un budget, mais qui ont besoin d'un encouragement.
19:00 Et j'ai trouvé ça formidable.
19:02 Donc voilà, nous avons ces trois types de prises cette année.
19:05 - Eh bien, il faudra regarder le 18 mars, et ça donne très envie.
19:09 En tout cas, votre couple magnifique, et ce que vous en faites...
19:14 - Et bravo, oui.
19:15 - Bravo, merci beaucoup.
19:16 Merci Daniel et Patrick de Giovanni, fondateurs de DAPAT,
19:19 Fondation de Donation pour soutenir les femmes en détresse.
19:22 Alors, il y a un site internet, et puis on peut faire des dons, si on a envie.
19:26 On est d'accord ? - Bien sûr.
19:27 - Ah, c'est pas interdit.
19:28 - Non.
19:29 - Il y a un module don.
19:30 Vous ne les rejetez pas, il n'y a pas de problème.
19:33 - Quand on reçoit des dons, on les remet immédiatement à des associations
19:37 qui connaissent la personne qui y a donné.
19:39 Parce que nous pensons que c'est bien plus intéressant
19:41 de mettre en relation la personne qui y a donné avec l'association qui reçoit.
19:46 - C'est ce qu'on appelle la traçabilité, ça c'est très important.
19:48 Dans un instant, le coût de la virilité, près de 100 milliards d'euros par an.
19:52 On va en parler avec l'autrice de ce livre, sorti en 2021, si je me souviens bien.
19:57 Lucille Pétavin sera avec nous, à tout de suite.
20:00 On vous souhaite la bienvenue, les vraies voix citoyennes, jusqu'à 20h
20:03 avec Aurélie Gros, Stéphane Pelay, le G500, cette ONG citoyenne
20:06 qui nous présente chaque semaine des engagements, des personnalités sur le terrain
20:12 qui font bouger les choses, même si c'est toujours un petit peu difficile là-haut,
20:16 mon cher Stéphane.
20:18 Et des propositions et des actions qui sont remontées
20:22 auprès des membres du gouvernement, en tout cas des services
20:27 pour faire avancer les choses, Stéphane Pelay.
20:29 - Ça avance bien, ça avance tellement bien que nos 40 résolutions,
20:33 dans quelques temps, on vous proposera une émission spéciale
20:36 où on vous racontera comment tout ça a avancé,
20:39 mais c'est vrai que ce n'est pas dans tous les secteurs.
20:41 On a entendu tout à l'heure une très belle expérience avec un hôpital
20:44 qui a financé finalement une expérience lancée par la fondation d'Apat.
20:48 Et là maintenant, on va se tourner vers Aurélie Gros,
20:51 qui va nous présenter un travail remarquable, mais je ne me sens pas à la hauteur.
20:57 - Non, j'imagine. Alors je vous présente ma lecture de ce week-end,
21:00 qui fait que j'ai beaucoup de grosses cernes parce que je l'ai lue toute la nuit,
21:05 qui s'appelle "Le coût de la virilité".
21:08 J'ai trouvé ça exceptionnel, c'est pour ça qu'on a le plaisir
21:11 de recevoir l'autrice Lucille Pétavin, qui a écrit cet ouvrage.
21:15 On l'a dit tout à l'heure dans le sommaire, on constate, d'après les chiffres,
21:20 que les hommes sont responsables de l'écrasante majorité des comportements asociaux,
21:24 donc que ça a un coût direct et indirect pour l'État,
21:27 et donc pour la société, et donc pour les citoyens.
21:30 Et Lucille, qui est historienne, est membre du laboratoire de l'égalité,
21:36 tente d'estimer ce coût pour la société,
21:40 et elle cherche à comprendre ses origines,
21:43 et se pose une question, alors une question qui ne va pas plaire forcément à tous les hommes,
21:48 mais n'aurions-nous pas intérêt à nous comporter, tous, hommes et femmes, comme des femmes ?
21:55 Donc, bonsoir Lucille, merci d'être avec nous,
21:59 et la première question c'est, comment vous est venue cette idée,
22:04 historienne certes, mais pourquoi, le coût de la virilité ?
22:09 Parce que moi je le suis régalé, je conseille aux hommes de le lire,
22:12 parce que ce n'est pas contre les hommes ce livre, pas du tout.
22:15 Je vous conseille tous de le lire. Lucille c'est à vous.
22:19 Merci, alors moi j'ai fait des études d'histoire sur le travail des femmes,
22:22 et je dois dire que j'étais frustrée,
22:25 parce que les chercheuses font beaucoup pour effectivement,
22:29 montrer quelle était la place des femmes, ce qu'ont fait les femmes,
22:32 pour avoir les mêmes droits, les mêmes opportunités que les hommes dans la société,
22:37 mais finalement on se tourne peu du côté des hommes,
22:40 on regarde peu les hommes, alors qu'ils sont effectivement responsables
22:44 de l'immense majorité de la violence faite aux femmes,
22:47 mais aussi de la violence dans l'ensemble de la société.
22:50 Et moi tout est parti d'une statistique que j'ai découverte,
22:53 alors vous l'avez dit tout à l'heure, c'est la population carcérale masculine,
22:57 qui représente 96,3% du total.
23:00 En fait les prisons aujourd'hui en France sont remplies d'hommes,
23:03 mais c'est la même chose partout, dans tous les pays.
23:06 J'ai vérifié statistiquement, et effectivement quand j'ai découvert cela,
23:10 je me suis dit, mais comment il est possible que moi qui travaille
23:13 sur la place des hommes et les femmes dans la société, je ne sois pas au courant ?
23:17 Comment se fait-il que ça ne fasse pas plus débat,
23:20 ça ne pose pas plus de questions ?
23:22 Alors je me doutais que le différentiel devait être un peu élevé,
23:24 mais dans ces proportions-là, effectivement,
23:26 c'est quand même quelque chose qui interroge et même qui choque, je dois dire.
23:30 - Mais une question qui se pose quand même,
23:33 comment vous la définissez-vous la virilité coûteuse ?
23:35 C'est trop de testostérone, c'est quoi ?
23:37 - Alors non, la testostérone n'y est pour...
23:39 - T'as volé ma question ?
23:41 - J'espère que vous ne porterez pas plainte pour votre délirier !
23:44 - Non, pas du tout !
23:46 - Ça commence !
23:48 - Alors la testostérone n'y est pour rien.
23:50 C'est vrai que c'est une idée reçue, véhiculée, qui est réchauffée,
23:54 qui revient sans cesse et qui finalement légitime la violence des hommes dans la société
23:58 et les "déresponsabilities" de leurs actes.
24:01 Comme si finalement, ils n'étaient pas capables de ne pas commettre de la violence
24:04 ou s'ils n'étaient pas capables de respecter tout simplement la loi, j'ai envie de dire.
24:08 Alors non, la testostérone, il y a des études récentes qui ont été faites en 2017
24:13 qui indiquent que chez un même individu, cette hormone,
24:16 elle peut être aussi bien liée à des comportements agressifs qu'à des comportements altruistes.
24:21 Et c'est d'ailleurs bien plus en adoptant des comportements agressifs que ce taux d'hormones augmente.
24:25 Et ça a été notamment corroboré par des études qui ont été faites sur des primates,
24:29 puisque les primates ont le même système hormonal que nous.
24:32 Et bien, ces chercheurs ont noté que par exemple, chez les chimpanzés,
24:37 où ce sont les mâles qui dominent et qui doivent avoir des comportements agressifs,
24:41 ils ont des niveaux de testostérone élevés,
24:43 alors que chez les bonobos, là où ce sont les femelles qui dominent,
24:46 et bien les mâles ont des niveaux de testostérone bas.
24:49 Et donc on voit comment cette hormone fluctue en fonction du rôle social dans lequel se trouvent les mâles
24:54 et n'est pas à l'origine de la violence.
24:57 Par rapport à la méthodologie de travail pour faire ce bouquin et pour les chiffres,
25:02 vous dites qu'effectivement vous avez fait un petit tour un petit peu partout dans le monde
25:05 pour finalement voir le même constat.
25:09 Les chiffres, ils viennent d'où finalement ?
25:11 Alors ce sont des chiffres officiels qui sont produits chaque année
25:14 par les ministères de la Justice et de l'Intérieur,
25:17 qui indiquent les taux de responsabilité des hommes et des femmes par type d'infraction.
25:21 Et pareil pour les budgets, budget de la Justice, budget des services de sécurité,
25:27 tout ça ce sont des statistiques officielles.
25:30 Le but de ce livre, c'est d'y trouver des solutions ?
25:33 Tout à fait. Alors déjà c'est de faire un constat,
25:35 et j'ai envie de dire de dépasser un point d'aveuglement,
25:38 parce que quand on parle de la violence,
25:40 on prend peu en compte finalement le premier critère
25:44 qui définit le profil des délinquants et des criminels, à savoir le sexe masculin.
25:48 C'est vrai qu'on a tendance par exemple à expliquer la violence
25:52 par un contexte social, par des discriminations,
25:55 mais jamais sans se dire que les femmes vivent aussi ce contexte social,
25:59 elles vivent davantage de précarité, davantage de discrimination,
26:02 et bien dans cette même situation,
26:04 elles commettent peu ou pas de faits de délinquance et de criminalité comparés aux hommes.
26:08 Et donc de prendre en compte ce critère du sexe masculin,
26:12 c'est virétablement pouvoir penser les vraies origines de la violence,
26:17 qui sont donc ces valeurs de virilité qu'on transmet aux hommes dès leur plus jeune âge.
26:23 Et on remonte très très loin bien entendu.
26:25 C'est-à-dire ?
26:26 Bah non mais dans l'histoire, dans notre histoire.
26:28 Ah oui oui, tout à fait.
26:30 Moi j'ai trouvé ça très intéressant, le temps des cavernes, le paléolithique,
26:33 Ah oui c'est vieux.
26:34 Non mais il aurait pu y avoir une bascule d'un côté comme de l'autre.
26:36 Mais l'analyse est plutôt intéressante je trouve.
26:39 Alors effectivement, parce que ça aussi c'est une idée reçue,
26:41 qui légitime la violence des hommes,
26:43 ça a toujours été comme ça, déjà au temps des cavernes, déjà au paléolithique.
26:47 Alors aujourd'hui ce que nous indiquent les paléohistoriens avec les méthodes modernes,
26:51 c'est qu'à cette période-là, -3 millions jusqu'à -12 000,
26:54 après on passe au néolithique,
26:56 les femmes aussi chassées, les femmes aussi avaient du pouvoir,
26:59 elles ne restaient pas dans les grottes à enfanter.
27:01 On a cette image figée qui nous vient du XIXe siècle,
27:05 des historiens à l'époque qui ont plaqué sur les traces archéologiques
27:08 qu'ils découvraient les propres représentations sociales de leur époque.
27:12 Par contre, ce que notent les paléohistoriens,
27:15 c'est qu'il y aurait une dégradation des conditions de vie des femmes,
27:18 donc au néolithique avec la sédentarisation des peuples de chasseurs-cueilleurs.
27:22 Et là ils ont noté sur les squelettes des femmes,
27:25 des traces beaucoup plus systématiques de violences, de pénuries,
27:28 et donc effectivement un changement dans les rapports entre les hommes et les femmes.
27:32 Et effectivement ça remonte à loin dans l'histoire,
27:36 mais ce que nous indiquent ces études,
27:38 c'est qu'il n'y a pas de fatalité biologique ou sociale à cette domination,
27:42 qu'elle est une construction culturelle et qu'on peut donc la déconstruire.
27:47 - Non mais quand même, il y a une question,
27:49 vous calculez le coût de la virilité, comment vous l'avez calculé ?
27:52 Parce que déjà qu'ils ont du mal à calculer le déficit de l'État,
27:55 c'est quand même assez rock'n'roll.
27:58 - Alors le coût de la virilité, ce n'est pas le coût des hommes.
28:00 Déjà ça je tiens à le dire.
28:02 - Déjà ça me soulève.
28:03 - Voilà, parce que bien souvent ça crispe un peu les hommes,
28:06 mais il faut savoir que le coût de la virilité, c'est ce que je disais,
28:08 c'est la façon dont on éduque les garçons à travers des valeurs viriles,
28:12 c'est-à-dire cette norme qui rassemble les attributs de force,
28:16 de puissance à la fois physiques et moraux,
28:18 et qui va pousser les hommes à se comporter en tant que dominants,
28:22 et donc à être surreprésentés dans la violence,
28:25 dans la haine, le rejet, le non-respect des règles,
28:28 au détriment de l'ensemble de la société,
28:31 des femmes bien sûr, mais des hommes eux-mêmes,
28:33 et ça c'est un point qu'on pourrait aborder et qui est important.
28:36 Alors ce que j'ai calculé, c'est la différence de cette éducation
28:40 entre les hommes et les femmes.
28:42 Donc en fait le coût de la virilité, c'est la différence entre les sommes
28:45 qui sont dépensées pour faire face aux comportements associaux des hommes,
28:48 et celles qui sont dépensées pour faire face aux comportements associaux des femmes.
28:52 En fait c'est un surcoût qui correspond à ce que la France économiserait
28:56 si les hommes se comportaient comme les femmes.
28:58 Et ce que j'ai calculé, c'est des coûts directs,
29:01 à la fois pour l'État, en termes de frais de justice,
29:03 de forces de l'ordre, de services de santé,
29:05 et puis des coûts indirects pour la société,
29:08 parce qu'il y a des souffrances physiques, psychologiques,
29:11 des pertes de productivité, des destructions de biens, etc.
29:15 Et donc à partir de ces différentiels de responsabilité
29:18 entre les hommes et les femmes pour chaque type d'infraction
29:21 et les budgets dépensés,
29:23 je suis arrivée à calculer par type d'infraction
29:26 le différentiel dépensé pour les hommes et les femmes.
29:29 - Eh bien vous nous coûtez une fortune, messieurs !
29:31 Il n'y a pas à rembourser maintenant, je vous l'ai tessuée !
29:33 - C'est chaud, distributeur de billets, je reviens !
29:35 - Pas assez cher mon fils !
29:37 Allez, Lucille Pettwins est avec nous, autrice,
29:40 le coût de la virilité.
29:42 On reste ensemble, et puis membre aussi de l'Observatoire
29:44 sur l'émancipation économique des femmes et de la fondation des femmes.
29:47 Allez, vous restez avec nous, on a encore quelques questions à lui poser,
29:50 et on est ensemble jusqu'à 20h.
29:52 - Aurélie Gros, Stéphane Pelet.
29:54 - Les vraies voies qui font bouger la France ?
29:57 Oui, en tout cas on espère !
29:59 Là, on est tombé sur un gros dossier quand même,
30:01 un très très gros dossier.
30:03 Je ne suis pas sûre qu'on trouve des solutions ce soir.
30:06 - Je pense que vu la tournure que ça prend,
30:08 je vais vous dire la prochaine fois que je ne suis pas un homme, Cécile.
30:10 - Vous avez comme quelqu'un sur une chaîne de télévision !
30:13 - Lucille Pettwins est avec nous, autrice de ce livre,
30:18 "Le coût de la virilité".
30:20 C'est forcément un petit peu cash et un petit peu provoque,
30:23 mais derrière, effectivement, il y a du travail,
30:26 membre de l'Observatoire sur l'émancipation économique des femmes
30:29 et fondation des femmes.
30:31 On vous le disait en ouverture,
30:34 on parle de près de 100 milliards d'euros par an,
30:37 alors ça comprend bien entendu pas mal de choses.
30:40 Vous le dites, et je reprends ce que vous disiez
30:43 il y a quelques instants pour ceux qui viennent de nous rejoindre,
30:46 que lorsque l'on traite la violence,
30:48 on le traite par le fait qu'ils habitent en banlieue,
30:53 que ce soit un problème d'affaires religieuses,
30:55 que ce soit... voilà.
30:56 Mais on ne le traite pas par le genre,
30:58 et c'est ce que vous essayez d'expliquer dans votre livre,
31:00 si j'ai bien résumé.
31:01 - Exactement, et c'est essentiel de prendre ce critère
31:04 du sexe des auteurs.
31:06 On veut véritablement viser les origines de la violence
31:09 et faire baisser la violence dans notre société.
31:12 Parce que tant que, par exemple, les politiques publiques
31:14 ne seront pas en saisie de ce problème,
31:17 je pense par exemple à l'exemple de la sécurité routière,
31:20 qui jusque-là faisait des campagnes sur l'alcool au volant,
31:23 la vitesse au volant,
31:24 oui mais sans jamais dire que les personnes
31:27 qui commettent des accidents à cause de la vitesse ou de l'alcool
31:30 sont dans l'immense majorité des cas des hommes.
31:32 Là, depuis la première fois l'année dernière,
31:34 ils ont fait une campagne en prenant ces statistiques
31:37 ventilées par sexe,
31:38 alors non pas du côté des auteurs, mais du côté des victimes,
31:42 puisqu'il faut savoir que 78% des morts sur la route
31:45 sont des hommes.
31:46 Ça aussi, c'est des conséquences des injonctions à la virilité,
31:50 c'est-à-dire que prendre des risques pour montrer sans cesse
31:53 qu'on est fort moralement, physiquement, dans la vie,
31:55 ça a un coût sur l'espérance de vie des hommes.
31:59 Et donc, effectivement, il faut absolument
32:02 que l'on adapte nos politiques publiques et nos outils
32:05 de lutte contre la délinquance et la criminalité
32:07 en retenant ce coût.
32:08 Mais comment faire alors ?
32:09 Alors, bon...
32:11 Parce que moi, j'ai pas de baguette magique...
32:13 Vous avez combien de temps là ?
32:15 Il faut changer le...
32:16 Sujet de philosophie, vous avez 4 heures.
32:18 Non mais il faut changer le logiciel, en fait, à la base.
32:20 Oui, et en fait, ce qui est intéressant,
32:22 c'est que les statistiques, elles nous indiquent la solution.
32:24 C'est-à-dire que quand on regarde les chiffres,
32:26 on voit que la moitié de la population,
32:28 à savoir les femmes qui représentent 51,6% de la population,
32:31 donc les femmes qui sont une majorité
32:33 mais traitées comme une minorité,
32:35 ont des comportements beaucoup plus pacifiques,
32:39 beaucoup plus altruistes,
32:40 elles respectent beaucoup plus les règles
32:42 de la société dans laquelle on vit.
32:44 Elles ne représentent que 17% des mises en cause par la justice.
32:48 Et cela parce qu'elles sont peu ou pas éduquées
32:50 à travers des valeurs viriles.
32:52 Elles reçoivent une éducation qui favorise davantage
32:54 l'empathie, le respect des règles, le respect d'autrui.
32:57 Et finalement, j'ai envie de dire,
32:58 mais la solution, on l'a sous les yeux,
33:00 on l'applique déjà pour la moitié de la population,
33:03 donc pourquoi ne pas le faire avec l'entièreté de la population ?
33:06 Pourquoi finalement, alors cette phrase,
33:08 elle fait un peu grincer des dents,
33:10 mais pourquoi ne pas davantage éduquer les garçons comme les filles ?
33:13 Et quand je dis ça, il y a un mépris du féminin,
33:16 et voilà, un homme ne doit surtout pas être une femme,
33:18 donc voilà, c'est quelque chose qui est déconsidéré,
33:21 mais on voit que finalement,
33:22 ça reviendrait simplement à donner une éducation
33:24 plus humaniste aux garçons,
33:26 et avec des conséquences tellement plus positives
33:29 pour l'ensemble de la société,
33:31 et c'est ce que nous faisons déjà avec les filles.
33:33 C'est la manière dont les parents éduquent leurs enfants,
33:36 qui seraient aussi mis en cause.
33:39 C'est-à-dire le jeune garçon qu'on protégerait plus
33:43 des tâches ménagères,
33:44 et la jeune fille qu'on enverrait plus faire les choses dans la maison.
33:47 Mais moi, on va être simple, regardez autour de la table
33:49 qui est père de famille,
33:51 vous Philippe qui avez une fille et un garçon,
33:53 ils sont pourtant très...
33:55 Ils ont été éduqués exactement de la même manière.
33:57 - Alors attention, après ils faisaient ce qu'ils voulaient,
33:59 moi quand ma fille voulait jouer à la poupée,
34:01 et mon fils disait "papa on va jouer au foot",
34:03 j'allais jouer au foot avec lui,
34:04 mais ils ont été éduqués.
34:05 Si ma fille, quand elle a voulu venir jouer au foot avec nous,
34:08 on l'a amené jouer au foot, c'est pas le problème.
34:10 Mais ils ont été éduqués de la même manière.
34:12 Par contre attention, moi mes gosses,
34:14 on me disait "mais comment t'as fait pour les éduquer ?"
34:15 Ils disaient "bonjour, au revoir, merci",
34:17 et s'ils ne le disaient pas,
34:18 ils entendaient parler du pays.
34:19 Et ça je pense que là, dans l'éducation,
34:21 il manque parfois un peu de virilité de certains parents.
34:23 - Ou d'autorité.
34:25 - Mais l'autorité ça peut être viril.
34:27 - Et les femmes peuvent être viriles.
34:29 - Oui, on est dans la station du rugby,
34:31 on fait le rugby féminin aussi.
34:33 - Lucie Pédavan, peut-être ce qu'il faut éviter,
34:35 y compris pour vous, par rapport à la qualité de votre travail,
34:37 c'est que d'un coup on pense qu'il y a LA solution.
34:39 On est d'accord, c'est une planète entière
34:42 qui a fonctionné et qui fonctionne encore comme ça.
34:45 Je le disais tout à l'heure en préparant cette émission,
34:47 c'est quand même incroyable,
34:48 on fait la guerre encore pratiquement tout le temps
34:50 au nom finalement de principes plutôt économiques
34:53 que sur des valeurs,
34:54 alors que normalement on devrait presque rentrer en guerre
34:56 avec le reste de la planète
34:57 quand on sait la situation des femmes
34:59 qui sont encore lapidées dans des pays
35:01 simplement parce qu'elles veulent participer au système d'éducation.
35:04 Ça devrait nous faire bondir,
35:05 on devrait déjà tous partir pour changer les choses.
35:08 Donc je pense qu'il faut saluer votre travail
35:11 en ce qu'il a de stimulant,
35:13 c'est-à-dire que vous avez déplacé les choses,
35:14 vous dites "Attention, on dépense en plus énormément d'argent
35:18 et finalement on passe à côté de la plaque".
35:20 Mais il y a un phénomène sur lequel j'aimerais bien que vous réagissiez,
35:23 c'est qu'on a dit à un moment que le monde,
35:25 ou en tous les cas une partie du monde,
35:27 notamment singulièrement l'Europe,
35:29 était devenue un peu moins violente.
35:30 Vous savez, c'est les années 70
35:32 où on commençait à constater
35:34 un monde dans lequel on réglait de moins en moins
35:36 les problèmes par de la violence.
35:38 Et puis les années 90,
35:41 probablement quand même avec d'autres critères,
35:43 une crise économique
35:44 et puis peut-être une violence à nouveau dans le monde
35:46 avec des États de plus en plus autoritaires,
35:48 à nouveau la violence devient l'arme numéro un
35:51 de règlement des conflits.
35:53 Alors effectivement, quand on regarde les questions de violence
35:55 dans la longue durée,
35:57 elle a diminué par exemple pour les règlements de comptes.
35:59 Effectivement, il y a moins de homicides.
36:01 Par contre, on voit qu'il y a d'autres types...
36:03 Ah non, ça a augmenté en France,
36:04 ça a augmenté, on a passé les 1000 morts l'an dernier.
36:06 Alors si on regarde sur la longue durée,
36:08 voilà, depuis les dernières décennies,
36:10 mais effectivement, il y a d'autres types d'infractions
36:13 qui augmentent, par exemple,
36:15 les vols à la tire
36:16 ou parce qu'on a de plus en plus d'objets
36:18 ou ce genre de choses.
36:19 Bon, il faut savoir qu'on augmente quand même
36:21 chaque année les budgets des ministères
36:23 de la Justice et de l'Intérieur.
36:24 Un milliard de plus pour l'année prochaine,
36:26 on va atteindre 27 milliards d'euros en plus.
36:29 Il y a une loi cadre qui est passée
36:30 pour les services de sécurité
36:32 jusqu'à 2027, 15 milliards d'euros en plus.
36:35 Donc oui, on peut dépenser, dépenser, dépenser.
36:37 Mais qu'est-ce qu'on fait pour prévenir cette violence ?
36:40 Voilà.
36:41 À quel moment on coupe le robinet,
36:43 on agit à la racine et on n'aurait plus
36:45 à dépenser ces dizaines de milliards d'euros chaque année
36:47 et des coûts humains aussi,
36:49 parce qu'il y a des victimes.
36:50 - Lucie Pétavin, ce qui est intéressant aussi,
36:52 c'est le religieux, en général.
36:55 - Mais il y a le religieux, il y a le politique,
36:57 il y a la culture.
36:59 Effectivement, tous ces systèmes
37:01 transmettent des valeurs viriles.
37:02 Et on voit même que dans certains pays,
37:04 davantage que d'autres,
37:05 il y a des situations des femmes qui sont dramatiques.
37:08 Mais ce n'est pas parce que ce sont des systèmes
37:11 qui sont effectivement bien implantés
37:13 qu'on ne peut rien faire,
37:16 parce que c'est du culturel.
37:17 Et on voit nous en France...
37:18 - Mais est-ce qu'on peut, pardon,
37:19 parce qu'il nous reste une minute trente-deux,
37:21 est-ce qu'on peut faire fonctionner
37:23 les mécaniques ensemble ?
37:24 Parce que si l'un fait des efforts
37:26 et que l'autre ne le fait pas,
37:27 on sera toujours déséquilibrés.
37:28 Mais est-ce que ça c'est possible ?
37:30 - Mais c'est possible !
37:31 - Est-ce qu'on peut entraîner la machine ?
37:33 - Alors, moi, aujourd'hui,
37:35 j'étudie ce phénomène à l'étranger.
37:38 Voilà, mon livre a été traduit, adapté en italien,
37:40 en suisse.
37:41 Là, je suis intervenue en Australie
37:43 il y a une semaine.
37:44 Donc, en fait, ces mécanismes,
37:46 ils sont les mêmes partout.
37:47 Donc, bien sûr, si la logique est la même,
37:49 voilà, il faut qu'on ait conscience du problème.
37:53 Et si on ne commence pas,
37:54 en fait, on n'y arrivera pas.
37:55 Donc, oui, c'est colossal,
37:57 mais en même temps...
37:58 - Il ne faut démarrer pas quelque chose.
37:59 - Exactement.
38:00 - Est-ce qu'il y a un pays dans le monde
38:01 qui est plus valeureux que d'autres ?
38:03 - Alors, il y a les pays du Scandinave
38:05 qui sont sur les questions d'égalité,
38:07 plus en avance sur le partage
38:09 de la parentalité,
38:10 les questions de salaire, etc.
38:12 Mais sur la question des violences,
38:14 ça reste encore compliqué.
38:16 Il y a des études qui montrent
38:17 que les niveaux de violences conjugales
38:19 sont plus élevés en moyenne
38:21 que dans le reste de l'Europe,
38:22 mais c'est aussi parce que les femmes parlent
38:24 et que leur parole est prise en compte.
38:27 Après, ce sont des pays dans lesquels
38:29 les petits garçons ont les mêmes objets culturels.
38:31 C'est-à-dire qu'ils vont regarder les mêmes films
38:33 avec les héros qui vont commettre la même violence.
38:35 Et il y a des études de sociologie
38:37 qui montrent que ces petits garçons
38:39 développent une appétence pour cette violence,
38:40 s'identifient à ces personnages.
38:42 Donc oui, ça doit être une approche globale.
38:44 - Merci mille fois d'avoir été avec nous,
38:46 Lucille Pétavin, autrice de ce livre
38:48 "Le coût de la virilité",
38:50 toujours en vente, on est d'accord ?
38:51 - Tout à fait, en livre de poche.
38:53 - Visiblement que ça cartonne.
38:54 Membre de l'Observatoire sur l'émancipation économique
38:56 des femmes et de la Fondation des femmes.
38:59 - Merci à vous, Cécile.
39:00 On se retrouve demain 17h pour les vrais...
39:02 - Et merci à Daniel Patrick de Téhémani.
39:04 - Merci à Jovanny de Dappad,
39:05 Fondation pour souvenir les femmes en détresse.
39:07 Merci à vous et merci à Alain Caillot
39:09 qu'on a eu de président de l'association Moulin du Pont-Ru.
39:11 - Merci Aurélie Gros, merci Stéphane Pelé,
39:13 merci à notre équipe.
39:14 Et on se retrouve demain à partir de 17h.