Lundi 9 décembre 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)
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00:00Le dernier quart d'heure de Smartboard chaque lundi, c'est le quart d'heure américain.
00:08Nous retrouvons notre correspondant américain Pierre-Yves Dugas en visioconférence avec
00:12nous.
00:13Bonsoir Pierre-Yves, bienvenue.
00:14Merci beaucoup d'être avec nous, fidèle à ce rendez-vous de début de semaine pour
00:18revenir sur ce qui a marqué l'actualité américaine des derniers jours.
00:22On va parler bien sûr de politique et la présence de Donald Trump à Paris ce week-end
00:27montre qu'il est presque déjà aux commandes de la politique américaine.
00:31Avant cela, revenons sur ce qui s'est passé il y a quelques jours de cela je crois maintenant
00:35à New York, dans les rues de New York, un assassinat qui fait parler, puisqu'on parle
00:42de l'assassinat du patron de United Health Care, qui est le plus gros assureur santé
00:48privé des Etats-Unis si je ne dis pas de bêtises, Pierre-Yves, l'un des plus gros
00:51en tout cas.
00:52Oui, ils ont à peu près 15% de parts de marché, c'est une société considérable
00:57qui fait partie des 30 valeurs du Dow Jones depuis 2012, 500 milliards de dollars de
01:05capitalisation, un EBITDA de 36 milliards de dollars, plus de 400 000 employés, plus
01:14de 50 millions de clients, dont votre serviteur, j'ai là ma carte de United Health Care.
01:21Je reviendrai sur leur business model qui est exceptionnel, une affaire qui ne fait
01:27pas de la publicité pour le tourisme à New York, puisqu'il est abattu tôt le matin
01:31dans la rue, Brian Thompson, le patron de cette société, devant l'hôtel Hilton de
01:39Midtown où se réunissait des analystes financiers pour écouter la présentation réservée aux
01:47investisseurs.
01:48Il y a quelques minutes, on apprenait d'ailleurs que la police de Pennsylvanie a arrêté
01:54quelqu'un qui est armé d'exactement le même pistolet employé pour tuer M. Thompson
02:05et qui, sans plus-t-il, répond au signalement de cet individu qui a été filmé par toutes
02:09les caméras en circuit fermé de New York.
02:15Je pense que, d'un point de vue purement criminel, l'affaire est en train de s'accélérer.
02:20Elle a une répercussion sur la discussion générale, sur le débat politique américain
02:26et peut-être aura-t-elle un effet sur la réglementation et sur la manière dont le
02:34nouveau congrès populiste, quand il se mettra en place l'an prochain, abordera la question
02:40de la santé, grand sujet qui a été largement occulté pendant la campagne électorale parce
02:45que les Républicains n'ont pas d'alternative à proposer à Obamacare et que les Démocrates,
02:51Kamala Harris en particulier, n'osaient pas aller jusqu'au bout de ce qu'elle voulait
02:57il y a quelques années, c'est-à-dire, en gros, nationaliser le système d'assurance
03:02maladie aux États-Unis.
03:04Donc, devant ce sujet qui était devenu tabou, plus personne n'en parlait, mais tous les
03:09sondages montrent que les Américains ne sont pas satisfaits de leur système d'assurance
03:14maladie, même quand leur employeur en finance une grande partie.
03:19Je peux vous expliquer mon cas personnel qui reflète celui de beaucoup d'individus aux
03:24États-Unis et vous vous rendrez compte que le système français d'assurance maladie,
03:30en dépit de tous ces problèmes, d'un point de vue financier, vous coûte quand même
03:35beaucoup moins cher, Grégoire.
03:38Je prends le point avec plaisir, venant de vous en plus, alors là, c'est un délice.
03:44Si je vous dis que je paye 600 dollars tous les mois, attendez, pour avoir le droit de
03:57dépenser les 8250 premiers dollars de mes frais médicaux, c'est-à-dire j'ai une franchise
04:07de 8250 sur 12 mois, en plus de ces 600 dollars multipliés par 12 que je dois payer, vous
04:18pourriez penser qu'une fois que j'ai dépensé, et pas où je le souhaite d'ailleurs, uniquement
04:23dans un réseau de médecins et d'hôpitaux, qu'au-delà de ces 8250 dollars, je serai
04:33enfin assuré.
04:34Ah non, il ne faut pas exagérer, il faut penser aux actionnaires ! J'ai un plafond
04:42de 9450 dollars, c'est-à-dire qu'au-delà de la franchise, il y a encore des choses
04:49que je vais devoir payer, 10% par-ci, 20% par-là, un copaix, etc., mais quand même,
04:56le plafond absolu est atteint quand j'aurai dépassé 9450 dollars, autrement dit, ça
05:04me coûte cette affaire à peu près 20 000 dollars par an.
05:08Comment ça se fait qu'effectivement ce sujet soit aussi mal traité par la classe politique
05:13américaine et Trump qui promet de la dérégulation à tous les étages, etc., etc., comment il
05:21va pouvoir se positionner par rapport à ça ? Parce que je le vois dans la presse américaine,
05:25l'assassinat du patron d'United Health pose un nombre de questions importantes, ne serait-ce
05:29que déjà sur la sécurité d'un patron dans les rues de New York, etc., mais ça remet
05:34effectivement la lumière sur ce que vous disiez, un système d'assurance santé privée
05:39qui est décrié par l'ensemble des Américains.
05:41Alors, l'Amérique vieillit et de plus en plus d'Américains atteignent un âge, votre
05:48serviteur s'en approche, où ils deviennent éligibles au régime national, fédéral,
05:56de couverture d'assurance maladie qui s'appelle Medicare et qui ressemble à la sécurité
06:01sociale et il n'y a pas de miracle, c'est un système qui réglemente les prix, qui
06:10réglemente les prix des médecins, le prix des spécialistes, le prix des procédures
06:15et qui permet ainsi de contrôler les coûts.
06:17Ce qui se passe, c'est que les gens qui ne sont pas sous Medicare subventionnent ceux
06:22qui sont sous Medicare.
06:24Les gens qui sont en bonne santé et qui sont jeunes payent très cher pour payer les soins
06:30médicaux des personnes plus âgées.
06:32C'est le principe, bien sûr, de l'assurance maladie, qu'elle soit privée ou publique.
06:37Les Républicains n'ont pas trouvé de système.
06:41On a posé vendredi la question au président élu Donald Trump, qu'est-ce que vous allez
06:49faire ? La dernière fois, vous aviez dit que vous alliez trouver une alternative à
06:53Obamacare, finalement vous avez gardé Obamacare, mais Obamacare ne marche pas, alors il a couvert
06:59l'insulte Obamacare en disant oui, c'est un très mauvais système, mais on n'arrive
07:03pas à trouver pour le moment quelque chose de mieux.
07:05J'ai fait venir à Mar-a-Lago tous les patrons des sociétés pharmaceutiques et nous allons
07:13trouver un moyen de faire baisser les prix des médicaments et je pense que ce qu'il
07:18a dans la tête, c'est de se débarrasser en tout cas de court-circuiter ces fameuses
07:25intermédiaires sur le marché des médicaments qui, dit-il, et ça n'est pas faux, dégagent
07:33des démarches qui sont importantes et qui sont parfois supérieures à ceux des laboratoires
07:37pharmaceutiques, mais ça c'est pour le prix des médicaments, ça ne couvre pas le
07:42prix de la santé, de l'hospitalisation et surtout le prix de ce qu'on appelle nursing
07:52home, c'est-à-dire de mettre des gens dans des établissements où on doit s'occuper
07:57de tous leurs problèmes liés au vieillissement et à leur isolement.
08:01Bon, ce week-end, j'ai vraiment eu l'impression qu'on était déjà le 20 janvier, Pierre-Yves,
08:08c'est-à-dire que voir Trump sur la scène internationale comme on l'a vu, on se dit
08:14non seulement il est élu, mais il est déjà aux affaires.
08:17Ah, je peux vous dire que les démocrates sont furieux de voir que Joe Biden est en
08:24roue libre, il n'y a plus de pilote dans l'avion, il est parti faire une tournée
08:29en Afrique, il n'a même pas fait de conférences de presse à l'occasion de cette tournée.
08:33Il a mis 24 heures à réagir aux événements pourtant spectaculaires qui se sont produits
08:39en Syrie et il laisse Donald Trump dominer tout le cycle de l'information depuis un
08:44mois puisque tous les jours on nous apprend de nouvelles nominations et tout un débat
08:49s'organise autour de comment va gouverner Donald Trump, qui sera dans son entourage,
08:56son conseiller pour les affaires d'immigration qui devra être confirmé par le Sénat, etc.
09:02Et Joe Biden est invisible, sauf sur un point qui est, nous en avions parlé la semaine
09:08dernière, la grâce qu'il a accordée à son fils, une grâce hallucinante qui est rétroactive
09:13et préemptive et qui risque maintenant, en ouvrant cette boîte de Pandore, de libérer
09:21notamment d'autres grâces pour d'autres personnes que Donald Trump pourrait viser,
09:26mais surtout qui donne à Donald Trump la possibilité et l'ouverture de faire la
09:31même chose dès qu'il aura prêté serment le 20 janvier.
09:34Il a déjà annoncé d'ailleurs il y a quelques heures qu'il avait l'intention de grâcier
09:39certains des émeutiers du 6 janvier 2021 qui, considère-t-il, ont été injustement châtiés.
09:48Joe Biden, effectivement, ouvre la voie à quelque chose, mais on en parlait déjà
09:54il y a une semaine avec vous, je crois, Pierre-Yves.
09:57Effectivement, c'est peut-être une décision d'un père pour son fils qui va quand même
10:02avoir des conséquences plus lourdes encore sur la politisation de la justice, en plus
10:09dans un monde à la Trump, si je puis dire.
10:12Vous savez, Grégoire, qu'il est sérieusement envisagé dans l'entourage de Donald Trump
10:19de grâcier Edward Snowden.
10:21Vous vous souvenez de Snowden, un contractant de la NSA, donc des grandes oreilles du renseignement
10:31américain, qui a fuité dans la presse des millions de pages d'informations révélant
10:37les systèmes d'écoute, non seulement aux Etats-Unis, mais pratiqués par des pays
10:43étrangers alliés des Etats-Unis, de citoyens privés, de manière systématique et sans
10:49autorisation préalable de la justice.
10:51Monsieur Snowden vit en exil à Moscou et c'est un héros, figurez-vous, auprès des
11:01libertariens qui sont dans l'entourage de Donald Trump, qui considèrent qu'en révélant
11:05à quel point la liberté individuelle des Américains avait été violée pendant des
11:09années par les agences de renseignement, les révélations de Snowden ont entraîné
11:14d'ailleurs des modifications et des réformes dans ce programme, que Snowden a rendu un
11:19grand service à la liberté individuelle et à ce titre devait être grâcié.
11:23Si on en est là, tout est possible.
11:26Les temps changent, comme disait Bob Dylan.
11:29Merci beaucoup, Pierre-Yves Dugas, avec nous chaque lundi, notre correspondant américain,
11:35qui a des interviews à retrouver, bien sûr, en replay sur Bismarck.fr ou encore en podcast
11:39sur l'ensemble de vos plateformes préférées.