• avant-hier
Avec Saïd Omar Oili, Sénateur Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants (RDPI) de Mayotte

🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴

▪️ Facebook : / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel .
▪️ Instagram : / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ .
▪️ Twitter : / https://twitter.com/SudRadio .
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##C_EST_DANS_L_ACTU_7-2024-12-15##

Category

🗞
News
Transcription
00:00Un bilan encore incertain, c'est presque illusoire d'ailleurs de donner le nombre de victimes retrouvées sur l'archipel de Mayotte.
00:06On en dénombre à ce stade 11, il pourrait y en avoir beaucoup plus, les dégâts sont extrêmement importants.
00:12Le cyclone Shido est passé hier à peu près à la même heure qu'aujourd'hui, il y a donc 24 heures sur l'archipel.
00:18Les dégâts, il suffit de se rendre sur les réseaux sociaux pour s'en rendre compte, sont absolument cataclysmiques.
00:24Et on peut craindre le pire, on en parle avec notre invité qu'on accueille avec plaisir sur Sud Radio,
00:29Saïd Omar Ouelli, bonjour, bienvenue sur Sud Radio.
00:33Merci beaucoup d'avoir pris un peu de votre temps pour nous rejoindre dans le studio Sud Radio.
00:37Vous êtes sénateur Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants, RDPI de Mayotte.
00:44L'inquiétude est vive, vous n'êtes pas sur place, vous avez eu des nouvelles de vos proches, déjà comment ils vont ?
00:49Ils vont bien, mais ce sont des gens traumatisés, c'est une île complètement traumatisée, les gens fatigués,
00:58ils ne comprennent pas ce qui leur arrive, parce qu'ils n'ont jamais vu ça.
01:02Nous avons une population très jeune, donc on n'a pas de mémoire de catastrophe.
01:08Et en plus, les gens n'y croyaient pas, ce qui fait que malheureusement,
01:14il y a beaucoup d'adultes qui ont refusé d'aller dans les centres d'hébergement d'urgence.
01:19Et je me rappelle, lorsque je regardais la télé, lorsqu'on avait encore l'électricité,
01:26et je regardais la télévision à Mayotte, à 20h, avant que le cyclone arrive le lendemain,
01:35à 20h, on avait dans ma commune à peu près 300 personnes qui se sont rendues dans le centre d'hébergement,
01:45et dans les 300 personnes, il y avait 200 enfants.
01:49200 enfants ?
01:50C'est-à-dire que les adultes ne se sont pas déplacés.
01:53Ils sont restés chez eux ?
01:55Ils sont restés chez eux, parce qu'il faut bien comprendre, il faut bien connaître Mayotte, c'est une île très jeune.
02:02C'est une île où on a une immigration clandestine très importante.
02:06Oui, c'est difficile de connaître d'ailleurs l'étendue exacte de la population.
02:10Tout à fait. Et donc les gens, quand ils viennent, ils sont dans leur bidonville, ils s'entassent.
02:16On ne sait pas combien ils sont, mais on sait qu'ils sont très nombreux.
02:20Et donc, lorsqu'on a passé le message que les gens doivent aller s'abriter, qu'est-ce qu'ils se sont dit ?
02:26Ils se sont dit que c'était un piège.
02:28Ils pensaient qu'ils allaient être arrêtés et reconduits, pourquoi pas au comore, vous pensez ?
02:33Exactement.
02:34C'est pour ça que vous redoutez un bilan encore plus lourd.
02:35Alors, je le disais, les images sont épouvantables.
02:37On voit des maisons en dur dont le toit a été arraché.
02:40C'est le cas de la vôtre d'ailleurs, je crois ?
02:41Bien sûr. Moi, je n'ai plus de toit, je n'ai plus rien.
02:45Les meubles sont partis, tout est parti.
02:48Mais au moins, mes enfants et mes petits-enfants sont en vie.
02:53Mais moi-même, je suis traumatisé.
02:56Je suis traumatisé parce que lorsqu'il y a eu les rafales de vent et que je les avais encore au téléphone,
03:02et qu'ils m'appelaient « Papy, on a peur », et qu'ils me montraient les images où ça soufflait à peu près à 250 km heure,
03:11et que tu entendais ces cris et puis après, plus rien.
03:14Là, je vous parle, mais j'ai vraiment le cœur brisé parce que ce sont des enfants traumatisés.
03:22Ce matin, ma petite-fille me dit « Papy, est-ce que je peux me ramener un hamburger ? »
03:27Mais tout est fermé, il n'y a plus rien.
03:30La grande me dit « Papy, comment on va faire pour aller à l'école parce qu'on a tout perdu ? »
03:35On a perdu nos cahiers, on a perdu nos livres, on a tout perdu.
03:39Qu'est-ce qu'on fait ? On n'a même plus d'habits.
03:41Qu'est-ce qu'on va faire ?
03:43Et ça, je parle de moi.
03:46Pourtant, j'avais une maison en dur.
03:48Mais imaginons ce qui s'est passé dans les bidonvilles.
03:52Comment vos enfants ont fait pour s'en sortir, et vos petits-enfants pardon,
03:56si le toit a été emporté, si tout a été emporté,
03:59qu'est-ce qui fait qu'ils n'ont pas été emportés par ces rafales qui s'apparentent en fait à des tornades ?
04:03Lorsque j'étais au téléphone avec eux, je leur dis « Ecoutez, j'ai trouvé une pièce où vous pouvez vous abriter. »
04:14C'est ce qu'ils ont fait, donc ils sont rentrés dans la salle de bain,
04:17ils se sont mis les uns contre les autres,
04:21le toit est parti, ils sont restés là mouillés pendant plus d'une heure,
04:27sous la pluie, sous le vent,
04:30et que si ça avait duré un peu plus, je ne sais pas si j'ai résolu, j'en parle.
04:35Et donc imaginons ceux qui sont dans les bidonvilles,
04:38où sans beaucoup de vent, leur maison est partie,
04:41parce que c'est des maisons en tol, il n'y a pas de sous-bassement,
04:44il n'y a pas de mur de soutènement, il n'y a rien.
04:47Donc eux, ils sont partis avant.
04:49Ils sont partis, oui, effectivement.
04:51Il y a eu des dégâts absolument considérables,
04:54des milliers de membres des forces de l'ordre et de secouristes affluent vers l'archipel.
04:58Est-ce que la nation est au rendez-vous de la détresse de Mayotte ?
05:02De toutes les façons, il faudrait que la nation prenne conscience
05:06que ce que nous avons vécu, c'est Irma multiplié par 2, 3, 4.
05:12Un cyclone tout simplement, ce qu'on n'a pas dans l'Hexagone en général.
05:16Sauf que la différence entre Saint-Barthélemy et Mayotte,
05:20c'est que Saint-Barthélemy c'est 60 000 habitants,
05:24à Mayotte c'est 400 000 habitants, pauvres.
05:27Parce que nous avons l'île la plus pauvre de la nation,
05:3077% des gens vivent sous le seuil de pauvreté,
05:33et ce sont les 77% de cette population qui sont les plus vulnérables.
05:38Et c'est eux qu'il faut peut-être faire vite,
05:42et qu'il va falloir franchement qu'il y ait une cellule dédiée pour Mayotte,
05:48pour la reconstruction, qu'il y ait des gens identifiés
05:51pour qu'on puisse reconstruire très vite.
05:54Et donc moi je demande sincèrement à se commettre rapidement un fonds d'urgence
06:00pour pouvoir aider cette population,
06:02parce que la plupart des maisons justement n'ont pas d'assurance.
06:06Comment on va indemniser ces gens-là ?
06:08Comment on va les aider si les dispositifs légaux n'existent pas ?
06:16C'est-à-dire qu'il faut franchement réfléchir, parce que nous sommes une île.
06:21Et vous êtes un archipel qui déjà avait d'énormes difficultés par ailleurs,
06:25ce qui fait que ça n'arrange rien.
06:27Vous le disiez, les jeunes n'ont jamais connu ça,
06:30mais en fait vous-même vous n'avez pas connu ça, avec cette violence-là.
06:34C'est le pire cyclone en termes de puissance dévastatrice depuis 1934, il y a 90 ans.
06:41D'abord il y avait dix fois moins d'habitants à Mayotte à l'époque,
06:43et ensuite on n'avait pas forcément les mêmes réflexes.
06:47Vous aviez vous-même travaillé sur les procédures,
06:49notamment les méthodes de secours, les méthodes de sécurité, les précautions à prendre.
06:54Est-ce que vous étiez prêt ? Est-ce que les secouristes étaient prêts ?
06:57Est-ce que les Mahorais étaient prêts ou l'État était prêt à ça ?
07:00Vous-même vous avez été dépassé par ce qui s'est produit ?
07:03Bien sûr, personne n'était prêt.
07:05On n'aurait jamais imaginé que ce genre de catastrophe,
07:08et qu'on ait des vents de telle violence.
07:11Je pense que dans tous les cyclones qu'on a vus un peu partout,
07:15le cyclone qu'on vient d'avoir, c'est le plus violent.
07:19Parce que 250 kilomètres, c'est très rare.
07:22On a des rafales qui avoisinent les 100, 150,
07:26mais 250, c'est du jamais vu.
07:29Et donc personne n'était préparé.
07:33Et c'est pourquoi moi je demande à eux uns et aux autres,
07:36à nous surtout les politiques, qu'il faut laisser de côté nos polémiques.
07:41L'heure est à la construction.
07:43Au secours déjà.
07:45Surtout au secours.
07:46Parce que j'entends ici et là déjà des gens qui critiquent,
07:49que tel n'a pas fait ceci, tel n'a pas fait cela.
07:52C'est un élément imprévisible.
07:54C'était imprévisible.
07:56Et personne ne croyait que ce serait comme ça.
07:59Donc l'heure est à la reconstruction.
08:01L'heure est à la solidarité.
08:03Non pas à la polémique.
08:05Il y a des fonds peut-être qui vont être déployés bientôt.
08:11Il y a des forces qui vont aller à Mayotte.
08:13Et là je pense que l'État a pris conscience de ce qui s'est passé là-bas.
08:18C'est une des raisons qu'hier soir il y a eu cette réunion de crise.
08:22Et qu'on envoie du matériel.
08:24Et que le ministre va se déplacer sur place.
08:27Je serai avec lui.
08:29Je pars ce soir aussi aller à Mayotte faire le bilan.
08:33Et que je suivrai particulièrement la reconstruction de mon île.
08:38On en a besoin.
08:39Qu'est-ce qu'on peut faire pour aider les Mahorais aujourd'hui ?
08:41Est-ce que vous savez si par exemple des cagnottes,
08:43ou alors des appels aux fonds, des appels aux dons ont été lancés à ce stade ?
08:47Pour l'instant vous savez on est tellement traumatisés.
08:50Et qu'on n'y pense même pas à ça.
08:52On pense d'abord à chercher si nos proches sont vivants.
08:56On en est là pour l'instant.
08:58Et comme les moyens matériels et humains pour faire les recherches on n'en a pas.
09:06Donc on attend que les gens viennent.
09:07Et puis à partir de là je pense que lorsque les esprits seront apaisés.
09:11Et que chacun se rendra compte peut-être de ce qui s'est passé.
09:16Mais ce qui est certain c'est que nous avons besoin d'aide.
09:19Et peut-être même des aides psychologiques.
09:21Des gens qui viennent voir les enfants qui ont vécu ça.
09:25Je ne sais pas ce qu'ils vont devenir.
09:27Mais est-ce qu'ils voudront aller à l'école ?
09:29Est-ce qu'ils voudront sortir dehors ?
09:31Tout ça on ne sait pas pour l'instant.
09:33Pour l'heure c'est retrouver les victimes.
09:35Retrouver les victimes en tout cas.
09:37On vous souhaite bon courage.
09:39Merci beaucoup d'avoir pris la parole ce matin sur Sud Radio.
09:41Saïd Omarouali, sénateur Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants de Mayotte.
09:46Vous partez donc ce soir.
09:48Vous allez trouver un hamburger pour votre petite fille ?
09:51Je vais essayer de lui faire plaisir.
09:54Embrassez-la quand même de la part de tout Sud Radio.
09:56L'essentiel est que vos proches aillent bien.
09:58Déjà ceux-là.
09:59On suivra la situation sur place évidemment.
10:01Tout au long de cette matinale le bilan malheureusement devrait encore évoluer.
10:05Je rappelle qu'à ce stade on n'en est qu'à 11 personnes décédées sur place.
10:09On peut en craindre beaucoup plus.

Recommandations