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Jeudi 12 décembre 2024, SMART PATRIMOINE reçoit Hervé Guez (Directeur de la gestion actions et taux, Mirova)

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00:00Comment intégrer le sujet de la protection de la biodiversité dans ses placements ?
00:09Voilà la thématique qui va nous animer aujourd'hui dans « Investir responsable »
00:13et pour cela nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine Hervé Guèze.
00:17Bonjour Hervé Guèze.
00:18Bonjour.
00:19Vous êtes directeur de la gestion actions et taux au sein de Mirova,
00:22Mirova fond d'investissement qui détient plusieurs fonds,
00:25société de gestion pardon, qui détient plusieurs fonds en lien avec la protection de la biodiversité.
00:29On peut mentionner aussi qu'on a vu récemment dans la presse
00:32que vous aviez été missionné aussi pour gérer un fonds de place,
00:35fonds objectif biodiversité pour un certain nombre d'investisseurs institutionnels.
00:39On peut dire que le sujet investissement dans la biodiversité
00:42est un sujet que vous connaissez bien chez Mirova.
00:44Alors oui, c'est un sujet que l'on travaille depuis longtemps.
00:47On a commencé à le travailler il y a quasiment une dizaine d'années maintenant
00:50sur les actifs plutôt non cotés en fait à l'époque
00:53puisqu'il s'agissait surtout d'investir dans les projets d'agroforesterie,
00:57des projets d'exploitation des terres durables
00:59et puis c'est une stratégie qu'on a commencé à développer sur la partie coté
01:02il y a quelques années maintenant avec la montée en maturité du thème chez les entreprises.
01:07Question volontairement caricaturale pour bien comprendre,
01:10ça veut dire quoi investir dans la biodiversité ?
01:12C'est différent d'investir par exemple dans des sujets climatiques ?
01:16C'est deux manières d'investir, deux stratégies différentes ?
01:19Oui, alors les thèmes sont différents.
01:22C'est-à-dire investir dans le climat, c'est-à-dire investir sur des entreprises
01:26qui apportent des solutions aux enjeux de réduction des émissions carbone,
01:29c'est-à-dire dans les entreprises qui gèrent bien leur transition
01:32sur le sujet des émissions carbone.
01:34Alors la façon de faire va être la même,
01:35c'est-à-dire on va avoir ce diptyque solution transition aussi sur la biodiversité
01:39mais le thème est différent.
01:40La biodiversité c'est l'économie du vivant, c'est les ressources écosystémiques
01:44et donc il va s'agir d'investir dans les entreprises
01:46qui apportent des réponses à ces enjeux majeurs pour l'économie de demain
01:51à la fois avec des entreprises plutôt de taille moyenne et petite
01:54qui apportent des solutions nouvelles à des enjeux qui émergent
01:57par exemple dans la biochimie, dans l'économie circulaire,
02:01dans la gestion du rap de l'eau.
02:04Et puis il va s'agir d'investir dans les entreprises
02:06qui sont exposées très fortement à ces enjeux
02:08et qui doivent elles au long cours se préparer à la transition,
02:12sécuriser leur chaîne d'approvisionnement,
02:14s'assurer que leur façon de gérer leurs impacts sur la biodiversité
02:19ne détruise pas l'écosystème sur lequel elles sont elles-mêmes assises.
02:23Comment on fait quand on est une société de gestion,
02:25quand on gère un fonds d'investissement
02:26et qu'on doit mesurer la réduction d'impact
02:29par exemple d'une activité économique sur la biodiversité ?
02:32Alors la question de la mesure, c'est une bonne question,
02:34est extrêmement compliquée, on en est au début
02:36puisque si on continue à faire le parallèle avec le changement climatique,
02:39c'est vrai que le changement climatique c'est un sujet qui a la simplicité
02:43entre guillemets de se dire qu'il y a une mesure unique
02:46qui est l'équivalent de la tonne de CO2
02:50qu'elle soit émise au pôle nord, au pôle sud, à l'équateur, c'est pareil.
02:54La biodiversité ce n'est pas du tout la même chose
02:56puisque les pressions sont multiples
02:58et les sujets peuvent être globaux mais aussi très locaux.
03:01Et donc la question de la mesure de l'empreinte est beaucoup plus compliquée.
03:05Néanmoins, ce n'est pas parce que vous n'avez pas une mesure unique qui existe,
03:10comme le climat il y a 15 ans,
03:12vous pouvez tout à fait évaluer de façon qualitative
03:14quelles sont les solutions qui font du sens,
03:15est-ce qu'il y a un marché pour ces solutions,
03:18et vous pouvez tout à fait regarder le business model de l'entreprise
03:20quand vous êtes un gérant long terme
03:21et que vous faites une analyse fondamentale de l'entreprise
03:23pour comprendre à quel type de service écosystémique l'entreprise est dépendante
03:27et s'assurer qu'elle a mis en place les trajectoires
03:30qui vont permettre de gérer ça sur la durée.
03:33Donc la difficulté de la mesure, de la métrique unique
03:37n'est pas un frein à l'investissement,
03:40par contre c'est sûr que c'est un sujet de recherche,
03:43c'est un sujet de déploiement de data,
03:46mais on vit une époque formidable pour la data
03:49avec l'intelligence artificielle.
03:51Ça permet de faciliter des investissements ?
03:53Ça le permettra de plus en plus,
03:54c'est-à-dire que la réglementation va permettre
03:57d'avoir de plus en plus de données disponibles,
04:00les entreprises elles-mêmes,
04:02on commence à traiter même en dehors de toute réglementation ces sujets-là,
04:06donc on va avoir de plus en plus de données disponibles
04:09et la façon de traiter ces données-là,
04:10on a aussi de plus en plus de moyens de les traiter.
04:12Quand vous parlez de la réglementation,
04:14est-ce que la réglementation CSRD par exemple,
04:15peut faciliter des investissements en biodiversité
04:17ou on n'en est pas encore là ?
04:18Oui, alors on espère qu'elle le permettra,
04:21mais tout n'est pas encore mis en œuvre et disponible.
04:24Mais encore une fois, la réglementation, les données,
04:28tout ça, ce sont des petits sujets par rapport à l'ampleur du thème.
04:35D'accord.
04:36Par exemple, le Forum économique mondial,
04:39déjà en 2000, calculait qu'environ la moitié de l'économie
04:42était extrêmement dépendante du service écosystémique.
04:44La Banque centrale européenne, l'année dernière, en 2023,
04:48a estimé que 75% des prêts qui étaient accordés en Europe
04:52étaient accordés à des entreprises qui étaient dépendantes,
04:55hautement dépendantes d'au moins un service écosystémique.
04:57D'accord.
04:58Donc le sujet est juste crucial et majeur
05:00et les petits freins de la réglementation
05:03n'est pas pareil partout.
05:05Les datas ne sont pas exactement disponibles,
05:06ça ne permet pas des comparaisons fiables et robustes tout le temps.
05:10N'empêche pas que si on met de l'intelligence humaine,
05:12ce qu'on essaye de faire,
05:14des personnes qui sont compétentes sur les sujets,
05:16qui dialoguent avec les entreprises,
05:18on n'est pas du tout capable d'identifier, encore une fois,
05:20les solutions qui vont se multiplier
05:23par ce qu'il va falloir traiter le sujet
05:25et l'adaptation, la transition,
05:27parce que les grandes entreprises
05:28ont besoin d'incorporer ces solutions
05:31dans leur nouvelle façon de faire.
05:32Parce que dans les choix d'investissement,
05:35vous l'avez dit, il y a les « petites entreprises »
05:37qui apportent des solutions et donc on est sur des innovations
05:39où là, votre rôle c'est plus d'identifier
05:41s'il y a réellement un marché,
05:42parce que vous restez un investisseur,
05:44donc il faut une rentabilité quand même pour l'entreprise.
05:46Et puis il y a ces entreprises qui intègrent cette idée
05:48de diminuer leur impact année après année.
05:50On a vu le sujet notamment quand il s'agissait de stratégie climat
05:53et les discussions qu'ils pouvaient avoir
05:55sur le respect ensuite des stratégies
05:57montrées par les entreprises,
06:00le durcissement de l'ISR d'ailleurs sur le sujet,
06:03sur la biodiversité, comment est-ce qu'on fait
06:04pour vérifier ensuite les trajectoires des entreprises
06:07au-delà des engagements pris ?
06:08Deux questions.
06:10Évidemment, je suis un petit peu caricatural,
06:13mais c'est l'idée entre la petite entreprise et la grande entreprise.
06:16Évidemment, les grandes entreprises développent aussi des solutions,
06:18mais on va dire que les modèles plus purs à monoactivité,
06:23les entreprises type 100% solutions,
06:26on va les trouver plutôt dans les petites entreprises.
06:28Donc là, effectivement, on ne se pose pas la question.
06:30Dans la grande entreprise,
06:31il ne s'agit pas que d'une transition non plus.
06:33C'est-à-dire que cette transition va permettre
06:36de mettre en œuvre des solutions.
06:39Soit parce que vous allez faire appel à des entreprises
06:42qu'on aurait pu identifier,
06:43on voit que ça devient des fournisseurs de plus en plus importants.
06:47D'accord, ça passe par les achats.
06:48Elles-mêmes vont développer aussi des nouveaux produits plus responsables.
06:53Donc en sortie de chaîne, même si ce ne sera pas 100% solution,
06:57on voit aussi des choses se passer très concrètement.
06:59Et effectivement, après la question de la trajectoire
07:02est plus difficile à mesurer au sens,
07:04ce serait idéal d'avoir les travaux aboutis sur la métrique.
07:10Une métrique commune, bien sûr.
07:11Mais c'est envisageable d'avoir une métrique commune sur la biodiversité ?
07:14Je pense que c'est bien de continuer à chercher.
07:17D'accord.
07:18Je ne suis pas sûr qu'on arrive à avoir une métrique
07:23avant une bonne dizaine d'années, au moins là-dessus.
07:27Et de toute façon, ça restera basé sur des hypothèses
07:30parce qu'encore une fois, les problématiques sont locales
07:32et ne se compensent pas entre elles.
07:35Donc une métrique commune, c'est vraiment l'agrégateur
07:39qui permet de donner un signal,
07:40mais ça ne sera jamais le nec plus ultra de la façon de mesurer la biodiversité.
07:46On restera par pression et on intégrera ces éléments-là dans l'analyse qualitative.
07:51Ça restera un élément extrêmement important.
07:53Très rapidement, en matière de performance,
07:57on a souvent la question stratégie SR et performance.
08:00Est-ce qu'on peut se poser la question stratégie biodiversité et performance ?
08:02Oui, je pense qu'on peut se poser la question
08:04de l'ensemble des stratégies thématiques au-delà de la biodiversité, le climat, etc.
08:08Ce qu'il faut comprendre sur ces stratégies thématiques,
08:10c'est que ce sont des produits qui permettent d'allouer sur une thématique.
08:14Et que donc, soit vous êtes vous-même très expert du marché,
08:19soit vous vous allouez sur plusieurs thématiques.
08:21Il ne s'agit pas de se dire, quand on pense performance,
08:25parce que quand on est Français, on peut penser CAC 40 ou SBF 120.
08:27Quand on est investisseur international, on pense au MSCI World.
08:29L'idée, ce n'est pas de dire qu'une thématique va en permanence surperformer l'ensemble du marché.
08:33Est-ce que la biodiversité va surperformer l'intelligence artificielle l'année prochaine ou dans deux ans ?
08:38On ne sait pas.
08:39Ce que l'on sait, c'est qu'en absolu, les entreprises, c'est une dynamique positive.
08:44Et si on investit pour le long terme, c'est un gisement d'investissement.
08:49Si on prend un angle un peu private equity,
08:51sur lequel on va trouver de la performance absolue, significative, sur la durée.
08:55Donc, si on s'éloigne un petit peu des sujets de volatilité et qu'on est intelligent,
08:59c'est-à-dire qu'on fait pas que de la biodiversité, mais qu'on fait aussi du climat,
09:02dans la biodiversité de l'eau, de la technologie,
09:05ça fait du sens d'avoir une brique d'allocation de gestion thématique sur la durée d'investissement.
09:10Merci beaucoup, Hervé Guèze, de nous avoir accompagné dans Smart Patrimoine.
09:13Je rappelle que vous êtes directeur de la gestion actions et taux chez Mirova.
09:17Merci beaucoup.
09:17Merci à vous pour l'invitation.
09:18Et Quentinon, on se retrouve tout de suite dans Enjeu Patrimoine.

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