En l’IFOP, La Dociété des Ingénieurs des Arts et Métiers publie son premier observatoire avec l’IFOP. Leurs ambitions ? Trouver des solutions innovantes vers une transformation durable, mais aussi participer à la réconciliation des Français avec l’industrie et attirer les talents.
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00:00L'invité de ce Smart Impact, c'est Stéphane Gorz, bonjour, bienvenue.
00:10Bonjour Thomas Hugues.
00:11Vous êtes le président de la société des ingénieurs des arts et métiers.
00:14Vous publiez le premier observatoire arts et métiers des industries responsables et on va le découvrir ensemble.
00:19Un mot d'abord des gazards, ces anciens des arts et métiers, c'est combien d'ingénieurs aujourd'hui, ça représente quoi ?
00:25Aujourd'hui les ingénieurs des arts et métiers représentent une communauté d'à peu près 62 000 ingénieurs
00:32qui sont répartis sur tout le territoire national et puis à l'étranger bien entendu
00:37et qui interviennent dans à peu près tous les secteurs et en particulier dans l'industrie
00:42puisque historiquement les arts et métiers sont un peu la grande école de l'industrie
00:48et aujourd'hui une caractéristique de notre communauté c'est qu'elle a décidé de se définir
00:54comme leader des industries responsables.
00:57Donc leader, on voit bien ce que ça veut dire, des industries avec une pondération,
01:03donc une présence forte dans le domaine industriel et responsable pour bien indiquer
01:08que nous sommes impliqués dans la transformation indispensable de l'ensemble des industries.
01:14Est-ce que vous êtes forcément technosolutionniste ?
01:17Vous voyez ce que je veux dire parce qu'il y a un vrai débat sur la façon dont on doit mener cette transformation.
01:23Il faut de la sobriété, tout le monde en est convaincu.
01:25Il y a ceux qui disent de toute façon la technique, l'intelligence humaine nous sauvera.
01:29Écoutez, oui l'intelligence humaine nous sauvera.
01:35Peut-être est-ce qu'il n'y a pas que des solutions technologiques pour transformer la société.
01:40L'humain a une part tout à fait considérable.
01:43Nous considérons, nous côté ingénieurs, qu'aujourd'hui la transformation va se faire aussi
01:50parce qu'on trouvera des solutions originales, parce qu'il y aura de l'innovation.
01:56Et c'est bien l'innovation qui va concourir à transformer
02:00et à faire en sorte qu'on arrive progressivement dans un monde plus durable.
02:05Vous publiez ce premier observatoire arts et métiers des industries responsables,
02:10travail qui a été réalisé avec l'IFOP.
02:12Déjà, c'était quoi l'objectif de cet observatoire ?
02:15Alors, la Société des ingénieurs des arts et métiers s'est posée la question en fait,
02:19une fois qu'elle s'est posée comme leader des industries responsables,
02:24elle s'est dit au fond qu'elle a d'autres ambitions.
02:28Et on a défini trois ambitions.
02:30La première, c'est concourir à transformer les industries.
02:33La deuxième, c'est participer à la réconciliation des Français avec l'industrie.
02:40Et puis la troisième, c'est attirer les talents.
02:43Mais on avait besoin, si je puis dire, d'une base de départ,
02:46de dire au fond de quoi on part.
02:48On sait qu'aujourd'hui, la part de l'industrie dans le PIB français
02:55est passée d'à peu près 20-25 %.
02:58Aujourd'hui, malheureusement, il n'est plus qu'à 10 %.
03:01Et donc, on voulait savoir un petit peu quels étaient les freins,
03:04quels étaient les problèmes que posait l'industrie pour les Français et pour les ingénieurs.
03:10D'ailleurs, ce constat de désindustrialisation,
03:13il est clairement lié à la question de la pollution qu'on accepte ou pas.
03:18Parce qu'on a exporté nos pollutions.
03:20C'est aussi ça, l'histoire de la désindustrialisation.
03:22Aujourd'hui, le sujet de la réindustrialisation, c'est un sujet qui consiste à dire
03:29qu'on ne va pas refaire des industries comme on avait auparavant.
03:33Les industries seront différentes.
03:35Et l'enjeu, c'est de faire en sorte que l'industrialisation,
03:38on part de réindustrialisation, mais la nouvelle industrialisation soit différente.
03:43Et moins polluante.
03:44Et moins polluante, naturellement.
03:46Par définition.
03:47Quelques chiffres de cet observatoire des industries responsables.
03:5072 % des Français sont convaincus que l'industrie contribue à la détérioration de l'environnement.
03:55Et alors, c'est intéressant, parce que c'est un aspect du problème, si j'ose dire.
04:00Mais 89 % des Français, 94 % des ingénieurs,
04:04estiment que l'industrie a un rôle clé à jouer dans la transition environnementale.
04:08L'industrie, c'est le problème, mais c'est aussi la solution.
04:12C'est le paradoxe.
04:13C'est le paradoxe.
04:14C'est-à-dire qu'en fait, les Français, puis les ingénieurs également,
04:18disent effectivement que les progrès qui ont été réalisés ont engendré
04:22des conséquences sur l'environnement.
04:24Et on acte bien de cela.
04:28En revanche, aujourd'hui, la transformation et l'évolution de l'industrie
04:33se fera aussi grâce à cette population qui,
04:37par sa formation scientifique, technologique, humaine aussi,
04:41devra transformer et finalement est en charge de trouver,
04:45est responsable de trouver les solutions.
04:47Mais d'ailleurs, c'est ce qui est déjà en place,
04:49puisque l'État a identifié les sites industriels les plus polluants en se disant
04:54qu'il y a là, finalement, le levier de transformation,
04:58le premier levier peut-être le plus efficace.
05:01C'est un des sujets, effectivement.
05:04C'est de faire en sorte de cibler, et c'est le défi que nous avons tous,
05:08c'est de faire en sorte, effectivement, d'identifier les technologies
05:12qui sont les plus polluantes, qui sont les plus gourmandes en énergie, etc.,
05:17de façon à trouver les moyens de les contourner.
05:19Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'aujourd'hui,
05:21les ingénieurs dans leur formation apprennent au cours de leur cursus
05:27l'ensemble du cycle de vie des produits,
05:30c'est-à-dire qu'ils apprennent à concevoir des produits
05:34qui sont peu énergivores, qui sont avec des bons matériaux, etc.,
05:38et au-delà de la conception du produit lui-même,
05:41ils couvrent l'ensemble du cycle de vie du produit
05:45jusqu'aux déchets finaux, etc.
05:47Oui, jusqu'à sa recyclabilité ou sa réutilisation comme coproduit, etc.
05:51Et il faut bien comprendre que ça, c'est une transformation à bas bruit,
05:56mais qui concerne l'ensemble des formations scientifiques et techniques
06:00en vocation industrielle en particulier.
06:02Oui, donc ce que vous nous dites, c'est que les formations ont changé.
06:05Bien sûr que les formations ont changé, et c'est assez ancien,
06:09ça déjà s'est arrivé progressivement, à la fois le corps enseignant,
06:13mais surtout les jeunes ont poussé pour que les enseignements s'adaptent
06:17et que progressivement, effectivement, on leur enseigne,
06:20on les forme à ces nouvelles technologies.
06:23Est-ce qu'il y a dans cet observatoire,
06:26il y a une demande d'un soutien plus fort de l'État
06:29justement pour accélérer cette transformation de l'industrie ?
06:32Très clairement.
06:33Très clairement, puisqu'on voit que 53% des Français
06:37et 75% des ingénieurs considèrent que l'État peut faire davantage.
06:41Peut faire davantage dans son soutien à la compétitivité,
06:45dans son soutien à l'innovation, et on a bien vu ces tout derniers temps
06:50les risques qu'ils pouvaient peser sur le crédit import-cherche,
06:54ça a été évoqué.
06:56Les Français et les ingénieurs disent non, au contraire,
07:00il faut aider les industries, puisqu'on a bien vu 90% des Français
07:05et des ingénieurs considèrent que l'industrie est au cœur de l'innovation
07:09et de la transformation environnementale, il faut aider l'industrie.
07:14Il y a un certain nombre de défis que l'industrie française doit relever
07:19et sur lesquels les personnes interrogées dans cette étude,
07:22dans cet observatoire se sont prononcées,
07:24et ce qui revient en premier, je vais citer les cinq défis,
07:27rester compétitif par rapport à la concurrence internationale,
07:30recruter, former des compétences, décarboner les processus de production,
07:33innover, développer la recherche et le développement,
07:35et puis renforcer l'image globale, l'attractivité du secteur.
07:38Il y a plein d'éléments intéressants.
07:39Sur la compétitivité par rapport à la concurrence internationale
07:42qui arrive en premier dans la liste de ces défis,
07:46comment est perçue la transformation environnementale
07:50et les investissements que ça suppose ?
07:52On sait que l'Europe est en train, même s'il y a un petit coup de frein,
07:55de se définir comme peut-être le continent le mieux disant en la matière.
07:59C'est perçu comme un atout de compétitivité ou comme un boulet au départ ?
08:05D'un point de vue environnemental, c'est un atout, un clair atout.
08:11Il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus.
08:13En revanche, quand nos produits sont face aux produits américains,
08:17et on sait bien l'aspirateur, l'investissement que constitue l'IRA américain d'une part,
08:24et la façon dont les industries chinoises sont aidées
08:27par des solutions de dumping qui sont appliquées,
08:32il y a un vrai problème de compétitivité.
08:34Et les ingénieurs et les industries sont confrontés au quotidien à ces enjeux-là.
08:40C'est pour ça qu'ils considèrent qu'effectivement il y a un enjeu de compétitivité.
08:44C'est pour ça également qu'ils considèrent que les pouvoirs publics
08:48doivent aider davantage les industries.
08:51Français et européens, évidemment.
08:53Oui, oui, franchement.
08:54Non, mais ça se rejoint.
08:55Il y a deux des défis qui se rejoignent aussi,
08:57le fait de recruter et de former des compétences,
08:59et puis la question de l'image et de l'attractivité du secteur.
09:02Ça reste compliqué pour l'industrie de recruter ?
09:05Aujourd'hui, on a bien vu au travers de ce sondage
09:09que l'industrie est vue comme un élément déterminant dans l'économie française.
09:15C'est un des piliers de l'économie française.
09:17En revanche, quand on demande aux Français
09:19« Seriez-vous prêts à promouvoir et à inviter un proche à rentrer dans l'industrie ? »,
09:25il n'y a que 11% des répondants qui sont prêts à le faire.
09:28Donc, il y a un problème d'image.
09:30Et ce problème d'image, il faut que collectivement, on arrive à le résoudre.
09:35C'est pour ça que nous, le GADSAR,
09:38on a décidé de mettre en place,
09:40à l'instar de ce qui se fait pour les journées usines ouvertes,
09:44les journées du patrimoine, pardon,
09:46les journées usines ouvertes,
09:47de façon à permettre aux scolaires d'une part
09:50et aux grands publics d'autre part
09:51de découvrir les industries
09:54et la meilleure façon de se rassurer,
09:57de comprendre ce qu'est l'industrie,
09:59c'est bien de la voir, d'aller à sa rencontre.
10:02Et donc, les 4 et 5 avril 2025,
10:05nous organisons des journées usines ouvertes
10:07sur l'ensemble du territoire national.
10:09Voilà une très bonne idée.
10:104 et 5 avril 2025, les premières journées usines ouvertes.
10:13Merci beaucoup Stéphane Gorce
10:15et à bientôt sur Be Smart For Change.
10:17On passe à notre débat, la méthanisation agricole.