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Lundi 28 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)

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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourg, chaque lundi c'est le quart d'heure américain pour parler de la vie économique et politique américaine.
00:18Pierre-Yves Dugas est avec nous en visioconférence, notre correspondant américain.
00:21Bonsoir et bienvenue Pierre-Yves.
00:23Je crois que plus personne qui observe les marchés financiers n'a de doute.
00:27De ce point de vue-là, les marchés et Wall Street attendent Donald Trump.
00:32Alors écoutez, j'ai procédé à un sondage extrêmement scientifique.
00:36Moi-même, avec mes petits doigts potelés, j'ai téléphoné à tous mes amis démocrates.
00:41Ça n'a pas pris très longtemps d'ailleurs.
00:43Et il n'y en a aucun qui pense que Kamala Harris va gagner.
00:48C'est un sondage hautement scientifique.
00:51Je vous signale aussi, ça va peut-être vous surprendre, que plus de 34 millions d'Américains ont déjà voté.
00:57C'est beaucoup, 34 millions.
01:0141% de ces Américains qui ont déjà voté étaient inscrits sur les listes électorales en tant que démocrate.
01:1135% étaient inscrits en tant que républicain.
01:16C'est ce chiffre de 35 qui est important parce que dans les précédents cycles d'élection,
01:22les républicains ne croyaient pas aux votes anticipés.
01:25D'ailleurs, ils suivaient la recommandation suicidaire de Donald Trump
01:30qui leur disait que ceux qui votent à l'avance sont des tricheurs.
01:33Cette année, le mot semble-t-il est bien passé, les consignes sont passées,
01:39les républicains se bougent presque autant que les démocrates.
01:43Alors, est-ce qu'on a un phénomène de cannibalisation ou non ? Je n'en sais rien.
01:47Mais c'est une raison de plus pour les démocrates de transpirer.
01:51Alors, Wall Street mise sur une victoire de Donald Trump.
01:55Wall Street peut se tromper.
01:57Et comme vous le disiez avec nos invités il y a quelques minutes,
02:02en cas de victoire de Donald Trump, très vraisemblablement, il y aura aussi au moins un Sénat républicain.
02:10Et dans cette configuration-là, quelles sont les valeurs qui pourraient en profiter ?
02:16Et là, je mets en garde ceux qui nous écoutent.
02:19Les grands fonds sont certainement déjà positionnés sur ces valeurs-là.
02:23Si vous voulez faire du trading contre les très gros,
02:26vous risquez d'avoir de très mauvaises surprises mercredi matin.
02:29En revanche, à l'horizon de trois ans, il n'est pas déraisonnable de chercher des secteurs
02:36qui ont tout à gagner d'une nouvelle administration républicaine,
02:40surtout si le Congrès soutient les efforts de déréglementation promis par Donald Trump.
02:47Et on a évidemment le secteur bancaire, le secteur de l'énergie, le secteur des médias,
02:52les compagnies aériennes qui pourraient bénéficier d'une plus grande tolérance
02:59de la part des autorités réglementaires dans les opérations de fusion,
03:02puisque une des caractéristiques de l'administration Biden a été de chercher à bloquer
03:07toutes les grosses opérations d'acquisition.
03:10Des gens du Federal Trade Commission, du département de la justice
03:15se sont vraiment employés pour empêcher tout cela,
03:18et ça risque de changer nettement si jamais Donald Trump revient au pouvoir.
03:24Vous parliez d'une valeur originale qui était de nature à profiter de l'engouement
03:29pour les serveurs et l'intelligence artificielle.
03:31Il y en a une qui a déjà beaucoup grimpé, c'est GEO Group.
03:35Vous connaissez GEO Group ?
03:37C'est une société qui donne beaucoup d'argent à la campagne de Donald Trump
03:41parce qu'elle est convaincue qu'en cas d'élection de Donald Trump,
03:44elle va remporter à nouveau beaucoup de contrats.
03:47Ils sont spécialisés dans les prisons, les centres de détention
03:50qui sont là pour garder les migrants qui sont en instance d'expulsion ou en instance d'admission.
03:58Ils opèrent beaucoup de centres comme ça pour la police aux frontières américaine.
04:04Ils ont plus de 18 000 employés.
04:06C'est une société qui n'est pas bon marché.
04:08GEO Group a reçu au prix bénéfice de 69,
04:12mais c'est quelque chose qui peut-être mérite qu'on y jette un coup d'œil.
04:16Très intéressant.
04:17Je ne me souvenais plus, mais je m'en souviens maintenant
04:20qu'il y a des opérateurs de centrales prisons qui sont cotés aux États-Unis.
04:28Il faut évoquer une surprise Harris ou pas ?
04:34Si il y avait une surprise Harris, où est-ce qu'on a définitivement enterré cette hypothèse-là, Pierre-Yves ?
04:41Non, les jeux ne sont pas faits.
04:44Les jeux ne sont pas faits.
04:46Il est possible que les sondages se trompent.
04:48Ce qui est frappant, c'est cette disparité, si j'ose dire,
04:53entre le grand sondage national, qui nous donne Kamala Harris en tête peut-être d'un, voire deux petits points,
05:00et les sondages dans les 50 États qui participent à l'élection,
05:06y compris dans la petite dizaine que l'on qualifie d'États pivots,
05:10qui montrent des écarts extrêmement faibles, plutôt favorables à Donald Trump.
05:18Mais on sait que les 49% qui sont crédités dans le sondage national pour Kamala Harris
05:28représentent en fait deux choses.
05:31D'abord, vous noterez qu'on est en dessous de 50.
05:34Deuxièmement, ce 48-49 qu'on attribue à Kamala Harris contre le 46-47 à Trump
05:42reflète des 60% d'avance en Californie, dans l'État de New York, dans l'Illinois, dans le Maryland, chez moi,
05:50et que par définition, cette avance ne sert à rien.
05:56Il est vrai qu'il y a d'autres États où Donald Trump jouit d'une avance considérable,
06:02la Floride, le Texas, pas autant que d'habitude.
06:05On pourrait avoir des petites surprises dans la sénatoriale au Texas, par exemple.
06:10Et bien sûr, dans tous les États du Sud, il est donné largement en tête.
06:14Donc, les sondeurs les plus indépendants disent depuis des mois qu'il faut au candidat démocrate,
06:22qu'il s'appelle Joe Biden ou Kamala Harris, au moins cinq ou six points d'avance pour gagner.
06:27Elle ne les a pas aujourd'hui.
06:29Elle est loin de les avoir, ce qui fait dire à Wall Street et à beaucoup d'autres gens,
06:33probablement Donald Trump va gagner.
06:35Bon, et ce qui ne fait rien dire aux grands journaux américains de, comment vous l'appelez,
06:41la presse de l'establishment, c'est ça, Pierre-Yves,
06:45contre la tradition, donc, le Washington Post, le Los Angeles Times,
06:49ne prendront pas parti ou n'écrireont pas d'éditoriaux de soutien, en l'occurrence, à la candidate démocrate ?
06:58Oui, alors, c'est un psychodrame dans la rédaction du Washington Post et dans la rédaction du Los Angeles Times,
07:06parce que, semble-t-il, sur intervention indirecte ou directe de leurs propriétaires respectifs,
07:14Jeff Bezos dans le cas du Washington Post, le docteur Patrick Soon-Shiong dans le cas du Los Angeles Times,
07:22ces deux prestigieuses publications qui sont archi-pro-démocrates, tout le monde le sait,
07:29ne vont pas explicitement, dans leur page éditoriale, appeler leur lecteur à voter démocrate.
07:35Alors, démission en cascade aux Los Angeles Times, mais aussi au Washington Post,
07:40où des personnalités importantes de la rédaction sont parties en claquant la porte.
07:44Alors là, de deux choses l'une, ou bien, comme le disent les syndicats des journalistes dans les deux publications,
07:53le propriétaire du journal a peur de la colère de Donald Trump,
07:58qui a reproché déjà dans le passé au Washington Post d'avoir été extrêmement cruel à son égard,
08:05et Jeff Bezos a beaucoup de contrats avec le gouvernement fédéral,
08:10non seulement indirectement par le biais du cloud et de Amazon Web Services,
08:17mais aussi pour l'autre société dont il est propriétaire, Blue Origin, qui a des contrats avec la NASA.
08:23Et que donc, pour ne pas mettre en danger ces contrats sous l'effet d'une éventuelle colère de Donald Trump,
08:28Jeff Bezos aurait pu téléphoner à Will Lewis, le patron du Washington Post,
08:33en lui disant « Écoute, cette année, on ne va rien dire, et tu vas m'inventer une histoire,
08:37comme quoi c'est un retour à nos origines, puisque c'est vrai, avant 1976,
08:43le Post ne recommandait pas à ses électeurs de voter pour un candidat démocrate.
08:51Mais quand il l'a recommandé, il a toujours recommandé de voter pour un candidat démocrate.
08:55Donc, il n'y a vraiment pas beaucoup de suspense.
08:58Moi, ce que je crois, ce qui est fondamental dans cette affaire,
09:01c'est que si vous regardez n'importe quelle entreprise de service, ou même dans le secteur manufacturier,
09:07que vous faites un sondage et que vous apercevez que 31% seulement de ses clients lui font confiance,
09:17c'est le cas de la presse aujourd'hui.
09:1931% des Américains font confiance à la presse aujourd'hui.
09:22C'est une catastrophe.
09:2470% des lecteurs et des auditeurs ne font pas confiance aux produits.
09:28Alors, quand on est propriétaire d'une entreprise comme ça, on a envie que ça change.
09:32Forcément.
09:34Le Washington Post a perdu beaucoup d'argent l'an dernier.
09:37Il en perd encore probablement maintenant.
09:39Il arrive à un moment où, même quand on est riche comme Jeff Bezos,
09:42on veut un petit peu reprendre les choses en main.
09:44Et je pense que c'est ce qui se cache derrière cette affaire,
09:49cette prise de décision de ne pas explicitement appeler l'électeur à voter pour le candidat démocrate.
09:56C'est le début d'une reprise en main.
09:58Regagner un peu de crédibilité.
10:00L'objectif business, c'est regagner un peu de crédibilité d'une électorat.
10:05Mais on ne peut pas prétendre que 70% de votre clientèle potentielle est idiote, sous-informée, raciste.
10:17Il y a un moment où il faut arrêter d'écrire pour soi-même.
10:25Ça me rappelle le papier de cet ancien du New York Times qui s'était exprimé dans les collins de D.A. Cronin,
10:30mais qui disait que le New York Times est devenu une publication d'une élite wokiste
10:36qui écrit pour elle-même à propos des États-Unis, mais dans la mesure où c'est un pays qui n'existe pas.
10:42Donc il faut, quand vous achetez le Washington Post aujourd'hui,
10:46je suis désolé de le dire comme ça, mais vous n'avez que des articles activistes hystériques.
10:52Les gens ne le lisent plus. On a perdu beaucoup de crédibilité.
10:57Et il y a un point qui, de mon point de vue, est vraiment fondamental.
11:01C'est, fin juin, le débat télévisé devant plus de 50 millions d'Américains entre Joe Biden et Donald Trump.
11:09En 10 minutes, 51 millions d'Américains ont vu que la grande presse ne leur avait pas dit la vérité sur la sénilité de Joe Biden.
11:19La preuve était faite. Elle était éclatante. On a vu que toute cette presse avait choisi, dans son narratif,
11:29d'accréditer l'idée selon laquelle Joe Biden méritait absolument, en dépit de son grand âge et de ses signes, de ses dignités,
11:36de rester à la Maison-Blanche parce que le danger supérieur était d'éviter à tout prix que Donald Trump revienne à la Maison-Blanche.
11:45Et je pense que ce soir-là, la presse américaine a perdu beaucoup de crédibilité, à l'exception du Wall Street Journal.
11:51Seule publication qui avait, quelques semaines auparavant, osé, dans un reportage exceptionnel, en interrogeant des dizaines de sources,
12:00mettre en lumière le fait que non seulement Donald Trump était octogénaire, mais qu'il ne pouvait pas fonctionner normalement plus de 5-6 heures par jour.
12:11Merci beaucoup Pierre-Yves. Merci pour ce quart d'heure américain. On se reparle évidemment la semaine prochaine.
12:16On vous retrouvera même plusieurs fois la semaine prochaine. Il se passera quelque chose autour du 5 novembre je crois.
12:21Donc on aura l'occasion d'en reparler également dans la foulée avec vous à l'antenne.
12:26Pierre-Yves Duguay avec nous chaque lundi dans ce quart d'heure américain de Smartboard sur Be Smart For Change.

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