Le cardinal et évêque de Corse est l'invité de Léa Salamé à 9h20, à quelques jours de la visite du pape François sur l'Île de Beauté, le 15 décembre prochain. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-09-decembre-2024-4558019
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00:00Et Léa, ce matin, vous recevez un cardinal !
00:02Bonjour Monseigneur François Bustillot !
00:05Bonjour !
00:05Bonjour et bienvenue et merci d'avoir accepté notre invitation ce matin sur Inter
00:10alors que vous êtes très très sollicité par les médias à quelques jours de la visite historique du Pape François à Ajaccio.
00:17C'est vous qui l'avez convaincu de venir, vous allez nous expliquer comment vous avez fait.
00:21Mais d'abord, vous aimez les rites, j'ai mes questions rituelles à chaque début d'interview Monseigneur Bustillot.
00:27Si vous étiez un saint, un film, une cathédrale et un pays, vous seriez qui, vous seriez quoi ? Le saint d'abord.
00:34Un saint, Saint François d'Assise.
00:37Et oui, pourquoi ?
00:39Parce que c'est l'homme qui a subi ma vie, c'est l'homme qui a appliqué l'évangile à sa manière, d'une manière originale.
00:47Il a montré à l'humanité un idéal puissant.
00:51Voilà, il y a la simplicité, la fraternité, la pauvreté, l'essentiel, le sens de l'essentiel, de la liberté.
00:56C'est un homme qui m'a toujours touché.
00:57Un film ?
00:59Un film, Le Seigneur des Anneaux, où il y a un parcours, il y a un itinéraire, il y a un chemin, il y a des combats, il y a des luttes.
01:05Il faut lutter et aimer comme dans la vie.
01:08Il y a des paysages magnifiques, il y a toujours l'espérance, il y a toujours aussi une aspiration et un émerveillement.
01:15Un pays, si vous étiez un pays ?
01:17La Nouvelle-Zélande, un pays où il y a assez loin, avec des paysages magnifiques
01:25et avec beaucoup d'austérité.
01:28Ni la France, ni l'Espagne, ni l'Italie, vous choisissez la Nouvelle-Zélande, d'accord.
01:32Vous évitez les pièges.
01:33Et on termine par la cathédrale.
01:35C'est une question de pièges ?
01:36Absolument.
01:37La cathédrale, c'est la cathédrale de Sienne.
01:39J'aime beaucoup la cathédrale de Sienne en Italie, avec le gothique italien magnifique.
01:44La cathédrale de Sienne donc, vous n'avez pas cité.
01:46La cathédrale qu'on a tous en tête depuis ce week-end, Notre-Dame de Paris,
01:50qui a rouvert ses portes cinq ans après avoir été dévastée par les flammes
01:53et après un chantier hors normes.
01:55Vous n'y étiez pas, vous étiez à Rome ce week-end.
01:57Mais avez-vous vu les images de la cathédrale de Notre-Dame de Paris ?
02:01Qu'est-ce qui vous a marqué ?
02:02Mais quel bonheur de voir une cathédrale réparée et voir un peuple qui se retrouve,
02:09qui se rassemble.
02:10Voilà, avec tout ce que nous vivons depuis le mois de juin, des tensions, crispations,
02:14divisions.
02:15Voilà, voir au mois de décembre un temps de communion, d'unité, d'espérance où
02:19il y avait des politiques, il y avait le milieu politique, il y avait le milieu économique,
02:23les mécènes, il y avait les compagnons, les pompiers, les catholiques.
02:29Un peuple rassemblé pour un but commun, réparation et vision.
02:34Je pense que dans notre société, on a besoin de la réparation et de la vision.
02:37La vision d'un lieu de culte qui est magnifique, qui est beau, qui suscite l'émerveillement,
02:43l'admiration et l'élévation.
02:45Il me semble que dans notre vie, dans notre société, on a besoin de sortir un peu de
02:49la peur, de la gestion, même s'il faut être toujours responsable, et viser l'élévation,
02:55la réparation, la vision.
02:57On a besoin de voir loin.
02:59Il y a eu une grande cérémonie religieuse, profane aussi avec des chanteurs qui ont chanté
03:02lors d'un grand concert, dont Angélique Kidjo qui a interprété Jérusalem-Mar.
03:15Il y avait une cinquantaine de chefs d'État étrangers ce week-end à Paris, dont Donald
03:37Trump, Wladimir Zelensky, mais il y avait un absent de poids à cette cérémonie.
03:41Monseigneur Bustillot, le pape François, vous avez compris sa décision de ne pas se
03:45rendre à Paris pour la réouverture de Notre-Dame, alors que la France, c'est la fille aînée
03:49de l'Église.
03:50Alors le pape, il avait un consistoire à Rome, mais vous le savez, il a été présent
03:56par une lettre qui a été lue, avec un contenu très beau, et il a participé à sa manière
04:03à cette célébration.
04:04Je pense qu'on a vu, comme vous l'avez dit, des chanteurs, de l'animation, il y avait
04:08du culte, de la culture, de la convivialité.
04:11C'était un beau moment, et le pape, il était absent, physiquement, mais pas affectivement,
04:17spirituellement.
04:18Oui, mais vous savez que ça a contrarié beaucoup de monde, dont Emmanuel Macron qui
04:20attendait le pape François à Notre-Dame de Paris.
04:23Il ne vient pas, et qu'est-ce qu'on apprend en plus ? Qu'il vient en France, une semaine
04:27plus tard, en Corse, chez vous, donc, pour la première fois de l'histoire de la papauté,
04:32c'est historique cette visite de dimanche en Corse, vous comprenez que ça a pu contrarier.
04:37Je pense qu'il est tout à fait légitime qu'on puisse avoir des réactions contrariées
04:42par rapport au choix du pape.
04:43Mais, en même temps, vous le savez, le pape est un homme très libre, et il a sa volonté.
04:48Il aime la Méditerranée.
04:50La Corse n'est pas loin de Rome, on est à 350 kilomètres, donc ça va vite.
04:56Mais c'est un message, je préfère aller en Corse que dans des capitales politiques.
05:01Vous savez, on dit que le pape n'aime pas la France, mais il n'est pas allé en Allemagne,
05:06il n'est pas allé en Espagne, il n'a pas visité des grands pays catholiques.
05:08Il a fait un choix, alors je ne suis pas dans son intelligence, et dans sa volonté, dans
05:14son agenda.
05:15S'il a fait un choix, c'est parce qu'il a considéré qu'il pouvait apporter quelque
05:18chose de périphérique.
05:19Souvent, on a opposé.
05:21Paris, on a vu, je le dis, un match entre l'île de France contre l'île de beauté.
05:27Mais en fait, il n'y a pas de match, ou le président Macron contre le pape.
05:32Au lieu d'opposer, il faut se réjouir d'avoir deux moments au centre.
05:36Paris, Notre-Dame, la France, l'ouverture de la cathédrale, on donne une âme, on redonne
05:43une âme à Paris.
05:44Et de l'autre côté, la périphérie, la Corse.
05:48Une île un peu simple, pauvre, loin du centre, mais en même temps avec un potentiel humain,
05:55spirituel extraordinaire.
05:57Alors il faut se réjouir de ces deux événements.
05:59Mgr Bussiot, comment vous avez fait ? On sait que le pape est âgé.
06:02Il voyage très peu.
06:03Comment vous avez fait pour le convaincre de venir en Corse ?
06:07Alors, je n'ai pas trop insisté pour qu'il vienne.
06:12Vous savez, tous les évêques, ils vont le voir, ils lui disent, tiens, pape François,
06:18vous pourrez venir visiter mon île, visiter mon diocèse.
06:21C'est magnifique.
06:22Ils viennent tous lui dire.
06:23Et pourquoi il a dit oui ?
06:24Tout le monde lui dit.
06:25Pourquoi vous ?
06:26Écoutez, parce qu'on n'est pas loin.
06:27Et moi, je pense qu'il y a un facteur.
06:28Il n'est pas loin, ça va.
06:30Bon, on est en Méditerranée, Jean-Paul II, Benoît XVI et François, ils sont allés
06:36tous en Sicile, en Sardaigne, ils ont visité l'île de Malte, de Chypre, partout.
06:42En Corse, jamais un pape n'est venu et on est à côté.
06:46Alors, on a des traditions et vous le savez, le pape, il aimait bien toute cette tradition
06:50un peu simple où on marche, où il y a des processions, où il y a des chants, où il
06:55y a une proximité entre l'autorité et le peuple.
06:59Il aimait ça et donc je pense que c'est un des facteurs qu'il s'est dit, je vais venir,
07:04je vais voir ces processions, je vais me placer au milieu de ce peuple, une autorité qui
07:10n'est pas à l'extérieur ou au-dessus, mais au milieu de son peuple qui marche.
07:14Oui, il y a vous aussi.
07:15Le facteur vous, c'est-à-dire, on dit que vous êtes le chouchou du pape, que vous êtes
07:22un de ses préférés.
07:23Il ne faut pas croire à tout ce qu'on dit.
07:24Oui, oui, oui.
07:25Ça vous vaut des ennemis dans l'église, monseigneur Bustillot, mais vous avez quand
07:30même une relation spéciale avec le pape qui vous a créé cardinal il y a un an et
07:35qui a préfacé votre dernier livre « Le cœur ne se divise pas » chez Fayard.
07:40Quel homme est-il et comment vous avez réussi à créer cette relation spéciale avec lui ?
07:44On a un lien de confiance, déjà, et on a partagé certaines idées par rapport à l'église.
07:51Je pense que dans mon livre, quand je parlais des prêtres, j'ai dit d'une manière assez
07:56tonique, parce que je le crois profondément, que souvent aujourd'hui, je parlais aux prêtres,
08:01ça s'applique à tout le monde, souvent aujourd'hui, l'église, quand on regarde
08:04l'église, on a le syndrome de « caliméro ». Ça ne va pas, on n'est peu nombreux,
08:09il n'y a que des mémés à la messe, on n'a plus de vocation, c'est la catastrophe.
08:13Et puis elle est bousculée par les scandales sexuels.
08:17Les scandales, voilà.
08:18Donc on est dans une logique un peu de lamentation.
08:20Je pense que justement, le propre de l'église et d'un homme de foi, ce n'est pas de
08:24se plaindre.
08:25L'église ne doit pas faire pleurer, mais l'église doit faire rêver.
08:28Regardez Notre-Dame, elle fait rêver, tout le monde serait trouvé.
08:32Elle fait de moins en moins rêver, aussi, l'église.
08:36Vous avez été marqué par ça, en commençant votre mission en France, notamment.
08:41Je vais parler de votre vie, puisque vous êtes né en Espagne, vous êtes espagnol,
08:44vous avez fait vos études en Italie, mais vous avez choisi la France, il y avait quelque
08:48chose dès le début, à Narbonne, à Toulouse, à Lourdes également et maintenant en Corse.
08:52Vous dites, j'ai été marqué par la déchristianisation de la France.
08:56Mais c'est magnifique, c'est un défi magnifique.
08:59Quand on parle d'un pays déchristianisé, sécularisé, cela signifie qu'au lieu de
09:04se plaindre, de dire, oh là là, les gens ne viennent pas à la messe, c'est catastrophique.
09:07Tu vas te dire, qu'est-ce que tu peux faire, non pas pour qu'ils viennent à la messe,
09:11mais pour avoir un contact avec les personnes, pour qu'il y ait des liens simples.
09:15Et nous devons parler de l'Évangile, parce que l'Évangile n'est pas connu.
09:18Qui connaît aujourd'hui Jésus et l'Évangile ? L'Église, les scandales, l'Inquisition,
09:23les croisades, on connaît.
09:24Mais qui connaît Jésus ? Ce qu'il a dit, ce qu'il a fait ? Aujourd'hui, les jeunes
09:29de 20 ans, 30 ans, ils sont vierges, presque, d'un point de vue religieux, ils ne connaissent
09:33pas.
09:34Et en même temps, ils sont fascinés par un homme qui a dit, il y a 2000 ans, aimez-vous
09:37les uns les autres, aimez vos ennemis, donnez, pardonnez, ne jugez pas, ne condamnez pas.
09:41Pour moi, ces paroles ne sont pas des paroles poétiques ou du domaine de la sémantique.
09:47Ce sont des paroles qui ont du sens pour une société crispée, violente comme la nôtre.
09:51Une société crispée et violente, et une société, Jérôme Fourquet l'explique dans
09:55son bouquin, qui reste spirituelle, mais qui a une spiritualité différente.
09:59On choisit le psy, le coach, le prof de yoga, les sorcières, la mode des sorcières, et
10:05moins le prêtre.
10:06Comment vous l'expliquer et comment lutter contre ça ? Vous, vos églises, elles sont
10:09pleines en Corse, ça a dû jouer aussi, vous faites le plan, mais il y a beaucoup
10:13d'églises où elles ne sont pas pleines, comme vous disiez, il y a des mémés.
10:17C'est vrai, mais aujourd'hui, il y a un retour.
10:19Même si on adore les mémés.
10:20Ah oui, les mémés, ils sont adorables parce qu'ils sont fidèles, et dans la fidélité,
10:23il y a toujours une fécondité.
10:24Mais il y a aussi des jeunes qui aujourd'hui se posent des questions, et ils cherchent,
10:29ils partent en Inde, ils partent en Amazonie, je ne sais pas où, mais ils cherchent des
10:32réponses.
10:33Ils viennent te parler, moi, dans l'avion, dans les aéroports, dans des lieux comme
10:36ceux qui ne sont pas des chapelles, vous voyez, des lieux publics et profanes.
10:40Ils voient un curé, ils posent des questions, et d'une manière très directe.
10:44Donc, la jeunesse d'aujourd'hui est un peu vierge d'un point de vue religieux,
10:49mais il y a un certain vide spirituel, mais il y a une quête de sens, il y a une quête
10:54de point de repère, il y a une quête aussi des modèles pour avancer, pour croire et
10:58pour espérer.
10:59Alors, comment on prépare une visite du Pape ? J'imagine que c'est une logistique
11:03énorme, on attend 100.000 personnes en Corse, qui comptent habituellement 350.000 habitants,
11:09donc vous allez avoir beaucoup de monde, les avions sont pleins, les hôtels sont pleins
11:13ou les gens ne peuvent pas encore venir ? Tout est plein, mais c'est merveilleux.
11:18Vous voyez, le Pape vient en Corse, on doit préparer la logistique, on doit préparer
11:22l'accueil, on doit préparer le côté matériel, le côté économique, le côté pratique.
11:27Vous avez repeint la cathédrale, il y a du travail qui a été fait.
11:32La ville est en train de faire plein de travaux, la collectivité des Corses s'applique pour
11:38faciliter les mouvements, les voyages et l'accueil, donc je vois que la préparation n'est pas
11:44que le côté matériel, mais les Corses sont heureux, il y a de l'espérance, de l'effervescence,
11:49les gens sont pleins d'enthousiasme.
11:51Voilà, à 10 jours de Noël, on reçoit le Pape, la première fois dans l'histoire,
11:56et donc je vois que les familles, l'autre jour, un couple m'a dit « je viens avec
12:00mon fils de 10 ans, je veux que quand il aura 50 ans, le peuple puisse dire « le Pape est
12:04venu en Corse, j'y étais, j'y étais ».
12:06On va les écouter les Corses qui sont très heureux au micro de France Bleue.
12:10C'est merveilleux, en tout cas quand on a eu Napoléon, on va voir le Pape.
12:14Moi j'habite là, je suis à plein de vues, je vais le voir sortir de la cathédrale.
12:18Ajaccio, parce que déjà on a Mgr Boustillot, et puis Ajaccio c'est incomparable, quand
12:23on voit notre cathédrale, quand on voit notre golfe, le Pape a compris où il devait venir.
12:28J'attendais cette nouvelle, et elle est arrivée, enfin, pour l'histoire de la Corse, c'est magique.
12:36Ils sont heureux, Emmanuel Macron va y être ?
12:38Il y sera.
12:39Il va rencontrer le Pape ?
12:40Oui, il va le rencontrer.
12:42Et il y a le point d'orgue, ce sera la messe, c'est ça ?
12:45La messe c'est le moment de rassemblement, justement sur les dimanches, en plus, coïncidence,
12:49heureuse, c'est le temps de l'Avent, on prépare Noël sur les dimanches qu'on appelle
12:52de la joie.
12:54Et donc, le Pape, il va faire une messe, célébrer une messe, où on va se retrouver, des gens
12:59très différents, de droite, de gauche, avec des sensibilités très différentes,
13:03mais on se retrouve pour un moment fédérateur, où on va chanter, où on va écouter la parole
13:09d'un pasteur, d'un guide, vous parlez des coachs, voilà, on a besoin des guides,
13:14mais des guides bienveillants, et des guides éclairés et lucides.
13:18On sait qu'il a souvent des mots très forts sur les migrants, le Pape François, il a
13:22toujours rappelé que la Méditerranée est en train de devenir un cimetière humain,
13:27est-ce qu'il va avoir un mot sur les migrants, ou il ne faut pas attendre ça dimanche ?
13:31Je ne sais pas s'il va parler de ça, parce qu'on sait, le Pape, il tient beaucoup à
13:36humaniser notre société.
13:38Quand il a parlé des migrants, il a dit que la Méditerranée devait être un cimetière,
13:42ce sont des paroles dures, mais son combat est toujours le même, humaniser notre société,
13:47là où nous sommes, en Méditerranée et ailleurs.
13:50Je trouve, et le Pape le dit souvent, qu'il y a de plus en plus de violences, des guerres,
13:54des combats, et il n'y a pas assez d'hommes et des femmes qui proposent quand même une
14:00voie différente sur la paix, sur la bienveillance.
14:02On est durs, intransigeants, et on voit toujours ce qui ne va pas, il n'y a pas assez de personnes
14:08qui disent, tiens, là on pourrait faire quelque chose de merveilleux.
14:10Il va circuler en papamobile ?
14:12Oui, il va circuler en papamobile, donc il va passer au milieu des foules, et c'était
14:17notre souhait, et son souhait, d'être présent au milieu du peuple de Dieu.
14:22Combien ça va coûter ?
14:23Combien ça coûte une telle visite ?
14:24Alors, je ne saurais pas vous dire d'une manière, je ne vais pas mettre des chiffres.
14:28Et qui paye ?
14:29Ça coûte, c'est le diocèse, mais aussi il y a la participation de toutes les institutions
14:35qui sont à côté.
14:36Alors, on m'a souvent posé la question, combien ça coûte ?
14:39Mais nous, on a le devoir de préparer, d'accueillir, alors je vais vous donner trois éléments,
14:45il faut accueillir la délégation du pape et tous les évêques qui viennent du continent,
14:49il faut accueillir.
14:50Ensuite, il faut adapter les lieux de la célébration, ça prend du temps et ça coûte de l'argent,
14:56et il faut surtout, et c'est le domaine le plus important, la communication, comment
15:00les personnes qui seront là, qui puissent voir la célébration, écouter la célébration
15:05et suivre la célébration.
15:06Et ça coûte cher.
15:07Donc, des centaines de milliers, des millions d'euros dépensés ?
15:10Oui, voilà.
15:11Donc, nous, on a demandé aux Corses et aux amis de la Corse.
15:14Vous avez eu des dons ?
15:15Vous avez eu beaucoup de dons, les gens sont très généreux, on attend encore, mais on
15:19est dans une logique d'attente et de générosité.
15:21Les Corses qui étaient si fiers, il y a un an, pour la première fois, d'avoir un de
15:24leurs évêques créés cardinal, élevés au rang de cardinal, ça aussi c'était une
15:27première fois, ils vous ont accompagnés en masse, devant la basilique Saint-Pierre,
15:32800 Corses, trois avions affrétés pour venir assister à ce moment-là, il y a une véritable
15:37bustillomania en Corse, ils vous adorent, est-ce que ça marche ?
15:42Vous êtes très populaire, vous êtes médiatique, même si vous choisissez vos interventions
15:47dans les médias.
15:48Cette gloire médiatisée, est-ce que ce n'est pas un piège pour un homme d'église dont
15:50la mission est l'humilité, Mgr Bustillot ?
15:52Moi, je pense que dans ce domaine-là, il faut être, je vais utiliser un terme très
15:55églésiastique, mais il faut être très chaste et détaché.
15:59M.
16:00Francisquin, il y a le côté détaché de Saint-François, on peut te flatter aujourd'hui
16:04et te tuer demain.
16:05Donc, il faut prendre les choses avec beaucoup de liberté, avec beaucoup de détachement
16:10parce que le but de ma vie n'est pas d'être dans les médias, le but de ma vie c'est d'aimer
16:16un peuple qui m'a été confié, de me donner et de donner le meilleur de moi-même.
16:20Alors, si un jour il faut passer par des émissions, radio, télévision ou autre, on les fait,
16:26mais cela fait partie d'une partie du parcours, mais ce n'est pas le centre de ma vie.
16:30Et ce que vous aimez le plus, c'est la proximité, c'est-à-dire que vous passez votre temps
16:33à circuler, à sillonner la Corse du nord au sud, pour bénir tout le monde, vous bénissez
16:39les bébés, les fêtes de village, vous bénissez même le crédit agricole, le nouveau siège,
16:45vous êtes allé le bénir récemment, les bateaux, vous les bénissez.
16:49Ça c'est le côté Corse.
16:51Moi, je venais du continent, donc j'étais beaucoup plus sceptique par rapport à la bénédiction
16:57dans des espaces qui ne sont pas religieux.
16:59Mais en Corse, c'est normal.
17:01Et quand je dis que c'est normal, il y a le côté convivial, la bénédiction d'un bateau,
17:06d'un avion, voilà, mais on demande toujours à un prêtre de bénir.
17:11Et par la bénédiction, on veut qu'il y ait une présence bienheureuse, heureuse.
17:15Et donc vous le faites.
17:16Les impromptus, pour finir, vous répondez très rapidement sans trop réfléchir, à
17:19X ou à Instagram ? Parce que vous êtes sur les réseaux sociaux.
17:23Instagram.
17:24Instagram, je prends.
17:26Le plus dur, c'est le vœu de chasteté ou le vœu de pauvreté ?
17:29Je pense que c'est les deux, mais dur, c'est un choix.
17:34C'est un choix.
17:36Dur, je ne sais pas.
17:37Faut-il faire payer l'entrée dans les cathédrales, comme c'est le cas dans votre
17:40pays natal, en Espagne ?
17:42Je crois que les catholiques méritent des lieux où ils sont libres d'entrer pour prier.
17:48Une cathédrale n'est pas un musée, elle a besoin de soutien, certes, mais elle a
17:52besoin aussi de liberté pour se restaurer et se réparer intérieurement.
17:56Le sacrement que vous préférez donner ?
17:58La confession, libérer les personnes et encourager les personnes.
18:04A quelle heure vous priez le mieux ?
18:05Le matin.
18:06Le matin de tôt.
18:08Corse du Sud ou Corse du Nord ?
18:09Piège.
18:10La Corse.
18:11Et pour terminer, je ne vous pose pas la question Jacques Chancel que je pose traditionnellement,
18:17et Dieu dans tout ça, puisqu'on en a parlé beaucoup, mais ma dernière question c'est
18:21« Et pape, c'est pour quand ? »
18:23Écoutez, moi je suis novice, donc il y a un an que je suis cardinal, donc je pense qu'il
18:29y a des personnes qui sont beaucoup mieux placées que moi, qui ont plus d'expérience,
18:33qui ont plus de bouteilles et qui pourront répondre avec plus de solidité à une responsabilité
18:38si importante et si exigeante dans l'Église.
18:41Mais vous allez pouvoir voter la prochaine fois puisque vous faites partie des 137 cardinals
18:45du Nord ?
18:46Tous les cardinals, vous le savez, sont faiseurs des papes et papabiles, donc on participera
18:49avec responsabilité.
18:50Donc vous êtes papabilé, ça peut tomber sur vous ?
18:53Même les évêques sont papabiles, tout le monde pourrait être pape.
18:58Merci beaucoup Mgr Boustillet, on va suivre évidemment sur Inter comme dans tous les
19:02médias cette visite historique du pape en Corse, ce sera dimanche.
19:05Et je précise que Corse Matin fait un travail remarquable depuis plusieurs jours, tous
19:09les jours, tous les jours, tous les jours, pour attendre cette visite papale.
19:13Merci, très belle journée à vous, je crois que vous allez à Notre-Dame ?
19:15Je vais à Notre-Dame, après Rome c'est Notre-Dame, on va honorer la cathédrale.
19:20Merci pour votre accueil.
19:21Et merci Léa H.